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Divergence métaphysique entre Occident et Orient

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Message  patanjali Mer 5 Jan 2022 - 11:23


Une crise civilisationnelle

On peut attribuer le conflit entre l’Occident atlantiste et l’Orient eurasiste à de nombreuses raisons historiques, géopolitiques, théologiques et culturelles ; elles résultent cependant toutes d’une profonde divergence de la conception de  l’organisation logique du monde, d’une différence à la fois ontologique et logique.

Certains auteurs commencent à aborder les causes profondes du conflit historique entre l’Occident atlantiste et la Russie eurasienne.

Guy Mettan, examine dans son livre "Russie-Occident: une guerre de mille ans" les lignes de forces religieuses, géopolitiques et idéologiques de la russophobie occidentale qui remonte loin dans l’histoire, jusqu’à l’empereur Charlemagne.

Paul Craig Roberts constate sur son blog que la Russie reste le dernier pays chrétien.

Enfin, Alexander Bovdunov explique la pensée conservatrice russe opposée à la civilisation européenne dans l’article
"l'eurasisme classique en tant que manifestation du platonisme russe".
L’article fait référence à Savitsky, principal fondateur de l’eurasisme philosophique des années 1920-1930, qui dans "Le pouvoir de l'idée organisationnelle"  affirmait que  l'eidos (dans le sens de modèle de Platon) « contrôle les phénomènes et la cognition des phénomènes" et qu’il imprègne la réalité sociale en tant qu’« idée organisationnelle ». Cela expliquerait la similitude d’organisations sociales locales autonomes qui caractérise l’’empire russe.

Malgré les décennies de despotisme soviétique et malgré les fortes influences occidentales, la Russie profonde, conservatrice, est restée attachée à la culture slave et byzantine et aux principes platoniciens de la religion orthodoxe.

Tri-unité du platonisme eurasien

A l’origine, le christianisme s’est développé en Grèce ; sa légende christique et son éthique de tolérance furent  structurés au concile de Nicée (325) dans le symbole de la Sainte Trinité sous l’influence de la trilogie néoplatonicienne qui se réfère à l’allégorie de la caverne de Platon:
L’origine de la connaissance est la lumière de l’Un qui éclaire les formes ou principes premiers (eidos) de l’intellect (noûs), dont les ombres sont perçues par les sens des êtres animés ou âmes (psyché).  Ces trois principes ont été transposés dans la Trinité sous forme du Père, du Saint-Esprit et du Fils.
L’Église orthodoxe grecque et russe sont restées fidèles à l’unité de la Sainte Trinité en tant qu’« idée organisationnelle » alors que l’Église romaine catholique l’a interprétée autrement, car la mentalité latine était différente.

Dualisme de l'aristotélisme occidental
Au contraire, la pensée pragmatique de l’empire romain était imprégnée par le dualisme intransigeant Bien/Mal commun au mithraïsme, au stoïcisme et au manichéisme. Le dualisme moral est apparu dans le catholicisme déjà dans l’eschatologie d’Augustin, qui avait été manichéen dans sa jeunesse, avec l’opposition entre le péché originel et le salut par la foi. Le dualisme, perceptible aussi dans  le filioque, qui dénaturait la structure logique de la tri-unité, est la cause profonde de l’incompréhension qui provoqua schisme d’Occident et d’Orient de 1054.

Mais c’est au treizième siècle que le dualisme logique Vrai/Faux fut introduit dans les doctrines scolastiques avec la logique aristotélicienne. Aristote soutenait que la connaissance résulte des perceptions sensorielles qu’il classait en catégories par induction. Ses principes de non-contradiction et du tiers exclu s’appliquaient seulement aux observations sensorielles et les syllogismes exprimaient les rapports entre les perceptions et les catégories.  Thomas d’Aquin commit la faute infâme de généraliser cette logique aux concepts théologiques et philosophiques.
La logique thomiste d’exclusion de la contradiction et de toute alternative tierce  brisa l’unité spirituelle  et mit fin au message de tolérance du christianisme. La prétention de vérités absolues justifiait la prédominance de l’Église de Rome, l’action de l’Inquisition, les croisades et ultérieurement les conquêtes et génocides colonialistes au nom de la croix. Les doctrines rigides causèrent le protestantisme, la rupture entre l’Église et l’État et l’athéisme positiviste des « Lumières ».

De l’empirisme scientifique au scientisme mathématique

La logique d’Aristote a été reprise par  la science, ce qui est normal puisqu’il l’a formulée pour l’observation empirique des phénomènes. Son application aux mesures et aux mathématiques a permis les succès de la méthode scientifique.
La science manque cependant d’une cohésion logique que ne peut lui apporter qu’une philosophie. Fondée sur la non-contradiction, la méthode analytique a conduit à la division de la science en spécialisations dont chacune créée son propre langage. Confinés dans leurs domaines respectifs  de plus en plus étroits, les spécialistes, surtout les mathématiciens, perdent le contact avec la réalité globale, ils perdent le bon sens et deviennent de plus en plus sots et incompétents, même si les plateaux de TV adorent les inviter.
Par contre un semblant de cohésion est obtenu par le « consensus scientifique », doctrine plus socio-politique que scientifique, protégée par une nouvelle forme d’inquisition, celle de « l’évaluation des pairs » confiée aux dits spécialistes afin que rien de vraiment nouveau et discordant n’altère les théories ou doctrines reconnues par le con-sensus.
L’unité de la science s’est faite surtout autour d’une mathématique qui, après la théorie de la relativité, est devenue une science autonome, indépendante de l’observation physique et dont le déterminisme est censé diriger la nature, l’espace et le temps.

Perversion de la logique et de la science

Dans le domaine politique et social, le dualisme a  connu des développements particulièrement perverses dans l’empire britannique avec la logique du jeu de Thomas Hobbes selon laquelle la perte d’un joueur est égale au gain de l’autre. Cette logique hobbesienne a fait interpréter l’évolution de Darwin comme une loi du plus fort justifiant à son tour l’eugénisme de Malthus. Elle est à l’origine de la « doctrine « Rumsfeld/Cebrowski » consistant à défendre la domination des États Unis en détruisant toute puissance rivale émergente ; visant en particulier les puissances eurasiennes de Russie et de Chine.

La théorie de la relativité encouragea le relativisme subjectif, réactualisant la doctrine de George Berkeley qui affirmait au dix-huitième siècle que  « ce qui existe est ce qui est perçu » (esse est percipi aut percipere). Désormais il n’ y a plus de référentiel cognitif ou éthique, pas plus  qu’il n’y a de référence physique ou cognitif fiable: le mensonge peut devenir vérité. C’est dans cet esprit qu’aujourd’hui une science qui n’est plus contrôlée par l’observation et le bon sens mais fondée sur les mathématiques et l’intelligence artificielle, élabore des théories telles que le réchauffement climatique et crée des réalités telles que la pandémie d’un virus génétiquement modifié selon des agendas financiers et politiques.

La Science dont la mission première était de comprendre l’univers, s’est mutilée elle-même en refusant toute métaphysique, en particulier celle de Platon, et s’est privée d’une compréhension  de l’organisation globale de la nature et de l’homme.

Conclusion
L’Orient et l’Occident diffèrent par leur conception du monde et surtout par leur logique.
L’eurasisme russe est de tradition platonicienne. Sa philosophie politique est fondée sur une compréhension intégrale de l’organisation de la nature et sur la logique  de complémentarité des contraires et du tiers inclus. La tradition chinoise est fondée sur une cosmologie semblable et une logique de complémentarité yin-yang que le gouvernement actuel applique sous forme d’accords « gagnant-gagnant » équivalant au tiers inclus.
L’atlantisme européen est au contraire de tradition aristotélicienne et sa connaissance du monde est analytique, fondée sur la logique de non-contradiction. Conformément à cette logique il pratique une politique de division et de confrontation.
L’Église catholique  a abandonné la logique platonicienne et a adopté la généralisation thomiste abusive du principe de non-contradiction qui n’est valable que pour les faits d’observation.
La logique dualiste Vrai/Faux favorise les revendications exclusives de la vérité, du droit et du pouvoir. Elle conduit au dogmatisme, à la tyrannie et finit dans la dégénérescence. C’est ce qui c’est produit dans le catholicisme et qui affecte aujourd’hui  la civilisation occidentale laïque éduquée à la même logique de non-contradiction. Elle a conduit à la tyrannie d’une association de financiers avec de technocrates scientistes qui croient que les mathématiques seules gouvernent le monde et qui veulent changer l’humanité par l’intelligence artificielle et la génétique pour créer un transhumanisme.

Ce qui est contraire à la nature dégénère. La civilisation occidentale est conduite vers la dégénérescence par ses dirigeants qui risquent d’entraîner l’humanité vers son autodestruction rendue possible par les technologies et les armes.

L’espoir d’un retour à la raison peut être espérée de l’influence des cultures eurasiennes, mais il doit surgir  surtout d’un éveil de la conscience populaire aux origines platoniciennes de sa tradition chrétienne et du retour  au bon sens de Descartes, à la Tradition universelle de Michel Random et à « l’idée organisationnelle » ou systémique  de Ludwig von Bertalanffy.

CITATIONS

Descartes
"Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée." (Discours de la méthodes)

"L'esprit humain possède en effet je ne sais quoi de divin, où les premières semences de pensées utiles ont été jetées, en sorte que souvent, si négligées et étouffées qu'elles soient par les études contraires, elles produisent spontanément des fruits. Nous en avons la preuve dans les plus faciles des sciences, l'arithmétique et la géométrie. ... Quoique je doive souvent parler ici de figures et de nombres, parce qu'on ne peut demander à aucune science des exemples aussi évidents et certains, quiconque considérera attentivement ma pensée s'apercevra facilement, que je ne songe nullement ici aux mathématiques ordinaires, mais que j'expose une autre science, dont elles sont l'enveloppe plus que les parties. Cette science doit en effet contenir les premiers rudiments de la raison humaine et n'avoir qu'à se développer pour faire sortir des vérités de quelque sujet que ce soit; et, pour parler librement, je suis convaincu qu'elle est préférable à  toute autre connaissance que nous aient enseignées les hommes, puisqu'elle en est la source."

(citation par S. de Sacy d’une correspondance avec la reine Christine)

Michel Random,

"Ce que nous entendons par tradition c'est essentiellement ce qui est permanent et stable à travers les lieux, les cultures et les religions. Il existe une science primordiale liée aux propriétés du vivant et à la "sagesse" de la nature, qui est le fondement de toutes connaissances. Chaque fois que cette tradition est altérée ou perdue, elle réapparaît sous différentes formes dans l'histoire des civilisations et de l'humanité."
 (La Tradition et le vivant)

Ludwig von Bertalanffy
"La conception moderne de la réalité, la présente comme un gigantesque ordre hiérarchique composé d'êtres organisés qui mène, par la superposition de nombreux étages, des systèmes physiques et chimiques aux systèmes biologiques et sociologiques. L'unité de la science est obtenue, non pas par une réduction utopique de toutes les sciences à la physique et à la chimie, mais grâce aux uniformités structurelles qui existent entre les différents niveaux de la réalité."
(Théorie générale des systèmes)
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Message  patanjali Dim 26 Fév 2023 - 19:01

J’ai conclu dans le post initial que le dualisme de la logique aristotélicienne de non-contradiction a conduit l’Occident à une politique de divisions, à la tyrannie et à la dégénérescence. La Russie de tradition platonicienne, comme la Chine de tradition taoïste ont conservé la logique naturelle, compréhensive de complémentarité des opposés et le tiers inclus. Elle est à l’origine de tout accord entre partenaires.
L’extrait d’article cité ci-dessous paru le 24.02.2023 sur le site traditionnel russe Katehon est une discussion au sujet de la définition du terme humanisme  qui éclaire comment les Russes voient la différence entre l’Occident et l’Orient.

J’ai souligné que «  l'humanisme en tant que catégorie philosophique est généralement une théorie militante de la fin du Moyen Âge contre Dieu. ». C’est en effet au treizième siècle que Thomas d’Aquin a généralisé la logique empiriste Vrai/Faux d’Aristote à la théologie et à la philosophie. L’intolérance  du principe de non-contradiction est à l’origine de  l’exceptionnalisme de l’Homme latin et occidental, qui se conçoit comme "maître de la Nature" ce qui a conduit aux dégénérescences actuelles de l’eugénisme malthusien et du transhumanisme.
L’humanisme est un concept typiquement occidental. La Tradition ne connaît que la philanthropie.

https://katehon.com/ru/article/azbuka-tradicionnyh-cennostey-seriya-xii-gumanizm

Alexander Dugin :
Pour définir l'humanisme, il faut tenir compte de la situation dans laquelle nous nous trouvons dans un contexte global. Parce qu'aujourd'hui en Occident le programme du post-humanisme , de la post-humanité est ouvertement mis en œuvre . C'est-à-dire que ce qui était auparavant considéré comme moderne, avancé, progressiste, humaniste, est aujourd'hui déconstruit, démembré. Autrement dit, l'humanisme est ce qui est rejeté par l'Occident moderne. Bernard Henri-Lévy disait il y a 30-40 ans : « Nietzsche annonçait la mort de Dieu, et moi j'annonce la mort de l'homme ». Autrement dit, une personne pour la culture libérale postmoderne moderne occidentale est morte.
Pour eux, l'homme est mort. En conséquence, il est temps pour nous de le sauver . Pour cela, il ne suffit pas de simplement prendre du recul et de défendre les valeurs ou les idéaux des Lumières, dont l'Occident s'éloigne effectivement. Pourtant, ce n'est pas notre valeur spirituelle et morale russe traditionnelle. Et il faudrait plutôt parler d'humanisme russe ou de compréhension russe de l'homme . Et ici nous ne nous éloignerons nullement de la tradition spirituelle, de la tradition religieuse de comprendre l'homme comme image et ressemblance de Dieu.
Il est intéressant que les théologiens disent : l'image d'un homme est ce en quoi Adam, le premier homme, est semblable à Dieu, et la ressemblance est en quoi il n'est pas. Et voici la similitude et la dissemblance avec Dieu - c'est la ligne, c'est la dualité de l'homme. Qui, d'une part, est placé ici en tant que représentant de Dieu et a des capacités colossales, un pouvoir énorme. Mais en même temps, il est, comme toute créature, incomparablement plus petit face à Dieu. Et une telle personne - complexe, paradoxale, multidimensionnelle, créée à l'image et à la ressemblance de Dieu, et pas du tout comme Dieu, en un sens, aussi loin que possible de Lui - nous la protégeons aujourd'hui avec ces valeurs traditionnelles.
Archiprêtre Andrey Tkachev : La philanthropie rencontre nos valeurs traditionnelles . Et l'humanisme en tant que catégorie philosophique est généralement une théorie militante de la fin du Moyen Âge contre Dieu. Lorsque dans le monde théocentrique, où le Seigneur est l'Alpha et l'Oméga, de Qui tout, à Lui tout, Dieu est repoussé à la périphérie de la conscience, et une personne est placée au centre, alors cette personne sera alors dévorée par un ver . C'est ce qu'est l'humanisme.
Cela signifie qu'Auschwitz, et en fait tous les camps de concentration, le Goulag, la bombe nucléaire, est une suite logique de l'humanisme . Et ce qu'Henri-Lévy a dit de la mort d'une personne, c'est déjà les derniers accords de l'humanisme, arrivé au dernier stade. Donc, d'un point de vue philosophique, l'humanisme ne répond pas du tout à notre cœur. Et vous n'avez qu'à appeler cela de la philanthropie. Parce que beaucoup le font. C'est de la compassion, c'est de la pitié et de la miséricorde , ce qui a aussi été dit plus d'une fois .
En général, ceux qui connaissent le film "The Devil's Advocate" se souviennent du brillant discours du protagoniste à cornes interprété par Al Pacino. Satan dit : « Dieu donne l'instinct à l'homme, lui donne ce don extraordinaire, puis établit les règles du jeu opposées. Regarde - mais ne touche pas, touche - mais ne goûte pas, goûte - mais n'avale pas. Et je Je suis fanatiquement amoureux de l'homme ; je suis un humaniste, peut-être le dernier sur Terre."
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