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Alimentation atypique – Hématophagie, anthropophagie et nécrophagie

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Message  Freya Lun 31 Jan 2022 - 17:41

Le personnage de Renfield dans le roman épistolaire "Dracula" de l'écrivain irlandais Bram Stoker et publié en 1897, a reconnu l'importance du sang en disant que "Le sang est la vie". Cette idée n'est pas nouvelle puisque les rois mayas tentaient d'obtenir la grâce des dieux par des offrandes de sang. Au cours de l'histoire, beaucoup de tribus ont pratiqué l'hématophagie rituelle (consommation de sang en tant que source principale de nourriture) et l'anthropophagie (cannibalisme), traditions qui ont donné naissance aux images de certaines entités mythologiques telles que le loup-garou, le wendigo ou le vampire.

Au-delà du cannibalisme et des rituels de consommation de sang : la nécrophagie

Au-delà du cannibalisme, de nombreux rituels impliquaient la consommation de sang, mais dans l'histoire, il y eut également des rituels impliquant la pratique de la nécrophagie. Dans certaines tribus, lorsqu'un parent mourait, les descendants devaient consommer son cadavre dans son intégralité. Ce rituel pouvait durer des jours et parfois le cadavre commençait à se putréfier. En dépit de cet aspect, les descendants le consommaient intégralement afin de s'approprier le savoir et le pouvoir du parent décédé, et afin que les énergies spirituelles des ancêtres ne soient pas perdues.

Un rituel étrange continue d'être pratiqué dans certaines régions de l'Inde. Un certain jour de l'année, ceux qui ont des parents décédés et enterrés au cimetière, se rendent le matin au temple où ils inhalent une fumée résultant de la combustion d'un mélange spécial de plantes et de substances narcotiques. Une fois l'état d'extase atteint, le prêtre les conduit au cimetière où ils déterreront de leurs mains, leurs parents décédés pour mordre et mâcher des morceaux des cadavres. L'explication de ce rituel consiste dans l'idée que chaque bouchée rapprochera plus rapidement l'âme du défunt de la paix éternelle.

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Et il n'y a pas que les rituels qui ont un lien avec l'hématophagie, l'anthropophagie et la nécrophagie. Il existe sur notre planète une multitude de légendes qui parlent d'êtres surnaturels qui se nourrissent de chair et de sang humains. La mythologie grecque et romaine mentionne des êtres nommés Lamia, stryges et empuses qui consommaient du sang pour survivre. Outre le fait que le stryge et Lamia préféraient le sang frais des enfants et des nouveau-nés, le stryge pouvait aussi se nourrir du sang des jeunes hommes. Par ailleurs, les Grecs mentionnaient également dans leurs légendes certaines entités féminines qui venaient pendant le sommeil d'un individu pour lui sucer le sang.

Le sang dans les rituels religieux

Certaines religions interdisent toute forme de consommation de sang. La loi islamique parle du terme "najis", qui définit ce qui est impur dans le contexte du rituel religieux, "najasat" étant l'impureté rituelle qui peut être éliminée par la purification du jeûne et de la prière. Le Coran mentionne l'interdiction, sous quelque forme que ce soit, la consommation de sang. Consommer du sang ou de la nourriture préparée avec, est "haram", un acte coupable. Dans la tradition judaïque, la viande est complètement lavée avec beaucoup de soin avant de la cuire. L'argument qui soutient cette coutume se trouve dans le Lévitique où il est mentionné qu'il n'est pas permis de consommer du sang car "la vie de l'animal est dans le sang".

En ce qui concerne la religion chrétienne, dans ce contexte apparaît un type d'hématophagie rituelle. L'Eucharistie implique l'idée que le vin acheté au vigneron du coin puis utilisé, devient le sang du Christ qui est ensuite consommé par les croyants. La consommation de sang humain est rejetée comme une activité taboue et liée à l'anthropophagie. Dans le cinquième livre du Nouveau Testament, il est dit : « que vous vous absteniez de ce qui a été sacrifié aux idoles, et du sang, et de ce qui a été étranglé, et de l'impudicité. Si vous vous en tenez éloignés, vous ferez bien. »
Quant à l'hématophagie rituelle dans le cadre de l'Eucharistie, elle se justifie comme étant une nourriture spirituelle. La mythologie chrétienne comprend également des références au calice utilisé par le Christ lors de la Dernière Cène connu sous le nom de Saint Graal. Dans ce récipient de bois, le sang du Christ aurait été recueilli lors de la crucifixion et les légendes disent que tous ceux qui burent à ce calice devinrent immortels. Cependant, par Graal, les métaphysiciens sous-entendent bien autre chose qu'une ancienne coupe en bois. Il s'agit plus exactement de la composition électromagnétique de toute forme astrale qui pénètre dans le mental de l'être humain dans le but d'asservir son intelligence et de l'empêcher de voir au-delà du temps.

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L'anthropologie qui transforme
Le professeur Basil Johnston a présenté un wendigo qu'il  décrit comme suit : "Le Wendigo était maigre au point d’être émacié, sa peau desséchée tirait fortement sur ses os. Avec ses os pointant sous la peau, son teint gris cendré de mort et ses yeux repoussés profondément dans leurs orbites, le wendigo ressemblait à un squelette gaussant et récemment sorti de sa tombe. Les lèvres qu’il avait étaient en lambeaux et ensanglantées… Impur et souffrant de suppuration de la chair, le wendigo dégageait une odeur étrange et inquiétante de pourriture et de décomposition, de mort et de corruption". De cette façon, le wendigo symbolise l’idée de cupidité et d’excès surtout par le fait qu’il ne peut jamais être satisfait, indépendamment du nombre de victimes qu'il a tuées et mangées.
Le wendigo fait partie des êtres les plus terrifiants. C’est un esprit anthropophage qui peut induire l’état de possession. Possédé, l’individu prend la forme physique d’un monstre qui va satisfaire les tendances anthropophages de l’entité. On pense que ceux qui pratiquent l'anthropophagie peuvent être possédés beaucoup plus facilement par un wendigo, et ceux qui tuent un humain et consomment son cœur peuvent devenir, à leur tour, un wendigo.

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Un wendigo.

Certains nomades russes avaient l'habitude de boire le sang du premier ennemi tombé au combat, et les Mongols se nourrissaient parfois de sang de cheval pour survivre. Les habitants des Caraïbes étaient également des adeptes de l'anthropophagie, se nourrissant de chair et d'organes humains. Aujourd'hui, l'anthropophagie se rencontre encore au Korowai de Nouvelle-Guinée et de Mélanésie.

Même les histoires pour enfants ne sont pas exemptes de références à l'anthropophagie, l’exemple le plus connu étant « Hansel et Gretel ». Même les vieux mythes russes parlent de l’entité connue sous le nom de Baba Yaga, une sorcière du folklore slave. Elle a fait son apparition sous la forme d’une vieille femme qui volait des enfants pour se nourrir de leur chair.

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Baba Yaga.

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Message  Freya Mar 1 Fév 2022 - 17:32

L'image du vampire
Le vampire apparaît dans de nombreuses cultures du monde. En tant qu'entité mythologique, c'est un humain mort-vivant qui se nourrit de sang frais et qui est défini comme "le mort qui - après une punition ou une malédiction - quitte sa tombe la nuit et rend visite à ceux qui dorment pour sucer leur sang - sa seule nourriture" ou comme "un défunt qui sort de sa tombe la nuit pour torturer les vivants, boire leur sang et les tuer afin qu'eux aussi, à leur tour, deviennent des vampires ".

Les mythologies du monde entier parlent de plusieurs types de vampires y compris en Europe et il existe diverses descriptions pour les différents types de vampires. En ce sens, le revenant français et le strigoï roumain sont différents du krusnik et du kudlak des croyances istriennes. En tant que morts-vivants, les strigoï et les revenants sortent de leur tombe et vont tourmenter les vivants et en cela, les strigoï diffèrent du vampire occidental.

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Le vampire est le résultat de la transformation induite par une personne déjà atteinte d'hématophagie. Le strigoï sort de la tombe comme un mort-vivant après un grand mécontentement. Cela peut consister soit en une action qui a été entreprise contre lui de son vivant comme une grande offense, une grande peine, ou le fait qu'il ait été tué par quelqu'un, soit il peut s'agir d'un mécontentement posthume comme le fait que ses rituels funéraires n'aient pas été correctement accomplis. D'un côté, le strigoï a une justification mytho-folklorique liée à la peur de la mort et à la nécessité d'accomplir les funérailles de manière correcte. Encore plus différents des vampires occidentaux sont le krusnik et le kudlak, entités opposées trouvées dans une bataille éternelle, hors des deux, le kudlak étant l'entité de type vampirique.

L'image du vampire ne se limite pas à l'espace européen, la déesse akkadienne de la guerre et de la fertilité nommée Ishtar, a prononcé la menace suivante : "Je ressusciterai les morts, et ils mangeront les vivants, je ferai en sorte que les morts soient plus nombreux que les vivants." Le type de vampire asiatique le plus connu est le Jiang Shi chinois qui ne se nourrit pas de sang, mais du qi de ses victimes et qui représente l'essence vitale de chaque individu. Ainsi, exotique ou occidental, le vampire est présent dans de nombreuses cultures à travers le monde.

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Ishtar

Le vampire apparaît également en relation avec le désir de l'humain d'obtenir l'immortalité. Les légendes du monde entier parlent d'immortels qui se présentent sous diverses formes. Dans la bible hébraïque, Mathusalem aurait vécu plus de 900 ans et il était issu d'un peuple qui vécut très longtemps. Utnapishtim, l'ancêtre de Gilgamesh, est devenu immortel après avoir utilisé un certain type de plante. Les mythes chinois font de nombreuses références aux immortels, aux nains qui menaient de très longues vies et à l'élixir d'immortalité. Les immortels chinois vivaient dans les cieux, dans un monde caché dans les nuages, et ils ont fasciné les souverains chinois qui s'intéressaient à leur tour, au secret de l'immortalité. A cet égard, Ioan Petru Culianu a mentionné : "l'immortalité pourrait avoir un prix et ce prix pourrait être trop élevé".

La fascination qu'exerce le mythe du vampire sur l'imaginaire, s'est traduite par d'innombrables romans et films offrant de nouvelles visions de mythes séculaires voire les enrichissant. Le vampire occidental est un mort-vivant qui boit le sang des vivants pour survivre, lui, étant transformé en sa forme vampirique après la morsure d'un autre vampire, après une malédiction ou après le fait qu'il ait renié la foi religieuse. Sous sa forme d'être de la nuit, le vampire ne supporte pas l'argent, les objets sacrés, l'ail et autres objets mentionnés dans les nombreuses légendes sur le sujet. Or, ce qui fascine consiste dans la séduction qu'exerce le vampire malgré le fait qu'il soit un mort-vivant.

Une cryptide hématophage

Parmi les êtres mystérieux qui se nourrissent de sang, on ne peut oublier le Chupacabra qui consomme du sang animal, surtout du sang de chèvre. Son étude relève de la base de connaissances connue sous le nom de cryptozoologie, la science qui traite des animaux et des êtres dont l'existence n'a pas encore pu être prouvée avec certitude. De cette façon, le Chupacabra représente un cryptide. Dans la même situation, il y a aussi Tokoloshe, Bigfoot, le monstre du Loch Ness, Lusca le ver de la mort mongol, le Yeti, l'Iguanodon, le Mokélé-Mbembé, le Yowie et d'autres encore.

Les premiers récits liés au Chupacabra sont apparus au Mexique, d'où ils se sont répandus en Amérique centrale, en Amérique du Nord et au Chili. Les habitants sont allés demander l'aide des autorités car ils ont trouvé leurs animaux tués de manière barbare, déchiquetés et vidés de leur sang. La plupart des animaux morts étaient des chèvres qui avaient été mordues au cou et dont le corps avait été entièrement vidé de son sang. Certaines personnes ont déclaré avoir vu le coupable et, même si au fil du temps, les descriptions ont commencé à différer, au départ, le Chupacabra était décrit comme une créature avec de grands yeux, des griffes acérées et une rangée de pointes dorsales, et comme étant de la taille d'un ourson.

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Le Chupacapra.

De nouveaux récits sur les Chupacabra sont apparus aux Philippines et en Russie, et la presse a commencé à s'intéresser au sujet ce qui a lancé de nombreuses discussions sur ce thème, certains soutenant l'idée des origines extraterrestres de la créature, et d'autres essayant d'expliquer qu'il ne s'agissait que de coyotes infectés par la gale.

Contrairement à d'autres espèces prédatrices, le Chupacabra vide entièrement de son sang le corps de sa proie, et des témoins oculaires ont rapporté que l'être a une peau de reptile, un museau avec de grandes dents en forme de sabre et une langue fourchue. Toujours d'après les descriptions, cette créature peut parcourir de grandes distances comme les kangourous en sautant et il y a eu des situations où les témoins ont dit qu'ils avaient vu l'être faire des bonds de plus de six mètres. Malgré le manque de preuves scientifiques, pour les habitants de l'Amérique centrale, la peur du Chupacabra n'a pas du tout diminué !

Tendances anthropophages
Dans le monde des insectes, il existe certaines espèces qui pratiquent le comportement du cannibalisme sexuel. Les araignées de l'espèce Latrodectus pratiquent ce type de comportement. En fait, le nom d'araignée mortelle ou de "veuve noire" leur a été donné. Le même comportement apparaît également chez les mantes religieuses, un insecte qui, pendant ou à la fin de l'acte sexuel, mord la tête de son partenaire. Pline l'Ancien parle dans "Naturalis Historiae" d'une espèce d'oiseau anthropophage. Ces oiseaux semblables à des autruches vivaient sur une île isolée et moins connue. En dépit d'une nourriture abondante et variée sur cette île, ils se mangeaient les uns les autres. Par ce comportement anthropophage, les oiseaux ont opéré une sélection naturelle qui a permis la survie des plus résistants et des mieux adaptés.

Le Chupacabra : Légende d'une cryptide suceuse de sang en Amérique latine

Les vampires sumériens ont inspiré les histoires de Baobhan Sith suceur de sang, Satan et Dracula
Semblable à l'insecte nommé la mante religieuse, dans la mythologie européenne, l'entité démoniaque connue sous le nom de succube agit comme un prédateur sexuel. Le démon a à la fois la variante féminine nommée succube et la variante masculine nommée incube. Tandis que l'incube s'accouple avec des femmes qu'il tue en absorbant leur énergie vitale lors de l'acte sexuel, la succube s'accouple avec des hommes qu'elle tue à la fin de l'acte sexuel pour consommer leur chair comme nourriture.

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Des histoires sur les tendances anthropophages existent également au Japon où Yama-uba, vielle femme hideuse anthropophage en kimono, se nourrissait essentiellement de la chair de nouveau-nés de préférence, mais aussi de celle d'adultes. Mais, lorsque Yama-uba vit le petit orphelin Kintarou, fils du guerrier Kintoki de Kyoto et dont le nom signifie garçon doré, elle ne le tua pas, mais l'éleva avec amour et soin. Il grandit et devint Sakata no Kintoki, le célèbre héros des légendes japonaises.

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Kintarou

Ainsi, on peut dire que l'hématophagie, l'anthropophagie et la nécrophagie furent inclus dans les mythes du monde entier depuis l'Antiquité, donnant naissance à des légendes et à des êtres fantastiques qui restent connus et presque aussi puissants dans les mondes modernes dans lesquels nous vivons.

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Références :

Jean Abbott. 2000. Rituel et croyance indiens : les clés du pouvoir. Manohar Editeurs et Distributeurs

Anil Kumar Dwivedi. 2006. Encyclopédie des coutumes et rituels indiens. Publications d'Anmol

Sibelan Forrester. 2013. Baba Yaga: La sorcière sauvage de l'Est dans les contes de fées russes. Presse universitaire du Mississippi

Basile Johnston. 1990. Patrimoine Ojibway. Presse de l'Université du Nebraska

Claude Lecouteux. 2010. L'histoire secrète des vampires : leurs formes multiples et leurs buts cachés. Traditions intérieures Ours et compagnie

Scott Lewis. 2018. Mythologie mésopotamienne : histoires classiques de la mythologie sumérienne, de la mythologie akkadienne, de la mythologie babylonienne et de la mythologie assyrienne. Publié indépendamment

Gilles Morgan. 2005. Le Saint Graal. Livres d'Oldcastle

Pline l'Ancien. 199. Histoire naturelle.

Benjamin Radford. 2011. Tracking the Chupacabra : The Vampire Beast in Fact, Fiction and Folklore. Presse de l'Université du Nouveau-Mexique

Noriko Tsunoda Reider. 2021. Sorcières des montagnes : Yamauba. Presse universitaire du Colorado

Patricia Ruche. 2016. Les mangeurs de sang : hématophagie mythologique. Lulu

Shawn Smallman. 2015. Esprits dangereux : Le Windigo dans le mythe et l'histoire. Livres de pierre grise

Bram Stoker. 1997. Dracula. Éditions Wordsworth

Lihui Yang. 2005. Manuel de mythologie chinoise. ABC CLIO
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