Evolution de l'art ou de la société?

Non, évolution de la psychologie après le passage de Freud sur notre planète !

quand on voit l'art pariétal, on se dit que les hommes préhistoriques n'étaient guère différents de notre vision du monde et de son illustration artistique . Mais chaque époque apporte sa marque et plus personne ne peint comme Michel Ange , ou Bosh...L'art dit "moderne" choque et déconcerte , avant de devenir classique. Individuellement, pourtant, chaque sensibilité répond à une gamme précise d'émotion artistique , et d'expression de l'indicible . L'un est musicien et l'autre poête ou peintre, ou écrivain . Mais la société se reflête dans son expression artistique et en révèle le visage collectif .

Un auteur très intéressant à ce sujet: René Huyghes. Il étudie la façon dont l'art reflète la société dans "Les Signes du temps et l’Art moderne" (Flammarion, 1985), sans doute aussi dans d'autres ouvrages, mais je n'ai lu que celui là.

Rien qu'en lisant les titres de ses ouvrages, on voit qu'il a approfondi le sujet : lien

La déstructuration des sujets de Picasso reflète la déstructuration de la pensée et des conventions qui régnait à son époque. L'Art est aussi un moyen de communication qui passe par l'inconscient, la perception directe qui court-circuite le mental. Il véhicule une profonde symbolique, consciemment ou non.

Kandinski (que je préfère comme philosophe que comme peintre), dans "Du spirituel dans l'art, et dans la peinture en particulier", explique comment les artistes sont visionnaires, ils précèdent même l'évolution de la pensée.

L'art actuel est vendu, prostitué à la société de consommation: les artistes gagnent leur vie dans la publicité.

Un autre aspect des oeuvres d'art est la façon dont elles servent à la spéculation et même au blanchiment d'argent. Jean Gimpel en a fait une analyse féroce et juste dans "contre l'art et les artistes". On y voit comment un artiste médiocre peut être "lancé" pour en faire un placement.

C'est un sujet passionnant, vaste et profond, parce qu'il pose aussi la question fondamentale "qu'est-ce que la beauté ?" .

Ca fait donc 4 sujets, qu'on pourrait séparer:
- l'évolution de l'art, reflet de la société
- la corruption de l'art
- l'"utilité" de l'art
- la notion de beauté et d'esthétique

Ca me rappelle les années de discussions enflammées avec un groupe d'amis artistes (nostalgie)...

Leela a écrit :

La déstructuration des sujets de Picasso reflète la déstructuration de la pensée et des conventions qui régnait à son époque.

Oui, et son professeur des Beaux Arts lui dit un jour qu'il (Picasso) ne saura jamais peindre. Furieux, Picasso quitta l'Ecole, la suite on la connaît...

Leela a écrit:
Ca fait donc 4 sujets, qu'on pourrait séparer:
- l'évolution de l'art, reflet de la société
- la corruption de l'art
- l'"utilité" de l'art
- la notion de beauté et d'esthétique

Ca me rappelle les années de discussions enflammées avec un groupe d'amis artistes (nostalgie)...

Enfin ce forum s'anime, c'est le tien, tu as beaucoup à nous apprendre;
je ne suis pas compétent dans ce domaine. J'ai juste mes opinions et goûts personnels.
J'ai touché à la première proposition; tu as ouvert la quatrième; il reste les deux autres qui me paraissent aller ensemble.

patanjali a écrit: Enfin ce forum s'anime, c'est le tien, tu as beaucoup à nous apprendre;

oui j'avais compris l'appel du pied en voyant l'image choisie pour cette section

Je serai très heureuse de l'animer, mais tu connais mes restrictions momentanées...
Donc pour le moment, je m'en tiendrai à des dialogues qui ne me demandent pas trop de recherche, mais par après, je rédigerai des posts mieux charpentés.

J'ai juste mes opinions et goûts personnels.

c'est le plus important. Justement, c'est cet élan spontané qui montre si le message est passé ou non, si on se sent bien face à une oeuvre, si elle éveille des échos en nous.
Dans un second temps, on peut réfléchir, et analyser les émotions qu'elles éveillent en nous, positives et négatives. Et là on apprend beaucoup sur nous.
Ensuite on peut pousser plus loin, sortir de l'émotion artistique et essayer de "sentir" directement ce qu'exprime l'oeuvre. Faire la différence entre l'intention de l'artiste et notre ressenti, c'est sortir de notre ego, faire abstraction de nos propres émotions, et capter ce que l'artiste a voulu exprimer. Même là, on voit que c'est toujours une interaction.

Pour illustrer cela, je poste un exemple simple: Guernica de Picasso.
Là, on voit tout de suite que le style déstructuré renforce le message.
Est-ce un "beau" tableau ? Première réponse : non.
Rester devant nous emmène vers des sentiments de compassion. Là, il est "beau".
Contemplons sans réfléchir, et observons le défilement des émotions qu'il éveille en nous.



Par contre, je déteste ces oeuvres qu'il faut "comprendre" en étudiant plein d'explications intello. Comme le dit Zoltan Zsabo: "si vous avez besoin d'expliquer un un tableau, ne peignez pas: écrivez"

Je comprends bien ce que tu veux dire:

Ensuite on peut pousser plus loin, sortir de l'émotion artistique et essayer de "sentir" directement ce qu'exprime l'oeuvre. Faire la différence entre l'intention de l'artiste et notre ressenti, c'est sortir de notre ego, faire abstraction de nos propres émotions, et capter ce que l'artiste a voulu exprimer. Même là, on voit que c'est toujours une interaction.

Mais là il ne s'agit plus d'esthétique, de principes universels, mais de psychologie, des égos individuels différents, forcément reliés à leur communauté respective.
Ce n'est pas parce que nous vivons dans une époque violente et incohérente du type Guernica que nous pourrons dire que la sculpture grecque classique n'est pas belle.