Comment définissez-vous la philosophie ?

Comment définissez-vous la philosophie ?
A votre avis, pensez-vous qu'elle peut être définie comme une étude de la source fondamentale de tout ce qui existe, ainsi que des principes par lesquels les choses opèrent ? Et qu'elle pourrait être décrite comme un amour de la sagesse ?

Étymologiquement, philosophie signifie "amour de la sagesse", ce que l'on peut comprendre comme "recherche de la connaissance" en général. Ainsi, jusqu'au 17^ème siècle la science se confondait avec la philosophie. Mais la pensée n'était pas libre pour autant, elle devait encore être conforme aux dogmes de l'Eglise.
Le "siècle des lumières" mit fin à la dictature de l'Eglise sur la science mais au prix de la séparation entre science et philosophie qui intervint à la suite de la distinction par Descartes dans ses Méditations Métaphysiques des choses de la matière mesurable (res extensa) et des choses de l'esprit (res cogitans). Si Descartes, homme inspiré de la Renaissance et de son néoplatonisme, comprenait cette distinction comme une complémentarité lorsqu'il affirmait "je pense donc je suis" (cogito ergo sum), ses épigones par contre, les cartésiens, transformèrent cette complémentarité en dualisme radical entre incompatibles: physique et métaphysique.
C'est que les cartésiens ont repris de l'Eglise, qu'ils rejetaient par ailleurs, sans esprit critique ni doute, la même logique scolastique intolérante fondée sur le principe aristotélicien de contradiction exclue.

Aujourd'hui cette situation de dualité entre science et philosophie et d'intolérance de la contradiction perdure comme on peut d'ailleurs le constater dans les discussions confuses et sans issue des forums de métaphysique, religion, déisme, athéisme et tutti quanti.
Personnellement je reviens au sens étymologique global du terme philosophie et je réserve le terme métaphysique au niveau spécifique de la raison qui fait le pont entre Science et Tradition, entre le niveau physique mesurable et le niveau spirituel inexprimable. (voir le sujet "les trois niveaux de la connaissance")

je n'aurais pas d'autre définition à donner que celle du dictionnaire.
Nous n'avons aucune formation scolaire à la philosophie, en Belgique, et je pense que c'est une sérieuse lacune. J'ai essayé de lire "le monde de Sophie" pour combler cette lacune, mais j'ai abandonné tant je le trouvais ennuyeux. Par contre, la philosophie dérivée des sciences me passionne, comme Prigogyne, mais hélas, inaccessible pour moi...

J'ai eu 6 heures de philosophie thomiste et aristotélicienne par semaine pendant les deux dernières années de Lycée, données par le recteur du collège, un ecclésiastique, qui tenait à donner lui-même ses cours, ce qu'il faisait en mettant toujours l'accent sur le bon sens. C'est ce que j'ai reçu de meilleur du collège. Il n'y avait (presque) rien de théologique dans ces cours Mais mon éducation protestante m'a pourvu aussi de sens critique.

Dans ce collège catholique on ne nous parlait pas des philosophes modernes. A l'inverse, je constate qu'aujourd'hui, en France, on n'enseigne plus que des philosophes d'après la révolution, négligeant toutes les traditions antérieures ou extra-européennes, dans la croyance que l'humanité progresse toujours et ne régresse jamais...

est-ce que je me trompe en disant que les "anciens" (ex: philosophes grecs) faisaient de la philosophie "pure", mais que par la suite, elle est parfois de la masturbation mentale (excusez moi pour le terme).

"masturbation mentale" peut s'appliquer à certains philosophes parmi les plus modernes, même si l'expression ne doit pas être généralisée.

Ce qui est un fait, c'est que jusqu'à Descartes, et pour lui y compris, science et philosophie c'était la même chose. En séparant science et philosophie, physique et métaphysique, la philosophie sans base physique a tendance à n'être que pure spéculation mentale.
Mais même la physique théorique, qui est une sorte de métaphysique fondée essentiellement sur les mathématiques depuis Einstein, s'est éloignée de la réalité physique et a tendance à la spéculation effrènée qui peut être appelée "masturbation mentale"(trous de vers, expansion de l'univers, univers parallèles etc.)

Salut vous deux,

Mais même la physique théorique, qui est une sorte de métaphysique fondée essentiellement sur les mathématiques depuis Einstein, s'est éloignée de la réalité physique et a tendance à la spéculation effrènée qui peut être appelée "masturbation mentale"(trous de vers, expansion de l'univers, univers parallèles etc.)

Je suis parfaitement d'accord avec toi Pat, et la "Reptation" aussi (voir mon site web ci-contre). C'est malheureux qu'il n'y ait pas d'avantage de chercheurs qui s'insurgent, mais comment s'insurger quand on n'a rien de concret à se mettre sous la dent. Il y a quatre ans, je ne m'intéressais pas du tout à la philosophie, mais depuis que j'ai imaginé que rien ne pouvait bouger s'il n'y avait aucune interaction, j'ai compris que notre propre pensée venait vraisemblablement du même principe. Ma philosophie maintenant vient de cette règle fondamentale que les atomes respectent depuis des milliards d'années: il n'y a ni vérité ni absolu, il faut simplement prendre le temps de s'accorder ensembles si nous voulons durer, car c'est la seule manière d'avancer sans se percuter. D'ailleurs, c'est un peu la formule que nos forums de discussion nous permettent de pratiquer.

Je suis d'avis que non seulement la physique mais toute la pensée contemporaine doit subir une mutation. Au lieu de voir l'univers comme un Etre, comme l'enseignent les monothéismes, il faut voir l'univers comme un Devenir, comme l'enseignent les cosmologies traditionnelles orientales.
La physique est enracinée dans la métaphysique par ses axiomes. Le problème est qu'elle doit changer d'axiomes, de la matière au mouvement et de la particule vers l'onde.
Jusqu'à Descartes y compris, sciences et philosophie étaient pareilles. Ces sont les successeurs de Descartes, les cartésiens du siècle des lumières (que j'appelle des lampions) qui sont responsable de la séparation de la matière et de l'esprit.

Voici comment Paul du Breuil définit la philosophie dans « ZARATHOUSTRA et la transfiguration du monde » (p. 93)

L’étymologie première du mot philosophie entendait bien le sens philo (aimant) et de sophia (sagesse), contrairement à la déviation au seul sens intellectuel de philo (aimant) et sophein = savoir. L’amoureux de la sagesse (sophia/mazdah) n’a plus rien de commun avec la démarche purement cérébrale du philosophe péripatéticien.

Entre ces deux voie, comme le souligne un Dictionnaire de philosophie : « l’ambiguïté de la notion antique de « sagesse », qui évoque à la fois un savoir de la vérité et une pratique de la morale, devait susciter deux interprétations de la philosophie », la première rationnelle, remonte aux physiciens ioniens et, partiellement reprise par Aristote, se développe dans le positivisme. La seconde, issue en fait de Zarathoustra, mais qui se recommande traditionnellement de Socrate, Platon et Kant, considère la philosophie selon son étymologie première de recherche première et apprentissage de la vertu en fonction de notre devenir spirituel. La trahison d’Aristote en vers le Maître de l’Académie prend un relief étonnant. Consacrée par les sophistes et l’école péripatéticienne, elle opéra une tragique déspiritualisation par l’usage d’un mot originellement pieux, pour désigner finalement toute dialectique, fût-elle matérialiste ! Le divorce fut terrible de conséquences, le philosophe ne devenant plus qu’un spéculateur de gymnastique intellectuelle qui, ne s’appuyant plus ni sur la vie ni sur le cœur, rompt la triade des pensées, paroles et actions pures, au seul profit du verbe creux, qui ne ramasse plus que des miettes de sagesse.

Bonjour tout le monde



Le terme philosophie a été "inventé" par Pythagore pour
désigner ceux qui comme lui cultive l'amour de la sagesse.


Dans la mesure
où celui qui aime n'a pas peur,
tandis que celui qui a peur n'aime pas


Même s'il n'y a pas d'inverse pour une pomme,
la peur mesure l'inverse de l'amour
comme la folie mesure l'inverse de la sagesse.