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METAPHYSIQUE, TRADITIONS ET CIVILISATIONS

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Message  patanjali Ven 28 Oct 2022 - 14:55

Ce sujet est parallèle à celui de Sfuchs: " Vedanta selon René Guénon".

Je remercie SFuchs pour ses choix d’extraits des livres de Guénon qui  qui exposent ce que je considère aussi comme fondamental en métaphysique. Les textes cités sont si clairs qu’ils ne nécessitent en fait aucune autre explication. Mais l’importance fondamentale de la philosophie indienne m’incite à la mettre en lien avec d’autres cultures orientales dont celles qui ont formé notre civilisation européenne.

II/ Qu'est-ce que la Tradition ? Qu'est-ce que la métaphysique ? Qu'est-ce que la Science sacrée ?
Guénon a écrit:la métaphysique, ainsi comprise, est essentiellement la connaissance de l’universel, ou, si l’on veut, des principes d’ordre universel ...
On définit en effet la tradition comme « ce qui est transmis » oralement ou par écrit. On transmet aussi des légendes et des mythes qui se rapportent souvent à des observations ou événements réels mais inexpliqués, mais ce qu’on appelle Tradition en métaphysique ce sont, selon Guénon, des principes permanents de nature symbolique.
Michel Random, dans  La Tradition et le vivant a écrit:Ce que nous entendons par tradition c'est essentiellement ce qui est permanent et stable à travers les lieux, les cultures et les religions. Il existe une science primordiale liée aux propriétés du vivant et à la "sagesse" de la nature, qui est le fondement de toutes connaissances. Chaque fois que cette tradition est altérée ou perdue, elle réapparaît sous différentes formes dans l'histoire des civilisations et de l'humanité.
Par le " Bon Sens", Descartes comprenait une " science innée ..." dont il affirmait dans une correspondance avec la reine Christine, "qu'elle est préférable à toute autre connaissance que nous aient enseignée les hommes puisqu'elle en est la source."

II/ Le Veda et les différents points de vue sur la doctrine
Guénon a écrit:Nous dirons maintenant que la métaphysique, ainsi comprise, est essentiellement la connaissance de l’universel, ou, si l’on veut, des principes d’ordre universel, auxquels seuls convient d’ailleurs proprement ce nom de principes.
En effet, ce qui est universel ne dépend ni de la linguistique ni de l’ethnicité mais est fondé sur des principes de nature symbolique.
l’orthodoxie ne fait qu’un avec la connaissance véritable, puisqu’elle réside dans un accord constant avec les principes ; et, comme ces principes, pour la tradition hindoue, sont essentiellement contenus dans le Véda, c’est évidemment l’accord avec le Véda qui est ici le critérium de l’orthodoxie.
A l’époque de Guénon et maintenant encore, les historiens admettent que l’hindouisme est uniquement d’origine védique et indo-européenne (aryenne). Des découvertes nouvelles exigent une révision des idées reçues. Selon Paul du Breuil (*), la civilisation de l’Inde, comme celle de l’Iran, résulte en réalité d’une longue évolution suite au choc de deux traditions différentes puis de leur fusion. La première  tradition,  autochtone et sédentaire, récemment découverte par l’archéologie (Mohenjo Daro, Harappa), appartenait aux civilisations de l’age du bronze (chalcolithique) qui occupaient l’Asie du sud-ouest du Moyen-Orient jusqu’à l’Indus pendant les troisième et deuxième millénaires avant notre ère. La seconde tradition est celle des aryens, pasteurs nomades,  originaires d’Asie centrale, immigrés à la fin du deuxième millénaire avant notre ère, dont les hymnes ont été recueillis dans les Védas. La première tradition pratiquait la spiritualité par l’initiation et la méditation; la seconde pratiquait des rituels sacrificiels.
Je pense que parmi les six philosophies qui reconnaissent les  Védas, seuls le Mimamsa et le Vedanta sont vraiment  de tradition védique et brahmanique. Le Samkhya–Yoga par contre provient de la civilisation autochtone. Il est plus proche du bouddhisme et du Jaïnisme antérieur au bouddhisme, qui ne reconnaissent pas l’autorité des  Védas et dont l’éthique tolérante et le refus de sacrifices d'animaux témoignent d’une influence de Zarathoustra. Quant au Nyaya et au Vaishêshika, ce sont des disciplines annexes : la logique et l’épistémologie dans le sens de l’étude de la connaissance, qui peuvent selon Guénon lui-même, être rattachés au Sankhya (citation de p.121).

*)Paul du Breuil :
- Zarathoustra, Payot, 1978
- Les Jaïn de l’Inde, Aubier, 1990


Dernière édition par patanjali le Dim 30 Oct 2022 - 10:43, édité 2 fois
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Message  patanjali Sam 29 Oct 2022 - 9:31

3.4 Le Samkhya ou Sânkhya (la constitution macrocosmique et microcosmique)

La cosmologie du Vedanta et du Samkhya est réaliste et évolutionniste, contrairement à d’autres philosophies hindouistes ou bouddhistes: le monde est réel, issu d’une cause réelle appelée Pradhana ou Prakriti.

Sur le modèle d’un schéma de la préface au traité The Samkhya philosophy de Nandalal Sinha, j’ai présenté dans mon livre Les trois visages de la vie  ce tableau partagé en trois niveaux correspondant à ceux des philosophies pythagoricienne et platonicienne.

METAPHYSIQUE, TRADITIONS ET CIVILISATIONS X7_Samkhya

3.4.1 Le couple Purusha/Prakriti

Guénon a écrit:Nous dirons donc que Purusha, pour que la manifestation se produise, doit entrer en corrélation avec un autre principe, bien qu’une telle corrélation soit inexistante quant à son aspect le plus élevé (uttama), et qu’il n’y ait véritablement point d’autre principe, sinon dans un sens relatif, que le Principe Suprême ; mais, dès qu’il s’agit de la manifestation, même principiellement, nous sommes déjà dans le domaine de la relativité. Le corrélatif de Purusha est alors Prakriti, la substance primordiale indifférenciée ; c’est le principe passif, ...
Prakriti est le principe  de la manifestation connaissable alors que Purusha est le principe connaisseur.  Purusha représente l’Être immuable; Prakriti représente le Devenir conditionné par les trois Gunas.

Purusha et Prakriti sont indissociables.
Pour le taolisme, « Le Yin et le Yang sont les deux faces d'une même pièce. Et la pièce, c'est le Qi ».
Selon l’interprétation de Nicolescu du principe d’antagonisme de Lupasco : « Il y a toujours un tiers inclus entre les choses opposées qui permet de les considérer simultanément »,
La dualité, condition de toute distinction cognitive, procède du Un mystique inqualifiable et sans nom avec lequel elle conduit au Trois de la manifestation.

3.4.6 A propos des gunas

Guénon a écrit:Il nous faut revenir encore un peu sur la conception de Prakriti : elle possède trois gunas ou qualités constitutives, qui sont en parfait équilibre dans son indifférenciation primordiale ; toute manifestation ou modification de la substance représente une rupture de cet équilibre, et les êtres, dans leurs différents états de manifestation, participent des trois gunas à des degrés divers et, pour ainsi dire, suivant des proportions indéfiniment variées. Ces gunas ne sont donc pas des états, mais des conditions de l’existence universelle, auxquelles sont soumis tous les êtres manifestés,
Nandalal Sinha a écrit:A l'origine de la création, une vibration cosmique s'élève dans Prakriti, perturbant son état d'équilibre, elle libère les Gunas de leur quiétude. Rajas soudain agit sur Sattva qu'il manifeste en tant que Mahat". Mahat est l'équivalent matériel ou cosmique de Buddhi, la conscience. Elle est la conscience cosmique et on l'appelle Mahat pour la distinguer des consciences individuelles, les Buddhi, qui sont des aspects partiels de la conscience cosmique.
"Maât [ou Ma’at] est, dans la mythologie égyptienne, la déesse de l'harmonie cosmique, de la rectitude (ou conduite morale), de l'ordre et de l'équilibre du monde, de l'équité, de la paix, de la vérité et de la justice."(Wikipédia).
Ce qui prouve, avec d’autres symboles , une tradition commune, celle dite préhistorique de la civilisation du bronze, plus évoluée que celle de aryens.
De Mahat surgit Ahamkara: Cogito, je pense, entraîne sum, je suis. Ahamkara est littéralement celui qui fait le Moi", l'ego, principe d'identité personnelle et d'individuation,  il est la base de l'égoïsme.

Guénon a écrit:Les trois gunas sont : sattwa, la conformité à l’essence pure de l’Être ou Sat, qui est identifiée à la lumière intelligible ou à la connaissance, et représentée comme une tendance ascendante ; rajas, l’impulsion expansive, selon laquelle l’être se développe dans un certain état et, en quelque sorte, à un niveau déterminé de l’existence ; enfin, tamas, l’obscurité, assimilée à l’ignorance et représentée comme une tendance descendante.
Guénon décrit les gunas dans le sens psychologique du Yoga, tel qu’il est compris par le Vedanta
Nandalal Sinha a écrit:Thus, at the origin of the world, there must be a principle of conservation, a principle of mutation, and a principle of manifestaton."
Ainsi, à l'origine du monde, il doit exister un principe de conservation, un principe de mutation et un principe de manifestation.
On trouve chez Platon le même raisonnement : dans Timée 31b-32a il explique  l’unité du monde par trois conditions: il attribue sa stabilité à la terre, son devenir au feu et ses qualités  aux proportions.
Aristote s’en est sans doute inspiré pour ses trois causes qui sont en fait des conditions de toute existence
(Lire le sujetOntologie chez Platon et Aristote)
On peut donc dire que Tamas signifie la conservation matérielle, Rajas la transformation efficiente et Sattva la manifestation formelle. Leur corrélation  constitue l’unité finale de tout être.

3.4.8 Les éléments

Dans la mentalité indienne, la manifestation  ne signifie pas ce qui est  matériel, mais ce qui est perçu par les 5 sens. C’est pourquoi les éléments ou mahabhutas sont cinq. Le principe des cinq éléments semble avoir été repris de l’Inde par la médecine chinoise ; mais transformés en conformité avec sa tradition, les éléments y ont le sens fonctionnel d’étapes dans le cycle des mutations.
Dans les médecines des deux traditions, les éléments sont considérés comme un ensemble inséparables. Leurs proportions variables expliquent la diversité des manifestations.

(à suivre)
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Message  patanjali Lun 31 Oct 2022 - 18:08

Les confusions des Occidentaux

J’ai été attiré dès ma prime jeunesse par les spiritualités orientales. J’ai été frappé par un témoignage de Lanza del Vasto dans Le pèlerinage aux sources, de sa rencontre avec un sage du Jaïnisme qui est réputé athéiste mais  qui affirme le retour périodique dans l’histoire des grands maîtres spirituels. Après avoir confessé sa foi en l’incarnation de Jésus, ce sage lui a simplement répondu « Bien sûr, il s’est incarné si souvent ». Ce témoignage de l’universalité et tolérance de l'hindouisme m’a fait douter définitivement de tout monothéisme.

Je me suis attaché plus tard au bouddhisme. Mais après étude des fondements métaphysiques des médecines traditionnelles orientales et particulièrement de la cosmologie réaliste du Samkhya, j’ai trouvé l’approche psycho-centrique du bouddhisme trop unilatérale. J’ai observé sur moi-même et par l’observation d’autres participants aux méditations , que celles-ci risquent soit de gonfler l’Ego soit de porter au nihilisme,à moins que la discipline soit fondée sur une  solide connaissance des cosmologies orientales.
De toute manière, l’histoire montre que les illuminations des grands sages ou chamanes  surviennent spontanément comme état de grâce, en général à la suite d’une épreuve psychique ou physique  bouleversante semblable à une NDE. C’est une irruption de la conscience dans le non manifesté normalement interdit à nos facultés et qu’on ne peut pas obtenir par des  pratiques ; elle exige une prédisposition.

Les confusions sont essentiellement le problème de l’éducation européenne occidentale où la scolastique de Rome a institué l’ontologie et l’empirisme aristotélicien et sa logique de non-contradiction et du tiers exclu dont les vérités absolues ont consolidé l’autorité pontificale tout en détruisant sa mission spirituelle.
Ce n’est pas le problème des Orientaux qui ne considèrent pas le monde comme un Être mais comme une Manifestation dynamique dont les relations sont régies par une logique de complémentarité des contraires.. Guénon lui-même s’est empêtré dans les contradictions dans son essai  sur « Les états multiples de l’Être ».
Les états de non-manifestation sont du domaine du Non-Être, et les états de manifestation sont du domaine de l’Être, envisagé dans son intégralité ; on peut dire aussi que ces derniers correspondent aux différents degrés de l’Existence, ces degrés n’étant pas autre chose que les différents modes, en multiplicité indéfinie, de la manifestation universelle.

L’unité du monde ne peut être comprise ni par l’Un de la théologie ni par le Multiple de la Science empirique, sans le tiers inclus que sont les  conditions de sa manifestation. Le bouddhisme comprend le monde comme une « coproduction conditionnée » ; les conditions en sont le Trikaya, analogue mystique des Gunas cosmologiques ou des causes empiriques d’Aristote. Le monde n’est pas un Être mais un Devenir par auto-organisation. C’est la conclusion à laquelle est parvenu aussi Ilya Prigogine en physique par la mise en évidence des conditions de l’auto-organisation des « structures dissipatives ».

Les Yantra symboles de l’organisation cosmique.


La cosmologie métaphysique est décrite en détail dans le Samkhya sous forme des principes d’une involution de l’Un vers le multiple. Celle-ci est symbolisée par  les  Yantras en couches ou enveloppes  géométriques :
METAPHYSIQUE, TRADITIONS ET CIVILISATIONS Yantra10

  • Le Un est le point central sans dimension . C’est l’Origine de toute possibilité de manifestation : la « Toute-Puissance »
  • Le Deux de la Connaissance Purusha-Prakriti est  représenté par tout diamètre entre deux points opposés du cercle d’expansion.
  • Le Trois inscrit comme triangle dans le cercle symbolise les Gunas, conditions de la manifestation . Le triangle peut être  simple ou multiples ou inversés. Deux triangles inversés forment une étoile à six branches. Celle-ci peut être la projection des six sommets d’un octaèdre inscrit dans une sphère dont les huit faces sont symbolisées par un corolle de huit pétales de lotus. L’octaèdre est la forme cristalline du diamant, le vajra sanscrit, symbole d’illumination dans l’hindouisme et le bouddhisme.
  • Enfin le Quatre, carré festonné, indique les limitations de la manifestation.

Huit pétales de lotus forment aussi le siège des statuettes bouddhiques. Le symbole « né du lotus » est commun à l’lnde et à l’Egypte. Cela prouve encore une fois les racines préaryenne du Samkhya-Yoga et du bouddhisme.

Ainsi vu, le yantra rappelle les nombres et la géométrie sacrée de Pythagore. Paul du Breuil remarque que les grands Sages, Zarathoustra en Iran, Mahavira et Buddha en Inde, Lao Tseu et Confucius en Chine, Pythagore en Grèce ont transformé l’humanité entre le VIIIème et le IVème siècle av. J.-C., lorsque l’empire organisé et culturellement tolérant des Achéménides servit de carrefour aux idées. Il est sûr qu’il y  a eu des transmissions orales qui ont influencé les traditions dans l’espace asiatique. Mais la trilogie cosmique est universelle, elle est symbolisée déjà dans des triskèles néolithiques et des Celtes, par l’arbre Yggtrasilldes nordiques et même par des totems amérindiens. La trilogie apparaître spontanément partout parce qu’elle comprend les principes  premiers de toute organisation et de toute évolution, dont aussi celle de l’intelligence humaine.

(à suivre)
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Message  patanjali Dim 6 Nov 2022 - 17:53

J’avais lu avec intérêt il y a 15  ans « La crise du monde moderne » et « La Grande Triade » sans y trouver beaucoup d’inspiration. J’en ai repris connaissance aujourd’hui et j’y trouve beaucoup de confusion. Je pense que René Guénon est resté entravé par des présupposés occidentaux communs à son époque et qui subsistent encore de nos jours. C’est pourquoi je ne vais pas les énumérer maintenant. Le mérite de Guénon est certes d’avoir éveillé l’attention public sur le déclin spirituel  de l’Occident et sur la rupture entre l’Occident et l’Orient, mais il n’en a pas saisi les causes. Les connaissances de son temps et l’accès aux informations étaient très limités. Par internet nous disposons aujourd’hui de vastes documentations qui permettent de mieux comprendre ce qui a conduit aux divergence entres l’Occident et l’Orient.
Je vais donc résumer le résultats de ma propre recherche que j’ai présentés dans mes textes les plus importants.


La première rupture avec l’Orient est celle destruction de l’empire perse par Alexandre dont Aristote avait été le précepteur.


Elle  mit fin aux apports culturels d’Orient dont ont profité Pythagore, Socrate et Platon. En revanche, l’époque hellénistique trouble qui a suivi a vu apparaître d’une part des philosophies matérialistes , réalistes et dualistes (épicurisme, stoïcisme, mythraïsme, manichéisme) qui ont influencé la pensée de l’élite impériale romaine. D’autre part des cercles mystiques fermés (hermétiques) se sont constitués à Alexandrie  sur les vestiges de traditions moyen-orientales, égyptiennes et grecques.

Le cercle d’Ammonios Saccas a eu une influence décisive sur la formation définitive du christianisme romain. On suppose aujourd’hui (wiki.en)qu’il  était un descendant  de parents immigrés d’Inde, que Saccas désignait les Sakhya, une population indienne autochtone d’éthnie non aryenne, ne reconnaissant pas le brahmanisme et dont est originair le Bouddha historique Sakyamuni, le «Sage des Sakhya »  Le prénom Ammonios semble indiquer son éducation égyptienne.

Dans son cercle de disciples qui comprenaient Origène et Plotin, Ammonios Saccas a enseigné les principes d’une métaphysique universelle qu’il demandait aux disciples de découvrir dans leur propre tradition grecque, celle des philosophes Platon et Aristote qu’il estimait compatibles. C’est ainsi que naquit le néoplatonisme avec la trilogie d’Origène (Esprit-Âme-Corps) ou de Plotin  (l’Un l’Intellect et le monde animé) qui devint le modèle métaphysique du symbole de la Sainte Trinité.
En effet, le christianisme qui ne comprenait encore que l’enseignement éthique de Jésus et la légende de sa résurrection devait être fondé sur un dogme métaphysique crédible pour devenir religion de l’empire. Cela fut achevé au premier concile de Nicée (325) et au premier concile de Constantinople (381) qui adopta le symbole de la Trinité en conformité avec l’exégèse d’Origène et sous l’influence spirituelle qu’Athanase, évêque d’Alexandrie avait eue sur les évêques d’Orient.

La structure logique de la Trinité telle que représentée par le scutum fidei, est analogue à celles des trois Gunas du Samkhya, du Yin-Yang-Qi taoïste ainsi qu’aux principes  premiers de Platon redéfinis comme causes ou conditions d’existence par Aristote, comme je l’ai déjà mentionné plus haut.  (lien)

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Je ne parle pas ici de triades comme Guénon mais de trilogies, car il ne s’agit pas d’un ensemble de trois personnes ou de choses (définition cnrtl) mais d’un ensemble de trois relations d’une organisation.
Peu importent les raisons des théologiens et historiens qui refusent à Origène la qualité de disciple d’Ammonios Saccas et lui substituent un   Origène le Néo-platonicien »  dont on ne retrouve aucune trace.
Peu importent les arguments attribuant le symbole d’Athanase  à une époque plus récente. La métaphysique est universelle et intemporelle ; elle ne dépend pas de l’histoire et elle n’est pas fondée sur la seule raison. Elle n’est accessible qu’à l’intuition du sens contenu des symbole et de leurs relations analogiques. De ce point de vue il est évident que les différentes trilogies ne sont que des formes traditionnelles différentes d’une même auto-organisation universelle, à la fois cosmique, biologique psychique et physique, comme je l’ai établi dans mon manuscrit  »Retour au Bon Sens ».

La seconde rupture est celle du schisme entre Rome et Constantinople.

On l’appelle schisme d’Orient alors qu’il s’agit d’un schisme de l’Occident. En effet, les Églises orthodoxes d’Orient sont restées fidèles à la trilogie mystique de la Trinité. C’est l’Église de la Rome impériale revendiquant la primauté qui s’en est écartée progressivement vers un dualisme de plus en plus radical.

Augustin, manichéen dans sa jeunesse bien qu’inspiré par Plotin, institua une forme de dualisme Bien/Mal avec sa doctrine du péché originel et de la rédemption par la foi. L’exigence d’une foi absolue fit du christianisme autrefois persécuté, le persécuteur de toute autre croyance « païenne » ou « hérétique ». C’est cette domination par la foi qui caractérise  la mystique du haut Moyen-Âge, que Guénon a considéré comme l’apogée du christianisme et qu’il a cherché dans l’ambiance moyen-âgeuse du Caire et le mysticisme soufi.

L’altération de la confession de foi par le filioque imposé par Charlemagne ajouta une autre atteinte à la logique de la Trinité qui a conduit au schisme de 1054.

Au 13ème siècle le dominicain Thomas d'Aquin découvrit Aristote et appliqua sa logique de non-contradiction aux dogmes théologiques, ce qui est pire qu’une erreur, c’est une trahison d’Aristote, car celui-ci réservait cette logique à l’observation empirique. C’est aussi une trahison de la tradition néoplatonicienne et trinitaire chrétienne. Son interprétation d’Aristote devint la philosophie de la scolastique sous le nom de thomisme et la logique de la « Sainte Inquisition ». Le néoplatonisme de son contemporain Bonaventure et des franciscains fut progressivement évincé. Les derniers néoplatoniciens remarquables furent Nicolas de Cues et Giordano Bruno. Ce dernier fut condamné pour ses critiques des doctrines d'Aristote et de l'Eglise et supplicié en 1600. Cette date n’est pas seulement celle d’un drame humain mais aussi celle de la fin d’une civilisation spirituelle et le début du matérialisme scientifique.
.
Le principe de non-contradiction et du tiers exclu prit dans l’empire  britannique la forme perfide de la logique du jeu ou de la somme nulle de Hobbes, selon celle-ci les gains de l’un des joueurs sont égaux aux pertes de son adversaire. Conformément à cette logique, l’empire  anglo-américain a détruit toute puissance rivale et refuse tout accord proposé par la Russie.
La guerre engagée entre l’Occident et l’Orient ne concerne pas seulement l’organisation unipolaire ou multipolaire de l’économie ; c’est une guerre de civilisation, l’aboutissement final de deux millénaire d’une dérive dualiste de la pensée occidentale. Dirigé par l’intelligence artificielle, ayant perdu son esprit et son âme, l’Occident atteint le stade ultime de son déclin : la démence. Mais soudain il se trouve aujourd’hui face à l’ensemble des peuples qui, à l’exemple de la Russie, se lèvent pour défendre leurs traditions, leurs âmes et leur survie dans un ultime combat épique.

(Fin)
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