La hiérarchie ternaire de la connaissance
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13052024
La hiérarchie ternaire de la connaissance
La croyance mythique aux vérités absolues du monothéisme et sa logique dualiste que la science a reprise aveuglément et appliquée aux méthodes analytiques et mathématiques ont conduit la civilisation occidentale à la dissolution entropique de la vie intellectuelle, sociale et morale. La recherche libre, indépendante du consensus de la "communauté scientifique" permet aujourd'hui à la science de s'élever de la "terre plate" de la logique empirique aux niveaux supérieurs de l'intelligence de la nature.
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Pythagore et Lao tsé désignaient par les nombres quatre niveaux de déploiement de l’existence. Les néoplatoniciens d’Alexandrie de l’école d’Ammonios Saccas distinguaient trois hypostases que Plotin a nommées l’Un, l’Intellect et l’Âme du monde auxquels correspondent trois facultés de connaissance, l’intuition (noùs), la raison (logos) et les sensations (alogiques).
Nicolas de Cues dans De coniecturis, a appliqué sa vision de "coincidentia oppositorum" en réunissant les quatre nombres pythagoriciens aux trois hypostases néoplatoniciennes dans une figure où les nombres 1 à 4 délimitent l’espace des trois hypostases.
Nicolas de Cues comprenait sa figure comme un déploiement existentiel (exitus) de l'Unité Première suivi par un retour à l’unité (reditus) parla connaissance à partir des signes sensibles. Ceci suggère une évolution cyclique de l'univers comparable au yin-yang.
Ken Wilber a rappelé par son livre "Les trois yeux de la connaissance " qu’au treizième siècle Bonaventure de Bagnoregio, ministre général des franciscains avait distingué trois niveaux de la connaissance qu’il appelait "l’œil de chair, l’œil de raison et l’œil de contemplation". Il défendait le néoplatonisme chrétien traditionnel contre l’aristotélisme nouvellement introduit par son contemporain dominicain Thomas d’Aquin.
Trois siècles après Bonaventure, Giordano Bruno, avant d’être trahi, arrêté et exécuté par l’Église, a écrit en introduction de son dernier livre "De triplici minimo et mensura" :
"L'intelligence au-dessus de tout c'est Dieu. L'intelligence sise dans toute chose,
c'est la nature. […]
Le sens est un œil dans la prison des ténèbres, apercevant la surface et les
couleurs des choses voilées par des grilles et des trous. La raison voit la lumière
venant du soleil comme reflétée par une fenêtre, vers le soleil, de la même manière
qu'elle est réfléchie par le corps de la lune. L'oeil de l'esprit voit ouvertement »
partout comme sur un observatoire haut placé, au-dessus de toute particularité,
perturbation et confusion de l'univers due à la distinction des phénomènes, il
contemple le soleil brillant lui-même."
Ken Wilber a représenté les trois hypostases néoplatoniciennes et les trois facultés mentales qui leur correspondent par un schéma :
Complétant les trois facultés mentales par les formes logiques correspondantes, j’ai proposé un schéma des niveaux de la connaissance dont je présente aujourd’hui une nouvelle version que j’espère plus claire.
L’Esprit divin, pure potentialité d’existence n’est pas accessible à la connaissance. De même la substance du monde qu’aujourd’hui on appelle matière, reste un mystère.
L’intelligence humaine s’élève de la sensation vers l’unité en trois niveaux:
La raison inductive différencie les phénomènes perçus par les sensations ou les mesures. Celles-ci ne saisissent que des aspects impermanents des phénomènes limités à un endroit et à un moment dans l’espace-temps, ce qui justifie la logique disjonctive des principes d’identité de non-contradiction et du tiers exclu de la logique aristotélicienne.
La raison déductive étudie les propriétés des phénomènes exprimées par des concepts abstraits. Elle étudie les relations et transformations qui ne sont pas déterminées mais relatives à l’espace-temps et qui répondent à une logique conjonctive, de compatibilité des contraires.
Les relations peuvent être exprimées en mathématique par des équations conservant le déterminisme et le tiers exclu. (p.ex. l’équivalence masse-énergie et la dualité onde-particule)
Les relations correspondent en méthode systémique au principe d’antagonisme de Lupasco où les contraires sont unis par leur appartenance commune à une même fonction, le tieers inclus, sur un niveau d’intégration supérieur.
La raison intuitive cherche à comprendre l’unité du monde, de l’individu ou des ensembles organisés appelés systèmes. L’unité est imaginée par des symboles qui, contrairement au concept, ne sont pas définissables parce que leur sens est impliqué par analogie dans de multiples contextes et niveaux. Il s’agit de l’analogie de proportionnalité qui traverse tous les niveaux de connaissance et résulte, comme l’a révélé Benoit Mandelbrot par les fractales, de la récurrence d’un même processus de création.
La logique de l’unité a été appelée par Nicolas de Cusa « coïncidence des opposés, ». Mais dans toutes les civilisations et traditions l’unité cosmique ou divine est représentée par des symboles triples dont la logique n’est pas celle des dualités mais celle du rapport de trois propriétés liées aux trois niveaux de la connaissance.
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L’unité cosmique ne résulte pas de la logique formelle. L’unité de la nature est équilibre, harmonie, beauté. L’unité est représentée dans la plupart des cultures traditionnelles et religieuses par des symboles de structure ternaire dont les trois éléments peuvent être de forme naturelle, abstraite, ou mystiques Dans les médecines traditionnelles orientales, la triade cosmique représente trois principes premiers de l’art médical holiste qui offre un exemple vivant de pratique systémique.
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