Qu’est-ce que la vie ?

Qu’est-ce que la vie ?
J’ai lu en diagonale le livre que E. Schrödinger a écrit en 1944 sous ce titre et  qui est surtout un témoignage historique. Il y parle surtout de ce qu’il connaissait en génétique par les travaux de Max Delbrück, qui était sur le point d’ouvrir la voie à la biologie moléculaire . Il posait la question du rôle de la physique en biologie ; il évoquait  le rôle du saut quantique singulier dans la mutation génétique et la nature statistique des lois générales qui résultent de la multitude des sauts.
C’est seulement à l’avant-dernier chapitre,  "ordre, désordre et entropie",  qu’il révèle ce qui le motivait à écrire ce livre : L’établissement de la structure moléculaire ne renseigne pas sur le fonctionnement de la transmission génétique, du développement et de l’évolution de l’organisme. Cela montre que la biologie n’échappe pas aux lois de la physique connues mais qu’elle obéit probablement aussi à d’autres  lois physiques encore inconnues qui feront partie intégrante de la physique. Il cherchait la solution du problème dans la thermodynamique et attribuait  la stabilité biologique  au prélèvement d’entropie négative dans l’environnement.

Je suis étonné que l’inventeur de la fonction d’onde, fondatrice de la mécanique quantique, ne parle ni de L. de Broglie, ni de la complémentarité particule-onde ni de la mécanique ondulatoire. Il ne mentionne pas la logique de complémentarité de Bohr selon laquelle, on peut décrire le réel, selon le contexte, tantôt comme particule, tantôt comme onde.

En effet, dans le livre plus philosophique sur sa vie et sa vision du monde, écrit en 1960 à la fin de sa vie, Schrödinger  déplore l’état de désarroi où le dualisme rationnel a conduit la civilisation occidentale. Il admet que notre pensée rationnelle ne saurait résoudre les énigmes de la vie et de la conscience dont il dit qu’elle n’existe qu’au singulier et jamais au pluriel. Il propose une pensée plus proche du bouddhisme ou védisme, qui  représentent l’unité par des analogies  telles que le cristal dont un exemple unique montre une multitude d’aspects reproduits en miniature sans que cela ne soit une pluralité.

A la fin du vingtième siècle de nouvelles découvertes ont apporté  des confirmations à certaines de ses intuitions. Les théories du chaos et des fractales issues du développement de l’informatique donnèrent un nouveau sens aux statistiques. L’holographie fondée sur les interférences d’ondes apportait au concept d’unité par analogie une explication physique. Enfin Prigogine réunit les théories du chaos à la thermodynamique des structures dissipatives, attribuant la production d’entropie négative et l’unité des systèmes complexes aux corrélations non locales dues aux "résonances de Poincaré".

Les  "autres lois" qui apportent une explication physique à l’unité de l’univers et de la vie sont celles de la mécanique ondulatoire de Louis de Broglie, celles de "l’harmonie des phases" et de l’onde de phase indépendante de la vitesse de la lumière.

Mais aujourd’hui, en 2018, la communauté scientifique ne reconnaît toujours pas ce qu’elle appelle « hypothèses de Louis de Broglie » et ignore les expérimentations et applications des corrélations de phases du russe Ivanov qui les confirment. Pour sauver le mythe du déterminisme matérialiste, elle attribue l’évolution par ignorance soit au hasard des mutations, soit à une cause finale.

Je ne prétends pas que la mécanique ondulatoire enlève son mystère à la vie. Bien au contraire, l’imprévisibilité de l’auto-organisation et l'insaisissabilité des interférences ondulatoires ouvre la science aux mystères de la diversité insaisissable des formes, du sens et de la conscience.