Expérience vive (Esthétique)

Dionysos Jeu 17 Nov 2016 - 19:22

Les auteurs soviétiques distinguent l’eksperiment ou expérience véritable et l’opyt, qui correspondrait à la nuance envisagée par C. Bernard : « ou possibilité d’acquérir de l’expérience sans faire des expériences par cela seul que l’on raisonne convenablement sur des faits bien établis », pour ce que pour cette dernière je nommerais expérience vive rien que par le fait qu’elle se pratique à la fois en toute spontanéité et en toute fugacité.

N’y a-t-il pas une particularité plus prononcé dans ce que dit Cioran : « Percevoir le caractère transitoire de tout, je me targue d’y exceller. Drôle d’excellence qui m’aura gâté toutes mes joies ; mieux : toutes mes sensations »

En à partir de là n’y a-t-il pas une ressemblance dans la vision de Rimbaud lorsqu’il dit : « Car Je est un autre. Si le cuivre s’éveille clairon, il n’y a rien de sa faute. Cela m’est évident : j’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute : je lance un coup d’archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d’un bond sur la scène. »

Et cette revendication de l’instant poétique chez Rimbaud et qui plus est philosophique chez Cioran nous ramène à une interaction qui privilégie la communication dans la sphère sociale où elle est sujette à la propension d’une liberté qui a besoin de se déterminer dans la sérénité…

Un exemple me vient de ce dialogue qui prend des airs affranchis à ce qui transparaît dans la parole ainsi que quand j’écris, je m’arrête ou je me heurte à des renvois de sens et non pas très certainement qu’avec des mots. Le contact avec les êtres nécessite le contact avec les mots, mais ces mots ne doivent pas être que de simples signes mais des liens structurant la pensée.