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Origine et évolutions des Livres Sacrés

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Message  Freya Jeu 6 Déc 2012 - 20:29

Le problème de base de toute philosophie se trouve dans le rapport des liens rattachant la pensée de l'homme à ses conditions de vie. Quelles sont les circonstances économiques, politiques, sociales, psychologiques ou autres, qui ont fait naître l'idée d'une force surnaturelle régissant le monde dans son ensemble ? Et à quel moment de l'humanité naquirent les dieux, et à quel autre moment furent élaborés les Livres Sacrés imputés à une inspiration divine ?

Les lois et coutumes des dernières étapes entre la société tribale et le pouvoir gouvernemental, sont toutes d’origine divine censées avoir été établies par l’au-delà.
La Thora des Hébreux est imputée dans sa totalité à Moïse, ayant été donnée par Yahvé le Dieu national des Béni Israël, puis transmise oralement jusqu’au moment de sa rédaction.

Les Veda des Aryens constituent une partie de la "shruti" ce qui est inspiré par les dieux.
Lycurgue de Grèce déclare avoir reçu ses lois de la divinité, et qu’elles représentent la réponse d’un oracle délivré par la Pythie du temple d’Apollon à Delphes.
A Rome, Numa, proclame avoir reçu ses lois de la nymphe Egérie.
Les prêtres germains prétendent avoir leur science du grand dieu Oddhin.

Chaque législateur, soutient de son vivant que ses lois forment un droit divin.
Il ne peut y avoir de doute quant à la bonne foi de certains de ces législateurs qui croyaient sincèrement en leur mission.
La teneur des coutumes change selon la capacité de mémorisation du narrateur, et son aisance dans l’art de s’exprimer. Mais il y eut aussi des narrateurs tendancieux voire mal intentionnés, ainsi que les nécessités de revaloriser les traditions anciennes. Aussi, une extrême précaution est indispensable lors de l’utilisation des données renfermées dans les livres sacrés.

Ce premier cycle d’erreurs est suivi rapidement par un second.
Une fois fixé par écrit avec toutes les erreurs dues aux narrateurs, le texte va subir un deuxième cycle d’erreurs dues aux interpolations successives visant à l’adapter aux circonstances nouvelles.

Vint un troisième cycle d’erreurs dues à l’absence de voyelles et de ponctuations dans l’écriture de certaines langues.

Les idées fausses véhiculées oralement, ont la vie plus solide que les vérités historiques. La religion n’est jamais un phénomène isolé tombé du ciel par hasard pour une race au mépris de toutes les autres. Certaines représentent de véritables insurrections dirigées contre les classes possédantes au pouvoir. Il a été prouvé que l’ensemble des religions nationales, au moment de la transition de la société tribale et la société gouvernementale, portent le sceau de l’aristocratie militaire, civilisation de pillage, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur.


Dernière édition par Freya le Mar 25 Juin 2013 - 19:20, édité 1 fois
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Message  Freya Ven 28 Déc 2012 - 18:47

Lors des premières étapes de leur évolution, les sociétés tribales vivent selon leurs coutumes ancestrales, croient en des mythes et légendes, suivent des rites culturels et produisent des sagas populaires. Au début, cet ensemble se transmet de génération en génération par voie orale. Ce n'est que fort tard, généralement après le passage à une forme de civilisation plus évoluée, que la fixation des récits se fait par écrit. L'écriture nécessite un alphabet, des scribes, introuvables chez les peuplades tribales.

Ces sources primitives couchées par écrit avec beaucoup d'additions, sont présentées par les traditions initiales de la Thora chez les Hébreux, des Veda chez les Indiens, de l'Illiade et de l'Odyssée chez les Grecs. Il en va de même des anciennes coutumes des premiers Romains, attribuées par la suite à des rois mythiques (leges regiae), des coutumes germaniques rapportées par César et Tacite, et de la poésie arabe préislamique recueillie par les grands compilateurs musulmans.

Lors des étapes finales de la période transitoire, la société tribale est totalement désintégrée et les classes sont formées. Les classes dominantes détiennent le pouvoir et imposent leur loi.

La production normative et littéraire des étapes finales de la période transitoire se révèle double : d'un côté de nouvelles coutumes, légendes, croyances et sagas continuent à se former, la société tribale ne cessant de vivre et de produire. Il en va de même des coutumes, légendes, croyances et sagas.

Par ailleurs, la société tribale arrivée à son parachèvement, produit des lois obligataires sanctionnées par la force publique. Toutes ces lois portent l'empreinte de leur temps.

Durant toute cette période transitoire entre société tribale et pouvoir gouvernemental, les hommes sont régis par les dieux et la terre par les cieux. C'est la période héroïque de la lutte entre les tribus pour la suprématie sociale. C'est à cette période de l'histoire que les dieux prennent la forme de héros et que se forment les panthéons célestes. Les lois et coutumes sont d'origine divine, envoyées du ciel aux hommes par l'intermédiaire d'un représentant de la divinité comme Moïse et les Juges chez les Hébreux.

Les legs des aïeux sont précieusement recueillis par leurs descendants, bien longtemps après la clôture de la période transitoire et la formation des premiers gouvernements. La compilation des sources s'entame telle celle de la Thora ou des Veda. D'autre part, les productions normatives et littéraires des périodes postérieures mentionnent beaucoup de coutumes, de légendes, de croyances et de sagas des peuples anciens. Ce témoignage tardif servira de source complémentaire, bien qu'elle doive être utilisée avec précaution.

Vu l'extrême lenteur de la formation des Livres Sacrés et autres sources littéraires, une évaluation prudente et critique des textes s'impose.

Etant donné que les compilations définitives contiennent le plus fréquemment des données remontant à des périodes diverses de développemnt social, il est indispensable de placer chaque texte dans son contexte social, en fonction du degré de civilisation atteint par chaque peuple, au moment de la formation du texte.
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Message  Freya Ven 4 Jan 2013 - 14:22

Les Livres Sacrés ont un rôle bien précis. Ils ont été formulés pour apposer le sceau de la religion sur les besoins des classes dominantes au pouvoir, afin d'être à même de bien mieux exploiter les classes inférieures. Cela ressort clairement par l'examen des règles juridiques que comprennent les Livres Sacrés et les intérêts protégés par ces règles qui sont les intérêts des classes possédantes au pouvoir, et au détriment de la masse du peuple et des esclaves. L'injustice humaine est imputée à la justice divine.

C'est également l'ère de l'aristocratie militaire. Aristocratie parce que le pouvoir effectif est exercé par une classe privilégiée et généralement héréditaire. Militaire, parce que cette aristocratie vise l'organisation des forces armées de la société dans le but de provoquer des guerres ayant pour dessein la rapine. La religion approuve la guerre agressive, les prêtres de chaque tribu ou clan, portent en guerre l'arche de Yahvé ou les idoles des dieux afin d'assurer la victoire. L'appât du butin active les guerres atroces d'extermination et de capture, le prêtre-roi, ses chefs et ses religieux obtiennent la plus belle part du butin : or, chevaux racés, jeunes et jolies femmes.

Et c'est ainsi que le brigandage organisé dans les Livres Sacrés, est devenu l'institution dominante de la civilisation.
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Message  Leela Ven 4 Jan 2013 - 22:07

très intéressant, Freya ! Merci flower
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Message  Freya Lun 4 Mar 2013 - 18:33

"Les idées fausses ont dans l'histoire racontée, la vie plus solide que la vérité historique" (1). En dehors des grandes religions universalistes, le bouddhisme, le christianisme et l'islâm, qui représentent de véritables révolutions sociales dirigées contre les classes possédantes au pouvoir, la présente étude a démontré que l'ensemble des religions nationales, lors de la période transitoire entre la société tribale et la société gouvernementale, portent le cachet de l'aristocratie militaire : la civilisation du brigandage, que ce soit dans les relations intérieures ou les relations extérieures.


Relations intérieures : exploitation et répression

Privilèges des nobles

Les biens se trouvent entre les mains des classes possédantes, les nobles jouissent de privilèges et détiennent le pouvoir, la masse des pauvres travaillent pour le compte des riches, les esclaves ont pour tâche de servir les maîtres, on leur perce l'oreille avec un poinçon comme on marque le bétail, les affaires publiques sont décidées par le roi et le Conseil des Anciens, alors que l'Assemblée du Peuple devient un simple outil pour entériner les décisions prises par avance. Tout cela est formulé dans les Livres Sacrés et imputé à la justice divine.


Répression des dépossédés

Les classes possédantes, nobles et prêtres, accaparent les biens : troupeaux de bétail, terres cultivables, métaux précieux, et dépossèdent la masse du peuple, par le moyen de l'usure, ainsi que les esclaves, considérés eux-mêmes comme un bien appartenant aux maîtres. Ses biens accaparés sont brutalement protégés contre toute revendication des classes possédantes.

Avant la division de la société en classes, les crimes principaux chez les peuplades premières provoquant la vengeance se révèlent l'attentat contre la vie d'un membre du clan (2), et la violation des limites de la parcelle du clan (3). Ces deux actions menacent le clan du danger d'extermination, car chaque clan a besoin de préserver ses membres contre les attaques des autres clans, et de conserver la parcelle de terre sur laquelle il trouve sa nourriture. Les crimes contre les biens n'ont pas d'importance du fait que les biens matériels eux-mêmes sont encore rudimentaires.

La transition à l'élevage change la situation. Le bétail constitue une richesse immense qu'il faut garder et défendre non seulement contre les attaques de l'ennemi, mais aussi contre le vol des démunis. Par exemple, chez les Massaï du Kenya, les vaches occupent une place spéciale dans les notions criminelles : le larcin des produits, une tasse de lait ou un morceau de viande, n'est pas passible de peine, mais le vol des vaches déclenche un châtiment sévère (4).

Avec l'abondance de biens que procurent l'élevage, surtout la haute agriculture, l'industrie et le commerce, les crimes contre les biens deviennent primordiaux, afin de conserver les richesses des classes possédantes, la noblesse et le clergé.

Les livres des Hébreux décrètent pour le vol du bétail la restauration au quadruple ou au quintuple, à moins que le vol ne soit commis de nuit, dans ce cas on peut tuer le délinquant et si le voleur s'avère insolvable, il est vendu comme esclave (5).

En inde Védique, la conservation des biens est un but principal dans la vie (6). Les premiers codes, fondés sur les Veda sacrés (7), apparaissent vers la fin de la période védique. Le larcin de quelques fruits ou grains est puni d'une amende de cinq pièces (08). Le vol des petites choses mène à la restitution huit ou seize fois la mesure de ce qui a été volé (9). Quant au vol de l'or, qui se trouve uniquement chez les riches, il est puni de mort. Le délinquant est battu jusqu'à ce que mort s'ensuive (10), il doit prendre lui-même un lourd gourdin, s'acheminer vers le roi et le prier qu'il le batte jusqu'à la mort (11). Ou bien on force le voleur à se torturer jusqu'à ce qu'il se consume (12). Ou bien il verse de l'huile sur son corps, et se brûle à petit feu commençant par les pieds et remontant jusqu'à la tête (13). Ou bien il se laisse mourir de faim, renonçant graduellement de plus en plus à la nourriture, jusqu'à ce que la mort le délivre du supplice (14). L'ordalie est pratiquée en cas de vol : l'accusé prend avec sa main une hache chauffée, ou bien met son pied dans la flamme du bûcher, s'il se brûle,il est puni de mort (15).

L'arbre du droit étend son ombre protectrice à Athènes sur les biens composés des récoltes, des outils de l'agriculture, des esclaves et du bétail (16). Dracon punit de mort presque tous les crimes, même le larcin de légumes ou de fruits ; c'est pourquoi l'on disait par la suite que Dracon écrivit les lois avec du sang, non avec de l'encre noire (17).

La Rome royale punit le vol en flagrant délit (furtum manifestum) par la réduction en esclavage du voleur, qui est remis comme esclave au propriétaire des choses volées. Et si le voleur est déjà un esclave, il est battu et tué en le jetant du haut de la roche Tarpéienne (18). Est considérée aussi comme furtum manifestum la découverte des biens volés chez le voleur à la suite d'une perquisition publique (lance et licio) (19). Et si le voleur est attrapé de nuit, on le tue sur-le-champ (20), il en est de même s'il est attrapé de jour mais témoigne de la résistance en recourant aux armes (21). Si le voleur n'est pas saisi à l'endroit du crime (furtum nec manifestum), il restitue le double (22), et s'il n'a pas de quoi payer, le propriétaire de la chose volée peut le vendre comme esclave (23).

Les Germains distinguent le brigandage (Raub) du vol (Diebstahl). Celui qui épie un autre, organise un duel et le tue, est en droit de le piller "walaraup", d'où le terme allemand "raub", enlever la robe (24). Par contre, le vol ordinaire, spécialement le vol du bétail et des récoltes, est sévèrement puni ; le développement ultérieur du droit germanique prescrit de couper l'oreille au voleur des petites choses de la valeur d'un shilling, et de pendre le voleur des grandes choses (25).

Les Arabes préislamiques amputent la main du voleur (26).

En somme, la peine de vol atteint la mort physique ou sociale, en perdant la vie ou la liberté, afin de conserver les biens des classes possédantes, et de réfréner les tentatives des classes dépossédées.


1. Paul du Breuil, Des dieux de l'Ancien Iran aux saints du bouddhisme, du christianisme et de l'islâm, Paris 1989, Dervy-Livres, p. 38.

2. E. Adamson Hoebel, The Law of Primitive Man, Cambridge, Mass. 1954, Harvard University Press, p. 305 ss.

3. Voir pour les ramasseurs, les Bushmen : I. Scharepa, The Khoisan People of South Africa, London 1930, Routledge,p. 77, p.127 ss., p. 147-148 ; Daryll Forde, Habitat, Economy and Society, London 1963, University Paperbacks, Methuen, p. 29-30. Les Veddas de Ceylan : C.G. Seligmann and Brenda Z. Seligmann, The Veddas, Cambridge 1911, At the University Press, p. 7, p. 106 ss. (= Cambridge Archaeological and Ethnological Series). Les Australiens aborigènes : Northcote W. Thomas, Natives of Australia, London 1906, Constable, p. 26. Etc.

4. A. Hollis, The Massai, Oxford 1905, At the Clarendon Press, p. 310.

5. Exode, 20/15, 17 ; 21/37 ; 22/1-3.

6. Brihad-Âranyaka-Upanishad, I, 4, 17.

7. Gautema, Dharma-Shâstra, I, 1 ; Baudhâyana, Dharma-Shâstra, I, 1, 1, str. 1 ; Apastamba, Dharma-Sûtra, I, 1, 1, n° 1-2 ; Vasishtha, Dharma-Shâstra, I, n° 4.

08. Gautama, Dharma-Shâstra, XII, n° 18.

9. Gautama, Dharma-Shâstra, XII, n° 15-16.

10. Gautama, Dharma-Shâstra, XII, n° 15-16.

11. Gautama, Dharma-Shâstra, XII, n° 43 ss. ; Apastamba, Dharma-Sûtra, I, 9, 25, n° 4 ss.

11. Baudhayâna, Dharma-Shâstra, II, 1, 1, n° 16-17.

12. Vasishtha, Dharma-Shâstra, XX, n° 41.

13. Apastamba, Dharma Sûtra, I, 9, 25, n° 4 ss. ; Vasishtha, Dharma-Shâstra, XX, n° 42.

14. Apastamba, Dharma-Sûtra, I, 9, 25, n° 4 ss.

15. Atharva-Veda, II, 12, str. 1-6, str. 8 (Whitney). Cf. Heinrich Zimmer, Altindisches Leben, Berlin 1879, Weidman, p. 183 ; Wilhelm Rau, Staat und Gesellschaft im Alten Indien, Wiesbaden 1957, Harrassowitz, p. 99-100. Le sage Manu adoucit les peines, et reprit la distinction entre les cas légers, tel le larcin d'un bol de lait ou d'un morceau de viande, puni par la restauration du double, et les cas lourds, tel le vol de l'or, de l'argent et des vêtements coûteux, biens qui se trouvent chez les riches, dont la peine varie de l'amputation de la main à la perte de la vie ; Mânava-Dharma-Shâstra, VIII, 320-329.

16. Ludovic Beauchet, Histoire du droit privé de la République athénienne, t. III : Le droit de propriété, Paris 1897, Marescq. p. 362.

17. Plutarque, Solon, 17. Voir aussi : Aulus Gellius, Nocte Atticae, XI, 18, 4-5. Cf. sur la question de l'historicité de Dracon : Robert Develin, The Constitution of Drakon, in Athenaeum, Studi Periodici di Litteratura e Storia dell' Antichità (Università di Pavia), vol. sessantaduesimi, 1984, p. 295 ss.

18. Voir XII Tables, VIII, 14 ; Aulus Gellius, Noctes Atticae, XI, 18, 8 ; XX, I, 7.

19. XII Tables, VIII, 15; Aulus Gellius, Noctes Atticae, XI, 18, 9: Gaius, Institutes, III, 192.

20. XII Tables, VIII, 12 ; Aulus Gellius, Noctes Atticae, VIII, 1 ; XI, 18, 6 ; XX, 1, 7 ; Macrobius, Saturnales, I, 4, 19.

21. XII Tables, VIII, 13 ; Aulus Gellius, Noctes Atticae, XI, 18, 6 ; Gaius, Digest., IX, 2, Ad legem Aquiliam, 4, 1 ; Gaius, Digest., XLVII, 2, De furtis, 55 (54), 2.

22. XII Tables, VIII, 16 ; Aulus Gellius, Noctes Atticae, XI, 18, 15 ; Gaius, Institutes, III, 190 ; Festus, De Verborum Significatione quae supersunt, cum Pauli Epitone, emendata et annotata, a Carolo Odofredo Muellero, Lipsiae 1839, in Libraria Weidmanniana, V Nec, p. 162.

23. Theodor Mommsen, Le droit pénal romain, tr. Duquesne, Paris 1907, Fontemoing, t. III, p. 54 ss.

24. Jacob Grimm, Deutsche Rechtsalterhümer, 4. Aufl., von Andreas Heusler und Rudolf Hübner, Leipzig 1922, Mayer & Müller, t. II, p. 192-193.

25. Jacob Grimm, Deutsche Rechtsalterhümer, 4, Aufl. 1922, t. II, p. 194-195.

26. Ibn Hishâm, Sîrat, éd. Wüstenfeld, Göttingen 1859, Dietrich, t. I, p. 122.
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Message  Freya Jeu 14 Mar 2013 - 18:24

Prérogatives des prêtres

Ceux qui ont forgé les Livres Sacrés n'ont pas manqué de fixer dans ces livres leurs propres prérogatives, les ont mises au centre de la structure de classe prônée par les Livres Sacrés, trahissant ainsi la réalité amère de leur dessein inique. Quelques exemples suffiront pour illustrer le véritable rôle des Livres Sacrés.

Les prêtres chez les Béni Israël vivent aux dépens du peuple, la législation des différentes époques le prouve. Eux seuls président aux sacrifices (27), et ont le droit de manger la meilleure part des béliers offerts en sacrifice, notamment la poitrine et la cuisse (28). Les mets consumés pour Yahvé sont l'héritage des Lévites (29). Les prêtres perçoivent pour l'entretien de la Tente du Rendez-vous un impôt par tête de tout homme âgé de vingt ans, du riche et du pauvre comme rachat pour son âme (30). Ils imposent une rançon pour les premiers-nés des fils d'Israël, prélèvent les premiers-nés mâles du petit et du gros bétail (31), et s'approprient le meilleur des prémices du terroir (32). La Thora fait dire à Yahvé : "Tous les premiers-nés de tes fils, tu les rachèteras, et l'on ne se présentera pas devant moi les mains vides." (33).

Les prêtres perçoivent les rentrées les plus diverses, telles que les sommes vacantes devant être restituées (34), les chariots et les boeufs offerts par les chefs d'Israël lors de la consécration de la Demeure de Yahvé (35), des objets d'argent et d'or ainsi que des têtes de petit et de gros bétail apportées par les chefs pour la dédicace de l'autel, et offertes quotidiennement par l'un des chefs (36), les oblations de farine, d'huile et de vin qui accompagnent les holocaustes présentés à Yahvé (37), un prélèvement de pain sur le meilleur des huches (38), la dîme sur toutes les dîmes que les Lévites perçoivent du peuple (39), car, "c'est le meilleur de toutes choses" - dit la Thora - qui revient aux prêtres d'Aaron (40).

Plus tard, les prêtres et Lévites reçoivent des villes entières, avec les pâturages qui les entourent pour l'élevage du bétail, privilège qui est attribué à Moïse sur l'ordre de Yahvé (41).

Les prêtres Brâhmanes en Inde exhortent les fidèles à apporter des dons, car les offrandes se révèlent le moyen de réaliser le bonheur terrestre, d'atteindre la connaissance sacrée et de fructifier les biens de ce monde (42). Les sacrifices sont comme un filtre qui purifie l'air comme les nuages qui apportent la pluie (43).

Les prêtres reçoivent des dons fort munificents, correspondant à la haute importance des Brâhmanes dans la société. Le prêtre s'attend à recevoir du prince cinq cents concubines, à toucher du roi des dizaines de milliers de chevaux, des centaines de chameaux et des milliers de juments et de vaches (44). Le noble râja qui accorde des biens aux prêtres jouit de la protection des dieux (45). Quiconque donne des chevaux aux Brâhmanes vit sous le soleil, mais celui qui leur fournit de l'or connaît la vie éternelle (46).

Les vaches ont été créées dans le but de satisfaire les dieux par les sacrifices, et les prêtres, sous forme de dons. Les vaches doivent être données à qui le demande parmi les prêtres (47).

Les prêtres-rois en Grèce président aux sacrifices au nom de la société, et reçoivent la peau et le rachis des animaux offerts en sacrifices, en temps de guerre comme en temps de paix. Ils s'assoient les premiers dans les festins, le régal commence par eux, et à chaque prêtre-roi on sert une potion double de ce qu'on donne aux participants d'humble origine (48).

Les prêtres romains, pareillement aux cohanim hébreux, perçoivent les prémices de la terre (primitiae) (49) et, dans certains cas, les premiers-nés du bétail (50).

Les prêtres germains, à leur tour, prélèvent divers impôts ; ils prennent les premiers-nés du bétail, les prémices de la terre, le dixième de la viande de venaison dans la chasse et dans le butin de guerre. De plus, ils reçoivent des offrandes et des dons en diverses circonstances comme, par exemple, le choix du roi, la naissance, le mariage, les pompes funèbres (51).

Les kâhin chez les Arabes préislamiques intervient dans les affaires de la vie quotidienne: en cas de circoncision de l'enfant, de conclusion du mariage ou de l'enterrement d'un mort, le kâhin interroge l'oracle et reçoit pour ses frais cent dirhams et un chameau destiné au sacrifice. Le monopole des services religieux au temple d'Al-Ka'ba à la Mecque permet à la tribu de Quraysh d'accaparer les rentrées du temple, et de vendre les marchandises aux pèlerins crédules, les serviteurs des dieux se transforment en une classe riche de gros commerçants (52).

27. Exode, ch. 29.

28. Exode, 29/26-28, 31-34 ; Lév., 8/31 ss. ; 10/12 ss.

29. Josué, 13/14, texte hébraïque.

30. Exode, 30/11-16.

31. Exode, 34/19-20.

32. Exode, 34/26.

33. Exode, 34-19, trad. Bible de Jérusalem, 1983. Et voir Exode, 13/12-13.

34. Nombres, 5/5-10.

35. Nombres, 7/1-9.

36. Nombres, 7/10-88.

37. Nombres, 15/1-12.

38. Nombres, 15/17-21.

39. Nombres, 18/20-32.

40. Nombres, 18/29.

41. Josué, 21/1-40.

42. Yajur-Veda, v; 13 ; voir le même Yajur-Veda, VIII, 21 ; XXII, 31 (Devi Chand).

43. Yahur-Veda, XXII, 26 (Devi Chand).

44. Supra, notes 936-942.

45. Rig-Veda, IV, 5, 5, str. 9 (Wilson).

46. Rig-Veda, X, 9, 8, str. 2 (Wilson).

47. Athara-Veda, XII, 4 (Griffith).

48. Hérodote, Hist., VI, 56, 57.

49. Pline, Hist. nat., XVIII, 8 ; XVIIII, 119 ; Varron, De Lingua Latina, VI, 16.

50. Tite-Live, Hist. rom., XXII, 10. Et voir Georg Wissowa, Religion und Kultus der Römer, 2. Aufl., München 1912, Beck,p. 409 ss. (Handbuch der Altertumswissenschaft, 5, Bd., 4. Abt.)

51. Cf. Jacob Grimm, Deutsche Mythologuie, 4. Ausg., von Elard Hugo Meyer, Berlin 1875, Ferd. Dümmlers Verlagsbuchhandlung, Bd. I, p. 34.

52. Supra, notes 793 et 1311-1314.
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Message  Freya Lun 18 Mar 2013 - 18:22

Crimes contre la religion

Le rôle des Livres Sacrés, dans la conservation des prérogatives des prêtres, se révèle encore plus frappant par rapport aux crimes contre la religion.

Les prêtres possèdent de grands biens et exploitent la masse du peuple. Comme leur puissance se fonde sur la religion, il fallait protéger la religion en soi afin de conserver leur influence, la déchéance d'une croyance déloge la classe qui vit de sa propagation.

Le nom du roi, pareillement au nom du dieu constitue chez les peuplades premières un secret, afin de prévenir tout danger, provenant des devins ennemis, s'ils viennent à connaître ce nom (53). Le tabou est jeté sur le nom du roi et du dieu, il n'est permis à personne de prononcer leurs noms (54). Chez les Nuba du Kordofan en Afrique, celui qui entrait dans la maison du chef mourait (55). Le sultan de Darfour portait un voile sur son visage, afin que le peuple ne le vît pas (56), et le roi de Loango mangeait seul, personne ne devait le regarder, sous peine de mort, sinon les mauvais démons entreraient dans le corps du roi quand il ouvre la bouche pour manger, pour le cas où quelque devin l'aurait repéré (56).

Chez les Hébreux, Yahvé - ou son prêtre - gouverne par la terreur qu'il inspire. Il n'est point permis de prononcer à tort le nom de Yahvé (57), celui qui blasphème le nom de Yahvé est puni de mort, lapidé jusqu'au dernier souffle (58). Quiconque gravit la montagne pour voir Yahvé meurt, lapidé ou percé de flèches (59). Quiconque s'approche du saint des saints derrière le voile est mis à mort (60). Quiconque touche l'arche de Yahvé meurt sur le champ (61). Yahvé ordonne aux Hébreux de ne pas avoir d'autres dieux, car Yahvé est un dieu jaloux qui poursuit la faute des pères chez les fils sur trois ou quatre générations (62). L'adoration d'autres dieux constitue un péché (63), puni de mort (64). Moïse massacre en un seul jour trois mille dissidents (65).

Le sabbat est un jour sacré, consacré à Yahvé (66), quiconque transgresse le sabbat est puni de mort (67), même celui qui ramasse du bois le jour du sabbat est traîné hors du camp et lapidé (68).

Quiconque présente des sacrifices aux dieux étrangers est frappé d'anathème (69), et tout ce qui est frappé d'anathème revient aux prêtres (70). Quiconque convoite l'or et l'argent consacrés à Yahvé, - biens qui se trouvent sous le contrôle des prêtres -, et prend ces objets, est puni de mort, brûlé vif et lapidé, lui, ses fils et ses filles, son taureau et son âne, son petit bétail et sa tente, et tout ce qui lui appartient, afin d'extirper le mal commis en transgressant le tabou de Yahvé (71).

En Inde Védique, les prêtres rappellent aux sceptiques, la toute-puissance d'Indra, qui châtie les ennemis, et détruit leurs biens (72). Les Veda forment la véritable source de la connaissance (73), l'homme doit croire en la vérité (74), les ennemis de la vérité doivent être châtiés (75).

La notion de sacrilège s'étend du culte à celui qui dessert le culte, sa personne devient inviolable, protégée par une cuirasse impénétrable de châtiments exemplaires. Il n'y a pas de plus grand crime que le meurtre d'un Brâhmane (76) ; même les dieux ne peuvent commettre d'attentat contre un Brâhmane : lorsque le dieu Indra tua Vishvarûpa, le prêtre des dieux, Indra porta son péché toute une année, et tous les vivants l'injuriaient en disant :"Tu es le meurtrier d'un Brâhmane" (77). Aussi le Code de Manu prévient-il les gouvernants : Que le roi ne conçoive même en pensée de faire périr un Brâhmane, même si ce dernier commet tous les crimes, que le roi le bannisse de son royaume en lui laissant ses biens, sans lui faire aucun mal (78). Le meurtrier d'un Brâhmane est condamné au suicide par étapes, il allume un feu dans lequel il jette successivement des parties de son corps (79). Et le tabou s'étend à la personne du Brâhmane à ses femmes et ses biens : celui qui viole une femme des Brâhmanes est brûlé vif (80) ; celui qui vole l'or des Brâhmanes est condamné au petit feu, des pieds à la tête (81).

En Grèce, les lois de Dracon punissent tous les sacrilèges de mort (82).

A Rome, si quelqu'un passe sous la litière où on porte les Vestales, il est puni de mort (83). De même, si la Vestale manque à son voeu de chasteté, le grand pontife l'enterre vivante dans un souterrain (84). Par ailleurs, quiconque dérobe ou ravit un objet de culte ou un dépôt confié au sanctuaire devient parricide (85), son crime est considéré comme un crime contre l'Etat, pareil à la heute trahison, et puni de mort (86).



53. James George Frazer, The Golden Bough, 3rd ed., London 1922, McMillan, t. III : Taboo and the Perils of the Soul, p. 387 ss.

54. James George Frazer, The Golden Bough, 3rd ed., t. III, p. 374 ss.
55. James George Frazer, The Golden Bough, 3rd ed., t. III, p. 132.

56. James George Frazer, The Golden Bough, 3rd ed., t. III, p. 120 ss.

57. James George Frazer, The Golden Bough, 3rd ed., t. III, p. 116 ss.

58. Exode, 20/7.

59. Lév., 24/10-16.

60. Exode, 19/12.

61. Nombres, 3/10 ; 18/1-7.

62. Exode, 20/3-6, 23. Voir aussi Exode, 23/13.

63. Exode, 32/21, 30.

64. Nombres, 25/1-18.

65. Exode, 32/26-28.

66. Exode, 20/8-11.

67. Exode, 31/12-17 ; 35/2-3.

68. Nombres, 15/32-36.

69. Exode, 22/19.

70. Nombres, 18/14 ; Josué, 6/18-19.

71. Josué, 7/10-26.

72. Rig-Veda, II 2, 1, str. 5 (Wilson).

73. Yajur-Veda, 1, 4.

74. Yajur-Veda, 1, 5.

75. Yajur-Veda, 1, 29.

76. Mânava-Dharma-Shâstra, VIII, 381.

77. Taittirîya-Samhitâ, II, 5, 1.

78. Mânava-Dharma-Shâstra, VIII, 381.

79. Mânava-Dharma-Shâstra, VIII,380 (Strehly), Annales du Musée Guimet, Blbliothèque d'Etudes, t. II).

80. Gautama, Dharma-Shâstra, XXII, n° 1 ss. ; Baudhâyana, Dharma-Shâstra, I, 10, 19 ; Vasishta, Dharma-Shâstra, XX, n° 25 ss.

81. Vasishta, Dharma-Shâstra, XXI, N° 1 ss.

82. Vasishta, Dharma-Shâstra, XX, n° 42.

83. Plutarque, Solon, 17.

84. Plutarque, Numa, 10.

85. Dionys, Halic., Antiq. rom., I, 78 ; Plutarque, Numa, 10 ; Festus, De Verborum Significatione quae supersunt, cum Pauli Epitome, emendata el annotata, a Carolo Alfredo Muellero, Lipsiae 1839, in Libreria Weidmanniana, v. Probrum, p. 229.

86. Ciceron, De Legibus, n° 9.
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Message  Freya Dim 24 Mar 2013 - 14:21

Distinction des classes dans les crimes et châtiments

La division de la société en classes se répercute sur les critères des crimes et châtiments, la nature du crime et la gravité de la peine dépendent de l’appartenance du délinquant et de la victime à telle ou telle classe.
Chez les Hébreux, la loi du Talion décide œil pour œil, dent pour dent (87), mais l’application de cette loi présuppose que la victime est un libre. Si le maître frappe l’œil de son esclave et l’éborgne ou lui arrache une dent, la peine du Talion ne s’applique pas, tout au plus, le maître est-il forcé à libérer son malheureux esclave (88). Si un bœuf, par habitude est laissé sans surveillance, frappe mortellement de la corne un libre, le propriétaire du bœuf est mis à mort (89) ; mais si le bœuf frappe un esclave, le propriétaire du bœuf paie simplement trente sicles d’argent au maître de l’esclave (90). Si un homme couche avec une jeune fille vierge qui est fiancée, elle et son partenaire sont lapidés à la porte de la ville (91). Mais si l’accusée est une esclave, son ravisseur présente uniquement un bélier en sacrifice de réparation (92).

En Inde Védique, les livres sacrés ordonnent aux juges de trancher tous les litiges entre les Brâhmanes et les autres classes en faveur des Brâhmanes (93). Le Brâhmane peut en toute sécurité s’approprier les biens de son esclave Shûdra, car ce dernier n’ayant rien en propre, son maître peut lui prendre son bien (94). Mais si le Shûdra vole l’or du Brâmane, le Shûdra est condamné au petit feu (95). Le roi punit sévèrement les voleurs (96), mais le roi lui-même vole les vaches du Brâhmane et le bétail du Vaishya ( 97). Le meurtre du Brâhmane est puni de mort, mais le meurtre des personnes appartenant aux autres castes n’entraîne qu’une composition, mille vaches pour le noble Kshatriya, cent pour l’homme du peuple Vaishya, dix pour le Shûdra, le hibou, le chien et les autres animaux (98). Le Brâhmane peut violer sans châtiment une femme Shûdra, mais le Shûdra qui viole une femme Brâhmane est émasculé, puis exécuté (99).

Dans la Rome de l’époque dite royale, le voleur saisi en flagrant délit, s’il est libre, devient l’esclave du propriétaire, et s’il est un esclave, il perd la vie (100). La compensation pour le dommage corporel consiste en 300 sesterces pour le libre, et 150 pour l’esclave (101). La torture pour forcer l’accusé à l’aveu s’applique seulement vis-à-vis de l’esclave (102).

Par ailleurs, l’attentat contre un plébéien constitue une affaire privée, la victime et ses proches poursuivent le délinquant s’ils le peuvent. Alors que l’attentat contre un patricien entraîne l’ingérence de l’Etat naissant, afin de châtier les coupables. En témoigne le terme parricide, dérivé de pater (patris-cidas), le meurtre d’un père, qui signifiait au début, sans doute, le meurtre d’un patricien, alors que le meurtre d’un plébéien n’entraînait pas l’ingérence de la puissance publique (103). Les XII Tables citent les quaestores parricidi, des magistrats spéciaux pour la poursuite de pareils crimes (104). Le délinquant est lié dans un sac de cuir et jeté dans l’eau (105). En même temps naît un nouveau crime, la trahison (perduello) (106) ; un cas grave de perduello est l’attentat contre un magistrat (107), c’est-à-dire contre un patricien, car les magistrats étaient des patriciens, alors que les chefs de la plèbe ne jouissaient pas d’une pareille protection (108) ; l’accusé est suspendu à l’arbor infelix, l’arbre du malheur, et battu jusqu’à la mort (109).

Chez les Germains, la composition (Wergeld) dépend des valeurs personnelles et varie d’un cas à l’autre, selon la naissance, la condition et la considération sociale (110).

Les Arabes préislamiques appliquent les peines uniquement aux faibles et aux pauvres, non vis-à-vis des riches nobles. Si le pauvre vole, on lui ampute la main (111), mais les gros commerçants trompent dans la balance, comme nous informe le Coran (112). Le Prophète prohiba la différenciation dans le châtiment entre riches et pauvres (113).

En somme, la naissance de la propriété privée sur les moyens de production mène à la division de la société en classes, la concentration des biens entre les mains des classes exploiteuses des nobles et des prêtres les poussent à conserver brutalement leurs biens par la répression et l’arbitraire, à châtier sauvagement les crimes contre la religion afin de sauvegarder l’omnipotence des prêtres, et à différencier dans les crimes et châtiments entre libres et esclaves, nobles et plébéiens.

87. Exode, 21/23-25.

88. Exode, 21/26-27.

89. Exode, 21/29.

90. Exode, 21/32.

91. Deut., 22/23-24.

92. Lév., 19/20-22.

93. Taittirîya-Samhîta , II, 5, 11, 8.

94. Mânava-Dharma-Shâtra, VIII, 417 (Strehly).

95. Supra, note 2492.

96. Rig-Veda, V, 6, 7, str. 9 (Wilson).

97. Athara-Veda, V, 6, 7, str. 9 (Wilson).

98. Voir pour la composition : Apastamba, Dharma-Sûtra, I, 9, 24, n°1 ; I, 9, 25, n° 13 ; Gautama, Dharma-Shâstra, XXII, n° 1 ; Baudhâyana, Dharma-Shâstra, I, 10, 19, n° 1 ; Baudhâyana, Dharma-Shâstra, I, 10, 19, n° 1. Et pour le meurtre du Brâhmane, supra, note 2490.

99. Gautama, Dharma-Shâstra, XII, n° 2-3, n° 13.

100. Supra, notes 2427-2428.

101. XII Tables, VIII, 3.

102. Theodor Mommsen, Römische Geschichte, 14. Aufl., 1933, T. I, p. 148.

103. Henri Lévy-Bruhl, Quelques problèmes du très ancien droit romain (essai de solutions sociologiques), Paris 1934, Ed. Domat-Mont-chrestien, p. 82 ss.

104. XII Tables, IX, 4 ; Pomponius, Digest., I, 2, De Origine Iuris, 2, 23 ; Ulpianus , Digest. I, 13, De Officio Quaestoris, I.

105. Paul Frédéric Girard, Histoire de l’organisation judiciaire des Romains, Paris 1901, Rousseau, p. 31. Plus tard quand la vie de chaque plébéien devint importante pour l’Etat romain belliqueux, afin de gagner de nouvelles terres pour les patriciens, la puissance publique s’ingéra dans la poursuite du meurtrier de chaque plébéien ; Plutarque, Romulus, 22.

106. Cf. Theodor Mommsen, Römische Geschichte, 14. Aufl., 1933, Bd. I, p. 147 ; idem Römische Strafrecht, Berlin 1955, Akademie Verlag, p. 537 ; Paul Frédéric Girard, Histoire de l’organisation judiciaire des Romains (1901), p. 28 ; Antonio Guarino, Storia del Diritto Romano, 2a ed., Milano 1954, Giuffrè, p. 105 ; Jacques Ellul, Hsitoire des institutions, Paris 1958, PUF, p. 249 ; Floyd Seyward Lear, Treason in Roman an Germanic Law, Austin 1965 , University of Texas Press, p. 6.

107. Ulpianus, Digest., VLVIII, 4, Ad legen iuliam maiestatis, 1, 1 ; Marcianus, Digest., XLVIII, 4, Ad legem iuliam maiestatis, 3.

108. Floyd Seyward Lear, Treason in Roman and Germanic Law (1965), p. 11.

109. Tite-Live, Hist. Rom., I, 26.

110. Andreas Heusler, Das Strafrecht der Isländersagas, Leipzig 1911, Dunker & Humbolt, p. 209 : «Der jeweilige Schaden hängt ab nicht von gesetzlichen Ständestufen (diese fehlen innerhalb der Freien), sondern von dem ganz persönlichen Werte, den Geburt, Stellung, Ansehen dem zu Büssenden verleihen ».

111. Al-Bukhâri, Sahîh, Boulaq 1296 h., t. 8, p. 15, et supra, note 2435.

112. Coran, VI Le Bétail 152 ; XVII Le Voyage nocturne 35 ; LV Al-Rahmân 7-9.

113. Al-Bukhâri, Sahîh, Boulaq 1296 h., t. 8, p. 15.
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Message  Freya Dim 31 Mar 2013 - 10:10

Relations extérieures et guerres de brigandage

La propriété privée exerce une influence profonde sur le caractère des hommes, fait éclore un nouveau trait significatif de la période transitoire entre la société de clans et la société de classes, cette forte passion pour le butin de guerre. La guerre agressive détermine la vie et les mœurs de cette époque, l’ancienne guerre de chaque tribu contre les autres tribus dégénère en un brigandage systématique sur terre et sur mer, dans le but de conquérir de nouvelles terres, de capturer du bétail et des esclaves et de s’approprier les trésors, et cette guerre sanguinaire se transforme en un métier religieux.

Les Hébreux
Il en ainsi chez les Hébreux, la prise du butin se révèle le but de la guerre (114). La naissance du démothéisme (115), c’est-à-dire la transformation des différents dieux polythéistes en un seul dieu national favorise de pareils buts. Les différents dieux : dieux des Pères, dieu d’Abraham, dieu d’Isaac, dieu de Jacob (116) s’amalgament en un seul dieu national (117), le Dieu des Hébreux (118), le Dieu d’Israël (119), et les Hébreux deviennent le peuple de Yahvé (120).

Le peuple stipule un pacte d’Alliance avec son Dieu, à la manière des pactes militaires comportant des droits et obligations réciproques des deux parties (121) : le peuple prend l’engagement de n’adorer que Yahvé, son dieu choisi, et de construire un autel pour lui présenter des holocaustes et des sacrifices (122), car Yahvé en véritable dieu nomade aime l’odeur de la viande rôtie, en « parfum d’apaisement » (123). Yahvé, de son côté s’engage à fournir à son peuple le pain et l’eau, à détourner de lui la maladie, à éviter l’avortement et la stérilité des femmes, et à lui promettre la victoire en guerre : Je sèmerai devant toi ma terreur, je chasserai devant toi les peuples, jusqu’à ce que tu hérites le pays (124). Les ennemis des Hébreux deviennent les ennemis de Yahvé (125), car Yahvé est le Dieu des Hébreux, et les Hébreux sont le peuple de Yahvé (126), à l’exclusion des autres peuples, ces autres peuples se réduisent à un simple instrument entre les mains de Yahvé pour faire triompher son peuple élu (127).

Cette notion qui persistera au cours des siècles d’être le peuple élu d’un dieu (128), a son pendant chez les peuplades tribales actuelles qui entreprennent de razzias en terre étrangère. Les Nuer du Nil, au cœur de l’Afrique, croient que leur dieu ordonne d’attaquer leurs voisins les Dinka et de piller leur bétail (129), les prophètes de Nuer reçoivent la volonté du dieu concernant la victoire de son peuple (130).

Le dieu national donne à son peuple élu un pays en possession (131), à Abram, lui et sa postérité pour toujours (132) : « A toi et à ta race après toi, je donnerai le pays où tu séjournes, tout le pays de Canaan, en possession à perpétuité, et je serai votre Dieu (133). La crasse injustice qui consiste à enlever la terre des uns et à la donner aux autres devient une institution divine.

Le nomade du désert, rencontrant une haute civilisation en Canaan, convoite cette terre qui ruisselle de lait et de miel (134), il impute à son dieu qu’il la lui a donnée en héritage, à lui et à sa race. Son dieu a juré comme font les hommes : "La terre que Yahvé a promis par serment à vos pères et à leurs descendants, terre qui ruisselle de lait et de miel" (135), la terre promise.

Mais bientôt l’avidité du nomade ne connaît point de bornes, il ne se limite plus au pays de Canaan, il convoite tout le Moyen-Orient : « A ta postérité je donne ce pays, du Fleuve d’Egypte jusqu’au Grand Fleuve, le fleuve de l’Euphrate » (136).

Le dieu de la race (137) se plie à l’ambition de cette race.

Yahvé est un dieu guerrier (138), le Dieu des armées, Yahvé Sabaot (139), Dieu des troupes d’Israël (140), qui sauve des mains de l’ennemi (141), et qui livre la ville de l’ennemi entre les mains des Israélites (142). Yahvé, pareil à ‘Anat, déesse de la guerre chez les Cananéens, et à Indra, le dieu des Aryens de l’Inde (143), combat lui-même aux côtés des Hébreux (144), car Yahvé est un guerrier (145) qui lutte en personne, un feu dévorant (146), fort et puissant (147), il lutte d’une main forte et d’un bras étendu (148), de sa main droite il taille en pièces l’ennemi, renverse les adversaires, les dévore comme du chaume (149), il souffle de son haleine, et la mer les recouvre (150), il poursuit les ennemis et lance sur eux, du haut du ciel, d’énormes grêlons, et ils meurent (151).

Moïse peut abattre les plaies sur l’Egypte, afin d’amener les Egyptiens à laisser partir les Hébreux (152) ; il fend les eaux des marécages de joncs, afin de faire passer les Hébreux à sec (153). Il suit, du haut de la colline, le cours de la bataille contre Amaleq, le bâton des Elohim à la main, tout imprégné de magie (154). Lorsque Moïse tient ses mains levées, Israël l’emporte, et quand il les laisse retomber, Amaleq l’emporte (155). Josué, lui aussi, par le moyen de la magie, accomplit des prodiges, il peut arrêter le cours du Jourdain, jusqu’à ce que le peuple passe d’une rive à l’autre, en suivant l’arche de Yahvé (156), il peut même arrêter le cours du soleil et de la lune, jusqu’à ce que les Hébreux aient fini la bataille et se soient vengés de leurs ennemis (157).

Avant la bataille, le dieu guerrier promet la victoire, mais le prêtre-roi Gédéon exige un signe, que la rosée recouvre uniquement une toison, et que tout le sol reste sec. Yahvé exauce le désir de son prêtre-roi et réalise le signe que Gédéon demande (158).

Dans les batailles, les prêtres portent l’arche de Yahvé afin d’assurer la victoire, et marchent en tête du peuple (159).

Le pillage des autres peuples devient un sport sacré. Lors de la sortie d’Egypte, Yahvé ordonne aux Hébreux de ne pas sortir les mains vides, chaque femme empruntera auprès de sa voisine des objets précieux : or, argent, manteaux, Yahvé promet d’accorder aux Hébreux la faveur des Egyptiens, les Hébreux prennent tout et s’enfuient (160).

Des bandes de Hapiru se forment autour d’un chef et pratiquent au cours des siècles le brigandage en Canaan et dans les pays voisins (161).

Les coutumes des Hébreux prescrivent, dans les batailles, de brûler les villes, de passer les mâles au fil de l’épée, d’emporter le bétail, de piller les biens et de prendre comme butin les femmes et les enfants (162), pour chaque guerrier une ou deux femmes (163).

Le butin et partagé entre les guerriers qui ont combattu à la bataille, et l’on impute à David d’avoir introduit une nouvelle règle, prévoyant le droit au butin pour ceux qui sont restés au camp afin de protéger les biens (164). L’on impute aussi à Moïse d’avoir partagé le butin en deux moitiés, une pour les combattants qui ont fait la campagne, l’autre pour l’ensemble de la communauté des Israélites (165).

Les prêtres, eux, veulent aussi leur part, et attribuent à Moïse les règles qui la concernent : tout le butin, bêtes et gens, sont amenés captifs au camp à Moïse, à Eléazar le prêtre et à toute la communauté des Israélites (166). Une part du butin est consacrée à Yahvé et donnée aux prêtres lévites (167). Les objets d’or, bracelets de bras et de poignet, bagues, boucles d’oreilles, pectoraux et tous les bijoux sont donnés à Moïse et à Eléazar le prêtre, qui l’apportent à la Tente du Rendez-vous pour faire mémoire des Israélites devant Yahvé (168). Tout l’argent et tout l’or, tous les objets de bronze et de fer sont consacrés à Yahvé et entrent dans son trésor (169). Gédéon ramasse les anneaux d’or que les gens d’Israël ont pris chez les ismaélites, il en fait un ephod, objet cultuel destiné à la divination, qu’il place dans sa ville à Ophra (170).

Plus tard, le Deutéronome confirme ces règles (171).

Bref, la meilleure part du butin est donnée aux prêtres, le reste est divisé parmi les guerriers. Mais la crème du butin reste toujours l’élément féminin, surtout les vierges ; l’on impute à Moïse, lors de la guerre contre les Madiânites, d’avoir ordonné aux chefs de milliers et chefs de centaine de massacrer tous les enfants mâles et toutes les femmes qui ont connu un homme, et de ne conserver pour eux que les fillettes vierges (172), le régal des guerriers.

Aryens de l’Inde
Le même état de choses se rencontre chez les Aryens de l’Inde, le brigandage est le but de la société guerrière (173). Les gens souhaitent avoir un fils qui se distingue par la bravoure en guerre (174). De petits groupes de guerriers, comme chez les Hapiru, se rassemblent autour d’un chef, organisent des bandes de brigands, et sortent exercer leur métier (175). Dans la mythologie, le roi Soma, dieu de la boisson, organise de telles bandes avec la participation des pierres sacrées, ses acolytes qui lui servent de pressoir (176).

Les Aryens disposent à la guerre de deux éléments qui leur ont donné la suprématie : le char et le feu.

Le char auquel sont attelés deux chevaux (177) est largement utilisé à la guerre (178). Le guerrier debout sur le char tire d’un arc des flèches (179) parfois empoisonnées (180). Lorsque la déesse Ushas, divinité de l’Aube, répand la lumière sur le monde, les objets luisent tels des hommes aiguisant leurs armes (181).

Le feu dévorant est lancé contre l’ennemi et produit des ravages. Agni, dieu du feu, n’a cessé d’inspirer les poètes du Rig-Veda au cours des générations de prêtres. Cet être mystérieux s’incline à travers l’herbe comme s’il voulait la parer de ses étincelles, avance en mugissant tel un taureau de vaches, puis s’accentue en véhémence tel un animal indompté défiant avec ses cornes (182). Il jette au loin ses langues telles des flèches lancées de l’arc par un archer (183), diffuse la lumière autour de lui tel un soleil et envoie des colonnes de fumée au ciel (184) enflammant la poitrine de la voûte céleste (185). Il se nourrit d’herbe, anéantit les forêts, violent comme un taureau (186), il rampe comme un serpent (187), rapide comme un voleur (188), léger comme un oiseau (189), hurlant comme le vent (190). Le feu brille comme un cheval fumant, brûle le bois jusqu’aux cendres tel un forgeron qui fond les métaux (191), il monte un char noir et blanc, rouge et fauve, scintillant et palpitant (192). Le feu est infini en bienfaits, il veille à la sécurité des hommes dans leurs demeures (193), et surtout il anéantit l’ennemi dans ses renforts (194).

Aussi, les poètes du Rig-Veda sont-ils prodiguent en louanges vis-à-vis du feu ; on le compare à l’énorme fortune, au soleil brillant, au souffle vital, au fils obéissant, au cheval fidèle, à la vache riche en lait (195), il est pur comme une épouse sincère et bien-aimée (196).

Le feu ravage les villes de l’ennemi (197), extermine les Dâsyu autochtones (198), et permet à l’Aryen intrus d’accaparer leurs trésors. Agni, dieu du feu, se montre grandiose et fabuleux : il est le fils du ciel et de la terre, il pose son pied sur le sommet de la terre et lèche de ses langues la mamelle du firmament (199). Agni est le grand prêtre (200), le messager des dieux (201), les autres dieux le respectent (202), car il est le plus fort des dieux (203), le premier parmi les dieux (204). C’est pourquoi les dieux et leurs épouses se sont agenouillés devant Agni (205), trois mille cent trente-neuf dieux l’ont doré (206), Agni est immortel (207).

La religion approuve les guerres de brigandage perpétrés par des Aryens, de nombreuses prières demandent aux dieux de protéger les Aryens envahisseurs et d’anéantir les ennemis autochtones (208). Les hymnes du Rig-Veda réclament des dieux d’envoyer de forts détachements (de démons) afin de combattre aux côtés des Aryens (209). Ces derniers s’attendent à ce que les dieux leur procurent des chevaux (2010), qu’ils engloutissent l’ennemi (211), le foudroient avec le tonnerre (212), lui coupent la gorge (213), l’exterminent (214), et assurent la victoire (215).

Tout spécialement le dieu Indra des Aryens, pareillement au Yahvé des Hébreux, peut détruire les villes de l’ennemi (216), ces villes entourées de murailles de fer où vivent les ennemis Râkshasa (217). Indra anéantit quatre-vingt-dix-neuf villes (218), il disperse les ennemis comme le cheval disperse avec sa queue les mouches importunes (219), ou comme le torrent indompté enlève les obstacles sur son chemin (220). Indra brûle les ennemis comme il brûle le bois sec (221), il induit les ennemis à fuir (222), et coupe le cou des Dâsyu (223).

Et, tout comme Josué chez les Hébreux peut arrêter le soleil tant que dure la bataille, ainsi Indra vole la roue du char du soleil (224), vraisemblablement afin d’arrêter le soleil tant que les Aryens livrent combat.

La prise du butin se révèle un juste but, les prières demandent aux dieux de doter les Aryens des biens des ennemis (225), ces ennemis qui vénèrent le phallus (226), ne présentent pas de sacrifice (227), n’observent pas les rites (228), ces ennemis noirs (229), semblables à des démons noirs (230), qu’Indra les écorche de leur peau noire (231).

Le quart du butin reçoit le chef, le quart va aux cavaliers (232), le reste, vraisemblablement, est partagé parmi les guerriers participant à la bataille (233).

114. Josué, 5/30 ; I Samuel, 30/19, 22, 24.

115. De demos : peuple, et theos : dieu, le dieu d’un peuple, terme qui nous est propre. Les autres termes se montrent incapables de rendre l’idée qu’ils voudraient exprimer. Le terme hénothéisme, du grec héno : un et theos : dieu, n’exprime pas l’idée en question, qu’il s’agit non d’un seul dieu, mais du dieu d’un seul peuple, actif dans la défense de son peuple contre les autres peuples ; voir sur l’énothéisme, par exemple : F ; Max Müller, Collect Works, t. II : Physical Religion, new ed., London 1898, Longmans, Green & Co., p. 180-181. De même le terme monolâtrie, l’adoration d’un seul, n’exprime pas à son tour l’idée du dieu d’un seul peuple, qui préfère son peuple aux dépens des autres peuples ; voir R. de Vaux, Histoire ancienne d’Israël, Paris 1971, Gabalda, p. 433.

116. Exode, 3/16. Comp. Avec Exode, 3/6, 13, 15 ; 4/5. Et voir supra, note 833.

117 Cf. Ernest Renan, Histoire du peuple d’Israël, Paris 1927, Calmann-Lévy, t. I, p. 261 ss. Etc.

118. Exode, 3/18 ; 5/3 ; 7/16 ; 9/1, 13 ; 10/3 ; Josué, 23/5.

119. Exode, 5/1, 3 ; 24/10 ; 32/27 ; 34/23 ; Nombres, 16/9 ; 23/21 ; Josué, 7/13, 19, 20 ; 8/30 ; 9/18, 19 ; Etc.

120. Exode, 3/10 ; 8/1, 20, 21, 23 ; 9/1, 13 ; 10/3.

121. Voir aussi les traités d’allégeance qu’imposa Ashshûr-Akha-Eddîn, le roi d’Assyrie (680-669 av. notre ère), aux roitelets de son empire, in ANET, p. 534, col. 2 à la p. 541, col. 2 (ANET = Ancient Near Texts relating to the Old Testament, by James Pritchard, 3rd ed., 3rd pr., Princeton 1974, Princeton University Press). Etc.

122. Exode, 20/22-26 ; 23/24-25. Repris in Deut., 6/13-17 ; 28 /14 ; 29/13.

123. Exode, 29/38-41 ; et voir 29/18, 25.

124. Exode, 23/20-31. Repris in Deut., 9/3 ; 7/12-19 ; 11/22-25 ; 26/19 ; 28/1, 11-13.

125. Juges, 5/13 ; I Samuel, 30/26.

126. Cf. Lév., 26/12 ; Jérémie, 11/4 ; 24/7 ; 31/33 ; 32/38 ; Ezéchiel, 11/20 ; 14/11 ; 36/28 ; 37/23, 27.

127. Max Weber, Gesammelte Aufsätze zur Religionsoziologie, t. III : Das Antique Judaism, Tübingen 1923, Mohr, p. 86 ss. , 126 ss., 356 ; etc.

128. II Samuel, 1/12 ; 3/18 ; 5/2, 12 , . 6/21 ; 7/7, 8, 10, 11, 23, 24 ; Deut., 4/20, 37 ; 7/6 ; 10/15 ; 14/2 ; 26/18 ; 28/9 ; 29/13 ; 32/9 ; Jérémie, 7/12 ; 12/14, 16 ; etc.

129. Evans Pritchard, Nuer Religion, Oxford 1956, At the Clarendon Press, p. 6, p. 11.

130. Evans Pritchard, Nuer Religion (1956), p. 45.

131. Genèse, 15/7.

132. Genèse, 13/15.

133. Genèse, 17/8, trad. Bible de Jérusalem. Voir aussi Genèse, 12/7. Repris in Deut., 1/7, 8, 21, 25, 35, 39 ; etc.

134. Supra, note 122.

135. Deut., 11/9. Voir aussi : Deut., 26/15 ; 31/20 ; Josué, 5/6 ; Jérémie, 11/5 ; 32/22 ; Ezéchiel, 20/6.

136. Genèse, 15/18, trad. Bible de Jérusalem. Voir aussi : Jubilés, 14/18.

137. Genèse, 17/19.

138. Dieu de la guerre, Kriegsgott : cf. Walter Beltz, Gott und die Götter, Biblische Mythologie, Berlin und Weimar 1977, Claassen Verlag, Düsseldorf, p. 65 ss. Etc.

139. Cette notion qui apparaît vers la clôture de la période transitoire entre la société de clans et la société de classes, constituera l’un des attributs de Yahvé les plus persistants à travers les siècles. Cf. I Samuel, 1/3, 11 ; 4/4 ; 15/2 ; 17/45 ; II Samuel, 5/10 ; 6/2, 18 ; 7/8, 26, 27 ; Amos, 3/13 ; etc.

140. I Samuel, 17/45.

141. Juges, 10/10-16 ; I Samuel, 7/8 ; 10/16 ; 14/39. Voir aussi : Psaumes, 18/2 ; 68/19, 20.

142. Deut., 20/13 ; 21/10.

143. Déese ‘Anat : Tablettes de Ras Shamra-Ugarit, n° V AB, B, 2e col., li. 5-37, par Ch. Virolleaud, La déesse ‘Anat, in Syria, vol. 18 (1937) , p. 85 (87-99). Indra : infra, notes 2627-2634.

144. Deut., 3/22 ; 20/4 ; Josué, 23/3, 10. Voir de même : II Chroniques, 20/29 ; 32/8.

145. Exode, 15/3.

146. Deut., 9/3.

147. Deut., 3/24 ; 4/37 ; 9/26, 29.

148. Deut., 3/24 ; 4/34 ; 5/15 ; 6/21 ; 7/8, 19 ; 9/26, 29 ; 11/2 ; 26/9 ; voir aussi I Rois, 8/42 ; II Rois, 17/36 ; II Chroniques, 6/32 ; Psaumes, 89/13.

149. Exode, 15/6-7.

150. Exode, 15/10.

151. Josué, 10/10-11.

152. Exode, ch. 7 à ch. 11 et ch. 12/29-34. Ces prétendues plaies, telles que le Nil rouge lors de la crue ou le sirocco noir, les sauterelles et les grenouilles, constituent de simples phénomènes naturels qui ne nécessitent pas une intervention divine ; cf. Pierre Montet, L’Egypte et la Bible, Neuchâtel 1959, Delachaux & Niestlé, p. 94 ss. ; Idem, L’Egypte éternelle, Paris, Fayard 1970, Marabout 1983, p. 29 ; etc.

153. Exode, 14/21-22, bien que ces marécages, à l’est du Delta égyptien, peu profonds comme des étangs, puissent être traversés à pied sans besoin de prodige.

154. Adolphe Lods , Israël des origines au milieu du VIIe siècle avant notre ère, Paris 1969, Albin Michel, p. 210.

155. Exode, 17/8-16.

156. Josué, 3/9-17, bien que les eaux du Jourdain ne soient pas profondes et permettent à quiconque de le traverser à pied sans besoin de magie. Même lors des crues, le Jourdain cesse de couler pendant plusieurs jours en cas d’éboulement de terrain ; voir Bible de Jérusalem, 1983, p. 253, c. 2, note d.

157. Josué, 10/12-13.

158. Juges, 6/14-24 ; 36-40.

159. Josué, 3/6 ; 6/6, 12 ; 8/33.

160. Exode, 3/21-22.

161. Supra, notes 860-873.

162. Supra, note 1336.

163. Juges, 5/30.

164. I Samuel, 30/22-25.

165. Nombres, 31/27.

166. Nombres, 31/12.

167. Nombres, 31/25-47.

168. Nombres, 31/48-54.

169. Josué, 6/19.

170. Juges, 8/24-27.

171. Deut., 20/10-15 ; 21/10-14.

172. Nombres, 31/17-18 : « Tuez donc tous les enfants mâles. Tuez aussi toutes les femmes qui ont connu un homme en partageant sa couche. Ne laissez la vie qu’aux petites filles qui n’ont pas partagé la couche d’un homme, et qu’elles soient à vous », trad. Bible de Jérusalem. Voir aussi la traduction TOB.

173. Cf. Walter Ruben, Die Gesellschaftliche Entwcklung im Alten Indien, Bd. II : Die Entwicklung von Staat und Recht, Berlin 1968, Akademie-Verlag, p. 16.

174. Rig-Veda, I, 11, 7, str. 14 (Wilson).

175. Cf. Heinrich Zimmer, Altindisches Leben, Berlin 1879, Weidmann, p. 293 ; Wilhem Rau, Staat und Gesellschaft im Alten Indien, Wiesbaden 1957, Harrassowitz, p. 19, p. 100.

176. Taittirîya-Samhitâ, VI, 3, 2, 5.

177. Rig-Veda, X, 8, 6, str. 9 (Wilson).

178. Rig-Veda, I, 17, 3, str. 5 (Wilson) ; etc.

179. Rig-Veda, VI, 6, 14, str. 1 ss. (Wilson).

180. Rig-Veda, I, 17, 2, str. 16 (Wilson).

181. Rig-Veda, I, 14, 8, str. 1 (Wilson).

182. Rig-Veda, I, 21, 1, str. 6 (Wilson).

183. Rig-Veda, I, 21, 5, str. 5 ; I, 21, 9, str. 4 ; VI, 1, 3, str. 5 (Wilson).

184. Rig-Veda, IV, 1, 6, str. 2 (Wilson).

185. Rig-Veda, I, 21, 7, str. 2 (Wilson).

186. Rig-Veda, VI, 1, 12, str. 4 (Wilson).

187. Rig-Veda, V, 1, 9, Str. 4 (Wilson).

188. Rig-Veda, VI, 1, 12, str. 5 (Wilson).

189. Rig-Veda, VI, 1, 3, str. 5 (Wilson).

190. Rig-Veda, X, 1, 1, str. 5 (Wilson).

191. Rig-Veda, VI, 1, 3, str. 4 (Wilson).

192. Rig-Veda, X, 2, 4, str. 9 (Wilson).

193. Rig-Veda, II, 1, 1 (Wilson).

194. Rig-Veda, V, 1, 14, str. 4 ; VII, 1, 5, str. 3 ; VIII, 9, 4, str. 9, 4, str. 9 ; X, 1, 6, str. 6 (Wilson).

195. Rig-Veda, I, 12, 2, str. 1 (Wilson).

196. Rig-Veda, I, 12, 9, str. 3 (Wilson).

197. Rig-Veda, VII, 1, 5, str. 3 (Wilson).

198. Rig-Veda, V, 1, 14, str. 4 ; VIII, 9, 4, str. 9 (Wilson).

199. Rig-Veda, I, 21, 7, str. 1-2 ; voir aussi VII, 1, 6, str. 6 (Wilson).

200. Rig-Veda, VI, 1, 14, str. 2 , VII, 1, 16, str. 5 ; X, 1, 11, str. 4 ; X, 8, 1, str. 9 (Wilson).

201. Rig-Veda, IV, 1, 8, str. 8 ; V, 1, 11, str. 4 ; VI, 1, (, str. 8 ; VII, 1, 16, str. 4 ; VIII, 4, 3, str. 18 (Wilson).

202. Rig-Veda, VI, 1, 9, str. 7 (Wilson).

203. Rig-Veda, X, 1, 1, str. 5 (Wilson).

204. Rig-Veda, VI, 1, 1, str. 2 ; VIII, 2, 2, str. 36 (Wilson).

205. Rig-Veda, I, 12, 8, str. 5 (Wilson).

206. Rig-Veda, X, 4, 10, str. 6 (Wilson).

207. Rig-Veda, VI, 1, 3, str. 6 ; Vi, 1, 5, str. 5 ; Vi, 1, 7, str. 4 (Wilson).

208. Rig-Veda, I, 1, 2, str. 7 ; 2, 4, str. 4 ; I, 3, 1, str. 2, 3, 4, 6 (Wilson) ; etc.

209. Rig-Veda, I, 3, 1, str. 5 ; I, 7, 3, str. 4 (Wilson).

210. Rig-Veda, I, 6, 4, str. 9 (Wilson).

211. Rig-Veda, I, 1, 2, str. 7 (Wilson).

212. Rig-Veda, II, 2, 8, str. 7 (Wilson).

213. Rig-Veda, VII, 4, 3, str. 4 (Wilson).

214. Rig-Veda, I, 3, 1, str. 2, 3, 4, 6, 6, str. 5-7 (Wilson) ; etc.

215. Rig-Veda, I, 7, 4, str. 12 ; I, 10, 1, str. 8 ; I, 16, 6, str. 3 ; VI, 2, 7, str. 10 (Wilson).

216. Rig-Veda, I, 3, 4, str. 4 ; I, 15, 10, str. 3 ; II, 2, 9, str. 5 (Wilson).

217. Rig-Veda, VII, 1, 15, str. 13 (Wilson).

218. Rig-Veda, II, 2, 8, str. 6 (Wilson).

219. Rig-Veda, I, 6, 4, str. 1. Et voir I, 11, 6, str. 4 (Wilson).

220. Rig-Veda, VCIII, 4, 5, str. 15 (Wilson).

221. Rig-Veda, IV, 1, 4, str. 4. Et voir VII, 1, 1, str. 7 ; VII, 1, 15, str. 13 (Wilson) ; etc.

222. Taitirrîya-Samhitâ, II, 2, 7, 3.

223. Rig-Veda, I, 18, 5, str. 5 (Wilson) ; etc.

224. Rig-Veda, IV, 3, 9, str. 4 (Wilson).

225. Rig-Veda, I, 2, 4, str. 4 (Wilson) ; etc.

226. Rig-Veda, X, 8, 9, str. 3 (Wilson).

227. Rig-Veda, I, 13, 8, str. 9 (Wilson).

228. Rig-Veda, I, 10, 1, str. 8 ; I, 19, 4, str. 8 (Wilson).

229. Rig-Veda, II, 2, 9, str. 7 (Wilson).

230. Rig-Veda, III, 3, 2, str. 21 (Wilson).

231. Rig-Veda, I, 19, 4, str. 8 (Wilson).

232. Aitareya-Brâhmana, II, 25.

233. Wilhelm Rau, Staat und Gesellschaft im Alten Indien (1957), p. 59-60, p. 103.
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Message  Freya Lun 8 Avr 2013 - 18:25

Grecs homériques

Les Grecs homériques constituent de même une aristocratie militaire visant le brigandage. Le dieu Zeus assure la victoire et procure le butin (234), et l’augure prête ses services afin d’interroger les dieux sur le sort des Achéens (235). Dans l’Iliade, Zeus rassemble les dieux et leur confie d’intervenir comme bon leur semble, pour les Achéens ou les Troyens (236).
Les démons aussi se mêlent des affaires de l’homme, lui causent du préjudice ou lui apportent le bonheur (237), ils influent spécialement sur le cours des batailles entre les tribus, et confèrent la victoire à l’une des parties belligérantes (238).

Agamemnon, avant la bataille, tout comme Josué, réclame de Zeus d’arrêter le soleil, jusqu’à ce qu’il détruise le palais de Priam et tue Hector (239).

Chez les Grecs, comme chez les Hébreux, le vainqueur à la guerre tue les hommes du camp ennemi, captive les femmes, pille les trésors, et partage le butin entre les guerriers (240).

Le pillage va son train aussi par voie de mer (241), devant le rivage d’Egypte afin de voler femmes et enfants (242).

Le butin est le but de la guerre, dans l’Iliade il est dit : « Nous sommes allés à Thèbes, ville sacrée d’Eétion ; l’ayant mise à sac, nous avons amené ici tout le butin. Les fils des Achéens se le partagèrent équitablement » (243). La meilleure part du butin, comme chez les Hébreux, consiste en esclaves/concubines (244). Dans le partage du butin, le roi prélève d’abord le géras, sa part de chef, qui comprend la crème du butin : belles femmes, chevaux intrépides, métaux précieux (245), tout comme l’or et l’argent sont donnés à Moïse et à Eléazar le prêtre.

Le prêtre-roi Agamemnon, prince des guerriers, pareillement au prêtre-roi Moïse, prophète des Hébreux, assiste en personne au partage du butin entre les guerriers (246). Agamemnon retient pour soi les plus belles esclaves (247). Agamemnon choisit aussi des femmes esclaves pour ses chefs (248), tout comme Moïse donne les fillettes vierges à ses chefs.

Une partie du butin est consacrée aux dieux, y compris des femmes esclaves (249) ; le chœur des Phéniciennes au temple d’Apollon se compose d’esclaves venant de Tyr (250).

Premiers Romains

Les Romains de la période dite royale, tout comme les Grecs de l’époque héroïque, constituent une aristocratie militaire visant le brigandage, le but de la guerre se révèle le butin (251). Les augures romains, pareillement à ceux des Hébreux et des Grecs, se renseignent sur la volonté des dieux avant la guerre, afin d’assurer la victoire (252). De petits groupes de brigands, comme chez les Hébreux et les Aryens de l’Inde, attaquent les voisins de Rome dans le but de voler du bétail (253).

Pareillement à Yahvé et à Indra, le dieu Mars vainc les ennemis (254). Il possède son prêtre qui prend soin du feu (flamen Martialis) et douze sauteurs (Salii) qui exécutent le mois de mars « la défense des armes » en l’honneur du dieu (255).

Durant les batailles, l’ennemi est parfois exterminé (256) ; il arrive que même lorsque l’ennemi se rend, il est traité comme s’il avait résisté : les anciens de l’ennemi sont mis à mort, le reste est vendu comme esclaves, la ville est détruite, le terrain mis en vente (257). Autrement, les Romains transforment la ville vaincue en colonie romaine et mettent en vente une partie des terres (258).

Le butin est partagé entre les guerriers (259), et le dixième appartient aux dieux et aux temples (260), c’est-à-dire remis à la jouissance des prêtres.

Tribus germaniques

Les Germains de la période transitoire entre la société de clans et le système féodal constituent de même une aristocratie guerrière fondée sur le brigandage. Wotan/Odin, le grand dieu du panthéon germanique, se révèle le dieu de la guerre. L’agitation qui a régné durant la seconde moitié du premier millénaire avant notre ère, la poussée continue des tribus germaniques qui aboutit à l’occupation de vastes territoires, situés entre l’Elbe et le Rhin et même au-delà, contribua singulièrement à la montée de Wotan/Odin chez les Francs. Le terme francea signifie la lance qu’emploient les Francs à la guerre, arme de surprise qui attaque de loin sa proie ; Wotan/Odin, le dieu de la lance, devient le grand dieu des guerriers à la lance (261).

Odin le dieu belliqueux des Germains, prend comme fils adoptifs les guerriers tombés sur le champ de bataille, les reçoit dans son palais du ciel, les range dans son armée céleste. Il envoie lors des batailles, les Valkyries choisir les einherjar (262), au singulier : einheri, guerrier unique, parangon de guerrier. L’ensemble des einherjar (263) et des Valkyries constituent la cour divine formée, à la manière des cours royales, de guerriers et de harem (264). Les Valkyries sont les femmes du seigneur des armées (265). Mourir à la guerre signifie rencontrer le grand dieu et vivre dans les cieux avec le harem des Valkyries (265).

Par la guerre, la tribu vaincue est ou décapitée ou réduite en esclavage (266). Aussi, les prêtres, avant chaque bataille, président aux auspices, émettent des prévisions : ils font hennir des chevaux blancs consacrés à cet effet et pouvant transmettre la volonté des dieux. Les prêtres de cette façon, peuvent prédire le cours probable de la bataille envisagée (267).

Et, tout comme les prêtres hébreux portent en guerre l’arche de Yahvé, les prêtres germains prennent avec sur les champs de bataille les idoles des dieux, afin d’assurer la victoire à leurs tribus (268). Odin, le grand dieu, par le moyen de ses grands prêtres – pareillement au Yahvé des Hébreux, par l’intermédiaire de Moïse et des prêtres – fait de telle sorte que, dans la bataille, les ennemis deviennent aveugles ou sourds ou remplis de crainte, leurs armes ne mordent pas plus que des baguette, mais ses hommes à lui foncent avec fureur, enragés comme des chiens ou des loups, mordant leurs boucliers, forts comme des ours ou des taureaux. Ils tuent les gens, mais eux, ni fer, ni feu ne les navrent (269). Odin promet la victoire à ses guerriers chevaleresques (270).

Les Germains, tout comme les Indiens, utilisent le feu à la guerre et lui rendent un culte. Le feu devient un être vivant, sentant toujours la faim, n’étant jamais rassasié, on lui présente des offrandes, on lui sacrifie des victimes (271).

Toute la vie des Germains se passe en chasse et en exercices militaires (272). Tout comme les Hébreux, les Aryens de l’Inde et les Romains, de petits groupes de guerriers germains se forment autour d’un chef, ceux qui le suivent de plein gré ne peuvent plus par la suite se dérober, sinon ils sont mis au nombre des déserteurs et des traîtres et toute confiance leur est retirée (273). De pareils groupes attaquent les voisins hors des frontières de chaque Etat, dans le but de voler ; c’est une manière d’exercer la jeunesse et de combattre l’oisiveté (274).

Lors du partage du butin, le dixième, comme chez les Romains, est remis aux prêtres germains (275).

L’on ne pouvait conserver les Germains comme un tout organisé que par le moyen de guerres continues et de razzias de pillage. Le brigandage devint un but en soi ; si le chef d’un groupe ne trouve rien à faire tout près, il se dirige avec ses hommes vers d’autres peuples où la guerre marche bon train, et où l’on peut compter sur le butin. Les troupes auxiliaires germaniques qui combattent en grand nombre sous les drapeaux des Romains, même contre les Germains eux-mêmes, sont choisis parmi de tels groupes (276). César engage dans ses troupes des cavaliers germains contre les Gaulois (277). Le système des mercenaires guerriers – opprobre et malédiction des Germains – est déjà là présent dans sa forme première (278).

234. Homère, Odyssée, XIV, 85-88.

235. Homère, Iliade, I, 55 ss., 69 ss.

236. Homère, Iliade, XX, 1-29.

237. Homère, Odyssée, II, 134 ; III, 27, 166 ; V, 396 ; VI, 173 ; VII, 429 ; X, 64 ; XVI, 194 ; XVII, 243, 446 ; XXI, 201 ; XXIV, 149.

238. Homère, Iliade, VII, 291-292, 377-378.

239. Homère, Iliade, II, 410 ss.

240. Homère, Iliade, I, 125, 367-369 ; Odyssée, IX, 40-42.

241. Homère, Odyssée, XIV, 240-265 ; XV, 383-388.

242. Homère, Odyssée, XV, 262-264.

243. Homère, Iliade, I, 366-369, tr. Lasserre, Garnier.

244. Homère, Iliade, I, 369-370 ; II, 226-228.

245. Homère, Iliade, I, 124, 161, ss. ; VIII, 286 ss. ; IX, 130 ss ; Odyssée, VII, 10 ; IX, 42 ; XI, 534. Cf. Gustave Glotz, La cité grecque, Paris 1976, Albin Michel, p. 53 -54.

246. Homère, Iliade, IX, 138-139.

247. Homère, Iliade, I, 367-369 ; IX, 138 ss.

248. Homère, Iliade, IX, 138-139.

249. Homère, Iliade, I, 125-127 ; Sophocle, Les Trachiniennes, 245.

250. Euripide, Les Phéniciennes, 202 ss.

251. Tite-Live, Hist. Rom., I, 54 ; III, 60, 66 ; V, 32.

252. Dionys, Halic., Antiq. Rom, II, 6.

253. Tite-Live, Hist. Rom., II, 50.

254. Theodor Mommsen, Römische Geschichte, 14. Aufl., Berlin 1933, Weidmann, Bd. I, p. 162.

255 Theodor Mommsen, Römische Geschichte, 14. Aufl., Bd. I, p. 166 ; Georges Dumézil, La religion romaine archaïque, 2e éd., Paris 1987, Payot, p. 221, p. 285 ss.

256. Voir pour gens des Fabii : Tite-Live, Hist. Rom., II, 50.

257. Voir pour le cas de Pometia : Tite-Live, Hist. Rom. II, 17.

258. Supra, note 1365.

259. Tite-Live, Hist. Rom., V, 23 ; V, 54.

260. Tite-Live, Hist. Rom., V, 23.

261. Jan de Vries, Sur certains glissements fonctionnels de divinités dans la religion germanique, in Hommages à Georges Dumézil, Latomus, Revue d’Etudes Latines, vol. XLV, Bruxelles 1960, p. 83 (90-91). Voir sur Odin : Ynglinga Saga, ch. VII, in Boyer et Lot-Falck, Les religions de l’Europe du Nord, Paris 1974, Fayard/Denoël, p.539-540. Etc.

262. Gylfaginning, ch. 19, Boyer et Lot-Falck, p. 377.

263. Régis Boyer, Anges et démons dans la mythologie germanique ?, in Anges et démons, Actes du Colloque de Liège et de Louvain-la-Neuve, 26 novembre 1987, ed. par Julien Ries, Louvain-la-Neuve 1989, Centre d’Histoire des Religions, p. 275 (= Homo Religiosus, n° 14).

264. Völuspa, str. 30, Boyer et Lot-Falck, p. 481.

265. Jacob Grimm, Deutsche Mythologie, 4. Ausg., von Elard Hugo Mayer, Berlin 1875, Ferd. Dummlers Verlagsbuchhandlung, Bd. I, p. 120.

266. César, De Bello Gallico, I, 53. Et voir Jacob Grimm, Deutsche Rechtsalterhümer, 4. Aufl., von Andreas Heusler und Rudolf Hübner, Leipzig 1922, Mayer & Müller, Bd. I, p. 443 ss.

267. Tacite, Germania, 10. Et voir Adam de Brême, Gesta Hammaburgensis, I, 8. Mais le rôle des prêtres à cet égard n’est pas indispensable. En véritables guerriers, les Germains ont une autre manière de prendre les auspices, afin de prévoir l’issue des guerres importantes. Ils font battre un guerrier des leurs contre un captif de l’ennemi, pris au hasard. Chacun combat avec les armes de son pays ; la victoire de l’un ou de l’autre est regardé comme un pronostic ; Tacite, Germania, 10 ; et voir Adam de Brême, Gesta Hammaburgensis, I, 8.

268. Jacob Grimm, Deutsche Mythologie, 4 Ausg. 1876, Bd. I, p. 74.

269. Ynglinga Saga, ch. VI, Boyer et Lot-Falck, 1974, p. 539.

270. Sigrdrifumal, str. 4, Boyer et Lot-Falck, 1974, p. 558. Et voir pour le dieu Tyr, qui décide aussi de la victoire dans le combat : Gyfalginning, ch. 24, Boyer et Lot-Falck, p. 413.

271. Jacob Grimm, Deutsche Mythologie, 4. Ausg., Bd. I, p. 500-501.

272. César, De Bello Gallico, VI, 21.

273. Cf. sur les valeurs suprêmes de l’homme germanique, courage, fidélité, honneur : Jan de Vries, L’Univers mental des Germains, Paris 1987, Les Editions du Porte-Glaive, p. 17 ss.

274. César, De Bello Gallico, VI, 23.

275. Jacob Grimm, Deutsche Mythologie, 4e Ausg., 1875, Bd. I, p. 34.

276. Voir Tacite, Annales, XI, 16-17.

277. César, De Bello Gallico, VIII, 13.

278. Karl-Heinz Otto, in Deutsche Geschichte, herausg. Von Streisand, 2. Aufl., Berlin, 1967, VEB Deutscher Verlag der Wissenschaften, p. 77 ; etc.
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Message  Freya Sam 13 Avr 2013 - 10:03

Arabes préislamiques

La guerre et le pillage, chez les Arabes préislamiques, devient une affaire de la vie quotidienne. « Jour pour jour », soit bataille pour bataille disent les Qurayshites, car la guerre se poursuit avec des succès et des revers (279). Les clans et tribus mènent la guerre pour conquérir des terres (280), monopoliser les services religieux au temple d’Al-Ka’ba (281), ou piller les chameaux, les esclaves et les femmes (282).

Le prêtre-devin prévoit le cours des batailles, le destin des prisonniers, les défaites militaires ou l’occupation par l’ennemi de la terre affectée à la tribu (283). Les chefs de Quraysh, avant la bataille de Badr, où leur tribu essuie une défaite sanglante, s’enquièrent de la volonté du grand dieu Hubal, la réponse de l’oracle se révèle plus d’une fois négative (284).

Les prêtres arabes, pareillement aux Hébreux et aux Germains, portent dans les batailles les idoles des dieux, afin que le dieu de chaque tribu combatte avec elle et lui assure la victoire. Abû Sufyân, chef de Quraysh, mène les idoles des déesses Al-Lât et Al-‘Uzza à la bataille de Uhud, où sa tribu emporte une victoire éclatante (285). Le rôle principal des dieux arabes est de faire tomber la pluie et de procurer la victoire (286).

Le poète de chaque tribu chante ses exploits à la guerre : les guerriers portent en partant des drapeaux blancs et s’en retournent avec, rouges du sang des ennemis tués (287). L’Arabe s’en va en guerre croyant que la mort pour l’homme est tôt ou tard inévitable (288). La guerre est rude et terrible (289), le meurtre apporte la gloire (290), toute la renommée appartient à qui coupe des cous et fait tomber des têtes (291).

La pensée que leurs femmes peuvent être prises en captivité est un motif suffisant pour inciter les Arabes au combat. Avant la bataille, les disent aux guerriers : Vous n’êtes plus nos maris si vous ne prenez pas notre défense (292). La fille du Sayyid, le chef, assise sur un chameau, dans un palanquin, constitue un point de repère où l’on combat jusqu’à la mort (293).

De petits groupes de guerriers, comme chez les Hébreux, les Aryens de l’Inde, les Romains et les Germains, se constituent pour le brigandage, volent même les enfants, afin de les vendre en esclavage (294).

Le butin est partagé parmi les guerriers qui ont pris part à la bataille ; un quart du butin, tout comme chez les Aryens de l’Inde, est réservé au chef, le sayyid (295). Le fier poète-brigand ‘Antara chante sa gloire dans les batailles et son refus volontaire de recevoir du butin (296). Les Arabes estiment grandement le cheval, utilisé à la guerre, gage de victoire, les poètes le décrivent dans leur poésie (297), le cheval a plus de valeur que les enfants (298), et le cheval tout comme l’homme, porte un nom (299). Aussi le cavalier prend-il trois quarts du butin, une pour lui et deux pour son cheval (300).

La meilleure part du butin chez les Arabes préislamiques, comme chez les Hébreux et les Grecs, se révèle les femmes prises en captivité. Le poète Al-Hârith vante la renommée de ses gens qui captivèrent les femmes de la tribu de Tamîm (301).

En somme, la propriété privée engendre une forte passion pour accaparer les biens, la guerre devient une institution visant à s’emparer du butin. Les organes de la société tournent dans cette orbite : le prêtre-roi est un chef militaire, l’Assemblée du Peuple devient une assemblée de guerriers, le Conseil des Anciens intervient en cas de guerre en sa qualité de conseil militaire.

La religion appose le cachet de la sainteté sur les guerres de brigandage et le pillage, but suprême de l’aristocratie militaire. Le dieu de chaque tribu combat avec elle, les prêtres reçoivent leur part de butin. Le droit au pillage est sanctionné par les Livres Sacrés et se transforme en un devoir religieux.



279. Al-Wâqidî, Kitâb Al-Maghâzî, éd. Jones, London 1966, Oxford University Press, t. I, p. 296-297 ; etc.

280. Al-Ispahânî, Al-Aghânî, Boulaq 1868, t. 3, p. 83.

281. Supra, notes 805-806.

282. ‘Amr ibn Kultûym, Mu’allaqa, vers 74, éd. Al-Shanqîtî, p. 32 ; etc.

283. Al-Wâqidî, Kitâb Al-Maghâzî, éd. Jones, London 1966, Oxford University Press, t. I, p. 33-34 ; etc.

284. Al-Wâqidî, Kitâb Al-Maghâzi, éd. Jones, t. I, p. 33-34.

285. Ibn Sa’d, Tabaqât, éd. Sachau, Leiden 1909, t. I, p. 33 ; etc.

286. Ibn Hishâm, Sîrat, éd. Wüstenfeld, Göttingen 1859, t. I, p. 51.

287. ‘Amr ibn Kulthûm, Mu’allaqa, vers 28, éd. Shanqîtî, p. 28.

288. ‘Amr ibn Kulthûm, Mu’allaqua, vers 8, éd. Shaqîtî, p. 27.

289. Zuhayr, Mu’allaqa, vers 29 ss., éd.Shanqîtî , p. 18.

290. ‘Amr ibn Kuthûm, Mu’allaqa, vers 47, éd. Shanqîtî, p. 30.

291. ‘Amr ibn Kulthûm, Mu’allaqa, vers 35 ss., éd. Shaqîtî, p. 29-30.

292. ‘Amr ibn Kulthûm, Mu’allaqua, vers 84-90, éd. Shaqîtî, p. 32-33.

293. Régis Blachère, Histoire de la littérature arabe, Paris 1952, A. Maisonneuve, t. I, p. 29.

294. Ibn Sa’d, Tabaqât, éd. Sachau, Leiden, Brill ; t. III/I, p. 27 ss.

295. Al-Hamâsa, éd. Freytag, Bonn 1828, Régis Arabessis, p. 458.

296. ‘Anatra ibn Shaddâd, Mu’allaqa, vers 50-51, éd. Shanqîtî, p. 38.

297. Imru’l-Qays, Mu’allaqa, vers 54, éd. Shantîqî , p. 7.

298. Ibn Al-Kalbî ; Kitâb Nasab Al-Khayl, Leiden 1928, Brill, p. 2.

299. Ibn Al’A’râbî, Kitâb Asmâ’Khayl ‘Arab wa Fursânihâ, Leiden 1928, Bril, p. 51.

300. Ibn Al-Kalbî, Kitâb Nasab Al-Khayl, Leiden 1928, Brill, p. 2.

301. Al-Hârith ibn Hilliza, Mu’allaqa, vers 36, éd. Sanqîtî, p. 43.
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Message  Freya Sam 13 Avr 2013 - 17:41

Conclusion

La propriété privée des moyens de production se cristallise avec l’élevage et la haute agriculture, par rapport au bétail et à la terre. La propriété privée du bétail est complète et parfaite, elle s’étend aux esclaves, hommes et femmes, et comprend les autres biens meubles, les produits de l’industrie artisanale et les métaux précieux. Tel est le cas des tribus vivant principalement d’élevage : Hébreux du IIe millénaire, tribus germaniques, Arabes préislamiques, ainsi que des peuplades pratiquant la haute agriculture : Aryens de l’Inde, Grecs homériques, premiers Romains. En sus du bétail, la terre chez les peuples sédentaires, pratiquant la haute agriculture, forme aussi l’objet de la propriété privée, chez les Indiens, les Grecs et les Romains, comme chez les Arabes sédentaires des oasis.

La catégorie des religieux se développe du faiseur de pluie et du prêtre-devin. Les clans puissants monopolisent les services religieux et en accaparent les rentrées, les chefs de ces clans exercent l’hégémonie sur les autres clans et tribus, le prêtre se transforme en roi et devient un prêtre-roi : tels sont Moïse et Josué chez les Hébreux, Agamemnon et Lycurgue chez les Grecs, Romulus et Numa chez les Romains, Diceneus et Comosicus chez les Germains, les ‘Abdul-Dâr et Abû Sufyân chez les Arabes.

La propriété privée des moyens de production mène à la division de la société en classes, selon la quantité de richesses que possède chaque personne : riches et pauvres, nobles et plèbe. Les nobles sont généralement les chefs des clans puissants qui accaparent les biens, par le monopole des services religieux et la direction des opérations militaires : asîlîm chez les Hébreux, Kshatriya en Inde, eupatridai en Grèce, patricii à Rome, adel chez les Germains, ashrâf chez les Arabes. Généralement, les nobles renferment dans leurs rangs les religieux, mais parfois les prêtres et les militaires viennent de clans différents, alors la concurrence s’enflamme entre les deux groupes, tel l’antagonisme des Brâhmanes et des Kshatriya en Inde.

Le reste du peuple forme la masse, souffrant de l’exploitation des classes supérieures : Vaishya en Inde, agroikoi en Grèce, plebs à Rome. Une foule de gens bas et démunis émerge, dont l’occupation est de serir les classes supérieures : Shûdra en Inde, thètes en Grèce, proletarii à Rome, ahâbîsh chez les Arabes.

Les contradictions entre riches et pauvres s’approfondissent, le désenchantement du peuple s’exprime dans le mythe de l’âge d’or chez les Hébreux, les Indiens, les Grecs. En Inde, c’est la fuite dans la contemplation et l’ascétisme.

L’élevage du bétail, le travail des métaux, l’industrie textile et l’utilisation de la charrue font naître le besoin de main-d’œuvre. L’on cesse de tuer l’ennemi vaincu afin de profiter de son travail. La société se divise en libres et esclaves. Par la guerre, le vainqueur assujettit l’ennemi vaincu ; par l’usure, le riche usurier subjugue son confrère le pauvre. Généralement, l’esclavage est encore domestique, l’homme esclave travaille dans la maison du maître, dans son champ ou pour garder les troupeaux, la femme esclave fait les travaux ménagers ou bien devient la concubine du maître. Le maître possède sur l’esclave le droit de vie et de mort. A la mort du maître, l’on immole l’esclave sur sa tombe ou on le fait monter sur le bûcher, chez les Grecs, les Romains, les Germains.

Les nobles font mainmise sur le pouvoir. Le prêtre-roi, anciennement le faiseur de pluie, joue un rôle éminent dans la société, il est à la fois grand pontife, commandant militaire, chef civil et juge suprême ; tels sont Moïse et les Juges chez les Hébreux, le basileus chez les Grecs, le rex chez les Romains, le König chez les Germains, le sayyid chez les Arabes.

Le Conseil des Anciens discute les affaires publiques avec le prêtre-roi : zaqanîm chez les Hébreux, boulè chez les Grecs, senaus chez les Romains, Fürstenrat chez les Germains, majlis chez les Arabes.

Puis, les décisions prises sont soumises à l’Assemblée du Peuple, généralement une assemblée de guerriers, mais parfois embrassant tout le peuple, dont le rôle effacé consiste à entériner ce qui a été décidé d’avance peuple chez les Hébreux, samiti chez les Aryens, agora chez les Grecs, comita curiata chez les Romains, Landesdinge chez les Germains, assemblée de guerriers chez les Arabes.

Les Livres Sacrés passent à travers divers cycles d’erreurs, notamment lors de leur transmission par voie orale dans la brume des siècles, erreurs dues aux narrateurs négligents ou tendancieux, et lors de leur rédaction et de leur compilation, erreurs dues aux interpolations successives afin de les adapter aux circonstances changeantes, pour des motifs économiques, politiques et sociaux. Il en est ainsi de la Thora, qui ne provient pas de Moïse, des Veda des Aryens de l’Inde, des poèmes homériques, des Edda germaniques, de la poésie antéislamique.

Les Livres Sacrés ont un rôle précis, ils sont formulés pour apposer le cachet de la religion sur les besoins des classes supérieures au pouvoir, afin d’être à même de mieux exploiter les classes subjuguées. Cela ressort clairement par l’examen des règles juridiques que comprennent les Livres Sacrées et les intérêts protégés par ces règles, qui sont les intérêts des classes possédantes au pouvoir, au détriment de la masse du peuple et des esclaves. L’injustice humaine est imputée à la justice divine.

C’est l’ère de l’aristocratie militaire : aristocratie, parce que le pouvoir réel est exercé par une classe sociale privilégiée, généralement héréditaire ; militaire, parce que cette aristocratie vise à l’organisation des forces armées de la société, afin de provoquer des guerres ayant pour but la rapine. La religion approuve la guerre agressive, les prêtres de chaque tribu portent en guerre l’arche de Yahvé ou les idoles des dieux afin d’assurer la victoire. L’appât du butin active les guerres atroces d’extermination et de capture, le prêtre-roi, ses chefs et ses religieux obtiennent la meilleure part du butin : or et trésor, chevaux de races, belles femmes.

Le brigandage, organisé dans les Livres Sacrés, devient l’institution dominante.
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