Aborigènes d'Australie
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Aborigènes d'Australie
Le passé
L'invasion du continent australien par les Anglais en 1788, s'est déroulée selon un sénario qui se répétera de manière identique un siècle plus tard en Amérique. La culture et la spiritualité très riches des Aborigènes furent niées, bafouées parce que différentes de celles des Européens et donc incomprises par des colons à l'esprit étroit et racorni par un monothéisme aux explications niaises, et issus d'une civilisation irrespectueuse et destructrice. Selon les dernières recherches, à l'arrivée des squatteurs anglais en 1788, les Aborigènes, pacifiques et égalitaires, étaient plus d'un million répartis en 600 tribus parlant 270 langues distinctes, chacune comportant de nombreux dialectes, entre 600 et 700 au total. Considérés par les colons comme faisant partie de la faune australienne, ils subirent des charges meurtrières, des chasses à l'homme et des guet-apens. Ils furent enchaînés, empoisonnés, leurs oreilles mises à prix, et pendant un siècle (de 1869 à 1969), leurs enfants leur furent arrachés pour être placés dans des "missions", des internats, des orphelinats ou encore dans des familles anglaises. Les Aborigènes désignent ces enfants sous l'expression "Stolen Generations ou Stolen Children" (Générations volées ou Enfants volés). Selon le rapport intitulé "Bringing them home" ("Ramenez-les à la maison"), le nombre de ces enfants aborigènes volés est estimé à 100'000. En 1930, le nombre de la population autochtone se trouva réduite de 80, 98 voire 100% selon les endroits. Ainsi, en Tasmanie où vivaient 5'000 Aborigènes, il n'en restait aucun... Grosso modo, du million qu'ils étaient à l'arrivée de Cook, il n'en restait guère plus de 100'000 en 1930. Actuellement, leur nombre est estimé à 500'000.
Un peuple, un pays
Le continent australien n'était pas cette "terra nullius" ("terre sans peuple") décrite par Cook en 1788. Les Aborigènes l'occupent depuis plus de 65'000 ans, leurs peintures rupestres dont certaines ont plus de 35'000 ans (Grampians /Victoria, ou Gariwerd pour les Aborigènes), des ocres découverts et datés de plus de 65'000 ans, ainsi que le résultat des fouilles archéologiques effectuées dans la grotte de Kintore (Territoires du Nord) le prouvent.
Lorsque les premiers colons mirent pied sur le sol australien, ils découvrirent en premier lieu des humains différents d'eux qu'ils considérèrent aussitôt comme sauvages et illettrés et donc inférieurs à eux dans tout le sens du terme. Et pourtant, sans le travail que nous allons voir de ces "sauvages", ils seraient probablement morts assez rapidement d'inanition. En deuxième lieu, ils remarquèrent que le paysage australien ressemblait à un immense parc animalier fort bien géré, un Eden, avec des zones de prairies entrecoupées de zones boisées ouvertes et dont ils n'auraient même jamais osé rêver, car cette image allait à l'encontre de leur point de vue occidental stéréotypé. Ils ignoraient et ne le comprendront d'ailleurs jamais, que si le paysage ressemblait à un parc c'était parce que les Aborigènes l'avaient ainsi voulu puis conçu pour créer une réserve abondante et durable de nourriture dont ils (les colons) allaient largement profiter. On peut encore voir une de ces zones dans les Gariwerd où les descendants des tribus Ngamadjidji, Jardwadjali et Djab Wurrung ont retrouvé le territoire de leurs pères, du moins en partie.
Pour des "sauvages", les Aborigènes avaient su gérer leurs terres de manière experte, en modelant les paysages afin de créer essentiellement un système destiné à garder toute la vie en équilibre, en distribuant la végétation sur la terre afin de créer les habitats préférés de toutes les espèces animales et végétales. Ainsi, les kangourous et les émeus aiment se repaître d'herbe fraîche mais, ils ont aussi besoin de zones boisées ouvertes pour s'abriter des grandes chaleurs et pouvoir échapper aux prédateurs. Cependant, les Aborigènes ne se contentaient pas de gérer leurs terres, ils surveillaient également la population de tous ses habitants et lorsqu'ils remarquaient une chute du nombre d'individus dans une espèce, la chasse de cette espèce en particulier était interdite. Il ne s'agissait donc, non seulement d'une gestion astucieuse, mais d'une partie intégrante du respect de l'Aborigène pour chaque organisme vivant. De nos jours encore, il existe des lieux qu'ils appellent "lieux totémiques" où il est interdit non seulement de chasser, mais encore d'interférer avec l'habitat de la végétation et celui de certains animaux en particulier. Pour comprendre cela, il faut savoir que pour les Aborigènes comme pour d'autres peuples, chaque espèce animale ou végétale possède un esprit de groupe, i.e. un ancêtre créateur, modèle parfait qui a créé cette espèce et que les Aborigènes désignent sous le nom de Totem (Grand-Père pour les Amérindiens). En conséquent, chaque espèce est cet esprit de groupe ou Totem, ce qui n'empêche nullement chaque individu du groupe d'avoir son propre esprit. La seule façon de vivre pour les espèces est donc d'avoir été créées par un ancêtre créateur, le fondateur du Totem. Les Aborigènes ont une connaissance approfondie de ces Totems et sont chargés de surveiller la santé et le bien-être des espèces et de leurs habitats. Pour les Aborigènes, cela fait partie de la trame de la vie, c'est une surveillance permanente pour assurer le bien-être de chacun. Dès sa naissance, l'enfant Aborigène à l'instar du petit Amérindien, se voit attribuer des Totems auxquels viendront s'ajouter d'autres au fur et à mesure qu'il développera des affinités avec eux. Très tôt, il apprendra à être vigilant à la façon dont les créatures dont il a la charge, "se mettent en marche".
A l'arrivée des colons, la faune australienne était si prospère que la terre, les cieux et les eaux en étaient remplis. Depuis 1788 plus de 10% des espèces mammifères terrestres ont disparu.
Du fait de cette intendance compétente de la terre et de ses habitants, les feux de brousse, fléau de l'Australie moderne, n'ont jamais pu exister avant 1788. En février 2009 (Black Saturday-Samedi Noir), un incendie monstre a coûté la vie à 173 personnes, blessé 414 autres et ravagé plus de 4000 km2 de terre. Preuve a été faite que c'est l'utilisation experte du feu par les Aborigènes qui les protégeait de ses effets les plus nocifs. Ils savaient l'utiliser pour défricher la terre et configurer les paysages que les premiers colons avaient remarqués. Ce sont ces mêmes paysages avec leur alternance de bois et de prairies qui ont servi de coupe-feu géant naturel. Le contrôle des Aborigènes sur le feu est si expert qu'à ce jour, il dépasse toujours le nôtre et que le gouvernement australien le leur confie de plus en plus souvent. De nos jours encore, les Aborigènes savent avec exactitude où s'arrêtera le feu qu'ils déclenchent. Ces feux sont indispensables à la nature car certaines espèces de plantes et d'arbres, ne peuvent se reproduire que lorsque leurs graines ont été exposées à la chaleur intense du feu.
à suivre...
L'invasion du continent australien par les Anglais en 1788, s'est déroulée selon un sénario qui se répétera de manière identique un siècle plus tard en Amérique. La culture et la spiritualité très riches des Aborigènes furent niées, bafouées parce que différentes de celles des Européens et donc incomprises par des colons à l'esprit étroit et racorni par un monothéisme aux explications niaises, et issus d'une civilisation irrespectueuse et destructrice. Selon les dernières recherches, à l'arrivée des squatteurs anglais en 1788, les Aborigènes, pacifiques et égalitaires, étaient plus d'un million répartis en 600 tribus parlant 270 langues distinctes, chacune comportant de nombreux dialectes, entre 600 et 700 au total. Considérés par les colons comme faisant partie de la faune australienne, ils subirent des charges meurtrières, des chasses à l'homme et des guet-apens. Ils furent enchaînés, empoisonnés, leurs oreilles mises à prix, et pendant un siècle (de 1869 à 1969), leurs enfants leur furent arrachés pour être placés dans des "missions", des internats, des orphelinats ou encore dans des familles anglaises. Les Aborigènes désignent ces enfants sous l'expression "Stolen Generations ou Stolen Children" (Générations volées ou Enfants volés). Selon le rapport intitulé "Bringing them home" ("Ramenez-les à la maison"), le nombre de ces enfants aborigènes volés est estimé à 100'000. En 1930, le nombre de la population autochtone se trouva réduite de 80, 98 voire 100% selon les endroits. Ainsi, en Tasmanie où vivaient 5'000 Aborigènes, il n'en restait aucun... Grosso modo, du million qu'ils étaient à l'arrivée de Cook, il n'en restait guère plus de 100'000 en 1930. Actuellement, leur nombre est estimé à 500'000.
Un peuple, un pays
Le continent australien n'était pas cette "terra nullius" ("terre sans peuple") décrite par Cook en 1788. Les Aborigènes l'occupent depuis plus de 65'000 ans, leurs peintures rupestres dont certaines ont plus de 35'000 ans (Grampians /Victoria, ou Gariwerd pour les Aborigènes), des ocres découverts et datés de plus de 65'000 ans, ainsi que le résultat des fouilles archéologiques effectuées dans la grotte de Kintore (Territoires du Nord) le prouvent.
Lorsque les premiers colons mirent pied sur le sol australien, ils découvrirent en premier lieu des humains différents d'eux qu'ils considérèrent aussitôt comme sauvages et illettrés et donc inférieurs à eux dans tout le sens du terme. Et pourtant, sans le travail que nous allons voir de ces "sauvages", ils seraient probablement morts assez rapidement d'inanition. En deuxième lieu, ils remarquèrent que le paysage australien ressemblait à un immense parc animalier fort bien géré, un Eden, avec des zones de prairies entrecoupées de zones boisées ouvertes et dont ils n'auraient même jamais osé rêver, car cette image allait à l'encontre de leur point de vue occidental stéréotypé. Ils ignoraient et ne le comprendront d'ailleurs jamais, que si le paysage ressemblait à un parc c'était parce que les Aborigènes l'avaient ainsi voulu puis conçu pour créer une réserve abondante et durable de nourriture dont ils (les colons) allaient largement profiter. On peut encore voir une de ces zones dans les Gariwerd où les descendants des tribus Ngamadjidji, Jardwadjali et Djab Wurrung ont retrouvé le territoire de leurs pères, du moins en partie.
Pour des "sauvages", les Aborigènes avaient su gérer leurs terres de manière experte, en modelant les paysages afin de créer essentiellement un système destiné à garder toute la vie en équilibre, en distribuant la végétation sur la terre afin de créer les habitats préférés de toutes les espèces animales et végétales. Ainsi, les kangourous et les émeus aiment se repaître d'herbe fraîche mais, ils ont aussi besoin de zones boisées ouvertes pour s'abriter des grandes chaleurs et pouvoir échapper aux prédateurs. Cependant, les Aborigènes ne se contentaient pas de gérer leurs terres, ils surveillaient également la population de tous ses habitants et lorsqu'ils remarquaient une chute du nombre d'individus dans une espèce, la chasse de cette espèce en particulier était interdite. Il ne s'agissait donc, non seulement d'une gestion astucieuse, mais d'une partie intégrante du respect de l'Aborigène pour chaque organisme vivant. De nos jours encore, il existe des lieux qu'ils appellent "lieux totémiques" où il est interdit non seulement de chasser, mais encore d'interférer avec l'habitat de la végétation et celui de certains animaux en particulier. Pour comprendre cela, il faut savoir que pour les Aborigènes comme pour d'autres peuples, chaque espèce animale ou végétale possède un esprit de groupe, i.e. un ancêtre créateur, modèle parfait qui a créé cette espèce et que les Aborigènes désignent sous le nom de Totem (Grand-Père pour les Amérindiens). En conséquent, chaque espèce est cet esprit de groupe ou Totem, ce qui n'empêche nullement chaque individu du groupe d'avoir son propre esprit. La seule façon de vivre pour les espèces est donc d'avoir été créées par un ancêtre créateur, le fondateur du Totem. Les Aborigènes ont une connaissance approfondie de ces Totems et sont chargés de surveiller la santé et le bien-être des espèces et de leurs habitats. Pour les Aborigènes, cela fait partie de la trame de la vie, c'est une surveillance permanente pour assurer le bien-être de chacun. Dès sa naissance, l'enfant Aborigène à l'instar du petit Amérindien, se voit attribuer des Totems auxquels viendront s'ajouter d'autres au fur et à mesure qu'il développera des affinités avec eux. Très tôt, il apprendra à être vigilant à la façon dont les créatures dont il a la charge, "se mettent en marche".
A l'arrivée des colons, la faune australienne était si prospère que la terre, les cieux et les eaux en étaient remplis. Depuis 1788 plus de 10% des espèces mammifères terrestres ont disparu.
Du fait de cette intendance compétente de la terre et de ses habitants, les feux de brousse, fléau de l'Australie moderne, n'ont jamais pu exister avant 1788. En février 2009 (Black Saturday-Samedi Noir), un incendie monstre a coûté la vie à 173 personnes, blessé 414 autres et ravagé plus de 4000 km2 de terre. Preuve a été faite que c'est l'utilisation experte du feu par les Aborigènes qui les protégeait de ses effets les plus nocifs. Ils savaient l'utiliser pour défricher la terre et configurer les paysages que les premiers colons avaient remarqués. Ce sont ces mêmes paysages avec leur alternance de bois et de prairies qui ont servi de coupe-feu géant naturel. Le contrôle des Aborigènes sur le feu est si expert qu'à ce jour, il dépasse toujours le nôtre et que le gouvernement australien le leur confie de plus en plus souvent. De nos jours encore, les Aborigènes savent avec exactitude où s'arrêtera le feu qu'ils déclenchent. Ces feux sont indispensables à la nature car certaines espèces de plantes et d'arbres, ne peuvent se reproduire que lorsque leurs graines ont été exposées à la chaleur intense du feu.
à suivre...
Freya- Messages : 1338
Date d'inscription : 24/08/2012
Localisation : Vosges
Re: Aborigènes d'Australie
Tradition orale et cérémonies
Toutes les cultures anciennes ont des traditions orales dans lesquelles les histoires de leur Création ont été soigneusement préservées. La Tradition orale des aborigènes est toujours vivante mais, de plus en plus, des efforts sont déployés pour mettre les histoires traditionnelles par écrit. Cette tradition orale fait référence au paysage australien, à la forme de montagnes, de collines et de lacs. Tous sont des mémoriaux naturels de l'ancien passé et sont la preuve que les sagas décrivant le "Temps du Rêve" ("Dreamtime") ont vraiment eu lieu il y a des millions d'années.
Le "Temps du Rêve" ("Dreamtime") ou la Création, n'est pas un événement figé dans le passé comme nous pourrions le croire, l'Univers est vivant et la Création se poursuit, éternellement.
Beaucoup d'étangs, de collines, de monolithes, de lacs, de rivières et de rochers dont les formes ressemblent à des personnes, des animaux ou des objets familiers ou, qui portent des marques sur leurs parois rocheuses ou celles de grottes, sont des monuments d'êtres ancestraux. Dans la plupart de leurs sites, les êtres créateurs ancestraux résident encore et utilisent leurs pouvoirs pour le bien ou le mal, selon la manière dont ils sont traités.
Les auteurs non-autochtones qui se proposent de raconter d'anciennes traditions aborigènes, trouvent que les histoires qui se rapportent à des sites particuliers et qui font partie d'une série d'histoires, perdent toute leur signification réelle si elles ne sont pas liées à l'endroit où elles se trouvent et à la série d'histoires auxquelles elles appartiennent.
Décontextualisées et racontées par des personnes qui n'en ont pas l'autorité, les histoires perdent leur pertinence et ne sont plus que des histoires imaginaires. Par contre, la performance rituelle d'un cycle d'histoire majeur, révèle la pleine puissance et la signification des histoires, à la fois en termes de signification narrative et spirituelle. Le but du rituel est d'évoquer la présence d'un être créatif ancestral spécifique, et d'encourager cet être à libérer à nouveau ses pouvoirs créateurs. Ceci est réalisé par une reconstitution en chansons et en danses des événements de la grande saga créative. Les journées seront consacrées à la préparation de sculptures, de peintures, de sculptures de sable, et à la production de bûches et de poteaux décorés, de totems et autres objets rituels. La norme et l'exactitude des œuvres sont soigneusement examinées, car tout ce qui est mal fait ou incorrectement, est susceptible de contrarier les êtres ancestraux. Les chansons et les danses doivent être répétées pour s'assurer que les versions correctes sont choisies en fonction des participants et des objectifs de la cérémonie en question. Quand la cérémonie elle-même débute, les chants et les danses suivent le même ordre de voyage à travers le paysage que le voyage original de la Création, mais les références et les liens vers les terres des clans participants sont spécialement inventés. Les objets d'art préparés pour le rituel sont présentés au moment appropriés de la cérémonie.
La représentation de certains cycles d'histoires rituelles sont ouverts à tous, et les spectateurs peuvent alors voir les différents objets d'art, regarder les danses et écouter les chansons. Cependant, beaucoup de ces cérémonies, comme celles dédiées à la Mère-Terre, essentiellement au Nord-Est du Territoire du Nord, et qui rappellent Son voyage, sont secrètes. Ces cérémonies sont uniquement accessibles à certains initiés, hommes et femmes. L'élément de ces cérémonies varie considérablement et seule l'étude de chacune en détail révèle le sens complet de la cérémonie.
Coutumes de deuil (Pukamani)
Bien que ces coutumes varient à travers tout le pays, le chagrin et la détresse sont partout présents. Les rites funéraires et les méthodes d'élimination des corps étaient complexes et variées. Leur but principal était d'assurer le retour en toute sécurité des esprits des morts à la maison de l'esprit ou, au centre totémique par un trou d'eau, le ciel ou une île au large des côtes. Les rites protégeaient également les vivants du mécontentement des esprits.
Il y avait différentes méthodes d'élimination des cadavres : la crémation, l'ensevelissement dans le sol ou dans des troncs d'arbres, en plaçant les corps sur des plates-formes autonomes dans des grottes et des abris sous roche. Les rites funéraires impliquaient parfois et impliquent toujours des rituels prolongés. Souvent, après la décomposition du cadavre, les restes étaient récupérés et brûlés puis, enterrés ou placés dans un cercueil de bois, une grotte, un abri rocheux, un tronc d'arbre creux ou les branches d'un arbre.
En face de Darwin, sur les îles Tiwi (Melville et Bathurst), les rites funéraires étaient et sont toujours, longs et élaborés et les danseurs avaient et ont le corps recouvert de peintures élaborées. Des poteaux sculptés et décorés sont réalisés au cours des mois précédents et érigés autour de la tombe pendant les rites.
L'Art
Il aura fallu plus d'un siècle et demi aux Australiens issus de l'immigration pour prendre conscience de l'art aborigène. Généralement on croit que, comme la terre, ces représentations traditionnelles font partie de l'héritage spirituel légué aux différents clans par les êtres ancestraux. Dans le passé et encore aujourd'hui en de nombreux endroits, certains dessins d'art ne peuvent être vus que par des initiés assistant à des cérémonies rituelles particulières. De plus, les significations secrètes de ces peintures sacrées ne peuvent être révélées qu'aux initiés. Même si aujourd'hui une partie de ces secrets a été levée, et que les peintures religieuses sont progressivement montrées aux autres, la pleine signification des symboles et la spiritualité profonde des histoires ne sont jamais révélées.
L'art aborigène commença il y a plus de 40'000 ans, quand l'ocre fut utilisé pour peindre les corps des défunts. Les ornements corporels trouvés dans les tombes attestent que, la décoration corporelle était une tradition ancienne, tout comme la peinture rupestre et la gravure sur roche. C'est en Australie que l'on trouve la série la plus étendue et la plus élaborée de peintures rupestres et d'abris de roche.
Paradoxalement, c'est dans un centre de déportation d'Aborigènes des années 1950, du nom de Papunya, et qui était occupé par plusieurs clans ayant un lien avec le même mythe, celui de la Fourmi à Miel (Honey Ant Dreaming) que va renaître en 1971 sous l'influence d'un jeune enseignant de dessin, non-Aborigène, Geoffrey Bardon, que l'Art Aborigène contemporain va connaître l'un des mouvement les plus importants. Il commença par susciter l'intérêt des Anciens de la communauté en leur demandant des conseils sur la peinture à réaliser d'une histoire Traditionnelle du Temps du Rêve sur l'un des murs de l'école du centre de déportation. A la fin, les Anciens eux-mêmes, reprirent la peinture murale puis, inspirés par elle, ont commencé à transférer sur les murs, de nombreuses histoires de Rêves du désert en utilisant pour la première fois de la peinture acrylique. Cette activité artistique fut jugée par le gouvernement comme "source de désordre" et Geoffrey Bardon fut muté une année plus tard, en 1972.
Auparavant, la peinture traditionnelle du désert était réalisée sur le sable en utilisant de l'ocre, des plumes, des cheveux, de la ficelle, de l'argile, des fibres végétales et du sang. Comme ces peintures étaient préparées pour des cérémonies strictement secrètes réservées à des hommes ou à des femmes, elles ont toujours été détruites par le sable et le vent du désert. C'était donc un art essentiellement éphémère. L'utilisation de cartons ou de toiles et de peinture acrylique a permis de transférer certains des motifs cérémoniels sur une base plus permanente. A partir de ce moment-là, leur culture déjà très codifiée et secrète et qui répond à certaines normes et à des lois strictes imposées par la Création ou le Temps du Rêve, va l'être encore davantage. En réaction donc à cette ouverture, les chamanes qui seuls pouvaient et peuvent en avoir une compréhension totale, vont initier des hommes et des femmes en fonction de leur âge et de leur développement spirituel. Ensuite, ces derniers se voient confiés par leur chamane, une partie secrète de ce Temps du Rêve, un peu comme si chacun d'entre nous, se voyait confié une page ou un chapitre de l'Edda et en devenait à la fois le gardien et le responsable. Tous les Aborigènes ne partagent donc pas la clé du même mystère mais, ils en font partie intégrante et sont pleinement conscients que ce partage est fondamental pour l'équilibre et le bien-être de l'Univers. Dès lors, chaque artiste peindra d'une manière distinctive mais, dans le style de son propre groupe.
A l'instar de l'art acrylique du désert, les peintures sur écorce vendues ne contiennent que des images publiques qui peuvent être vues par tous mais, dont les significations, dans bien des cas, ne sont connues dans leur totalité que des hommes et des femmes âgés. Etant donné que l'écorce ne peut être prélevée qu'en pièces oblongues sur de certains troncs d'arbres, les peintres sont obligés de travailler avec des formes relativement étroites, ce qui affecte la stylisation de la plupart des formes de l'esprit humain, des animaux et des poissons qu'ils représentent. De nos jours, il existe de nombreux artistes autochtones urbains émergents qui s'inspirent également de leurs traditions artistiques ancestrales. Ces artistes mélangent des images traditionnelles avec les images de leur propre monde et de leurs expériences. L'art aborigène sous toutes ses formes, est une Tradition qui s'est développée au fil des millénaires et qui continue à être un moyen d'expression vital et vivant.
à suivre...
Toutes les cultures anciennes ont des traditions orales dans lesquelles les histoires de leur Création ont été soigneusement préservées. La Tradition orale des aborigènes est toujours vivante mais, de plus en plus, des efforts sont déployés pour mettre les histoires traditionnelles par écrit. Cette tradition orale fait référence au paysage australien, à la forme de montagnes, de collines et de lacs. Tous sont des mémoriaux naturels de l'ancien passé et sont la preuve que les sagas décrivant le "Temps du Rêve" ("Dreamtime") ont vraiment eu lieu il y a des millions d'années.
Le "Temps du Rêve" ("Dreamtime") ou la Création, n'est pas un événement figé dans le passé comme nous pourrions le croire, l'Univers est vivant et la Création se poursuit, éternellement.
Beaucoup d'étangs, de collines, de monolithes, de lacs, de rivières et de rochers dont les formes ressemblent à des personnes, des animaux ou des objets familiers ou, qui portent des marques sur leurs parois rocheuses ou celles de grottes, sont des monuments d'êtres ancestraux. Dans la plupart de leurs sites, les êtres créateurs ancestraux résident encore et utilisent leurs pouvoirs pour le bien ou le mal, selon la manière dont ils sont traités.
Les auteurs non-autochtones qui se proposent de raconter d'anciennes traditions aborigènes, trouvent que les histoires qui se rapportent à des sites particuliers et qui font partie d'une série d'histoires, perdent toute leur signification réelle si elles ne sont pas liées à l'endroit où elles se trouvent et à la série d'histoires auxquelles elles appartiennent.
Décontextualisées et racontées par des personnes qui n'en ont pas l'autorité, les histoires perdent leur pertinence et ne sont plus que des histoires imaginaires. Par contre, la performance rituelle d'un cycle d'histoire majeur, révèle la pleine puissance et la signification des histoires, à la fois en termes de signification narrative et spirituelle. Le but du rituel est d'évoquer la présence d'un être créatif ancestral spécifique, et d'encourager cet être à libérer à nouveau ses pouvoirs créateurs. Ceci est réalisé par une reconstitution en chansons et en danses des événements de la grande saga créative. Les journées seront consacrées à la préparation de sculptures, de peintures, de sculptures de sable, et à la production de bûches et de poteaux décorés, de totems et autres objets rituels. La norme et l'exactitude des œuvres sont soigneusement examinées, car tout ce qui est mal fait ou incorrectement, est susceptible de contrarier les êtres ancestraux. Les chansons et les danses doivent être répétées pour s'assurer que les versions correctes sont choisies en fonction des participants et des objectifs de la cérémonie en question. Quand la cérémonie elle-même débute, les chants et les danses suivent le même ordre de voyage à travers le paysage que le voyage original de la Création, mais les références et les liens vers les terres des clans participants sont spécialement inventés. Les objets d'art préparés pour le rituel sont présentés au moment appropriés de la cérémonie.
La représentation de certains cycles d'histoires rituelles sont ouverts à tous, et les spectateurs peuvent alors voir les différents objets d'art, regarder les danses et écouter les chansons. Cependant, beaucoup de ces cérémonies, comme celles dédiées à la Mère-Terre, essentiellement au Nord-Est du Territoire du Nord, et qui rappellent Son voyage, sont secrètes. Ces cérémonies sont uniquement accessibles à certains initiés, hommes et femmes. L'élément de ces cérémonies varie considérablement et seule l'étude de chacune en détail révèle le sens complet de la cérémonie.
Coutumes de deuil (Pukamani)
Bien que ces coutumes varient à travers tout le pays, le chagrin et la détresse sont partout présents. Les rites funéraires et les méthodes d'élimination des corps étaient complexes et variées. Leur but principal était d'assurer le retour en toute sécurité des esprits des morts à la maison de l'esprit ou, au centre totémique par un trou d'eau, le ciel ou une île au large des côtes. Les rites protégeaient également les vivants du mécontentement des esprits.
Il y avait différentes méthodes d'élimination des cadavres : la crémation, l'ensevelissement dans le sol ou dans des troncs d'arbres, en plaçant les corps sur des plates-formes autonomes dans des grottes et des abris sous roche. Les rites funéraires impliquaient parfois et impliquent toujours des rituels prolongés. Souvent, après la décomposition du cadavre, les restes étaient récupérés et brûlés puis, enterrés ou placés dans un cercueil de bois, une grotte, un abri rocheux, un tronc d'arbre creux ou les branches d'un arbre.
En face de Darwin, sur les îles Tiwi (Melville et Bathurst), les rites funéraires étaient et sont toujours, longs et élaborés et les danseurs avaient et ont le corps recouvert de peintures élaborées. Des poteaux sculptés et décorés sont réalisés au cours des mois précédents et érigés autour de la tombe pendant les rites.
L'Art
Il aura fallu plus d'un siècle et demi aux Australiens issus de l'immigration pour prendre conscience de l'art aborigène. Généralement on croit que, comme la terre, ces représentations traditionnelles font partie de l'héritage spirituel légué aux différents clans par les êtres ancestraux. Dans le passé et encore aujourd'hui en de nombreux endroits, certains dessins d'art ne peuvent être vus que par des initiés assistant à des cérémonies rituelles particulières. De plus, les significations secrètes de ces peintures sacrées ne peuvent être révélées qu'aux initiés. Même si aujourd'hui une partie de ces secrets a été levée, et que les peintures religieuses sont progressivement montrées aux autres, la pleine signification des symboles et la spiritualité profonde des histoires ne sont jamais révélées.
L'art aborigène commença il y a plus de 40'000 ans, quand l'ocre fut utilisé pour peindre les corps des défunts. Les ornements corporels trouvés dans les tombes attestent que, la décoration corporelle était une tradition ancienne, tout comme la peinture rupestre et la gravure sur roche. C'est en Australie que l'on trouve la série la plus étendue et la plus élaborée de peintures rupestres et d'abris de roche.
Paradoxalement, c'est dans un centre de déportation d'Aborigènes des années 1950, du nom de Papunya, et qui était occupé par plusieurs clans ayant un lien avec le même mythe, celui de la Fourmi à Miel (Honey Ant Dreaming) que va renaître en 1971 sous l'influence d'un jeune enseignant de dessin, non-Aborigène, Geoffrey Bardon, que l'Art Aborigène contemporain va connaître l'un des mouvement les plus importants. Il commença par susciter l'intérêt des Anciens de la communauté en leur demandant des conseils sur la peinture à réaliser d'une histoire Traditionnelle du Temps du Rêve sur l'un des murs de l'école du centre de déportation. A la fin, les Anciens eux-mêmes, reprirent la peinture murale puis, inspirés par elle, ont commencé à transférer sur les murs, de nombreuses histoires de Rêves du désert en utilisant pour la première fois de la peinture acrylique. Cette activité artistique fut jugée par le gouvernement comme "source de désordre" et Geoffrey Bardon fut muté une année plus tard, en 1972.
Auparavant, la peinture traditionnelle du désert était réalisée sur le sable en utilisant de l'ocre, des plumes, des cheveux, de la ficelle, de l'argile, des fibres végétales et du sang. Comme ces peintures étaient préparées pour des cérémonies strictement secrètes réservées à des hommes ou à des femmes, elles ont toujours été détruites par le sable et le vent du désert. C'était donc un art essentiellement éphémère. L'utilisation de cartons ou de toiles et de peinture acrylique a permis de transférer certains des motifs cérémoniels sur une base plus permanente. A partir de ce moment-là, leur culture déjà très codifiée et secrète et qui répond à certaines normes et à des lois strictes imposées par la Création ou le Temps du Rêve, va l'être encore davantage. En réaction donc à cette ouverture, les chamanes qui seuls pouvaient et peuvent en avoir une compréhension totale, vont initier des hommes et des femmes en fonction de leur âge et de leur développement spirituel. Ensuite, ces derniers se voient confiés par leur chamane, une partie secrète de ce Temps du Rêve, un peu comme si chacun d'entre nous, se voyait confié une page ou un chapitre de l'Edda et en devenait à la fois le gardien et le responsable. Tous les Aborigènes ne partagent donc pas la clé du même mystère mais, ils en font partie intégrante et sont pleinement conscients que ce partage est fondamental pour l'équilibre et le bien-être de l'Univers. Dès lors, chaque artiste peindra d'une manière distinctive mais, dans le style de son propre groupe.
A l'instar de l'art acrylique du désert, les peintures sur écorce vendues ne contiennent que des images publiques qui peuvent être vues par tous mais, dont les significations, dans bien des cas, ne sont connues dans leur totalité que des hommes et des femmes âgés. Etant donné que l'écorce ne peut être prélevée qu'en pièces oblongues sur de certains troncs d'arbres, les peintres sont obligés de travailler avec des formes relativement étroites, ce qui affecte la stylisation de la plupart des formes de l'esprit humain, des animaux et des poissons qu'ils représentent. De nos jours, il existe de nombreux artistes autochtones urbains émergents qui s'inspirent également de leurs traditions artistiques ancestrales. Ces artistes mélangent des images traditionnelles avec les images de leur propre monde et de leurs expériences. L'art aborigène sous toutes ses formes, est une Tradition qui s'est développée au fil des millénaires et qui continue à être un moyen d'expression vital et vivant.
à suivre...
Freya- Messages : 1338
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Re: Aborigènes d'Australie
Le Présent
En ce XXIe siècle, les Aborigènes demeurent malheureusement le groupe social le plus défavorisé en Australie, avec des taux de chomage, de violence conjugale, d'alcoolisme, d'emprisonnement et de consommation de drogue nettement supérieurs à la moyenne nationale. Pourquoi ? Ce phénomène est identique chez les Amérindiens d'Amérique du Nord.
Avec l'arrivée des Anglais, leur mode de vie traditionnel s'est brutalement interrompu. Dans le but d'éduquer ces "sauvages", les survivants des massacres furent relocalisés de force de lieux en lieux, au gré des fantaisies du gouvernement, dans des "missions" où il leur fut interdit de parler leurs langues et de pratiquer leurs rites. En sus, la connaissance complexe du pays qu'ils avaient, a été fracturée et divisée volontairement dans le but de fabriquer une nouvelle ère dans la longue histoire humaine de l'Australie. En 1901, la citoyenneté australienne leur fut déniée. Ce n'est qu'en 1967 que la grande majorité des Australiens issus de l'immigration votèrent une proposition d'amendement à la Constitution, donnant à tous les Aborigènes le status de citoyens et donnant au Commonwealth la responsabilité de légiférer pour eux.
Perdre une langue n'est pas seulement perdre une méthode de communication, c'est également perdre une part d'une tradition culturelle. Cela est particulièrement vrai lorsque, comme dans le cas des langues aborigènes, la parole et les arts rituels sont les principaux moyens de préserver et de transmettre cette culture. A la fin des années 1950, sur les 270 langues et 600-700 dialectes parlés à l'origine, plus de 200 n'étaient plus parlées, et une autre centaine de dialectes ont moins d'une centaine de locuteurs, généralement même beaucoup moins et leur langue mourront avec eux. Jusqu'à récemment, les Aborigènes furent encouragés à abandonner leurs propres langues au profit de l'anglais.
Cependant, ce ne furent ni les maltraitances, ni aucune des maladies importées par les colons qui arrivèrent à bout de la résistance des Aborigènes mais la confiscation de leurs territoires claniques qui les priva du même coup du lien qui les reliait à leurs ancêtres. En les dépouillant de leurs terres, c'est une partie de leur âme qui leur fut volée et le lien viscéral, multi-millénaires qu'ils avaient tissé avec la Terre-Mère fut rompu. C'est un sentiment très difficile à saisir pour un Occidental qui a perdu cette notion depuis l'acculturation, soit plus de huit siècles.
Aucun gouvernement, aucun chercheur social et certainement aucun Aborigène ne dira qu'à présent, les Autochtones ont surmonté leurs expériences dévastatrices des deux derniers siècles.
Les Aborigènes ont été à l'avant-garde des efforts pour exiger l'égalité des droits avec les autres Australiens et ont été à la pointe des efforts pour exiger l'égalité des droits avec les Australiens issus de l'immigration, et la réparation pour les injustices subies ces 200 dernières années. Ils veulent une compensation pour l'usurpation de leurs terres et la destruction de leurs traditions culturelles. Ils veulent aussi être respectés pour leur réalisation humaine au cours d'innombrables siècles en tant que gardiens de l'Australie. L'autodétermination, l'autogestion et la reconnaissance des droits fonciers traditionnels sont devenus la revendication populaire et la politique du gouvernement.
Les organisations influentes dans l'élaboration de la politique gouvernementale tels les groupes religieux, les syndicats, les partis politiques, les groupes de pression, etc., ainsi que les directions générales des ministères ont cherché à établir des groupes autochtones consultatifs afin qu'ils puissent déterminer la politique. Cependant, les décisions en la matière et la mise en œuvre de la politique, demeurent dans tous les cas sous l'autorité législative et dirigeante des organisations et, par conséquent, ces groupes consultatifs ne parviennent pas toujours à faire accepter leurs recommandations. En conséquent, de nombreux Autochtones estiment qu'ils sont encore loin de parvenir à l'autodétermination.
L'autogestion vise à permettre aux Aborigènes de prendre le contrôle de leurs propres communautés, services et entreprises. Cette politique a mené à la création d'organisations autochtones nationales dans les domaines de la santé et de l'aide juridique, dans le but de fournir un soutien en matière de santé et une aide juridique aux Autochtones sous des formes culturellement acceptables. Une fédération nationale de conseils fonciers autochtones vise à combiner la force, l'expertise et l'organisation des nombreux conseils fonciers distincts des Etats afin d'élaborer une loi sur l'uniformité des droits fonciers pour tous les Aborigènes. La plupart des Etats ont entrepris de réparer certaines des injustices commises et l'ont fait en leur octroyant le contrôle de ce qui était autrefois une mission de l'Eglise (comme Hermannsburg station, près d'Alice Springs) ou des réserves gouvernementales, en leur rendant des terres auxquelles ils ont droit en vertu de la loi de rétrocession, et en les aidant à acheter des propriétés disponibles sur le marché libre. Certains Etats ont alloué des fonds aux groupes communautaires, aux conseils fonciers et aux organisations autochtones pour les aider à créer des entreprises ou répondre à leurs besoins en matière de logement, d'éducation, d'enseignement supérieur et de formation, d'emploi et d'autres projets communautaires. Cependant, ils continuent de travailler pour le jour où le gouvernement n'aura plus besoin de légiférer spécialement pour eux, quand les torts qui leur ont été infligés auront été réparés pour autant qu'ils puissent l'être, et quand ils auront repris suffisamment confiance en eux pour se ressaisir et reprendre en main leurs affaires dans un monde occidental dont ils refusent de suivre l'exemple.
En ce XXIe siècle, les Aborigènes demeurent malheureusement le groupe social le plus défavorisé en Australie, avec des taux de chomage, de violence conjugale, d'alcoolisme, d'emprisonnement et de consommation de drogue nettement supérieurs à la moyenne nationale. Pourquoi ? Ce phénomène est identique chez les Amérindiens d'Amérique du Nord.
Avec l'arrivée des Anglais, leur mode de vie traditionnel s'est brutalement interrompu. Dans le but d'éduquer ces "sauvages", les survivants des massacres furent relocalisés de force de lieux en lieux, au gré des fantaisies du gouvernement, dans des "missions" où il leur fut interdit de parler leurs langues et de pratiquer leurs rites. En sus, la connaissance complexe du pays qu'ils avaient, a été fracturée et divisée volontairement dans le but de fabriquer une nouvelle ère dans la longue histoire humaine de l'Australie. En 1901, la citoyenneté australienne leur fut déniée. Ce n'est qu'en 1967 que la grande majorité des Australiens issus de l'immigration votèrent une proposition d'amendement à la Constitution, donnant à tous les Aborigènes le status de citoyens et donnant au Commonwealth la responsabilité de légiférer pour eux.
Perdre une langue n'est pas seulement perdre une méthode de communication, c'est également perdre une part d'une tradition culturelle. Cela est particulièrement vrai lorsque, comme dans le cas des langues aborigènes, la parole et les arts rituels sont les principaux moyens de préserver et de transmettre cette culture. A la fin des années 1950, sur les 270 langues et 600-700 dialectes parlés à l'origine, plus de 200 n'étaient plus parlées, et une autre centaine de dialectes ont moins d'une centaine de locuteurs, généralement même beaucoup moins et leur langue mourront avec eux. Jusqu'à récemment, les Aborigènes furent encouragés à abandonner leurs propres langues au profit de l'anglais.
Cependant, ce ne furent ni les maltraitances, ni aucune des maladies importées par les colons qui arrivèrent à bout de la résistance des Aborigènes mais la confiscation de leurs territoires claniques qui les priva du même coup du lien qui les reliait à leurs ancêtres. En les dépouillant de leurs terres, c'est une partie de leur âme qui leur fut volée et le lien viscéral, multi-millénaires qu'ils avaient tissé avec la Terre-Mère fut rompu. C'est un sentiment très difficile à saisir pour un Occidental qui a perdu cette notion depuis l'acculturation, soit plus de huit siècles.
Aucun gouvernement, aucun chercheur social et certainement aucun Aborigène ne dira qu'à présent, les Autochtones ont surmonté leurs expériences dévastatrices des deux derniers siècles.
Les Aborigènes ont été à l'avant-garde des efforts pour exiger l'égalité des droits avec les autres Australiens et ont été à la pointe des efforts pour exiger l'égalité des droits avec les Australiens issus de l'immigration, et la réparation pour les injustices subies ces 200 dernières années. Ils veulent une compensation pour l'usurpation de leurs terres et la destruction de leurs traditions culturelles. Ils veulent aussi être respectés pour leur réalisation humaine au cours d'innombrables siècles en tant que gardiens de l'Australie. L'autodétermination, l'autogestion et la reconnaissance des droits fonciers traditionnels sont devenus la revendication populaire et la politique du gouvernement.
Les organisations influentes dans l'élaboration de la politique gouvernementale tels les groupes religieux, les syndicats, les partis politiques, les groupes de pression, etc., ainsi que les directions générales des ministères ont cherché à établir des groupes autochtones consultatifs afin qu'ils puissent déterminer la politique. Cependant, les décisions en la matière et la mise en œuvre de la politique, demeurent dans tous les cas sous l'autorité législative et dirigeante des organisations et, par conséquent, ces groupes consultatifs ne parviennent pas toujours à faire accepter leurs recommandations. En conséquent, de nombreux Autochtones estiment qu'ils sont encore loin de parvenir à l'autodétermination.
L'autogestion vise à permettre aux Aborigènes de prendre le contrôle de leurs propres communautés, services et entreprises. Cette politique a mené à la création d'organisations autochtones nationales dans les domaines de la santé et de l'aide juridique, dans le but de fournir un soutien en matière de santé et une aide juridique aux Autochtones sous des formes culturellement acceptables. Une fédération nationale de conseils fonciers autochtones vise à combiner la force, l'expertise et l'organisation des nombreux conseils fonciers distincts des Etats afin d'élaborer une loi sur l'uniformité des droits fonciers pour tous les Aborigènes. La plupart des Etats ont entrepris de réparer certaines des injustices commises et l'ont fait en leur octroyant le contrôle de ce qui était autrefois une mission de l'Eglise (comme Hermannsburg station, près d'Alice Springs) ou des réserves gouvernementales, en leur rendant des terres auxquelles ils ont droit en vertu de la loi de rétrocession, et en les aidant à acheter des propriétés disponibles sur le marché libre. Certains Etats ont alloué des fonds aux groupes communautaires, aux conseils fonciers et aux organisations autochtones pour les aider à créer des entreprises ou répondre à leurs besoins en matière de logement, d'éducation, d'enseignement supérieur et de formation, d'emploi et d'autres projets communautaires. Cependant, ils continuent de travailler pour le jour où le gouvernement n'aura plus besoin de légiférer spécialement pour eux, quand les torts qui leur ont été infligés auront été réparés pour autant qu'ils puissent l'être, et quand ils auront repris suffisamment confiance en eux pour se ressaisir et reprendre en main leurs affaires dans un monde occidental dont ils refusent de suivre l'exemple.
Freya- Messages : 1338
Date d'inscription : 24/08/2012
Localisation : Vosges
Les anciennes origines des Aborigènes d'Australie
Entre 40'000 et 50'000 ans, un groupe d'humains d'Asie du Sud-Est effectua le périlleux voyage vers l'Australie pour s'y installer, devenant les ancêtres des peuples autochtones d'Australie. Leur raison de partir reste un mystère - certains chercheurs ont émis l'hypothèse qu'ils ont quitté leur patrie en raison de la forte concurrence pour les ressources, tandis que d'autres pensent qu'il s'agissait de jeunes partis à l'aventure.
Le nombre de personnes qui ont survécu au voyage est un sujet de spéculation depuis un certain temps. Cependant, de nouvelles recherches indiquent qu'il pourrait s'agir de 3000 personnes, bien plus donc qu'on ne le supposait auparavant. L'archéologue Alan Williams dit : « Ce n'est pas seulement une famille qui est restée coincée sur un radeau et emportée, ce sont des gens avec l'intention de se déplacer, d'explorer. »
Une étude a été menée par l'Université nationale australienne de Canberra qui a examiné une base de données de fosses de cuisson, d'ensevelissements humains, de tas de coquillages et de dépôts de charbon de bois provenant de sites archéologiques australiens auxquels des dates avaient été attribuées à l'aide de la datation au radiocarbone 14. Étant donné que le nombre de sites et d'artefacts augmente à mesure que la population augmente, les chercheurs ont pu déterminer les taux de changement de la population, puis calculer à rebours la population autochtone au moment de la première colonisation européenne.
Selon l'analyse, pour que la population atteigne les 770 000 à 1,2 million d'individus, au moment de l'installation la population d'origine qui est arrivée d'Asie du Sud-Est, devait être comprise entre 1 000 et 3 000 individus.
La question la plus intéressante que soulève cette étude est de savoir comment 3 000 humains, dits «primitifs» ont fait un voyage aussi long et dangereux jusqu'en Australie ?
Selon les archives historiques, même les embarcations utilisées au moment du contact avec les premiers Européens, quelque 40'000 ans après les premiers arrivants, étaient de petits radeaux fragiles faits de roseaux ou de branches, certainement pas le genre pouvant supporter un long et dangereux voyage d’Asie en Australie.
Le nombre de personnes qui ont survécu au voyage est un sujet de spéculation depuis un certain temps. Cependant, de nouvelles recherches indiquent qu'il pourrait s'agir de 3000 personnes, bien plus donc qu'on ne le supposait auparavant. L'archéologue Alan Williams dit : « Ce n'est pas seulement une famille qui est restée coincée sur un radeau et emportée, ce sont des gens avec l'intention de se déplacer, d'explorer. »
Une étude a été menée par l'Université nationale australienne de Canberra qui a examiné une base de données de fosses de cuisson, d'ensevelissements humains, de tas de coquillages et de dépôts de charbon de bois provenant de sites archéologiques australiens auxquels des dates avaient été attribuées à l'aide de la datation au radiocarbone 14. Étant donné que le nombre de sites et d'artefacts augmente à mesure que la population augmente, les chercheurs ont pu déterminer les taux de changement de la population, puis calculer à rebours la population autochtone au moment de la première colonisation européenne.
Selon l'analyse, pour que la population atteigne les 770 000 à 1,2 million d'individus, au moment de l'installation la population d'origine qui est arrivée d'Asie du Sud-Est, devait être comprise entre 1 000 et 3 000 individus.
La question la plus intéressante que soulève cette étude est de savoir comment 3 000 humains, dits «primitifs» ont fait un voyage aussi long et dangereux jusqu'en Australie ?
Selon les archives historiques, même les embarcations utilisées au moment du contact avec les premiers Européens, quelque 40'000 ans après les premiers arrivants, étaient de petits radeaux fragiles faits de roseaux ou de branches, certainement pas le genre pouvant supporter un long et dangereux voyage d’Asie en Australie.
Freya- Messages : 1338
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