Salutations

Bonjour à tous,

Je me suis inscrit ici suite à la lecture du site sur la systémique, que j'ai trouvé très intéressant. J'y ai reconnu une certaine vision du monde que je partage.

Je suis un partisan de la transdisciplinarité, je m'intéresse aussi bien aux sciences "dures" qu'aux sciences humaines et aux cultures traditionnelles.
Je pense que science et tradition ne devraient pas s'opposer mais se compléter.
La science ne détient pas la vérité absolue, elle a sa part de dogmatisme, tout comme la tradition a sa part de rationalité.

Je ne pense pas qu'il y ait une vérité absolue, mais plutôt des points de vue. Notre connaissance du monde est liée à nos perceptions, et nos perceptions étant limitées, notre connaissance l'est aussi.

Ainsi je prône la tolérance car chaque point de vue peut renfermer sa part de vérité.
La différence de point de vue est une chance, et c'est en restant ouvert que l'on peut progresser.

Pour illustrer cette vision des choses, voici une petite fable indienne que j'aime beaucoup et qui à mes yeux illustre bien la condition humaine.

La parabole des aveugles et de l'éléphant :

Un jour de grand soleil,
Six aveugles originaires de l’Hindoustan,
Instruits et curieux,
Désiraient, pour la première fois,
Rencontrer un éléphant
Afin de compléter leur savoir…

Le premier s’approcha de l’éléphant
Et, alors qu’il glissait
Contre son flanc vaste et robuste,
Il s’exclama : « Dieu me bénisse,
Un éléphant est comme un mur ! ».

Le deuxième, tâtant une défense
S’écria « Oh ! Oh !
Rond, lisse et pointu!
Selon moi, cet éléphant
Ressemble à une lance ! »

Le troisième se dirigea vers l’animal,
Pris la trompe ondulante
Dans ses mains et dit :
« Pour moi, l’éléphant est comme un serpent ».

Le quatrième tendit une main impatiente,
Palpa le genou
Et fut convaincu qu’un éléphant
Ressemblait à un arbre !

Le cinquième s’étant saisi par hasard de l’oreille, dit :
« Même pour le plus aveugle des aveugles,
Cette merveille d’éléphant
Est semblable à un éventail ! »

Le sixième chercha à tâtons l’animal
Et, s’emparant de la queue qui balayait l’air,
Perçu quelque chose de familier :
« Je vois, dit-il, l’éléphant est comme une corde ! »

Alors, les 6 aveugles
Discutèrent longtemps et passionnément,
Tombant chacun dans un excès ou un autre,
Insistant sur ce qu’il croyait exact.

Ils semblaient ne pas s’entendre,
Lorsqu’un sage, qui passait par-là,
Les entendit argumenter.

« Qu’est-ce vous agite tant ? » dit-il.
« Nous ne pouvons pas nous mettre d’accord
Pour dire à quoi ressemble l’éléphant ! »

Et chacun d’eux lui dit ce qu’il pensait à ce sujet.
Le sage, avec son petit sourire, leur expliqua :
« Vous avez tous dit vrai !

Si chacun de vous décrit l’éléphant
Si différemment,
C’est parce que chacun a touché
Une partie de l’animal très différente !
L’éléphant à réellement les traits
Que vous avez tous décrits. »

« Oooooooh ! » exclama chacun.
Et la discussion s’arrêta net !
Et ils furent tous heureux d’avoir dit la réalité,
Car chacun détenait une part de vérité.

Bonjour et bienvenue Enkidu !

Nous sommes bien sur la même longueur d'onde. J'ai beaucoup apprécié l'histoire de l'éléphant   .

Au plaisir de continuer à te lire et de participer aux futures discussions.

Bienvenue au nouveau compagnon
qui ne cherche pas "La Vérité", 
préférant la richesse des opinions
au monopole des doctrines héritées.

Eh bien bonjour, Enkidu, et merci pour ce message d'introduction/présentation !

Merci pour votre accueil

Pour en dire un peu davantage sur moi : je m'appelle Cédric, j'ai 38 ans et je vis en Ardèche.
Après un bac scientifique j'ai bifurqué vers les sciences humaines pour étudier l'ethnologie et les sciences politiques.
J'aime voyager et j'ai passé plus de 3 ans à l'étranger, principalement en Asie et Océanie (Japon, Australie, Cambodge, Inde, Thaïlande...)

Côté science, je m'intéresse à la génétique, l'astrophysique, et tout ce qui concerne l'évolution des planètes et de la vie.
Pour le côté tradition, ce sera plutôt l'anthropologie, les mythologies et l'archéologie...

Voilà

J’ai eu peu d’occasions ...  ou peu de courage de voyager,
Je me console dans le sens de Lao tsé:

Tao te king, verset 47 a écrit:Sans sortir de ma maison, je connais l'univers ; sans regarder par ma fenêtre, je découvre les voies du ciel. - Plus on s'éloigne et moins on apprend.

Quelles expériences ou conclusions as-tu retiré de tes voyages ?

patanjali a écrit:Quelles expériences ou conclusions as-tu retiré de tes voyages ?

Le voyage n'est pas toujours une chose évidente, surtout quand on cherche à sortir des sentiers battus... Pour ma part j'ai toujours essayé de fuir l'industrie du tourisme pour aller à la rencontre des locaux. C'est pour ça que je me suis donné du temps pour voyager.
Faire un aller-retour pour prendre des photos de vieilles pierres ne m'intéresse pas. J'aime bien me poser dans les lieux moins fréquentés, et prendre le temps de connaitre les gens. Au final c'est extrêmement enrichissant, et on apprend autant sur l'autre que sur soi (sur ce point je vais être en désaccord avec Lao Tsé ).

J'ai découvert des façon de penser très différentes qui m'ont permis de relativiser les schémas de pensée qui fondent notre éducation occidentale.
Ça m'a permis d'être plus ouvert et tolérant, d'être moins dans le "jugement" de l'autre.
J'ai aussi pu tester mes limites hors de ma zone de confort, découvrir les ressources que j'avais en moi.
J'ai eu parfois des galères mais je ne regrette rien, au final l'expérience s'est avérée largement positive.

Pour certaines personnes, dont je fais partie, le désir de voyager est presque un besoin vital. Les allemands parlent de wanderlust pour qualifier cette envie d'ailleurs. D'autres n'en ressentent pas le besoin. Il y a ceux qui restent et ceux qui partent. Aucun n'est meilleur que l'autre. Il faut vivre selon ses choix.

J'ai découvert des façon de penser très différentes qui m'ont permis de relativiser les schémas de pensée qui fondent notre éducation occidentale.

Remettre en question notre éducation occidentale me parait en effet important pour notre civilisation . C'est le thème de ce forum.
On peut y parvenir par la pratique de la communication et la réflexion philosophique.

Une chose que j'ai également apprise lors de mes voyages c'est un nouveau rapport personnel au "sacré" et au religieux.

Pour donner un exemple concret, lors de mon voyage en Inde je suis allé à Amritsar. C'est la ville sainte de la religion sikh, qui regroupe 27 millions de fidèles.
J'ai visité le temple d'or qui est le lieu le plus sacré de cette religion. A l'entrée de ce temple il y a un message de bienvenue destiné à tous, quel que soit la nationalité ou la religion.



A l'intérieur du temple se trouve le livre saint rédigé par les premiers disciples du fondateur, le Guru Nanak. Pendant la journée les croyants psalmodient les paroles du livre et communient tous ensemble. C'est très harmonieux et paisible. Une fois la nuit tombée, ils enveloppent le livre dans des étoffes de soie puis ils le placent sur un palanquin d'or pour le conduire en lieu sûr.

J'ai assisté à cette procession, seul au milieu d'une foule d'indiens, et c'était très impressionnant. Mais une chose que je ne savais pas, c'est que je m'étais placé dans la file d'attente des porteurs qui se relaient pour transporter le lourd palanquin d'or.
Et au lieu de me dire : "File de là, tu n'es pas sikh!" (ce qui était évident car les hommes sikhs portent le turban), ils m'ont invité à porter le palanquin avec eux.
J'ai trouvé ça très émouvant car j'ai pu transporter l'objet le plus sacré de leur religion, et le fait que je ne sois pas un croyant n'a jamais été un soucis pour eux.

Jusqu'à présent j'avais une vision du "sacré" comme quelque chose de tabou ou d'interdit, et réservé exclusivement aux initiés. Quelque chose qui génère de la violence et qu'il faut protéger des infidèles. Je ne vais pas m'étendre sur tout que peut générer le "blasphème", on en a eu un cruel exemple avec Charlie.

Mais ce jour là en Inde j'ai découvert un autre type de sacré, qui n'était pas porteur de haine, mais à l'inverse qui s'offrait en partage à tous sans restriction.
Je ne suis pas quelqu'un de religieux et je ne vais pas faire de prosélytisme.
Mais j'ai juste trouvé ça... beau.

A une époque où la religion génère beaucoup de tensions dans nos sociétés (djihadistes, manif pour tous, antisémitisme, etc.) je suis heureux d'avoir découvert un autre visage de ce que pouvait être la religion.
Sans cette expérience je pense que j'aurai pu devenir hostile aux religions du fait de l'actualité. Mais au fond la religion est souvent instrumentalisée par des gens qui s'en revendiquent sans pour autant en comprendre le sens profond.

Voilà, j'espère ne pas vous avoir ennuyé avec mes réflexions.
Tout ça pour dire que mes voyages ont fait de moi une personne différente
Certains y parviennent par la réflexion philosophique. J'aime cet aspect introspectif également, mais j'ai aussi besoin de me confronter au terrain.
Les expériences alimentent la réflexion.

Merci pour ton beau témoignage !

Le témoignage des voyageurs en Orient est précieux lorsqu’ils ont le respect pour la pensée des cultures différentes et remettent en question la leur.

Dans mon adolescence j’étais tombé par hasard sur un livre de Lanza del Vasto qui témoignait de son pèlerinage aux sources du Gange. Il relatait entre autres  sa conversation avec un sage (sikh je crois) auquel il voulait démontrer la supériorité du christianisme en récitant son credo à propos du Fils de Dieu mort et ressuscité. A sa stupéfaction, le sage nullement impressionné lui répondit simplement que c’est évident puisqu’Il s’est réincarné tant de fois.

Cela a été  pour moi le début du refus des religions monothéistes, intolérantes par définition, et le début de ma propre réflexion et de ma recherche de ce qui est universel, commun à toutes les cultures.

Je me souviens, lorsque j'étais enfant, d'un cours de catéchisme où le curée nous avait parlé de l'Asie et du bouddhisme...
Du coup je suis ressorti de ce cours avec plein de doutes... puisque les gens d'autres pays ont d'autres religions, alors pourquoi ça serait la nôtre qui serait forcément la "vraie" ?
C'est un peu ironique que ce soit un homme d'église qui le premier ait semé les graines du doute en moi...
En grandissant, le doute s'est changé en esprit critique... et le curée a perdu une des ses ouailles