Philosophie holistique et modèle systémique
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Philosophie holistique et modèle systémique
Première partie:
Définition, principes épistémologiques et logiques.
1 - Définitions de la systémique
2 - Histoire et évolution de la pensée philosophique
3 - Insuffisance et unilatéralité de la méthode scientifique
4 - Les trois niveaux de la réalité, de la connaissance et de la logique
5 - Genèse et hiérarchie de la connaissance
6 – L'auto-organisation des "structures dissipatives" de Prigogine
7 – Les themata de Holton dans l'imagination scientifique
8 – Modèle systémique et épistémologiques
9– Modèles cosmologiques traditionnels
Seconde partie:
Applications des principes systémiques en sociologie, médecine, et physique.
10 - Systémique de la connaissance et de la communication
11 - Systémique des relations sociales.
12 - Principes systémiques de l'organisation biologique.
13 - Principes de diagnostic systémique.
14 - Principes de thérapie systémique.
15 -Les principes classiques matérialistes de la physique relativiste et quantique
16 - Les principes systémiques dynamiques de la mécanique ondulatoire
17 - Nouvelles théories de mécanique quantique ondulatoire.
18 - Nouvelles théories de physique macroscopique et de cosmologie
19 - Synthèse et conclusion
Les sciences ont multiplié les connaissances qui ont conduit à de nombreuses applications utiles. Mais en même temps cette multiplication a conduit à une fragmentation du savoir en spécialisations qui rendent paradoxalement la compréhension des objets animés de la nature, de l'homme et de l'univers en général de plus en plus difficile. Plus le savoir pénètre les détails particuliers de la nature plus il s'éloigne de la compréhension de l'ensemble et moins il permet de saisir l'unité qu'est l'individu vivant.
L'approche systémique, aussi appelée holistique, est une réaction à cette difficulté. A l'inverse de la méthode scientifique qui considère les structures complexes, telles que les êtres vivants, comme des composés matériels qu'elle analyse en les décomposant en parties, la méthode systémique cherche à décrire l'organisation globale des relations qui unissent les parties, qui en font un tout, une unité appelée système.
Définition du système en général
Le père de la systémique, Ludwig von Bertalanffy, écrivit dans sa "Théorie des systèmes en général" :
La conception moderne de la réalité, la présente comme un gigantesque ordre hiérarchique composé d'êtres organisés qui mène, par la superposition de nombreux étages, des systèmes physiques et chimiques aux systèmes biologiques et sociologiques. L'unité des sciences est obtenue, non pas par une réduction utopique de toutes les sciences à la physique et à la chimie, mais grâce aux uniformités structurelles qui existent entre les différents niveaux de la réalité.[1]
Il reconnaissait en effet des uniformités dans l'organisation de tout ensemble organisé complexe, des similitudes qu'il appelait aussi des homologies. La recherche systémique consiste donc à reconnaître ce qui est commun à tout organisme complexe, aux systèmes en général.
Les définitions du système proposées par différents auteurs [2] convergent pour le décrire comme une unité, une totalité, un ensemble d'éléments organisés par les relations ou interactions. Ce ne sont pas les éléments qui définissent le système mais les relations entre les éléments.
Le système est une unité, un tout organisé caractérisé par
Le principe de la structure systémique est construit hiérarchiquement selon le processus fractal. Il peut être schématisé selon la figure suivante ou d'autres images présentées ICI:
Chaque système est un élément composant d'un système d'ordre supérieur tout en étant composé lui-même d'éléments ou systèmes d'ordre inférieur. L'ordre hiérarchique s'étage ainsi par niveaux entre des limites minimale et maximale. Mais cet ordre n'est jamais entièrement rigide et déterminé comme un cristal, car l'ordre est avant tout assuré par la mobilité des relations et le dynamisme des interactions entre les éléments. La question d'organisation que pose la recherche systémique est doncla suivante: Quelles sont les principes premiers et les relations logiques qui permettent à un système ouvert tel que l'être vivant de conserver son identité tout en évoluant dans le temps depuis la naissance ou création jusqu'à la mort ou destruction.
Les théories des systèmes
Ludwig von Bertalannfy, biologiste de formation, s'intéressait aux systèmes ouverts en général, tels qu'ils existent dans la nature. Mais avant lui, il y avait déjà des courants de pensée cherchant à modéliser les entreprises ou sociétés humaines selon des circuits de causes à effets. Cela fut formalisé plus tard par la cybernétique, une théorie mathématique de la communication, dont émergeront l'informatique et la robotique.
Après lui, se développèrent plusieurs courants se réclamant de la systémique. On distingue une science des systèmes, qui étudie des systèmes particuliers et une technologie des systèmes. Il y a aussi une "théorie systémique" appliquée par les sociologues et psychologues à la communication sociale et en particulier à la théorie familiale qui est appelée école de Palo Alto et s'est inspirée essentiellement de la cybernétique et du pragmatisme américain.
Ces courants ne se différencient pas nettement des principes analytiques et déterministes de la méthode scientifique. Leur conception systémique se fonde essentiellement sur des mécanismes déterministes d'autorégulation, la régulation par rétroaction (feed-back) de systèmes déterministes fermés.
La philosophie du système en général
Une issue vers une approche de l'organisation biologique en tant que système ouvert autonome, telle que l'anticipait L. von Bertalanffy, ne s'est présentée que depuis les années 1970/80 avec la théorie des chaos, la théorie de l'information de H. Atlan, la théorie fractale de B. Mandelbrodt, et surtout avec les "structures dissipatives" de I. Prigogine. Ses études du comportement thermodynamique et quantique des systèmes physico-chimiques complexes ont montré que ceux-ci sont capables d'adaptation spontanée aux influences aléatoires de l'environnement, non seulement par rétroaction dans le sens classique déterministe de l'autorégulation, mais par transformations internes qui conduisent à la création de nouvelles formes et structures.
Mais la conséquence de la découverte de Prigogine, la fin des certitudes du déterminisme scientifique, a du mal à être acceptée et appliquée en science dont elle falsifie partiellement les principes et théories. Il faut reconnaître que l'auto-organisation des systèmes ouverts conduit à un changement dans la conception de l'univers et de la vie, un changement de paradigme. La systémique est destinée à devenir la philosophie du système en général comme le concevait L. von Bertalanffy. Le monde n'est pas seulement un "être" dans le sens de l'ontologie aristotélicienne, mais aussi et surtout un "devenir ", une création continue. En raison même de son postulat holistique, la philosophie du système est à l'opposé de la méthode empirique et analytique classique des sciences.
La vision globale concerne aussi les conditions de la connaissance. Elle concerne les neurosciences mais elle concerne aussi les sciences physiques, la relativité et la mécanique quantique où l'inséparabilité dans la relation entre l'expérimentateur et le dispositif expérimental a fait resurgir la question de la connaissance, de la relation entre le sujet et l'objet. Cette question épistémologique fondamentale a été esquivée par la séparation cartésienne radicale entre les objets mesurables des sciences physiques considérées comme objectives et les idées et symboles des sciences humaines considérées comme subjectives, voire illusoires.
La relation de l'homme avec l'univers qui resurgit a été de tous temps à l'origine de la philosophie, mot qui signifie amour ou culture de la connaissance ou sagesse. La systémique en tant qu'approche holistique ne peut pas éviter cette question de la relation entre la connaissance et la réalité qui a fait l'objet de toute tradition philosophique ou spirituelle. Les développements qui vont suivre montreront que la philosophie des systèmes est proche de la Tradition. Elle fait redécouvrir le sens et la logique de philosophies oubliées. Il est donc utile et nécessaire de jeter un regard sur l'évolution particulière de la pensée occidentale, depuis ses origines antiques jusqu'à la révolution scientifique.
[1] L. von Bertalanffy, "Théorie générale des systèmes", p. 85.
[2]Daniel Durand, "La systémique", puf, collection "Que sais-je", p 7 et 8.[/i]
Définition, principes épistémologiques et logiques.
1 - Définitions de la systémique
2 - Histoire et évolution de la pensée philosophique
3 - Insuffisance et unilatéralité de la méthode scientifique
4 - Les trois niveaux de la réalité, de la connaissance et de la logique
5 - Genèse et hiérarchie de la connaissance
6 – L'auto-organisation des "structures dissipatives" de Prigogine
7 – Les themata de Holton dans l'imagination scientifique
8 – Modèle systémique et épistémologiques
9– Modèles cosmologiques traditionnels
Seconde partie:
Applications des principes systémiques en sociologie, médecine, et physique.
10 - Systémique de la connaissance et de la communication
11 - Systémique des relations sociales.
12 - Principes systémiques de l'organisation biologique.
13 - Principes de diagnostic systémique.
14 - Principes de thérapie systémique.
15 -Les principes classiques matérialistes de la physique relativiste et quantique
16 - Les principes systémiques dynamiques de la mécanique ondulatoire
17 - Nouvelles théories de mécanique quantique ondulatoire.
18 - Nouvelles théories de physique macroscopique et de cosmologie
19 - Synthèse et conclusion
Définition de la méthode systémique
Les sciences ont multiplié les connaissances qui ont conduit à de nombreuses applications utiles. Mais en même temps cette multiplication a conduit à une fragmentation du savoir en spécialisations qui rendent paradoxalement la compréhension des objets animés de la nature, de l'homme et de l'univers en général de plus en plus difficile. Plus le savoir pénètre les détails particuliers de la nature plus il s'éloigne de la compréhension de l'ensemble et moins il permet de saisir l'unité qu'est l'individu vivant.
L'approche systémique, aussi appelée holistique, est une réaction à cette difficulté. A l'inverse de la méthode scientifique qui considère les structures complexes, telles que les êtres vivants, comme des composés matériels qu'elle analyse en les décomposant en parties, la méthode systémique cherche à décrire l'organisation globale des relations qui unissent les parties, qui en font un tout, une unité appelée système.
Définition du système en général
Le père de la systémique, Ludwig von Bertalanffy, écrivit dans sa "Théorie des systèmes en général" :
La conception moderne de la réalité, la présente comme un gigantesque ordre hiérarchique composé d'êtres organisés qui mène, par la superposition de nombreux étages, des systèmes physiques et chimiques aux systèmes biologiques et sociologiques. L'unité des sciences est obtenue, non pas par une réduction utopique de toutes les sciences à la physique et à la chimie, mais grâce aux uniformités structurelles qui existent entre les différents niveaux de la réalité.[1]
Il reconnaissait en effet des uniformités dans l'organisation de tout ensemble organisé complexe, des similitudes qu'il appelait aussi des homologies. La recherche systémique consiste donc à reconnaître ce qui est commun à tout organisme complexe, aux systèmes en général.
Les définitions du système proposées par différents auteurs [2] convergent pour le décrire comme une unité, une totalité, un ensemble d'éléments organisés par les relations ou interactions. Ce ne sont pas les éléments qui définissent le système mais les relations entre les éléments.
Le système est une unité, un tout organisé caractérisé par
- une structure complexe d'éléments reliés dans un ordre hiérarchique, (matériel)
- une organisation des relations et interactions entre les éléments,
- une identité conservée tout en évoluant dans le temps.
Le principe de la structure systémique est construit hiérarchiquement selon le processus fractal. Il peut être schématisé selon la figure suivante ou d'autres images présentées ICI:
Chaque système est un élément composant d'un système d'ordre supérieur tout en étant composé lui-même d'éléments ou systèmes d'ordre inférieur. L'ordre hiérarchique s'étage ainsi par niveaux entre des limites minimale et maximale. Mais cet ordre n'est jamais entièrement rigide et déterminé comme un cristal, car l'ordre est avant tout assuré par la mobilité des relations et le dynamisme des interactions entre les éléments. La question d'organisation que pose la recherche systémique est doncla suivante: Quelles sont les principes premiers et les relations logiques qui permettent à un système ouvert tel que l'être vivant de conserver son identité tout en évoluant dans le temps depuis la naissance ou création jusqu'à la mort ou destruction.
Les théories des systèmes
Ludwig von Bertalannfy, biologiste de formation, s'intéressait aux systèmes ouverts en général, tels qu'ils existent dans la nature. Mais avant lui, il y avait déjà des courants de pensée cherchant à modéliser les entreprises ou sociétés humaines selon des circuits de causes à effets. Cela fut formalisé plus tard par la cybernétique, une théorie mathématique de la communication, dont émergeront l'informatique et la robotique.
Après lui, se développèrent plusieurs courants se réclamant de la systémique. On distingue une science des systèmes, qui étudie des systèmes particuliers et une technologie des systèmes. Il y a aussi une "théorie systémique" appliquée par les sociologues et psychologues à la communication sociale et en particulier à la théorie familiale qui est appelée école de Palo Alto et s'est inspirée essentiellement de la cybernétique et du pragmatisme américain.
Ces courants ne se différencient pas nettement des principes analytiques et déterministes de la méthode scientifique. Leur conception systémique se fonde essentiellement sur des mécanismes déterministes d'autorégulation, la régulation par rétroaction (feed-back) de systèmes déterministes fermés.
La philosophie du système en général
Une issue vers une approche de l'organisation biologique en tant que système ouvert autonome, telle que l'anticipait L. von Bertalanffy, ne s'est présentée que depuis les années 1970/80 avec la théorie des chaos, la théorie de l'information de H. Atlan, la théorie fractale de B. Mandelbrodt, et surtout avec les "structures dissipatives" de I. Prigogine. Ses études du comportement thermodynamique et quantique des systèmes physico-chimiques complexes ont montré que ceux-ci sont capables d'adaptation spontanée aux influences aléatoires de l'environnement, non seulement par rétroaction dans le sens classique déterministe de l'autorégulation, mais par transformations internes qui conduisent à la création de nouvelles formes et structures.
Mais la conséquence de la découverte de Prigogine, la fin des certitudes du déterminisme scientifique, a du mal à être acceptée et appliquée en science dont elle falsifie partiellement les principes et théories. Il faut reconnaître que l'auto-organisation des systèmes ouverts conduit à un changement dans la conception de l'univers et de la vie, un changement de paradigme. La systémique est destinée à devenir la philosophie du système en général comme le concevait L. von Bertalanffy. Le monde n'est pas seulement un "être" dans le sens de l'ontologie aristotélicienne, mais aussi et surtout un "devenir ", une création continue. En raison même de son postulat holistique, la philosophie du système est à l'opposé de la méthode empirique et analytique classique des sciences.
La vision globale concerne aussi les conditions de la connaissance. Elle concerne les neurosciences mais elle concerne aussi les sciences physiques, la relativité et la mécanique quantique où l'inséparabilité dans la relation entre l'expérimentateur et le dispositif expérimental a fait resurgir la question de la connaissance, de la relation entre le sujet et l'objet. Cette question épistémologique fondamentale a été esquivée par la séparation cartésienne radicale entre les objets mesurables des sciences physiques considérées comme objectives et les idées et symboles des sciences humaines considérées comme subjectives, voire illusoires.
La relation de l'homme avec l'univers qui resurgit a été de tous temps à l'origine de la philosophie, mot qui signifie amour ou culture de la connaissance ou sagesse. La systémique en tant qu'approche holistique ne peut pas éviter cette question de la relation entre la connaissance et la réalité qui a fait l'objet de toute tradition philosophique ou spirituelle. Les développements qui vont suivre montreront que la philosophie des systèmes est proche de la Tradition. Elle fait redécouvrir le sens et la logique de philosophies oubliées. Il est donc utile et nécessaire de jeter un regard sur l'évolution particulière de la pensée occidentale, depuis ses origines antiques jusqu'à la révolution scientifique.
[1] L. von Bertalanffy, "Théorie générale des systèmes", p. 85.
[2]Daniel Durand, "La systémique", puf, collection "Que sais-je", p 7 et 8.[/i]
Dernière édition par resurgence le Ven 6 Juin 2014 - 16:13, édité 25 fois (Raison : mise à jour)
II - Histoire et évolution de la pensée philosophique
L'approche systémique est un changement dans la conception de l'univers, un changement de paradigme par rapport à la méthode scientifique classique. L'univers n'est plus seulement considéré comme un "être" fixe, dans le sens de l'ontologie aristotélicienne, mais aussi et surtout comme un "devenir " global, un réseau de relations et interactions. Cette mutation de l'être vers le devenir concerne les conditions de la connaissance et de la logique. La conception moderne d'un univers dynamique se rapproche de philosophies traditionnelles. Il est donc utile et nécessaire de jeter un regard sur l'évolution particulière de la pensée occidentale, depuis ses origines grecques jusqu'à la révolution scientifique.
Etre ou Devenir des philosophes grecs
Au 5ème siècle avant notre ère, Parménide expliquait l’univers par l’être statique et Héraclite l’expliquait par le devenir dynamique.
Un siècle plus tard, Platon essaya de réunir l’être et le devenir. Il symbolisa la hiérarchie de la connaissance par l'allégorie de la caverne: Le monde perceptible par les sens est symbolisé par l’observateur enchaîné dans l'obscurité au fond de la caverne. Celui-ci ne voit que des ombres projetées sur la paroi à laquelle il fait face. L'homme libéré qui monte vers la sortie, rencontre les Formes mouvantes dont les yeux n'avaient vu que les ombres. Elles symbolisent les Idées, les principes intelligibles permanents dont les choses observables ne sont que des ombres, des projections fugaces. En montant vers la sortie, l'observateur est ébloui par la lumière divine, où toutes les Formes sont confondues dans l'Un lumineux.
Platon précisait dans Phédon, que le sens des "Idées" se présentait par paires de contraires comme beau et laid, juste et injuste, grand et petit. Il expliquait que ces qualités contraires sont complémentaires; elles représentent des états alternant dans un devenir cyclique.
Mais Aristote rejeta l'existence d'Idées ou principes intelligibles en tant que réalités permanentes et universelles. Se ralliant à l’empirisme des physiciens ioniens, il soutint que la connaissance est fondée seulement sur l'observation par les sens et que par conséquent, la vérité est unique. En effet, la perception d'une qualité en un endroit et à un moment précis est unique. Ce qui est vu blanc ne peut pas être dit noir ni gris. C'est pourquoi la logique d'Aristote, la logique de l'observation, exige des vérités absolues. Elle est fondée sur les principes d'identité, de contradiction exclue et de tiers exclu. Ceux-ci signifient que l'objet qui est blanc est blanc, il ne peut pas être le contraire noir, ni avoir un ton intermédiaire gris. La vérité d'Aristote n'admet pas de nuances.
L'Un dans le Trois du néoplatonisme
Au 3ème siècle, à Alexandrie, les néoplatoniciens Ammonios Saccas et Plotin cherchèrent à concilier ce qui est commun aux philosophies grecques et aux sagesses orientales et formulèrent trois hypostases, correspondant aux niveaux de Platon:
- l'Un, absolu, ineffable;
- l'Intelligence, l'ordre intelligible de l'univers dont l'unité procède de l'Un absolu;
- l'Âme : principe d'identité des personnes et objets individuels, dont l'unité procède de l'ordre intelligible.
Unité et dualisme manichéen dans la foi augustinienne
Augustin évêque d'Hippone, principal "Père de l'Eglise" latine était attiré dans sa jeunesse par le manichéisme, avant de connaître le néoplatonisme. Pour le manichéisme, le monde est un combat entre le Bien et le Mal alors que pour les néoplatoniciens, le Bien est identifié à l'Un et le mal ne vient que d'un défaut d'unité. La théologie d'Augustin qui influença tout le Moyen-âge associait en quelque sorte le néoplatonisme à une forme de manichéisme puisque l'unité et bonté divine de la création est entaché par le mal sous la forme du péché originel. Le sort de l'homme est déterminé par sa foi et la grâce divine.
Vérité unique révélée de la scolastique thomiste
C'est seulement au 13ème siècle que le dominicain Thomas d'Aquin découvrit Aristote. L'ontologie et la logique aristotélicienne devint progressivement la philosophie de la scolastique sous le nom de thomisme. Dieu n'est plus l'Un et le Bien du néoplatonisme chrétien. Il devient la Vérité suprême et le mal devient la contradiction de la vérité, le mensonge, combattu par le jugement de la "Sainte Inquisition".
Le néoplatonisme chrétien fut progressivement occulté. Les derniers néoplatoniciens remarquables furent Nicolas de Cusa et Giordano Bruno. Ce dernier fut condamné pour ses critiques des doctrines cosmologiques d'Aristote et de l'Eglise et supplicié en 1600; ce qui n'était pas seulement un drame humain mais aussi un drame de civilisation.
Vérité unique empirique de la Science classique
En réaction aux vérités étroites du dogmatisme scolastique et à la cosmologie géocentrique d'Aristote, un changement de paradigme intervint dès le 16ème siècle, à la suite des découvertes et conceptions nouvelles de nombreux savants (Copernic, Kepler, Galilée, F. Bacon, Descartes, Newton). Ce fut la révolution scientifique fondée sur l'observation et l'expérimentation, la mesure et la formalisation mathématique des phénomènes naturels.
Une nouvelle occultation des principes universels néoplatoniciens intervint avec la distinction par Descartes des choses de l'esprit (res intensa) et des choses de la nature (res extensa). Alors que ce philosophe de la Renaissance tardive, encore proche du néoplatonisme, considérait sans doute cette distinction comme une complémentarité, les cartésiens positivistes du 18ème siècle l'interprétèrent comme une séparation selon le principe de contradiction exclue de la logique d'Aristote. Dorénavant, libérée des principes universels reliant matière et esprit, la science, suivant sa méthode analytique, se contenta d'une description mathématique quantitative, dépourvue de sens qualitatif, des phénomènes de la nature pour pouvoir l'exploiter. De leur côté, les philosophes et théologiens, émancipés des doctrines traditionnelles et abandonnant la cosmologie à la science, pouvaient se livrer librement aux spéculations sur leur perception subjective du monde et des relations humaines.
Retour à l'unité et complémentarité des contraires
Cependant la mécanique quantique découvrit les symétries des propriétés fondamentales de la matière, perçues comme des paradoxes, contraires à la logique aristotélicienne, ainsi que l'inséparabilité des phénomènes quantiques. L'interaction de l'expérimentateur avec son dispositif expérimental jetait un doute sur l'objectivité absolue de l'expérience. Ces découvertes obligèrent à une réflexion sur l'unité de l'univers et sur l'origine et les conditions de la connaissance et de la logique. C'est ainsi qu'apparurent des théories physiques plus proches de la philosophie que de la science tels que le holomouvement de David Bohm, ou la théorie "bootstrap". C'est ainsi aussi qu' apparut la théorie du système de L. von Bertalannfy et une logique de complémentarité des contraires avec le principe d'antagonisme de S. Lupasco.
Depuis les année 1970/80, de nouveaux moyens technologiques et informatiques sont venus compléter la méthode scientifique classique. De nouvelles découvertes ont été faites qui changent la conception de la vie et de l'univers. La science comme tout le reste des activités humaines est dans une phase de transition, une crise systémique qui remet en question notre manière de penser, la relation de l'homme avec l'univers et qui oblige à reconsidérer son rôle et sa manière d'agir.
Dernière édition par resurgence le Mar 3 Déc 2013 - 18:54, édité 1 fois
III - Insuffisance et unilatéralité de la méthode scientifique
La connaissance scientifique est avant tout empirique, elle est basée sur l'existence du réel, sur l'observation des phénomènes, des manifestations percevables et mesurables, mais aussi sur des principes logiques fondés sur les causes de l'existence. Cette conception empirique de la science remonte à l'ontologie d'Aristote qui écrivit:
« Nous estimons posséder la science d'une chose d'une manière absolue, quand nous croyons que nous connaissons la cause par laquelle la chose est, que nous savons que cette cause est celle de la chose, et qu'en outre il n'est pas possible que la chose soit autre qu'elle n'est »
Les principes de l'ontologie d'Aristote
Bien qu'Aristote se soit démarqué de Platon et ait réfuté l'existence d'Idées ou Formes en tant que principes indépendants, son ontologie est bel et bien fondée sur des principes:
- L'univers existe et il est observable; le fait d'exister est appelé existence et le fait observable est appelé essence.
- L'observation en soi suppose un support de son existence, la substance à laquelle sont attachées des qualités sensorielles observables appelées accidents.
- Enfin tout objet particulier observable a une substance particulière appelée matière (terre ou pierre ou bois ou métal etc.) et celle-ci a des qualités diverses selon les 5 sens, appelées forme.
- Une matière peut avoir différentes formes possibles, ce potentiel est appelé puissance. L'apparence actuelle, effectivement observée en un lieu et moment donné est appelée acte. Tout objet ou système est composé de matière et de forme, de puissance et d'acte.
La logique de l'ontologie, logique de l'être, est fondée sur le principe d'identité, sur l'existence réelle de la chose observée qui ne peut être autre que ce qu'elle est. Par conséquent elle ne peut pas être le contraire de ce qu'elle est (contradiction exclue) et elle ne peut être autre (tiers exclu) au même point, au même moment, et selon toute autre considération. – Cette condition indique que les principes logiques d'Aristote sont limités à l'existence ponctuelle et momentanée d'une observation ou mesure. C'est une limitation extrême de l'existence du réel.
Les causalités d'Aristote sont rattachées aux principes ontologiques :
- La cause matérielle explique l'existence et la conservation.
- La cause formelle explique la forme ou qualité particulière.
- La cause efficiente explique les changements par le passage de puissance à acte.
- La cause finale suppose une intention et volonté dans toute création et tout changement de forme.
Les principes de la méthode scientifique
La Science a adopté l'empirisme d'Aristote, c'est à dire la connaissance par l'observation. Elle a repris dans sa logique formelle explicitement les principes de sa logique: le principe d'identité, le principe de contradiction exclue et le principe du tiers exclu. La conception scientifique du réel et des causes ne diffère de l'ontologie d'Aristote que par des précisions et définitions qui en accentuent la rigueur. La science a surtout ajouté l'expérimentation et la formulation mathématique de l'observation.
Observation, expérimentation et méthode hypothético-déductive
L'empirisme scientifique est généralement assimilé à l'expérimentation.
Galilée, qui soutenait l'héliocentrisme contre le géocentrisme aristotélicien, introduisit aussi l'expérimentation, la mesure quantitative de l'objet et de son mouvement dans l'espace et le temps et fit le vœu d'une "écriture mathématique du livre de l'Univers" que réalisera Newton.
Ceci conduisit à la méthode hypothético-déductive qui comprend: 1) l'observation, 2) la formulation mathématique d'une hypothèse, 3) la déduction d'une prédiction vérifiable sur la base de l'hypothèse, 4) la conception d'une expérience pour confirmer, infirmer ou modifier l'hypothèse.
Bien que la méthode scientifique soit souvent confondue avec la méthode hypothético-déductive, la pratique des chercheurs comprend en réalité une grande diversité de disciplines et de démarches particulières.
Pourtant la science classique, cartésienne, connaît une cohérence implicite, une conception de la réalité fondée sur trois principes, issus par évolution de la pensée aristotélicienne.
Les principes ontologiques cartésiens
Le matérialisme
Newton réalisa le vœu de Galilée par la formulation mathématique de la mécanique. La mathématisation de la physique n'a cessé de se développer depuis lors. La définition de Newton de la force par la masse et l'accélération ont conduit à réduire la substance ou matière, principes d'existence d'Aristote, à la masse. Depuis lors, la science considère que "l'univers est fait de matière", et celle-ci est définie principalement par la masse.
Le réductionnisme
Descartes a introduit la méthode analytique. Il exigeait que chaque objet, chaque difficulté, soit "divisée en autant de parcelles qu'il se pourrait", pour ensuite recomposer le tout avec les parties composantes. La méthode analytique réduit le tout à la somme des parties.
Le déterminisme
Leibniz modifia le principe de causalité efficiente d'Aristote par son "principe de raison suffisante" qui dit: « jamais rien n'arrive sans qu'il y ait une cause ou du moins une raison déterminante, c'est-à-dire qui puisse servir à rendre raison a priori pourquoi cela est existant plutôt que non existant et pourquoi cela est ainsi plutôt que de toute autre façon ». Leibniz supposa une équivalence de la cause et de l'effet.en affirmant "A cause pleine, effet total", La cause devint ainsi unique, linéaire et réversible dans le sens de la mécanique de Newton.
Les trois principes matérialiste, réductionniste et déterministe ne sont jamais énoncés explicitement mais toujours sous-entendus dans le discours scientifique parce que considérés comme évidents. Ils représentent par consensus une conception de l'existence du réel, une norme de la pensée scientifique que Thomas Kuhn a nommée paradigme.
Evolution divergente de la science
Les principes matérialiste, réductionniste et déterministe sont la conséquence de la logique aristotélicienne qui concerne l'observation et la mesure des phénomènes. Ils expriment le sens que les positivistes cartésiens ont attribué aux trois paramètres mesurables: matière, espace et temps. Mais la physique a évolué et a relativisé (ou falsifié) le sens et la rigueur de ces principes.
L'unilatéralité du principe matérialiste a été relativisée par l'équivalence de la masse et de l'énergie. Dans la dimension astronomique, toute masse est associée à un champ gravitationnel. Dans la dimension quantique, toute particule localisée est associée à une onde sans localisation précise. La masse et l'énergie sont des aspects opposés de ce qu'on appelle matière.
Il est évident que les propriétés d'un tout individuel tel que l'homme ne peuvent pas être expliquées, selon le principe réductionniste, uniquement par ses composantes physiques et chimiques. La mécanique quantique aussi a découvert la symétrie et l'inséparabilité d'états quantiques contraires, l'intrication quantique ou corrélation globale de l'univers. L'ensemble et les parties sont les aspects opposés de la dimension spatiale de tout système.
Enfin le principe déterministe, la réversibilité de cause à effet selon le principe de raison suffisante, ne s'applique pas à la thermodynamique. La théorie des chaos, la théorie de l'information et les neuroscience aboutissent à la conclusion que les structures complexes ne peuvent pas être réduites à une suite linéaire et réversible de cause à effet. Elles fonctionnent globalement en réseau. Leur évolution est irréversible car elle inclut une part imprévisible de liberté, d'indétermination. La détermination du passé et l'indétermination du futur sont les aspects opposés de l'évolution temporelle du système complexe.
Conclusion
Ces constats signifient que:
- Le principe de contradiction exclue ne suffit pas pour décrire la réalité. Il est valable seulement pour l'observation et la mesure des phénomènes.
- L'observation ne suffit pas pour décrire la réalité. Celle-ci n'est pas seulement un être observable et immuable mais aussi un devenir, un fonctionnement intelligible.
- La méthode hypothético-déductive ne suffit pas pour expliquer les découvertes scientifiques et la créativité en général. Celles-ci dépendent de l'intuition du chercheur qui reste mystérieuse du point de vue d'une science déterministe.
- La connaissance scientifique ne résulte pas seulement de l'observation. Les hypothèses ne proviennent pas directement des qualités enregistrées par les sens ou les mesures des phénomènes. Elles résultent de leur interprétation par l'intelligence intuitive qui suit d'autres règles logiques que celles d'Aristote.
Les principes implicites et explicites de la méthode scientifique ne sont pas faux mais insuffisants. La méthode analytique, en divisant la réalité en secteurs limités, a permis la prédiction et exploitation de mécanismes dans des cadres limités, en systèmes fermés. Elle est utile, et performante en technologie surtout par les formulations mathématiques, qui pourtant restent fondamentalement déterministes. Mais la méthode analytique ne décrit la réalité ni complètement ni correctement, car la réalité est faite de systèmes ouverts interconnectés. C'est pourquoi la méthode analytique conduit toujours à des impasses théoriques (qu'il faut surmonter en élargissant le cadre de la théorie, en la falsifiant selon Potter) et parfois elle conduit à des erreurs d'interprétation.
La méthode systémique consiste en premier lieu à compléter la logique aristotélicienne en introduisant une logique de symétries ou complémentarités des contraires. Car le principe de contradiction exclue est à l'origine de toutes les unilatéralités et insuffisances des principes de la méthode scientifique.
Dernière édition par resurgence le Mar 3 Déc 2013 - 18:53, édité 1 fois
IV - Les trois niveaux de la réalité, de la connaissance et de la logique
Etre observable et Devenir intelligible
L'origine de toute connaissance est l'observation. Pour Aristote et pour les traditions en général, la connaissance est obtenue par les cinq sens.
L'empirisme aristotélicien au sens strict signifie que la connaissance vient seulement de l'observation. Platon par contre affirmait que la perception sensorielle peut être trompeuse, et que la connaissance véritable résulte de l'interprétation se référant à des principes universels intelligibles, qu'il désignait par le mot grec ancien ἰδέα idéa (« forme visible, aspect »), ce qui signifie image, aspect ou forme visible dans le sens général du symbole plutôt que dans celui d'idée rationnelle définissable.
Mais la différence essentielle entre Aristote et Platon ne concerne pas l'observation, mais la conception de la réalité. Aristote considère l'univers comme un être observable, dans le sens de Parménide (ontologie signifie science de l'être). Platon explique que l'univers est aussi un devenir dans le sens d'Héraclite, qui n'est pas directement perceptible, mais intelligible, déductible de l'observation. Il explique que les idées se présentent toujours par paires de contraires, car elles expriment des états opposés dans un devenir cyclique.
Il faut donc distinguer deux logiques dont l'objet est différent. La logique d'identité et de contradiction exclue concerne l'être observable. La logique de complémentarité des contraires concerne le fonctionnement intelligible de la réalité.
Logique empirique de l'être observable
La logique formelle reconnue par la science est fondée sur trois principes d'Aristote:
- Le principe d'identité affirme que "ce qui est est" : (A est A.) et "ce qui n'est pas n'est pas".
- Le principe de contradiction dit qu'une chose ne peut pas être et ne pas être, avoir une propriété et la propriété contraire en même temps et sur le même point et qu'on ne peut affirmer vraie et fausse la même chose.
- Le principe du tiers exclu soutient qu'il y a être, ou non-être, pas de demi-être. Il affirme que toute proposition est nécessairement vraie ou fausse, sans valeur intermédiaire possible.
On remarquera que ces principes s'appliquent strictement à ce qui peut être observé ou mesuré à un moment dans le temps et en un point précis de l'espace. Ils définissent logiquement ce qui peut être observé et sous-entendent ontologiquement que l'être, ce qui est, se limite à ce qui est observé.
La science empiriste et positiviste issue de la révolution scientifique du 17ème siècle a adopté les mêmes principes que ceux d'Aristote qui sont applicables à l'observation. Mais elle a remplacé les perceptions sensorielles par les mesures qui permettent une définition quantitative rigoureuse de l'objet observé. Les formulations mathématiques conduisent ensuite aux équations ou fonctions qui rendent compte du mouvement et du fonctionnement mécanique des systèmes.
Logique fonctionnelle du devenir intelligible
Depuis Galilée, en passant par la mécanique de Newton jusqu'à la mécanique quantique, la physique a découvert des lois d'équilibre ou invariance sous forme de symétries de propriétés, forces ou états opposés tels que les polarités. Les symétries sont un fil conducteur qui parcourt toute l'histoire de la physique moderne.
Stéphane Lupasco, biologiste et philosophe constata que les symétries étaient aussi à l'origine de toute autorégulation biologique[1]. Il en conclut que les symétries sont l'expression d'une logique générale du fonctionnement et de la cohérence des systèmes. Il postula un "principe d'antagonisme" qu'il présenta comme une logique de l'énergie
Lupasco définit le principe d'antagonisme comme une dualité de dynamismes à la fois contraires et complémentaires, qui sont liés l'un à l'autre de telle manière que l'un ne peut être défini et compris que par son opposition à son contraire. Il expliqua la relation contradictoire des deux éléments antagonistes par le fait que l'existence de l'un à l'état actuel entraîne l'existence de l'autre à l'état potentiel et inversement, de telle sorte qu'à l'état observable actuel, le principe de non-contradiction de la logique classique ne soit jamais enfreint. [2]
Entre l'état actuel (état A) et l'état potentiel (état P), Lupasco postula un troisième état intermédiaire (état T) le Tiers inclus, moyenne et origine des deux états extrêmes antagonistes.
Les trois niveaux de la connaissance
La raison humaine comporte finalement trois niveaux de connaissance selon l'objet recherché et selon la logique:
- Le niveau empirique-analytique du phénomène perceptible et mesurable par l'observation, où les contraires sont exclus.
- Le niveau déductif ou systémique des fonctions intelligibles par la raison, où les contraires existent en alternance temporelle ou spatiale.
- Le niveau intuitif-synthétique de l'origine ou tiers inclus symbolisé, où les contraires coïncident.
Le tableau suivant se rapporte aux trois hypostases néoplatoniciennes, que Ken Wilber a rappelées par "les trois yeux de la connaissance", selon l'expression de Bonaventure de Bagnoregio [3]. Ces hypostases correspondent à trois niveaux de la connaissance auxquels se rapportent trois logiques différentes.
Il existe donc trois niveaux de la réalité: Le Un, origine non manifestée ou esprit, le mental comme conscience ou organisation vitale, et le monde matériel manifesté, objet des sens.
Il existe par conséquent aussi trois niveaux de connaissance dont les objets se rapportent aux trois niveaux de la réalité et dont les expressions sont respectivement le symbole, les idées et les sensations.
L'esprit non manifesté est par définition inatteignable par la conscience humaine, seulement intuitivement imaginable par symboles. La nature de la matière est aussi un mystère, seuls ses effets indirects par l'intermédiaire de la perception sensorielle ou la mesure instrumentale sont atteignables.
La nature de la réalité globale est cependant intelligible, elle est reconstruite par l'intégration des données sensorielles et mesurables dans des principes premiers, supposés être à l'origine de l'unité de l'homme, de la nature et de l'univers. Découvrir ces principes premiers supposés est l'objectif de la théorie du système en général.
[1] -Stéphane Lupasco. - L'énergie et la matière vivante. - Juillard, Paris 1974, réédit par Le Rocher, 1987.
[2] -S. Lupasco dans: "Le principe d'antagonisme et la logique de l'énergie", p. 9:
[3] -K. Wilber, "Les trois yeux de la connaissance", Le Rocher, 1987
Dernière édition par resurgence le Mar 3 Déc 2013 - 18:52, édité 1 fois
V - Genèse et hiérarchie de la connaissance
1 -L'incohérence des sciences cognitives
Les niveaux de la réalité et de la connaissance soulèvent des questions concernant l'acquisition de connaissances. Ces questions sont l'objet de la théorie de la connaissance, de l'épistémologie qui intéresse autant la philosophie que les sciences.
Dès la fin des années 1950, les disciplines scientifiques s'occupant de près et de loin de l'information et de la connaissance se sont regroupées dans ce que l'on nomme aujourd'hui les sciences cognitives, selon ce schéma de wikipédia:
Les divergences de vue ne manquent pas dans ce groupe hétérogène quant aux techniques d'investigation et aux théories. On est loin d'un consensus sur ce qu'est la connaissance. L'étude des différentes approches de la connaissance est déconcertante. Les sciences cognitives se divisent en positions unilatérales et contradictoires, conformément à la logique aristotélicienne; car toute théorie unilatérale est juste par ce qu'elle affirme, mais fausse par ce qu'elle ignore.
D'un côté, les positivistes réductionnistes affirment que la connaissance est faite d'informations objectives en provenance du réel observé (cognitivisme). De l'autre côté des psychologues ou linguistes à tendance holistique ou systémique soutiennent que les connaissances sont construites sur des structures subjectives innées ou acquises (structuralisme ou constructivisme). Des physiciens positivistes ont compris que les résultats de l'expérience dépend du dispositif expérimental et donc aussi de l'intelligence et volonté de l'expérimentateur. Des philosopheux tentés par l'ésotérisme, en ont tiré la conclusion hâtive et unilatérale extrême que la réalité connue n'est rien d'autre qu'une fabrication de la conscience. D'où l'apparition, paradoxalement en provenance de l'empirisme, de théories solipsistes ou agnostiques, qui nient toute réalité et affirment que le monde est créé par la conscience.
Mais entre les positions extrémistes il existe une voie du milieu, une conception moyenne fondée aussi bien sur l'observation que sur le bon sens, selon laquelle la connaissance implique à la fois le sujet et l'objet. Elle obéit à la logique systémique de complémentarité ou de coïncidence des opposés. C'est cette conception qui intéresse la méthode systémique.
2 - La connaissance comme fonction biologique d'adaptation.
L'autorégulation selon Jean Piaget.
Jean Piaget, qui a étudié les processus d'apprentissage chez l'enfant, a constaté dans "L'épistémologie génétique"[1] que la connaissance est construite par interaction de l'enfant avec les objets qu'il manipule. Piaget ne dissocie pas la fonction cognitive des fonctions d'adaptation biologiques à l'environnement. Les mêmes processus d'autorégulation se produisent à tous les niveaux de l'éducation jusqu'à l'apprentissage des mathématiques et en général dans tout processus d'adaptation à l'environnement.
Piaget pensait que les origines des structures cognitives doivent être recherchées dans les mécanismes d'autorégulation biologique avec leurs fonctionnements en circuits et leur tendance intrinsèque à l'équilibration. Rappelant la hiérarchie de l'organisation biologique il constatait que "les systèmes autorégulateurs se retrouvent sur tous les paliers du fonctionnement de l'organisme, dès le génome et jusqu'au comportement, et paraissent donc tenir aux caractères les plus généraux de l'organisation vitale, ... L'autorégulation semble bien constituer à la fois l'un des caractères les plus universels de la vie et le mécanisme le plus général qui soit commun aux réactions organiques et cognitives".
Mais il précisait "qu'il s'agit d'un fonctionnement constitutif de structures et non de structures toutes faites au sein desquelles il suffirait de chercher celles qui contiendraient d'avance à l'état préformé telle ou telle catégorie de la connaissance." [2]
L'enaction et l'autopoïèse selon Francisco Varela.
Francisco Varela, neurobiologiste et philosophe, s'appuyant sur les travaux de l'école de Piaget, expliquait que l'acte de connaissance "émerge" de l'interaction entre sujet et objet qu'il appelait "enaction"[url=file:///C:/Users/Meier/Documents/SYS/Sciences cognitives.doc#_ftn3][3][/url]. La relation sujet-objet est comparée par Varela à la corrélation entre la poule et l'œuf. On ne peut pas dire que l'un précède l'autre. Ils agissent de concert, par synchronisation, dont "émergent" de nouvelles acquisitions cognitives. En cela, l'enaction est une évolution par rapport à l'autorégulation de Piaget qui est une succession cybernétique de sensations et réactions.
Par sa théorie de l'enaction, Varela proposait en fait une voie moyenne entre la position cognitiviste fondée sur la notion de représentation d'un monde préexistant et la position diamétralement opposée, purement constructiviste (voire solipsiste), selon laquelle le système cognitif créerait son propre monde en même temps qu'il se construit lui-même.
Varela considérait la connaissance comme un processus d'adaptation comparable à toute évolution biologique qu'il appelait "autopoïèse". Le terme rappelle celui d'"autoconsistance" de l'univers par lequel Fritjof Capra décrivait le sens de la "théorie du bootstrap" en mécanique quantique. En cela, l'autopoïèse est en accord avec le bouddhisme que Varela pratiquait. La cosmologie bouddhiste, l'abhidharma, n'admet aucune entité préexistante telle que le moi ou le monde. Ceux-ci n'existent pas en soi mais ils fonctionnent.Cependant une connaissance sans fondement réel pose un problème épistémologique. Par ailleurs, l'autopoïese ne résout pas entièrement la question de la créativité humaine et biologique; car pour Varela, l'autopoïèse comme principe de l'évolution du vivant, signifie essentiellement la conservation de son organisation ou identité (illusoire).
La connaissance comme construction hiérarchisée.
Le processus systémique de structuration.
Les conceptions de l'autorégulation de Piaget, par interactions entre sujet et objet se rapprochent de la logique de Lupasco, également biologiste, qui la formulait par son principe d'antagonisme. L'essentiel des travaux des deux auteurs se situe entre 1950 et 1970. A la même époque, Ludwig von Bertalanffy présentait sa théorie générale du système, où il décrivit l'univers comme un gigantesque ordre hiérarchique. Leurs hypothèses reflètent les concepts des technologies de l'information et de la cybernétique qui influencèrent alors aussi l'approche systémique en psychologie et sociologie.
Mais au-delà des cycles d'autorégulation cybernétique, Piaget constatait au cours de l'éducation une progression hiérarchique dans l'acquisition de connaissances de plus en plus abstraites, se bâtissant progressivement les unes sur les autres, de manière analogue à la progression dans l'étagement des structures qu'on observe dans l'évolution biologique.
A partir de 1970, de nouvelles découvertes influencèrent les sciences cognitives et la biologie. La théorie des systèmes complexes, aussi appelée théorie des chaos, s'ajoutait aux conceptions holistiques. L'holographie démontrait que l'image d'une partie peut reproduire l'image du tout. La théorie des fractales de Mandelbrodt expliquait la relation de similitude entre la partie et le tout par la répétition d'un même processus de production de formes aux différentes niveaux de grandeur d'un système.
Homothétie fractale et logique d'analogie
Cette relation de similitudes structurelles, appelée homothétie par Mandelbrodt, confirmait celle que von Bertalanffy appelait homologie. Elle est le fondement rationnel de la logique d'analogie, du moins de ce que les scolastiques appelaient analogie de proportionnalité. Il faut tenir compte du fait que cette forme d'analogie fait partie du raisonnement et du sens commun dans toute pensée et dans tout langage spontané. A côté du principe d'antagonisme ou de complémentarité des contraires, l'analogie est un second principe logique important de la méthode systémique.
Il faut bien comprendre que c'est le processus dynamique de production, et non pas la structure hiérarchique qui en résulte, qui est à l'origine de l'unité et de organisation des relations dans la hiérarchie des systèmes naturels, comme dans la hiérarchie de la connaissance, où c'est de l'activité des circuits de neurones interconnectés qu'émergent les actes de connaissance.
Il est intéressant, pour la suite de cet essai, de savoir qu'à propos de la géométrie, Piaget a découvert que la perception des formes de l'enfant est d'abord globale, c'est celle du tout continu et de sa forme comme en topologie. C'est plus tard par l'éducation qu'il apprend à diviser les formes en segments discontinus selon la géométrie euclidienne. Cette évolution est l'inverse de celle de la science qui était d'abord euclidienne et a découvert la topologie à la fin. La connaissance globale et les principes épistémologiques généraux semblent être innés ou du moins précéder la perception discriminative et analytique acquise par l'éducation.
La connaissance comme auto-organisation créative
L'auto-organisation selon Henri Atlan
En 1972, Henri Atlan publia "L'organisation biologique et la théorie de l'information"[4l] où apparut en conclusion la notion d'auto-organisation. Il compara le système biologique à un système traitant l'information, selon les conceptions de la théorie de l'information qui ne s'occupe pas du sens, mais de la quantité de signes transmis par un canal.
Sa théorie réunit des conceptions de l'informatique, de la cybernétique, de la thermodynamique, de la théorie des systèmes complexes et de la génétique. Elle se fonde sur le fait que les systèmes complexes ont un certain degré d'instabilité, d'indétermination, formalisés par des "degrés de liberté" de leur évolution. En termes d'informations l'indétermination est formulée par une quantité de "redondance" et en thermodynamique celle-ci équivaut à une entropie négative. La redondance, qui signifie dans les techniques de l'information un certain nombre de répétitions d'un même message, sert à corriger les perturbations ou "bruits" qui viennent perturber la séquence du flux de transmission de signes.
Dans ses conclusions il écrit:
"les processus d'auto-organisation qui apparaissent a posteriori comme la réalisation d'un projet, sont en réalité les effets de facteurs aléatoires de l'environnement que n'importe quel système peut utiliser de cette façon à partir d'un certain degré de complexité structurale et fonctionnelle."
Atlan ajoute:
"Les processus d'auto-organisation étant premiers par rapport à ceux de reproduction invariante, ces derniers jouent le rôle certes fondamental, de l'adjonction de mémoires aux mécanismes d'auto-organisation, capables d'arrêter et de figer ces derniers, de telle sorte que certaines étapes en soient conservées et amplifiées à moindre frais"
Ainsi Atlan a fait une nette distinction entre l'auto-organisation créant des structures nouvelles et l'auto-régulation (ou reproduction invariante) qui permet la conservation de l'organisation.
Atlan explique l'auto-organisation d'un système déjà complexe, comme une adaptation au "bruit" de l'environnement. Mais sa théorie présuppose une complexité au départ, c'est-à-dire une entropie négative et une dégradation progressive vers l'entropie, selon le principe classique de la thermodynamique en système fermé. Elle ne résout que partiellement les questions liées à la créativité et évolution biologique.
L'auto-organisation selon les "structures dissipatives" de Ilya Prigogine
La théorie de H. Atlan reste un cas particulier, une exception dans le cadre classique des systèmes déterministes fermés. Les "structures dissipatives" de Prigogine par contre s'appliquent à tous les systèmes naturels, physiques, biologiques ou astronomiques, qui sont toujours des systèmes ouverts.
L'explication de la genèse de "structures dissipatives", pour laquelle Prigogine a reçu le prix Nobel de chimie 1977, a une importance épistémologique et cosmologique considérable parce qu'elle dément ou "falsifie" le principe classique de raison suffisante qui affirme l'équivalence de la cause et de l'effet. Elle révolutionne la conception de la vie et de l'évolution et met fin au déterminisme scientifique.
L'auto-organisation des "structures dissipatives" marque un changement de paradigme; c'est pourquoi elle fera l'objet d'un chapitre à part. Le but ne sera pas d'expliquer les détails physico-chimiques et quantiques, ce à quoi Prigogine s'est abondamment appliqué dans ses livres, mais de mettre en évidence les conséquences métaphysiques ou cosmologiques, et de rendre un sens au temps, à la causalité et à des principes tels que matière, énergie, information que les définitions de la physique ont réduits à des paramètres quantitatifs.
[1] J. Piaget, L'épistémologie génétique". - Coll. Que sais-je. PUF.
[2] J. Piaget, L'épistémologie génétique, p.71-72.
[3] F. Varela, Connaître les sciences cognitives. - Seuil 1988.
[4]H. Atlan,, L'organisation biologique et la théorie de l'information, Hermann, Paris, 1972.[/size]
Les niveaux de la réalité et de la connaissance soulèvent des questions concernant l'acquisition de connaissances. Ces questions sont l'objet de la théorie de la connaissance, de l'épistémologie qui intéresse autant la philosophie que les sciences.
Dès la fin des années 1950, les disciplines scientifiques s'occupant de près et de loin de l'information et de la connaissance se sont regroupées dans ce que l'on nomme aujourd'hui les sciences cognitives, selon ce schéma de wikipédia:
Les divergences de vue ne manquent pas dans ce groupe hétérogène quant aux techniques d'investigation et aux théories. On est loin d'un consensus sur ce qu'est la connaissance. L'étude des différentes approches de la connaissance est déconcertante. Les sciences cognitives se divisent en positions unilatérales et contradictoires, conformément à la logique aristotélicienne; car toute théorie unilatérale est juste par ce qu'elle affirme, mais fausse par ce qu'elle ignore.
D'un côté, les positivistes réductionnistes affirment que la connaissance est faite d'informations objectives en provenance du réel observé (cognitivisme). De l'autre côté des psychologues ou linguistes à tendance holistique ou systémique soutiennent que les connaissances sont construites sur des structures subjectives innées ou acquises (structuralisme ou constructivisme). Des physiciens positivistes ont compris que les résultats de l'expérience dépend du dispositif expérimental et donc aussi de l'intelligence et volonté de l'expérimentateur. Des philosopheux tentés par l'ésotérisme, en ont tiré la conclusion hâtive et unilatérale extrême que la réalité connue n'est rien d'autre qu'une fabrication de la conscience. D'où l'apparition, paradoxalement en provenance de l'empirisme, de théories solipsistes ou agnostiques, qui nient toute réalité et affirment que le monde est créé par la conscience.
Mais entre les positions extrémistes il existe une voie du milieu, une conception moyenne fondée aussi bien sur l'observation que sur le bon sens, selon laquelle la connaissance implique à la fois le sujet et l'objet. Elle obéit à la logique systémique de complémentarité ou de coïncidence des opposés. C'est cette conception qui intéresse la méthode systémique.
2 - La connaissance comme fonction biologique d'adaptation.
L'autorégulation selon Jean Piaget.
Jean Piaget, qui a étudié les processus d'apprentissage chez l'enfant, a constaté dans "L'épistémologie génétique"[1] que la connaissance est construite par interaction de l'enfant avec les objets qu'il manipule. Piaget ne dissocie pas la fonction cognitive des fonctions d'adaptation biologiques à l'environnement. Les mêmes processus d'autorégulation se produisent à tous les niveaux de l'éducation jusqu'à l'apprentissage des mathématiques et en général dans tout processus d'adaptation à l'environnement.
Piaget pensait que les origines des structures cognitives doivent être recherchées dans les mécanismes d'autorégulation biologique avec leurs fonctionnements en circuits et leur tendance intrinsèque à l'équilibration. Rappelant la hiérarchie de l'organisation biologique il constatait que "les systèmes autorégulateurs se retrouvent sur tous les paliers du fonctionnement de l'organisme, dès le génome et jusqu'au comportement, et paraissent donc tenir aux caractères les plus généraux de l'organisation vitale, ... L'autorégulation semble bien constituer à la fois l'un des caractères les plus universels de la vie et le mécanisme le plus général qui soit commun aux réactions organiques et cognitives".
Mais il précisait "qu'il s'agit d'un fonctionnement constitutif de structures et non de structures toutes faites au sein desquelles il suffirait de chercher celles qui contiendraient d'avance à l'état préformé telle ou telle catégorie de la connaissance." [2]
L'enaction et l'autopoïèse selon Francisco Varela.
Francisco Varela, neurobiologiste et philosophe, s'appuyant sur les travaux de l'école de Piaget, expliquait que l'acte de connaissance "émerge" de l'interaction entre sujet et objet qu'il appelait "enaction"[url=file:///C:/Users/Meier/Documents/SYS/Sciences cognitives.doc#_ftn3][3][/url]. La relation sujet-objet est comparée par Varela à la corrélation entre la poule et l'œuf. On ne peut pas dire que l'un précède l'autre. Ils agissent de concert, par synchronisation, dont "émergent" de nouvelles acquisitions cognitives. En cela, l'enaction est une évolution par rapport à l'autorégulation de Piaget qui est une succession cybernétique de sensations et réactions.
Par sa théorie de l'enaction, Varela proposait en fait une voie moyenne entre la position cognitiviste fondée sur la notion de représentation d'un monde préexistant et la position diamétralement opposée, purement constructiviste (voire solipsiste), selon laquelle le système cognitif créerait son propre monde en même temps qu'il se construit lui-même.
Varela considérait la connaissance comme un processus d'adaptation comparable à toute évolution biologique qu'il appelait "autopoïèse". Le terme rappelle celui d'"autoconsistance" de l'univers par lequel Fritjof Capra décrivait le sens de la "théorie du bootstrap" en mécanique quantique. En cela, l'autopoïèse est en accord avec le bouddhisme que Varela pratiquait. La cosmologie bouddhiste, l'abhidharma, n'admet aucune entité préexistante telle que le moi ou le monde. Ceux-ci n'existent pas en soi mais ils fonctionnent.Cependant une connaissance sans fondement réel pose un problème épistémologique. Par ailleurs, l'autopoïese ne résout pas entièrement la question de la créativité humaine et biologique; car pour Varela, l'autopoïèse comme principe de l'évolution du vivant, signifie essentiellement la conservation de son organisation ou identité (illusoire).
La connaissance comme construction hiérarchisée.
Le processus systémique de structuration.
Les conceptions de l'autorégulation de Piaget, par interactions entre sujet et objet se rapprochent de la logique de Lupasco, également biologiste, qui la formulait par son principe d'antagonisme. L'essentiel des travaux des deux auteurs se situe entre 1950 et 1970. A la même époque, Ludwig von Bertalanffy présentait sa théorie générale du système, où il décrivit l'univers comme un gigantesque ordre hiérarchique. Leurs hypothèses reflètent les concepts des technologies de l'information et de la cybernétique qui influencèrent alors aussi l'approche systémique en psychologie et sociologie.
Mais au-delà des cycles d'autorégulation cybernétique, Piaget constatait au cours de l'éducation une progression hiérarchique dans l'acquisition de connaissances de plus en plus abstraites, se bâtissant progressivement les unes sur les autres, de manière analogue à la progression dans l'étagement des structures qu'on observe dans l'évolution biologique.
A partir de 1970, de nouvelles découvertes influencèrent les sciences cognitives et la biologie. La théorie des systèmes complexes, aussi appelée théorie des chaos, s'ajoutait aux conceptions holistiques. L'holographie démontrait que l'image d'une partie peut reproduire l'image du tout. La théorie des fractales de Mandelbrodt expliquait la relation de similitude entre la partie et le tout par la répétition d'un même processus de production de formes aux différentes niveaux de grandeur d'un système.
Homothétie fractale et logique d'analogie
Cette relation de similitudes structurelles, appelée homothétie par Mandelbrodt, confirmait celle que von Bertalanffy appelait homologie. Elle est le fondement rationnel de la logique d'analogie, du moins de ce que les scolastiques appelaient analogie de proportionnalité. Il faut tenir compte du fait que cette forme d'analogie fait partie du raisonnement et du sens commun dans toute pensée et dans tout langage spontané. A côté du principe d'antagonisme ou de complémentarité des contraires, l'analogie est un second principe logique important de la méthode systémique.
Il faut bien comprendre que c'est le processus dynamique de production, et non pas la structure hiérarchique qui en résulte, qui est à l'origine de l'unité et de organisation des relations dans la hiérarchie des systèmes naturels, comme dans la hiérarchie de la connaissance, où c'est de l'activité des circuits de neurones interconnectés qu'émergent les actes de connaissance.
Il est intéressant, pour la suite de cet essai, de savoir qu'à propos de la géométrie, Piaget a découvert que la perception des formes de l'enfant est d'abord globale, c'est celle du tout continu et de sa forme comme en topologie. C'est plus tard par l'éducation qu'il apprend à diviser les formes en segments discontinus selon la géométrie euclidienne. Cette évolution est l'inverse de celle de la science qui était d'abord euclidienne et a découvert la topologie à la fin. La connaissance globale et les principes épistémologiques généraux semblent être innés ou du moins précéder la perception discriminative et analytique acquise par l'éducation.
La connaissance comme auto-organisation créative
L'auto-organisation selon Henri Atlan
En 1972, Henri Atlan publia "L'organisation biologique et la théorie de l'information"[4l] où apparut en conclusion la notion d'auto-organisation. Il compara le système biologique à un système traitant l'information, selon les conceptions de la théorie de l'information qui ne s'occupe pas du sens, mais de la quantité de signes transmis par un canal.
Sa théorie réunit des conceptions de l'informatique, de la cybernétique, de la thermodynamique, de la théorie des systèmes complexes et de la génétique. Elle se fonde sur le fait que les systèmes complexes ont un certain degré d'instabilité, d'indétermination, formalisés par des "degrés de liberté" de leur évolution. En termes d'informations l'indétermination est formulée par une quantité de "redondance" et en thermodynamique celle-ci équivaut à une entropie négative. La redondance, qui signifie dans les techniques de l'information un certain nombre de répétitions d'un même message, sert à corriger les perturbations ou "bruits" qui viennent perturber la séquence du flux de transmission de signes.
Dans ses conclusions il écrit:
"les processus d'auto-organisation qui apparaissent a posteriori comme la réalisation d'un projet, sont en réalité les effets de facteurs aléatoires de l'environnement que n'importe quel système peut utiliser de cette façon à partir d'un certain degré de complexité structurale et fonctionnelle."
Atlan ajoute:
"Les processus d'auto-organisation étant premiers par rapport à ceux de reproduction invariante, ces derniers jouent le rôle certes fondamental, de l'adjonction de mémoires aux mécanismes d'auto-organisation, capables d'arrêter et de figer ces derniers, de telle sorte que certaines étapes en soient conservées et amplifiées à moindre frais"
Ainsi Atlan a fait une nette distinction entre l'auto-organisation créant des structures nouvelles et l'auto-régulation (ou reproduction invariante) qui permet la conservation de l'organisation.
Atlan explique l'auto-organisation d'un système déjà complexe, comme une adaptation au "bruit" de l'environnement. Mais sa théorie présuppose une complexité au départ, c'est-à-dire une entropie négative et une dégradation progressive vers l'entropie, selon le principe classique de la thermodynamique en système fermé. Elle ne résout que partiellement les questions liées à la créativité et évolution biologique.
L'auto-organisation selon les "structures dissipatives" de Ilya Prigogine
La théorie de H. Atlan reste un cas particulier, une exception dans le cadre classique des systèmes déterministes fermés. Les "structures dissipatives" de Prigogine par contre s'appliquent à tous les systèmes naturels, physiques, biologiques ou astronomiques, qui sont toujours des systèmes ouverts.
L'explication de la genèse de "structures dissipatives", pour laquelle Prigogine a reçu le prix Nobel de chimie 1977, a une importance épistémologique et cosmologique considérable parce qu'elle dément ou "falsifie" le principe classique de raison suffisante qui affirme l'équivalence de la cause et de l'effet. Elle révolutionne la conception de la vie et de l'évolution et met fin au déterminisme scientifique.
L'auto-organisation des "structures dissipatives" marque un changement de paradigme; c'est pourquoi elle fera l'objet d'un chapitre à part. Le but ne sera pas d'expliquer les détails physico-chimiques et quantiques, ce à quoi Prigogine s'est abondamment appliqué dans ses livres, mais de mettre en évidence les conséquences métaphysiques ou cosmologiques, et de rendre un sens au temps, à la causalité et à des principes tels que matière, énergie, information que les définitions de la physique ont réduits à des paramètres quantitatifs.
[1] J. Piaget, L'épistémologie génétique". - Coll. Que sais-je. PUF.
[2] J. Piaget, L'épistémologie génétique, p.71-72.
[3] F. Varela, Connaître les sciences cognitives. - Seuil 1988.
[4]H. Atlan,, L'organisation biologique et la théorie de l'information, Hermann, Paris, 1972.[/size]
Dernière édition par resurgence le Lun 6 Jan 2014 - 16:39, édité 1 fois
VI - L'auto-organisation des "structures dissipatives" de Prigogine
Notes biographiques
[1]Fritz-A. Popp , Biologie de la lumière, collection Résurgence; traduction de "Neue Horizonte der Medizin".
Ilya Prigogine (1917-2003), né à Moscou, émigré dans sa première année en raison de la révolution, a obtenu la nationalité belge. Il est devenu professeur de chimie et physique à l'université libre de Bruxelles et a obtenu le prix Nobel de chimie en 1977.
Adolescent, Prigogine était fasciné par l'archéologie, la philosophie, la musique. Mais en raison de la crise des années 1930 et du risque de guerre, il choisit d'étudier les sciences dures. Il se souvient avoir ressenti un certain malaise en abordant le formalisme mathématique où le temps est un paramètre réversible comme les coordonnées de l'espace, alors qu'il avait toujours ressenti le temps comme un rythme et une évolution irréversible.
Toute sa vie il a œuvré pour rétablir la "flèche" du temps en physique. Sa recherche n'a pas seulement établi l'irréversibilité du temps, connue déjà par la thermodynamique, mais aussi les raisons de l'évolution par auto-organisation des systèmes complexes de la nature. Il a proposé à la science une "nouvelle rationalité" qui ouvre à notre civilisation occidentale la voie vers un nouveau paradigme. Dans son dernier livre, il témoigne de la résistance que rencontra dans le milieu scientifique la relativisation du déterminisme mathématique en physique et sa découverte de l'auto-organisation. Il confie: "J'ai ressenti toute ma vie l'hostilité que suscite chez les physiciens le temps unidirectionnel." (FC 71).
En effet, aujourd'hui encore, l'encyclopédie en ligne wikipédia ne parle pas de Prigogine dans la page de l'auto-organisation. Elle relègue celle-ci parmi des expériences physiques particulières, sans rapport avec la vie qui relèverait d'une "cause finale". A la page sur les systèmes dissipatifs, wikipédia ne lui reconnaît que d'avoir créé le terme "structure dissipative". L'occultation officielle est celle d'un conservatisme communautaire qui refuse une nouveauté révolutionnaire qui ébranle les fondements mêmes des croyances, méthodes et réputations établies.
L'exposé suivant est destiné à mettre en lumière les principes et conclusions de Prigogine qui conduisent à une nouvelle rationalité, celle du paradigme systémique. Il se réfère aux trois livres: "La nouvelle alliance" (NA), "Entre le temps et l'éternité" (TE) et "La fin des certitudes" (FC). Les citations de Prigogine sont reproduites en italiques verts, les expressions en italique dans l'original sont soulignées. Les sources sont indiquées entre parenthèses par les majuscules des titres et le numéro de page.
Déterminisme et indéterminisme
Dans "La nouvelle alliance", Ilya Prigogine et Isabelle Stengers remarquent que la science n'est pas indépendante de l'histoire culturelle. La controverse concernant le temps remonte, avant Aristote, au débat entre l'être de Parménide et le devenir d'Héraclite, que Platon a cherché à réconcilier.
L'histoire de la physique ne se réduit pas à celle du développement de formalismes et d'expérimentations, mais est inséparable de ce que l'on appelle usuellement des jugements "idéologiques". (NA 34)
La science née en Occident n'aurait pas été ce qu'elle est si n'y avait été associée la conviction qu'elle ouvre le chemin à une intelligibilité du monde. (NA 38)
Mais l'intelligibilité a été réduite au déterminisme. Leibniz l'a formulé en énonçant son principe de raison suffisante qui déclare l'équivalence entre la "cause pleine" et "l'effet entier". Ce principe suppose la réversibilité entre cause et effet et par conséquent l'équivalence du passé et du futur. On admit dès lors - et beaucoup l'admettent aujourd'hui encore - que Celui qui connaît toutes les conditions initiales peut prédire le passé et le futur en suivant le déterminisme linéaire de cause à effet. Cet être omniscient hypothétique qu'on a nommé démon de Laplace est assimilé à la "cause finale", de la tradition monothéiste.
De nombreux historiens soulignent le rôle essentiel joué par la figure du Dieu chrétien, conçu au XIIe siècle comme un législateur tout-puissant dans cette formulation des lois de la nature. La théologie et la science convergeaient alors. Leibniz a écrit: "…dans la moindre des substances, des yeux aussi perçants que ceux de Dieu pourraient lire toute la suite des choses de l'univers." […] La soumission de la nature à des lois déterministes rapprochait ainsi la connaissance humaine du point de vue divin intemporel.
La conception d'une nature passive, soumise à des lois déterministes, est une spécificité de l'Occident. En Chine et au Japon, 'nature' signifie "ce qui existe par soi-même". (FC 20)
La thermodynamique apparue au 19ème siècle a remis en question la conception réversible du temps en démontrant la transformation irréversible de l'énergie cinétique en chaleur, appelée "production d'entropie". Mais l'équilibre thermodynamique des gaz parfaits fut représenté par les mouvements et collisions réversibles des molécules. Réduisant ainsi l'état global aux mouvements déterministes des parties, toute évolution irréversible fut considérée comme une approximation macroscopique illusoire.
Prigogine explique que le déterminisme linéaire du principe de raison suffisante caractérise non seulement les équations de mouvement réversibles de la mécanique classique de Newton mais aussi la relativité et la mécanique quantique.
On sait qu'Einstein a souvent affirmé que le temps est illusion (FC 10)
Chacun sait que la physique newtonienne a été détrônée au XXe siècle par la mécanique quantique et la relativité. Mais les traits fondamentaux de la loi de Newton, son déterminisme et sa symétrie temporelle, ont survécu. Bien sûr, la mécanique quantique ne décrit plus des trajectoires mais des fonctions d'onde, mais son équation de base, l'équation de Schrödinger, est elle aussi déterministe et à temps réversible.(FC 19/20)
Il rappelle la polémique qui entourait l'interprétation de la fonction d'onde comme une onde de probabilité. En mécanique quantique, l'indétermination est attribuée au principe d'incertitude de Heisenberg, selon lequel on ne peut pas mesurer à la fois et par le même instrument l'énergie et la position de la particule. Prigogine n'accepte pas l'étrange interprétation anthropocentrique, selon laquelle l'irréversibilité serait due à l'intervention de l'expérimentateur qui, par sa mesure, créerait le réel en provoquant "l'effondrement de la fonction d'onde".
L'objectivité scientifique n'a pas de sens si elle aboutit à rendre illusoire les rapports que nous entretenons avec le monde, à condamner comme "instrumentaux" les savoirs qui nous permettent de rendre intelligibles les phénomènes que nous interrogeons. (TE 40)
Il affirme et démontre qu'instabilité et indétermination sont une propriété intrinsèque des systèmes complexes.
Chaos déterministes
Problème des trois corps de Poincaré
En 1892 déjà, Henri Poincaré découvrit un théorème fondamental, celui des trois corps. En essayant d'établir la stabilité des mouvements gravitationnels combinés de la Terre, de la Lune et du Soleil, il découvrit que la plupart des systèmes naturels ne sont pas intégrables; leur évolution ne peut pas être calculée indéfiniment par des équations décrivant des trajectoires précises. Il établit ainsi une distinction fondamentale entre systèmes stables et systèmes instables.
Mais c'est seulement dans la seconde moitié du vingtième siècle, grâce à l'informatique, que se développa la dynamique des systèmes instables. Le météorologue Edward Lorenz découvrit sur son ordinateur que l'on peut obtenir un comportement chaotique avec seulement trois variables, soit un système non linéaire à trois degrés de liberté. Une infime variation des valeurs initiales peut faire varier énormément le résultat final. C'est ainsi que fut fondée la théorie du chaos déterministe.
Conditions initiales et "effet papillon"
Prigogine décrit le problème des conditions initiales ainsi:
Les systèmes dynamiques stables sont ceux où de petites modifications des conditions initiales produisent de petits effets. Mais pour une classe très étendue de systèmes dynamiques, ces modifications s'amplifient au cours du temps. Les systèmes chaotiques sont un exemple extrême de système instable car les trajectoires correspondant à des conditions initiales aussi proches que l'on veut divergent de manière exponentielle au cours du temps. On parle alors de "sensibilité aux conditions initiales" telle que l'illustre la parabole bien connue de "l'effet papillon": le battement des ailes d'un papillon dans le bassin amazonien peut affecter le temps qu'il fera aux Etats-Unis. […]
On parle souvent de "chaos déterministe". En effet, les équations de systèmes chaotiques sont déterministes comme le sont les lois de Newton. Et pourtant elles engendrent des comportements d'allure aléatoire ! Cette découverte surprenante a renouvelé la dynamique classique, jusque là considérée comme un sujet clos. (FC 34/35)
Attracteurs et degrés de liberté
Prigogine explique qu'un pendule simple finit par s'immobiliser par suite de frottements. Le point où le pendule reste immobile, parce qu'il est en équilibre, est appelé "attracteur". Un pendule qui ne serait pas soumis aux frottements continuerait un mouvement périodique en ligne (1 dimension) ou en surface (2 dimensions) selon les "degrés de liberté" limités permis à son mouvement. Les mouvements périodiques linéaires ou circulaires stables seraient alors des états d'équilibre, les attracteurs du pendule. Mais si le point de suspension du pendule est soumis à un minime mouvement périodique, le mouvement pendulaire cesse d'être stable et devient de plus en plus irrégulier avant de devenir chaotique. On parle alors d'"attracteurs étranges".
Ensembles fractals
On a découvert ainsi des attracteurs qui ne sont pas caractérisés par des dimensions entières telles que la ligne ou la surface, mais par des dimensions fractionnaires. Ce sont ce que depuis Mandelbrodt, on appelle variétés fractales.
Beaucoup d'objets dans la nature sont caractérisés par une dimension fractale.[…] Aujourd'hui les algorithmes fractals sont largement utilisés dans les images de synthèse […] Les trajectoires qui les constituent remplissent littéralement une portion de l'espace de leurs plis et replis, et cela indéfiniment. (TE 74)
Horizon de Lyapounov du prévisible
Les recherches en mathématique et par simulations d'ordinateurs ont découvert que les systèmes périodiques dont les conditions initiales comportent une perturbation, finissent après un certain nombre calculable de périodes (le temps de Lyapounov) par devenir chaotiques. Même sans perturbation extérieure, les systèmes périodiques de trois variables ou plus sont instables et deviennent chaotiques.
Parce que les équations parfaitement déterministes conduisent à des états chaotiques, cette catégorie de systèmes, instables en raison des conditions initiales, a été qualifiée de "chaos déterministe". L'expression est paradoxale, elle signale le refus de la science d'accepter qu'une instabilité fondamentale des systèmes contredise le principe fondamental déterministe de la méthode scientifique.
Systèmes dissipatifs
Les tourbillons de Bénard
Un système dissipatif est défini par les encyclopédies comme "un système qui opère dans un environnement avec lequel il échange de l'énergie ou de la matière". Une "structure dissipative" est autre chose qu'un chaos déterministe. Les chaos déterministes simulés sur ordinateur sont des systèmes fermés, dont les conditions initiales sont définies, et pourtant ils évoluent vers le chaos. Les systèmes dissipatifs par contre sont ouverts sur l'environnement et peuvent évoluer vers un ordre nouveau sous certaines conditions.
Prigogine démontre l'apparition d'un ordre nouveau, sous forme se "structures dissipatives", par l'exemple des tourbillons de Bénard:
Une mince couche liquide est soumise à une différence de température entre la surface inférieure, chauffée en permanence, et la surface supérieure, en contact avec l'environnement extérieur. Pour une valeur déterminée de la différence de température, le transport de chaleur par conduction, où la chaleur se transmet par collision entre molécules, se double d'un transport par convection, où les molécules elles-mêmes participent à un mouvement collectif. Se forment alors des tourbillons qui distribuent la couche liquide en "cellules" régulières. (TE 52)
Il explique que le flux de chaleur orienté de bas en haut rend le système complexe instable. Cette instabilité conduit à une situation critique, appelée bifurcation, d'où plusieurs évolutions différentes sont également probables. "Loin de l'équilibre", le système devient "sensible" à la gravité qui n'avait aucun effet sur le système en équilibre. Il se forme alors cet ordre global des tourbillons de convection
Il décrit aussi des systèmes dissipatifs chimiques plus complexes où interviennent des produits intermédiaires et des catalyseurs. Une expérience historique spectaculaire de système dissipatif chimique est la réaction oscillante de Belousov-Zhabotinsky où les couleurs d'un réactif changent subitement de manière périodique. On peut trouver différentes variantes sur youtube.
Prigogine conclut:
Loin de l'équilibre, les processus irréversibles sont donc source de cohérence. L'apparition de cette activité cohérente de la matière - les structures dissipatives - nous impose un nouveau regard, une nouvelle manière de nous situer par rapport au système que nous définissons et manipulons. Alors qu'à l'équilibre et près de l'équilibre, le comportement du système est, pour des temps suffisamment longs, entièrement déterminé par les conditions aux limites, nous devrons désormais lui reconnaître une certaine autonomie qui permet de parler des structures loin de l'équilibre comme de phénomènes d'auto-organisation. (TE 59)
Les conditions de l'auto-organisation
L'exemple des tourbillons de Bénard fait apparaître les conditions fondamentales de l'auto-organisation. Il ne faut pas y voir des étapes successives dans le temps mais des conditions inséparables et simultanées:
1 - Structure complexe
La structure est définie par "l'organisation des parties d'un système, qui lui donne sa cohérence."
La cohérence est minimale dans un gaz dont les molécules sont considérées comme indépendantes. Elle est maximale dans le cristal où l'ordonnance des éléments est fixe. Entre les phases gazeuse et solide existe la phase liquide ou semi-liquide, qui est un équilibre entre indépendance et liaison, une complémentarité d'indétermination et d'indétermination. L'état liquide est caractéristique des structures chimiques et biologiques. C'est dans ce domaine "entre le cristal et la fumée" selon le titre d'un livre de H. Atlan, que se situent les systèmes dissipatifs capables d’auto-organisation et les systèmes biologiques.
A la différence des systèmes déterministes, qui dépendent seulement de conditions initiales ou transitoires, les "structures dissipatives" sont conditionnées par des perturbations ou fluctuations permanentes.
Notre monde présente des interactions persistantes. […] La distinction entre interactions persistantes et transitoires prend donc une importance cruciale dans le passage de la dynamique réversible des trajectoires à la thermodynamique. La mécanique classique considère des mouvements isolés alors que l'irréversibilité ne prend son sens que lorsque nous considérons des particules plongées dans un milieu où les interactions sont persistantes. (FC 133)
En tant que structure complexe en devenir, la matière reçoit un sens que la masse brute de la physique classique et relativiste n'a pas.
La physique de l'équilibre nous a donc inspiré une fausse image de la matière. Nous retrouvons maintenant la signification dynamique de ce que nous avions constaté au niveau phénoménologique : la matière à l'équilibre est aveugle et, dans les situations de non-équilibre, elle commence à voir. (FC 149)
2 - Flux d'énergie
Prigogine explique les "structures dissipatives" en termes thermodynamiques et mathématiques. Il désigne la dissipation de chaleur dans un milieu par l'expression "production d'entropie". L'équilibre thermodynamique est l'état final où la production d'entropie est nulle. Mais un état de non-équilibre peut être stationnaire si un apport d'énergie compense la perte d'énergie transformée en chaleur..
En clair, l'énergie métabolique dépensée par un organisme vivant et qui se transforme en chaleur dissipée, est appelée production d'entropie. Mais l'organisme, pour rester en vie, en équilibre stationnaire, doit compenser sa dépense d'énergie par un apport extérieur d'énergie; ce qui est réalisé par l'énergie solaire pour les végétaux, par la matière nutritionnelle pour les animaux.
C'est le flux d'énergie qui provient des réactions nucléaires à l'intérieur du Soleil qui maintient notre écosystème loin de l'équilibre et qui a donc permis que la vie se développe sur la Terre. L'écart à l'équilibre conduit à des comportements collectifs, à un régime d'activité cohérent, impossible à l'équilibre. (FC 184)
Lorsque le flux d'énergie ou de matière nutritionnelle est insuffisant pour assurer un état stationnaire, le système biologique dégénère et meurt. Par contre, lorsque le flux d'énergie est en surabondance, il peut se reproduire et créer des structures cohérentes nouvelles, plus complexes. C'est la surabondance d'énergie qui permet l'émergence d'un ordre plus complexe. Nous retrouvons par analogie la condition de l'auto-organisation que H. Atlan appelait redondance dans la théorie de l'information.
Le biophysicien F.-A. Popp [1], qui étudie l'organisation biologique sous l'angle de la physique quantique est plus précis. Dans un chapitre de son livre , dédié aux structures dissipatives de Prigogine, il affirme que l'apport d'énergie n'est pas chaotique, il est cohérent dans le sens qu'il "véhicule en fait des informations et produit des corrélations dans l'espace et le temps, des structures, des rythmes" .
Il précise: "il ne faut pas s'imaginer que n'importe quel apport d'énergie suffit pour faire émerger un ordre du chaos. Un système qui ne contient pas déjà des structures et/ou auquel des structures ne sont pas imposées par les conditions aux limites et le type d'alimentation en énergie, ne peut pas non plus construire des structures spatio-temporelles."
Dans l'exemple thermodynamique simple des tourbillons de Bénard, c'est l'orientation du flux de chaleur du bas vers le haut qui est à l'origine de la cohérence. Mais lorsque le flux de chaleur cesse, le système revient à l'équilibre; il est réversible. Dans les systèmes dissipatifs chimiques, les situations sont plus complexes, orientées par des catalyseurs. Les transformations peuvent conduire à des équilibres oscillants ou stationnaires irréversibles. Prigogine énonce une règle générale:
Alors que, à l'équilibre et près de l'équilibre, les lois de la nature sont universelles, loin de l'équilibre, elles deviennent spécifiques, elles dépendent du type de processus irréversibles. Cette observation est conforme à la variété des comportements de la matière que nous observons autour de nous. Loin de l''équilibre, la matière acquiert de nouvelles propriétés où les fluctuations, les instabilités jouent un rôle essentiel: la matière devient plus active. (FC 75)
La cohérence n'émerge pas de rien, du chaos, du "hasard" ou de quelque "cause finale". L'organisation du système ouvert, est conditionnée par la cohérence de l'environnement naturel. L'auto-organisation est une adaptation à l'environnement.
3 – Corrélation à longue portée
La physique classique cherche toujours à représenter l'ensemble par le comportement des éléments constitutifs indépendants, qui est incohérent (p. ex. les molécules du gaz).
"Un milieu loin de l'équilibre comme celui qui est le siège des tourbillons de Bénard, est caractérisé en revanche par des corrélations intrinsèques à longue portée. Les tourbillons sont un exemple de la cohérence que traduisent ces corrélations: les molécules prises dans un tourbillon ne peuvent plus être définies comme des unités indépendantes les unes des autres". (TE 53)
Loin de l'équilibre, c'est véritablement de nouveaux états de la matière qu'il convient de parler, d'états qui s'opposent à l'ensemble des états d'équilibre. […] Les nouveaux états de non-équilibre de la matière se caractérisent par l'apparition de corrélations à longue portée. (TE 52/53)
Qu'est-ce qu'une corrélation? – Alors que la définition des interactions … fait partie de la définition même d'un système, et précède donc, en ce sens, l'étude de ses différents régimes d'activités, les corrélations se définissent relativement à ces régimes; elles permettent de préciser la relation entre "tout" et "parties" qui caractérise chacun d'entre eux. (TE53)
La brisure de symétrie temporelle est une propriété globale qui exige la considération du système dynamique comme un tout. (FC 180).
Nouvelles perspectives
Description statistique
Dans "La fin des certitudes, Prigogine fait connaître surtout les développements intervenus dans le domaine de la thermodynamique du non-équilibre. Il explique l'espace de phase, le hamiltonien, le rôle de l'opérateur de Perron-Frobenius en mécanique classique et celui de l'opérateur de Liouville en mécanique quantique qui permettent l'extension des descriptions déterministes à une description statistique. Nous ne nous arrêterons pas à ces modélisations mathématiques, accessibles aux seuls spécialistes, afin de mieux mettre en évidence les raisons de cette approche statistique:
C'est au niveau statistique que l'instabilité peut être incorporée dans les lois fondamentales. Les lois de la nature acquièrent alors une signification nouvelle: elles ne traitent plus de certitudes mais de possibilités. Elles affirment le devenir et non plus seulement l'être. (FC 179)
La description probabiliste est plus riche que la description individuelle, qui pourtant a toujours été considérée comme la description fondamentale. […]Nous parvenons, pour les distributions de probabilité, à des solutions nouvelles irréductibles, au sens où elles ne s'appliquent pas aux trajectoires individuelles. […] Il s'agit donc d'une description non-locale. De plus, comme nous le verrons, la symétrie par rapport au temps est brisée car dans la formulation statistique le passé et le futur jouent des rôles différents. (FC 42)
Explication fréquentielle
Une description mathématique, n'est pas une explication. La relativité générale permet des prédictions mais n'explique pas la gravité. La fonction d'onde de Schrödinger permet des prédictions mais n'explique pas la matière.
Prigogine ne s'est pas contenté de la description mathématique. Il a trouvé chez Poincaré pourquoi un système "loin de l'équilibre" est instable, pourquoi son évolution est irréversible et pourquoi des corrélations non locales conduisent à l'auto-organisation, à l'équilibre d'une structure devenue plus complexe.
Nous avons déjà vu que Poincaré avait établi une distinction fondamentale entre systèmes stables et systèmes instables. Mais il y a plus. Il a introduit la notion cruciale de "système dynamique non intégrable". Il a montré que la plupart des systèmes dynamiques étaient non intégrables. (FC 43/44)
Mais Poincaré n'a pas seulement démontré que l'intégrabilité s'applique seulement à une classe réduite de systèmes dynamiques, il a identifié la raison du caractère exceptionnel de cette propriété: l'existence de résonance entre les degrés de liberté du système. Il a, ce faisant, identifié le problème à partir duquel une formulation élargie de la dynamique devient possible.
La notion de résonance caractérise un rapport entre des fréquences. Un exemple simple de fréquence est celui de l'oscillateur harmonique, qui décrit le comportement d'une particule liée à un centre par une force proportionnelle à la distance : si on écarte la particule du centre, elle oscillera avec une fréquence bien définie. Considérons maintenant le cas le plus familier d'oscillateur, celui du ressort qui, éloigné de sa position d'équilibre, vibre avec une fréquence caractéristique. Soumettons un tel ressort à une force extérieure, caractérisée elle aussi par une fréquence que nous pouvons faire varier. Nous observons alors un phénomène de couplage entre deux fréquences. La résonance se produit lorsque les deux fréquences, celle du ressort et celle de la force extérieure, correspondent à un rapport numérique simple (l'une des fréquences est égale à un multiple entier de l'autre). L'amplitude de la vibration du pendule augmente alors considérablement. Le même phénomène se produit en musique, lorsque nous jouons une note sur un instrument. Nous entendons les harmoniques. La résonance "couple" les sons.
Les fréquences, et en particulier la question de leur résonance, sont au coeur de la description des systèmes dynamiques. Chacun des degrés de liberté d'un système dynamique est caractérisé par une fréquence. (FC 45)
Les résonances de Poincaré jouent un rôle fondamental en physique. L'absorption et l'émission de la lumière sont dues à des résonances. L'approche vers l'équilibre d'un système de particules en interaction est, nous le verrons, due à des résonances. Les champs en interaction créent également des résonances. Il est difficile de citer un problème important en physique quantique ou classique où les résonances ne joueraient pas un rôle. (FC 47)
Nous pouvons donner une idée qualitative de l'effet des résonances de Poincaré au niveau statistique. Ces résonances couplent les processus dynamiques exactement comme elles couplent les harmoniques en musique.
Les explications de Prigogine au sujet des fréquences conduisent à une tout autre approche de la physique. Elles invitent à ressortir des tiroirs, où elles ont été classifiées par les encyclopédies comme "hypothèses non retenues par la communauté scientifique", les théories de Louis de Broglie et de de Broglie – Bohm et à s'intéresser aux nouvelles théories selon lesquelles "la matière est faite d'ondes". Nous y reviendrons à la fin de cet essai, au sujet de l'application des principes systémiques en physique.
Conclusion
Les découvertes de Prigogine sont révolutionnaires pour la physique. Mais ce qui nous intéresse ici, c'est ce que ses découvertes et réflexions apportent aux principes de la méthode scientifique et à la théorie systémique en général.
Ludwig von Bertalanffy a bien dit: "L'unité de la science est obtenue, non pas par une réduction utopique de toutes les sciences à la physique et à la chimie, mais grâce aux uniformités structurelles qui existent entre les différents niveaux de la réalité".
L'auto-organisation des "structures dissipatives" et ses conditions ne sont qu'un exemple particulier, analogique, dans la hiérarchie holographique des homothéties fractales, qui s'étage de la particule élémentaire à la galaxie, en passant par les systèmes biologiques, sociologiques, économiques.
Pour Prigogine, il ne s'agissait pas de réduire toute organisation ou toute évolution à la physique et à la chimie. Il a surtout cherché et retrouvé le sens irréversible du temps dans l'auto-organisation des systèmes ouverts de la nature. En même temps il a mis en évidence le rôle prépondérant de la cohérence de l'ensemble sur le comportement des parties. Il a aussi éclairé la coïncidence de l'être et du devenir dans la matière active dont il dit qu'elle "voit", contrairement à la masse de la physique classique et relativiste, qui est aveugle.
Nous reviendrons au chapitre prochain sur le sens du temps, de l'espace et de la matière dans la connaissance, sur leur rôle épistémologique. Nous découvrirons alors que les conditions de l'auto-organisation, révélées par Prigogine dans les cas particuliers de la thermodynamique, relèvent de principe universels connus autrefois de toutes les cosmologies traditionnelles. Ils ne sont nouveaux que pour notre pensée scientifique occidentale réduite à l'empirisme et à la logique aristotélicienne.
Adolescent, Prigogine était fasciné par l'archéologie, la philosophie, la musique. Mais en raison de la crise des années 1930 et du risque de guerre, il choisit d'étudier les sciences dures. Il se souvient avoir ressenti un certain malaise en abordant le formalisme mathématique où le temps est un paramètre réversible comme les coordonnées de l'espace, alors qu'il avait toujours ressenti le temps comme un rythme et une évolution irréversible.
Toute sa vie il a œuvré pour rétablir la "flèche" du temps en physique. Sa recherche n'a pas seulement établi l'irréversibilité du temps, connue déjà par la thermodynamique, mais aussi les raisons de l'évolution par auto-organisation des systèmes complexes de la nature. Il a proposé à la science une "nouvelle rationalité" qui ouvre à notre civilisation occidentale la voie vers un nouveau paradigme. Dans son dernier livre, il témoigne de la résistance que rencontra dans le milieu scientifique la relativisation du déterminisme mathématique en physique et sa découverte de l'auto-organisation. Il confie: "J'ai ressenti toute ma vie l'hostilité que suscite chez les physiciens le temps unidirectionnel." (FC 71).
En effet, aujourd'hui encore, l'encyclopédie en ligne wikipédia ne parle pas de Prigogine dans la page de l'auto-organisation. Elle relègue celle-ci parmi des expériences physiques particulières, sans rapport avec la vie qui relèverait d'une "cause finale". A la page sur les systèmes dissipatifs, wikipédia ne lui reconnaît que d'avoir créé le terme "structure dissipative". L'occultation officielle est celle d'un conservatisme communautaire qui refuse une nouveauté révolutionnaire qui ébranle les fondements mêmes des croyances, méthodes et réputations établies.
L'exposé suivant est destiné à mettre en lumière les principes et conclusions de Prigogine qui conduisent à une nouvelle rationalité, celle du paradigme systémique. Il se réfère aux trois livres: "La nouvelle alliance" (NA), "Entre le temps et l'éternité" (TE) et "La fin des certitudes" (FC). Les citations de Prigogine sont reproduites en italiques verts, les expressions en italique dans l'original sont soulignées. Les sources sont indiquées entre parenthèses par les majuscules des titres et le numéro de page.
Déterminisme et indéterminisme
Dans "La nouvelle alliance", Ilya Prigogine et Isabelle Stengers remarquent que la science n'est pas indépendante de l'histoire culturelle. La controverse concernant le temps remonte, avant Aristote, au débat entre l'être de Parménide et le devenir d'Héraclite, que Platon a cherché à réconcilier.
L'histoire de la physique ne se réduit pas à celle du développement de formalismes et d'expérimentations, mais est inséparable de ce que l'on appelle usuellement des jugements "idéologiques". (NA 34)
La science née en Occident n'aurait pas été ce qu'elle est si n'y avait été associée la conviction qu'elle ouvre le chemin à une intelligibilité du monde. (NA 38)
Mais l'intelligibilité a été réduite au déterminisme. Leibniz l'a formulé en énonçant son principe de raison suffisante qui déclare l'équivalence entre la "cause pleine" et "l'effet entier". Ce principe suppose la réversibilité entre cause et effet et par conséquent l'équivalence du passé et du futur. On admit dès lors - et beaucoup l'admettent aujourd'hui encore - que Celui qui connaît toutes les conditions initiales peut prédire le passé et le futur en suivant le déterminisme linéaire de cause à effet. Cet être omniscient hypothétique qu'on a nommé démon de Laplace est assimilé à la "cause finale", de la tradition monothéiste.
De nombreux historiens soulignent le rôle essentiel joué par la figure du Dieu chrétien, conçu au XIIe siècle comme un législateur tout-puissant dans cette formulation des lois de la nature. La théologie et la science convergeaient alors. Leibniz a écrit: "…dans la moindre des substances, des yeux aussi perçants que ceux de Dieu pourraient lire toute la suite des choses de l'univers." […] La soumission de la nature à des lois déterministes rapprochait ainsi la connaissance humaine du point de vue divin intemporel.
La conception d'une nature passive, soumise à des lois déterministes, est une spécificité de l'Occident. En Chine et au Japon, 'nature' signifie "ce qui existe par soi-même". (FC 20)
La thermodynamique apparue au 19ème siècle a remis en question la conception réversible du temps en démontrant la transformation irréversible de l'énergie cinétique en chaleur, appelée "production d'entropie". Mais l'équilibre thermodynamique des gaz parfaits fut représenté par les mouvements et collisions réversibles des molécules. Réduisant ainsi l'état global aux mouvements déterministes des parties, toute évolution irréversible fut considérée comme une approximation macroscopique illusoire.
Prigogine explique que le déterminisme linéaire du principe de raison suffisante caractérise non seulement les équations de mouvement réversibles de la mécanique classique de Newton mais aussi la relativité et la mécanique quantique.
On sait qu'Einstein a souvent affirmé que le temps est illusion (FC 10)
Chacun sait que la physique newtonienne a été détrônée au XXe siècle par la mécanique quantique et la relativité. Mais les traits fondamentaux de la loi de Newton, son déterminisme et sa symétrie temporelle, ont survécu. Bien sûr, la mécanique quantique ne décrit plus des trajectoires mais des fonctions d'onde, mais son équation de base, l'équation de Schrödinger, est elle aussi déterministe et à temps réversible.(FC 19/20)
Il rappelle la polémique qui entourait l'interprétation de la fonction d'onde comme une onde de probabilité. En mécanique quantique, l'indétermination est attribuée au principe d'incertitude de Heisenberg, selon lequel on ne peut pas mesurer à la fois et par le même instrument l'énergie et la position de la particule. Prigogine n'accepte pas l'étrange interprétation anthropocentrique, selon laquelle l'irréversibilité serait due à l'intervention de l'expérimentateur qui, par sa mesure, créerait le réel en provoquant "l'effondrement de la fonction d'onde".
L'objectivité scientifique n'a pas de sens si elle aboutit à rendre illusoire les rapports que nous entretenons avec le monde, à condamner comme "instrumentaux" les savoirs qui nous permettent de rendre intelligibles les phénomènes que nous interrogeons. (TE 40)
Il affirme et démontre qu'instabilité et indétermination sont une propriété intrinsèque des systèmes complexes.
Chaos déterministes
Problème des trois corps de Poincaré
En 1892 déjà, Henri Poincaré découvrit un théorème fondamental, celui des trois corps. En essayant d'établir la stabilité des mouvements gravitationnels combinés de la Terre, de la Lune et du Soleil, il découvrit que la plupart des systèmes naturels ne sont pas intégrables; leur évolution ne peut pas être calculée indéfiniment par des équations décrivant des trajectoires précises. Il établit ainsi une distinction fondamentale entre systèmes stables et systèmes instables.
Mais c'est seulement dans la seconde moitié du vingtième siècle, grâce à l'informatique, que se développa la dynamique des systèmes instables. Le météorologue Edward Lorenz découvrit sur son ordinateur que l'on peut obtenir un comportement chaotique avec seulement trois variables, soit un système non linéaire à trois degrés de liberté. Une infime variation des valeurs initiales peut faire varier énormément le résultat final. C'est ainsi que fut fondée la théorie du chaos déterministe.
Conditions initiales et "effet papillon"
Prigogine décrit le problème des conditions initiales ainsi:
Les systèmes dynamiques stables sont ceux où de petites modifications des conditions initiales produisent de petits effets. Mais pour une classe très étendue de systèmes dynamiques, ces modifications s'amplifient au cours du temps. Les systèmes chaotiques sont un exemple extrême de système instable car les trajectoires correspondant à des conditions initiales aussi proches que l'on veut divergent de manière exponentielle au cours du temps. On parle alors de "sensibilité aux conditions initiales" telle que l'illustre la parabole bien connue de "l'effet papillon": le battement des ailes d'un papillon dans le bassin amazonien peut affecter le temps qu'il fera aux Etats-Unis. […]
On parle souvent de "chaos déterministe". En effet, les équations de systèmes chaotiques sont déterministes comme le sont les lois de Newton. Et pourtant elles engendrent des comportements d'allure aléatoire ! Cette découverte surprenante a renouvelé la dynamique classique, jusque là considérée comme un sujet clos. (FC 34/35)
Attracteurs et degrés de liberté
Prigogine explique qu'un pendule simple finit par s'immobiliser par suite de frottements. Le point où le pendule reste immobile, parce qu'il est en équilibre, est appelé "attracteur". Un pendule qui ne serait pas soumis aux frottements continuerait un mouvement périodique en ligne (1 dimension) ou en surface (2 dimensions) selon les "degrés de liberté" limités permis à son mouvement. Les mouvements périodiques linéaires ou circulaires stables seraient alors des états d'équilibre, les attracteurs du pendule. Mais si le point de suspension du pendule est soumis à un minime mouvement périodique, le mouvement pendulaire cesse d'être stable et devient de plus en plus irrégulier avant de devenir chaotique. On parle alors d'"attracteurs étranges".
Ensembles fractals
On a découvert ainsi des attracteurs qui ne sont pas caractérisés par des dimensions entières telles que la ligne ou la surface, mais par des dimensions fractionnaires. Ce sont ce que depuis Mandelbrodt, on appelle variétés fractales.
Beaucoup d'objets dans la nature sont caractérisés par une dimension fractale.[…] Aujourd'hui les algorithmes fractals sont largement utilisés dans les images de synthèse […] Les trajectoires qui les constituent remplissent littéralement une portion de l'espace de leurs plis et replis, et cela indéfiniment. (TE 74)
Horizon de Lyapounov du prévisible
Les recherches en mathématique et par simulations d'ordinateurs ont découvert que les systèmes périodiques dont les conditions initiales comportent une perturbation, finissent après un certain nombre calculable de périodes (le temps de Lyapounov) par devenir chaotiques. Même sans perturbation extérieure, les systèmes périodiques de trois variables ou plus sont instables et deviennent chaotiques.
Parce que les équations parfaitement déterministes conduisent à des états chaotiques, cette catégorie de systèmes, instables en raison des conditions initiales, a été qualifiée de "chaos déterministe". L'expression est paradoxale, elle signale le refus de la science d'accepter qu'une instabilité fondamentale des systèmes contredise le principe fondamental déterministe de la méthode scientifique.
Systèmes dissipatifs
Les tourbillons de Bénard
Un système dissipatif est défini par les encyclopédies comme "un système qui opère dans un environnement avec lequel il échange de l'énergie ou de la matière". Une "structure dissipative" est autre chose qu'un chaos déterministe. Les chaos déterministes simulés sur ordinateur sont des systèmes fermés, dont les conditions initiales sont définies, et pourtant ils évoluent vers le chaos. Les systèmes dissipatifs par contre sont ouverts sur l'environnement et peuvent évoluer vers un ordre nouveau sous certaines conditions.
Prigogine démontre l'apparition d'un ordre nouveau, sous forme se "structures dissipatives", par l'exemple des tourbillons de Bénard:
Une mince couche liquide est soumise à une différence de température entre la surface inférieure, chauffée en permanence, et la surface supérieure, en contact avec l'environnement extérieur. Pour une valeur déterminée de la différence de température, le transport de chaleur par conduction, où la chaleur se transmet par collision entre molécules, se double d'un transport par convection, où les molécules elles-mêmes participent à un mouvement collectif. Se forment alors des tourbillons qui distribuent la couche liquide en "cellules" régulières. (TE 52)
Il explique que le flux de chaleur orienté de bas en haut rend le système complexe instable. Cette instabilité conduit à une situation critique, appelée bifurcation, d'où plusieurs évolutions différentes sont également probables. "Loin de l'équilibre", le système devient "sensible" à la gravité qui n'avait aucun effet sur le système en équilibre. Il se forme alors cet ordre global des tourbillons de convection
Il décrit aussi des systèmes dissipatifs chimiques plus complexes où interviennent des produits intermédiaires et des catalyseurs. Une expérience historique spectaculaire de système dissipatif chimique est la réaction oscillante de Belousov-Zhabotinsky où les couleurs d'un réactif changent subitement de manière périodique. On peut trouver différentes variantes sur youtube.
Prigogine conclut:
Loin de l'équilibre, les processus irréversibles sont donc source de cohérence. L'apparition de cette activité cohérente de la matière - les structures dissipatives - nous impose un nouveau regard, une nouvelle manière de nous situer par rapport au système que nous définissons et manipulons. Alors qu'à l'équilibre et près de l'équilibre, le comportement du système est, pour des temps suffisamment longs, entièrement déterminé par les conditions aux limites, nous devrons désormais lui reconnaître une certaine autonomie qui permet de parler des structures loin de l'équilibre comme de phénomènes d'auto-organisation. (TE 59)
Les conditions de l'auto-organisation
L'exemple des tourbillons de Bénard fait apparaître les conditions fondamentales de l'auto-organisation. Il ne faut pas y voir des étapes successives dans le temps mais des conditions inséparables et simultanées:
- une structure complexe, comportant des "degrés de liberté",
- un flux d'énergie orienté, en provenance de l'environnement, rendant le système instable et sensible à l'environnement,
- une "corrélation à longue portée" orientée par les influences "aléatoires" de l'environnement, qui ont le rôle d'informations.
1 - Structure complexe
La structure est définie par "l'organisation des parties d'un système, qui lui donne sa cohérence."
La cohérence est minimale dans un gaz dont les molécules sont considérées comme indépendantes. Elle est maximale dans le cristal où l'ordonnance des éléments est fixe. Entre les phases gazeuse et solide existe la phase liquide ou semi-liquide, qui est un équilibre entre indépendance et liaison, une complémentarité d'indétermination et d'indétermination. L'état liquide est caractéristique des structures chimiques et biologiques. C'est dans ce domaine "entre le cristal et la fumée" selon le titre d'un livre de H. Atlan, que se situent les systèmes dissipatifs capables d’auto-organisation et les systèmes biologiques.
A la différence des systèmes déterministes, qui dépendent seulement de conditions initiales ou transitoires, les "structures dissipatives" sont conditionnées par des perturbations ou fluctuations permanentes.
Notre monde présente des interactions persistantes. […] La distinction entre interactions persistantes et transitoires prend donc une importance cruciale dans le passage de la dynamique réversible des trajectoires à la thermodynamique. La mécanique classique considère des mouvements isolés alors que l'irréversibilité ne prend son sens que lorsque nous considérons des particules plongées dans un milieu où les interactions sont persistantes. (FC 133)
En tant que structure complexe en devenir, la matière reçoit un sens que la masse brute de la physique classique et relativiste n'a pas.
La physique de l'équilibre nous a donc inspiré une fausse image de la matière. Nous retrouvons maintenant la signification dynamique de ce que nous avions constaté au niveau phénoménologique : la matière à l'équilibre est aveugle et, dans les situations de non-équilibre, elle commence à voir. (FC 149)
2 - Flux d'énergie
Prigogine explique les "structures dissipatives" en termes thermodynamiques et mathématiques. Il désigne la dissipation de chaleur dans un milieu par l'expression "production d'entropie". L'équilibre thermodynamique est l'état final où la production d'entropie est nulle. Mais un état de non-équilibre peut être stationnaire si un apport d'énergie compense la perte d'énergie transformée en chaleur..
En clair, l'énergie métabolique dépensée par un organisme vivant et qui se transforme en chaleur dissipée, est appelée production d'entropie. Mais l'organisme, pour rester en vie, en équilibre stationnaire, doit compenser sa dépense d'énergie par un apport extérieur d'énergie; ce qui est réalisé par l'énergie solaire pour les végétaux, par la matière nutritionnelle pour les animaux.
C'est le flux d'énergie qui provient des réactions nucléaires à l'intérieur du Soleil qui maintient notre écosystème loin de l'équilibre et qui a donc permis que la vie se développe sur la Terre. L'écart à l'équilibre conduit à des comportements collectifs, à un régime d'activité cohérent, impossible à l'équilibre. (FC 184)
Lorsque le flux d'énergie ou de matière nutritionnelle est insuffisant pour assurer un état stationnaire, le système biologique dégénère et meurt. Par contre, lorsque le flux d'énergie est en surabondance, il peut se reproduire et créer des structures cohérentes nouvelles, plus complexes. C'est la surabondance d'énergie qui permet l'émergence d'un ordre plus complexe. Nous retrouvons par analogie la condition de l'auto-organisation que H. Atlan appelait redondance dans la théorie de l'information.
Le biophysicien F.-A. Popp [1], qui étudie l'organisation biologique sous l'angle de la physique quantique est plus précis. Dans un chapitre de son livre , dédié aux structures dissipatives de Prigogine, il affirme que l'apport d'énergie n'est pas chaotique, il est cohérent dans le sens qu'il "véhicule en fait des informations et produit des corrélations dans l'espace et le temps, des structures, des rythmes" .
Il précise: "il ne faut pas s'imaginer que n'importe quel apport d'énergie suffit pour faire émerger un ordre du chaos. Un système qui ne contient pas déjà des structures et/ou auquel des structures ne sont pas imposées par les conditions aux limites et le type d'alimentation en énergie, ne peut pas non plus construire des structures spatio-temporelles."
Dans l'exemple thermodynamique simple des tourbillons de Bénard, c'est l'orientation du flux de chaleur du bas vers le haut qui est à l'origine de la cohérence. Mais lorsque le flux de chaleur cesse, le système revient à l'équilibre; il est réversible. Dans les systèmes dissipatifs chimiques, les situations sont plus complexes, orientées par des catalyseurs. Les transformations peuvent conduire à des équilibres oscillants ou stationnaires irréversibles. Prigogine énonce une règle générale:
Alors que, à l'équilibre et près de l'équilibre, les lois de la nature sont universelles, loin de l'équilibre, elles deviennent spécifiques, elles dépendent du type de processus irréversibles. Cette observation est conforme à la variété des comportements de la matière que nous observons autour de nous. Loin de l''équilibre, la matière acquiert de nouvelles propriétés où les fluctuations, les instabilités jouent un rôle essentiel: la matière devient plus active. (FC 75)
La cohérence n'émerge pas de rien, du chaos, du "hasard" ou de quelque "cause finale". L'organisation du système ouvert, est conditionnée par la cohérence de l'environnement naturel. L'auto-organisation est une adaptation à l'environnement.
3 – Corrélation à longue portée
La physique classique cherche toujours à représenter l'ensemble par le comportement des éléments constitutifs indépendants, qui est incohérent (p. ex. les molécules du gaz).
"Un milieu loin de l'équilibre comme celui qui est le siège des tourbillons de Bénard, est caractérisé en revanche par des corrélations intrinsèques à longue portée. Les tourbillons sont un exemple de la cohérence que traduisent ces corrélations: les molécules prises dans un tourbillon ne peuvent plus être définies comme des unités indépendantes les unes des autres". (TE 53)
Loin de l'équilibre, c'est véritablement de nouveaux états de la matière qu'il convient de parler, d'états qui s'opposent à l'ensemble des états d'équilibre. […] Les nouveaux états de non-équilibre de la matière se caractérisent par l'apparition de corrélations à longue portée. (TE 52/53)
Qu'est-ce qu'une corrélation? – Alors que la définition des interactions … fait partie de la définition même d'un système, et précède donc, en ce sens, l'étude de ses différents régimes d'activités, les corrélations se définissent relativement à ces régimes; elles permettent de préciser la relation entre "tout" et "parties" qui caractérise chacun d'entre eux. (TE53)
La brisure de symétrie temporelle est une propriété globale qui exige la considération du système dynamique comme un tout. (FC 180).
Nouvelles perspectives
Description statistique
Dans "La fin des certitudes, Prigogine fait connaître surtout les développements intervenus dans le domaine de la thermodynamique du non-équilibre. Il explique l'espace de phase, le hamiltonien, le rôle de l'opérateur de Perron-Frobenius en mécanique classique et celui de l'opérateur de Liouville en mécanique quantique qui permettent l'extension des descriptions déterministes à une description statistique. Nous ne nous arrêterons pas à ces modélisations mathématiques, accessibles aux seuls spécialistes, afin de mieux mettre en évidence les raisons de cette approche statistique:
C'est au niveau statistique que l'instabilité peut être incorporée dans les lois fondamentales. Les lois de la nature acquièrent alors une signification nouvelle: elles ne traitent plus de certitudes mais de possibilités. Elles affirment le devenir et non plus seulement l'être. (FC 179)
La description probabiliste est plus riche que la description individuelle, qui pourtant a toujours été considérée comme la description fondamentale. […]Nous parvenons, pour les distributions de probabilité, à des solutions nouvelles irréductibles, au sens où elles ne s'appliquent pas aux trajectoires individuelles. […] Il s'agit donc d'une description non-locale. De plus, comme nous le verrons, la symétrie par rapport au temps est brisée car dans la formulation statistique le passé et le futur jouent des rôles différents. (FC 42)
Explication fréquentielle
Une description mathématique, n'est pas une explication. La relativité générale permet des prédictions mais n'explique pas la gravité. La fonction d'onde de Schrödinger permet des prédictions mais n'explique pas la matière.
Prigogine ne s'est pas contenté de la description mathématique. Il a trouvé chez Poincaré pourquoi un système "loin de l'équilibre" est instable, pourquoi son évolution est irréversible et pourquoi des corrélations non locales conduisent à l'auto-organisation, à l'équilibre d'une structure devenue plus complexe.
Nous avons déjà vu que Poincaré avait établi une distinction fondamentale entre systèmes stables et systèmes instables. Mais il y a plus. Il a introduit la notion cruciale de "système dynamique non intégrable". Il a montré que la plupart des systèmes dynamiques étaient non intégrables. (FC 43/44)
Mais Poincaré n'a pas seulement démontré que l'intégrabilité s'applique seulement à une classe réduite de systèmes dynamiques, il a identifié la raison du caractère exceptionnel de cette propriété: l'existence de résonance entre les degrés de liberté du système. Il a, ce faisant, identifié le problème à partir duquel une formulation élargie de la dynamique devient possible.
La notion de résonance caractérise un rapport entre des fréquences. Un exemple simple de fréquence est celui de l'oscillateur harmonique, qui décrit le comportement d'une particule liée à un centre par une force proportionnelle à la distance : si on écarte la particule du centre, elle oscillera avec une fréquence bien définie. Considérons maintenant le cas le plus familier d'oscillateur, celui du ressort qui, éloigné de sa position d'équilibre, vibre avec une fréquence caractéristique. Soumettons un tel ressort à une force extérieure, caractérisée elle aussi par une fréquence que nous pouvons faire varier. Nous observons alors un phénomène de couplage entre deux fréquences. La résonance se produit lorsque les deux fréquences, celle du ressort et celle de la force extérieure, correspondent à un rapport numérique simple (l'une des fréquences est égale à un multiple entier de l'autre). L'amplitude de la vibration du pendule augmente alors considérablement. Le même phénomène se produit en musique, lorsque nous jouons une note sur un instrument. Nous entendons les harmoniques. La résonance "couple" les sons.
Les fréquences, et en particulier la question de leur résonance, sont au coeur de la description des systèmes dynamiques. Chacun des degrés de liberté d'un système dynamique est caractérisé par une fréquence. (FC 45)
Les résonances de Poincaré jouent un rôle fondamental en physique. L'absorption et l'émission de la lumière sont dues à des résonances. L'approche vers l'équilibre d'un système de particules en interaction est, nous le verrons, due à des résonances. Les champs en interaction créent également des résonances. Il est difficile de citer un problème important en physique quantique ou classique où les résonances ne joueraient pas un rôle. (FC 47)
Nous pouvons donner une idée qualitative de l'effet des résonances de Poincaré au niveau statistique. Ces résonances couplent les processus dynamiques exactement comme elles couplent les harmoniques en musique.
Les explications de Prigogine au sujet des fréquences conduisent à une tout autre approche de la physique. Elles invitent à ressortir des tiroirs, où elles ont été classifiées par les encyclopédies comme "hypothèses non retenues par la communauté scientifique", les théories de Louis de Broglie et de de Broglie – Bohm et à s'intéresser aux nouvelles théories selon lesquelles "la matière est faite d'ondes". Nous y reviendrons à la fin de cet essai, au sujet de l'application des principes systémiques en physique.
Conclusion
Les découvertes de Prigogine sont révolutionnaires pour la physique. Mais ce qui nous intéresse ici, c'est ce que ses découvertes et réflexions apportent aux principes de la méthode scientifique et à la théorie systémique en général.
Ludwig von Bertalanffy a bien dit: "L'unité de la science est obtenue, non pas par une réduction utopique de toutes les sciences à la physique et à la chimie, mais grâce aux uniformités structurelles qui existent entre les différents niveaux de la réalité".
L'auto-organisation des "structures dissipatives" et ses conditions ne sont qu'un exemple particulier, analogique, dans la hiérarchie holographique des homothéties fractales, qui s'étage de la particule élémentaire à la galaxie, en passant par les systèmes biologiques, sociologiques, économiques.
Pour Prigogine, il ne s'agissait pas de réduire toute organisation ou toute évolution à la physique et à la chimie. Il a surtout cherché et retrouvé le sens irréversible du temps dans l'auto-organisation des systèmes ouverts de la nature. En même temps il a mis en évidence le rôle prépondérant de la cohérence de l'ensemble sur le comportement des parties. Il a aussi éclairé la coïncidence de l'être et du devenir dans la matière active dont il dit qu'elle "voit", contrairement à la masse de la physique classique et relativiste, qui est aveugle.
Nous reviendrons au chapitre prochain sur le sens du temps, de l'espace et de la matière dans la connaissance, sur leur rôle épistémologique. Nous découvrirons alors que les conditions de l'auto-organisation, révélées par Prigogine dans les cas particuliers de la thermodynamique, relèvent de principe universels connus autrefois de toutes les cosmologies traditionnelles. Ils ne sont nouveaux que pour notre pensée scientifique occidentale réduite à l'empirisme et à la logique aristotélicienne.
[1]Fritz-A. Popp , Biologie de la lumière, collection Résurgence; traduction de "Neue Horizonte der Medizin".
Dernière édition par resurgence le Dim 2 Mar 2014 - 10:46, édité 1 fois
VII - Les "themata" de G. Holton dans l'imagination scientifique
L'épistémologie scientifique
L'épistémologie est comprise ici comme théorie de la connaissance en général. Elle consiste non seulement à définir les principes et méthodes de sciences particulières mais à découvrir l'origine commune de la connaissance en général et de la science en particulier.
Il n'existe pas actuellement d'unité de la méthode scientifique. Chaque discipline a développé ses propres méthodes. Il est vrai que, sur la base du postulat réductionniste et de la méthode analytique, le développement des sciences a été plutôt divergent et chaotique. Paul Feyerabend l'a constaté dans son "anarchisme épistémologique": les sciences évoluent en passant par des crises, par des bifurcations comme tout système complexe ou chaotique. La science ne progresse pas de manière continue, en se bâtissant du nouveau sur l'ancien par des remises en question (falsifications) et rectifications successives comme le croyait son adversaire Karl Popper sur la base de la théorie darwinienne. La science, comme toute connaissance humaine, est issue de l'évolution biologique, elle est une forme spécialisée d'auto-organisation.
Il n'y a de consensus, en science, que sur l'importance de l'observation et de l'expérimentation. Mais l'expérimentation selon la méthode hypothético-déductive présuppose des théories, des lois. Il est bien établi comment on vérifie la validité d'une hypothèse par l'expérimentation et l'observation, mais personne n'explique comment le chercheur parvient de l'observation à l'hypothèse. Seules l'intuition ou l'imagination du chercheur sont en cause dans la conception d'une hypothèse. Mais qu'est-ce que l'imagination?
Les "themata"(1) de Holton
C'est Gerald Holton qui a essayé de répondre à cette question dans son livre "The scientific imagination"(2). Gerald Holton est professeur de physique à l'université de Harvard et en même temps historien des sciences. Il a étudié la genèse des grandes découvertes de la physique depuis ses origines jusqu'au début du vingtième siècle, sur la base de la vie et des pensées des grands chercheurs. Il a créé ainsi une nouvelle approche de l'épistémologie qu'il appelle analyse thématique et qu'il explique dans le livre.
Holton s'est demandé ce qui permet le saut entre l'observation et le principe fondamental. - "Qu'est-ce qu'il y a derrière le choix quasi esthétique qui conduit certains scientifiques à rejeter comme simplement "ad hoc" une hypothèse qui pour d'autres scientifiques paraît être une doctrine nécessaire. Ces choix sont-ils confinés à l'imagination individuelle ou s'étendent-ils au-delà de celle-ci?" - Holton constate:
Dans beaucoup (peut-être la plupart) des concepts passés et présents, méthodes et propositions ou hypothèses de la science il y a des éléments qui fonctionnent comme des "themâta" contraignant ou motivant l'individu et parfois guidant (normalisant) et polarisant la communauté scientifique. Dans sa propre présentation publique de son travail et dans toute discussion scientifique ultérieure, ces questions ne sont pas explicitement mentionnées par le scientifique.
…
Une trouvaille de l'analyse thématique …est le couplage fréquent de deux thèmes en mode antithétique, comme quand un promoteur du thème de l'atomisme se trouve confronté au promoteur du thème de la continuité. Les couples antithétiques - tels que évolution et régression, constance et changement , complexité et simplicité , réductionnisme et holisme , hiérarchie et unité, l'efficacité des mathématiques par rapport à l'efficacité des modèles mécanistes … - ne sont pas trop difficiles à discerner …
J'ai été impressionné par le petit nombre de thèmes qui existent- au moins dans les sciences physiques. J'en ai trouvé environ 50 simples et doubles et occasionnellement triples jusqu'à présent, et je suppose que le total se révélera être inférieur à 100. L'apparition d'un nouveau thème est rare…."
La persistance dans le temps, et la propagation dans la communauté à un moment donné, de ces thèmes relativement peu nombreux peuvent être ce qui procure à la science, malgré toute sa croissance et transformation, son l'identité constante. "
Connaissant les œuvres de Prigogine, on ne peut pas manquer de constater le rapport qu'entretiennent les thèmes de Holton avec le temps et l'espace. On trouve en effet chez Prigogine des dualités thématiques tout au long de ses explications à propos du temps et de l'espace. Il est même étonnant qu'en tant que physicien, Holton n'ait pas relevé le rapport qui existe entre les thèmes qu'il cite et le sens attaché à l'espace et au temps.
Parmi les exemples cités par Holton, les thèmes antagonistes évolution-involution ou constance-changement concernent en effet la perception du temps Par contre les thèmes holisme-réductionnisme, complexité-simplicité, unité-diversité concernent la perception de l'espace comme un tout composé de parties, c'est-à-dire l'organisation géométrique des structures complexes.
Les thèmes antithétiques qui animent l'imagination du physicien sont peu nombreux parce qu'ils se rapportent aux sens de la matière, de l'espace et du temps qui sont sous-jacents aux définitions mêmes des trois paramètres principaux de la physique. Dans ce contexte, ce sont des "thèmes épistémologiques".
Les définitions thématiques des unités de mesure
Il est connu que toute formulation mathématique en physique est fondée essentiellement sur trois unités de mesure fondamentales, celles de l'espace (mètre), du temps (seconde) et de la masse (kg). Quatre autres unités reconnues comme fondamentales ne sont pas entièrement indépendantes. Elles concernent des branches particulières de la physique, sont définies en partie au moins par les trois premières et susceptibles d'être réductibles à celles-ci: (Ampère en électricité, kelvin en thermodynamique, et candela en optique se rapportent à l'énergie, la mole en chimie se rapporte à la masse).
Nous laisserons ici de côté les questions de l'existence, de la nature et de l'origine de l'espace, du temps et de la matière/énergie ainsi que leur rôle de paramètres quantitatif. Ce qui intéresse la systémique, l'épistémologie et la philosophie en général c'est l'orientation, le sens que ces principes donnent aux connaissances, c'est leur rôle épistémologique (origine de la science) et herméneutique (art d'interpréter le sens).
En effet, la définition même des trois unités de mesure fondamentales est fondée sur des couples de thèmes épistémologiques antagonistes:
Espace: - Un ensemble spatial à mesurer (une structure) est composé d'éléments disposés dans l'espace. La mesure de la dimension d'un ensemble consiste à la réduire à un nombre de parties virtuelles identiques appelées "unités de mesure": Le mètre ou kilomètre a remplacé le pied ou le mille encore conservés chez les anglais. La mesure de l'espace est un rapport entre le tout et les parties, entre l'unité de l'ensemble et la multiplicité des parties. Il faut rappeler que le mètre, choisi proche de la dimension de l'homme, fut défini initialement comme quarante-millionième partie de la circonférence de la Terre.
Temps: - L'unité de temps, la seconde, est définie de manière semblable, comme fraction d'un ensemble qui n'est pas un espace mais une période de temps, un cycle. La seconde a d’abord été définie comme la fraction 1/86400 du jour solaire. L'inverse de la période, la fréquence, mesurée en hertz, est analogue à la partie fractionnaire composant l'ensemble.
Il faut préciser que cette définition fondée sur un mouvement périodique simple, isolé et régulier correspond à un temps réversible. C'est dans la réalité complexe, où des fréquences ou cycles multiples sont en interférence, que l'évolution est irréversible et le futur imprévisible. C'est dans la nature réelle, macroscopique, que le temps a une flèche, l'orientation irréversible du passé vers le futur, correspondant aux thèmes épistémologiques détermination-indétermination.
Matière: - En physique, la matière est identifiée à la masse dont l'unité est le kilogramme. Historiquement, la définition du kilogramme était la masse grave, le poids d'un décimètre cube d'eau. A présent, le kilogramme est défini par un étalon de platine/iridium. On définit actuellement la masse inertielle par la résistance à une force. Newton a défini la force par une formule qui exprime une équivalence de la force et de la masse par rapport à l'unité d'accélération
Fnewton= a*mkg , où a est l'accélération
Selon cette formule, le newton est l'unité de force qui accélère 1 kg de 1m/sec2 Inversement le kilogramme est la masse qu'une force de 1 newton accélère de 1m/sec2.
On voit que masse et force (et l'énergie cinétique qui en dérive) sont des concepts complexes qui font intervenir l'accélération ou changement de vitesse. Ils se réfèrent aux transformations de quantités de mouvement.
Le concept de matière ne peut pas être considéré comme principe un épistémologique ou ontologique. Mais la masse inertielle et la force peuvent être considérées comme des thèmes épistémologiques antagonistes parmi des analogues comme inertie-dynamisme, freination- accélération, résistance- flux, passivité et activité.
La nature symbolique des thèmes épistémologiques.
La plupart des "analyses thématiques" de Holton qui constituent son étude de l'imagination scientifique se rapportent au problème de la relation entre holisme et réductionnisme ou aux thèmes antithétiques synthèse-analyse auxquels il dédie un chapitre particulier. En effet, l'imagination du scientifique réalise la synthèse ou cohérence de l'hypothèse sur la base de thèmes épistémologiques non définissables par des grandeurs ou expressions simples. Le physicien les perçoit comme irrationnels ou il n'en prend même pas conscience. Les thèmes épistémologiques précèdent la formulation d'une découverte dans l'imagination subconsciente du chercheur, sous la forme d'une vision confuse de la solution comme un ensemble cohérent. Les formes imaginatives que peuvent prendre les thèmes ne sont pas définissables par une seule expression mais seulement descriptibles par un ensemble d'expressions analogues qui diffèrent en fonction des circonstances ou du contexte. Les thèmes épistémologiques ont en effet la nature analogique et unificatrice des symboles.
Lorsque Holton oppose, comme exemple, la discontinuité de l'atomisme du physicien Weinberg à sa tentative d'unification des quatre forces de la nature, il fait explicitement une allusion, par analogie, au symbolisme de la théorie traditionnelle des quatre éléments. Dans les deux cas de principes quaternaire, il y a en effet une hiérarchie entre l'état le plus grossier et le plus subtil:
Sur le plan méthodologique, la théorie évoque, plus qu'en simple écho, un schéma plus ancien de catégories quadruples, un schéma qui a eu un si magnifique succès qu'il a aidé à rationaliser les phénomènes observables pendant quelque 2000 ans: les quatre éléments, avec leur propre hiérarchie interne, du plus léger au plus lourd, et leurs propres règles d'interaction. Cependant, la nouvelle unification par ordre hiérarchique promet parmi ses nombreux avantages, celui que deux et peut-être trois des forces parmi les quatre catégories ont une identité sous-jacente."
Le moyen de découvrir cette identité passe par les analogies de comportement qui réduisent les entités superficiellement différentes à un état dans lequel elles partagent quelque chose de plus que l'appartenance à un ordre hiérarchique.
Holton se défend pourtant de vouloir introduire des discussions thématiques ou même une prise de conscience des thèmes dans la pratique de la science elle-même. Il y voit des dangers de dérapage contre lesquels il met en garde. Il affirme que le grand avantage de l'activité scientifique est que sur son plan expérimental des questions telles que celle de la "réalité" de la connaissance scientifique ne peuvent pas être posées. Ses analyses thématiques de "cas", de manifestations de thèmes dans les comportements des chercheurs, restent sur un plan empirique et descriptif conforme aux méthodes de l'historien ou anthropologue, qu'il explique en détail dans l'Introduction.
Il n'aborde donc pas les questions épistémologiques et logiques que l'existence de ces thèmes soulève. En effet, l'épistémologie et la logique systémique particulière des thèmes épistémologiques n'appartient pas à l'empirisme aristotélicien de la physique mais à la métaphysique des idées de Platon qui sera rappelée au prochain chapitre.
(1) - ] themata: pluriel neutre du grec latinisé: thema,: traduit en français par thème épistémologique ou simplement thème.
(2) - G. Holton, The scientific imagination. Un article disponible sur internet "On the role of themata in scientific thought" résume l'essentiel et constitue l'introduction du livre: http://www.compilerpress.ca/Competitiveness/Anno/Anno%20Holton%20Themata.htm
Une traduction en français a été publiée par Gallimard. On trouve sur internet un commentaire en français par Sabine Rabourdin, qui fait un rapprochement avec la cosmologie indienne: http://indecise.hypotheses.org/144
L'épistémologie est comprise ici comme théorie de la connaissance en général. Elle consiste non seulement à définir les principes et méthodes de sciences particulières mais à découvrir l'origine commune de la connaissance en général et de la science en particulier.
Il n'existe pas actuellement d'unité de la méthode scientifique. Chaque discipline a développé ses propres méthodes. Il est vrai que, sur la base du postulat réductionniste et de la méthode analytique, le développement des sciences a été plutôt divergent et chaotique. Paul Feyerabend l'a constaté dans son "anarchisme épistémologique": les sciences évoluent en passant par des crises, par des bifurcations comme tout système complexe ou chaotique. La science ne progresse pas de manière continue, en se bâtissant du nouveau sur l'ancien par des remises en question (falsifications) et rectifications successives comme le croyait son adversaire Karl Popper sur la base de la théorie darwinienne. La science, comme toute connaissance humaine, est issue de l'évolution biologique, elle est une forme spécialisée d'auto-organisation.
Il n'y a de consensus, en science, que sur l'importance de l'observation et de l'expérimentation. Mais l'expérimentation selon la méthode hypothético-déductive présuppose des théories, des lois. Il est bien établi comment on vérifie la validité d'une hypothèse par l'expérimentation et l'observation, mais personne n'explique comment le chercheur parvient de l'observation à l'hypothèse. Seules l'intuition ou l'imagination du chercheur sont en cause dans la conception d'une hypothèse. Mais qu'est-ce que l'imagination?
Les "themata"(1) de Holton
C'est Gerald Holton qui a essayé de répondre à cette question dans son livre "The scientific imagination"(2). Gerald Holton est professeur de physique à l'université de Harvard et en même temps historien des sciences. Il a étudié la genèse des grandes découvertes de la physique depuis ses origines jusqu'au début du vingtième siècle, sur la base de la vie et des pensées des grands chercheurs. Il a créé ainsi une nouvelle approche de l'épistémologie qu'il appelle analyse thématique et qu'il explique dans le livre.
Holton s'est demandé ce qui permet le saut entre l'observation et le principe fondamental. - "Qu'est-ce qu'il y a derrière le choix quasi esthétique qui conduit certains scientifiques à rejeter comme simplement "ad hoc" une hypothèse qui pour d'autres scientifiques paraît être une doctrine nécessaire. Ces choix sont-ils confinés à l'imagination individuelle ou s'étendent-ils au-delà de celle-ci?" - Holton constate:
Dans beaucoup (peut-être la plupart) des concepts passés et présents, méthodes et propositions ou hypothèses de la science il y a des éléments qui fonctionnent comme des "themâta" contraignant ou motivant l'individu et parfois guidant (normalisant) et polarisant la communauté scientifique. Dans sa propre présentation publique de son travail et dans toute discussion scientifique ultérieure, ces questions ne sont pas explicitement mentionnées par le scientifique.
…
Une trouvaille de l'analyse thématique …est le couplage fréquent de deux thèmes en mode antithétique, comme quand un promoteur du thème de l'atomisme se trouve confronté au promoteur du thème de la continuité. Les couples antithétiques - tels que évolution et régression, constance et changement , complexité et simplicité , réductionnisme et holisme , hiérarchie et unité, l'efficacité des mathématiques par rapport à l'efficacité des modèles mécanistes … - ne sont pas trop difficiles à discerner …
J'ai été impressionné par le petit nombre de thèmes qui existent- au moins dans les sciences physiques. J'en ai trouvé environ 50 simples et doubles et occasionnellement triples jusqu'à présent, et je suppose que le total se révélera être inférieur à 100. L'apparition d'un nouveau thème est rare…."
La persistance dans le temps, et la propagation dans la communauté à un moment donné, de ces thèmes relativement peu nombreux peuvent être ce qui procure à la science, malgré toute sa croissance et transformation, son l'identité constante. "
Connaissant les œuvres de Prigogine, on ne peut pas manquer de constater le rapport qu'entretiennent les thèmes de Holton avec le temps et l'espace. On trouve en effet chez Prigogine des dualités thématiques tout au long de ses explications à propos du temps et de l'espace. Il est même étonnant qu'en tant que physicien, Holton n'ait pas relevé le rapport qui existe entre les thèmes qu'il cite et le sens attaché à l'espace et au temps.
Parmi les exemples cités par Holton, les thèmes antagonistes évolution-involution ou constance-changement concernent en effet la perception du temps Par contre les thèmes holisme-réductionnisme, complexité-simplicité, unité-diversité concernent la perception de l'espace comme un tout composé de parties, c'est-à-dire l'organisation géométrique des structures complexes.
Les thèmes antithétiques qui animent l'imagination du physicien sont peu nombreux parce qu'ils se rapportent aux sens de la matière, de l'espace et du temps qui sont sous-jacents aux définitions mêmes des trois paramètres principaux de la physique. Dans ce contexte, ce sont des "thèmes épistémologiques".
Les définitions thématiques des unités de mesure
Il est connu que toute formulation mathématique en physique est fondée essentiellement sur trois unités de mesure fondamentales, celles de l'espace (mètre), du temps (seconde) et de la masse (kg). Quatre autres unités reconnues comme fondamentales ne sont pas entièrement indépendantes. Elles concernent des branches particulières de la physique, sont définies en partie au moins par les trois premières et susceptibles d'être réductibles à celles-ci: (Ampère en électricité, kelvin en thermodynamique, et candela en optique se rapportent à l'énergie, la mole en chimie se rapporte à la masse).
Nous laisserons ici de côté les questions de l'existence, de la nature et de l'origine de l'espace, du temps et de la matière/énergie ainsi que leur rôle de paramètres quantitatif. Ce qui intéresse la systémique, l'épistémologie et la philosophie en général c'est l'orientation, le sens que ces principes donnent aux connaissances, c'est leur rôle épistémologique (origine de la science) et herméneutique (art d'interpréter le sens).
En effet, la définition même des trois unités de mesure fondamentales est fondée sur des couples de thèmes épistémologiques antagonistes:
Espace: - Un ensemble spatial à mesurer (une structure) est composé d'éléments disposés dans l'espace. La mesure de la dimension d'un ensemble consiste à la réduire à un nombre de parties virtuelles identiques appelées "unités de mesure": Le mètre ou kilomètre a remplacé le pied ou le mille encore conservés chez les anglais. La mesure de l'espace est un rapport entre le tout et les parties, entre l'unité de l'ensemble et la multiplicité des parties. Il faut rappeler que le mètre, choisi proche de la dimension de l'homme, fut défini initialement comme quarante-millionième partie de la circonférence de la Terre.
Temps: - L'unité de temps, la seconde, est définie de manière semblable, comme fraction d'un ensemble qui n'est pas un espace mais une période de temps, un cycle. La seconde a d’abord été définie comme la fraction 1/86400 du jour solaire. L'inverse de la période, la fréquence, mesurée en hertz, est analogue à la partie fractionnaire composant l'ensemble.
Il faut préciser que cette définition fondée sur un mouvement périodique simple, isolé et régulier correspond à un temps réversible. C'est dans la réalité complexe, où des fréquences ou cycles multiples sont en interférence, que l'évolution est irréversible et le futur imprévisible. C'est dans la nature réelle, macroscopique, que le temps a une flèche, l'orientation irréversible du passé vers le futur, correspondant aux thèmes épistémologiques détermination-indétermination.
Matière: - En physique, la matière est identifiée à la masse dont l'unité est le kilogramme. Historiquement, la définition du kilogramme était la masse grave, le poids d'un décimètre cube d'eau. A présent, le kilogramme est défini par un étalon de platine/iridium. On définit actuellement la masse inertielle par la résistance à une force. Newton a défini la force par une formule qui exprime une équivalence de la force et de la masse par rapport à l'unité d'accélération
Fnewton= a*mkg , où a est l'accélération
Selon cette formule, le newton est l'unité de force qui accélère 1 kg de 1m/sec2 Inversement le kilogramme est la masse qu'une force de 1 newton accélère de 1m/sec2.
On voit que masse et force (et l'énergie cinétique qui en dérive) sont des concepts complexes qui font intervenir l'accélération ou changement de vitesse. Ils se réfèrent aux transformations de quantités de mouvement.
Le concept de matière ne peut pas être considéré comme principe un épistémologique ou ontologique. Mais la masse inertielle et la force peuvent être considérées comme des thèmes épistémologiques antagonistes parmi des analogues comme inertie-dynamisme, freination- accélération, résistance- flux, passivité et activité.
La nature symbolique des thèmes épistémologiques.
La plupart des "analyses thématiques" de Holton qui constituent son étude de l'imagination scientifique se rapportent au problème de la relation entre holisme et réductionnisme ou aux thèmes antithétiques synthèse-analyse auxquels il dédie un chapitre particulier. En effet, l'imagination du scientifique réalise la synthèse ou cohérence de l'hypothèse sur la base de thèmes épistémologiques non définissables par des grandeurs ou expressions simples. Le physicien les perçoit comme irrationnels ou il n'en prend même pas conscience. Les thèmes épistémologiques précèdent la formulation d'une découverte dans l'imagination subconsciente du chercheur, sous la forme d'une vision confuse de la solution comme un ensemble cohérent. Les formes imaginatives que peuvent prendre les thèmes ne sont pas définissables par une seule expression mais seulement descriptibles par un ensemble d'expressions analogues qui diffèrent en fonction des circonstances ou du contexte. Les thèmes épistémologiques ont en effet la nature analogique et unificatrice des symboles.
Lorsque Holton oppose, comme exemple, la discontinuité de l'atomisme du physicien Weinberg à sa tentative d'unification des quatre forces de la nature, il fait explicitement une allusion, par analogie, au symbolisme de la théorie traditionnelle des quatre éléments. Dans les deux cas de principes quaternaire, il y a en effet une hiérarchie entre l'état le plus grossier et le plus subtil:
Sur le plan méthodologique, la théorie évoque, plus qu'en simple écho, un schéma plus ancien de catégories quadruples, un schéma qui a eu un si magnifique succès qu'il a aidé à rationaliser les phénomènes observables pendant quelque 2000 ans: les quatre éléments, avec leur propre hiérarchie interne, du plus léger au plus lourd, et leurs propres règles d'interaction. Cependant, la nouvelle unification par ordre hiérarchique promet parmi ses nombreux avantages, celui que deux et peut-être trois des forces parmi les quatre catégories ont une identité sous-jacente."
Le moyen de découvrir cette identité passe par les analogies de comportement qui réduisent les entités superficiellement différentes à un état dans lequel elles partagent quelque chose de plus que l'appartenance à un ordre hiérarchique.
Holton se défend pourtant de vouloir introduire des discussions thématiques ou même une prise de conscience des thèmes dans la pratique de la science elle-même. Il y voit des dangers de dérapage contre lesquels il met en garde. Il affirme que le grand avantage de l'activité scientifique est que sur son plan expérimental des questions telles que celle de la "réalité" de la connaissance scientifique ne peuvent pas être posées. Ses analyses thématiques de "cas", de manifestations de thèmes dans les comportements des chercheurs, restent sur un plan empirique et descriptif conforme aux méthodes de l'historien ou anthropologue, qu'il explique en détail dans l'Introduction.
Il n'aborde donc pas les questions épistémologiques et logiques que l'existence de ces thèmes soulève. En effet, l'épistémologie et la logique systémique particulière des thèmes épistémologiques n'appartient pas à l'empirisme aristotélicien de la physique mais à la métaphysique des idées de Platon qui sera rappelée au prochain chapitre.
(1) - ] themata: pluriel neutre du grec latinisé: thema,: traduit en français par thème épistémologique ou simplement thème.
(2) - G. Holton, The scientific imagination. Un article disponible sur internet "On the role of themata in scientific thought" résume l'essentiel et constitue l'introduction du livre: http://www.compilerpress.ca/Competitiveness/Anno/Anno%20Holton%20Themata.htm
Une traduction en français a été publiée par Gallimard. On trouve sur internet un commentaire en français par Sabine Rabourdin, qui fait un rapprochement avec la cosmologie indienne: http://indecise.hypotheses.org/144
Dernière édition par resurgence le Jeu 17 Avr 2014 - 16:24, édité 2 fois
VIII - Le modèle systémique et épistémologique
Le rôle de la méthode systémique
La méthode scientifique fondée au dix-septième siècle est empirique, basée sur l'observation mesurée, la formulation mathématique des théories et leur vérification par l'expérimentation. La méthode est conforme à la logique aristotélicienne d’identité et de contradiction exclue qui exige des vérités absolues. Cette logique est nécessaire au niveau empirique de l’observation des phénomènes et a fait ses preuves dans les progrès technologiques qui exigent des systèmes fermés.
Le problème est que le principe de contradiction exclue n’a pas été appliqué seulement à l'observation des phénomènes perceptibles et mesurables, mais aussi à leur interprétation, aux relations et fonctions intelligibles. Les conséquences en sont les principes unilatéraux matérialiste, réductionniste et déterministe. La méthode analytique a conduit à une multiplication incohérente des disciplines et les théories mathématiques déterministes rendent la compréhension de l'univers et de la nature de plus en plus difficile.
La méthode scientifique est efficace dans les applications technologiques qui supposent des systèmes fermés, mais ses principes ne suffisent pas pour comprendre la nature et la vie qui sont des systèmes ouverts.
La théorie systémique n’est pas en contradiction avec la science classique. Elle n’a pas les mêmes objectifs. Le rôle de l’approche systémique ou holistique est de compléter la méthode analytique par une méthode orientée vers la synthèse et d'étendre la portée de la méthode scientifique aux systèmes ouverts.
Réductionnisme et holisme.
L'unilatéralité de la logique aristotélicienne, appliquée abusivement en philosophie, a conduit à des positions extrémistes contradictoires. Les matérialistes réductionnistes estiment que les idées ne sont qu'illusion et que la connaissance repose seulement sur l’observation objective. Les idéalistes holistiques et mystiques prétendent au contraire que le monde physique n'est qu'une construction de la conscience. L'historien Gerald Holton compare ces attitudes aux Dionysiens et Apolloniens, tout en remarquant que les deux fils de Zeus n'étaient pas représentés dans la mythologie grecque comme des ennemis mais comme des amis.
Dans un chapitre sur l'analyse et la synthèse, Holton soutient la position médiatrice platonicienne selon laquelle les deux méthodes opposées sont complémentaires et indissociables comme dans le célèbre problème de l'origine de la poule ou de l'œuf. Il rappelle que Platon et Descartes exigeaient que la recomposition succède à l'analyse et il conclut:
« En effet, la dichotomie de l'analyse et de la synthèse est elle-même le reflet de l'existence d'un couple fondamental thématique. …. La meilleure caractérisation terminologique unique pour le couple Analyse et synthèse peut, cependant, être l'opposition Différenciation et Intégration. »
Deux points de vue opposés conduisent à des conflits ou des alternances entre positions extrêmes. Ils ne peuvent pas conduire à une science unie, équilibrée et stable. Le modèle systémique propose une troisième position médiatrice entre le réductionnisme scientifique et le holisme mystique, une méthode fondée sur l'épistémologie, la structure de la connaissance.
Avant d’aborder cette intégration, il est bon de rappeler tous les principes épistémologiques ou logiques ainsi que les nouvelles découvertes scientifiques présentés dans les chapitres précédents :
Principes de la méthode systémique
La définition du système ouvert: - L'ensemble appelé système n'est pas défini par les éléments qui le composent mais par les interactions ou relations qui organisent son unité. Les propriétés d'un ensemble ne sont pas toutes réductibles à l’addition des propriétés des éléments qui le composent. Elles émergent de l’organisation des relations internes et des interactions externes avec l’environnement: les systèmes naturels sont ouverts et auto-organisés.
La logique de complémentarité des contraires: – Pour formuler les relations et interactions qui organisent les systèmes et la nature en général, la logique aristotélicienne doit être complétée par la logique platonicienne de complémentarité des contraires. Cette logique qui caractérise la pensée néoplatonicienne a été redécouverte par Stéphane Lupasco qui l’a clairement formulée par son principe d'antagonisme.
Les trois niveaux de la connaissance: - La logique classique aristotélicienne de contradiction s’applique à l’observation des phénomènes par les sens. La logique platonicienne de complémentarité concerne l’interprétation des observations. Elle s’applique aux relations et fonctions intelligibles par la raison. Au-delà de ces deux niveaux du phénomène et des idées se situe celui des symboles représentant les principes à l’origine de l'unité de l'univers et de la connaissance, dont la logique est l’analogie.
L’organisation fractale et holographique des structures. – La hiérarchie des systèmes complexes naturels est construite par la répétition (récursivité) aux différents niveaux de l’espace ou du temps d'un même processus fractal, fondé sur des conditions semblables, dont résultent des structures similaires (homothétie). L'organisation des structures de l'univers et des êtres animés et inanimés est un hologramme et leurs similitudes répondent à une logique d’analogie.
L’évolution par auto-organisation:- Les « structures dissipatives » de Ilya Prigogine mettent fin aux certitudes du déterminisme scientifique fondé sur des systèmes fermés. Les systèmes naturels sont ouverts et auto-organisés. On ne doit pas comprendre l'univers et la vie comme un "être" matériel mais comme un "devenir" soumis à une triple causalité de structure, d'énergie et d'information.
Les thèmes épistémologiques: – Par l’étude de l’imagination scientifique qui précède la formulation des découvertes, Gerald Holton a mis en évidence des représentations non rationnelles appelées « themata » qui ont la nature du symbole. Ces thèmes se rapportent par paires antagonistes aux représentations de l’espace, du temps et de la matière/énergie qui sont à l’origine des unités de mesure correspondantes. Les thèmes de Holton peuvent ainsi être regroupés en trois paires de principes épistémologiques antagonistes, qui définissent les conditions cadres de l’auto-organisation et de la connaissance.
Par conséquent, les présupposés unilatéraux matérialiste (l'univers est fait de matière), réductionniste (le tout est rien de plus que la somme des parties), et déterministe (cause et effet son équivalents et réversibles) seront complétés et remplacés dans l'approche systémique par trois couples antagonistes, constituant six principes épistémologiques.
Antagonismes et synergies des thèmes épistémologiques.
A - Les trois antagonismes de thèmes épistémologiques
Les six principes épistémologiques ne peuvent pas être définis mais seulement décrits par un ensemble de termes synonymes, différents selon le contexte. Les principes se distinguent des concepts rationnels définissables, parce qu’ils ont la nature des symboles.
Il est important de noter qu’en regroupant les thèmes particuliers en principes ou thèmes épistémologiques généraux, on passe du niveau des concepts rationnels et de leur complémentarité réciproque au niveau du symbole et de la synthèse par analogies. Ce troisième niveau symbolique, après celui empirique du phénomène et celui rationnel des idées intelligibles, nécessite une compréhension intuitive ou imaginative par analogie. La logique d’analogie a ses propres règles qui sont fondées sur le modèle épistémologique qui va être exposé.
Puisque les six principes épistémologiques fondamentaux, pour des raisons de communication, d’exégèse ou de pédagogie, doivent malgré tout être désignés par quelque expression du langage, il fallait en choisir de celles qui ont un sens abstrait aussi général que possible et pourtant proches des contextes physiques. Ce seront:
Ces six expressions doivent être prises comme repères ou exemples et seront remplacées, selon le contexte, par des termes analogues plus adaptés ou plus précis.
B - Les trois synergies de thèmes épistémologiques.
Le principe des thèmes antagonistes une fois établi, la question se pose, comment trois antagonismes peuvent former une unité, un ensemble indissociable. La réponse à ce paradoxe se trouve encore dans la logique de complémentarité des contraires : il n’y a pas d’antagonismes sans synergies.
La réponse et unification des thèmes épistémologiques se trouve dans les conditions d’auto-organisation des structures dissipatives. Selon les explications données par Prigogine, elles comprennent :- une structure complexe, - un flux d’énergie cohérent, - des corrélations à longue portée , c’est-à-dire le couplage harmonieux des fréquences du système et de l’environnement.
L'analyse thématique des trois conditions révèle que chacune d'elles peut être comprise comme une synergie de deux thèmes spécifiques parmi les 6 thèmes formant les trois couples antagonistes.
L'ordre des atomes d'une structure résulte d'interactions électromagnétiques entre atomes ou molécules définies par la périodicité d'ondes stationnaires. Le couplage des fréquences est essentiel dans la corrélation organisant les structures. Prigogine y a insisté en se référant à Poincaré ; cette question sera précisée dans les applications physiques.
Le sens symbolique des trois conditions de l'auto-organisation, peut être exprimé en termes plus universels, ceux des causalités d'Aristote: Les structures sont la cause matérielle, les champs d'énergie la cause efficiente, et les "corrélations à longue portée" ou résonances sont la cause formelle.
Evitant le déisme ou l’anthropocentrisme, on considérera la cause finale d'Aristote comme la cause formelle spécifique du cerveau humain conditionné par ses mémoires ; car toute intention ou finalité suppose des connaissances ou expériences acquises. Dans tout système naturel, animé ou inanimé, les mémoires sont inscrites dans la structure comme déterminations inscrites par son passé.
Le modèle épistémologique et systémique.
A – MIF : - Modèle d'Intégration fonctionnelle (MIF).
L'intégration des principes antagonistes par des synergies conduit à la disposition des six catégories de thèmes selon le tableau suivant.
Les trois lignes du tableau correspondent aux trois niveaux de la connaissance:
1 – Le niveau empirique est celui de l’observation et des mesures, définies par un objet, un endroit et un instant, c'est-à-dire par la matière, l'espace et le temps, les trois paramètres principaux des formulations quantitatives des sciences.
2 – Le niveau déductif-rationnel est celui des idées ou concepts rationnels regroupés en six colonnes correspondant par paires antagonistes aux unités de mesure (en gras), et par paires synergiques aux causalités et principes premiers de la connaissance (petites majuscules en gras).
3 – Le niveau symbolique est celui des causalités d'auto-organisation. Principes premiers, ils constituent la base trilogique de toute connaissance et l’origine de toute existence.
Les trois niveaux correspondent aux trois hypostases néoplatoniciennes de Ammonios Saccas, Plotin et Porphyre: les âmes ou identités observables, l'intellect et le Un. Des trilogies analogues se retrouvent dans toutes les cultures sous formes symboliques, allégoriques ou mystiques
L’unité du modèle d’intégration fonctionnelle (MIF) peut être imaginée dans la disposition circulaire tripartite où les secteurs représentent les causalités métaphysiques par synergies de thèmes et où les séparations correspondent aux rapports antagonistes, conditions physiques de l’observation et de la mesure. Le cycle doit cependant être vu comme la boucle d’une spirale de l’évolution, dont le point de départ est une structure déterminée du passé et qui aboutira, après auto-organisation, à une nouvelle structure future. Une structure est toujours la marque d’un passé, le futur étant pure potentialité.
Le modèle d’intégration fonctionnelle résulte de l’intégration des conditions de l’observation (matière, espace, temps) par les conditions de l’auto-organisation (structure, énergie, information).
L'auto-organisation, a été découverte par Prigogine sur le modèle thermodynamique comme un processus physique créatif de structures complexes, à l’inverse de la production d’entropie. Par extension à la biologie et à la connaissance, les conditions de l'auto-organisation conduisent aux principes métaphysiques des causalités. En effet, le cerveau humain fonctionne et évolue comme toute structure biologique, par auto-organisation. On peut donc considérer le MIF aussi bien comme modèle de la connaissance que comme modèle biologique ou physique.
La systémique réunit la physique et la métaphysique. Elle réunit la science et la tradition, à la condition d’une révision des conceptions aristotéliciennes de la logique et de l’ontologie, héritées de la scolastique : Il n’existe pas de vérités absolues, pas de cause finale extérieur, car l’univers n’est pas seulement un « être » matériel mais aussi un « devenir », une évolution permanente, qui dépend d’énergies et d’informations sous forme d’ondes. L’univers est vie.
B – SES : - Spectre d’expression systémique.
Les antagonismes des thèmes épistémologiques résultent sans ambiguïtés des conditions de l’observation : matière, espace et temps. Il n’en est pas de même du choix des synergies dans le modèle MIF. Il est fondé sur les conditions de l’auto-organisation des « structures dissipatives ». Il est spécifique des processus créatifs et constructifs d’auto-organisation. Mais cette constellation n’est pas unique. Il existe d’autres possibilités d’associer des thèmes, par exemple la synergie de thèmes inverses qui conduit à une configuration signifiant la dégénérescence ou autodestruction.
Pour représenter toutes les possibilités de combinaisons de thèmes, soit de combinaisons de matière, espace et temps, il convient de représenter ces trois axes comme coordonnées orthogonales, en trois dimensions. On obtient ainsi, sous forme d’un octaèdre régulier, une relativité matière-espace-temps qui peut être étudiée aussi bien du point de vue qualitatif et sémantique que du point de vue quantitatif et mathématique.
Nous nous contenterons dans ce chapitre de représenter les relations générales, analogiques, des formes géométriques avec les significations fonctionnelles. La diversité des conséquences logiques et sémantiques sera précisée au cours des applications.
Le sens des éléments de l’octaèdre.
Par 6 sommets ou angles, l'octaèdre régulier, représente d’abord les six principes épistémologiques qualitatifs opposés.
Les 3 axes, correspondent aux trois antagonismes, aux trois paires de formulations inverses des unités de mesure de matière, espace et temps.
Les 12 côtés réunissent des thèmes synergiques et signifient des qualités ou propriétés fonctionnelles particulières.
Les 8 faces triangulaires, représentant une synergie de trois thèmes, signifient des états fonctionnels par couples antagonistes.
Le sens de la sphère.
L'octaèdre régulier est inscrit dans une sphère et un cube. C'est la sphère qui représente symboliquement l'unité du système et de la connaissance. Elle est de symétrie parfaite, ce qui fait que pour l’orientation, il faut des repères. Seules les dimensions d'espace, de temps et de matière/énergie sont susceptibles d’être des référentiels universels conférant une orientation et un sens au système et à la connaissance; car toute observation vraie est limitée à un objet, un endroit et un instant. Il existe d'autres référentiels dans les traditions, fondées sur les qualités sensorielles: ceux des théories des éléments, ils ont aussi le rôle d'orientation de la connaissance ou de l'univers connu. Les qualités sensorielles dépendent néanmoins des conditions de l'observation et peuvent y être assimilées par analogie.
Le spectre circulaire des qualités.
Si l'on pose l'octaèdre non pas sur un de ses sommets mais sur une de ses faces, de manière à ce que les trois axes orthogonaux aient la même inclinaison par rapport au plan horizontal, on obtient, par projection horizontale, la configuration d'un hexagone et d'une étoile à six branches formée par superposition des faces triangulaires, supérieure et inférieure, en position inversée de 180°.
Sur la base des synergies et des trois couleurs principales bleu/ rouge/vert, choisies pour les représenter comme principes de causalité, la projection plane de l'octaèdre représente un spectre circulaire continu où alternent les couleurs principales et les couleurs complémentaires selon la logique du spectre coloré circulaire tel qu'il est présenté par exemple dans le choix de couleurs personnalisées de Microsoft.
Le triangle supérieur, dont les thèmes sont pris dans le sens énergie (Dynamique), degrés de liberté (Discontinuité) et corrélation (Détermination), représente ici l'auto-organisation. La figure suppose que les synergies du MIF ont une flèche orientée de bas en haut, dans la direction et le sens de ces thèmes.
Le triangle inférieur est formé des thèmes contraires qui signifient inertie (Substantialité), contrainte (Continuité) et chaos (Indétermination). Il indique un état de dégénérescence entropique Les synergies contraires à celles de l'auto-organisation sont supposées dirigées de haut en bas vers ces thèmes.
Il reste 6 autres côtés, et 3 paires de faces opposées, qui ne sont pas directement concernés par l'auto-organisation et la thermodynamique. Ils concernent d'autres aspects de l'organisation systémique.
Il est important de remarquer que les trois couleurs principales et leurs complémentaires représentent une interprétation par notre système nerveux des fréquences électromagnétiques et non pas les fréquences elles-mêmes. C'est un indice de la structure tri-logique de l'organisation biologique et cognitive.
La logique des diagonales dans le spectre circulaire ou sphérique.
Toute diagonale passant par le centre peut représenter une paire de qualités ou états fonctionnels contraires. Un état est actuel (état A) quand l’autre est potentiel (état P) , selon la logique de Stéphane Lupasco ; entre les deux, le centre est le tiers inclus (état T).
Deux qualités ou états antagonistes qui occupent des positions diamétralement opposées du cercle, peuvent en général être considérés comme les limites maximale et minimale sur une échelle du système, limites que l'on peut qualifier aussi de positive ou négative. On peut ainsi les désigner par les nombres +1 et -1.
En effet, sur une échelle linéaire, la mesure du minimum est l'inverse de celle du maximum par rapport à leur moyenne géométrique. Il est toujours possible de convertir l'échelle en divisant maximum et minimum par leur moyenne géométrique et de prendre celle-ci comme base de logarithme pour attribuer les nombres +1 et -1 aux limites maximale et minimal. Le zéro ou centre correspond toujours à l’état moyen ou « normal » du système.
Cela n’est pas qu’un artifice mental ad hoc. La connaissance fonctionne ainsi. La biologie enseigne que toute sensation ou réaction se produit sur une échelle logarithmique par rapport à l'intensité physique de la stimulation. L’exemple bien connu est l’échelle des décibels de l’ouïe par rapport à l’intensité physique des vibrations sonores. De même, toute connaissance provient de sensations et se situe sur une échelle logarithmique limitée. Cela explique pourquoi nous ressentons, comprenons et définissons notre réalité subjective toujours par dualités de thèmes contraires. Il existe donc un rapport mathématique précis entre la connaissance qualitative « subjective » et la mesure quantitative « objective », alors même que toute connaissance n’est pas mesurable.
Hommage aux précurseurs.
Les couleurs ne sont qu'un des aspects du spectre des qualités sensorielles et des significations fonctionnelles que les cultures anciennes représentaient par leurs éléments. Le symbolisme des éléments représente aussi bien le macrocosme de l'univers que le microcosme de l'homme. La théorie des éléments est appliquée aujourd'hui encore aux diagnostics et aux traitements des médecines traditionnelles chinoise et indienne, d’efficacité reconnue depuis des millénaires. En Europe, l'alchimiste Paracelse soutenait une conception trilogique semblable à celle des orientaux. Les symbolismes traditionnels feront l'objet du prochain chapitre avant de passer aux applications systémiques possibles en sociologie, biologie et physique.
Plus près de notre culture, Giordano Bruno, adversaire de l'aristotélisme scolastique et admirateur de Raymond Lulle, influencé par les conceptions néoplatoniciennes et la mathématique pythagoricienne de Nicolas de Cues et promoteur de la nouvelle cosmologie copernicienne, avait déjà imaginé un modèle trilogique et sphérique dans "De triplici minimo et mensura" (Le triple minimum et la mesure. Anticipant le quantum de Planck, il refusait la division infinitésimale et affirmait que tout est issu d'un triple minimum: l'atome minimum de "corps", le point minimum d’espace et l'instant minimum de temps. Il considérait que le cercle maximum est l'inverse du minimum qui par sa progression vers le grand et immense est à l'origine du tout. Le modèle systémique permet de confirmer aujourd'hui que le triple minimum est l'ensemble fractal à l'origine de la structure holographique de l'univers.
Giordano Bruno était le dernier grand philosophe néoplatonicien qui savait allier science et philosophie. Sa condamnation par le Vatican et son exécution sur le bûcher le 17 février 1600 au Campo dei Fiori à Rome a mis fin en Europe et dans toute la civilisation occidentale à une tradition de pensée holistique rationnelle qui alliait l'esprit et la matière et qu'il serait grand temps de faire resurgir sous une forme moderne.
La méthode scientifique fondée au dix-septième siècle est empirique, basée sur l'observation mesurée, la formulation mathématique des théories et leur vérification par l'expérimentation. La méthode est conforme à la logique aristotélicienne d’identité et de contradiction exclue qui exige des vérités absolues. Cette logique est nécessaire au niveau empirique de l’observation des phénomènes et a fait ses preuves dans les progrès technologiques qui exigent des systèmes fermés.
Le problème est que le principe de contradiction exclue n’a pas été appliqué seulement à l'observation des phénomènes perceptibles et mesurables, mais aussi à leur interprétation, aux relations et fonctions intelligibles. Les conséquences en sont les principes unilatéraux matérialiste, réductionniste et déterministe. La méthode analytique a conduit à une multiplication incohérente des disciplines et les théories mathématiques déterministes rendent la compréhension de l'univers et de la nature de plus en plus difficile.
La méthode scientifique est efficace dans les applications technologiques qui supposent des systèmes fermés, mais ses principes ne suffisent pas pour comprendre la nature et la vie qui sont des systèmes ouverts.
La théorie systémique n’est pas en contradiction avec la science classique. Elle n’a pas les mêmes objectifs. Le rôle de l’approche systémique ou holistique est de compléter la méthode analytique par une méthode orientée vers la synthèse et d'étendre la portée de la méthode scientifique aux systèmes ouverts.
Réductionnisme et holisme.
L'unilatéralité de la logique aristotélicienne, appliquée abusivement en philosophie, a conduit à des positions extrémistes contradictoires. Les matérialistes réductionnistes estiment que les idées ne sont qu'illusion et que la connaissance repose seulement sur l’observation objective. Les idéalistes holistiques et mystiques prétendent au contraire que le monde physique n'est qu'une construction de la conscience. L'historien Gerald Holton compare ces attitudes aux Dionysiens et Apolloniens, tout en remarquant que les deux fils de Zeus n'étaient pas représentés dans la mythologie grecque comme des ennemis mais comme des amis.
Dans un chapitre sur l'analyse et la synthèse, Holton soutient la position médiatrice platonicienne selon laquelle les deux méthodes opposées sont complémentaires et indissociables comme dans le célèbre problème de l'origine de la poule ou de l'œuf. Il rappelle que Platon et Descartes exigeaient que la recomposition succède à l'analyse et il conclut:
« En effet, la dichotomie de l'analyse et de la synthèse est elle-même le reflet de l'existence d'un couple fondamental thématique. …. La meilleure caractérisation terminologique unique pour le couple Analyse et synthèse peut, cependant, être l'opposition Différenciation et Intégration. »
Deux points de vue opposés conduisent à des conflits ou des alternances entre positions extrêmes. Ils ne peuvent pas conduire à une science unie, équilibrée et stable. Le modèle systémique propose une troisième position médiatrice entre le réductionnisme scientifique et le holisme mystique, une méthode fondée sur l'épistémologie, la structure de la connaissance.
Avant d’aborder cette intégration, il est bon de rappeler tous les principes épistémologiques ou logiques ainsi que les nouvelles découvertes scientifiques présentés dans les chapitres précédents :
Principes de la méthode systémique
La définition du système ouvert: - L'ensemble appelé système n'est pas défini par les éléments qui le composent mais par les interactions ou relations qui organisent son unité. Les propriétés d'un ensemble ne sont pas toutes réductibles à l’addition des propriétés des éléments qui le composent. Elles émergent de l’organisation des relations internes et des interactions externes avec l’environnement: les systèmes naturels sont ouverts et auto-organisés.
La logique de complémentarité des contraires: – Pour formuler les relations et interactions qui organisent les systèmes et la nature en général, la logique aristotélicienne doit être complétée par la logique platonicienne de complémentarité des contraires. Cette logique qui caractérise la pensée néoplatonicienne a été redécouverte par Stéphane Lupasco qui l’a clairement formulée par son principe d'antagonisme.
Les trois niveaux de la connaissance: - La logique classique aristotélicienne de contradiction s’applique à l’observation des phénomènes par les sens. La logique platonicienne de complémentarité concerne l’interprétation des observations. Elle s’applique aux relations et fonctions intelligibles par la raison. Au-delà de ces deux niveaux du phénomène et des idées se situe celui des symboles représentant les principes à l’origine de l'unité de l'univers et de la connaissance, dont la logique est l’analogie.
L’organisation fractale et holographique des structures. – La hiérarchie des systèmes complexes naturels est construite par la répétition (récursivité) aux différents niveaux de l’espace ou du temps d'un même processus fractal, fondé sur des conditions semblables, dont résultent des structures similaires (homothétie). L'organisation des structures de l'univers et des êtres animés et inanimés est un hologramme et leurs similitudes répondent à une logique d’analogie.
L’évolution par auto-organisation:- Les « structures dissipatives » de Ilya Prigogine mettent fin aux certitudes du déterminisme scientifique fondé sur des systèmes fermés. Les systèmes naturels sont ouverts et auto-organisés. On ne doit pas comprendre l'univers et la vie comme un "être" matériel mais comme un "devenir" soumis à une triple causalité de structure, d'énergie et d'information.
Les thèmes épistémologiques: – Par l’étude de l’imagination scientifique qui précède la formulation des découvertes, Gerald Holton a mis en évidence des représentations non rationnelles appelées « themata » qui ont la nature du symbole. Ces thèmes se rapportent par paires antagonistes aux représentations de l’espace, du temps et de la matière/énergie qui sont à l’origine des unités de mesure correspondantes. Les thèmes de Holton peuvent ainsi être regroupés en trois paires de principes épistémologiques antagonistes, qui définissent les conditions cadres de l’auto-organisation et de la connaissance.
Par conséquent, les présupposés unilatéraux matérialiste (l'univers est fait de matière), réductionniste (le tout est rien de plus que la somme des parties), et déterministe (cause et effet son équivalents et réversibles) seront complétés et remplacés dans l'approche systémique par trois couples antagonistes, constituant six principes épistémologiques.
Antagonismes et synergies des thèmes épistémologiques.
A - Les trois antagonismes de thèmes épistémologiques
Les six principes épistémologiques ne peuvent pas être définis mais seulement décrits par un ensemble de termes synonymes, différents selon le contexte. Les principes se distinguent des concepts rationnels définissables, parce qu’ils ont la nature des symboles.
Il est important de noter qu’en regroupant les thèmes particuliers en principes ou thèmes épistémologiques généraux, on passe du niveau des concepts rationnels et de leur complémentarité réciproque au niveau du symbole et de la synthèse par analogies. Ce troisième niveau symbolique, après celui empirique du phénomène et celui rationnel des idées intelligibles, nécessite une compréhension intuitive ou imaginative par analogie. La logique d’analogie a ses propres règles qui sont fondées sur le modèle épistémologique qui va être exposé.
Puisque les six principes épistémologiques fondamentaux, pour des raisons de communication, d’exégèse ou de pédagogie, doivent malgré tout être désignés par quelque expression du langage, il fallait en choisir de celles qui ont un sens abstrait aussi général que possible et pourtant proches des contextes physiques. Ce seront:
- Substantialité et Dynamisme pour la matière dans le sens physique de l'équivalence masse/énergie.
- Continuité et Discontinuité pour l'espace dans le sens de la géométrie moderne des formes appelée topologie.
- Détermination et Indétermination pour le temps, dans le sens de l'évolution irréversible.
Ces six expressions doivent être prises comme repères ou exemples et seront remplacées, selon le contexte, par des termes analogues plus adaptés ou plus précis.
B - Les trois synergies de thèmes épistémologiques.
Le principe des thèmes antagonistes une fois établi, la question se pose, comment trois antagonismes peuvent former une unité, un ensemble indissociable. La réponse à ce paradoxe se trouve encore dans la logique de complémentarité des contraires : il n’y a pas d’antagonismes sans synergies.
La réponse et unification des thèmes épistémologiques se trouve dans les conditions d’auto-organisation des structures dissipatives. Selon les explications données par Prigogine, elles comprennent :- une structure complexe, - un flux d’énergie cohérent, - des corrélations à longue portée , c’est-à-dire le couplage harmonieux des fréquences du système et de l’environnement.
L'analyse thématique des trois conditions révèle que chacune d'elles peut être comprise comme une synergie de deux thèmes spécifiques parmi les 6 thèmes formant les trois couples antagonistes.
- La structure réunit les thèmes Substantialité et Détermination. Elle est composée d'éléments matériels organisés dans un ordre périodique.
- Le flux d'énergie réunit Continuité et Dynamisme. Il suppose une orientation cohérente des forces, ou littéralement un champ d'énergie.
- La corrélation à longue portée réunit Discontinuité et Indétermination. Discontinuité signifie l’indépendance des éléments, des "degrés de liberté". L'Indétermination est la conséquence de résonances, de superpositions de fréquences.
L'ordre des atomes d'une structure résulte d'interactions électromagnétiques entre atomes ou molécules définies par la périodicité d'ondes stationnaires. Le couplage des fréquences est essentiel dans la corrélation organisant les structures. Prigogine y a insisté en se référant à Poincaré ; cette question sera précisée dans les applications physiques.
Le sens symbolique des trois conditions de l'auto-organisation, peut être exprimé en termes plus universels, ceux des causalités d'Aristote: Les structures sont la cause matérielle, les champs d'énergie la cause efficiente, et les "corrélations à longue portée" ou résonances sont la cause formelle.
Evitant le déisme ou l’anthropocentrisme, on considérera la cause finale d'Aristote comme la cause formelle spécifique du cerveau humain conditionné par ses mémoires ; car toute intention ou finalité suppose des connaissances ou expériences acquises. Dans tout système naturel, animé ou inanimé, les mémoires sont inscrites dans la structure comme déterminations inscrites par son passé.
Le modèle épistémologique et systémique.
A – MIF : - Modèle d'Intégration fonctionnelle (MIF).
L'intégration des principes antagonistes par des synergies conduit à la disposition des six catégories de thèmes selon le tableau suivant.
Les trois lignes du tableau correspondent aux trois niveaux de la connaissance:
1 – Le niveau empirique est celui de l’observation et des mesures, définies par un objet, un endroit et un instant, c'est-à-dire par la matière, l'espace et le temps, les trois paramètres principaux des formulations quantitatives des sciences.
2 – Le niveau déductif-rationnel est celui des idées ou concepts rationnels regroupés en six colonnes correspondant par paires antagonistes aux unités de mesure (en gras), et par paires synergiques aux causalités et principes premiers de la connaissance (petites majuscules en gras).
3 – Le niveau symbolique est celui des causalités d'auto-organisation. Principes premiers, ils constituent la base trilogique de toute connaissance et l’origine de toute existence.
Les trois niveaux correspondent aux trois hypostases néoplatoniciennes de Ammonios Saccas, Plotin et Porphyre: les âmes ou identités observables, l'intellect et le Un. Des trilogies analogues se retrouvent dans toutes les cultures sous formes symboliques, allégoriques ou mystiques
L’unité du modèle d’intégration fonctionnelle (MIF) peut être imaginée dans la disposition circulaire tripartite où les secteurs représentent les causalités métaphysiques par synergies de thèmes et où les séparations correspondent aux rapports antagonistes, conditions physiques de l’observation et de la mesure. Le cycle doit cependant être vu comme la boucle d’une spirale de l’évolution, dont le point de départ est une structure déterminée du passé et qui aboutira, après auto-organisation, à une nouvelle structure future. Une structure est toujours la marque d’un passé, le futur étant pure potentialité.
Le modèle d’intégration fonctionnelle résulte de l’intégration des conditions de l’observation (matière, espace, temps) par les conditions de l’auto-organisation (structure, énergie, information).
L'auto-organisation, a été découverte par Prigogine sur le modèle thermodynamique comme un processus physique créatif de structures complexes, à l’inverse de la production d’entropie. Par extension à la biologie et à la connaissance, les conditions de l'auto-organisation conduisent aux principes métaphysiques des causalités. En effet, le cerveau humain fonctionne et évolue comme toute structure biologique, par auto-organisation. On peut donc considérer le MIF aussi bien comme modèle de la connaissance que comme modèle biologique ou physique.
La systémique réunit la physique et la métaphysique. Elle réunit la science et la tradition, à la condition d’une révision des conceptions aristotéliciennes de la logique et de l’ontologie, héritées de la scolastique : Il n’existe pas de vérités absolues, pas de cause finale extérieur, car l’univers n’est pas seulement un « être » matériel mais aussi un « devenir », une évolution permanente, qui dépend d’énergies et d’informations sous forme d’ondes. L’univers est vie.
B – SES : - Spectre d’expression systémique.
Les antagonismes des thèmes épistémologiques résultent sans ambiguïtés des conditions de l’observation : matière, espace et temps. Il n’en est pas de même du choix des synergies dans le modèle MIF. Il est fondé sur les conditions de l’auto-organisation des « structures dissipatives ». Il est spécifique des processus créatifs et constructifs d’auto-organisation. Mais cette constellation n’est pas unique. Il existe d’autres possibilités d’associer des thèmes, par exemple la synergie de thèmes inverses qui conduit à une configuration signifiant la dégénérescence ou autodestruction.
Pour représenter toutes les possibilités de combinaisons de thèmes, soit de combinaisons de matière, espace et temps, il convient de représenter ces trois axes comme coordonnées orthogonales, en trois dimensions. On obtient ainsi, sous forme d’un octaèdre régulier, une relativité matière-espace-temps qui peut être étudiée aussi bien du point de vue qualitatif et sémantique que du point de vue quantitatif et mathématique.
Nous nous contenterons dans ce chapitre de représenter les relations générales, analogiques, des formes géométriques avec les significations fonctionnelles. La diversité des conséquences logiques et sémantiques sera précisée au cours des applications.
Le sens des éléments de l’octaèdre.
Par 6 sommets ou angles, l'octaèdre régulier, représente d’abord les six principes épistémologiques qualitatifs opposés.
Les 3 axes, correspondent aux trois antagonismes, aux trois paires de formulations inverses des unités de mesure de matière, espace et temps.
Les 12 côtés réunissent des thèmes synergiques et signifient des qualités ou propriétés fonctionnelles particulières.
Les 8 faces triangulaires, représentant une synergie de trois thèmes, signifient des états fonctionnels par couples antagonistes.
Le sens de la sphère.
L'octaèdre régulier est inscrit dans une sphère et un cube. C'est la sphère qui représente symboliquement l'unité du système et de la connaissance. Elle est de symétrie parfaite, ce qui fait que pour l’orientation, il faut des repères. Seules les dimensions d'espace, de temps et de matière/énergie sont susceptibles d’être des référentiels universels conférant une orientation et un sens au système et à la connaissance; car toute observation vraie est limitée à un objet, un endroit et un instant. Il existe d'autres référentiels dans les traditions, fondées sur les qualités sensorielles: ceux des théories des éléments, ils ont aussi le rôle d'orientation de la connaissance ou de l'univers connu. Les qualités sensorielles dépendent néanmoins des conditions de l'observation et peuvent y être assimilées par analogie.
Le spectre circulaire des qualités.
Si l'on pose l'octaèdre non pas sur un de ses sommets mais sur une de ses faces, de manière à ce que les trois axes orthogonaux aient la même inclinaison par rapport au plan horizontal, on obtient, par projection horizontale, la configuration d'un hexagone et d'une étoile à six branches formée par superposition des faces triangulaires, supérieure et inférieure, en position inversée de 180°.
Sur la base des synergies et des trois couleurs principales bleu/ rouge/vert, choisies pour les représenter comme principes de causalité, la projection plane de l'octaèdre représente un spectre circulaire continu où alternent les couleurs principales et les couleurs complémentaires selon la logique du spectre coloré circulaire tel qu'il est présenté par exemple dans le choix de couleurs personnalisées de Microsoft.
Le triangle supérieur, dont les thèmes sont pris dans le sens énergie (Dynamique), degrés de liberté (Discontinuité) et corrélation (Détermination), représente ici l'auto-organisation. La figure suppose que les synergies du MIF ont une flèche orientée de bas en haut, dans la direction et le sens de ces thèmes.
Le triangle inférieur est formé des thèmes contraires qui signifient inertie (Substantialité), contrainte (Continuité) et chaos (Indétermination). Il indique un état de dégénérescence entropique Les synergies contraires à celles de l'auto-organisation sont supposées dirigées de haut en bas vers ces thèmes.
Il reste 6 autres côtés, et 3 paires de faces opposées, qui ne sont pas directement concernés par l'auto-organisation et la thermodynamique. Ils concernent d'autres aspects de l'organisation systémique.
Il est important de remarquer que les trois couleurs principales et leurs complémentaires représentent une interprétation par notre système nerveux des fréquences électromagnétiques et non pas les fréquences elles-mêmes. C'est un indice de la structure tri-logique de l'organisation biologique et cognitive.
La logique des diagonales dans le spectre circulaire ou sphérique.
Toute diagonale passant par le centre peut représenter une paire de qualités ou états fonctionnels contraires. Un état est actuel (état A) quand l’autre est potentiel (état P) , selon la logique de Stéphane Lupasco ; entre les deux, le centre est le tiers inclus (état T).
Deux qualités ou états antagonistes qui occupent des positions diamétralement opposées du cercle, peuvent en général être considérés comme les limites maximale et minimale sur une échelle du système, limites que l'on peut qualifier aussi de positive ou négative. On peut ainsi les désigner par les nombres +1 et -1.
En effet, sur une échelle linéaire, la mesure du minimum est l'inverse de celle du maximum par rapport à leur moyenne géométrique. Il est toujours possible de convertir l'échelle en divisant maximum et minimum par leur moyenne géométrique et de prendre celle-ci comme base de logarithme pour attribuer les nombres +1 et -1 aux limites maximale et minimal. Le zéro ou centre correspond toujours à l’état moyen ou « normal » du système.
Cela n’est pas qu’un artifice mental ad hoc. La connaissance fonctionne ainsi. La biologie enseigne que toute sensation ou réaction se produit sur une échelle logarithmique par rapport à l'intensité physique de la stimulation. L’exemple bien connu est l’échelle des décibels de l’ouïe par rapport à l’intensité physique des vibrations sonores. De même, toute connaissance provient de sensations et se situe sur une échelle logarithmique limitée. Cela explique pourquoi nous ressentons, comprenons et définissons notre réalité subjective toujours par dualités de thèmes contraires. Il existe donc un rapport mathématique précis entre la connaissance qualitative « subjective » et la mesure quantitative « objective », alors même que toute connaissance n’est pas mesurable.
Hommage aux précurseurs.
Les couleurs ne sont qu'un des aspects du spectre des qualités sensorielles et des significations fonctionnelles que les cultures anciennes représentaient par leurs éléments. Le symbolisme des éléments représente aussi bien le macrocosme de l'univers que le microcosme de l'homme. La théorie des éléments est appliquée aujourd'hui encore aux diagnostics et aux traitements des médecines traditionnelles chinoise et indienne, d’efficacité reconnue depuis des millénaires. En Europe, l'alchimiste Paracelse soutenait une conception trilogique semblable à celle des orientaux. Les symbolismes traditionnels feront l'objet du prochain chapitre avant de passer aux applications systémiques possibles en sociologie, biologie et physique.
Plus près de notre culture, Giordano Bruno, adversaire de l'aristotélisme scolastique et admirateur de Raymond Lulle, influencé par les conceptions néoplatoniciennes et la mathématique pythagoricienne de Nicolas de Cues et promoteur de la nouvelle cosmologie copernicienne, avait déjà imaginé un modèle trilogique et sphérique dans "De triplici minimo et mensura" (Le triple minimum et la mesure. Anticipant le quantum de Planck, il refusait la division infinitésimale et affirmait que tout est issu d'un triple minimum: l'atome minimum de "corps", le point minimum d’espace et l'instant minimum de temps. Il considérait que le cercle maximum est l'inverse du minimum qui par sa progression vers le grand et immense est à l'origine du tout. Le modèle systémique permet de confirmer aujourd'hui que le triple minimum est l'ensemble fractal à l'origine de la structure holographique de l'univers.
Giordano Bruno était le dernier grand philosophe néoplatonicien qui savait allier science et philosophie. Sa condamnation par le Vatican et son exécution sur le bûcher le 17 février 1600 au Campo dei Fiori à Rome a mis fin en Europe et dans toute la civilisation occidentale à une tradition de pensée holistique rationnelle qui alliait l'esprit et la matière et qu'il serait grand temps de faire resurgir sous une forme moderne.
Dernière édition par resurgence le Dim 2 Mar 2014 - 10:48, édité 1 fois
IX - Modèles cosmologiques traditionnels
Définition de la Tradition.
Dans le cadre de cet essai de philosophie holistique ou systémique, la Tradition ne sera présentée ni selon l’analyses chronologique des transmissions supposées de l’historien, ni suivant les croyances aux révélations des écritures du théologien.
Pour l'historien, la civilisation a commencé avec l'écriture. Cela est vrai si l'on considère que la civilisation est l'éloignement de l'homme de la nature. En effet, l'écriture exige des définitions; elle a remplacé le sens universel du symbole descriptif par la signification définie du mot. La compréhension globale analogique de la nature a été ainsi progressivement évincée par l'analyse, jusqu'à réduire en science toute réalité à une quantité mesurable.
Il est grand temps (s’il n’est pas déjà trop tard) de se souvenir des principes universels, communs à la nature et à la connaissance, qui sont à l'origine de l'Univers et de la Vie. La découverte des symétries et de l’inséparabilité des phénomènes quantiques devrait nous inviter à un retour, par l’intermédiaire de la théorie systémique, à La Tradition universelle oubliée, telle que l’a définie Michel Random dans "La Tradition et le Vivant" :
"Que faut-il entendre par tradition? C'est un mot qui prête à confusion. Est-ce une référence à des idées passéistes et poussiéreuses? Est-ce une doctrine tirée de l'étude de différentes sources, telles que sciences ésotériques et religions diverses? Ce que nous entendons par tradition c'est essentiellement ce qui est permanent et stable à travers les lieux, les cultures et les religions. Il existe une science primordiale liée aux propriétés du vivant et à la "sagesse" de la nature, qui est le fondement de toutes connaissances. Chaque fois que cette tradition est altérée ou perdue, elle réapparaît sous différentes formes dans l'histoire des civilisations et de l'humanité."
Il existe en effet un fondement de toute connaissance, une logique universelle commune aux principales cosmologies traditionnelles. Celles-ci expliquent la multiplicité des phénomènes perceptibles par l'origine et unité première, à l'inverse de la méthode analytique qui réduit le tout à la somme des parties.
L'étude des traditions montre que ces cosmologies se rapportent toutes, directement ou par analogie symbolique à une représentation globale de l'univers ou de l'homme, par une sphère orientée par trois axes, formant un octaèdre.
L'octaèdre dans la nature et la tradition.
Dans la nature, l'octaèdre est une des quatre formes cristallines du carbone, celle du diamant réputé pour sa dureté et sa capacité optique de concentrer la lumière et de la décomposer en la redistribuant par ses facettes. L'octaèdre est aussi la forme de cristallisation de la magnétite, un aimant naturel qui se trouve dans les organismes végétaux et animaux sous forme de microcristaux qui permettent l'orientation par rapport au champ magnétique de la Terre.
L'octaèdre se trouve comme symbole cosmologique dans les cultures les plus anciennes. Il y a bien sûr les pyramides d'Egypte, qui ne sont que la partie émergée de l'octaèdre, qui est une double pyramide. La partie souterraine est le véritable sanctuaire funéraire. L'octaèdre est le symbole majeur aussi bien du chamanisme nordique que du tantrisme indien ou du taoïsme. Le diamant est le symbole du bouddhisme tantrique vajrayana, littéralement la voie du diamant. L'octaèdre est aussi le principe des huit trigrammes du Yi King chinois appelé livre des mutations, dont l'origine est aussi mystérieuse que celle du tantrisme ou du mégalithisme dont on ignore toujours les techniques.
Partout dans le monde, des légendes comme celle du déluge ou de l'Atlantide ainsi que des découvertes archéologiques et géologiques comme celle de la cité vitrifiée de Mohenjo daro, témoignent de l'existence de grandes cultures du néolithique, effacées par un cataclysme. Les connaissances logiques et techniques du néolithique étaient très différentes des nôtres. Ce qui en a pu être transmis aux survivants, régressés à un stade de civilisation primaire, n'était pas compris et devait dégénérer en mythes, légendes et pratiques divinatoires, comme c'est le cas du Yi King.
L'octaèdre, symbole de tous les nombres.
Michel Random affirme dans "La tradition et le vivant" que l'harmonie de la nature et de la vie est d'origine vibratoire. Il dédie un chapitre au nombre qui, dans la cosmologie pythagoricienne, signifie un rapport et non pas une quantité, un rapport entre fréquences ou longueurs d'ondes. Puis il commente l'octaèdre comme symbole de tous les nombres. (1)
"Observons l'octaèdre: c'est une forme géométrique parfaite que la nature crée sous la forme la plus commune, la cristallisation du carbone. Observons cette figure. Elle s'exprime tout d'abord comme deux pyramides inversées avec un bas et un haut (un nadir et un zénith, une terre et un ciel). Quatre points décrivent les quatre points cardinaux: le nord, le sud, l'est et l'ouest. Ils forment quatre côtés, qui engendrent huit faces, par rapport à un point. Notre figure offre bien la relation du un, le centre, du deux, la Terre et le Ciel, du trois, les triangles. Les trois points sont sur une même ligne; donc deux c'est trois et trois c'est un."
…
"Les structures du temps et de l'espace sont traditionnellement décrites par les deux nombres fondamentaux sept et douze obtenus ainsi: 3 + 4 = 7 et 3 x 4 = 12. Ces deux nombres indiquent pourquoi temps et espace se répondent sans fin; Douze est, en effet, un nombre manifestant la trinité aux quatre coins de l'espace. La division de l'année en quatre saisons de trois mois, correspondant à douze signes, est une structure correspondant aux douze demi-tons de l'octave. Le douze comme le sept, est un nombre sacré. Ils sont l'un et l'autre le père et la mère des choses manifestées, alors que le un et le trois expriment l'essence qui se fait substance."
Les points, lignes, triangles et tétraèdres, confèrent une orientation à l'intérieur de la sphère, un sens qui est non seulement géométrique et physique mais aussi ontologique et métaphysique. Les relations et leur sens sont exprimés, selon les cultures, sous différentes formes symboliques, allégoriques ou mythiques mais se rapportent toujours au même modèle universel.
L'arbre du monde ou arbre de vie.
Michel Random a décrit les nombres et relations géométriques de l'octaèdre dans le sens de l'arbre du monde.
Les hommes, avant la dénaturation qui a suivi les écritures, n'étaient instruits que par le "Grand Livre de la Nature". En le contemplant, ils pouvaient comprendre l'Intelligence Cosmique. Ils contemplèrent le firmament, les mouvements du Soleil, de la Lune et des Etoiles et reconnurent leur influence sur la vie de la Terre et par conséquent sur leur propre vie. Ils contemplèrent La Terre nourricière et reconnurent qu’elle était la Mère et ils contemplèrent le Soleil et le Ciel qui fertilisent la Terre et y reconnurent le Père.
L'univers leur apparaissait comme un globe où le monde que nous percevons et créons occupe le plan médian. Au-dessus se déploie la coupole céleste. En dessous se dissimulent les secrets du monde "sous-terre".
Le mieux connu est l’Yggdrasil décrit soigneusement dans la Prose Edda de Snorri Sturluson ( c.1179 -1241 ), un historien islandais de la tradition scandinave. L’arbre y est représenté dans un globe. On remarque que le monde sous terre n'est pas l'enfer des chrétiens. Les racines et les serpents et vouivres représentent les origines de la vie et les archétypes ou racines génétiques de l'homme. Ils sont l'équivalent de kundalini et le tronc est l'origine du caducée. L'aigle au sommet de l'arbre représente la liberté du possible. Sur le plan médian entre les deux se déploie la vie, le monde perceptible.
Au centre du globe se trouve Midgard, notre demeure, notre conscience. Huit autres demeures ou mondes mythiques entourent le centre, ce qui fait neuf, nombre sacré des nordiques. Quatre d'entre eux sont disposés aux quatre azimuts, les positions du soleil dans le cycle circadien. Deux sont au sud-est et nord-est et deux au sud-ouest et nord-ouest, les positions du lever et coucher du soleil aux solstices d'été et d'hiver, marquant le cycle des saisons. Il est évident que ces positions constituaient l'orientation spatiale des scandinaves, grands navigateurs. D'ailleurs des chamanes amérindiens d'Amérique du nord cultivent encore la même représentation de l'univers dont ils ont pourvu les orientations de leurs propres symboles totémiques. Ils l'appellent "Cercle de Médecine" ou "Roue de Pouvoir". Pour eux médecine ne signifie pas pathologie mais équilibre et pouvoir ne signifie pas puissance mais possibilités. Cette similitude des conceptions n'est pas étonnante puisque les Scandinaves colonisaient le Groenland et les côtes d'Amérique du Nord jusqu'au Moyen-âge et entretenaient des échanges culturels et commerciaux avec eux.
Toute orientation a un sens à la fois physique et métaphysique. Les huit positions périphériques d'Yggrasil, correspondant aux huit faces de l'octaèdre, ont toutes des noms de demeures et un sens mythique particulier sur lequel nous n'allons pas nous étendre. L'important est de distinguer l'axe vertical et le plan horizontal. Les quatre azimuts du plan horizontal sont associés habituellement aux quatre éléments ou qualités du monde perceptible. L'axe du monde, le tronc de l'arbre, relie par contre Terre et Ciel, des mondes non perceptibles, métaphysiques. De la rencontre des deux, qui représentent le passé et le futur, émerge le présent comme troisième, tiers inclus, conscience et origine de notre monde connu.
Arc-en-ciel, symbole de transcendance tantrique.
Il faut remarquer l'arc-en-ciel, appelé Bifröst qui, dans la mythologie nordique, fait office de pont entre la Terre et le Ciel. Il est dit qu'il possède uniquement trois couleurs. Il ne passe pas par le centre conscient mais le contourne, formant une trilogie avec la Terre et le Ciel. Il indique une réalité métaphysique trinitaire qui ne dépend pas de la conscience située au centre de l'espace-temps.
Le symbole de "corps d'arc-en-ciel" existe aussi dans le bouddhisme tibétain, dans la lignée ésotérique du Dzogchen. Celui-ci se distingue des autres enseignements bouddhistes par le fait qu'il refuse l'opposition nirvana-samsara, qui doit être relativisée comme toute dualité. Le corps d'arc-en-ciel signifie l'unité corps-esprit à réaliser. Il est assimilé dans le trikaya, trilogie du bouddhisme Mahayana, au Samboghakaya qui unit le Nirmanakaya au Dharmakaya.
Le Dzogchen appartient avec le vajrayana tantrique à l'école nyingmapa, la plus ancienne des quatre écoles du bouddhisme tibétain. Le vajrayana est la version tibétaine du tantrisme indien dont les origines très anciennes sont controversées parce que les recherches historiques se fondent sur des écritures et que seules des traductions tibétaines sont restées conservées après le passage de l'Islam sur l'Inde. Les origines du Dzogchen sont les courants ésotériques bön, des pratiques chamaniques venues d'Asie centrale. Ils se réfèrent à un Bouddha primordial, antérieur au Bouddha historique. Le chamanisme est à l'origine des spiritualités les plus élevées parce que proche de la nature réelle de l'univers.
L'octaèdre dans l'interprétation du Yi king.
Lorsque j'ai cherché à comprendre la logique des médecines traditionnelles, holistiques, je me suis intéressé aussi aux interprétations modernes du Yi king. Jai étudié celle de Maurice Mussat qui considérait le Yi king comme "un ouvrage de haute technologie" et l'interprétait par l'énergie électromagnétique. J'ai lu "Le diamant chauve" de Jacques Pialoux qui se rapportait à la biogénétique. Tout en retenant les principes de leurs approches, je n'étais pas entièrement satisfait, ni par les prémices ni par les conséquences des raisonnements.
C'est alors que j'ai découvert un texte du bouddhisme vajrayana tibétain, sur la pratique de méditation dite du Mahamudra (le grand symbole vajra qui signifie diamant), traduit par Evans-Wentz (2), où le passage suivant a retenu mon attention:
La troisième Pratique, la Méditation sur le yoga de l’Incréé a trois divisions:
La conclusion bouddhiste de la pratique est qu'aucun de ces concepts n'a d'existence en soi. Mais le temps, la matière et l'espace sont les conditions cadres de l'observation et les dualités antagonistes qui les définissent s'inscrivent dans la logique de complémentarité des contraires, la logique des relations fonctionnelles intelligibles. Le bouddhisme, certes, réfute l'existence en soi, permanente, du monde et des concepts, mais il ne nie pas le fonctionnement du monde de la connaissance.
Après avoir pris connaissance du principe d'antagonisme de Lupasco, du temps irréversible de Prigogine qui oppose l'indétermination à la détermination, et des themata de Holton, il m'a paru évident que les traits du trigramme, entiers ou divisés, symbolisaient l'orientation vers l'un ou l'autre de deux thèmes épistémologiques antithétiques, ceux qui sont à l'origine de nos définitions de la matière/énergie, de l'espace et du temps.
Pour l'interprétation du Yi King, j'ai donc retenu le principe de l’octaèdre ou diamant de Pialoux dont chaque face correspond à un trigramme. Ainsi chacun des trois traits représente un axe de l'octaèdre, et les formes continue ou discontinue représentent les positions antagonistes. J’ai seulement modifié l’interprétation du trigramme de Mussat. En effet, celui-ci avait attribué les trois traits respectivement à la matière, à l'énergie, et à l'espace, en attribuant le temps à la rotation.
Cette interprétation épistémologique du trigramme ne contredit pas d'autres interprétations rationnelles, thermodynamiques, électromagnétiques, biogénétiques etc. Elle les contient toutes en puissance, par analogie. Car les thèmes épistémologiques, conditions premières de l'observation et de la connaissance scientifique (matière–espace-temps), entrent par analogie, d'une manière ou d'une autre, dans toute imagination ou réflexion axiomatique, avant toute formulation rationnelle. Les thèmes épistémologiques se situent au niveau symbolique de la connaissance alors que les interprétations scientifiques spécifiques se situent au niveau des idées rationnelles.
Sur cette base symbolique, j'ai cherché à comprendre la théorie des éléments qui jouent un rôle fondamental dans la pratique diagnostique et thérapeutiques des médecines traditionnelles.
Théorie des éléments des médecines traditionnelles.
Médecine traditionnelle chinoise.
La tradition chinoise représente l'axe du monde par le Yang céleste et le Yin terrestre, dont l'énergie, le Qi, circule constamment en sens inverse, de haut en bas et de bas en haut; cette circulation entretient la vie. Les trois représentent l'essence de l'univers et de la vie.
Les éléments chinois, comme les quatre éléments hippocratiques, représentent l'existence, le monde perçu, et sont attribués aux quatre azimuts. Mais les éléments chinois sont au nombre de cinq et leur dénomination est en partie différente. Le feu au sud est opposé à l'eau au nord mais l'est est représenté par le Bois et l'ouest par le Métal. Quant à l'élément Terre, il est au centre.
Mais la Terre suppose le Ciel; au nadir correspond le zénith. La symétrie exige un sixième élément virtuel. C'est effectivement le cas dans le système d'acupuncture qui comprend trois canaux yang et trois canaux yin parcourant les corps de haut en bas et inversement. Il y a donc six grands canaux (appelés méridiens par les occidentaux); à chacun est attribué un élément et un organe, un viscère , un tissu etc.. Par nécessité de symétrie, il existe par conséquent un sixième élément virtuel, qui a été créé en divisant la fonction de l'élément feu en feu impérial, et feu ministériel.
Il faut ajouter que les six canaux principaux communiquent par l'intermédiaire d'un grand canal dorsal yang et d'un grand canal ventral yin. En tout, cela fait 8 grands canaux correspondant aux 8 trigrammes du Yi King ou aux huit faces de l'octaèdre.
Médecine traditionnelle ayurvédique.
La cosmologie indienne du samkhya-yoga, sur laquelle est fondée la médecine ayurvédique comprend trois principes qualitatifs essentiels, les trois gunas: tamas rajas et sattva qui signifient respectivement inertie, activité et subtilité. Les excès pathologiques respectifs de ces trois "qualités" sont appelés dans la médecine ayurvédique kapha, pitta et vata, et dans la médecine tibétaine ils deviennent les "trois poisons", phlegme, bile et vent qui sont traités comme des "humeurs" corporelles.
Sans insister ici là-dessus, il faut relever la parenté de ces trois principes avec ceux de l'alchimie de Paracelse: sel, soufre et mercure, dont dérivèrent les trois "miasmes" de l'homéopathie de Hahnemann: sycose, psore, et luèse. Les noms changent mais le sens reste le même.
Dans une succession d'inductions, la cosmologie du samkhya fait dériver des trois Gunas, d'abord manas, la faculté mentale, puis les cinq sens (tanmatras) et enfin les cinq éléments (mahabutas) représentant les qualités perçues par les sens. A chaque guna correspondent deux éléments. Pour raison de symétrie, comme en médecine chinoise, un élément, en l'occurrence l'eau, est dédoublé en deux aspects: l'aspect lourd, froid inerte de l'eau appartient à tamas, l'aspect visqueux, unifiant, adhérent est attribué à rajas.
Il y a une analogie de logique et de structure entre les théories des éléments chinois et indiens, surtout en ce qui concerne les trois principes premiers:
Mais des différences des termes et de niveaux de connaissance rendent la comparaison des éléments chinois et indiens difficile. La théorie indienne reste sur le terrain empirique de la connaissance sensorielle. La théorie chinoise par contre se situe au niveau du fonctionnement, de la circulation de l'énergie, ou de la transformation ou mutation cyclique.
Les difficultés ont pu être surmontées par référence aux thèmes épistémologiques et grâce au travail d'un acupuncteur allemand (3) qui a décrit le sens des éléments chinois par des "images fonctionnelles". Ses descriptions utilisent des termes semblables aux "themata" de Holton. Les détails de la comparaison a fait l'objet des chapitre VII et chapitre chapitre VIII du livre "Les trois Visages de la Vie" (3). Le tableau suivant en est la synthèse.
Le schéma circulaire, que j'ai appelé modèle d'intégration fonctionnelle (MIF), résume la comparaison des trois cultures: l'occidentale se référant à matière, espace et temps, la chinoise fondée sur le fonctionnement par autorégulations cycliques et l'indienne basée sur l'observation par les sens.
Antagonismes et synergies.
Le modèle d'intégration réunit une trilogie de synergies qui se réfèrent à l'unité et une trilogie d'antagonismes qui se réfèrent à la distinction. Avant son aspect triple, il est une dualité entre intégration et différenciation comme le remarquait G. Holton à la fin de son chapitre sur l'analyse et la synthèse:"La meilleure caractérisation terminologique unique pour le couple Analyse et synthèse peut, cependant, être l'opposition Différenciation et Intégration."
Le MIF est en effet l'interface entre l'intégration métaphysique et la différenciation physique. La tri-unité des causalités émane de l'unité métaphysique et la trilogie antagoniste conduit aux mesures, aux nombres et à la multiplicité physique.
Notre science occidentale réduit l'univers aux dimensions quantitatives de matière, d'espace et de temps. Par contre, les cosmologies traditionnelles considèrent les nombres comme des rapports de trois principes premiers qualitatifs. G. Dasgupta, historien des philosophies indiennes écrit dans "Yoga as philosophy and religion (4):"Nous voyons donc que le temps, l'espace, etc., sont des limitations qui régissent, modifient et déterminent dans une certaine mesure les divers transformations et changements et les différences apparentes des choses, quoiqu'en réalité, ils sont tous en fin de compte réductibles aux trois gunas." En effet, les qualités particulières appelées éléments ne sont rien d'autre que les rapports des trois qualités fondamentales; exactement comme les proportions variables des trois couleurs fondamentales bleu, rouge et vert, sur la palette du peintre, associées au noir ou blanc, produisent toutes les nuances de couleurs. Les proportions sont à la fois des qualités et des nombres. Random dit: "Chaque nombre est équivalent à une octave. On peut réduire tout à une proportion et toute proportion en une note" et "Les nombres sont des possibles; ils renferment une réalité perceptible en elle-même par ses relations avec les autres nombres". Il en est ainsi de toute onde, lumineuse, électromagnétique ou sonore. Comme en musique, les rapports de fréquences ou longueurs d'onde sont des fractions ou multiples entiers d'un nombre. Ils forment des gammes et des octaves, selon le mode fractal qui construit toute la multitude et diversité du monde perceptible.
Etoile à six branches.
En représentant les antagonismes par trois axes orthogonaux on obtient un octaèdre régulier; et en posant l'octaèdre sur une de ses faces, ses sommets forment en projection horizontale une étoile à six branches où les éléments antagonistes sont en positions opposées.
Le rôle et les relations entre les éléments deviennent plus clairs. Les éléments sont des repères qui se suivent dans un spectre circulaire, comme les trois couleurs principales et les couleurs complémentaires se suivent dans le spectre circulaire de l'arc-en-ciel.
Par rapport à l'octaèdre, l'auto-organisation constructive ne représente qu'une face triangulaire, la face supérieure de l'octaèdre posé sur une de ses faces. La face opposée, inférieure et inversée signifie la désorganisation destructive. Mais les trois principes ou causes indissociables de l'auto-organisation sont liées aux trois niveaux de la réalité et de la connaissance, exprimés par l'arbre du monde, le trikaya bouddhiste et toutes les autres trinités. Ils ont une importance primordiale à la fois du point de vue ontologique et cosmologique et du point de vue sotériologique et métaphysique. La trilogie est importante du point de vue ontologique parce que toute structure est construite par auto-organisation. Elle est importante aussi du point de vue sotériologique, c'est-à-dire de notre destin, parce que l'auto-organisation implique une part de liberté et de responsabilité. C'est pourquoi les trilogies théologiques, mythiques, allégoriques ou symboliques abondent dans toutes les religions.
Pourtant l'univers et la vie procèdent à la fois par construction et destruction. Socrate déjà enseignait que la vie est un cycle à la fois de naissance et de mort, de jeunesse et de vieillesse. Les spiritualités athées telles que le bouddhisme, le yoga ou le taoïsme, comme aussi le chamanisme, ne cherchent pas le bien suprême idéal par opposition au mal, dans le sens manichéen inévitable des religions. Ils recherchent l'équilibre des contraires, la voie du milieu, le centre-origine où surgissent et se dissolvent tous les contraires.
Les deux faces triangulaires superposées signifient la création et la destruction, ressentis comme le bien et le mal. L'étoile à six branches inscrite dans un cercle symbolise l'unité du monde manifesté. On trouve ce symbole dans de nombreuses religions mais aussi dans des ésotérismes tels que l'alchimie, la Rose-Croix ou la franc-maçonnerie. En alchimie, le double triangle symbolise la chrysopée ou pierre philosophale. Sa récupération par le sionisme sous forme de triangles enlacés est récente. Le véritable symbole traditionnel de la religion juive est le chandelier à sept branches, la menorah.
L'origine de l'étoile à six branches est certainement indienne et tantrique. On trouve ce symbole dans les yantras dont d'innombrables variantes peuvent être vues dans les images Google. Les yantras représentent toujours des triangles, seuls, doubles ou multiples inversés, inscrits dans un cercle comprenant huit ou 16 pétales de lotus, et dans un cadre carré. C'est de toute évidence une représentation plane de l'octaèdre inscrit dans une sphère et un cube.
De gauche à droite, les schémas de base du Sri yantra, Ganesha-yantra et kali-yantra.
A l'origine, l'octaèdre inscrit dans la sphère et le cube devait être, dans une civilisation néolithique disparue, un modèle concret rationnel et même mathématique du cosmos, de la vie et de la connaissance, qui pouvait avoir des applications concrètes que nous ignorons. Mais les traditions vieillissent, dégénèrent et le savoir-faire se perd. La géométrie cosmique de l'octaèdre est devenue mythologie de l'arbre de vie, ou sujet de méditation mystique sous forme de yantra et mantra, ou méthode de divination comme le Yi king. Les éléments des médecines traditionnelles, le système d'acupuncture et les numérologies chinoises et la mathématique pythagoricienne sont cependant des exemples résiduels d'applications et de rationalité holistique, incompris et déconsidérés par la science réductionniste.
Numérologie chinoise et pythagoricienne.
Il est connu que Lao Tseu a écrit que le Tao produit le Un, le Un produit le Deux, le Deux produit le Trois et le Trois produit tous les possibles. Il est moins connu que la cosmologie pythagoricienne est fondée sur un modèle de génération numérique semblable et que Lao-Tseu a vécu plusieurs siècles après Pythagore. Il a donc pu connaître la mathématique pythagoricienne.
Le modèle pythagoricien est la tetraktys, un triangle formé de quatre rangées de 1+2+3+4 points, ce qui fait dix points.
La progression arithmétique des nombres est additive: chaque nombre résulte de l'adjonction de l'unité au nombre précédent. Mais la progression géométrique des quatre est logarithmique. La dimension géométrique de chaque rang est définie par le nombre qui précède, en tant qu'exposant ou logarithme décimal.
Le quatre a la dimension 3 du volume, le Trois a la dimension 2 de la surface Le deux à la dimension 1 de la ligne et le un a la dimension zéro, celle du Vide ou du Tao. C'est pourquoi Lao Tseu dit que le Tao engendre le un, avant de dire que le un engendre le deux etc. Le zéro comme exposant suppose la transcendance, le Tao.
Unité du ternaire néoplatonicien et du quaternaire pythagoricien.
Dans le traité "De coniecturis", Nicolas de Cues, théologien et philosophe néoplatonicien de la fin du Moyen-âge, explique le quaternaire pythagoricien en le réunissant au ternaire des hypostases néoplatoniciennes dans un modèle qui est comparable aux principes traditionnels du MIF. Je résume brièvement le sens de la tetraktys selon Nicolas de Cues en comparaison avec la cosmologie indienne du Samkya, présentés plus en détail dans les article précédents.
La tetraktys a été utilisée dans des systèmes ésotériques tels que l'alchimie, la numérologie et le tarot. Mais elle est avant tout la base de la mathématique pythagoricienne applicable à la géométrie des interférences d'ondes, qui sont à l'origine de toute structure.
La tetraktys est surtout un modèle ontologique et épistémologique semblable au modèle d'intégration fonctionnelle (MIF). Nicolas de Cues illustre les quatre nombres ou rapports par une figure de deux "pyramides" superposées et inversées, (selon le principe de l'étoile à six branches) où les lignes verticales représentent de gauche à droite les nombres 1 – 2 – 3 – 4.
Selon cette figure, les nombres pythagoriciens sont des rapports, comme le sont les antagonismes du MIF. Ce sont des proportions entre trois états qualitatifs que les néoplatoniciens appelaient hypostases. Plotin les appelait aussi l'Un, l'Intellect et l'Ame. Il écrivit dans l'Ennéade: « On peut comparer l'Un à la lumière, l'être qui le suit [l'Intellect] au Soleil, et le troisième [l'Âme] à l'astre de la Lune qui reçoit sa lumière du Soleil. ». Symboliquement, le Soleil est yang, cause efficiente, la Lune est yin, cause matérielle; entre les deux se développe l'énergie vitale qi, cause formelle. Le sens des hypostases est analogue à celui des trois principes du taoïsme, ou du Samkhya.
Il faut remarquer que la tetraktys représente une octave, de sorte que le Quatrième et dernier rapport est le premier de l'octave ou unité suivante. Il n'y a en réalité pas quatre mais trois rapports fondamentaux, comme il y a trois antagonismes du MIF. Ce sont les rapports entre les trois principes ou causes matérielle, efficiente et formelle, dont les qualités se combinent et se répètent en spirales à l'infini, remplissant, tel qu'un ensemble fractal, tout l'espace de l'univers physique, biologique, social, mental et mystique.
1 – Random Michel, - La Tradition et le vivant. – Félin, Paris , 1985
2 - Evans – Wentz, - Le yoga tibétain et les doctrines secretes. – Malmaison, Paris 1980.
3 - Gleditsch Jochen M., - Reflexzonen und Somatotopien, WBV, Schorndorf, 1983.
4 - Dasgupta, - Yoga as philosophy and religion
"We see therefore that time, space, etc., are the limitations which regulate, modify and determine to a certain extent the varying transformations and changes and the seeming differences of things, though in reality they are all ultimately reducible to the three gunas."
Dans le cadre de cet essai de philosophie holistique ou systémique, la Tradition ne sera présentée ni selon l’analyses chronologique des transmissions supposées de l’historien, ni suivant les croyances aux révélations des écritures du théologien.
Pour l'historien, la civilisation a commencé avec l'écriture. Cela est vrai si l'on considère que la civilisation est l'éloignement de l'homme de la nature. En effet, l'écriture exige des définitions; elle a remplacé le sens universel du symbole descriptif par la signification définie du mot. La compréhension globale analogique de la nature a été ainsi progressivement évincée par l'analyse, jusqu'à réduire en science toute réalité à une quantité mesurable.
Il est grand temps (s’il n’est pas déjà trop tard) de se souvenir des principes universels, communs à la nature et à la connaissance, qui sont à l'origine de l'Univers et de la Vie. La découverte des symétries et de l’inséparabilité des phénomènes quantiques devrait nous inviter à un retour, par l’intermédiaire de la théorie systémique, à La Tradition universelle oubliée, telle que l’a définie Michel Random dans "La Tradition et le Vivant" :
"Que faut-il entendre par tradition? C'est un mot qui prête à confusion. Est-ce une référence à des idées passéistes et poussiéreuses? Est-ce une doctrine tirée de l'étude de différentes sources, telles que sciences ésotériques et religions diverses? Ce que nous entendons par tradition c'est essentiellement ce qui est permanent et stable à travers les lieux, les cultures et les religions. Il existe une science primordiale liée aux propriétés du vivant et à la "sagesse" de la nature, qui est le fondement de toutes connaissances. Chaque fois que cette tradition est altérée ou perdue, elle réapparaît sous différentes formes dans l'histoire des civilisations et de l'humanité."
Il existe en effet un fondement de toute connaissance, une logique universelle commune aux principales cosmologies traditionnelles. Celles-ci expliquent la multiplicité des phénomènes perceptibles par l'origine et unité première, à l'inverse de la méthode analytique qui réduit le tout à la somme des parties.
L'étude des traditions montre que ces cosmologies se rapportent toutes, directement ou par analogie symbolique à une représentation globale de l'univers ou de l'homme, par une sphère orientée par trois axes, formant un octaèdre.
L'octaèdre dans la nature et la tradition.
Dans la nature, l'octaèdre est une des quatre formes cristallines du carbone, celle du diamant réputé pour sa dureté et sa capacité optique de concentrer la lumière et de la décomposer en la redistribuant par ses facettes. L'octaèdre est aussi la forme de cristallisation de la magnétite, un aimant naturel qui se trouve dans les organismes végétaux et animaux sous forme de microcristaux qui permettent l'orientation par rapport au champ magnétique de la Terre.
L'octaèdre se trouve comme symbole cosmologique dans les cultures les plus anciennes. Il y a bien sûr les pyramides d'Egypte, qui ne sont que la partie émergée de l'octaèdre, qui est une double pyramide. La partie souterraine est le véritable sanctuaire funéraire. L'octaèdre est le symbole majeur aussi bien du chamanisme nordique que du tantrisme indien ou du taoïsme. Le diamant est le symbole du bouddhisme tantrique vajrayana, littéralement la voie du diamant. L'octaèdre est aussi le principe des huit trigrammes du Yi King chinois appelé livre des mutations, dont l'origine est aussi mystérieuse que celle du tantrisme ou du mégalithisme dont on ignore toujours les techniques.
Partout dans le monde, des légendes comme celle du déluge ou de l'Atlantide ainsi que des découvertes archéologiques et géologiques comme celle de la cité vitrifiée de Mohenjo daro, témoignent de l'existence de grandes cultures du néolithique, effacées par un cataclysme. Les connaissances logiques et techniques du néolithique étaient très différentes des nôtres. Ce qui en a pu être transmis aux survivants, régressés à un stade de civilisation primaire, n'était pas compris et devait dégénérer en mythes, légendes et pratiques divinatoires, comme c'est le cas du Yi King.
L'octaèdre, symbole de tous les nombres.
Michel Random affirme dans "La tradition et le vivant" que l'harmonie de la nature et de la vie est d'origine vibratoire. Il dédie un chapitre au nombre qui, dans la cosmologie pythagoricienne, signifie un rapport et non pas une quantité, un rapport entre fréquences ou longueurs d'ondes. Puis il commente l'octaèdre comme symbole de tous les nombres. (1)
"Observons l'octaèdre: c'est une forme géométrique parfaite que la nature crée sous la forme la plus commune, la cristallisation du carbone. Observons cette figure. Elle s'exprime tout d'abord comme deux pyramides inversées avec un bas et un haut (un nadir et un zénith, une terre et un ciel). Quatre points décrivent les quatre points cardinaux: le nord, le sud, l'est et l'ouest. Ils forment quatre côtés, qui engendrent huit faces, par rapport à un point. Notre figure offre bien la relation du un, le centre, du deux, la Terre et le Ciel, du trois, les triangles. Les trois points sont sur une même ligne; donc deux c'est trois et trois c'est un."
…
"Les structures du temps et de l'espace sont traditionnellement décrites par les deux nombres fondamentaux sept et douze obtenus ainsi: 3 + 4 = 7 et 3 x 4 = 12. Ces deux nombres indiquent pourquoi temps et espace se répondent sans fin; Douze est, en effet, un nombre manifestant la trinité aux quatre coins de l'espace. La division de l'année en quatre saisons de trois mois, correspondant à douze signes, est une structure correspondant aux douze demi-tons de l'octave. Le douze comme le sept, est un nombre sacré. Ils sont l'un et l'autre le père et la mère des choses manifestées, alors que le un et le trois expriment l'essence qui se fait substance."
Les points, lignes, triangles et tétraèdres, confèrent une orientation à l'intérieur de la sphère, un sens qui est non seulement géométrique et physique mais aussi ontologique et métaphysique. Les relations et leur sens sont exprimés, selon les cultures, sous différentes formes symboliques, allégoriques ou mythiques mais se rapportent toujours au même modèle universel.
L'arbre du monde ou arbre de vie.
Michel Random a décrit les nombres et relations géométriques de l'octaèdre dans le sens de l'arbre du monde.
Les hommes, avant la dénaturation qui a suivi les écritures, n'étaient instruits que par le "Grand Livre de la Nature". En le contemplant, ils pouvaient comprendre l'Intelligence Cosmique. Ils contemplèrent le firmament, les mouvements du Soleil, de la Lune et des Etoiles et reconnurent leur influence sur la vie de la Terre et par conséquent sur leur propre vie. Ils contemplèrent La Terre nourricière et reconnurent qu’elle était la Mère et ils contemplèrent le Soleil et le Ciel qui fertilisent la Terre et y reconnurent le Père.
L'univers leur apparaissait comme un globe où le monde que nous percevons et créons occupe le plan médian. Au-dessus se déploie la coupole céleste. En dessous se dissimulent les secrets du monde "sous-terre".
Le mieux connu est l’Yggdrasil décrit soigneusement dans la Prose Edda de Snorri Sturluson ( c.1179 -1241 ), un historien islandais de la tradition scandinave. L’arbre y est représenté dans un globe. On remarque que le monde sous terre n'est pas l'enfer des chrétiens. Les racines et les serpents et vouivres représentent les origines de la vie et les archétypes ou racines génétiques de l'homme. Ils sont l'équivalent de kundalini et le tronc est l'origine du caducée. L'aigle au sommet de l'arbre représente la liberté du possible. Sur le plan médian entre les deux se déploie la vie, le monde perceptible.
Au centre du globe se trouve Midgard, notre demeure, notre conscience. Huit autres demeures ou mondes mythiques entourent le centre, ce qui fait neuf, nombre sacré des nordiques. Quatre d'entre eux sont disposés aux quatre azimuts, les positions du soleil dans le cycle circadien. Deux sont au sud-est et nord-est et deux au sud-ouest et nord-ouest, les positions du lever et coucher du soleil aux solstices d'été et d'hiver, marquant le cycle des saisons. Il est évident que ces positions constituaient l'orientation spatiale des scandinaves, grands navigateurs. D'ailleurs des chamanes amérindiens d'Amérique du nord cultivent encore la même représentation de l'univers dont ils ont pourvu les orientations de leurs propres symboles totémiques. Ils l'appellent "Cercle de Médecine" ou "Roue de Pouvoir". Pour eux médecine ne signifie pas pathologie mais équilibre et pouvoir ne signifie pas puissance mais possibilités. Cette similitude des conceptions n'est pas étonnante puisque les Scandinaves colonisaient le Groenland et les côtes d'Amérique du Nord jusqu'au Moyen-âge et entretenaient des échanges culturels et commerciaux avec eux.
Toute orientation a un sens à la fois physique et métaphysique. Les huit positions périphériques d'Yggrasil, correspondant aux huit faces de l'octaèdre, ont toutes des noms de demeures et un sens mythique particulier sur lequel nous n'allons pas nous étendre. L'important est de distinguer l'axe vertical et le plan horizontal. Les quatre azimuts du plan horizontal sont associés habituellement aux quatre éléments ou qualités du monde perceptible. L'axe du monde, le tronc de l'arbre, relie par contre Terre et Ciel, des mondes non perceptibles, métaphysiques. De la rencontre des deux, qui représentent le passé et le futur, émerge le présent comme troisième, tiers inclus, conscience et origine de notre monde connu.
Arc-en-ciel, symbole de transcendance tantrique.
Il faut remarquer l'arc-en-ciel, appelé Bifröst qui, dans la mythologie nordique, fait office de pont entre la Terre et le Ciel. Il est dit qu'il possède uniquement trois couleurs. Il ne passe pas par le centre conscient mais le contourne, formant une trilogie avec la Terre et le Ciel. Il indique une réalité métaphysique trinitaire qui ne dépend pas de la conscience située au centre de l'espace-temps.
Le symbole de "corps d'arc-en-ciel" existe aussi dans le bouddhisme tibétain, dans la lignée ésotérique du Dzogchen. Celui-ci se distingue des autres enseignements bouddhistes par le fait qu'il refuse l'opposition nirvana-samsara, qui doit être relativisée comme toute dualité. Le corps d'arc-en-ciel signifie l'unité corps-esprit à réaliser. Il est assimilé dans le trikaya, trilogie du bouddhisme Mahayana, au Samboghakaya qui unit le Nirmanakaya au Dharmakaya.
Le Dzogchen appartient avec le vajrayana tantrique à l'école nyingmapa, la plus ancienne des quatre écoles du bouddhisme tibétain. Le vajrayana est la version tibétaine du tantrisme indien dont les origines très anciennes sont controversées parce que les recherches historiques se fondent sur des écritures et que seules des traductions tibétaines sont restées conservées après le passage de l'Islam sur l'Inde. Les origines du Dzogchen sont les courants ésotériques bön, des pratiques chamaniques venues d'Asie centrale. Ils se réfèrent à un Bouddha primordial, antérieur au Bouddha historique. Le chamanisme est à l'origine des spiritualités les plus élevées parce que proche de la nature réelle de l'univers.
L'octaèdre dans l'interprétation du Yi king.
Lorsque j'ai cherché à comprendre la logique des médecines traditionnelles, holistiques, je me suis intéressé aussi aux interprétations modernes du Yi king. Jai étudié celle de Maurice Mussat qui considérait le Yi king comme "un ouvrage de haute technologie" et l'interprétait par l'énergie électromagnétique. J'ai lu "Le diamant chauve" de Jacques Pialoux qui se rapportait à la biogénétique. Tout en retenant les principes de leurs approches, je n'étais pas entièrement satisfait, ni par les prémices ni par les conséquences des raisonnements.
C'est alors que j'ai découvert un texte du bouddhisme vajrayana tibétain, sur la pratique de méditation dite du Mahamudra (le grand symbole vajra qui signifie diamant), traduit par Evans-Wentz (2), où le passage suivant a retenu mon attention:
La troisième Pratique, la Méditation sur le yoga de l’Incréé a trois divisions:
- l’analyse du point de vue des trois temps (Passé, Présent, Futur);
- l’analyse du point de vue de la Substance et la Non-Substance (ou de la matière et de la non-matière);
- l’analyse du point de vue de l’Unité et de la Pluralité (ou de l’un et du multiple).
La conclusion bouddhiste de la pratique est qu'aucun de ces concepts n'a d'existence en soi. Mais le temps, la matière et l'espace sont les conditions cadres de l'observation et les dualités antagonistes qui les définissent s'inscrivent dans la logique de complémentarité des contraires, la logique des relations fonctionnelles intelligibles. Le bouddhisme, certes, réfute l'existence en soi, permanente, du monde et des concepts, mais il ne nie pas le fonctionnement du monde de la connaissance.
Après avoir pris connaissance du principe d'antagonisme de Lupasco, du temps irréversible de Prigogine qui oppose l'indétermination à la détermination, et des themata de Holton, il m'a paru évident que les traits du trigramme, entiers ou divisés, symbolisaient l'orientation vers l'un ou l'autre de deux thèmes épistémologiques antithétiques, ceux qui sont à l'origine de nos définitions de la matière/énergie, de l'espace et du temps.
Pour l'interprétation du Yi King, j'ai donc retenu le principe de l’octaèdre ou diamant de Pialoux dont chaque face correspond à un trigramme. Ainsi chacun des trois traits représente un axe de l'octaèdre, et les formes continue ou discontinue représentent les positions antagonistes. J’ai seulement modifié l’interprétation du trigramme de Mussat. En effet, celui-ci avait attribué les trois traits respectivement à la matière, à l'énergie, et à l'espace, en attribuant le temps à la rotation.
Cette interprétation épistémologique du trigramme ne contredit pas d'autres interprétations rationnelles, thermodynamiques, électromagnétiques, biogénétiques etc. Elle les contient toutes en puissance, par analogie. Car les thèmes épistémologiques, conditions premières de l'observation et de la connaissance scientifique (matière–espace-temps), entrent par analogie, d'une manière ou d'une autre, dans toute imagination ou réflexion axiomatique, avant toute formulation rationnelle. Les thèmes épistémologiques se situent au niveau symbolique de la connaissance alors que les interprétations scientifiques spécifiques se situent au niveau des idées rationnelles.
Sur cette base symbolique, j'ai cherché à comprendre la théorie des éléments qui jouent un rôle fondamental dans la pratique diagnostique et thérapeutiques des médecines traditionnelles.
Théorie des éléments des médecines traditionnelles.
Médecine traditionnelle chinoise.
La tradition chinoise représente l'axe du monde par le Yang céleste et le Yin terrestre, dont l'énergie, le Qi, circule constamment en sens inverse, de haut en bas et de bas en haut; cette circulation entretient la vie. Les trois représentent l'essence de l'univers et de la vie.
Les éléments chinois, comme les quatre éléments hippocratiques, représentent l'existence, le monde perçu, et sont attribués aux quatre azimuts. Mais les éléments chinois sont au nombre de cinq et leur dénomination est en partie différente. Le feu au sud est opposé à l'eau au nord mais l'est est représenté par le Bois et l'ouest par le Métal. Quant à l'élément Terre, il est au centre.
Mais la Terre suppose le Ciel; au nadir correspond le zénith. La symétrie exige un sixième élément virtuel. C'est effectivement le cas dans le système d'acupuncture qui comprend trois canaux yang et trois canaux yin parcourant les corps de haut en bas et inversement. Il y a donc six grands canaux (appelés méridiens par les occidentaux); à chacun est attribué un élément et un organe, un viscère , un tissu etc.. Par nécessité de symétrie, il existe par conséquent un sixième élément virtuel, qui a été créé en divisant la fonction de l'élément feu en feu impérial, et feu ministériel.
Il faut ajouter que les six canaux principaux communiquent par l'intermédiaire d'un grand canal dorsal yang et d'un grand canal ventral yin. En tout, cela fait 8 grands canaux correspondant aux 8 trigrammes du Yi King ou aux huit faces de l'octaèdre.
Médecine traditionnelle ayurvédique.
La cosmologie indienne du samkhya-yoga, sur laquelle est fondée la médecine ayurvédique comprend trois principes qualitatifs essentiels, les trois gunas: tamas rajas et sattva qui signifient respectivement inertie, activité et subtilité. Les excès pathologiques respectifs de ces trois "qualités" sont appelés dans la médecine ayurvédique kapha, pitta et vata, et dans la médecine tibétaine ils deviennent les "trois poisons", phlegme, bile et vent qui sont traités comme des "humeurs" corporelles.
Sans insister ici là-dessus, il faut relever la parenté de ces trois principes avec ceux de l'alchimie de Paracelse: sel, soufre et mercure, dont dérivèrent les trois "miasmes" de l'homéopathie de Hahnemann: sycose, psore, et luèse. Les noms changent mais le sens reste le même.
Dans une succession d'inductions, la cosmologie du samkhya fait dériver des trois Gunas, d'abord manas, la faculté mentale, puis les cinq sens (tanmatras) et enfin les cinq éléments (mahabutas) représentant les qualités perçues par les sens. A chaque guna correspondent deux éléments. Pour raison de symétrie, comme en médecine chinoise, un élément, en l'occurrence l'eau, est dédoublé en deux aspects: l'aspect lourd, froid inerte de l'eau appartient à tamas, l'aspect visqueux, unifiant, adhérent est attribué à rajas.
Il y a une analogie de logique et de structure entre les théories des éléments chinois et indiens, surtout en ce qui concerne les trois principes premiers:
- Le principe terrestre inerte et passif (cause matérielle) correspond au yin et au Guna tamas.
- Le principe céleste dynamique et actif (cause efficiente) correspond au yang et au Guna rajas.
- Le principe subtil (cause formelle) correspond au qi chinois et au Guna sattva.
Mais des différences des termes et de niveaux de connaissance rendent la comparaison des éléments chinois et indiens difficile. La théorie indienne reste sur le terrain empirique de la connaissance sensorielle. La théorie chinoise par contre se situe au niveau du fonctionnement, de la circulation de l'énergie, ou de la transformation ou mutation cyclique.
Les difficultés ont pu être surmontées par référence aux thèmes épistémologiques et grâce au travail d'un acupuncteur allemand (3) qui a décrit le sens des éléments chinois par des "images fonctionnelles". Ses descriptions utilisent des termes semblables aux "themata" de Holton. Les détails de la comparaison a fait l'objet des chapitre VII et chapitre chapitre VIII du livre "Les trois Visages de la Vie" (3). Le tableau suivant en est la synthèse.
Le schéma circulaire, que j'ai appelé modèle d'intégration fonctionnelle (MIF), résume la comparaison des trois cultures: l'occidentale se référant à matière, espace et temps, la chinoise fondée sur le fonctionnement par autorégulations cycliques et l'indienne basée sur l'observation par les sens.
Antagonismes et synergies.
Le modèle d'intégration réunit une trilogie de synergies qui se réfèrent à l'unité et une trilogie d'antagonismes qui se réfèrent à la distinction. Avant son aspect triple, il est une dualité entre intégration et différenciation comme le remarquait G. Holton à la fin de son chapitre sur l'analyse et la synthèse:"La meilleure caractérisation terminologique unique pour le couple Analyse et synthèse peut, cependant, être l'opposition Différenciation et Intégration."
Le MIF est en effet l'interface entre l'intégration métaphysique et la différenciation physique. La tri-unité des causalités émane de l'unité métaphysique et la trilogie antagoniste conduit aux mesures, aux nombres et à la multiplicité physique.
Notre science occidentale réduit l'univers aux dimensions quantitatives de matière, d'espace et de temps. Par contre, les cosmologies traditionnelles considèrent les nombres comme des rapports de trois principes premiers qualitatifs. G. Dasgupta, historien des philosophies indiennes écrit dans "Yoga as philosophy and religion (4):"Nous voyons donc que le temps, l'espace, etc., sont des limitations qui régissent, modifient et déterminent dans une certaine mesure les divers transformations et changements et les différences apparentes des choses, quoiqu'en réalité, ils sont tous en fin de compte réductibles aux trois gunas." En effet, les qualités particulières appelées éléments ne sont rien d'autre que les rapports des trois qualités fondamentales; exactement comme les proportions variables des trois couleurs fondamentales bleu, rouge et vert, sur la palette du peintre, associées au noir ou blanc, produisent toutes les nuances de couleurs. Les proportions sont à la fois des qualités et des nombres. Random dit: "Chaque nombre est équivalent à une octave. On peut réduire tout à une proportion et toute proportion en une note" et "Les nombres sont des possibles; ils renferment une réalité perceptible en elle-même par ses relations avec les autres nombres". Il en est ainsi de toute onde, lumineuse, électromagnétique ou sonore. Comme en musique, les rapports de fréquences ou longueurs d'onde sont des fractions ou multiples entiers d'un nombre. Ils forment des gammes et des octaves, selon le mode fractal qui construit toute la multitude et diversité du monde perceptible.
Etoile à six branches.
En représentant les antagonismes par trois axes orthogonaux on obtient un octaèdre régulier; et en posant l'octaèdre sur une de ses faces, ses sommets forment en projection horizontale une étoile à six branches où les éléments antagonistes sont en positions opposées.
Le rôle et les relations entre les éléments deviennent plus clairs. Les éléments sont des repères qui se suivent dans un spectre circulaire, comme les trois couleurs principales et les couleurs complémentaires se suivent dans le spectre circulaire de l'arc-en-ciel.
Par rapport à l'octaèdre, l'auto-organisation constructive ne représente qu'une face triangulaire, la face supérieure de l'octaèdre posé sur une de ses faces. La face opposée, inférieure et inversée signifie la désorganisation destructive. Mais les trois principes ou causes indissociables de l'auto-organisation sont liées aux trois niveaux de la réalité et de la connaissance, exprimés par l'arbre du monde, le trikaya bouddhiste et toutes les autres trinités. Ils ont une importance primordiale à la fois du point de vue ontologique et cosmologique et du point de vue sotériologique et métaphysique. La trilogie est importante du point de vue ontologique parce que toute structure est construite par auto-organisation. Elle est importante aussi du point de vue sotériologique, c'est-à-dire de notre destin, parce que l'auto-organisation implique une part de liberté et de responsabilité. C'est pourquoi les trilogies théologiques, mythiques, allégoriques ou symboliques abondent dans toutes les religions.
Pourtant l'univers et la vie procèdent à la fois par construction et destruction. Socrate déjà enseignait que la vie est un cycle à la fois de naissance et de mort, de jeunesse et de vieillesse. Les spiritualités athées telles que le bouddhisme, le yoga ou le taoïsme, comme aussi le chamanisme, ne cherchent pas le bien suprême idéal par opposition au mal, dans le sens manichéen inévitable des religions. Ils recherchent l'équilibre des contraires, la voie du milieu, le centre-origine où surgissent et se dissolvent tous les contraires.
Les deux faces triangulaires superposées signifient la création et la destruction, ressentis comme le bien et le mal. L'étoile à six branches inscrite dans un cercle symbolise l'unité du monde manifesté. On trouve ce symbole dans de nombreuses religions mais aussi dans des ésotérismes tels que l'alchimie, la Rose-Croix ou la franc-maçonnerie. En alchimie, le double triangle symbolise la chrysopée ou pierre philosophale. Sa récupération par le sionisme sous forme de triangles enlacés est récente. Le véritable symbole traditionnel de la religion juive est le chandelier à sept branches, la menorah.
L'origine de l'étoile à six branches est certainement indienne et tantrique. On trouve ce symbole dans les yantras dont d'innombrables variantes peuvent être vues dans les images Google. Les yantras représentent toujours des triangles, seuls, doubles ou multiples inversés, inscrits dans un cercle comprenant huit ou 16 pétales de lotus, et dans un cadre carré. C'est de toute évidence une représentation plane de l'octaèdre inscrit dans une sphère et un cube.
De gauche à droite, les schémas de base du Sri yantra, Ganesha-yantra et kali-yantra.
A l'origine, l'octaèdre inscrit dans la sphère et le cube devait être, dans une civilisation néolithique disparue, un modèle concret rationnel et même mathématique du cosmos, de la vie et de la connaissance, qui pouvait avoir des applications concrètes que nous ignorons. Mais les traditions vieillissent, dégénèrent et le savoir-faire se perd. La géométrie cosmique de l'octaèdre est devenue mythologie de l'arbre de vie, ou sujet de méditation mystique sous forme de yantra et mantra, ou méthode de divination comme le Yi king. Les éléments des médecines traditionnelles, le système d'acupuncture et les numérologies chinoises et la mathématique pythagoricienne sont cependant des exemples résiduels d'applications et de rationalité holistique, incompris et déconsidérés par la science réductionniste.
Numérologie chinoise et pythagoricienne.
Il est connu que Lao Tseu a écrit que le Tao produit le Un, le Un produit le Deux, le Deux produit le Trois et le Trois produit tous les possibles. Il est moins connu que la cosmologie pythagoricienne est fondée sur un modèle de génération numérique semblable et que Lao-Tseu a vécu plusieurs siècles après Pythagore. Il a donc pu connaître la mathématique pythagoricienne.
Le modèle pythagoricien est la tetraktys, un triangle formé de quatre rangées de 1+2+3+4 points, ce qui fait dix points.
- La première rangée représente la dimension zéro (un point)
- la deuxième rangée représente la dimension 1 (une ligne reliant deux points) ;
- la troisième rangée représente la dimension 2 (un plan défini par un triangle de trois points ;
- la quatrième rangée représente la dimension 3 (le volume du tétraèdre défini par quatre points).
La progression arithmétique des nombres est additive: chaque nombre résulte de l'adjonction de l'unité au nombre précédent. Mais la progression géométrique des quatre est logarithmique. La dimension géométrique de chaque rang est définie par le nombre qui précède, en tant qu'exposant ou logarithme décimal.
Le quatre a la dimension 3 du volume, le Trois a la dimension 2 de la surface Le deux à la dimension 1 de la ligne et le un a la dimension zéro, celle du Vide ou du Tao. C'est pourquoi Lao Tseu dit que le Tao engendre le un, avant de dire que le un engendre le deux etc. Le zéro comme exposant suppose la transcendance, le Tao.
Unité du ternaire néoplatonicien et du quaternaire pythagoricien.
Dans le traité "De coniecturis", Nicolas de Cues, théologien et philosophe néoplatonicien de la fin du Moyen-âge, explique le quaternaire pythagoricien en le réunissant au ternaire des hypostases néoplatoniciennes dans un modèle qui est comparable aux principes traditionnels du MIF. Je résume brièvement le sens de la tetraktys selon Nicolas de Cues en comparaison avec la cosmologie indienne du Samkya, présentés plus en détail dans les article précédents.
- Le Un est le centre de la sphère. Sans dimension, il est l'origine et l'exemple de tous les nombres. Nicolas de Cues, qui l'assimilait à Dieu, dit "qu'il est ni existant ni non existant et aussi qu'il est à la fois existant et non-existant".
- Le Deux est le rayon de dimension 1. Il signifie Intellect. C'est l'Un manifesté par l'Autre, l'unité par coïncidence du centre et de la circonférence, du connaisseur et du monde connu. Dans la cosmologie du Samkhya, le principe conscient est appelé purusha et le principe connaissable prakrit; celui-ci détient en puissance les trois Gunas, les trois qualités primordiales.
- Le Trois est la surface du triangle. Le Trois est le Deux éclairé par le UN comme troisième ou tiers inclus. Le trois signifie Ame dans le sens large d'animation, vie et connaissance. Elle comprend les trois niveaux de la connaissance: la perception, la raison et l'imagination. Dans le Samkhya ces niveaux sont analogues aux trois gunas ou qualités primordiales.
- Le Quatre correspond au volume du tétraèdre et aux quatre éléments. Il signifie les objets perceptibles, mais qui ne seraient pas perceptibles sans la conscience ou âme qui distingue les qualités. Dans le Samkhya, ils correspondent aux "éléments grossiers" (Mahabhutas) qui dépendent des cinq sens (Tanmatras).
La tetraktys a été utilisée dans des systèmes ésotériques tels que l'alchimie, la numérologie et le tarot. Mais elle est avant tout la base de la mathématique pythagoricienne applicable à la géométrie des interférences d'ondes, qui sont à l'origine de toute structure.
La tetraktys est surtout un modèle ontologique et épistémologique semblable au modèle d'intégration fonctionnelle (MIF). Nicolas de Cues illustre les quatre nombres ou rapports par une figure de deux "pyramides" superposées et inversées, (selon le principe de l'étoile à six branches) où les lignes verticales représentent de gauche à droite les nombres 1 – 2 – 3 – 4.
Selon cette figure, les nombres pythagoriciens sont des rapports, comme le sont les antagonismes du MIF. Ce sont des proportions entre trois états qualitatifs que les néoplatoniciens appelaient hypostases. Plotin les appelait aussi l'Un, l'Intellect et l'Ame. Il écrivit dans l'Ennéade: « On peut comparer l'Un à la lumière, l'être qui le suit [l'Intellect] au Soleil, et le troisième [l'Âme] à l'astre de la Lune qui reçoit sa lumière du Soleil. ». Symboliquement, le Soleil est yang, cause efficiente, la Lune est yin, cause matérielle; entre les deux se développe l'énergie vitale qi, cause formelle. Le sens des hypostases est analogue à celui des trois principes du taoïsme, ou du Samkhya.
Il faut remarquer que la tetraktys représente une octave, de sorte que le Quatrième et dernier rapport est le premier de l'octave ou unité suivante. Il n'y a en réalité pas quatre mais trois rapports fondamentaux, comme il y a trois antagonismes du MIF. Ce sont les rapports entre les trois principes ou causes matérielle, efficiente et formelle, dont les qualités se combinent et se répètent en spirales à l'infini, remplissant, tel qu'un ensemble fractal, tout l'espace de l'univers physique, biologique, social, mental et mystique.
1 – Random Michel, - La Tradition et le vivant. – Félin, Paris , 1985
2 - Evans – Wentz, - Le yoga tibétain et les doctrines secretes. – Malmaison, Paris 1980.
3 - Gleditsch Jochen M., - Reflexzonen und Somatotopien, WBV, Schorndorf, 1983.
4 - Dasgupta, - Yoga as philosophy and religion
"We see therefore that time, space, etc., are the limitations which regulate, modify and determine to a certain extent the varying transformations and changes and the seeming differences of things, though in reality they are all ultimately reducible to the three gunas."
X - Systémique de la connaissance et de la communication
La relation entre science et philosophie.
Jusqu'au dix-septième siècle, on ne faisait pas de distinction entre science et philosophie. A l'origine, philosophie signifiait amour de la sagesse, et sagesse signifie comprendre la nature et la place de l'homme dans la nature. Dans le livre "Zarathoustra et la transfiguration du monde", Paul du Breuil attribue la différence à Aristote, il écrit:
L'étymologie première du mot philosophie entendait bien le sens de philo (aimant) et sophia (sagesse), contrairement à la déviation au seul sens intellectuel de philo (aimant), mais de sophein = savoir. L'amoureux de la sagesse (sophia/mazdah) n'a plus rien de commun avec la démarche purement cérébrale du philosophe péripatéticien.
On attribue conventionnellement la séparation de la science et de la philosophie à la méthode analytique de René Descartes. Mais dans son "discours de la méthode", Descartes exigeait que l'analyse soit suivie de la recomposition. Descartes reliait en effet l'être observable et les idées intelligibles dans la formule "je pense donc je suis" (cogito ergo sum). Mais après Descartes, la science s'est contentée d'observer le "réel" (res extensa) et a relégué la pensée (res intensa) aux philosophes. Le divorce qui s'en est suivi est principalement attribuable à l'habitude de penser en termes de vérités absolues, selon le principe de contradiction exclue d'Aristote, que l'Eglise a abusivement appliqué à la métaphysique pour conforter sa prétention à l'infaillibilité. Les philosophes du dix-huitième siècle ou philosophes des Lumières, qui ont succédé à Descartes et Newton, ont rejeté le dogmatisme de l'Eglise tout en restant fidèles aux principes de l'ontologie et de la logique d'Aristote. Bien plus, les scientifiques ne reconnaissent de vérité ou réalité plus qu'à ce qui est observable.
Il y a eu cependant, depuis le "siècle des Lumières", une évolution progressive dans les conceptions de la connaissance. Dès le dix-neuvième siècle la conception positiviste, selon laquelle la connaissance provient directement de l'observation du réel, a été contestée par les linguistes (F. de Saussure) qui attribuaient la connaissance à des structures innées. Le structuralisme a été à son tour contesté par le constructionnisme de ceux qui soutiennent que la connaissance est acquise progressivement par l'expérience. Les recherches de Piaget sur le développement de l'enfant ont confirmé que le sujet apprend par la manipulation physique et mentale de l'objet. Piaget supposait cependant dans son "épistémologie génétique" une structure logique innée fondée sur les autorégulations biologiques. De nouvelles tendances considèrent dès lors que la connaissance "émerge" de l'interaction entre sujet et objet. Cette conception est conforme à la logique de complémentarité et du tiers inclus de Lupasco, mais elle ne répond pas à la question de la structure innée ou acquise sur laquelle la connaissance est construite.
Un rapprochement entre sciences humaines et biologie a été réalisé par la naissance des sciences cognitives que l'on a appelée révolution cognitiviste. Ce mouvement a été suscité par la critique du comportementalisme des psychologues par le linguiste Noam Chomsky. Celui-ci suppose l'existence d'une structure cognitive innée sous la forme d'une "grammaire universelle" qu'il cherche à préciser par l'étude de la syntaxe de différentes langues.
Cependant, toutes les théories cognitivistes restent attachées aux méthodes analytiques et au déterminisme de la logique formelle. Le retour de la science à la philosophie et à la tradition s'est effectuée en passant par les théories des systèmes complexes, la théorie des chaos et la théorie des ensembles fractals. Les recherches dans ces disciplines ont conduit des scientifiques tels qu'Henri Atlan et Ilya Prigogine à la notion d'auto-organisation non seulement reproductrice mais créatrice. Cette conception a été anticipée par le philosophe Henri Bergson dans son œuvre principale, "L'évolution créatrice", qualifiée par des commentateurs de "nouvelle direction imprimée à la pensée" (Paul Imbart de la Tour) et de "virage dans l'histoire de la philosophie" (William James, philosophe de Harvard). C'est en effet la philosophie de Bergson, sa conception du temps et de l'évolution, qui ont motivé la direction de recherche d'Ilya Prigogine.
L'étude des systèmes complexes, des processus fractals et des structures dissipatives a ouvert la science à la créativité imprévisible de l'évolution biologique et de la connaissance humaine. D'autres règles s'ajoutent dès lors à celles de la logique formelle; elles font redécouvrir les causes, propriétés et niveaux communs à l'univers et à la connaissance, bien connus des cosmologies traditionnelles. Cependant ce n'est que l'ébauche d'un nouveau paradigme. Comme l'a écrit Prigogine, la redécouverte du temps irréversible et l'explication de l'évolution par auto-organisation met fin aux certitudes, mais c'est seulement le début d'une nouvelle aventure de la science.
Les niveaux de la logique.
Il faut d'abord étendre la logique au-delà de la logique rigide aristotélicienne. La reconnaissance des niveaux de la connaissance conduit à la différenciation des principes logiques.
- Le principe d'identité et de contradiction exclue d'Aristote et de la logique formelle n'est applicable qu'à l'objet ou phénomène observable.
- Le principe de complémentarité des contraires est applicable aux transformations intelligibles par la raison, celles qui sont à l'origine des autorégulations cybernétiques.
- Le principe de coïncidence des opposés concerne des concepts abstraits tels que les themata de Holton ou des images symboliques qui sont communes à tous les systèmes. Elles permettent d'imaginer l'Unité première par analogie.
Les niveaux de la connaissance reflètent la constitution de l'univers qui est un hologramme dont toutes les parties sont l'expression d'un même processus créatif.
Le Un originel et final transcende la raison. C'est le point sans dimension dont on peut seulement dire comme Nicolas de Cues: "qu'il n'est ni existant ni non existant et aussi qu'il est à la fois existant et non existant. " De l'Un émane le Deux, la différenciation ou complémentarité des opposés principe de différenciation intelligible. De l'Un dans le Deux surgit le Trois qui est l'origine de toute chose perceptible, à l'image du germe ou tronc de l'arbre du monde, qui génère ses racines et ses branches,.
L'analogie, logique de l'unité.
Il existe une logique qui réalise l'unité de tous les niveaux de la réalité; c'est l'analogie. Elle est fondée sur la trilogie des causalités (matérielle, efficiente et formelle), qui sont indissociables de la trilogie antagoniste matière-espace-temps. L'ensemble de ces principes se répercute par analogie, en cascade selon le processus fractal, à travers toute la hiérarchie des systèmes jusqu'aux objets perceptibles.
De la préhistoire à l'antiquité, l'homme avait une perception holistique des choses de la nature. La communication analogique par symboles était habituelle, comme le signalent encore les paraboles de la bible. Avant les écritures alphabétiques, les pictogrammes et hiéroglyphes avaient un sens symbolique, en même temps et avant d'être des signes phonétiques. La communication se faisait par analogies et le monde était expliqué globalement par des symboles et allégories.
Avec l'écriture, l'universalité du sens symbolique a été sacrifiée progressivement à la définition du mot, qui en limite le sens. En même temps le raisonnement analogique a fait place au raisonnement déductif-analytique. Cette évolution a atteint son extrême avec le raisonnement mathématique où ce qu'on appelle encore symbole, n'est en réalité plus qu'un signe indiquant une quantité variable et n'a plus de sens qualitatif ou fonctionnel.
Il est important de dissiper les malentendus concernant l'analogie. Elle ne doit pas être confondue avec les associations d'idées des psychologues, qui sont individuelles et affectives. Il ne faut pas la confondre avec les métaphores des poètes telles que l'exemple classique que "la prairie est riante", alors que seul l'homme rit.
Il existe classiquement deux formes logiques de l'analogie. René Alleau les décrit dans "La science des symboles":
"Ce sont les scolastiques qui ont mis au point l'analogie de proportionnalité à côté de l'analogie d'attribution dont Aristote avait fait usage dans son étude de l'être, objet de la métaphysique."…
"ll convient de distinguer l'analogie d'attribution et l'analogie de proportionnalité. La première est celle que l'on trouve de la façon la plus explicite chez Aristote. Dans cette analogie, l'unité tient à ce que l'on rapporte les divers "analogués" à un seul appelé "principal analogué".
Le terme analogue d'attribution est celui qui convient à plusieurs à cause de l'ordonnance à un seul. (Terminus analogus attributionis est qui convenit pluribus propter ordinem ad unum).
L'analogie d'attribution était fondée sur les classes, espèces ou genres d'Aristote obtenus par induction c'est-à-dire sur la base des similitudes ou analogies des caractéristiques individuelles. Elle n'est rien d'autre qu'un aspect du syllogisme et de la logique déductive classique. Dans ce sens de la classification, l'analogie d'attribution est une logique de différentiation.
L'analogie qui intéresse la systémique c'est l'analogie de proportionnalité, en tant que logique de l'intégration fondée sur la similitude des rapports ou relations et non pas sur des similitudes de l'être observable. Alleau poursuit donc:
Le terme analogue de proportionnalité est celui qui convient à plusieurs à cause d'une certaine similitude de proportion. (Terminus analogus proportionalitatis est qui pluribus convenit propter aliquam similitudinem proportionum).
Dans l'analogie de proportionnalité, il n'y a plus de "principal analogué", mais de mutuelles proportions ou rapports qui créent l'unité entre les "analogués".
. Alleau donne l'exemple suivant:
"Nous disons "l'oeil voit" et "l'intelligence voit" parce que l'intellection est à l'intelligence ce que la vision du sensible est à l'oeil:
Si l'on rapporte cet exemple par analogie aux principes du MIF, la vision et l'intellection indiquent respectivement l'activité et la structure de l'oeil et de l'intelligence, et les rapports pourraient être complétés de la manière suivante:
Le modèle d'intégration fonctionnelle (MIF) avec ses trois principes de causalité est donc la base première de l'analogie. Ce sont les proportions des trois principes, traduits selon le niveau ou contexte par d'autres expressions appropriées, qui sont à l'origine de toute qualité ou propriété fonctionnelle et de l'état d'équilibre global des systèmes. Les proportions corrélées des trois principes peuvent être représentées géométriquement et formulées mathématiquement par le spectre d'expression systémique (SES).
L'intégration du système en général, la synthèse, peut être compris par la proportionnalité des trois causalités et qui forment le modèle trilogique du MIF. C'est avant tout l'organisation, innée ou acquise, de la connaissance. - La différentiation des propriétés ou états des systèmes particuliers, leur analyse sur la base des coordonnées d'espace, de temps et de mouvement, requiert le modèle de l'octaèdre et du spectre sphérique (SES).
Les pages suivantes indiqueront par des exemples comment la méthode systémique et ses deux modèles peuvent être appliqués en sociologie, en biologie et en physique.
Grammaire universelle expression de la trilogie causale.
La trilogie causale du MIF conditionne l'organisation de toute structure complexe, mais avant tout celle de la connaissance; c'est pourquoi elle apparaît par analogie dans toute connaissance, scientifique ou philosophique. Elle n'apparaît pas seulement dans les conditions de l'auto-organisation des "structures dissipatives" de Prigogine. Elle apparaît aussi par analogie dans toutes les cosmologies traditionnelles. Mais de la manière la plus évidente, elle apparaît dans la structure grammaticale universelle des langues. Noam Chomsky a eu raison de postuler une "grammaire universelle". Mais il est inutile de la chercher par l'analyse des syntaxes de différentes langues. Le philosophe Guillaume d'Ockham a rappelé les principes néoplatoniciens par ce qu'on appelle rasoir d'Ockham: "Les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité."
Les règles logiques fondamentales de la grammaire sont systémiques et très simples. Elles se résument aux trois conditions ou causes sous-jacentes à toute pensée, et sont exprimées en parole dans la phrase ainsi qu'on l'enseigne en tout premier aux écoliers:
- La cause matérielle ou structure de la phrase est représentée par les substantifs, les noms ou pronoms qui tiennent les rôles de sujet ou objets.
- La cause efficiente est l'action ou relation exprimée par le verbe.
- La cause formelle est l'ensemble des informations du milieu exprimées par des qualificatifs tels que les adjectifs, adverbes ou compléments, , qui nuancent et modulent le sens de la phrase.
Les règles syntaxiques peuvent varier comme la phonétique selon la langue et la culture. Ce qui est universel, conditionnant la connaissance et la biologie comme l'univers physique, c'est la trilogie structure-action-information.
Les trois principes qui conditionnent la pensée et la communication se retrouvent de manière récurrente, sous d'autres formes et termes analogues, à tous les niveaux hiérarchiques des structures sociales; mais ils peuvent être découverts aussi dans l'organisation biologique et physique de l'univers.
XI - Systémique des relations sociales
Les sociétés humaines sont des systèmes dont la stabilité dépend de l'équilibre des trois causes ou conditions d'auto-organisation, comme pour tout système ouvert. Mais il faut comprendre le caractère symbolique de ces concepts abstraits dans le contexte de la société et les traduire par des termes analogues adéquats. Cause matérielle signifie l'ensemble des éléments qui forment la structure d'un système, dans le contexte social, on l'appellera plus justement cause structurelle. Ce sont les hommes, membres d'associations ou citoyens qui composent la structure de la société. La cause efficiente désigne le pouvoir, les ressources nécessaires aux activités communes et ceux qui les gèrent. La cause formelle représente l'ensemble des relations et informations qui forment la culture ou finalité de la société.
La famille et l'éducation.
La famille, composée par le père, la mère et les enfants, est la première cellule dans la hiérarchie systémique de la société.
La famille a été souvent le symbole allégorique de la trilogie universelle. L'exemple en est la légende d'Isis, Osiris et Horus. La mère, assimilée à la Terre nourricière, symbolisée aussi par la Lune, rassemble et conserve le foyer et les racines culturelles. Le père, parfois assimilé au Soleil, a traditionnellement la fonction d'activité et de défense efficiente des ressources et intérêts familiaux. L'enfance est l'avenir et la finalité de la famille, son rôle est le renouvellement, non seulement quantitatif par reproduction mais aussi qualitatif par adaptation et exploration de nouvelles possibilités et relations avec l'environnement.
Tous les êtres humains sont semblables de nature mais les individus diffèrent génétiquement, biologiquement et morphologiquement. Leurs fonctions et rôles sociaux dépendent des capacités innées et de la tranche d'âge. L'égalité à la naissance est l'idéal aimable et d'une contrevérité idéologique. L'égalité en droit et en justice n'est pas fondée sur une égalité des individus mais sur des critères éthiques et sociaux conventionnels.
Il ne sert à rien de vouloir homogénéiser le genre humain sous prétextes égalitaristes. L'évolution, la procréation et l'éducation exigent des différences. La finalité de la famille reste l'éducation de l'enfant et celle-ci exige la fidélité et la collaboration entre un pôle yin d'affectivité maternelle apaisante et un pôle yang d'affectivité paternelle stimulante et dirigeante.
En ce qui concerne le milieu familial et l'influence de l'éducation, il ne faudrait pas les surestimer mais les considérer en fonction des trois principes d'auto-organisation (structure, action et information). L'efficacité de l'action éducative est limitée d'une part par le tempérament génétiquement déterminé (structure), d'autre part par les influences sociales extrafamiliales imprévisibles et incontrôlables (informations). Les comportements des adolescents qui posent problème ne sont pas toujours de la faute des parents, comme le postulent volontiers les psychologues et sociologues attachés à la "thérapie familiale". Celle-ci est basée sur les dogmes de l'égalité à la naissance et du constructivisme radical. Cette approche de l'école américaine de Palo Alto, qu'ils osent appeler systémique, se réfère historiquement aux principes des auto-régulations déterministes de la cybernétiques et robotique, inapplicables à l'homme.
La thérapie familiale peut avoir ses indications dans la petite enfance mais échoue systématiquement chez l'adolescent plus réceptif aux idées et modes inculquées par un environnement social de plus en plus douteux (rue, réseaux sociaux, TV, pub etc.). Plutôt que de traiter les familles en les culpabilisant, il importerait de traiter le milieu social, ses tentations et ses mensonges.
Les associations
Toute association est définie par ses membres, sa finalité et ses ressources. Les modèles de statuts légaux comprennent 14 articles réglant les détails administratifs de trois caractéristiques essentiels qui constituent toute association sociale: la finalité (analogue de la cause formelle), la structure des membres (analogue de la cause matérielle), et les ressources et activités (analogue de la cause efficiente).
Les deux derniers articles règlent les éventualités de règlements internes et de dissolution.
L'entreprise et l'économie.
Le fonctionnement d'une entreprise peut être schématisé par la double trilogie des conditions et des antagonismes. Dans une étude systémique, François Reingold (1) a représenté l'entreprise par un triangle dont les trois sommets sont occupés par les hommes, le capital et la technique.
Les trois pôles ou sommets du triangle forment trois antagonismes, trois situations conflictuelles permanentes. Entre les hommes et le capital se déroule le conflit productivité-revendications syndicales; entre le capital et les techniques se situe le conflit qui oppose la rentabilité de la production aux coûts de la recherche et des innovations; enfin entre les hommes et les techniques il y a le conflit entre la routine et la motivation qu'exige la formation continue.
L'économie contemporaine est caractérisée par un déséquilibre extrême, celui du monopole des marchés financiers qui asservissent le marché du travail et le marché de consommation. Les travailleurs et les petites entreprises productrices (agriculteurs, pêcheurs) sont asservis par l'endettement et par la précarisation des emplois et conditions de travail. Celle-ci est favorisée par la "libre circulation" des personnes et l'immigration. Les consommateurs sont asservis par le harcèlement publicitaire en faveur de marchandises qui sont produits moins dans l'intérêt du consommateur que dans celui de la rentabilité au profit des actionnaires anonymes d'entreprises géantes multinationales. La déréglementation des échanges internationaux, appelée libéralisation, a ouvert la porte aux abus de la monopolisation financière appelée mondialisation.
L'Etat et la culture.
La structure de la nation est fondée sur les citoyens, les individus, les familles et les associations qui forment la société civile. Le pouvoir repose sur les ressources économiques et technologiques et il est assuré par les différentes institutions exécutives de l'Etat. Enfin, une nation peut avoir une finalité qui va au-delà des besoins économiques, vers la réalisation d'un projet culturel représenté en général par une religion. Des monuments tels que les pyramides d'Egypte, ou les cathédrales au Moyen-âge en témoignent. Sans une motivation commune transcendant les intérêts particuliers et animant toute une nation, de telles réalisations seraient impensables.
Les nations traditionnelles, surtout celles qui ont été le siège d'un essor culturel important, étaient en général fondées sur un équilibre ternaire entre les besoins du peuple, le pouvoir d'une aristocratie ou d'une monarchie et l'autorité spirituelle d'une religion unanimement respectée. Telle était l'organisation de la société dans l'Europe du Moyen-âge
.
En France, depuis la séparation de l'Eglise et de l'Etat, et l'institution de la laïcité, le principe ternaire, fondement de la stabilité de tout système, a cependant été réintroduit sous une autre forme au niveau des institutions laïques. La séparation et l'indépendance des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire sont en effet reconnues comme conditions du bon fonctionnement de l'Etat démocratique, donc comme principe de la stabilité du système social. L'exécutif exerce le pouvoir (cause efficiente), le législatif représente le peuple (cause structurelle), et la justice constitue en théorie un troisième pouvoir indépendant appliquant la constitution et les lois (cause formelle). Dans la pratique, les juges sont nommés par les politiciens, et les lois sont proposées et votées par les politiciens. Le pouvoir et l'indépendance de la magistrature se limite à la jurisprudence, au jugement cas par cas.
La disparition du rôle social de la religion en Europe occidentale est la conséquence des abus de l'Eglise causée par la monopolisation de la vérité, conformément au principe de contradiction exclue d'Aristote. L'alternance bipartisane, le basculement entre socialisme et capitalisme, ne peut pas constituer un équilibre. En réalité la vie politique se résume à un dualisme entre une "droite" qui détient le capital et le pouvoir et une gauche qui est censée représenter les revendications du peuple.
Les systèmes politiques contemporains ne sont qu'un simulacre de démocratie, où les élections ne servent plus qu'à légitimer la collusion entre politique et grande finance. En effet, la gauche socialiste poursuit la tendance dirigiste et internationaliste, de l'hégémonie communiste bureaucratique qui s'est effondrée par sa propre sclérose. La droite financière de tendance libérale a construit son hégémonie mondialiste, sur un capitalisme débridé, émancipé de toute réglementation. Les deux tendances politiques s'accordent sur l'instauration d'une hégémonie mondialiste en oubliant leurs divergences. Celles-ci surgiraient une fois le mondialisme réalisé. En effet, tout système complexe unilatéral et monopolaire est instable et s'effondre par ses contradictions internes inévitables.
Une stabilité politique ne peut être obtenue que par trois pouvoirs véritablement indépendants et qui reconnaissent leur rôle respectif sur la base d'une conception systémique ternaire de l'intérêt général, ce qui suppose une logique de complémentarité d'intérêts opposés.
L'équilibre systémique de l'Etat idéal exigerait un troisième pouvoir vraiment autonome représentatif des valeurs culturelles d'une nation. Ce rôle que tient traditionnellement une religion, ne pourrait être assuré dans une société moderne laïque, émancipée des doctrines théologiques, que par le rôle d'arbitre d'un conseil constitutionnel formé d'experts de formation académique, sans liens avec les partis politiques, les milieux économiques ou les cercles ecclésiastiques. Ceci exigerait à son tour une autonomie financière des milieux universitaires.
Culture, langue et religion.
Aucune forme gouvernementale ne garantit la paix et la sécurité. Des démocraties peuvent être colonialistes, impérialistes ou racistes. Des monarchies peuvent être justes et tolérantes pacifiques et prospères. Il existe ou il existait des nations stables fondées sur le tribalisme, et des nations stables fondées sur une théocratie mais tolérant une diversité des confessions.
La paix ne peut exister que sur la reconnaissance de la diversité des cultures, des langues et des religions, par le respect des différences sur la base d'une logique de complémentarité des contraires. La diversité nationale est une richesse. Elle n'est pas une raison de conflits en elle-même. Les nations multiculturelles et multilingues stables sont nombreuses, elles sont même la règle. L'unité d'une nation est fondée sur une histoire commune et des valeurs communes dans le respect des différences culturelles.
Ainsi, la France, pourtant centralisée, comprend aussi des cultures et langues très différentes: bretons, occitans basques ou alsaciens. Ils ont été réunis par une longue histoire et ont accepté une constitution et une langue française commune. Mais ils sont tous issus d'un territoire et d'une patrie qui fait aujourd'hui partie de la France.
L'intégration d'immigrés de langue, culture et religion étrangère est possible mais dépend de leur propre motivation à apprendre au moins la langue pour communiquer et prendre connaissance des coutumes du pays d'accueil. Si les immigrés ne font pas cet effort et s'isolent dans des communautés nationales, ils seront forcément perçus comme des étrangers et se sentiront exclus. L'histoire récente montre que toute communauté culturelle ou religieuse qui reste attachée à des pays étrangers, est un danger qu'exploitent des puissances impérialistes pour affaiblir une nation.
Religion et spiritualité.
Les religions sont essentiellement des communautés sociales, avec tous les défauts et abus possibles d'une société humaine, malgré leur prétention divine. On peut dire qu'elles sont un mal nécessaire. Les croyances et règles éthiques sont en effet utiles à la cohésion sociale et culturelle d'une communauté mais ne sont pas indispensables à la nation. La religion attire l'individu inquiet quant à son origine et son destin et qui cherche une orientation spirituelle. Un danger existe lorsque la religion exige une foi aveugle dans ses doctrines et offre des réponses toutes faites qui dispensent de toute recherche personnelle. Les religions sont un mal lorsqu'elles revendiquent des vérités absolues ou lorsque la rigidité inévitable des doctrines et rites immuables empêche la liberté de pensée créative indispensable à l'évolution spirituelle qui doit rester personnelle.
L'origine et fin ultime de l'univers ou de l'être humain est hors d'atteinte de la raison humaine, mais peut être approchée par intuition contemplative. Depuis l'antiquité les vrais sages n'ont cessé de dire que l'Un, le Vide, Tao ou Dieu est ni existant ni non existant mais aussi qu'il est à la fois existant et non existant. Par conséquent toutes les voies peuvent conduire vers la spiritualité. La sagesse ou illumination peut être obtenue individuellement au sein de toute religion, non pas grâce à la religion mais en dépit de la religion.
(1) - REINGOLD François - Le futur de l'entreprise. - 3e Millénaire, N° 7, 1983.
La famille et l'éducation.
La famille, composée par le père, la mère et les enfants, est la première cellule dans la hiérarchie systémique de la société.
La famille a été souvent le symbole allégorique de la trilogie universelle. L'exemple en est la légende d'Isis, Osiris et Horus. La mère, assimilée à la Terre nourricière, symbolisée aussi par la Lune, rassemble et conserve le foyer et les racines culturelles. Le père, parfois assimilé au Soleil, a traditionnellement la fonction d'activité et de défense efficiente des ressources et intérêts familiaux. L'enfance est l'avenir et la finalité de la famille, son rôle est le renouvellement, non seulement quantitatif par reproduction mais aussi qualitatif par adaptation et exploration de nouvelles possibilités et relations avec l'environnement.
Tous les êtres humains sont semblables de nature mais les individus diffèrent génétiquement, biologiquement et morphologiquement. Leurs fonctions et rôles sociaux dépendent des capacités innées et de la tranche d'âge. L'égalité à la naissance est l'idéal aimable et d'une contrevérité idéologique. L'égalité en droit et en justice n'est pas fondée sur une égalité des individus mais sur des critères éthiques et sociaux conventionnels.
Il ne sert à rien de vouloir homogénéiser le genre humain sous prétextes égalitaristes. L'évolution, la procréation et l'éducation exigent des différences. La finalité de la famille reste l'éducation de l'enfant et celle-ci exige la fidélité et la collaboration entre un pôle yin d'affectivité maternelle apaisante et un pôle yang d'affectivité paternelle stimulante et dirigeante.
En ce qui concerne le milieu familial et l'influence de l'éducation, il ne faudrait pas les surestimer mais les considérer en fonction des trois principes d'auto-organisation (structure, action et information). L'efficacité de l'action éducative est limitée d'une part par le tempérament génétiquement déterminé (structure), d'autre part par les influences sociales extrafamiliales imprévisibles et incontrôlables (informations). Les comportements des adolescents qui posent problème ne sont pas toujours de la faute des parents, comme le postulent volontiers les psychologues et sociologues attachés à la "thérapie familiale". Celle-ci est basée sur les dogmes de l'égalité à la naissance et du constructivisme radical. Cette approche de l'école américaine de Palo Alto, qu'ils osent appeler systémique, se réfère historiquement aux principes des auto-régulations déterministes de la cybernétiques et robotique, inapplicables à l'homme.
La thérapie familiale peut avoir ses indications dans la petite enfance mais échoue systématiquement chez l'adolescent plus réceptif aux idées et modes inculquées par un environnement social de plus en plus douteux (rue, réseaux sociaux, TV, pub etc.). Plutôt que de traiter les familles en les culpabilisant, il importerait de traiter le milieu social, ses tentations et ses mensonges.
Les associations
Toute association est définie par ses membres, sa finalité et ses ressources. Les modèles de statuts légaux comprennent 14 articles réglant les détails administratifs de trois caractéristiques essentiels qui constituent toute association sociale: la finalité (analogue de la cause formelle), la structure des membres (analogue de la cause matérielle), et les ressources et activités (analogue de la cause efficiente).
- La finalité est régie par les articles 1 à 3 qui précisent le nom, le but et le siège de l'association.
- La structure des membres est régie par les articles 4 à 7 qui en règlent les admissions, les qualifications et les radiations.
- Les ressources et activités sont régies par les articles 8 à 12 qui règlent la provenance des ressources, leur gestion par le conseil d'administration, ses réunions, les assemblées générales ordinaires et extraordinaires.
Les deux derniers articles règlent les éventualités de règlements internes et de dissolution.
L'entreprise et l'économie.
Le fonctionnement d'une entreprise peut être schématisé par la double trilogie des conditions et des antagonismes. Dans une étude systémique, François Reingold (1) a représenté l'entreprise par un triangle dont les trois sommets sont occupés par les hommes, le capital et la technique.
- Le personnel, cadres et employés, constituent la condition structurelle ou organisationnelle de l'entreprise. Il dépend de ce qu'on appelle le "marché du travail".
- La puissance financière de l'entreprise, symbolisée par les capitaux investis et leur rentabilité, constitue la condition ou cause efficiente; elle est en relation avec le marché des capitaux.
- Enfin la recherche et l'adaptation des techniques de production représentent un processus d'auto-organisation et doivent servir à réaliser la finalité de l'entreprise: satisfaire aux exigences du marché des biens de consommation ou d'investissement.
Les trois pôles ou sommets du triangle forment trois antagonismes, trois situations conflictuelles permanentes. Entre les hommes et le capital se déroule le conflit productivité-revendications syndicales; entre le capital et les techniques se situe le conflit qui oppose la rentabilité de la production aux coûts de la recherche et des innovations; enfin entre les hommes et les techniques il y a le conflit entre la routine et la motivation qu'exige la formation continue.
L'économie contemporaine est caractérisée par un déséquilibre extrême, celui du monopole des marchés financiers qui asservissent le marché du travail et le marché de consommation. Les travailleurs et les petites entreprises productrices (agriculteurs, pêcheurs) sont asservis par l'endettement et par la précarisation des emplois et conditions de travail. Celle-ci est favorisée par la "libre circulation" des personnes et l'immigration. Les consommateurs sont asservis par le harcèlement publicitaire en faveur de marchandises qui sont produits moins dans l'intérêt du consommateur que dans celui de la rentabilité au profit des actionnaires anonymes d'entreprises géantes multinationales. La déréglementation des échanges internationaux, appelée libéralisation, a ouvert la porte aux abus de la monopolisation financière appelée mondialisation.
L'Etat et la culture.
La structure de la nation est fondée sur les citoyens, les individus, les familles et les associations qui forment la société civile. Le pouvoir repose sur les ressources économiques et technologiques et il est assuré par les différentes institutions exécutives de l'Etat. Enfin, une nation peut avoir une finalité qui va au-delà des besoins économiques, vers la réalisation d'un projet culturel représenté en général par une religion. Des monuments tels que les pyramides d'Egypte, ou les cathédrales au Moyen-âge en témoignent. Sans une motivation commune transcendant les intérêts particuliers et animant toute une nation, de telles réalisations seraient impensables.
Les nations traditionnelles, surtout celles qui ont été le siège d'un essor culturel important, étaient en général fondées sur un équilibre ternaire entre les besoins du peuple, le pouvoir d'une aristocratie ou d'une monarchie et l'autorité spirituelle d'une religion unanimement respectée. Telle était l'organisation de la société dans l'Europe du Moyen-âge
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En France, depuis la séparation de l'Eglise et de l'Etat, et l'institution de la laïcité, le principe ternaire, fondement de la stabilité de tout système, a cependant été réintroduit sous une autre forme au niveau des institutions laïques. La séparation et l'indépendance des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire sont en effet reconnues comme conditions du bon fonctionnement de l'Etat démocratique, donc comme principe de la stabilité du système social. L'exécutif exerce le pouvoir (cause efficiente), le législatif représente le peuple (cause structurelle), et la justice constitue en théorie un troisième pouvoir indépendant appliquant la constitution et les lois (cause formelle). Dans la pratique, les juges sont nommés par les politiciens, et les lois sont proposées et votées par les politiciens. Le pouvoir et l'indépendance de la magistrature se limite à la jurisprudence, au jugement cas par cas.
La disparition du rôle social de la religion en Europe occidentale est la conséquence des abus de l'Eglise causée par la monopolisation de la vérité, conformément au principe de contradiction exclue d'Aristote. L'alternance bipartisane, le basculement entre socialisme et capitalisme, ne peut pas constituer un équilibre. En réalité la vie politique se résume à un dualisme entre une "droite" qui détient le capital et le pouvoir et une gauche qui est censée représenter les revendications du peuple.
Les systèmes politiques contemporains ne sont qu'un simulacre de démocratie, où les élections ne servent plus qu'à légitimer la collusion entre politique et grande finance. En effet, la gauche socialiste poursuit la tendance dirigiste et internationaliste, de l'hégémonie communiste bureaucratique qui s'est effondrée par sa propre sclérose. La droite financière de tendance libérale a construit son hégémonie mondialiste, sur un capitalisme débridé, émancipé de toute réglementation. Les deux tendances politiques s'accordent sur l'instauration d'une hégémonie mondialiste en oubliant leurs divergences. Celles-ci surgiraient une fois le mondialisme réalisé. En effet, tout système complexe unilatéral et monopolaire est instable et s'effondre par ses contradictions internes inévitables.
Une stabilité politique ne peut être obtenue que par trois pouvoirs véritablement indépendants et qui reconnaissent leur rôle respectif sur la base d'une conception systémique ternaire de l'intérêt général, ce qui suppose une logique de complémentarité d'intérêts opposés.
L'équilibre systémique de l'Etat idéal exigerait un troisième pouvoir vraiment autonome représentatif des valeurs culturelles d'une nation. Ce rôle que tient traditionnellement une religion, ne pourrait être assuré dans une société moderne laïque, émancipée des doctrines théologiques, que par le rôle d'arbitre d'un conseil constitutionnel formé d'experts de formation académique, sans liens avec les partis politiques, les milieux économiques ou les cercles ecclésiastiques. Ceci exigerait à son tour une autonomie financière des milieux universitaires.
Culture, langue et religion.
Aucune forme gouvernementale ne garantit la paix et la sécurité. Des démocraties peuvent être colonialistes, impérialistes ou racistes. Des monarchies peuvent être justes et tolérantes pacifiques et prospères. Il existe ou il existait des nations stables fondées sur le tribalisme, et des nations stables fondées sur une théocratie mais tolérant une diversité des confessions.
La paix ne peut exister que sur la reconnaissance de la diversité des cultures, des langues et des religions, par le respect des différences sur la base d'une logique de complémentarité des contraires. La diversité nationale est une richesse. Elle n'est pas une raison de conflits en elle-même. Les nations multiculturelles et multilingues stables sont nombreuses, elles sont même la règle. L'unité d'une nation est fondée sur une histoire commune et des valeurs communes dans le respect des différences culturelles.
Ainsi, la France, pourtant centralisée, comprend aussi des cultures et langues très différentes: bretons, occitans basques ou alsaciens. Ils ont été réunis par une longue histoire et ont accepté une constitution et une langue française commune. Mais ils sont tous issus d'un territoire et d'une patrie qui fait aujourd'hui partie de la France.
L'intégration d'immigrés de langue, culture et religion étrangère est possible mais dépend de leur propre motivation à apprendre au moins la langue pour communiquer et prendre connaissance des coutumes du pays d'accueil. Si les immigrés ne font pas cet effort et s'isolent dans des communautés nationales, ils seront forcément perçus comme des étrangers et se sentiront exclus. L'histoire récente montre que toute communauté culturelle ou religieuse qui reste attachée à des pays étrangers, est un danger qu'exploitent des puissances impérialistes pour affaiblir une nation.
Religion et spiritualité.
Les religions sont essentiellement des communautés sociales, avec tous les défauts et abus possibles d'une société humaine, malgré leur prétention divine. On peut dire qu'elles sont un mal nécessaire. Les croyances et règles éthiques sont en effet utiles à la cohésion sociale et culturelle d'une communauté mais ne sont pas indispensables à la nation. La religion attire l'individu inquiet quant à son origine et son destin et qui cherche une orientation spirituelle. Un danger existe lorsque la religion exige une foi aveugle dans ses doctrines et offre des réponses toutes faites qui dispensent de toute recherche personnelle. Les religions sont un mal lorsqu'elles revendiquent des vérités absolues ou lorsque la rigidité inévitable des doctrines et rites immuables empêche la liberté de pensée créative indispensable à l'évolution spirituelle qui doit rester personnelle.
L'origine et fin ultime de l'univers ou de l'être humain est hors d'atteinte de la raison humaine, mais peut être approchée par intuition contemplative. Depuis l'antiquité les vrais sages n'ont cessé de dire que l'Un, le Vide, Tao ou Dieu est ni existant ni non existant mais aussi qu'il est à la fois existant et non existant. Par conséquent toutes les voies peuvent conduire vers la spiritualité. La sagesse ou illumination peut être obtenue individuellement au sein de toute religion, non pas grâce à la religion mais en dépit de la religion.
(1) - REINGOLD François - Le futur de l'entreprise. - 3e Millénaire, N° 7, 1983.
XII - Principes systémiques de l'organisation biologique
L'ordre de l'engendrement embryonnaire
Qu'est-ce que l'unité individuelle de l'homme, comment se construit-elle ?
La science tente d'expliquer le tout individuel en analysant les parties qui composent l'ensemble. A l'inverse, l'approche systémique fondée sur le modèle d'auto-organisation, explique pourquoi et comment les parties sont organisées par le tout. En effet Prigogine n'a pas seulement montré que le temps est irréversible; il a en même temps montré que la corrélation globale de l'ensemble organise le comportement des parties. Les trois conditions de l'auto-organisation concernent tous les niveaux de grandeur, et se répercutent, suivant le processus fractal récurrent, depuis le tout jusqu'aux atomes, en passant par les cellules, formant ainsi un hologramme.
Selon Lao Tse, le Tao engendre le Un, le Un engendre le Deux ; le deux engendre le Trois, le Trois engendre les dix-mille choses. Cette succession d'engendrements n'est pas seulement métaphysique ou cosmologique. Elle concerne aussi l'auto-organisation de l'être vivant depuis le germe ou l'ovule jusqu'à l'individu pleinement développé.
Le Un est l'ovule fécondé, origine du développement de l'individu complexe.
Mais avant l'ovule fécondé, le zygote, il y a le potentiel immense de combinaisons génétiques possibles de l'humanité et de la vie. Ce potentiel indéfini d'interférences correspond au Tao: il n'est ni existant ni non existant et à la fois existant et non existant.
Le Deux se forme après les premières segmentations par polarisation de l'amas cellulaire (blastula) entre un pôle "animal" (PA) et un pôle "végétal" (PV)
Le Trois se forme par invagination de la couche végétale dans un processus appelé gastrulation; il conduit aux trois feuillets embryonnaires. L'ectoderme est formé à partir du pôle animal, l'endoderme vient des cellules végétales et le mésoderme se constitue par migration de cellules du pôle végétal qui migrent dans le trophoblaste.
L'organogenèse qui succède à l'embryogenèse conduit aux organes principaux suivants:
Les trois fonctions primordiales.
Homéostasie, fonction du métabolisme.
La fonction commune aux organes dérivés de l'endoderme se résume au métabolisme qui maintient l'équilibre physique matière/énergie. L'homéostasie bien connue des biologistes est en effet définie par "la maintenance de l'ensemble des paramètres physico-chimiques de l'organisme".
Conformément à l'antagonisme substance-énergie qui définit la matière, on distingue deux aspects fonctionnels opposés du métabolisme: l'anabolisme et le catabolisme. L'anabolisme désigne l'assimilation des substances nutritives et leur transformation en structures propres à l'organisme. Le catabolisme signifie au contraire la décomposition graduelle de ces substances pour produire l'énergie nécessaire au fonctionnement physiologique.
Hétérostasie, fonction de la communication.
La fonction de la peau, des organes sensoriels et du système nerveux qui dérivent de l'ectoderme se résume principalement aux relations du système vivant avec le monde extérieur et secondairement aux relations entre le cerveau, centre nerveux et les organes périphériques.
Le néologisme hétérostasie est synonyme du terme communication dans le sens étymologique d'unification, d'équilibre de la relation spatiale entre le tout et les parties, entre le centre et la périphérie.
Téléostasie, fonction de l'évolution.
Le mésoderme produit certes le tissu vasculaire, le squelette et les muscles. Mais il constitue surtout la substance fondamentale et le tissu conjonctif qui forment la matrice de ces organes auxquels l'anatomie attribue seulement une fonction de soutien et de protection.
En réalité, le tissu conjonctif a une fonction de régulation globale. Le tissu conjonctif est formé de fibres de collagène et d'une substance fondamentale. La substance fondamentale est une espèce de gel, une substance colloïdale formée de glycoprotéines et d'eau. Cette substance forme avec les cellules du mésoderme le mésenchyme que l'on trouve dès le début de l'embryogenèse. Il constitue selon A. Pischinger (1) le véritable milieu intérieur où se déroulent les autorégulations globales de l'organisme. Sur ce milieu colloïdal vascularisé, qui joue un rôle central dans la nutrition cellulaire, agissent des médiateurs à la fois neurologiques, endocriniens et immunologique. Il règle toutes les réactions inflammatoires et de défense immunitaire, mais aussi les communications entre cellules et organes.
Selon le professeur H. Heine, les fibres de protéoglycanes, qui constituent un réseau entre les cellules sont polarisées et ont des propriétés électromagnétiques remarquables. Elles réagissent aux stimulations de tout genre par une dépolarisation qui se propage comme une réaction en chaîne sur de longues portées. Les protéoglycanes qui forment le tissu conjonctif sont aptes à la conduction et distribution rapide d'informations. La structure combinée d'eau et de polymères glucidiques constitue, selon lui, le système d'information et de défense le plus ancien des êtres polycellulaires.
Le mésoderme ou mésenchyme, a essentiellement une fonction d'autorégulation et auto-organisation globale. Il s'agit de la fonction d'intégration temporelle, d'adaptation et d'évolution de l'individu.
Le schéma du MIF adapté à la physiologie montre que les trois fonctions primordiales de l'organisation biologique correspondent aux trois antagonismes définissant le sens de la matière, de l'espace et du temps. L'auto-organisation repose sur les trois fonctions indissociables. Elle concerne aussi bien la substance fondamentale que le cerveau; la première traite les informations inconscientes physiologiques, la seconde les informations conscientes sensorielles.
Les trois fonctions de l'organisation cellulaire.
Les trois fonctions de l'auto-organisation sont présentes aussi au sein de chaque cellule.
En effet, la fonction de l'homéostasie, le métabolisme, s'effectue dans le cytoplasme. Il contient les mitochondries qui produisent l'énergie par dégradation oxydative des sucres dans le cycle de Krebs et il contient les ribosomes qui synthétisent les protéines.
L'hétérostasie ou communication est assurée au niveau de la cellule par la membrane qui est une double couche de molécules polarisées, interface spatiale avec le milieu environnant. La fibre nerveuse appelée axone est le prolongement de la membrane polarisée du corps cellulaire du neurone L'alternance de polarisations et de dépolarisations permet aux fibres nerveuses de transmettre des signaux ou informations de la périphérie sensorielle au cerveau, et inversement de transmettre les ordres du cerveau aux muscles.
La téléostasie ou fonction d'évolution adapte les structures et mémoires aux changements. Le traitement des informations provenant de l'environnement et des cellules voisines est assuré surtout par l'ADN du noyau cellulaire. F. Popp a démontré que l'échange d'informations entre cellules se fait par les fréquences électromagnétiques des "biophotons" et que l'ADN fonctionne comme un récepteur/émetteur au niveau quantique.
Les différents aspects fonctionnels décrits ne sont nullement exhaustifs. A chaque fonction primordiale et aux thèmes antagonistes qui la définissent correspondent des structures physiologiques, cytologiques, biophysiques et biochimiques homologues, comme le résume le tableau suivant:
La première colonne du tableau indique les antagonismes, la dernière colonne met en évidence les synergies de thèmes correspondant aux trois propriétés fondamentales.
L'organisation holographique.
L'unité de l'être vivant s'organise ainsi en un hologramme, comme une intrication hiérarchique de champs électromagnétiques "impliés" selon l'expression de Bohm. Sans connaître l'électromagnétisme, la tradition chinoise de l'acupuncture a mis en évidence les polarités (céphalo-caudal, doso-ventral et latérale), et la tradition ayurvédique a décrit le spectre des chakras, résumés dans le schéma suivant.
L'analogie des éléments/organes chinois et des chakras indiens présente la disposition anatomique comme un étagement entrecoupé de synergies et d'antagonismes, conformément au schéma circulaire du MIF. Cette organisation spatiale évoque un gradient de fréquences dont les interférences correspondent aux chakras de la médecine ayurvédique. Tout l'organisme semble être fondé sur un spectre ou une gamme de fréquences dont les interférences complexes, en concordance ou opposition de phase, forment les alternances de niveaux segmentaires le long de l'axe corporel.
Qu'est-ce que l'unité individuelle de l'homme, comment se construit-elle ?
La science tente d'expliquer le tout individuel en analysant les parties qui composent l'ensemble. A l'inverse, l'approche systémique fondée sur le modèle d'auto-organisation, explique pourquoi et comment les parties sont organisées par le tout. En effet Prigogine n'a pas seulement montré que le temps est irréversible; il a en même temps montré que la corrélation globale de l'ensemble organise le comportement des parties. Les trois conditions de l'auto-organisation concernent tous les niveaux de grandeur, et se répercutent, suivant le processus fractal récurrent, depuis le tout jusqu'aux atomes, en passant par les cellules, formant ainsi un hologramme.
Selon Lao Tse, le Tao engendre le Un, le Un engendre le Deux ; le deux engendre le Trois, le Trois engendre les dix-mille choses. Cette succession d'engendrements n'est pas seulement métaphysique ou cosmologique. Elle concerne aussi l'auto-organisation de l'être vivant depuis le germe ou l'ovule jusqu'à l'individu pleinement développé.
Le Un est l'ovule fécondé, origine du développement de l'individu complexe.
Mais avant l'ovule fécondé, le zygote, il y a le potentiel immense de combinaisons génétiques possibles de l'humanité et de la vie. Ce potentiel indéfini d'interférences correspond au Tao: il n'est ni existant ni non existant et à la fois existant et non existant.
Le Deux se forme après les premières segmentations par polarisation de l'amas cellulaire (blastula) entre un pôle "animal" (PA) et un pôle "végétal" (PV)
Le Trois se forme par invagination de la couche végétale dans un processus appelé gastrulation; il conduit aux trois feuillets embryonnaires. L'ectoderme est formé à partir du pôle animal, l'endoderme vient des cellules végétales et le mésoderme se constitue par migration de cellules du pôle végétal qui migrent dans le trophoblaste.
L'organogenèse qui succède à l'embryogenèse conduit aux organes principaux suivants:
- l'endoderme produit le tube digestif et ses glandes annexes (foie, pancréas);
- le mésoderme produit les muscles, le squelette, les vaisseaux sanguins;
- l'ectoderme produit l'épiderme et le système nerveux.
Les trois fonctions primordiales.
Homéostasie, fonction du métabolisme.
La fonction commune aux organes dérivés de l'endoderme se résume au métabolisme qui maintient l'équilibre physique matière/énergie. L'homéostasie bien connue des biologistes est en effet définie par "la maintenance de l'ensemble des paramètres physico-chimiques de l'organisme".
Conformément à l'antagonisme substance-énergie qui définit la matière, on distingue deux aspects fonctionnels opposés du métabolisme: l'anabolisme et le catabolisme. L'anabolisme désigne l'assimilation des substances nutritives et leur transformation en structures propres à l'organisme. Le catabolisme signifie au contraire la décomposition graduelle de ces substances pour produire l'énergie nécessaire au fonctionnement physiologique.
Hétérostasie, fonction de la communication.
La fonction de la peau, des organes sensoriels et du système nerveux qui dérivent de l'ectoderme se résume principalement aux relations du système vivant avec le monde extérieur et secondairement aux relations entre le cerveau, centre nerveux et les organes périphériques.
Le néologisme hétérostasie est synonyme du terme communication dans le sens étymologique d'unification, d'équilibre de la relation spatiale entre le tout et les parties, entre le centre et la périphérie.
Téléostasie, fonction de l'évolution.
Le mésoderme produit certes le tissu vasculaire, le squelette et les muscles. Mais il constitue surtout la substance fondamentale et le tissu conjonctif qui forment la matrice de ces organes auxquels l'anatomie attribue seulement une fonction de soutien et de protection.
En réalité, le tissu conjonctif a une fonction de régulation globale. Le tissu conjonctif est formé de fibres de collagène et d'une substance fondamentale. La substance fondamentale est une espèce de gel, une substance colloïdale formée de glycoprotéines et d'eau. Cette substance forme avec les cellules du mésoderme le mésenchyme que l'on trouve dès le début de l'embryogenèse. Il constitue selon A. Pischinger (1) le véritable milieu intérieur où se déroulent les autorégulations globales de l'organisme. Sur ce milieu colloïdal vascularisé, qui joue un rôle central dans la nutrition cellulaire, agissent des médiateurs à la fois neurologiques, endocriniens et immunologique. Il règle toutes les réactions inflammatoires et de défense immunitaire, mais aussi les communications entre cellules et organes.
Selon le professeur H. Heine, les fibres de protéoglycanes, qui constituent un réseau entre les cellules sont polarisées et ont des propriétés électromagnétiques remarquables. Elles réagissent aux stimulations de tout genre par une dépolarisation qui se propage comme une réaction en chaîne sur de longues portées. Les protéoglycanes qui forment le tissu conjonctif sont aptes à la conduction et distribution rapide d'informations. La structure combinée d'eau et de polymères glucidiques constitue, selon lui, le système d'information et de défense le plus ancien des êtres polycellulaires.
Le mésoderme ou mésenchyme, a essentiellement une fonction d'autorégulation et auto-organisation globale. Il s'agit de la fonction d'intégration temporelle, d'adaptation et d'évolution de l'individu.
Le schéma du MIF adapté à la physiologie montre que les trois fonctions primordiales de l'organisation biologique correspondent aux trois antagonismes définissant le sens de la matière, de l'espace et du temps. L'auto-organisation repose sur les trois fonctions indissociables. Elle concerne aussi bien la substance fondamentale que le cerveau; la première traite les informations inconscientes physiologiques, la seconde les informations conscientes sensorielles.
Les trois fonctions de l'organisation cellulaire.
Les trois fonctions de l'auto-organisation sont présentes aussi au sein de chaque cellule.
En effet, la fonction de l'homéostasie, le métabolisme, s'effectue dans le cytoplasme. Il contient les mitochondries qui produisent l'énergie par dégradation oxydative des sucres dans le cycle de Krebs et il contient les ribosomes qui synthétisent les protéines.
L'hétérostasie ou communication est assurée au niveau de la cellule par la membrane qui est une double couche de molécules polarisées, interface spatiale avec le milieu environnant. La fibre nerveuse appelée axone est le prolongement de la membrane polarisée du corps cellulaire du neurone L'alternance de polarisations et de dépolarisations permet aux fibres nerveuses de transmettre des signaux ou informations de la périphérie sensorielle au cerveau, et inversement de transmettre les ordres du cerveau aux muscles.
La téléostasie ou fonction d'évolution adapte les structures et mémoires aux changements. Le traitement des informations provenant de l'environnement et des cellules voisines est assuré surtout par l'ADN du noyau cellulaire. F. Popp a démontré que l'échange d'informations entre cellules se fait par les fréquences électromagnétiques des "biophotons" et que l'ADN fonctionne comme un récepteur/émetteur au niveau quantique.
Les différents aspects fonctionnels décrits ne sont nullement exhaustifs. A chaque fonction primordiale et aux thèmes antagonistes qui la définissent correspondent des structures physiologiques, cytologiques, biophysiques et biochimiques homologues, comme le résume le tableau suivant:
La première colonne du tableau indique les antagonismes, la dernière colonne met en évidence les synergies de thèmes correspondant aux trois propriétés fondamentales.
L'organisation holographique.
L'unité de l'être vivant s'organise ainsi en un hologramme, comme une intrication hiérarchique de champs électromagnétiques "impliés" selon l'expression de Bohm. Sans connaître l'électromagnétisme, la tradition chinoise de l'acupuncture a mis en évidence les polarités (céphalo-caudal, doso-ventral et latérale), et la tradition ayurvédique a décrit le spectre des chakras, résumés dans le schéma suivant.
L'analogie des éléments/organes chinois et des chakras indiens présente la disposition anatomique comme un étagement entrecoupé de synergies et d'antagonismes, conformément au schéma circulaire du MIF. Cette organisation spatiale évoque un gradient de fréquences dont les interférences correspondent aux chakras de la médecine ayurvédique. Tout l'organisme semble être fondé sur un spectre ou une gamme de fréquences dont les interférences complexes, en concordance ou opposition de phase, forment les alternances de niveaux segmentaires le long de l'axe corporel.
Dernière édition par resurgence le Dim 30 Mar 2014 - 9:38, édité 3 fois
XIII - Principes de diagnostic systémique
Le spectre des signes cliniques.
L'organisation holographique signifie que l'état de chaque partie est le reflet de l'état de l'ensemble. L'état fonctionnel des organes et cellules est semblable à celui de l'organisme entier et le propriétés fonctionnelles des organes et cellules sont témoins de l'équilibre de l'ensemble de l'organisme. Il y a un rapport de similitude ou d'analogie de proportionnalité fondé sur les principes du modèle d'auto-organisation systémique. Celui-ci tient le rôle d'ensemble fractal de Mandelbrodt qui, par son processus constructif récurrent à tous les niveaux, est à l'origine de la structure holographique du système complexe.
L'état global de l'individu se répercute sur toutes les parties de son organisation. La médecine traditionnelle chinoise établit une analogie entre les éléments et tous les niveaux et phénomènes de la nature et de l'organisation biologique. A chaque élément correspond un organe, un tissu, un sentiment, une qualité de pouls etc. La trilogie systémique n'est pas une exclusivité des médecines orientales; elle est exprimée aussi par les trois diathèses de Hahnemann (luèse, psore et sycose) qui ont un sens analogue aux trois principes alchimiques de Paracelse (mercure, soufre et sel).
D'une manière générale, et sur la base de ces traditions médicales, les trois principes et les six thèmes épistémologiques peuvent être caractérisés qualitativement selon le tableau suivant.
Un répertoire et logiciel de diagnostic holistique et de thérapies naturelles a été réalisé sur la base des théories des éléments orientales et des signatures paracelsiennes et hahnemanniennes. Mais le projet a été abandonné pour des raisons techniques et pratiques.
Formulation vectorielle du diagnostic systémique.
Par analogie aux principes ayurvédiques Vata, Pitta et Kapha, les trois principes ou propriétés sont désignés par V, P et K. Les thèmes qui représentent les rapports inverses de ces principes sont notés comme fractions positives: V/P signifie que V est plus grand que P et P/V que P est plus grand que V. L'excès ou déficit des trois principes est marqué par les signes + ou - .
Au chapitre VIII, le modèle systémique est formulé par un octaèdre régulier posé sur une des faces, de sorte que les trois axes orthogonaux forment un même angle par rapport au plan horizontal passant par le centre.
En projection sur ce plan moyen équatorial, les principes et thèmes sont ordonnés en spectre circulaire dans l'ordre suivant. (Les nombres indiquent les degrés d'angles divisés par 10).
Tout état global peut être exprimé par un vecteur dans une sphère. Ses projections sur les trois axes déterminent ses propriétés par rapport aux trois fonctions primordiales. Cette formulation vectorielle est pareille à celle du spectre des couleurs personnalisées, proposées par les logiciels Microsoft, qui sont définies par le rapport des trois couleurs principales vert, rouge et bleu. Les projections du vecteur sur les trois axes représentent les thèmes dominants, analogues aux proportions des trois couleurs principales. La projection sur un axe central perpendiculaire au plan équatorial indique l'excès ou déficit global, analogue à la luminosité. Enfin la longueur ( valeur scalaire) du vecteur, qui correspond à l'écart moyen des trois principes, est analogue à la saturation des couleurs. L'équilibre idéal improbable correspondrait à un vecteur nul, au centre de la sphère, incolore et gris.
Psychosomatique systémique.
Quelle qu'en soit la cause, un écart d'équilibre durable provoque une prédisposition pathologique qui va dans le même sens fonctionnel et qualitatif à tous les niveaux, de l'affectivité en passant par les organes jusqu'aux cellules et à leur influence sur le comportement du sang. Quelles qu'en soient les causes, les réactions psychiques et organiques sont liées à l'équilibre systémique global par relation la holographique. Les troubles organiques peuvent certes être la conséquence de troubles psychiques, mais à l'inverse, dans notre civilisation technologiques, les troubles mentaux sont souvent causés par des incidences nocives physiques ou chimiques, nutritionnelles ou métaboliques.
Les deux figures sont un essai et un exemple des rapports psychosomatiques qui relient l'affectivité aux organes.
Le schéma organique présente de l'intérieur vers l'extérieur , 1) les 3 feuillets embryologiques, 2) les tissus engendrés, 3) les principaux organes et 4) leurs fonctions, par rapport aux trois fonctions primordiales dont les thèmes antagonistes figurent en diagonales.
Le spectre de l'affectivité est représenté par trois anneaux
Il faut remarquer qu'il s'agit d'une projection plane d'un modèle sphérique. Tout axe diagonal de la sphère passe par son centre; par conséquent les antagonismes apparaissent entre expression positive du cercle externe et expression négative de l'anneau central et non pas entre expressions diagonalement opposées du même anneau.
Pathologie et biochimie systémique.
Le rôle fonctionnel des organes , leur pathologie et les symptômes psychiques ou somatiques qui en résultent sont attribuables à une seule et même organisation systémique. Les tissus répondent à toute agression traumatique, physico-chimique ou biologique par une même suite de réactions inflammatoires allant de la lésion jusqu'à la réparation et cicatrisation dans le sens d'une guérison par auto-organisation.
Au cours de la réaction inflammatoire, trois phases se succèdent:
Mobilisation, transformation et structuration sont en effet les conditions et causes de la guérison par auto-organisation.
L' évolution vers la guérison peut être bloquée à chaque phase et devenir chronique conduisant à des états pathologiques. Les inflammations tissulaires produisent des protéines, des enzymes et des produits de dégradation qui modifient l'équilibre acido-basique; ces protéines caractéristiques des phases de l'inflammation, se retrouvent dans la circulation sanguine qui les draine.
Des bilans de santé globale fondés sur des examens du sang ont été proposés soit sur la base de l'équilibre acido-basique (bioélectronique de Vincent ), soit sur la composition du sérum (protéinome du CEIA).
Le bilan protéinomique du CEIA n'est pas une analyse mais une étude globale et statistique des réactions du sérum à une série de réactifs. Chaque réactif provoque la précipitation d'une portion spécifique des protéines caractérisées par leur propriété acide ou basique et leur ionisation positive ou négative.
Le schéma suivant met en parallèle les caractéristiques du protéinome avec les stades de l'inflammation et avec et les tendances pathologiques. Celles-ci ne signifient pas un diagnostic de maladie déjà établie mais un état et un pronostic de risque qui appelle un traitement par médecines douces, permettant une prévention.
La mobilisation réactive (V) , la transformation et élimination des déchets (P) et la restructuration (K) sont en effet les phases de l'inflammation et les conditions et causes du rétablissement par auto-organisation.
L'évolution des technologies électroniques, la résonance nucléaire et les biopuces pourraient apporter des facilités supplémentaires considérables. Mais dans les conditions actuelles de la médecine, les analyses ponctuelles réalisables par ces techniques visent la détection de pathologies spécifiques ou de lésions organiques déjà établies. La méthode analytique n'empêche pas la synthèse. Elle ne dispense pas de la nécessité d'une interprétation de l'équilibre global, qui permette une évaluation et prévention des risques par des thérapies douces, avant même l'apparition de la maladie organique qui nécessite les traitements invasifs de la médecine conventionnelle.
Mais le domaine de la santé, comme tout le reste de la société, est soumis ces dernières décennies à des contraintes et réglementations au profit des gros complexes financiers médico-pharmaceutique, agro-alimentaire, informatique, militaro-industriel dont les besoins de rentabilité prédominent sur ceux d'efficacité. Par leur emprise sur les assurances et sur les médias ils tentent de décourager, ridiculiser, diaboliser ou même criminaliser toute médecine alternative holistique d'accès libre qui leur ferait concurrence.
Des conceptions et des projets alternatifs, novateurs et révolutionnaires existent dans tous les domaines scientifiques et culturels. Ils restent prêts mais gelés, dans l'attente de l'effondrement d'un système politique et financier mondialiste obsolète, dont l'hégémonie mondialiste uniforme conduit à l'acculturation et à la paralysie des sciences.
(1) - H. Heine dans A. Pischinger, "System der Grundregulation", (1989).
L'organisation holographique signifie que l'état de chaque partie est le reflet de l'état de l'ensemble. L'état fonctionnel des organes et cellules est semblable à celui de l'organisme entier et le propriétés fonctionnelles des organes et cellules sont témoins de l'équilibre de l'ensemble de l'organisme. Il y a un rapport de similitude ou d'analogie de proportionnalité fondé sur les principes du modèle d'auto-organisation systémique. Celui-ci tient le rôle d'ensemble fractal de Mandelbrodt qui, par son processus constructif récurrent à tous les niveaux, est à l'origine de la structure holographique du système complexe.
L'état global de l'individu se répercute sur toutes les parties de son organisation. La médecine traditionnelle chinoise établit une analogie entre les éléments et tous les niveaux et phénomènes de la nature et de l'organisation biologique. A chaque élément correspond un organe, un tissu, un sentiment, une qualité de pouls etc. La trilogie systémique n'est pas une exclusivité des médecines orientales; elle est exprimée aussi par les trois diathèses de Hahnemann (luèse, psore et sycose) qui ont un sens analogue aux trois principes alchimiques de Paracelse (mercure, soufre et sel).
D'une manière générale, et sur la base de ces traditions médicales, les trois principes et les six thèmes épistémologiques peuvent être caractérisés qualitativement selon le tableau suivant.
Un répertoire et logiciel de diagnostic holistique et de thérapies naturelles a été réalisé sur la base des théories des éléments orientales et des signatures paracelsiennes et hahnemanniennes. Mais le projet a été abandonné pour des raisons techniques et pratiques.
Formulation vectorielle du diagnostic systémique.
Par analogie aux principes ayurvédiques Vata, Pitta et Kapha, les trois principes ou propriétés sont désignés par V, P et K. Les thèmes qui représentent les rapports inverses de ces principes sont notés comme fractions positives: V/P signifie que V est plus grand que P et P/V que P est plus grand que V. L'excès ou déficit des trois principes est marqué par les signes + ou - .
Au chapitre VIII, le modèle systémique est formulé par un octaèdre régulier posé sur une des faces, de sorte que les trois axes orthogonaux forment un même angle par rapport au plan horizontal passant par le centre.
En projection sur ce plan moyen équatorial, les principes et thèmes sont ordonnés en spectre circulaire dans l'ordre suivant. (Les nombres indiquent les degrés d'angles divisés par 10).
Tout état global peut être exprimé par un vecteur dans une sphère. Ses projections sur les trois axes déterminent ses propriétés par rapport aux trois fonctions primordiales. Cette formulation vectorielle est pareille à celle du spectre des couleurs personnalisées, proposées par les logiciels Microsoft, qui sont définies par le rapport des trois couleurs principales vert, rouge et bleu. Les projections du vecteur sur les trois axes représentent les thèmes dominants, analogues aux proportions des trois couleurs principales. La projection sur un axe central perpendiculaire au plan équatorial indique l'excès ou déficit global, analogue à la luminosité. Enfin la longueur ( valeur scalaire) du vecteur, qui correspond à l'écart moyen des trois principes, est analogue à la saturation des couleurs. L'équilibre idéal improbable correspondrait à un vecteur nul, au centre de la sphère, incolore et gris.
Psychosomatique systémique.
Quelle qu'en soit la cause, un écart d'équilibre durable provoque une prédisposition pathologique qui va dans le même sens fonctionnel et qualitatif à tous les niveaux, de l'affectivité en passant par les organes jusqu'aux cellules et à leur influence sur le comportement du sang. Quelles qu'en soient les causes, les réactions psychiques et organiques sont liées à l'équilibre systémique global par relation la holographique. Les troubles organiques peuvent certes être la conséquence de troubles psychiques, mais à l'inverse, dans notre civilisation technologiques, les troubles mentaux sont souvent causés par des incidences nocives physiques ou chimiques, nutritionnelles ou métaboliques.
Les deux figures sont un essai et un exemple des rapports psychosomatiques qui relient l'affectivité aux organes.
Le schéma organique présente de l'intérieur vers l'extérieur , 1) les 3 feuillets embryologiques, 2) les tissus engendrés, 3) les principaux organes et 4) leurs fonctions, par rapport aux trois fonctions primordiales dont les thèmes antagonistes figurent en diagonales.
Le spectre de l'affectivité est représenté par trois anneaux
- L'anneau médian gris présente les dispositions psychiques neutres; ce sont les fonctions psychiques normales sur selon un plan moyen. Comme il s'agit d'une sphère déployée, ces dispositions peuvent être positives ou négatives.
- L'anneau magenta interne correspond à l'hémisphère négatif et aux affectivités négatives, dépressives, agressives ou dégénératives.
- L'anneau turquoise externe correspond à l'hémisphère positif et aux dispositions positive, constructives, généreuse.
Il faut remarquer qu'il s'agit d'une projection plane d'un modèle sphérique. Tout axe diagonal de la sphère passe par son centre; par conséquent les antagonismes apparaissent entre expression positive du cercle externe et expression négative de l'anneau central et non pas entre expressions diagonalement opposées du même anneau.
Pathologie et biochimie systémique.
Le rôle fonctionnel des organes , leur pathologie et les symptômes psychiques ou somatiques qui en résultent sont attribuables à une seule et même organisation systémique. Les tissus répondent à toute agression traumatique, physico-chimique ou biologique par une même suite de réactions inflammatoires allant de la lésion jusqu'à la réparation et cicatrisation dans le sens d'une guérison par auto-organisation.
Au cours de la réaction inflammatoire, trois phases se succèdent:
- La phase vasculo-exsudative est la réaction de mobilisation aiguë immédiate, neuro-végétative et humorale, qui suit la lésion. Elle rend les vaisseaux perméables au plasma et aux cellules, ce qui provoque l'œdème, la rougeur et la chaleur.
- La phase cellulaire ou productive forme un granulome inflammatoire qui transforme les toxines et produit du pus.
- La phase de la réparation nettoie le foyer inflammatoire et le restructure par un tissu fibreux cicatriciel, la régénération épithéliale est- inconstante.
Mobilisation, transformation et structuration sont en effet les conditions et causes de la guérison par auto-organisation.
L' évolution vers la guérison peut être bloquée à chaque phase et devenir chronique conduisant à des états pathologiques. Les inflammations tissulaires produisent des protéines, des enzymes et des produits de dégradation qui modifient l'équilibre acido-basique; ces protéines caractéristiques des phases de l'inflammation, se retrouvent dans la circulation sanguine qui les draine.
Des bilans de santé globale fondés sur des examens du sang ont été proposés soit sur la base de l'équilibre acido-basique (bioélectronique de Vincent ), soit sur la composition du sérum (protéinome du CEIA).
Le bilan protéinomique du CEIA n'est pas une analyse mais une étude globale et statistique des réactions du sérum à une série de réactifs. Chaque réactif provoque la précipitation d'une portion spécifique des protéines caractérisées par leur propriété acide ou basique et leur ionisation positive ou négative.
Le schéma suivant met en parallèle les caractéristiques du protéinome avec les stades de l'inflammation et avec et les tendances pathologiques. Celles-ci ne signifient pas un diagnostic de maladie déjà établie mais un état et un pronostic de risque qui appelle un traitement par médecines douces, permettant une prévention.
La mobilisation réactive (V) , la transformation et élimination des déchets (P) et la restructuration (K) sont en effet les phases de l'inflammation et les conditions et causes du rétablissement par auto-organisation.
L'évolution des technologies électroniques, la résonance nucléaire et les biopuces pourraient apporter des facilités supplémentaires considérables. Mais dans les conditions actuelles de la médecine, les analyses ponctuelles réalisables par ces techniques visent la détection de pathologies spécifiques ou de lésions organiques déjà établies. La méthode analytique n'empêche pas la synthèse. Elle ne dispense pas de la nécessité d'une interprétation de l'équilibre global, qui permette une évaluation et prévention des risques par des thérapies douces, avant même l'apparition de la maladie organique qui nécessite les traitements invasifs de la médecine conventionnelle.
Mais le domaine de la santé, comme tout le reste de la société, est soumis ces dernières décennies à des contraintes et réglementations au profit des gros complexes financiers médico-pharmaceutique, agro-alimentaire, informatique, militaro-industriel dont les besoins de rentabilité prédominent sur ceux d'efficacité. Par leur emprise sur les assurances et sur les médias ils tentent de décourager, ridiculiser, diaboliser ou même criminaliser toute médecine alternative holistique d'accès libre qui leur ferait concurrence.
Des conceptions et des projets alternatifs, novateurs et révolutionnaires existent dans tous les domaines scientifiques et culturels. Ils restent prêts mais gelés, dans l'attente de l'effondrement d'un système politique et financier mondialiste obsolète, dont l'hégémonie mondialiste uniforme conduit à l'acculturation et à la paralysie des sciences.
(1) - H. Heine dans A. Pischinger, "System der Grundregulation", (1989).
XIV - Principes de thérapie systémique
Trois principes thérapeutiques
L'organisme vivant se construit, s'organise et évolue par auto-organisation en recevant des substances, des énergies et des informations de l'environnement. Il peut donc être influencé médicalement par des substances, des énergies et des informations naturelles. C'est pourquoi il est logique de distinguer les thérapies selon les trois fonctions primordiales: celles qui agissent par substances sur la structure et le métabolisme (homéostasie), celles qui agissent par des énergies sur le champ énergétique (hétérostasie); et celles qui agissent par des informations sur l'organisation globale (téléostasie).
Une médecine systémique ou holistique doit savoir distinguer et respecter les trois principes et les trois fonctions de l'auto-organisation.
Substances
La nutrition est la base de toute médecine holistique. Aucun traitement ne peut avoir l'effet optimal, si l'état nutritionnel est déficient. Une alimentation correcte et fraîche, riche en vitamines et minéraux essentiels est indispensable. Elle doit comporter aussi des crudités végétales qui apportent un principe vital énergétique indéfinissable en termes chimiques mais que F. Popp a mis en évidence par l'étude des "biophotons".
Certains états de déficience ou d'insuffisance digestive et métabolique exigent des apports supplémentaires en vitamines et minéraux qui ne peuvent être fournis en suffisance que par des préparations concentrées.
Sur une base nutritionnelle saine seulement, les médicaments peuvent agir de manière optimale, mais à condition d'être adaptés à l'état général plutôt qu'à la lésion locale; ceci exige un diagnostic systémique ou holistique, tel que décrit dans le chapitre précédent.
Les médicaments pharmacologiques , sont des substances chimiquement définies, qui interviennent selon un mode d'action plus ou moins connu dans les mécanismes physiologiques ou biochimiques. L'étude pharmacologique des plantes consiste donc à les analyser pour isoler des "principes actifs" sous une forme chimiquement pure, afin de pouvoir élucider leur mode d'action et pour pouvoir établir avec précision le rapport entre doses et effets. Beaucoup de médicaments importants et indispensables de la pharmacopée moderne ont été développés ainsi à partir de plantes (cardiotoniques, anticoagulants, antibiotiques, antimitotiques, salicylés etc.).
Par contre, les remèdes des traditions orientales (chinoise, indienne et tibétaine) conçoivent la plante comme un tout dont l'effet global est destiné à rétablir l'équilibre globalement perturbé du patient et secondairement seulement à rétablir des fonctions organiques. Leur "matière médicale" décrit le pouvoir du remède (minéral, végétal ou animal) par analogie aux qualités des éléments. Ces qualifications élémentaires correspondent aux thèmes épistémologiques déductibles des trois fonctions ou des trois principes (gunas) d'auto-organisation. Ainsi le diagnostic clinique et le choix thérapeutique sont orientés par le même spectre d'expression systémique.
Cependant la nature du remède doit être opposée à la nature du mal. Le traitement consiste à administrer une substance dont les propriétés, selon le spectre circulaire des éléments, sont diamétralement opposées à celles qui caractérisent l'état du patient. C'est le principe classique de traitement par des contraires qui s'applique aux substances.
Les procédés traditionnels holistiques sont en quelque sorte l'inverse des méthodes de la pharmacologie. Alors que celle-ci produit des substances chimiquement pures, pour obtenir chez la grande majorité des personnes traitées un effet localement limité aussi intense que possible, les médecines orientales composent au contraire des recettes complexes, dont l'effet doit être ajusté aussi harmonieusement que possible à l'état global d'un patient individuel.
Les substances naturelles, quelles qu'elles soient, apportent non seulement de la matière mais aussi des énergies et des informations qui peuvent être bénéfiques ou nocives selon leur nature et selon leur emploi. Des traitements existent cependant qui ne sont pas fondés sur la matière mais sur l'énergie ou l'information.
Energies.
Même lorsque l'état nutritionnel est correct et en l'absence de lésions organiques majeures, il peut exister des troubles fonctionnels généraux qui se manifestent par des malaises ou douleurs dont les causes sont mal définissables du point de vue somatique. La médecine scientifique les relègue en général à la psychiatrie, après avoir épuisé les possibilités des technologies diagnostiques dispendieuses mises sur le marché par le complexe médico-pharmaceutique. Ces troubles fonctionnels relèvent des équilibres énergétiques et de l'organisation des informations.
L'unité de l'organisme et la communication entre les organes repose sur des réseaux très complexe de voies de communication entre les organes. Ils comprennent à la fois le système des canaux d'acupuncture fondé sur les fibres conjonctives, et le système nerveux qui comprend des fibres afférentes sensibles (sensorielles lliées aux "cinq sens", tactiles, thermiques, douloureuses proprioceptives etc.), et des fibres efférentes motrices (pyramidales, extrapyramidales, sympathiques, parasympathiques etc.). Les deux systèmes sont fondés sur des polarisations électriques et transmettent des informations sous forme de vibrations (fréquences de dépolarisations et repolarisation électrique).
Ces réseaux forment un seul champ énergétique polarisé selon trois axes: céphalo-caudal, dorso-ventral et latéral (de droite à gauche). Le champ peut être globalement déficient ou partiellement perturbé. Les voies de communication peuvent notamment être perturbées localement par des inflammations minimes ou des cicatrices résiduelles même très anciennes (champs perturbateurs). Sur la base de l'expérience ancienne des chinois, des traitements énergétiques nouveaux ont été élaborés par les moyens techniques modernes de l'électroniques et du laser.
Informations.
Tout traitement par substances ou par énergies apporte aussi des informations. Mais il existe des traitements qui utilisent sélectivement des informations et qui visent essentiellement l'auto-organisation. Les informations sont des phénomènes d'interférence électromagnétique qui ne nécessitent pas des intensités énergétiques significatives mais des fréquences spécifiques. Tel est le cas par exemple des thérapies par rayonnements colorés ou par fréquences de laser.
Mais le traitement par information concerne surtout les remèdes homéopathiques qui sont basés sur une mémoire de l'eau. Celle-ci s'explique par la formation de structures ou cristaux liquides spécifiques et persistants des molécules d'eau en contact avec les substances diluées. Les remèdes homéopathiques n'agissent ni comme substance, ni comme énergie, mais uniquement comme information. Cette information est l'empreinte de la substance diluée quoique pondéralement disparue.
Contrairement à la substance qui agit directement par sa propriété chimique contre la maladie ou ses symptômes, le remède homéopathique agit indirectement par une information semblable ou analogue aux signes de la maladie. Cette information suscite une réaction de défense et d'auto-organisation susceptible de corriger la maladie. Alors que les substances traitent la maladie par leurs propriétés contraires, les informations homéopathiques influencent l'organisme par des propriétés semblables. C'est ce qu'on appelle principe de similitude.
Stratégies thérapeutiques.
L'expérience traditionnelle montre que la maladie progresse de l'extérieur vers l'intérieur. Elle commence par des changements de l'environnement, par des informations signalant des agents nocifs et exigeant une adaptation. Si l'adaptation est insuffisante, la nocivité affecte l'équilibre énergétique et la communication entre les organes, et elle peut provoquer des troubles fonctionnels manifestés par des douleurs. Si l'équilibre énergétique n'est pas rétabli, les troubles fonctionnels évoluent vers l'inflammation qui est le début de la maladie organique, de la pathologie reconnue par la médecine dite scientifique.
A l'inverse, la guérison progresse de l'intérieur vers l'extérieur. Selon cette logique, il faut d'abord compenser les déficits éventuels en vitamines et oligoéléments. On cherche ensuite à lever les obstacles à la circulation des énergies pour rééquilibrer le champ énergétique global par des traitements d'acupuncture ou analogues. Enfin l'organisation globale psychosomatique des informations peut être harmonisée par des traitements homéopathiques ou des pratiques psychiques ou spirituelles.
Il ne s'agit pas d'imposer des lignes directrices doctrinaires. Tout traitement doit être adapté au cas individuel. L'expérience pratique montre cependant qu'en général les personnes âgées ont le plus souvent besoin de compléments nutritionnels anti-oxydants en raison de déficiences digestives et métaboliques, souvent causées par des médicaments chimiques. Les enfants par contre, qui n'ont pas encore de séquelles de maladies ou d'accidents, réagissent souvent bien aux seuls remèdes homéopathiques, assistés en cas d'infections banale par les essences aromatiques, les antibiotiques étant réservés aux infections généralisées graves.
Il faut en effet être conscient qu'une substance pharmacologique agit de manière déterminée et prévisible, ce qui est exigé dans toute urgence ou maladie grave. L'effet du remède homéopathique par contre dépend de l'auto-organisation qui reste sujette à un certain degré d'indétermination et d'imprévisibilité. L'homéopathie seule ne peut pas tout traiter, mais en complément d'autres traitement, elle contribue à retrouver un équilibre harmonieux et à prévenir les rechutes.
L'organisme vivant se construit, s'organise et évolue par auto-organisation en recevant des substances, des énergies et des informations de l'environnement. Il peut donc être influencé médicalement par des substances, des énergies et des informations naturelles. C'est pourquoi il est logique de distinguer les thérapies selon les trois fonctions primordiales: celles qui agissent par substances sur la structure et le métabolisme (homéostasie), celles qui agissent par des énergies sur le champ énergétique (hétérostasie); et celles qui agissent par des informations sur l'organisation globale (téléostasie).
Une médecine systémique ou holistique doit savoir distinguer et respecter les trois principes et les trois fonctions de l'auto-organisation.
Substances
La nutrition est la base de toute médecine holistique. Aucun traitement ne peut avoir l'effet optimal, si l'état nutritionnel est déficient. Une alimentation correcte et fraîche, riche en vitamines et minéraux essentiels est indispensable. Elle doit comporter aussi des crudités végétales qui apportent un principe vital énergétique indéfinissable en termes chimiques mais que F. Popp a mis en évidence par l'étude des "biophotons".
Certains états de déficience ou d'insuffisance digestive et métabolique exigent des apports supplémentaires en vitamines et minéraux qui ne peuvent être fournis en suffisance que par des préparations concentrées.
Sur une base nutritionnelle saine seulement, les médicaments peuvent agir de manière optimale, mais à condition d'être adaptés à l'état général plutôt qu'à la lésion locale; ceci exige un diagnostic systémique ou holistique, tel que décrit dans le chapitre précédent.
Les médicaments pharmacologiques , sont des substances chimiquement définies, qui interviennent selon un mode d'action plus ou moins connu dans les mécanismes physiologiques ou biochimiques. L'étude pharmacologique des plantes consiste donc à les analyser pour isoler des "principes actifs" sous une forme chimiquement pure, afin de pouvoir élucider leur mode d'action et pour pouvoir établir avec précision le rapport entre doses et effets. Beaucoup de médicaments importants et indispensables de la pharmacopée moderne ont été développés ainsi à partir de plantes (cardiotoniques, anticoagulants, antibiotiques, antimitotiques, salicylés etc.).
Par contre, les remèdes des traditions orientales (chinoise, indienne et tibétaine) conçoivent la plante comme un tout dont l'effet global est destiné à rétablir l'équilibre globalement perturbé du patient et secondairement seulement à rétablir des fonctions organiques. Leur "matière médicale" décrit le pouvoir du remède (minéral, végétal ou animal) par analogie aux qualités des éléments. Ces qualifications élémentaires correspondent aux thèmes épistémologiques déductibles des trois fonctions ou des trois principes (gunas) d'auto-organisation. Ainsi le diagnostic clinique et le choix thérapeutique sont orientés par le même spectre d'expression systémique.
Cependant la nature du remède doit être opposée à la nature du mal. Le traitement consiste à administrer une substance dont les propriétés, selon le spectre circulaire des éléments, sont diamétralement opposées à celles qui caractérisent l'état du patient. C'est le principe classique de traitement par des contraires qui s'applique aux substances.
Les procédés traditionnels holistiques sont en quelque sorte l'inverse des méthodes de la pharmacologie. Alors que celle-ci produit des substances chimiquement pures, pour obtenir chez la grande majorité des personnes traitées un effet localement limité aussi intense que possible, les médecines orientales composent au contraire des recettes complexes, dont l'effet doit être ajusté aussi harmonieusement que possible à l'état global d'un patient individuel.
Les substances naturelles, quelles qu'elles soient, apportent non seulement de la matière mais aussi des énergies et des informations qui peuvent être bénéfiques ou nocives selon leur nature et selon leur emploi. Des traitements existent cependant qui ne sont pas fondés sur la matière mais sur l'énergie ou l'information.
Energies.
Même lorsque l'état nutritionnel est correct et en l'absence de lésions organiques majeures, il peut exister des troubles fonctionnels généraux qui se manifestent par des malaises ou douleurs dont les causes sont mal définissables du point de vue somatique. La médecine scientifique les relègue en général à la psychiatrie, après avoir épuisé les possibilités des technologies diagnostiques dispendieuses mises sur le marché par le complexe médico-pharmaceutique. Ces troubles fonctionnels relèvent des équilibres énergétiques et de l'organisation des informations.
L'unité de l'organisme et la communication entre les organes repose sur des réseaux très complexe de voies de communication entre les organes. Ils comprennent à la fois le système des canaux d'acupuncture fondé sur les fibres conjonctives, et le système nerveux qui comprend des fibres afférentes sensibles (sensorielles lliées aux "cinq sens", tactiles, thermiques, douloureuses proprioceptives etc.), et des fibres efférentes motrices (pyramidales, extrapyramidales, sympathiques, parasympathiques etc.). Les deux systèmes sont fondés sur des polarisations électriques et transmettent des informations sous forme de vibrations (fréquences de dépolarisations et repolarisation électrique).
Ces réseaux forment un seul champ énergétique polarisé selon trois axes: céphalo-caudal, dorso-ventral et latéral (de droite à gauche). Le champ peut être globalement déficient ou partiellement perturbé. Les voies de communication peuvent notamment être perturbées localement par des inflammations minimes ou des cicatrices résiduelles même très anciennes (champs perturbateurs). Sur la base de l'expérience ancienne des chinois, des traitements énergétiques nouveaux ont été élaborés par les moyens techniques modernes de l'électroniques et du laser.
Informations.
Tout traitement par substances ou par énergies apporte aussi des informations. Mais il existe des traitements qui utilisent sélectivement des informations et qui visent essentiellement l'auto-organisation. Les informations sont des phénomènes d'interférence électromagnétique qui ne nécessitent pas des intensités énergétiques significatives mais des fréquences spécifiques. Tel est le cas par exemple des thérapies par rayonnements colorés ou par fréquences de laser.
Mais le traitement par information concerne surtout les remèdes homéopathiques qui sont basés sur une mémoire de l'eau. Celle-ci s'explique par la formation de structures ou cristaux liquides spécifiques et persistants des molécules d'eau en contact avec les substances diluées. Les remèdes homéopathiques n'agissent ni comme substance, ni comme énergie, mais uniquement comme information. Cette information est l'empreinte de la substance diluée quoique pondéralement disparue.
Contrairement à la substance qui agit directement par sa propriété chimique contre la maladie ou ses symptômes, le remède homéopathique agit indirectement par une information semblable ou analogue aux signes de la maladie. Cette information suscite une réaction de défense et d'auto-organisation susceptible de corriger la maladie. Alors que les substances traitent la maladie par leurs propriétés contraires, les informations homéopathiques influencent l'organisme par des propriétés semblables. C'est ce qu'on appelle principe de similitude.
Stratégies thérapeutiques.
L'expérience traditionnelle montre que la maladie progresse de l'extérieur vers l'intérieur. Elle commence par des changements de l'environnement, par des informations signalant des agents nocifs et exigeant une adaptation. Si l'adaptation est insuffisante, la nocivité affecte l'équilibre énergétique et la communication entre les organes, et elle peut provoquer des troubles fonctionnels manifestés par des douleurs. Si l'équilibre énergétique n'est pas rétabli, les troubles fonctionnels évoluent vers l'inflammation qui est le début de la maladie organique, de la pathologie reconnue par la médecine dite scientifique.
A l'inverse, la guérison progresse de l'intérieur vers l'extérieur. Selon cette logique, il faut d'abord compenser les déficits éventuels en vitamines et oligoéléments. On cherche ensuite à lever les obstacles à la circulation des énergies pour rééquilibrer le champ énergétique global par des traitements d'acupuncture ou analogues. Enfin l'organisation globale psychosomatique des informations peut être harmonisée par des traitements homéopathiques ou des pratiques psychiques ou spirituelles.
Il ne s'agit pas d'imposer des lignes directrices doctrinaires. Tout traitement doit être adapté au cas individuel. L'expérience pratique montre cependant qu'en général les personnes âgées ont le plus souvent besoin de compléments nutritionnels anti-oxydants en raison de déficiences digestives et métaboliques, souvent causées par des médicaments chimiques. Les enfants par contre, qui n'ont pas encore de séquelles de maladies ou d'accidents, réagissent souvent bien aux seuls remèdes homéopathiques, assistés en cas d'infections banale par les essences aromatiques, les antibiotiques étant réservés aux infections généralisées graves.
Il faut en effet être conscient qu'une substance pharmacologique agit de manière déterminée et prévisible, ce qui est exigé dans toute urgence ou maladie grave. L'effet du remède homéopathique par contre dépend de l'auto-organisation qui reste sujette à un certain degré d'indétermination et d'imprévisibilité. L'homéopathie seule ne peut pas tout traiter, mais en complément d'autres traitement, elle contribue à retrouver un équilibre harmonieux et à prévenir les rechutes.
XV - Les principes classiques matérialistes de la physique relativiste et quantique
La physique à un tournant de son évolution.
Bien que les médias vantent les progrès des sciences, la physique contemporaine se trouve devant des impasses. Elle atteint une bifurcation de son évolution, pour des raisons aussi bien sociopolitiques que conceptuelles. Les sciences, même la physique et les mathématiques, ne sont pas indépendantes du modèle de pensée et de croyance de la société qu'on appelle paradigme.
La société occidentale contemporaine matérialiste est dominée par des intérêts économiques, des situations dominantes acquises, et reste figée par des croyances idéologiques immuables. L'état des sciences en est la conséquence. La recherche universitaire a dû sacrifier la liberté de pensée aux intérêts corporatistes parce qu'elle dépend de financements privés et de réglementations politiques. Les publications scientifiques, comme les médias ordinaires, sont filtrées par des comités de "pairs" anonymes qui jugent suspecte et peu crédible toute théorie dissidente par rapport aux thèses établies.
Des fondements épistémologiques classiques insuffisants.
Quoiqu'on en pense, la physique contemporaine, relativiste et quantique, reste fondée sur des principes classiques contestables:
Le principe ontologique matérialiste affirme que "l'univers existe et il est fait de matière", sous forme de masse et de gravité en relativité, sous forme de particules en mécanique quantique. Le principe a été étendu abusivement à la lumière, interprétée comme un "train de photons", et aux autres interactions, toutes attribuées à des particules hypothétiques appelées bosons.
Le principe épistémologique empirique signifie que "la connaissance s'acquiert par l'observation". Ce truisme a été radicalisé sous la forme: " la réalité est ce qui est observé". Pourtant l'observation varie selon le point de vue de l'observateur et dépend aussi de l'instrument d'observation. L'observation peut être trompeuse.
Toute observation est unique et ponctuelle, relative à un objet, à un moment et à un endroit. Elle n'admet pas de contradiction. D'où une logique rigide à sens unique:
Le principe logique d'identité, de contradiction exclue et de tiers exclu d'Aristote est valide pour l'observation et la mesure des phénomènes. Mais il est abusivement étendue comme logique unique à tout contexte. Il n'est pas seulement appliqué à l'observable mais aussi à son interprétation, au fonctionnement. Ainsi, les postulats et hypothèses deviennent des théories, des vérités incontestables, dogmatiques, aussitôt que leurs prédictions sont confirmées par quelque expérimentation.
Les principes mécanistes, réductionniste et déterministe sont les conséquences méthodologiques de cette logique. L'univers observable est expliqué par les particules de matière. Les propriétés des ensembles sont réduites à celles des parties ou particules élémentaires. Enfin, les mouvements et transformations sont formulés par des équations déterministes, selon le principe de raison suffisante qui postule l'équivalence et réversibilité de la cause et de l'effet.
Les principes classiques ne sont pas faux mais incomplets et unilatéraux. La rigueur de l'observation et de sa formalisation mathématique a certes été la condition de prédictions fiables conduisant aux applications technologiques utiles. Mais cela n'est possible que dans le cadre limité des systèmes fermés. Par contre, ces principes et méthodes ne parviennent pas à expliquer le fonctionnement de l'univers dans son ensemble et encore moins celui des systèmes complexes ouverts que sont les êtres vivants.
D'autre part, certaines découvertes de la mécanique quantique : l'intrication quantique, les nombreuses symétries, telles que par exemple le principe d'exclusion de Pauli ou la dualité particule-onde, ainsi que le principe d'incertitude, contredisent la logique unilatérale de la méthode scientifique. Ces paradoxes et d'autres ne sont pas compatibles avec les principes logiques et épistémologiques, même s'il reste toujours la possibilité de les intégrer dans un formalisme mathématique. C'est pourquoi la physique, au lieu de réviser ses principes épistémologiques, logiques et physiques, a évolué vers une mathématisation déconnectée de l’expérience et qui crée des mondes mathématiques virtuels.
L'origine des impasse et l'interprétation relativiste.
Toutes les théories de la physique contemporaine et leurs impasses ont pour origine la vitesse limite de la lumière et de toute onde électromagnétique.
L'astronomie a découvert que la propagation de la lumière dans l'espace a une vitesse fixe. Dès le 17ème siècle, cette vitesse a été évaluée par l'observation astronomique. Elle fut précisée progressivement par des mesures expérimentales aux 19ème et 20ème siècles. La communauté scientifique a entériné la définition de la vitesse de la lumière dans le vide absolu (théorique) comme une constante universelle, sur laquelle se fondent ensuite toutes les mesures d’espace et de temps.
Les astronomes ont calculé aussi que la vitesse de rotation de la Terre autour du Soleil est de 30 km/s et le système solaire est entraînée autour de la galaxie à la vitesse d'environ 250 km/s. A la fin du 19ème siècle, Michelson et Morley tentèrent de mesurer la vitesse de la Terre dans l'espace par l'interférométrie et échouèrent. Ils pensèrent pouvoir mesurer des différences de vitesse de la lumière selon sa direction d'incidence, conformément à l'addition de la vitesse de la lumière avec celle de la Terre. Mais toutes les expériences répétées donnaient des résultats nuls.
Les deux observations expérimentales, celle de la vitesse de la Terre et celle de la vitesse de la lumière semblaient se contredire. Fallait-il attribuer l'échec à l'instrument ou à l'observation astronomique?
H.-A. Lorentz avait trouvé une interprétation théorique mettant en cause l'instrument. Sa formule de transformation fondée sur l'effet Doppler annulait l'addition des vitesses par une contraction supposée équivalente de la longueur des deux bras de l'instrument qui devaient mesurer des différences de vitesse de la lumière. Mais cette interprétation mathématique ne fut pas acceptée; elle ne s'appuyait sur aucune preuve physique et expérimentale.
La solution adoptée finalement était beaucoup plus radicale. Elle tranchait le nœud gordien en abolissant l'espace en tant que milieu de propagation de la lumière. On dit que c'est Ernst Mach qui le premier émit l'hypothèse qu'il fallait rejeter le concept d'éther. C'est ce qui a été retenu par la relativité restreinte (RR) d'Einstein. Celle-ci postule l'invariance de la vitesse de la lumière c, non pas comme vitesse absolue dans l'espace, mais comme vitesse mesurable par un observateur dans n'importe quel référentiel galiléen.
La RR s'appuie sur deux principes fondamentaux :
La conséquence est qu'il n'existe plus d'espace comme cadre de référence absolu par rapport auquel on pourrait mesurer des positions et des vitesses. Seuls les référentiels galiléens existent et leur vitesse réciproque permet, selon la formule empruntée à Lorentz, de coordonner les mesures relatives différentes des référentiels.
Ainsi l’univers ne serait plus un et continu mais partagé entre référentiels séparés. L’observation dépend du seul point de vue ou référentiel de l'observateur. Celui-ci devient donc critère de la vérité. Cette attitude autistique ou anthropocentrique rappelle étrangement la philosophie scolastique et l'univers aristotélicien.
Critiques principales de la relativité.
Les critiques de la RR ont été nombreuses, dès le début et n'ont jamais cessé. Elles ne sont que plus nombreuses aujourd'hui dans les milieux dissidents sur internet. La "communauté scientifique internationale" en effet refuse tout dialogue sur ce sujet.
Herbert Dingle, astrophysicien reconnu, a exprimé sa critique de la relativité en 1972 dans le livre Science at the Crossroads (La Science à la croisée des chemins). Paul Ballard qui a résumé cette critique a écrit en introduction que la grande majorité des physiciens qui s’occupent d’expériences, même les plus connus, avouent, lorsqu’ils sont confrontés à une critique incontournable de la RR, qu’ils trouvent celle-ci absurde. Ils l’admettent pourtant comme cadre mathématique de leurs expériences, bien que ne la comprenant pas du tout, parce qu’elle est reconnue valable par les mathématiciens spécialistes. Quant à ces spécialistes, leur réponse est soit le silence complet soit un langage mystique pour convaincre l’interlocuteur que la théorie est trop abstruse pour des gens qui n’ont pas le talent et la formation mathématique.
En bref, les quatre confusions mentionnées par le professeur Dingle sont:
La mathématisation déconnectée de la réalité physique a conduit à la plupart des confusions. Mais plus les conséquences sont absurdes, plus elles sont populaires.
La confusion autour du temps provient en partie de l'interprétation et application singulière de la formule de transformation de Lorentz. Celle-ci tient compte seulement de la valeur scalaire de la vitesse réciproque de deux référentiels, sans prendre en compte la direction du mouvement. Ceci conduit à des absurdités comme celle bien connue du paradoxe des jumeaux.
Les référentiels individuels galiléens remplaçant le référentiel spatial unique nécessitent des transformations réciproques répétées qui rendent équivoque toute mesure
Les métaphores sont des représentations imaginaires de formulations purement mathématiques. Par exemple, les calculs matriciels qui, par analogie aux calculs vectoriels, formulent les relations d'un nombre n de paramètres physiques différents, sont nommés et imaginés comme des "espaces de n dimensions".
L'objet de cet essai systémique n'est pas d'entrer dans les détails et les polémiques qui ne font que multiplier et aggraver les malentendus. Ce qui importe, c'est de mettre en évidence les erreurs épistémologiques et axiomatiques qui conduisent à des erreurs d'interprétation et de formulation.
Les erreurs épistémologiques de la relativité.
Beaucoup de critiques cherchent l'erreur de la RR dans ses formulations. Il en existe certainement, mais ce ne sont que des conséquences d'erreurs épistémologiques fondamentales. Au départ il y a la surévaluation du principe empiriste qui consiste à croire que la réalité est ce qui est observé et que ce qui n'est pas observable n'est pas réel. En effet, "d'une seule absurdité de nombreuses autres s'ensuivent" écrivait déjà Giordano Bruno en critiquant l'ontologie thomiste et aristotéliciennes. L'erreur au départ de la RR est d'avoir accepté l'échec de l'expérience de Michelson comme un fait et une preuve d'absence d'espace porteur d'ondes. Or l'absence de preuve n'est pas une preuve d'absence.
En faveur de la relativité on invoque en général la confirmation des prévisions. Il est incontestable que la théorie conduit à des résultats prévisibles qui sont appliqués en technologie. Mais il existe de nombreuses observations, surtout en astronomie, qu'elle est incapable d'expliquer sans ajouter des spéculations mathématiques supplémentaires.
La prédictibilité de la RR s'explique par le fait qu'une première erreur épistémologique est compensée par une seconde erreur épistémologique.
La première erreur est le principe de relativité, le refus de l'espace comme référentiel universel et milieu de propagation d'ondes. La seconde erreur est la relativisation, ou plutôt la manipulation mathématique, des coordonnées d'espace et de temps
La seconde erreur épistémologique compense la première, afin d'obtenir des résultats prévisibles. Mais le pouvoir de prédictibilité de la relativité dans ces conditions ne prouve pas la validité de la théorie.
Les conséquences de la RR sur l'évolution de la physique.
Il est étonnant de constater que malgré son éloignement du sens commun, la RR ait pu être acceptée aussi rapidement par la communauté scientifique. On l'attribue en général à la confirmation de ses prédictions par l'expérience. Mais l'acceptation par les scientifiques s'explique surtout par le fait que la RR est nullement contraire aux principes de la méthode scientifique. La théorie a été la bienvenue parce qu'elle permettait de sortir de l'impasse suscitée par l'expérience de Michelson, tout en préservant les principes classiques.
En effet, la relativité s'accommode très bien et même jusqu'à l'absurde, de l'empirisme positiviste et réductionniste. Le principe selon lequel la réalité est ce qui est observé a fait accepter l'échec de Michelson comme un fait d'expérience positif et la confirmation partielle des prévisions par l'expérience comme des preuves.
La relativité n'est pas unificatrice mais réductionniste: elle réduit l'univers à une multiplicité de référentiels ou univers individuels.
La relativité n'est pas un changement de paradigme. En relativisant l'espace et le temps, elle a sacrifié aux mathématiciens les référentiels fondamentaux de la physique. Cela ne ressemble pas à une révolution mais plutôt à un coup d'Etat.
La subordination de la physique aux mathématiques a ouvert la porte à toute spéculation virtuelle. Selon le principe de relativité, l'univers ne serait plus un mais multiple. Ce n'est qu'une absurdité parmi d'autres. Une conduira à la relativité générale (RG) qui explique la gravité par une courbure virtuelle de l'espace-temps en fonction de la masse. Une autre postulera l'expansion de l'espace-temps pour expliquer un redshift cosmique qui peut avoir plusieurs causes physiques différentes. Aucune observation contraire à la théorie ne parvient à ébranler la foi au mythe créationniste du bigbang. On postulera plutôt des masses noires et des énergies sombres pour sauver la RG, lorsque les observations la contredisent.
La relativité, rejetant l'espace comme milieu de propagation d'ondes, a aussi étendu le principe matérialiste et mécanique à la lumière qui est attribuée au photon, à une particule comme le concevait déjà Newton. A la suite de cette interprétation matérialiste du quantum en mécanique quantique (MQ), toutes les forces de la nature sont censées être transmises par des particules, des bosons, dont certains auraient une masse importante et d'autres n'en auraient pas. Pour "découvrir" le boson de Higgs, père postulé de toutes les particules du modèle standard de la MQ, aussi appelé "particule de Dieu", on s'obstine, sans doute en vain, à creuser le gouffre physique et financier du CERN à la frontière franco-suisse. Les intérêts engagés sont tels qu'on ne peut plus reculer. Ce projet pharaonique montre bien que l'expérimentation ne sert pas à découvrir, mais seulement à confirmer des théories dèjà établies.
L'interprétation du quantum, du rayonnement électromagnétique et de toute force à des particules a été entérinée par l'interprétation de Copenhague. Celle-ci a réduit la fonction d'onde de Schrödinger à une probabilité de positions de particules et a décrété qu'on ne peut pas parler de réalité en dehors de ce qui est observable. Ce n'était pourtant pas l'idée de Schrödinger qui a gentiment ridiculisé l'interprétation probabiliste en imaginant l'expérience du chat qui n'est ni mort ni vivant avant qu'on ouvre sa cage.
Conclusion.
La relativité d'Einstein n'a rien changé au paradigme scientifique classique. Elle a servi à accommoder les principes mécaniques newtoniens avec la vitesse limite de la lumière. Dans le sens épistémologique et philosophique elle n'est pas révolutionnaire mais au contraire conservatrice du matérialisme positiviste dans un sens postmoderne dégénéré. Le changement de paradigme reste à venir. Il se prépare à l'ombre, sur le terrain expérimental de chercheurs indépendants.
De nombreux scientifiques dissidents refusent les théories actuelles de la physique. Ce ne sont pas des physiciens théoriciens et mathématiciens mais des chercheurs sur le terrain, surtout des ingénieurs en électricité ou électronique et aussi des astronomes. Ils refusent la relativité et ses conséquences théoriques: les trous noirs et le bigbang. Ils réclament la réhabilitation de l'espace-éther comme milieu de propagation d'ondes électromagnétiques.
Les nouvelles théories dissidentes convergent vers le rétablissement de l'espace absolu, milieu de propagation de la lumière. Elles convergent vers une conception dynamique, électromagnétique et ondulatoire de l'univers et de la vie. Elles convergent vers une mécanique ondulatoire et vers une relativité qui est une relativité de l'observation et non pas une relativité de l'espace et du temps.
Bien que les médias vantent les progrès des sciences, la physique contemporaine se trouve devant des impasses. Elle atteint une bifurcation de son évolution, pour des raisons aussi bien sociopolitiques que conceptuelles. Les sciences, même la physique et les mathématiques, ne sont pas indépendantes du modèle de pensée et de croyance de la société qu'on appelle paradigme.
La société occidentale contemporaine matérialiste est dominée par des intérêts économiques, des situations dominantes acquises, et reste figée par des croyances idéologiques immuables. L'état des sciences en est la conséquence. La recherche universitaire a dû sacrifier la liberté de pensée aux intérêts corporatistes parce qu'elle dépend de financements privés et de réglementations politiques. Les publications scientifiques, comme les médias ordinaires, sont filtrées par des comités de "pairs" anonymes qui jugent suspecte et peu crédible toute théorie dissidente par rapport aux thèses établies.
Des fondements épistémologiques classiques insuffisants.
Quoiqu'on en pense, la physique contemporaine, relativiste et quantique, reste fondée sur des principes classiques contestables:
Le principe ontologique matérialiste affirme que "l'univers existe et il est fait de matière", sous forme de masse et de gravité en relativité, sous forme de particules en mécanique quantique. Le principe a été étendu abusivement à la lumière, interprétée comme un "train de photons", et aux autres interactions, toutes attribuées à des particules hypothétiques appelées bosons.
Le principe épistémologique empirique signifie que "la connaissance s'acquiert par l'observation". Ce truisme a été radicalisé sous la forme: " la réalité est ce qui est observé". Pourtant l'observation varie selon le point de vue de l'observateur et dépend aussi de l'instrument d'observation. L'observation peut être trompeuse.
Toute observation est unique et ponctuelle, relative à un objet, à un moment et à un endroit. Elle n'admet pas de contradiction. D'où une logique rigide à sens unique:
Le principe logique d'identité, de contradiction exclue et de tiers exclu d'Aristote est valide pour l'observation et la mesure des phénomènes. Mais il est abusivement étendue comme logique unique à tout contexte. Il n'est pas seulement appliqué à l'observable mais aussi à son interprétation, au fonctionnement. Ainsi, les postulats et hypothèses deviennent des théories, des vérités incontestables, dogmatiques, aussitôt que leurs prédictions sont confirmées par quelque expérimentation.
Les principes mécanistes, réductionniste et déterministe sont les conséquences méthodologiques de cette logique. L'univers observable est expliqué par les particules de matière. Les propriétés des ensembles sont réduites à celles des parties ou particules élémentaires. Enfin, les mouvements et transformations sont formulés par des équations déterministes, selon le principe de raison suffisante qui postule l'équivalence et réversibilité de la cause et de l'effet.
Les principes classiques ne sont pas faux mais incomplets et unilatéraux. La rigueur de l'observation et de sa formalisation mathématique a certes été la condition de prédictions fiables conduisant aux applications technologiques utiles. Mais cela n'est possible que dans le cadre limité des systèmes fermés. Par contre, ces principes et méthodes ne parviennent pas à expliquer le fonctionnement de l'univers dans son ensemble et encore moins celui des systèmes complexes ouverts que sont les êtres vivants.
D'autre part, certaines découvertes de la mécanique quantique : l'intrication quantique, les nombreuses symétries, telles que par exemple le principe d'exclusion de Pauli ou la dualité particule-onde, ainsi que le principe d'incertitude, contredisent la logique unilatérale de la méthode scientifique. Ces paradoxes et d'autres ne sont pas compatibles avec les principes logiques et épistémologiques, même s'il reste toujours la possibilité de les intégrer dans un formalisme mathématique. C'est pourquoi la physique, au lieu de réviser ses principes épistémologiques, logiques et physiques, a évolué vers une mathématisation déconnectée de l’expérience et qui crée des mondes mathématiques virtuels.
L'origine des impasse et l'interprétation relativiste.
Toutes les théories de la physique contemporaine et leurs impasses ont pour origine la vitesse limite de la lumière et de toute onde électromagnétique.
L'astronomie a découvert que la propagation de la lumière dans l'espace a une vitesse fixe. Dès le 17ème siècle, cette vitesse a été évaluée par l'observation astronomique. Elle fut précisée progressivement par des mesures expérimentales aux 19ème et 20ème siècles. La communauté scientifique a entériné la définition de la vitesse de la lumière dans le vide absolu (théorique) comme une constante universelle, sur laquelle se fondent ensuite toutes les mesures d’espace et de temps.
Les astronomes ont calculé aussi que la vitesse de rotation de la Terre autour du Soleil est de 30 km/s et le système solaire est entraînée autour de la galaxie à la vitesse d'environ 250 km/s. A la fin du 19ème siècle, Michelson et Morley tentèrent de mesurer la vitesse de la Terre dans l'espace par l'interférométrie et échouèrent. Ils pensèrent pouvoir mesurer des différences de vitesse de la lumière selon sa direction d'incidence, conformément à l'addition de la vitesse de la lumière avec celle de la Terre. Mais toutes les expériences répétées donnaient des résultats nuls.
Les deux observations expérimentales, celle de la vitesse de la Terre et celle de la vitesse de la lumière semblaient se contredire. Fallait-il attribuer l'échec à l'instrument ou à l'observation astronomique?
H.-A. Lorentz avait trouvé une interprétation théorique mettant en cause l'instrument. Sa formule de transformation fondée sur l'effet Doppler annulait l'addition des vitesses par une contraction supposée équivalente de la longueur des deux bras de l'instrument qui devaient mesurer des différences de vitesse de la lumière. Mais cette interprétation mathématique ne fut pas acceptée; elle ne s'appuyait sur aucune preuve physique et expérimentale.
La solution adoptée finalement était beaucoup plus radicale. Elle tranchait le nœud gordien en abolissant l'espace en tant que milieu de propagation de la lumière. On dit que c'est Ernst Mach qui le premier émit l'hypothèse qu'il fallait rejeter le concept d'éther. C'est ce qui a été retenu par la relativité restreinte (RR) d'Einstein. Celle-ci postule l'invariance de la vitesse de la lumière c, non pas comme vitesse absolue dans l'espace, mais comme vitesse mesurable par un observateur dans n'importe quel référentiel galiléen.
La RR s'appuie sur deux principes fondamentaux :
- les lois de la physique sont les mêmes quel que soit le référentiel galiléen considéré,
- la vitesse de la lumière dans le vide est absolue et universelle, elle a la même valeur dans tous les référentiels inertiels.
La conséquence est qu'il n'existe plus d'espace comme cadre de référence absolu par rapport auquel on pourrait mesurer des positions et des vitesses. Seuls les référentiels galiléens existent et leur vitesse réciproque permet, selon la formule empruntée à Lorentz, de coordonner les mesures relatives différentes des référentiels.
Ainsi l’univers ne serait plus un et continu mais partagé entre référentiels séparés. L’observation dépend du seul point de vue ou référentiel de l'observateur. Celui-ci devient donc critère de la vérité. Cette attitude autistique ou anthropocentrique rappelle étrangement la philosophie scolastique et l'univers aristotélicien.
Critiques principales de la relativité.
Les critiques de la RR ont été nombreuses, dès le début et n'ont jamais cessé. Elles ne sont que plus nombreuses aujourd'hui dans les milieux dissidents sur internet. La "communauté scientifique internationale" en effet refuse tout dialogue sur ce sujet.
Herbert Dingle, astrophysicien reconnu, a exprimé sa critique de la relativité en 1972 dans le livre Science at the Crossroads (La Science à la croisée des chemins). Paul Ballard qui a résumé cette critique a écrit en introduction que la grande majorité des physiciens qui s’occupent d’expériences, même les plus connus, avouent, lorsqu’ils sont confrontés à une critique incontournable de la RR, qu’ils trouvent celle-ci absurde. Ils l’admettent pourtant comme cadre mathématique de leurs expériences, bien que ne la comprenant pas du tout, parce qu’elle est reconnue valable par les mathématiciens spécialistes. Quant à ces spécialistes, leur réponse est soit le silence complet soit un langage mystique pour convaincre l’interlocuteur que la théorie est trop abstruse pour des gens qui n’ont pas le talent et la formation mathématique.
En bref, les quatre confusions mentionnées par le professeur Dingle sont:
- Le rôle prépondérant occupé par les mathématiques devenues maître au lieu de rester serviteur de la physique.
- La confusion entre différentes significations données au mot temps (simultanéité, horloge ou période d'onde).
- Le rôle de l'observation et la substitution des référentiels d'observateurs aux coordonnées d'espace.
- L'interprétation littérale de métaphores qui fait croire que la théorie recèle une réalité mythique surréaliste.
La mathématisation déconnectée de la réalité physique a conduit à la plupart des confusions. Mais plus les conséquences sont absurdes, plus elles sont populaires.
La confusion autour du temps provient en partie de l'interprétation et application singulière de la formule de transformation de Lorentz. Celle-ci tient compte seulement de la valeur scalaire de la vitesse réciproque de deux référentiels, sans prendre en compte la direction du mouvement. Ceci conduit à des absurdités comme celle bien connue du paradoxe des jumeaux.
Les référentiels individuels galiléens remplaçant le référentiel spatial unique nécessitent des transformations réciproques répétées qui rendent équivoque toute mesure
Les métaphores sont des représentations imaginaires de formulations purement mathématiques. Par exemple, les calculs matriciels qui, par analogie aux calculs vectoriels, formulent les relations d'un nombre n de paramètres physiques différents, sont nommés et imaginés comme des "espaces de n dimensions".
L'objet de cet essai systémique n'est pas d'entrer dans les détails et les polémiques qui ne font que multiplier et aggraver les malentendus. Ce qui importe, c'est de mettre en évidence les erreurs épistémologiques et axiomatiques qui conduisent à des erreurs d'interprétation et de formulation.
Les erreurs épistémologiques de la relativité.
Beaucoup de critiques cherchent l'erreur de la RR dans ses formulations. Il en existe certainement, mais ce ne sont que des conséquences d'erreurs épistémologiques fondamentales. Au départ il y a la surévaluation du principe empiriste qui consiste à croire que la réalité est ce qui est observé et que ce qui n'est pas observable n'est pas réel. En effet, "d'une seule absurdité de nombreuses autres s'ensuivent" écrivait déjà Giordano Bruno en critiquant l'ontologie thomiste et aristotéliciennes. L'erreur au départ de la RR est d'avoir accepté l'échec de l'expérience de Michelson comme un fait et une preuve d'absence d'espace porteur d'ondes. Or l'absence de preuve n'est pas une preuve d'absence.
En faveur de la relativité on invoque en général la confirmation des prévisions. Il est incontestable que la théorie conduit à des résultats prévisibles qui sont appliqués en technologie. Mais il existe de nombreuses observations, surtout en astronomie, qu'elle est incapable d'expliquer sans ajouter des spéculations mathématiques supplémentaires.
La prédictibilité de la RR s'explique par le fait qu'une première erreur épistémologique est compensée par une seconde erreur épistémologique.
La première erreur est le principe de relativité, le refus de l'espace comme référentiel universel et milieu de propagation d'ondes. La seconde erreur est la relativisation, ou plutôt la manipulation mathématique, des coordonnées d'espace et de temps
La seconde erreur épistémologique compense la première, afin d'obtenir des résultats prévisibles. Mais le pouvoir de prédictibilité de la relativité dans ces conditions ne prouve pas la validité de la théorie.
Les conséquences de la RR sur l'évolution de la physique.
Il est étonnant de constater que malgré son éloignement du sens commun, la RR ait pu être acceptée aussi rapidement par la communauté scientifique. On l'attribue en général à la confirmation de ses prédictions par l'expérience. Mais l'acceptation par les scientifiques s'explique surtout par le fait que la RR est nullement contraire aux principes de la méthode scientifique. La théorie a été la bienvenue parce qu'elle permettait de sortir de l'impasse suscitée par l'expérience de Michelson, tout en préservant les principes classiques.
En effet, la relativité s'accommode très bien et même jusqu'à l'absurde, de l'empirisme positiviste et réductionniste. Le principe selon lequel la réalité est ce qui est observé a fait accepter l'échec de Michelson comme un fait d'expérience positif et la confirmation partielle des prévisions par l'expérience comme des preuves.
La relativité n'est pas unificatrice mais réductionniste: elle réduit l'univers à une multiplicité de référentiels ou univers individuels.
La relativité n'est pas un changement de paradigme. En relativisant l'espace et le temps, elle a sacrifié aux mathématiciens les référentiels fondamentaux de la physique. Cela ne ressemble pas à une révolution mais plutôt à un coup d'Etat.
La subordination de la physique aux mathématiques a ouvert la porte à toute spéculation virtuelle. Selon le principe de relativité, l'univers ne serait plus un mais multiple. Ce n'est qu'une absurdité parmi d'autres. Une conduira à la relativité générale (RG) qui explique la gravité par une courbure virtuelle de l'espace-temps en fonction de la masse. Une autre postulera l'expansion de l'espace-temps pour expliquer un redshift cosmique qui peut avoir plusieurs causes physiques différentes. Aucune observation contraire à la théorie ne parvient à ébranler la foi au mythe créationniste du bigbang. On postulera plutôt des masses noires et des énergies sombres pour sauver la RG, lorsque les observations la contredisent.
La relativité, rejetant l'espace comme milieu de propagation d'ondes, a aussi étendu le principe matérialiste et mécanique à la lumière qui est attribuée au photon, à une particule comme le concevait déjà Newton. A la suite de cette interprétation matérialiste du quantum en mécanique quantique (MQ), toutes les forces de la nature sont censées être transmises par des particules, des bosons, dont certains auraient une masse importante et d'autres n'en auraient pas. Pour "découvrir" le boson de Higgs, père postulé de toutes les particules du modèle standard de la MQ, aussi appelé "particule de Dieu", on s'obstine, sans doute en vain, à creuser le gouffre physique et financier du CERN à la frontière franco-suisse. Les intérêts engagés sont tels qu'on ne peut plus reculer. Ce projet pharaonique montre bien que l'expérimentation ne sert pas à découvrir, mais seulement à confirmer des théories dèjà établies.
L'interprétation du quantum, du rayonnement électromagnétique et de toute force à des particules a été entérinée par l'interprétation de Copenhague. Celle-ci a réduit la fonction d'onde de Schrödinger à une probabilité de positions de particules et a décrété qu'on ne peut pas parler de réalité en dehors de ce qui est observable. Ce n'était pourtant pas l'idée de Schrödinger qui a gentiment ridiculisé l'interprétation probabiliste en imaginant l'expérience du chat qui n'est ni mort ni vivant avant qu'on ouvre sa cage.
Conclusion.
La relativité d'Einstein n'a rien changé au paradigme scientifique classique. Elle a servi à accommoder les principes mécaniques newtoniens avec la vitesse limite de la lumière. Dans le sens épistémologique et philosophique elle n'est pas révolutionnaire mais au contraire conservatrice du matérialisme positiviste dans un sens postmoderne dégénéré. Le changement de paradigme reste à venir. Il se prépare à l'ombre, sur le terrain expérimental de chercheurs indépendants.
De nombreux scientifiques dissidents refusent les théories actuelles de la physique. Ce ne sont pas des physiciens théoriciens et mathématiciens mais des chercheurs sur le terrain, surtout des ingénieurs en électricité ou électronique et aussi des astronomes. Ils refusent la relativité et ses conséquences théoriques: les trous noirs et le bigbang. Ils réclament la réhabilitation de l'espace-éther comme milieu de propagation d'ondes électromagnétiques.
Les nouvelles théories dissidentes convergent vers le rétablissement de l'espace absolu, milieu de propagation de la lumière. Elles convergent vers une conception dynamique, électromagnétique et ondulatoire de l'univers et de la vie. Elles convergent vers une mécanique ondulatoire et vers une relativité qui est une relativité de l'observation et non pas une relativité de l'espace et du temps.
XVI - Les principes systémiques dynamiques de la mécanique ondulatoire
La systémique, interprétation dynamique de l'univers.
Le matérialisme scientifique est empirique et pratique. Il cherche à connaître l'univers par l'observation et par la différenciation de sa composition matérielle[ selon la méthode analytique ou réductionniste.
La systémique est théorique et abstraite. Elle cherche à comprendre l'univers par l'interprétation et l'intégration des relations dynamiques qui constituent l'organisation globale.
Il ne s'agit pas de renier les acquis de la méthode empirique et de passer d'un extrémisme matérialiste à un extrémisme idéaliste mais de réaliser la complémentarité entre observation et interprétation, entre différentiation et intégration, entre composition matérielle et organisation dynamique.
C'est pourquoi il importe avant tout de compléter le principe d'identité et de contradiction exclue aristotélicien, valables pour l'observation, par le principe de complémentarité des contraires ou de coïncidence des opposés applicables au fonctionnement global.
Connaître n'est pas comprendre. Pour comprendre l'univers et la vie, il ne suffit pas d'en connaître ses parties, il faut encore comprendre leurs relations constituant l'ensemble, selon les conditions ou principes universels de l'auto-organisation.
Nouvelles prropositions ontologiques et épistémologiques.
Ce ne sont pas les philosophes, qui indiquent la voie vers un nouveau paradigme; Leur esprit érudit est trop occupé avec l'histoire et la littérature du passé. Ce sont surtout des physiciens qui soulèvent la question de l'interprétation, des physiciens qui s'occupent aussi d'épistémologie et d'histoire de la physique.
Gerald Holton [1], par son étude de l'imagination scientifique ( voir chapitre VII), a découvert un petit nombre de thèmes symboliques orientant l'imagination des chercheurs avant toute formulation rationnelle d'une théorie. Il a constaté aussi les rapports dialectiques et trialectiques de ses "themata". En tant qu'historien scientifique il ne s'est pas aventuré à des conclusions métaphysiques. Pourtant l'image-devinette en couverture de son livre révèle l'idée que l'auteur se fait de l'unité. En effet, elle symbolise une double trialectique d'anges blancs et de démons gris unis dans un cercle, de manière analogue aux trois synergies opposées aux trois antagonisme dans notre modèle d'intégration fonctionnelle.
Vladimir Rogozhin [2], un autre philosophe des sciences ose par contre une synthèse sur le plan épistémologique qui rappelle les hypostases néoplatoniciennes et les trois niveaux de la réalité et de la connaissance. Il retrace l'évolution de la physique et des mathématiques depuis leur origine grecque ancienne jusqu'à l'époque contemporaine, dans un article intitulé "Du paradigme de la partie vers le paradigme du tout… La structure générative absolue". Il propose en conclusion une trinité de "superprincipes" appelés eidos (signifiant "image" en grec ancien, selon les"formes" de Platon). Ceux-ci génèrent une trinité de superaxiomes logiques qui sont, en résumé:
• l'idée d'espace absolu, pure potentialité, représenté par des rapports linéaires, euclidiens, newtoniens cartésiens,
• l'idée d'espace-vortex, pure actualité représentée par la sphère comme particule élémentaire ou "atome discret",
• l'idée d'espace-onde, espace du devenir, pure formation, représenté par le cylindre comme "guide d'onde" ou corde.
Il conclut que la physique a besoin d'un fondement ontologique (proto-eidos: soit une proto- ou méta-physique), que la géométrie est le langage de la nature, que l'idée de champ est centrale et que la théorie de tout ("theory of everything") ne peut être représentée que sous forme de vecteur.
Basarab Nicolescu [3] insiste dans Nous, la particule et le monde sur une logique trialectique, un principe ternaire sous-jacent à toutes les théories explicites de la physique et de la cosmologies. Comme le tire le suggère, il considère l'homme et la biologie comme le tiers inclus entre le macrocosme et le microcosme. Il se réfère en cela à la logique de Stéphane Lupasco [4], et il propose une science transdisciplinaire fondée sur trois postulats méthodologiques: la logique du tiers inclus de Lupasco, l'existence de niveaux de la réalité et de la perception, et la complexité.
Jean-Jack Micalef [5], historien des sciences et épistémologue de la physique, présente sur son site une étude critique de la physique contemporaine et des conceptions et principes nouveaux.
Il affirme le rôle prioritaire la mécanique avant sa formulation mathématique et pose comme principes premiers l'espace en tant que prématière, et le mouvement sous ses différentes formes. Il relève que la vitesse de la lumière dans l'espace nécessite une prématière qui concilie une "rigidité et élasticité qui n’a pas d’équivalent pour la matière".
Il distingue l'évolution de la prématière vers "trois états de la substance de l'espace", l'état d'onde (ou photon), l'état de lumière ( train de photons) et la matière permanente.
Sur la base de ces principes épistémologiques , son site présente une critique des théories contemporaines et propose des solutions nouvelles en physique élémentaire et en cosmologie.
L'auto-organisation des systèmes complexes
L'évolution des systèmes complexes, aussi appelés systèmes chaotiques, a été étudiée par Henri Atlan [6] dans la théorie de l'information et par René Thom en mathématique; Benoit Mandelbrodt [7] l'a modélisée dans la théorie fractale
Ilya Prigogine [8] a révélé les conditions de l'évolution par auto-organisation des systèmes naturels qui sont ouverts sur l'environnement (chapitre VI). Il a démontré sur la base de la thermodynamique que la cause et l'effet ne sont pas équivalents et que le temps n'est donc pas réversible. Il a en même temps démontré que c'est l'ensemble qui organise le comportement des parties. Finalement et surtout, il a indiqué la raison de l'indétermination et de la corrélation qui conduit à des structures nouvelles et imprédictibles. Il a rappelé les équations non intégrables et le problème des trois corps de Poincaré, dont la cause physique se situe dans les résonances ou interférences d'oscillateurs multiples.
Mais, comme Prigogine l'a écrit dans "La fin des certitudes": ce n'est que le début d'une nouvelle aventure, une aventure qui s'éloigne du matérialisme déterministe et qui retrouve les découvertes et conceptions fondatrices oubliées ou négligées de la mécanique ondulatoire et de l'électromagnétisme.
Cependant la "communauté scientifique" a jusqu'à présent occulté sa découverte, bien qu'elle fût récompensée par un prix Nobel, sans doute parce que ses conséquences invalident aussi bien la théorie reconnue de l'évolution biologique que le déterminisme mathématique.
La mécanique ondulatoire.
Louis de Broglie est à l'origine de la mécanique ondulatoire En associant une onde à chaque particule, il ne considérait plus la particule comme une matière statique mais comme un dynamisme oscillateur un champ quantique.
Par l'équivalence de l'énergie de la relation d'Einstein avec celle de Planck
E = mc2 = hf , L. de Brogle obtient la formule simple λ = h/p
où λ est la longueur d'onde, h la constante de Planck et où p = mv est la quantité de mouvement (aussi appelée moment ou pulsion).
Il est remarquable que dans cette expression fondamentale de la mécanique ondulatoire, le fétiche "masse" (m) disparaît avec sa vitesse v, remplacés par la variable unique p signifiant "quantité de mouvement".
La thèse de de Broglie, l'onde pilote associée à la particule était sans doute incomplète et a été rejetée.
Erwin Schrödinger remplaça les niveaux d'énergie des électrons par des configurations ondulatoires et publia sa fameuse équation d'onde. Mais celle-ci fut bornée à un calcul de positions ou d'énergies de particules à la suite de Max Born, donnant naissance au modèle standard des particules de la mécanique quantique.
David Bohm, récupéra et compléta l'idée de de Broglie dans le cadre de la fonction d'onde. Il concevait l'univers comme une hiérarchie de champs "impliés" qu'il appelait "holomouvement". Mais la "théorie de Broglie-Bohm" ne fut pas reconnue non plus sous prétexte de "métaphysique" et de "variables cachées".
Depuis le début du XXIème siècle, de nouvelles théories de mécanique ondulatoire, proches des hypothèses de Louis de Broglie, ont apparu sur internet.
Sources
[1] - G. Holton, The scientific imagination. Harvard,
article: On the Role of Themata in Scientific Thought
http://www.compilerpress.ca/Competitiveness/Anno/Anno%20Holton%20Themata.htm"
[2] - Vladimir I. Rogozhin, article du site "The General Science Journal"
- - http://gsjournal.net/Science-Journals/Research%20Papers-Philosophy/Download/4461
[3] - Basarab Nicolescu, La transdisciplinarité, Rocher, 1996
- - site CIRET: http://ciret-transdisciplinarity.org
[4] - Stéphane Lupasco, L'énergie et la matière vivante. - Juillard, Paris 1974, réédité par Le Rocher, 1987.
- - Le principe d'antagonisme et la logique de l'énergie. - Le Rocher 1987.
[5] - Jean-Jack. Micalef, – site: Nouveaux principes de physique,
- - http://jean-jack.micalef.pagesperso-orange.fr
[6] - Henri ATLAN. - L'organisation biologique et la théorie de l'information. - Hermann, Paris 1972.
[7] - Benoit Mandelbrodt – Les objets fractals, Flammarion 1989
[8] - Iya Prigogine, – La fin des certitudes, Ed. Jacob, 1996
Le matérialisme scientifique est empirique et pratique. Il cherche à connaître l'univers par l'observation et par la différenciation de sa composition matérielle[ selon la méthode analytique ou réductionniste.
La systémique est théorique et abstraite. Elle cherche à comprendre l'univers par l'interprétation et l'intégration des relations dynamiques qui constituent l'organisation globale.
Il ne s'agit pas de renier les acquis de la méthode empirique et de passer d'un extrémisme matérialiste à un extrémisme idéaliste mais de réaliser la complémentarité entre observation et interprétation, entre différentiation et intégration, entre composition matérielle et organisation dynamique.
C'est pourquoi il importe avant tout de compléter le principe d'identité et de contradiction exclue aristotélicien, valables pour l'observation, par le principe de complémentarité des contraires ou de coïncidence des opposés applicables au fonctionnement global.
Connaître n'est pas comprendre. Pour comprendre l'univers et la vie, il ne suffit pas d'en connaître ses parties, il faut encore comprendre leurs relations constituant l'ensemble, selon les conditions ou principes universels de l'auto-organisation.
Nouvelles prropositions ontologiques et épistémologiques.
Ce ne sont pas les philosophes, qui indiquent la voie vers un nouveau paradigme; Leur esprit érudit est trop occupé avec l'histoire et la littérature du passé. Ce sont surtout des physiciens qui soulèvent la question de l'interprétation, des physiciens qui s'occupent aussi d'épistémologie et d'histoire de la physique.
Gerald Holton [1], par son étude de l'imagination scientifique ( voir chapitre VII), a découvert un petit nombre de thèmes symboliques orientant l'imagination des chercheurs avant toute formulation rationnelle d'une théorie. Il a constaté aussi les rapports dialectiques et trialectiques de ses "themata". En tant qu'historien scientifique il ne s'est pas aventuré à des conclusions métaphysiques. Pourtant l'image-devinette en couverture de son livre révèle l'idée que l'auteur se fait de l'unité. En effet, elle symbolise une double trialectique d'anges blancs et de démons gris unis dans un cercle, de manière analogue aux trois synergies opposées aux trois antagonisme dans notre modèle d'intégration fonctionnelle.
Vladimir Rogozhin [2], un autre philosophe des sciences ose par contre une synthèse sur le plan épistémologique qui rappelle les hypostases néoplatoniciennes et les trois niveaux de la réalité et de la connaissance. Il retrace l'évolution de la physique et des mathématiques depuis leur origine grecque ancienne jusqu'à l'époque contemporaine, dans un article intitulé "Du paradigme de la partie vers le paradigme du tout… La structure générative absolue". Il propose en conclusion une trinité de "superprincipes" appelés eidos (signifiant "image" en grec ancien, selon les"formes" de Platon). Ceux-ci génèrent une trinité de superaxiomes logiques qui sont, en résumé:
• l'idée d'espace absolu, pure potentialité, représenté par des rapports linéaires, euclidiens, newtoniens cartésiens,
• l'idée d'espace-vortex, pure actualité représentée par la sphère comme particule élémentaire ou "atome discret",
• l'idée d'espace-onde, espace du devenir, pure formation, représenté par le cylindre comme "guide d'onde" ou corde.
Il conclut que la physique a besoin d'un fondement ontologique (proto-eidos: soit une proto- ou méta-physique), que la géométrie est le langage de la nature, que l'idée de champ est centrale et que la théorie de tout ("theory of everything") ne peut être représentée que sous forme de vecteur.
Basarab Nicolescu [3] insiste dans Nous, la particule et le monde sur une logique trialectique, un principe ternaire sous-jacent à toutes les théories explicites de la physique et de la cosmologies. Comme le tire le suggère, il considère l'homme et la biologie comme le tiers inclus entre le macrocosme et le microcosme. Il se réfère en cela à la logique de Stéphane Lupasco [4], et il propose une science transdisciplinaire fondée sur trois postulats méthodologiques: la logique du tiers inclus de Lupasco, l'existence de niveaux de la réalité et de la perception, et la complexité.
Jean-Jack Micalef [5], historien des sciences et épistémologue de la physique, présente sur son site une étude critique de la physique contemporaine et des conceptions et principes nouveaux.
Il affirme le rôle prioritaire la mécanique avant sa formulation mathématique et pose comme principes premiers l'espace en tant que prématière, et le mouvement sous ses différentes formes. Il relève que la vitesse de la lumière dans l'espace nécessite une prématière qui concilie une "rigidité et élasticité qui n’a pas d’équivalent pour la matière".
Il distingue l'évolution de la prématière vers "trois états de la substance de l'espace", l'état d'onde (ou photon), l'état de lumière ( train de photons) et la matière permanente.
Sur la base de ces principes épistémologiques , son site présente une critique des théories contemporaines et propose des solutions nouvelles en physique élémentaire et en cosmologie.
L'auto-organisation des systèmes complexes
L'évolution des systèmes complexes, aussi appelés systèmes chaotiques, a été étudiée par Henri Atlan [6] dans la théorie de l'information et par René Thom en mathématique; Benoit Mandelbrodt [7] l'a modélisée dans la théorie fractale
Ilya Prigogine [8] a révélé les conditions de l'évolution par auto-organisation des systèmes naturels qui sont ouverts sur l'environnement (chapitre VI). Il a démontré sur la base de la thermodynamique que la cause et l'effet ne sont pas équivalents et que le temps n'est donc pas réversible. Il a en même temps démontré que c'est l'ensemble qui organise le comportement des parties. Finalement et surtout, il a indiqué la raison de l'indétermination et de la corrélation qui conduit à des structures nouvelles et imprédictibles. Il a rappelé les équations non intégrables et le problème des trois corps de Poincaré, dont la cause physique se situe dans les résonances ou interférences d'oscillateurs multiples.
Mais, comme Prigogine l'a écrit dans "La fin des certitudes": ce n'est que le début d'une nouvelle aventure, une aventure qui s'éloigne du matérialisme déterministe et qui retrouve les découvertes et conceptions fondatrices oubliées ou négligées de la mécanique ondulatoire et de l'électromagnétisme.
Cependant la "communauté scientifique" a jusqu'à présent occulté sa découverte, bien qu'elle fût récompensée par un prix Nobel, sans doute parce que ses conséquences invalident aussi bien la théorie reconnue de l'évolution biologique que le déterminisme mathématique.
La mécanique ondulatoire.
Louis de Broglie est à l'origine de la mécanique ondulatoire En associant une onde à chaque particule, il ne considérait plus la particule comme une matière statique mais comme un dynamisme oscillateur un champ quantique.
Par l'équivalence de l'énergie de la relation d'Einstein avec celle de Planck
E = mc2 = hf , L. de Brogle obtient la formule simple λ = h/p
où λ est la longueur d'onde, h la constante de Planck et où p = mv est la quantité de mouvement (aussi appelée moment ou pulsion).
Il est remarquable que dans cette expression fondamentale de la mécanique ondulatoire, le fétiche "masse" (m) disparaît avec sa vitesse v, remplacés par la variable unique p signifiant "quantité de mouvement".
La thèse de de Broglie, l'onde pilote associée à la particule était sans doute incomplète et a été rejetée.
Erwin Schrödinger remplaça les niveaux d'énergie des électrons par des configurations ondulatoires et publia sa fameuse équation d'onde. Mais celle-ci fut bornée à un calcul de positions ou d'énergies de particules à la suite de Max Born, donnant naissance au modèle standard des particules de la mécanique quantique.
David Bohm, récupéra et compléta l'idée de de Broglie dans le cadre de la fonction d'onde. Il concevait l'univers comme une hiérarchie de champs "impliés" qu'il appelait "holomouvement". Mais la "théorie de Broglie-Bohm" ne fut pas reconnue non plus sous prétexte de "métaphysique" et de "variables cachées".
Depuis le début du XXIème siècle, de nouvelles théories de mécanique ondulatoire, proches des hypothèses de Louis de Broglie, ont apparu sur internet.
Sources
[1] - G. Holton, The scientific imagination. Harvard,
article: On the Role of Themata in Scientific Thought
http://www.compilerpress.ca/Competitiveness/Anno/Anno%20Holton%20Themata.htm"
[2] - Vladimir I. Rogozhin, article du site "The General Science Journal"
- - http://gsjournal.net/Science-Journals/Research%20Papers-Philosophy/Download/4461
[3] - Basarab Nicolescu, La transdisciplinarité, Rocher, 1996
- - site CIRET: http://ciret-transdisciplinarity.org
[4] - Stéphane Lupasco, L'énergie et la matière vivante. - Juillard, Paris 1974, réédité par Le Rocher, 1987.
- - Le principe d'antagonisme et la logique de l'énergie. - Le Rocher 1987.
[5] - Jean-Jack. Micalef, – site: Nouveaux principes de physique,
- - http://jean-jack.micalef.pagesperso-orange.fr
[6] - Henri ATLAN. - L'organisation biologique et la théorie de l'information. - Hermann, Paris 1972.
[7] - Benoit Mandelbrodt – Les objets fractals, Flammarion 1989
[8] - Iya Prigogine, – La fin des certitudes, Ed. Jacob, 1996
XVII - Nouvelles théories de mécanique ondulatoire
Depuis le début du XXIème siècle, de nouvelles théories de mécanique ondulatoire, proches des hypothèses de Louis de Broglie, apparaissent sur internet. Elles ne proviennent pas de physiciens théoriciens, trop liés aux théories "établies" et leurs formulations mathématiques. Elles sont proposées par des praticiens ingénieurs, opticiens, biologistes même, insatisfaits de la relativité et de la mécanique quantique.
Milo Wolff [9], ingénieur physicien américain, spécialiste du radar et des communications électromagnétiques, écrit dans son autobiographie que trente ans après ses études, il s'est intéressé au problème de la longueur d'onde de Broglie et et a calculé sa structure d'une particule en trois dimension. Il écrit "J'ai été étonné de constater que les ondes contenaient non seulement la base de de Broglie de la mécanique quantique mais aussi la relativité et d'autres lois naturelles."
Dès lors, il a développé une conception de la structure ondulatoire de la matière (WSM: wave structure of matter) qu'il a publiée dans deux livres et un site. Sa théorie est fondée sur le principe de Mach et le principe de Huygens selon lequel toute particule de l'espace atteinte par une onde renvoie une onde sphérique de même fréquence, même amplitude et même phase. Pour Wolff, la particule est une onde stationnaire sphérique qui est formée par interférence du front d'onde émis de la particule et le front d'onde renvoyé par l'ensemble des particules de l'univers. Il se constitue ainsi une interdépendance fondée sur l'espace universel.
Il affirme que "Ces trois, les particules, les lois et l'univers forment une trilogie interdépendante. Chacune requiert l'existence des autres. Par conséquent nous ne pouvons pas espérer comprendre la cosmologie, la structure de l'univers, si nous ne comprenons pas aussi les relations à l'intérieur de la trilogie."
Wolff formule mathématiquement cette interdépendance par seulement trois principes régulateurs: une équation d'onde scalaire, un principe de densité spatiale (Space Density Principle: SDP), principe d'amplitude minimum ( Minimum Amplitude Principle: MAP).
Denys Lépinard [10], biologiste, développe sous le terme ontostat une théorie de l'évolution qui repose essentiellement sur la structure ondulatoire de la matière. Il présente toute évolution comme une boucle cybernétique qui s'inscrit dans un système d'ondes universel. La vie , qui dépend de l'électron et de sa longueur d'onde liée à la constante de structure fine, se situe selon cette évolution dans la moyenne géométrique des grands nombres de Dirac.
Ses pages consacrées à la "physique revisitée" expliquent très clairement les principes de la mécanique ondulatoire et l'échec de l'expérience de Michelson. Elles projettent des points de vue nouveaux et originaux sur divers aspects de la physique
Il faut relever surtout sa théorie du repositionnement fondée sur l'onde de phase de L. de Broglie, qui accompagne toute onde stationnaire. Il montre que le repositionnement donne une explication physique aux lois de gravitation de Newton et de Kepler restées jusqu'ici essentiellement empiriques.
Le regretté Gabriel Lafrenière [11], expert québecois en optique et informatique, a développé sur son site, "La matière est faite d'ondes" une conception ondulatoire semblable à celle de Wolff. Il l'a appliquée aux principaux phénomènes physiques, à l'électromagnétique et à la relativité et l'a illustrée par de nombreuses animations. Il a démontré le mécanisme des phénomènes ondulatoires et de leurs interférences par simulation informatisée d'ondes dans l'éther virtuel. De nombreux aspects de la physique quantique et de l'optique sont ainsi éclairés.
Il a dénoncé les erreurs de la relativité d'Einstein et a soutenu que l'échec de l'expériences d'interférométrie de Michelson doit être expliqué par la contraction de l'instrument selon H.A. Lorentz. Dans une des dernières mises à jour de son site, il a présenté les ondes stationnaires mouvantes d'Ivanov, qui se contractent en fonction de leur vitesse, comme une découverte expérimentale révolutionnaire, donnant raison à l'hypothèse de transformation des longueurs de Lorentz.
Yuri N. Ivanov [12], ingénieur, est l’auteur d’une mécanique ondulatoire qu'il appelle rythmodynamique. Il commence par où toute science devrait commencer: par des considérations épistémologiques qui le conduisent à formuler:
Un "principe de fondation-régulation" qui affirme l'existence de l'espace fixe comme référentiel absolu et réel et comme milieu de propagation d'onde. La vitesse constante de la lumière dans le vide se rapporte seulement à l'espace, milieu de propagation, et non pas à la la source ou à l'observateur.
Trois postulats qui précisent les propriétés de l'espace et des ondes:
Ces trois sont interdépendants. Il n'existe pas d'espace réel sans mouvement d'oscillateurs, il n'y a pas de propagation des oscillations sous forme d'ondes sans espace, et il n'a pas d'éléments oscillateurs sans interférences d'ondes.
Ivanov a confirmé les conséquences des postulats par des expériences concrètes effectuées au moyen d'oscillateurs mécaniques et sonores. Il a étudié le comportement des ondes stationnaires formées par la superposition de deux ondes.
Deux oscillateurs au repos, émettant et échangeant des ondes de même fréquence, sont reliés par une onde stationnaire formée par superposition des ondes se propageant en directions opposées.
Lorsque le système d'oscillateurs et leur onde stationnaire sont en mouvement à vitesse constante dans leur milieu porteur, les longueurs d'ondes diminuent vers l'avant (onde rouge) et augmentent vers l'arrière (onde verte) par effet Doppler. La moyenne géométrique des deux longueurs d'ondes, constitue la longueur de l'onde stationnaire. Cette moyenne est formulée par la transformation de Lorentz et signifie une contraction des longueurs en fonction de la vitesse.
Cette animation, que l'on doit à Lafrenière, montre comment se comporte un système d'onde stationnaire en mouvement à la vitesse v. La bande supérieure présente l'addition des amplitudes. Elle montre une bande noire qui se déplace très rapidement dans le sens du mouvement. C'est l'onde de phase de de Broglie dont la vitesse V est en rapport inverse avec la vitesse v selon la relation v*V = c2.
Ivanov a démontré par différentes expériences sur des ondes mécaniques et sonores, que les ondes stationnaires se contractent effectivement en fonction de leur vitesse par rapport à leur milieu de propagation.
Or on sait par les technologies électro-audio que le comportement des ondes électromagnétiques est pareil à celui des ondes sonores en ce qui concerne les longueurs d'onde et la transformation de Lorentz. On sait aussi que les atomes et molécules sont reliés par des forces électromagnétiques.
Par conséquent, les expériences d'Ivanov prouvent qu'une structure matérielle, dont les atomes sont reliés par un réseau d'ondes stationnaires, se contracte en fonction de sa vitesse par rapport au milieu. Cette découverte donne raison à l'hypothèse historique de Lorentz. La taille des bras de l'instrument de mesure de Michelson est réduite dans les mêmes proportions que les ondes, ce qui annule toute possibilité de mesurer des différences de vitesse. Par conséquent, les coordonnées d'espace et de temps ne changent pas; ce sont les longueurs d'onde et les périodes ou fréquences de l'objet qui se transforment en fonction de sa vitesse. La relativité n'est pas abolie, mais elle est formulée différemment par Ivanov, en fonction du référentiel spatial absolu et non pas en fonction du référentiel galiléen de l'observateur.
La découverte des ondes stationnaires mobiles a conduit Ivanov à interpréter le mouvement inertiel et ses transformations, la force et l'inertie, ainsi que l'accélération gravitationnelle, par la mécanique ondulatoire. Ce sont des phénomènes que personne n'a jamais cherché à expliquer parce qu'admis comme des "faits" d'observation évidents ne nécessitant pas d'explication.
L'élucidation des mécanismes ondulatoires du mouvement ouvre de nouvelles perspectives d'applications. Elle a conduit l'ingénieur Ivanov à des projets nouveaux de moyens de locomotion dans l'espace.
Neagu Gheorghe [13] présente un "modèle atomique fluenique sans électron". Il commence par une redéfinition de la notion de "champ", qui conduit à la conclusion que l'espace "vide" est une forme d'existence de la matière à l'état de champ, un flux d'énergie qu'il appelle FLUEN. Cette notion conduit à une réinterprétation des particules élémentaires , qu'il représente sous forme d'un double tore en rotations réciproques représentant les vecteurs électrique et magnétique.
Neagu écrit: "L’électricité est la matière même. Elle est l’énergie qui relie les nucléons et les atomes entre eux". Il explique le courant électrique par les vibrations des atomes alignés en série dans les conducteurs. Il met en doute l'existence de l'électron, en tant que particule ayant une masse: "Le nucléon est la seule particule stable. ... L’électron, étant une formation fluénique instable, tout simplement perd les qualités avec lesquelles il est accrédité".
Comme Ivanov, quoique de manière différente, la compréhension de l'espace et du mouvement conduit Neagu à la conception d'un moyen insoupçonné de propulsion dans l'espace qu'il appelle moteur fluénique.
Synthèse systémique:
Les auteurs choisis proposent des solutions qui convergent vers une conception systémique en physique. Leurs hypothèses rétablissent d'abord les référentiels absolus d'espace et de temps, permettant de définir des structures et des mouvements. Ils rétablissent ainsi la priorité des explications géométriques et mécaniques sur leur formulation et manipulation mathématique. Ils récusent la courbure ou dilatation de l'espace-temps de la relativité d'Einstein et les spéculations mathématiques qui en ont été tirées
La relativité prend un sens différent sous une formalisation nouvelle. Elle n'est pas une relativité des coordonnées d'espace-temps mais une relativité de l'observation transformée par l'effet Doppler et une relativité des dimensions de l'objet en fonction de sa vitesse dans l'espace absolu.
Les nouvelles théories de mécanique ondulatoire convergent sur trois "superaxiomes" qui sont les analogues, au niveau élémentaire quantique, des trois hypostases ou causalités métaphysiques:
L'existence physique de l'espace "vide" comme référentiel universel absolu et comme milieu de propagation d'ondes. (cause matérielle)
Le mouvement d'oscillation et de propagation d'ondes dans l'espace dont les transformations sont à l'origine des notions de force ou inertie. (cause efficiente)
L'interaction d'ondes sous la forme la plus élémentaire d'onde stationnaire, comme principe de formation de toute structure. (cause formelle)
Sources
[9] Milo Wolff, – Schrödinger's Universe, 2008
- - site: Quantum universe, http://www.quantummatter.com
[10] Denys Lépinard, – Une sinusoïdale dans l'univers
- - site: Ontostat, http://www.ontostat.com
[11] [b]Gabriel Lafrenière, – La matière est faite d'ondes,
- - site: http://web.archive.org/web/20110711095644/http://www.glafreniere.com/matter.htm
[12] Yuri N. Ivanov, – Rhythmodynamics
- - site: http://mirit.ru/rd_2007en.htm
- - http://mirit.ru/tmp/presentation.htm
[13] Gheorghe Neagu, modèle fluénique,
- - site: http://www.atomic-model-fluenic.com
Milo Wolff [9], ingénieur physicien américain, spécialiste du radar et des communications électromagnétiques, écrit dans son autobiographie que trente ans après ses études, il s'est intéressé au problème de la longueur d'onde de Broglie et et a calculé sa structure d'une particule en trois dimension. Il écrit "J'ai été étonné de constater que les ondes contenaient non seulement la base de de Broglie de la mécanique quantique mais aussi la relativité et d'autres lois naturelles."
Dès lors, il a développé une conception de la structure ondulatoire de la matière (WSM: wave structure of matter) qu'il a publiée dans deux livres et un site. Sa théorie est fondée sur le principe de Mach et le principe de Huygens selon lequel toute particule de l'espace atteinte par une onde renvoie une onde sphérique de même fréquence, même amplitude et même phase. Pour Wolff, la particule est une onde stationnaire sphérique qui est formée par interférence du front d'onde émis de la particule et le front d'onde renvoyé par l'ensemble des particules de l'univers. Il se constitue ainsi une interdépendance fondée sur l'espace universel.
Il affirme que "Ces trois, les particules, les lois et l'univers forment une trilogie interdépendante. Chacune requiert l'existence des autres. Par conséquent nous ne pouvons pas espérer comprendre la cosmologie, la structure de l'univers, si nous ne comprenons pas aussi les relations à l'intérieur de la trilogie."
Wolff formule mathématiquement cette interdépendance par seulement trois principes régulateurs: une équation d'onde scalaire, un principe de densité spatiale (Space Density Principle: SDP), principe d'amplitude minimum ( Minimum Amplitude Principle: MAP).
Denys Lépinard [10], biologiste, développe sous le terme ontostat une théorie de l'évolution qui repose essentiellement sur la structure ondulatoire de la matière. Il présente toute évolution comme une boucle cybernétique qui s'inscrit dans un système d'ondes universel. La vie , qui dépend de l'électron et de sa longueur d'onde liée à la constante de structure fine, se situe selon cette évolution dans la moyenne géométrique des grands nombres de Dirac.
Ses pages consacrées à la "physique revisitée" expliquent très clairement les principes de la mécanique ondulatoire et l'échec de l'expérience de Michelson. Elles projettent des points de vue nouveaux et originaux sur divers aspects de la physique
Il faut relever surtout sa théorie du repositionnement fondée sur l'onde de phase de L. de Broglie, qui accompagne toute onde stationnaire. Il montre que le repositionnement donne une explication physique aux lois de gravitation de Newton et de Kepler restées jusqu'ici essentiellement empiriques.
Le regretté Gabriel Lafrenière [11], expert québecois en optique et informatique, a développé sur son site, "La matière est faite d'ondes" une conception ondulatoire semblable à celle de Wolff. Il l'a appliquée aux principaux phénomènes physiques, à l'électromagnétique et à la relativité et l'a illustrée par de nombreuses animations. Il a démontré le mécanisme des phénomènes ondulatoires et de leurs interférences par simulation informatisée d'ondes dans l'éther virtuel. De nombreux aspects de la physique quantique et de l'optique sont ainsi éclairés.
Il a dénoncé les erreurs de la relativité d'Einstein et a soutenu que l'échec de l'expériences d'interférométrie de Michelson doit être expliqué par la contraction de l'instrument selon H.A. Lorentz. Dans une des dernières mises à jour de son site, il a présenté les ondes stationnaires mouvantes d'Ivanov, qui se contractent en fonction de leur vitesse, comme une découverte expérimentale révolutionnaire, donnant raison à l'hypothèse de transformation des longueurs de Lorentz.
Yuri N. Ivanov [12], ingénieur, est l’auteur d’une mécanique ondulatoire qu'il appelle rythmodynamique. Il commence par où toute science devrait commencer: par des considérations épistémologiques qui le conduisent à formuler:
Un "principe de fondation-régulation" qui affirme l'existence de l'espace fixe comme référentiel absolu et réel et comme milieu de propagation d'onde. La vitesse constante de la lumière dans le vide se rapporte seulement à l'espace, milieu de propagation, et non pas à la la source ou à l'observateur.
Trois postulats qui précisent les propriétés de l'espace et des ondes:
- Un objet oscillateur élémentaire hypothétique, générateur d’ondes.
- Un milieu transformant les vibrations en ondes sphériques, garantissant leur propagation à vitesse constante par rapport au référentiel fixe du milieu.
- L’interaction (ou interférence) : lorsqu’au moins un autre oscillateur apparait, alors un système d’oscillateurs en interaction émerge.
Ces trois sont interdépendants. Il n'existe pas d'espace réel sans mouvement d'oscillateurs, il n'y a pas de propagation des oscillations sous forme d'ondes sans espace, et il n'a pas d'éléments oscillateurs sans interférences d'ondes.
Ivanov a confirmé les conséquences des postulats par des expériences concrètes effectuées au moyen d'oscillateurs mécaniques et sonores. Il a étudié le comportement des ondes stationnaires formées par la superposition de deux ondes.
Deux oscillateurs au repos, émettant et échangeant des ondes de même fréquence, sont reliés par une onde stationnaire formée par superposition des ondes se propageant en directions opposées.
Lorsque le système d'oscillateurs et leur onde stationnaire sont en mouvement à vitesse constante dans leur milieu porteur, les longueurs d'ondes diminuent vers l'avant (onde rouge) et augmentent vers l'arrière (onde verte) par effet Doppler. La moyenne géométrique des deux longueurs d'ondes, constitue la longueur de l'onde stationnaire. Cette moyenne est formulée par la transformation de Lorentz et signifie une contraction des longueurs en fonction de la vitesse.
Cette animation, que l'on doit à Lafrenière, montre comment se comporte un système d'onde stationnaire en mouvement à la vitesse v. La bande supérieure présente l'addition des amplitudes. Elle montre une bande noire qui se déplace très rapidement dans le sens du mouvement. C'est l'onde de phase de de Broglie dont la vitesse V est en rapport inverse avec la vitesse v selon la relation v*V = c2.
Ivanov a démontré par différentes expériences sur des ondes mécaniques et sonores, que les ondes stationnaires se contractent effectivement en fonction de leur vitesse par rapport à leur milieu de propagation.
Or on sait par les technologies électro-audio que le comportement des ondes électromagnétiques est pareil à celui des ondes sonores en ce qui concerne les longueurs d'onde et la transformation de Lorentz. On sait aussi que les atomes et molécules sont reliés par des forces électromagnétiques.
Par conséquent, les expériences d'Ivanov prouvent qu'une structure matérielle, dont les atomes sont reliés par un réseau d'ondes stationnaires, se contracte en fonction de sa vitesse par rapport au milieu. Cette découverte donne raison à l'hypothèse historique de Lorentz. La taille des bras de l'instrument de mesure de Michelson est réduite dans les mêmes proportions que les ondes, ce qui annule toute possibilité de mesurer des différences de vitesse. Par conséquent, les coordonnées d'espace et de temps ne changent pas; ce sont les longueurs d'onde et les périodes ou fréquences de l'objet qui se transforment en fonction de sa vitesse. La relativité n'est pas abolie, mais elle est formulée différemment par Ivanov, en fonction du référentiel spatial absolu et non pas en fonction du référentiel galiléen de l'observateur.
La découverte des ondes stationnaires mobiles a conduit Ivanov à interpréter le mouvement inertiel et ses transformations, la force et l'inertie, ainsi que l'accélération gravitationnelle, par la mécanique ondulatoire. Ce sont des phénomènes que personne n'a jamais cherché à expliquer parce qu'admis comme des "faits" d'observation évidents ne nécessitant pas d'explication.
L'élucidation des mécanismes ondulatoires du mouvement ouvre de nouvelles perspectives d'applications. Elle a conduit l'ingénieur Ivanov à des projets nouveaux de moyens de locomotion dans l'espace.
Neagu Gheorghe [13] présente un "modèle atomique fluenique sans électron". Il commence par une redéfinition de la notion de "champ", qui conduit à la conclusion que l'espace "vide" est une forme d'existence de la matière à l'état de champ, un flux d'énergie qu'il appelle FLUEN. Cette notion conduit à une réinterprétation des particules élémentaires , qu'il représente sous forme d'un double tore en rotations réciproques représentant les vecteurs électrique et magnétique.
Neagu écrit: "L’électricité est la matière même. Elle est l’énergie qui relie les nucléons et les atomes entre eux". Il explique le courant électrique par les vibrations des atomes alignés en série dans les conducteurs. Il met en doute l'existence de l'électron, en tant que particule ayant une masse: "Le nucléon est la seule particule stable. ... L’électron, étant une formation fluénique instable, tout simplement perd les qualités avec lesquelles il est accrédité".
Comme Ivanov, quoique de manière différente, la compréhension de l'espace et du mouvement conduit Neagu à la conception d'un moyen insoupçonné de propulsion dans l'espace qu'il appelle moteur fluénique.
Synthèse systémique:
Les auteurs choisis proposent des solutions qui convergent vers une conception systémique en physique. Leurs hypothèses rétablissent d'abord les référentiels absolus d'espace et de temps, permettant de définir des structures et des mouvements. Ils rétablissent ainsi la priorité des explications géométriques et mécaniques sur leur formulation et manipulation mathématique. Ils récusent la courbure ou dilatation de l'espace-temps de la relativité d'Einstein et les spéculations mathématiques qui en ont été tirées
La relativité prend un sens différent sous une formalisation nouvelle. Elle n'est pas une relativité des coordonnées d'espace-temps mais une relativité de l'observation transformée par l'effet Doppler et une relativité des dimensions de l'objet en fonction de sa vitesse dans l'espace absolu.
Les nouvelles théories de mécanique ondulatoire convergent sur trois "superaxiomes" qui sont les analogues, au niveau élémentaire quantique, des trois hypostases ou causalités métaphysiques:
L'existence physique de l'espace "vide" comme référentiel universel absolu et comme milieu de propagation d'ondes. (cause matérielle)
Le mouvement d'oscillation et de propagation d'ondes dans l'espace dont les transformations sont à l'origine des notions de force ou inertie. (cause efficiente)
L'interaction d'ondes sous la forme la plus élémentaire d'onde stationnaire, comme principe de formation de toute structure. (cause formelle)
Sources
[9] Milo Wolff, – Schrödinger's Universe, 2008
- - site: Quantum universe, http://www.quantummatter.com
[10] Denys Lépinard, – Une sinusoïdale dans l'univers
- - site: Ontostat, http://www.ontostat.com
[11] [b]Gabriel Lafrenière, – La matière est faite d'ondes,
- - site: http://web.archive.org/web/20110711095644/http://www.glafreniere.com/matter.htm
[12] Yuri N. Ivanov, – Rhythmodynamics
- - site: http://mirit.ru/rd_2007en.htm
- - http://mirit.ru/tmp/presentation.htm
[13] Gheorghe Neagu, modèle fluénique,
- - site: http://www.atomic-model-fluenic.com
XVIII - Nouvelles théories de physique macroscopique et de cosmologie
Il n'y a pas d'onde sans oscillateur élémentaire et il n'y a pas d'oscillateur sans onde. Particule et onde sont deux aspects opposés d'une même réalité. Du point de vue élémentaire et réductionniste tout objet est composé d'innombrables particules reliées par d'innombrables interactions d'ondes. Mais au niveau global et macroscopique de notre univers observable les objets ont des propriétés qui ne sont pas réductibles à celles des élément composants.
Giordano Bruno écrivait dans De triplici minimo et mesura, (du triple minimum et de la mesure): Dans chaque genre le minimum doit être de degré adapté.
La mécanique, la thermodynamique, la chimie, la biologie et l'astronomie étudient chacune un aspect partiel de la réalité. Chacune de ces spécialités a ses propres référentiels et postulats adaptés au contexte étudié. De nouvelles théories unificatrices convergent cependant vers un fonctionnement commun, elles convergent vers une conception systémique et transdisciplinaire.
Jean-Claude Villame présente une thèse unificatrice sous le titre "Paradigme mécanique et gravitationnel des échanges électromagnétiques et thermodynamiques des amas particulaires structurés dans l’éther et le substrat du milieu cosmique." [14] L'intérêt du point de vue systémique est d'une part la conception de la hiérarchie des structures matérielles de l'univers, d'autre part l'interaction dynamique et électromagnétique en vortex de ces niveaux.
Villame admet que l'espace n'est pas vide mais constitué de particules minimales, indivisibles, qu'il appelle brunos en référence aux monades de Giordano Bruno. Les particules de matière de toute dimension sont construites par agrégation gravitationnelle de monades en niveaux successifs dans une série logarithmique. Chaque particule de niveau n, entourée d'environ une douzaine de particules identiques, forme une particule de niveau supérieur n+1. Cette procédure correspond au processus fractal et aux relations holographiques selon lesquelles toute partie, de la plus petite jusqu'à la plus grande partie reproduit les mêmes proportions, formes et propriétés fonctionnelles.
Formellement, ses calculs se réfèrent au rapport de masse proton/électron dont il déduit la base de la progression logarithmique des niveaux. Il estime que l'électron occupe le niveau 18 et le proton le niveau 22 dans l'ordre des niveaux qui commence par la monade bruno occupant le niveau 0. Par extrapolation régressive à partir de l'atome d'hydrogène ou atome de Bohr, il définit les niveaux subatomique des particules. De même il extrapole les niveaux super-atomiques des éléments de la table de Mendeleîev des éléments jusqu'aux atomes les plus lourds, et au-delà jusqu'aux systèmes cosmique stellaires et galactiques.
L'aspect dynamique dans cette hiérarchie se situe dans le fait que ces niveaux matériels ne sont pas fixes et séparés mais unis dans une spiralisation logarithmique. Il y a échange permanent de la matière/énergie entre les niveaux mais aussi avec l'éther environnant.
Dans une étude approfondie des émissions et absorptions de raies spectrales Villame fait le lien entre la mécanique, la thermodynamique et l'électromagnétisme. Par la formule de de Broglie (M = h/λc) qui établit une proportion inverse entre masse et longueur d'onde et quantité de mouvement, Villame formule le rapport entre la longueur d'onde mécanique relativiste de l'électron et la longueur d'onde électromagnétique des raies spectrales. Il parvient ainsi à un coefficient de mobilité alpha ( αBV selon Boutry Villame) qui est une fonction relativiste de la vitesse de l'électron dépendant du rayon orbital.
αBV = λcompton / λde Broglie = (c2/v2 - 1)-½
Il démystifie ainsi la constante alpha dite de structure fine qui n'est autre que la valeur particulière de ce "coefficient de mobilité" appliqué à la vitesse orbitale de l'électron au niveau fondamental de l'atome de Bohr. Il démystifie aussi la constante de Rydberg comme valeur inverse de la longueur d'onde limite de la série de Lyman des raies spectrales de l'atome d'hydrogène.
Le coefficient de mobilité alpha conduit au coefficient d'interaction de couplage ou de libération de l'électron avec le barycentre du nucléon. Il varie en fonction du carré du rapport entre les rayons considérés et le rayon de référence qui est celui de l'orbitale électronique de l'atome de Bohr.
Le coefficient d'interaction généralisé à l'ensemble des niveaux et dimensions de la hiérarchie du réel unifie dans une seule spiralisation universelle les forces d'interaction spécialisées, (gravitationnelle, nucléaire forte, faible, électromagnétique, moléculaire , chimique, etc. ). En toute rigueur, écrit-il, ces qualificatifs devraient disparaître. (Une présentation simplifiée des formules se trouve ICI)
Cependant Villame explique la gravité par une dépression de l'amas matériel.par rapport à l'éther. Cette dépression est attribuée à une perte de matière/énergie de l'amas en formation dissipée par radiation dans l'éther environnant. Selon ses termes, l'agrégation de monades créerait une expansion et donc une diminution de densité en direction du barycentre.
Il exprime cette idée aussi dans une équivalence généralisée E.P.M.G. Le bilan matière/énergie de la formation d'un système ou amas ((E) est composé de l'énergie de masse au repos selon la formule d'Einstein (M), de sa quantité de mouvement ou énergie cinétique (P) et de la matière/énergie dissipée dans l'éther par radiation (G). Cette dissipation serait à l'origine d'un différentiel de densité entre l'éther et l'amas qui expliquerait la gravité. (Un essai d'interprétation systémique et vectorielle de l'équivalence EPMG par le modèle de l'octaèdre se trouve ICI)
Edouard Bernal [15] propose une théorie d'unification des forces électromagnétique, de gravitation et nucléaire.
Il définit la particule élémentaire par une onde électrique en boucle accompagnée par son champ magnétique qui constitue un système de boucles orthogonal. Par le mouvement en boucle à la vitesse de la lumière c, la particule entraine autour d’elle très lentement les particules virtuelles environnantes de l'éther en un vortex secondaire, un flux du vide ou flux gravitationnel. Le champ gravitationnel correspond à ce vortex secondaire. Bernal rejoint ainsi la dynamique des fluides, l'entrainement de l'éther et les lois de Képler qu'il généralise aux particules massives.
Il démontre que le mouvement des fluides en vortex crée une dépression centrale (selon le principe de Bernoulli) qui explique la force de gravité.
Il montre que le rayon stabilisé orbital des planètes ou des particules est fonction de leur densité (ou masse volumique). D'autre part il écrit que la force nucléaire forte provient du confinement produit par la gravitation. Les masses volumiques colossales des protons donnent naissance au confinement gravitationnel.
Thierry De Mees développe une théorie de la gravitation appelée gravitomagnétisme ou gyrotation [16]. De Mees explique la gravitation par la dynamique des fluides en appliquant par analogie les équations de Maxwell et en y incluant l'effet Coriolis. Il se réfère aux travaux de Oliver Heaviside (1850-1925) qui expliquait la gravitation par les équations de Maxwell et Oleg Jefimenko (1922-2009) qui compléta et expliqua ces équations. Il faut se souvenir en effet que Maxwell concevait l'électromagnétisme sous le point de vue de l'éther et de la dynamique des fluides. De Mees écrit: "Un modèle est développé par l'utilisation de flux de masses par analogie avec les flux d'énergie. Par ce modèle, le transfert du mouvement angulaire gravitationnel peut être trouvé et par là le fondement d'une analogie avec les équations de l'électromagnétisme. Ces équations nous permettront d'élucider un nombre important de phénomènes cosmiques jamais expliqués jusqu'à ce jour."
Par le gravitomagnétisme il parvient ainsi à expliquer les nombreuses observations que la relativité générale d'Einstein ne parvient ni à expliquer ni même à formaliser mathématiquement: La gravitation et la rotation des planètes dans le même sens et le plan de l'écliptique sont dues à un effet d'entraînement du champ commun (ou éther). La vitesse constante des étoiles dans le vortex galactique (sans matière ou énergie "noire"), la forme en disque des galaxies spirales et l'anneau de Saturne sont dus à l'effet Coriolis. Les trous noirs présumés sont interprétés comme des étoiles à rotation rapide; elles évoluent en quasars dont la densité et vélocité est à l'origine de leur redshift, sans nécessiter une expansion de l'univers.
L'Univers électrique, est un courant de pensée scientifique représenté principalement par le site "The thunderbolts project" [14] du physicien australien Wallace Thornhill associé à des collaborateurs spécialisés dans divers domaines tels qu'astronomie, électricité, plasma, mathématiques, et histoire de la Terre. En effet, David Talbott, coauteur du site a mis en évidence le rapport entre l'histoire de l'humanité, ses mythes, légendes et les pétroglyphes, qui témoignent de grands cataclysmes sous formes d'éclairs géants formés par des décharges plasmatiques en provenance de la ionosphère (voir l'article Univers électrique sur ce forum).
L'univers électrique est présenté comme un nouveau paradigme. Ce n'est pas une théorie mathématique comme les théories de la relativité et du bigbang qui sont formellement réfutées. C'est une cosmologie fondée sur les expérimentations avec le plasma, l'observation astronomique et la simulation par ordinateur.
Le véritable fondateur de cette science est l'astrophysicien suédois Hannes Alfvén, prix Nobel de physique 1970 pour sa contribution en magnétohydrodynamique. Son prédécesseur, le norvégien Kristian Birkeland, avait déjà mis en évidence à la fin du 19ème siècle les phénomènes plasmatiques de ionisation et de décharges en filaments dans une expérience historique avec un dispositif appelé "terrella" qui expliquait entre autres les aurores boréales.
L'astrophysique a découvert que l'espace n'est pas vide comme le supposaient les astronomes dans la première partie du 20ème siècle. Il est rempli de plasma, c'est à dire de particules chargées et d' ondes électromagnétiques de toute fréquence. Le mouvement libre des particules chargées crée des courants électriques et des champs magnétiques. Les phénomènes observables à l'échelle astronomique sont pareils à ce qui est observé en laboratoire avec le plasma.
Il n'est pas nécessaire dans cet essai systémique d'entrer dans le détail des connaissances physiques que le site thundebolts explique d'ailleurs avec beaucoup de clarté et de précision dans un " guide essentiel ". La cosmologie confirme par l'observation astronomique et l'expérimentation avec les plasmoïdes l'essentiel des conclusions mathématiques de De Mees concernant les galaxies, les quasars et leur redshift.
Le paradigme de l'univers électrique est décrit ainsi:
L'univers visible est un théâtre de particules chargées . Une danse d'électrons et de protons le tient ensemble . Nous voyons ses rythmes et ses géométries en détail microscopique , alors même que sa musique se joue à travers le cosmos : atomes et molécules sont reliés par la force électrique; les étoiles et les galaxies sont organisées et mises en mouvement par la même force ; et sur notre petite planète Terre , les organismes vivants sont animés par l'électricité de la vie . Il n’existe pas d'espace vide. Tout ce que nous voyons maintenant est relié par la danse universelle de particules chargées . ( David Talbott , le projet Thunderbolts)
Synthèse systémique.
Dans les théories citées, les référentiels et postulats diffèrent selon le contexte mais sont semblables par analogie systémique et convergent sur le fonctionnement électromagnétiques à tous les niveaux
Il est judicieux de distinguer trois niveaux de la réalité physique: le niveau microscopique ou quantique dont la dynamique est ondulatoire, notre niveau vital des phénomènes observables immédiatement par nos sens, dont la dynamique est régie par l'électron, et le niveau cosmique dont la dynamique à la fois électrique et magnétique résulte de flux de plasma.
En mécanique ondulatoire, les trois postulats sont l'espace milieu d'onde, la propagation d'onde et l'interférence d'onde.
Au niveau biologique chimique et thermodynamique, les structures sont nucléaires et moléculaires, les liaisons et interactions dépendent des électrons et l'organisation est fondée sur des corrélations de fréquences et phases électromagnétiques.
La structure de l'univers électrique est le plasma, sa dynamique est celle des fluides, appelée aussi électrohydrodynamique, dont l'organisation est modélisée par les champs magnétiques.et formalisées par les équations de Maxwell et de Lorentz.
Sources.
14 – Jean-Claude Villame. – Paradigme mécanique et gravitationnel des échanges électromagnétiques et thermodynamiques.
- - lien: http://gsjournal.net/Science-Journals/Essays/View/4750
15 Edouard Bernal. - Unification des forces électromagnétique, de gravitation et nucléaire
- - site: http://www.physicscience.org/unification/chapitres.asp
16 – Thierry De Mees, Gravitomagnetism.
- - site: http://www.worldsci.org/pdf/ebooks/De-Mees-Gravitomagnetism-and-Coriolis-Gravity-new.pdf
17 - The tunderbolts project. - https://www.thunderbolts.info
- - sites associés: https://www.thunderbolts.info/wp/about/related-websites/
Giordano Bruno écrivait dans De triplici minimo et mesura, (du triple minimum et de la mesure): Dans chaque genre le minimum doit être de degré adapté.
La mécanique, la thermodynamique, la chimie, la biologie et l'astronomie étudient chacune un aspect partiel de la réalité. Chacune de ces spécialités a ses propres référentiels et postulats adaptés au contexte étudié. De nouvelles théories unificatrices convergent cependant vers un fonctionnement commun, elles convergent vers une conception systémique et transdisciplinaire.
Jean-Claude Villame présente une thèse unificatrice sous le titre "Paradigme mécanique et gravitationnel des échanges électromagnétiques et thermodynamiques des amas particulaires structurés dans l’éther et le substrat du milieu cosmique." [14] L'intérêt du point de vue systémique est d'une part la conception de la hiérarchie des structures matérielles de l'univers, d'autre part l'interaction dynamique et électromagnétique en vortex de ces niveaux.
Villame admet que l'espace n'est pas vide mais constitué de particules minimales, indivisibles, qu'il appelle brunos en référence aux monades de Giordano Bruno. Les particules de matière de toute dimension sont construites par agrégation gravitationnelle de monades en niveaux successifs dans une série logarithmique. Chaque particule de niveau n, entourée d'environ une douzaine de particules identiques, forme une particule de niveau supérieur n+1. Cette procédure correspond au processus fractal et aux relations holographiques selon lesquelles toute partie, de la plus petite jusqu'à la plus grande partie reproduit les mêmes proportions, formes et propriétés fonctionnelles.
Formellement, ses calculs se réfèrent au rapport de masse proton/électron dont il déduit la base de la progression logarithmique des niveaux. Il estime que l'électron occupe le niveau 18 et le proton le niveau 22 dans l'ordre des niveaux qui commence par la monade bruno occupant le niveau 0. Par extrapolation régressive à partir de l'atome d'hydrogène ou atome de Bohr, il définit les niveaux subatomique des particules. De même il extrapole les niveaux super-atomiques des éléments de la table de Mendeleîev des éléments jusqu'aux atomes les plus lourds, et au-delà jusqu'aux systèmes cosmique stellaires et galactiques.
L'aspect dynamique dans cette hiérarchie se situe dans le fait que ces niveaux matériels ne sont pas fixes et séparés mais unis dans une spiralisation logarithmique. Il y a échange permanent de la matière/énergie entre les niveaux mais aussi avec l'éther environnant.
Dans une étude approfondie des émissions et absorptions de raies spectrales Villame fait le lien entre la mécanique, la thermodynamique et l'électromagnétisme. Par la formule de de Broglie (M = h/λc) qui établit une proportion inverse entre masse et longueur d'onde et quantité de mouvement, Villame formule le rapport entre la longueur d'onde mécanique relativiste de l'électron et la longueur d'onde électromagnétique des raies spectrales. Il parvient ainsi à un coefficient de mobilité alpha ( αBV selon Boutry Villame) qui est une fonction relativiste de la vitesse de l'électron dépendant du rayon orbital.
αBV = λcompton / λde Broglie = (c2/v2 - 1)-½
Il démystifie ainsi la constante alpha dite de structure fine qui n'est autre que la valeur particulière de ce "coefficient de mobilité" appliqué à la vitesse orbitale de l'électron au niveau fondamental de l'atome de Bohr. Il démystifie aussi la constante de Rydberg comme valeur inverse de la longueur d'onde limite de la série de Lyman des raies spectrales de l'atome d'hydrogène.
Le coefficient de mobilité alpha conduit au coefficient d'interaction de couplage ou de libération de l'électron avec le barycentre du nucléon. Il varie en fonction du carré du rapport entre les rayons considérés et le rayon de référence qui est celui de l'orbitale électronique de l'atome de Bohr.
Le coefficient d'interaction généralisé à l'ensemble des niveaux et dimensions de la hiérarchie du réel unifie dans une seule spiralisation universelle les forces d'interaction spécialisées, (gravitationnelle, nucléaire forte, faible, électromagnétique, moléculaire , chimique, etc. ). En toute rigueur, écrit-il, ces qualificatifs devraient disparaître. (Une présentation simplifiée des formules se trouve ICI)
Cependant Villame explique la gravité par une dépression de l'amas matériel.par rapport à l'éther. Cette dépression est attribuée à une perte de matière/énergie de l'amas en formation dissipée par radiation dans l'éther environnant. Selon ses termes, l'agrégation de monades créerait une expansion et donc une diminution de densité en direction du barycentre.
Il exprime cette idée aussi dans une équivalence généralisée E.P.M.G. Le bilan matière/énergie de la formation d'un système ou amas ((E) est composé de l'énergie de masse au repos selon la formule d'Einstein (M), de sa quantité de mouvement ou énergie cinétique (P) et de la matière/énergie dissipée dans l'éther par radiation (G). Cette dissipation serait à l'origine d'un différentiel de densité entre l'éther et l'amas qui expliquerait la gravité. (Un essai d'interprétation systémique et vectorielle de l'équivalence EPMG par le modèle de l'octaèdre se trouve ICI)
Edouard Bernal [15] propose une théorie d'unification des forces électromagnétique, de gravitation et nucléaire.
Il définit la particule élémentaire par une onde électrique en boucle accompagnée par son champ magnétique qui constitue un système de boucles orthogonal. Par le mouvement en boucle à la vitesse de la lumière c, la particule entraine autour d’elle très lentement les particules virtuelles environnantes de l'éther en un vortex secondaire, un flux du vide ou flux gravitationnel. Le champ gravitationnel correspond à ce vortex secondaire. Bernal rejoint ainsi la dynamique des fluides, l'entrainement de l'éther et les lois de Képler qu'il généralise aux particules massives.
Il démontre que le mouvement des fluides en vortex crée une dépression centrale (selon le principe de Bernoulli) qui explique la force de gravité.
Il montre que le rayon stabilisé orbital des planètes ou des particules est fonction de leur densité (ou masse volumique). D'autre part il écrit que la force nucléaire forte provient du confinement produit par la gravitation. Les masses volumiques colossales des protons donnent naissance au confinement gravitationnel.
Thierry De Mees développe une théorie de la gravitation appelée gravitomagnétisme ou gyrotation [16]. De Mees explique la gravitation par la dynamique des fluides en appliquant par analogie les équations de Maxwell et en y incluant l'effet Coriolis. Il se réfère aux travaux de Oliver Heaviside (1850-1925) qui expliquait la gravitation par les équations de Maxwell et Oleg Jefimenko (1922-2009) qui compléta et expliqua ces équations. Il faut se souvenir en effet que Maxwell concevait l'électromagnétisme sous le point de vue de l'éther et de la dynamique des fluides. De Mees écrit: "Un modèle est développé par l'utilisation de flux de masses par analogie avec les flux d'énergie. Par ce modèle, le transfert du mouvement angulaire gravitationnel peut être trouvé et par là le fondement d'une analogie avec les équations de l'électromagnétisme. Ces équations nous permettront d'élucider un nombre important de phénomènes cosmiques jamais expliqués jusqu'à ce jour."
Par le gravitomagnétisme il parvient ainsi à expliquer les nombreuses observations que la relativité générale d'Einstein ne parvient ni à expliquer ni même à formaliser mathématiquement: La gravitation et la rotation des planètes dans le même sens et le plan de l'écliptique sont dues à un effet d'entraînement du champ commun (ou éther). La vitesse constante des étoiles dans le vortex galactique (sans matière ou énergie "noire"), la forme en disque des galaxies spirales et l'anneau de Saturne sont dus à l'effet Coriolis. Les trous noirs présumés sont interprétés comme des étoiles à rotation rapide; elles évoluent en quasars dont la densité et vélocité est à l'origine de leur redshift, sans nécessiter une expansion de l'univers.
L'Univers électrique, est un courant de pensée scientifique représenté principalement par le site "The thunderbolts project" [14] du physicien australien Wallace Thornhill associé à des collaborateurs spécialisés dans divers domaines tels qu'astronomie, électricité, plasma, mathématiques, et histoire de la Terre. En effet, David Talbott, coauteur du site a mis en évidence le rapport entre l'histoire de l'humanité, ses mythes, légendes et les pétroglyphes, qui témoignent de grands cataclysmes sous formes d'éclairs géants formés par des décharges plasmatiques en provenance de la ionosphère (voir l'article Univers électrique sur ce forum).
L'univers électrique est présenté comme un nouveau paradigme. Ce n'est pas une théorie mathématique comme les théories de la relativité et du bigbang qui sont formellement réfutées. C'est une cosmologie fondée sur les expérimentations avec le plasma, l'observation astronomique et la simulation par ordinateur.
Le véritable fondateur de cette science est l'astrophysicien suédois Hannes Alfvén, prix Nobel de physique 1970 pour sa contribution en magnétohydrodynamique. Son prédécesseur, le norvégien Kristian Birkeland, avait déjà mis en évidence à la fin du 19ème siècle les phénomènes plasmatiques de ionisation et de décharges en filaments dans une expérience historique avec un dispositif appelé "terrella" qui expliquait entre autres les aurores boréales.
L'astrophysique a découvert que l'espace n'est pas vide comme le supposaient les astronomes dans la première partie du 20ème siècle. Il est rempli de plasma, c'est à dire de particules chargées et d' ondes électromagnétiques de toute fréquence. Le mouvement libre des particules chargées crée des courants électriques et des champs magnétiques. Les phénomènes observables à l'échelle astronomique sont pareils à ce qui est observé en laboratoire avec le plasma.
Il n'est pas nécessaire dans cet essai systémique d'entrer dans le détail des connaissances physiques que le site thundebolts explique d'ailleurs avec beaucoup de clarté et de précision dans un " guide essentiel ". La cosmologie confirme par l'observation astronomique et l'expérimentation avec les plasmoïdes l'essentiel des conclusions mathématiques de De Mees concernant les galaxies, les quasars et leur redshift.
Le paradigme de l'univers électrique est décrit ainsi:
L'univers visible est un théâtre de particules chargées . Une danse d'électrons et de protons le tient ensemble . Nous voyons ses rythmes et ses géométries en détail microscopique , alors même que sa musique se joue à travers le cosmos : atomes et molécules sont reliés par la force électrique; les étoiles et les galaxies sont organisées et mises en mouvement par la même force ; et sur notre petite planète Terre , les organismes vivants sont animés par l'électricité de la vie . Il n’existe pas d'espace vide. Tout ce que nous voyons maintenant est relié par la danse universelle de particules chargées . ( David Talbott , le projet Thunderbolts)
Synthèse systémique.
Dans les théories citées, les référentiels et postulats diffèrent selon le contexte mais sont semblables par analogie systémique et convergent sur le fonctionnement électromagnétiques à tous les niveaux
Il est judicieux de distinguer trois niveaux de la réalité physique: le niveau microscopique ou quantique dont la dynamique est ondulatoire, notre niveau vital des phénomènes observables immédiatement par nos sens, dont la dynamique est régie par l'électron, et le niveau cosmique dont la dynamique à la fois électrique et magnétique résulte de flux de plasma.
En mécanique ondulatoire, les trois postulats sont l'espace milieu d'onde, la propagation d'onde et l'interférence d'onde.
Au niveau biologique chimique et thermodynamique, les structures sont nucléaires et moléculaires, les liaisons et interactions dépendent des électrons et l'organisation est fondée sur des corrélations de fréquences et phases électromagnétiques.
La structure de l'univers électrique est le plasma, sa dynamique est celle des fluides, appelée aussi électrohydrodynamique, dont l'organisation est modélisée par les champs magnétiques.et formalisées par les équations de Maxwell et de Lorentz.
Sources.
14 – Jean-Claude Villame. – Paradigme mécanique et gravitationnel des échanges électromagnétiques et thermodynamiques.
- - lien: http://gsjournal.net/Science-Journals/Essays/View/4750
15 Edouard Bernal. - Unification des forces électromagnétique, de gravitation et nucléaire
- - site: http://www.physicscience.org/unification/chapitres.asp
16 – Thierry De Mees, Gravitomagnetism.
- - site: http://www.worldsci.org/pdf/ebooks/De-Mees-Gravitomagnetism-and-Coriolis-Gravity-new.pdf
17 - The tunderbolts project. - https://www.thunderbolts.info
- - sites associés: https://www.thunderbolts.info/wp/about/related-websites/
IXX - Synthèse et conclusion
Matière-espace-temps et les thèmes épistémologiques.
La physique est fondée essentiellement sur les trois mesures d'espace, de temps et de matière ou énergie, dont les unités du système métrique, sont le mètre, la seconde et le kilogramme.
Il existe une différence essentielle entre l'expérience globale des objets dans l'espace et le temps et sa formulation quantitative restrictive en physique. La formulation mathématique réduit les ensembles au nombre de parties réelles ou virtuelles, l'évolution à des déterminismes, et la matière à la masse ou l'énergie équivalente. Les conséquences en sont les conceptions unilatérales, matérialiste, réductionniste et déterministe de la science positiviste. Elles permettent certes des prédictions dans le cadre restreint des systèmes fermés et conduisent à des applications technologiques. Mais elles interdisent la compréhension de l'évolution des systèmes naturels ouverts, tels que les systèmes vivants, qui est irréversibles,
L'expérience du réel est globale; elle perçoit l'espace comme un ensemble composé de parties, le temps comme une évolution irréversible comprise entre un passé fini et un futur indéfini. Quant à la matière, sa perception est multiforme et n'est pas réductible à la masse qui est une mesure de l'inertie, de la résistance à une force.
La perception du réel est holistique et systémique. Elle évolue nécessairement dans un cadre matière-espace-temps formé de trois dualités antagonistes. Elles sont désignées par les termes continuité / discontinuité pour l'espace, détermination / indétermination pour le temps et inertie / dynamisme pour la matière. Ces six concepts ont un caractère symbolique, prérationnel, dont le sens oriente toute imagination et connaissance. Ils ont été appelés thèmes épistémologiques en référence aux themata de Gerald Holton.
Structure-énergie-information, conditions de l'auto-organisation.
Prigogine a prouvé que les systèmes dissipatifs ou chaotiques peuvent se comporter comme des ensembles; ils sont le siège d'une corrélation globale. Il a démontré par l'expérimentation, les mathématiques et la simulation informatique que l'évolution des systèmes naturels est imprédictible à plus ou moins long terme. Il en a attribué la raison aux équations non intégrables de Poincaré, dont la cause physique se situe dans les résonances entre oscillateurs multiples. Il a ainsi attiré l'attention sur le fait que les structures se forment par interférences d'ondes. Ce constat, issu de la thermodynamique, justifie la nouvelle mécanique ondulatoire selon laquelle la matière est faite d'ondes.
La thermodynamique des "structures dissipatives" de Prigogine a conduit à la notion d'auto-organisation, à la création de formes nouvelles, qui va en sens inverse de la dégradation en chaleur appelée entropie. Elle dépend de trois conditions:1) une structure complexe, comportant des "degrés de liberté", 2) un flux d'énergie rendant le système instable et 3) la corrélation à longue portée orientée par les influences de l'environnement qui ont le rôle d'informations.
Les trois conditions de l'auto-organisation ont trait aux concepts structure, énergie et information. Le sens de ces termes omniprésents dans notre monde moderne paraît évident, mais reste par essence intuitif, complexe, mal définissable. La masse de la physique est très loin d'exprimer ce que nous entendons intuitivement par la matière et ses nombreuses formes. L'énergie aussi a des formes diverses qui ne peuvent pas être réduites à l'unité de mesure. Quant à l'information, elle défie toute définition.
Dans le contexte thermodynamique des structures dissipatives, ces concepts prennent un sens fonctionnel plus précis. Le concept de matière est remplacé par celui de structure complexe. L'énergie cohérente (vectorielle) d'un flux ou d'un champ de forces est distinguée de l'énergie brute (scalaire), incohérente de la chaleur ou entropie. De plus, les influences dites "aléatoires" de l'environnement qui orientent l'évolution deviennent des informations.
Pour conférer à ces concepts un sens universel et dynamique, les trois principes de l'auto-organisation ont été interprétés et traduits par les causalités classiques: la cause matérielle, la cause efficiente et la cause formelle.
Les causes de l'auto-organisation sont en effet à l'origine de toute structure, qu'elle soit physique, biologique ou cognitive et sociale. En ce sens, ce sont des principes ontologiques (relatifs à l'existence) et systémiques (relatifs à l'organisation). Ils conditionnent aussi le fonctionnement du cerveau. A ce point de vue, il s'agit de principes épistémologiques (relatifs à la logique), et herméneutiques (relatifs à l'interprétation et au sens des concepts).
L'étude de la communication et des relations sociales (chapitre 10) confirme que les trois principes forment la structure de la connaissance. Ils sont l'interface entre la réalité et la connaissance. La meilleur preuve en est qu'ils constituent la structure grammaticale du langages sous forme de substantifs, verbe et qualificatifs. Ils imprègnent l'organisation de base de toute société et de l'Etat. Des trilogies ou trinités cosmologiques, métaphysiques ou mystiques peuvent être trouvées dans toute tradition.
Le modèle d'intégration
Une étude comparative des principes d'auto-organisation avec les thèmes épistémologiques a abouti au modèle d'intégration fonctionnelle (MIF) . Trois couples spécifiques parmi les six thèmes épistémologiques contribuent par synergie au sens des trois causes ou conditions de l'auto-organisation selon le schéma suivant.
L'organisation du système est représentée par la complémentarité de trois synergies et de trois antagonismes. Les synergies orientent vers l'unité du système, les antagonismes vers la diversité possible de ses propriétés.
Le modèle de différenciation
Cependant le modèle MIF est incomplet; il ne présente qu'une face de la réalité, celle de l'unité de l'organisation. La nature n'est pas seulement créatrice mais aussi destructrice. L'univers et la vie sont une dynamique en équilibre entre organisation créative et désorganisation destructive. La différenciation scientifique des phénomènes ne peut pas se satisfaire de principes ontologiques. Elle doit avoir recours à un modèle fondé sur les paramètres mesurables.
Les antagonismes de thèmes qui expriment le sens de la matière, de l'espace et du temps sont inséparables. Leur unité est représentée par trois axes orthogonaux, par un octaèdre inscrit dans une sphère: le spectre d'expression systémique (SES) . Sous cette forme, les axes expriment une échelle logarithmique de qualités entre deux sens extrêmes opposés exprimés par les thèmes épistémologiques. Ceux-ci sont des repères référentiels dans un spectre sphérique continu de qualités.
Rapportés à l'échelle réelle des dimensions d'espace, de temps et de mouvement, les axes conduisent à une relativité généralisée des dimensions quantitatives du système en mouvement, où le concept de matière est remplacé par celui de quantité de mouvement. Il ne s'agit pas d'une relativité des coordonnées d'espace-temps comme dans la relativité restreinte mais d'une relativité des longueurs d'onde et fréquences du système en mouvement qui se transforment en fonction de sa vitesse.
On remarquera que les trois principes de la connaissance n'occupent que trois des douze possibilités d'association de thèmes. Leur importance ontologique tient au fait que c'est de leurs propriétés que résulte organisation de tout système. Les autres associations de thèmes, par deux formant les côtés de l'octaèdre ou par trois formant des faces triangulaires, ont toutes leur signification fonctionnelle pouvant conduire à des aspects théoriques spécifiques.
Toutes ces relations peuvent conduire à des études spécifiques pour intégrer des faits connus et découvrir des faits nouveaux, en utilisant le langage symbolique de l'imagination et des thèmes épistémologiques et en suivant la logique systémique transdisciplinaire de l'analogie et de la complémentarité des contraires.
Les postulats de la mécanique ondulatoire.
Les conclusions des chapitres précédents indiquent que les trois causalités de l'auto-organisation apparaissent en physique aussi bien au niveau élémentaire quantique qu'au niveau macroscopique et cosmique. Les modèles physiques élémentaires sont les plus proches des principes premiers et comme la théorie des systèmes est fondée sur les relations dynamiques, ce sont les postulats de la mécanique ondulatoire qui répondent le mieux à l'approche systémique.
Toutes les théories physiques alternatives citées rétablissent la priorité des explications géométriques et mécaniques sur leur formulation et manipulation mathématique. Les auteurs refusent la courbure ou dilatation de l'espace-temps de la relativité d'Einstein et les spéculations mathématiques qui en ont été tirées
Les nouvelles théories de mécanique ondulatoire convergent sur trois "superaxiomes" qui sont les analogues, au niveau élémentaire quantique, des trois causalités métaphysiques. Ils ont été formulés explicitement comme postulats par Yuri Ivanov:
• L'existence physique de l'espace "vide" comme référentiel universel absolu et comme milieu de propagation d'ondes. (cause matérielle)
• La propagation d'ondes dans l'espace dont les transformations sont à l'origine des notions de force ou inertie. (cause efficiente)
• L'interaction d'ondes, dont la forme élémentaire est l'onde stationnaire, comme principe de formation de toute structure. (cause formelle)
L'espace est principe d'existence ou cause matérielle.
L'espace n'est pas matière mais cause de la matière, car toute structure est un ordre d'éléments dans l'espace. Il ne doit pas être confondu avec l'éther classique qui était considéré comme un fluide en mouvement. Pourtant l'espace est une réalité physique. Comme milieu d'onde, il est caractérisé par la limite maximale c de la vitesse de la lumière et par la limite minimale h du quantum de Planck. Celui-ci a la dimension d'un moment cinétique, celle d'une oscillation ou onde, ce qui implique l'existence d'une longueur d'onde minimale. Donc, les constante c et h posent des limites aux dimensions d'espace, de temps et de mouvement: celles de la monade d'espace.
Le mouvement d'onde est principe de transformation ou cause efficiente.
L'onde électromagnétique n'a pas de masse et n'exige pas un milieu matériel défini par une masse ou une densité. Les ondes ou champs électromagnétiques fonctionnent très bien dans une enceinte vide, fait remarquer Neagu.
On peut imaginer les ondes électromagnétiques mécaniquement par des déformation périodiques isovolumiques de portions d'espace. L'espace absolu ne peut ni se dilater ni se contracter, mais il peut vibrer, se déformer localement et périodiquement. Une élongation ou contraction de la portion dans une direction entraine sa contraction ou expansion transversale simultanée pour conserver le volume constant. Cela correspond au comportement coordonné des vecteurs électrique et magnétique et aux mouvements cycliques des tores orthogonaux du modèle de particule élémentaire de fluen de Neagu. La portion minimale déformable correspond au quantum de Planck. Il n'est pas nécessaire d'imaginer l'espace divisé en portions ou monades définies. Les portions d'espace se font et se défont en volumes variables au gré des longueurs et amplitudes d'ondes. C'est pourquoi Neagu représente l'onde par des oscillations vectorielles et l'espace par un champ vectoriel.
La particuler élémentaire hypothétique de Wolff, Ivanov ou Neagu n'est pas matérielle mais spatiale. Ivanov démontre que la propriété de masse n'apparaît qu'avec les systèmes d'oscillateurs et d'ondes stationnaires. En mécanique ondulatoire, la quantité de mouvement p = h/λ = f. h/c remplace les notions équivalentes de masse/énergie.
L'interaction d'ondes est principe de création ou cause formelle.
L'espace et l'onde n'expliquent rien sans interaction d'ondes sous forme d'ondes stationnaires. Les particules sont des ondes stationnaires sphériques, elles sont unies en réseaux par des ondes stationnaires cylindriques. Les interférences en réseau forment ainsi les différentes phases de la matière, de l'état de plasma, de gaz et de liquide jusqu'à l'état solide du cristal solide.
Mais il existe une réalité immatérielle non mesurable, insaisissable, inconsciente, faite d'interférences d'ondes complexes mouvantes, instables. Ce sont des événements plutôt que des êtres. Ces interférences sont appelées hasard du point de vue scientifique réductionniste, mais elles constituent l'information selon le point de vue systémique de l'auto-organisation. La nature est un système complexe de champs d'interférences imbriqués ou "impliés", comme le concevait David Bohm qui l'appelait holomouvement.
La conscience n'est sans doute qu'une suite d'événements impermanents dans le vaste flux d'interférences de l'environnement que Sheldrake appelle champ morphique et dont fait partie l'inconscient collectif de Jung.
Postulats, hypothèses et Incomplétude.
L'approche systémique, comme toute théorie rationnelle, est incomplète. Aucune théorie ne peut rendre compte des potentialités indéterminées qui accompagnent toute interférence. La raison peut seulement éclairer des aspects partiels, contradictoires, comme l'intégration ou la différentiation.
Nicolas de Cusa a enseigné dans "De docte ignorantia" et dans « De coniecturis » que la Vérité absolue, sera toujours au-delà de l'intelligence humaine. Par conséquent toute affirmation humaine, toute théorie, n’est qu’une "conjecture" : une supposition, un modèle ou une hypothèse. Il constate aussi que les suppositions d’individus différents au sujet d’un même concept, diffèrent par degrés plus ou moins importants; de sorte qu’aucun individu ne saisira exactement l’opinion d’un autre.
Toutes les théories physiques, cosmologiques ou philosophiques ont leur justification, mais une théorie ne peut être qu'une hypothèse incomplète, car les postulats ou axiomes de chaque science relèvent d'un choix particulier. Cela se vérifie même en mathématique, comme l'a démontré *Gödel par son théorème d'incomplétude.
Aussi, le modèle d'auto-organisation n'a pas la prétention de révéler une vérité ultime. Il permet seulement de rapprocher les points de vue différents par analogie sur la base de principes premiers communs à la réalité et à la connaissance. Le modèle systémique n'est rien de plus qu'un nouveau langage, un langage transdisciplinaire qui permet la corrélation de points de vue différents, sur la base de l'analogie et de la logique de complémentarité des contraires.
Il faut rappeler à ce sujet une fois de plus que la logique d'Aristote avec son principe de contradiction exclue est valable seulement pour l'observation et la mesure ponctuelles du phénomène. Elle ne s'applique pas à l'interprétation, c'est-à-dire aux relations et fonctionnements des systèmes où la complémentarité en alternance des contraires est la règle.
Conclusion
L'Un ultime, la Vérité absolue, est inatteignable. L'intellect commence avec le Deux, avec la différenciation, entre l'observateur et l'observable La différenciation s'étend ensuite aux états ou qualités contraires de toute pensée. Le mot sens indique une orientation entre deux propriétés opposées. Le sens commence avec le Trois, avec les thèmes antagonistes qui à la fois unissent et différencient les trois principes premiers de la connaissance.
Dans la tradition pythagoricienne et néoplatonicienne, Nicolas de Cusa représente l'univers comme une "coïncidence des opposés", comme l'union de l'Un (Dieu) et de l'Autre (le monde). Dans le même esprit, Lao Tsé a écrit dans le premier verset du Tao Te King:
Le sens qui peut être exprimé en parole n'est pas le Sens éternel (Tao) ;
Le nom qui peut être nommé n'est pas le Nom éternel.
Le non-être est l'origine du ciel et de la terre ; l'être est la mère des êtres individuels.
C'est pourquoi l'orientation vers le non-être conduit à la vision de l'essence, l'orientation vers l'être à la vision de la limitation.
Les deux sont un par leur origine et seulement différents par le nom; par son unité cela se nomme le secret.
Le secret encore plus profond du secret est la porte de laquelle émergent toutes les merveilles.
La physique est fondée essentiellement sur les trois mesures d'espace, de temps et de matière ou énergie, dont les unités du système métrique, sont le mètre, la seconde et le kilogramme.
Il existe une différence essentielle entre l'expérience globale des objets dans l'espace et le temps et sa formulation quantitative restrictive en physique. La formulation mathématique réduit les ensembles au nombre de parties réelles ou virtuelles, l'évolution à des déterminismes, et la matière à la masse ou l'énergie équivalente. Les conséquences en sont les conceptions unilatérales, matérialiste, réductionniste et déterministe de la science positiviste. Elles permettent certes des prédictions dans le cadre restreint des systèmes fermés et conduisent à des applications technologiques. Mais elles interdisent la compréhension de l'évolution des systèmes naturels ouverts, tels que les systèmes vivants, qui est irréversibles,
L'expérience du réel est globale; elle perçoit l'espace comme un ensemble composé de parties, le temps comme une évolution irréversible comprise entre un passé fini et un futur indéfini. Quant à la matière, sa perception est multiforme et n'est pas réductible à la masse qui est une mesure de l'inertie, de la résistance à une force.
La perception du réel est holistique et systémique. Elle évolue nécessairement dans un cadre matière-espace-temps formé de trois dualités antagonistes. Elles sont désignées par les termes continuité / discontinuité pour l'espace, détermination / indétermination pour le temps et inertie / dynamisme pour la matière. Ces six concepts ont un caractère symbolique, prérationnel, dont le sens oriente toute imagination et connaissance. Ils ont été appelés thèmes épistémologiques en référence aux themata de Gerald Holton.
Structure-énergie-information, conditions de l'auto-organisation.
Prigogine a prouvé que les systèmes dissipatifs ou chaotiques peuvent se comporter comme des ensembles; ils sont le siège d'une corrélation globale. Il a démontré par l'expérimentation, les mathématiques et la simulation informatique que l'évolution des systèmes naturels est imprédictible à plus ou moins long terme. Il en a attribué la raison aux équations non intégrables de Poincaré, dont la cause physique se situe dans les résonances entre oscillateurs multiples. Il a ainsi attiré l'attention sur le fait que les structures se forment par interférences d'ondes. Ce constat, issu de la thermodynamique, justifie la nouvelle mécanique ondulatoire selon laquelle la matière est faite d'ondes.
La thermodynamique des "structures dissipatives" de Prigogine a conduit à la notion d'auto-organisation, à la création de formes nouvelles, qui va en sens inverse de la dégradation en chaleur appelée entropie. Elle dépend de trois conditions:1) une structure complexe, comportant des "degrés de liberté", 2) un flux d'énergie rendant le système instable et 3) la corrélation à longue portée orientée par les influences de l'environnement qui ont le rôle d'informations.
Les trois conditions de l'auto-organisation ont trait aux concepts structure, énergie et information. Le sens de ces termes omniprésents dans notre monde moderne paraît évident, mais reste par essence intuitif, complexe, mal définissable. La masse de la physique est très loin d'exprimer ce que nous entendons intuitivement par la matière et ses nombreuses formes. L'énergie aussi a des formes diverses qui ne peuvent pas être réduites à l'unité de mesure. Quant à l'information, elle défie toute définition.
Dans le contexte thermodynamique des structures dissipatives, ces concepts prennent un sens fonctionnel plus précis. Le concept de matière est remplacé par celui de structure complexe. L'énergie cohérente (vectorielle) d'un flux ou d'un champ de forces est distinguée de l'énergie brute (scalaire), incohérente de la chaleur ou entropie. De plus, les influences dites "aléatoires" de l'environnement qui orientent l'évolution deviennent des informations.
Pour conférer à ces concepts un sens universel et dynamique, les trois principes de l'auto-organisation ont été interprétés et traduits par les causalités classiques: la cause matérielle, la cause efficiente et la cause formelle.
Les causes de l'auto-organisation sont en effet à l'origine de toute structure, qu'elle soit physique, biologique ou cognitive et sociale. En ce sens, ce sont des principes ontologiques (relatifs à l'existence) et systémiques (relatifs à l'organisation). Ils conditionnent aussi le fonctionnement du cerveau. A ce point de vue, il s'agit de principes épistémologiques (relatifs à la logique), et herméneutiques (relatifs à l'interprétation et au sens des concepts).
L'étude de la communication et des relations sociales (chapitre 10) confirme que les trois principes forment la structure de la connaissance. Ils sont l'interface entre la réalité et la connaissance. La meilleur preuve en est qu'ils constituent la structure grammaticale du langages sous forme de substantifs, verbe et qualificatifs. Ils imprègnent l'organisation de base de toute société et de l'Etat. Des trilogies ou trinités cosmologiques, métaphysiques ou mystiques peuvent être trouvées dans toute tradition.
Le modèle d'intégration
Une étude comparative des principes d'auto-organisation avec les thèmes épistémologiques a abouti au modèle d'intégration fonctionnelle (MIF) . Trois couples spécifiques parmi les six thèmes épistémologiques contribuent par synergie au sens des trois causes ou conditions de l'auto-organisation selon le schéma suivant.
L'organisation du système est représentée par la complémentarité de trois synergies et de trois antagonismes. Les synergies orientent vers l'unité du système, les antagonismes vers la diversité possible de ses propriétés.
Le modèle de différenciation
Cependant le modèle MIF est incomplet; il ne présente qu'une face de la réalité, celle de l'unité de l'organisation. La nature n'est pas seulement créatrice mais aussi destructrice. L'univers et la vie sont une dynamique en équilibre entre organisation créative et désorganisation destructive. La différenciation scientifique des phénomènes ne peut pas se satisfaire de principes ontologiques. Elle doit avoir recours à un modèle fondé sur les paramètres mesurables.
Les antagonismes de thèmes qui expriment le sens de la matière, de l'espace et du temps sont inséparables. Leur unité est représentée par trois axes orthogonaux, par un octaèdre inscrit dans une sphère: le spectre d'expression systémique (SES) . Sous cette forme, les axes expriment une échelle logarithmique de qualités entre deux sens extrêmes opposés exprimés par les thèmes épistémologiques. Ceux-ci sont des repères référentiels dans un spectre sphérique continu de qualités.
Rapportés à l'échelle réelle des dimensions d'espace, de temps et de mouvement, les axes conduisent à une relativité généralisée des dimensions quantitatives du système en mouvement, où le concept de matière est remplacé par celui de quantité de mouvement. Il ne s'agit pas d'une relativité des coordonnées d'espace-temps comme dans la relativité restreinte mais d'une relativité des longueurs d'onde et fréquences du système en mouvement qui se transforment en fonction de sa vitesse.
On remarquera que les trois principes de la connaissance n'occupent que trois des douze possibilités d'association de thèmes. Leur importance ontologique tient au fait que c'est de leurs propriétés que résulte organisation de tout système. Les autres associations de thèmes, par deux formant les côtés de l'octaèdre ou par trois formant des faces triangulaires, ont toutes leur signification fonctionnelle pouvant conduire à des aspects théoriques spécifiques.
Toutes ces relations peuvent conduire à des études spécifiques pour intégrer des faits connus et découvrir des faits nouveaux, en utilisant le langage symbolique de l'imagination et des thèmes épistémologiques et en suivant la logique systémique transdisciplinaire de l'analogie et de la complémentarité des contraires.
Les postulats de la mécanique ondulatoire.
Les conclusions des chapitres précédents indiquent que les trois causalités de l'auto-organisation apparaissent en physique aussi bien au niveau élémentaire quantique qu'au niveau macroscopique et cosmique. Les modèles physiques élémentaires sont les plus proches des principes premiers et comme la théorie des systèmes est fondée sur les relations dynamiques, ce sont les postulats de la mécanique ondulatoire qui répondent le mieux à l'approche systémique.
Toutes les théories physiques alternatives citées rétablissent la priorité des explications géométriques et mécaniques sur leur formulation et manipulation mathématique. Les auteurs refusent la courbure ou dilatation de l'espace-temps de la relativité d'Einstein et les spéculations mathématiques qui en ont été tirées
Les nouvelles théories de mécanique ondulatoire convergent sur trois "superaxiomes" qui sont les analogues, au niveau élémentaire quantique, des trois causalités métaphysiques. Ils ont été formulés explicitement comme postulats par Yuri Ivanov:
• L'existence physique de l'espace "vide" comme référentiel universel absolu et comme milieu de propagation d'ondes. (cause matérielle)
• La propagation d'ondes dans l'espace dont les transformations sont à l'origine des notions de force ou inertie. (cause efficiente)
• L'interaction d'ondes, dont la forme élémentaire est l'onde stationnaire, comme principe de formation de toute structure. (cause formelle)
L'espace est principe d'existence ou cause matérielle.
L'espace n'est pas matière mais cause de la matière, car toute structure est un ordre d'éléments dans l'espace. Il ne doit pas être confondu avec l'éther classique qui était considéré comme un fluide en mouvement. Pourtant l'espace est une réalité physique. Comme milieu d'onde, il est caractérisé par la limite maximale c de la vitesse de la lumière et par la limite minimale h du quantum de Planck. Celui-ci a la dimension d'un moment cinétique, celle d'une oscillation ou onde, ce qui implique l'existence d'une longueur d'onde minimale. Donc, les constante c et h posent des limites aux dimensions d'espace, de temps et de mouvement: celles de la monade d'espace.
Le mouvement d'onde est principe de transformation ou cause efficiente.
L'onde électromagnétique n'a pas de masse et n'exige pas un milieu matériel défini par une masse ou une densité. Les ondes ou champs électromagnétiques fonctionnent très bien dans une enceinte vide, fait remarquer Neagu.
On peut imaginer les ondes électromagnétiques mécaniquement par des déformation périodiques isovolumiques de portions d'espace. L'espace absolu ne peut ni se dilater ni se contracter, mais il peut vibrer, se déformer localement et périodiquement. Une élongation ou contraction de la portion dans une direction entraine sa contraction ou expansion transversale simultanée pour conserver le volume constant. Cela correspond au comportement coordonné des vecteurs électrique et magnétique et aux mouvements cycliques des tores orthogonaux du modèle de particule élémentaire de fluen de Neagu. La portion minimale déformable correspond au quantum de Planck. Il n'est pas nécessaire d'imaginer l'espace divisé en portions ou monades définies. Les portions d'espace se font et se défont en volumes variables au gré des longueurs et amplitudes d'ondes. C'est pourquoi Neagu représente l'onde par des oscillations vectorielles et l'espace par un champ vectoriel.
La particuler élémentaire hypothétique de Wolff, Ivanov ou Neagu n'est pas matérielle mais spatiale. Ivanov démontre que la propriété de masse n'apparaît qu'avec les systèmes d'oscillateurs et d'ondes stationnaires. En mécanique ondulatoire, la quantité de mouvement p = h/λ = f. h/c remplace les notions équivalentes de masse/énergie.
L'interaction d'ondes est principe de création ou cause formelle.
L'espace et l'onde n'expliquent rien sans interaction d'ondes sous forme d'ondes stationnaires. Les particules sont des ondes stationnaires sphériques, elles sont unies en réseaux par des ondes stationnaires cylindriques. Les interférences en réseau forment ainsi les différentes phases de la matière, de l'état de plasma, de gaz et de liquide jusqu'à l'état solide du cristal solide.
Mais il existe une réalité immatérielle non mesurable, insaisissable, inconsciente, faite d'interférences d'ondes complexes mouvantes, instables. Ce sont des événements plutôt que des êtres. Ces interférences sont appelées hasard du point de vue scientifique réductionniste, mais elles constituent l'information selon le point de vue systémique de l'auto-organisation. La nature est un système complexe de champs d'interférences imbriqués ou "impliés", comme le concevait David Bohm qui l'appelait holomouvement.
La conscience n'est sans doute qu'une suite d'événements impermanents dans le vaste flux d'interférences de l'environnement que Sheldrake appelle champ morphique et dont fait partie l'inconscient collectif de Jung.
Postulats, hypothèses et Incomplétude.
L'approche systémique, comme toute théorie rationnelle, est incomplète. Aucune théorie ne peut rendre compte des potentialités indéterminées qui accompagnent toute interférence. La raison peut seulement éclairer des aspects partiels, contradictoires, comme l'intégration ou la différentiation.
Nicolas de Cusa a enseigné dans "De docte ignorantia" et dans « De coniecturis » que la Vérité absolue, sera toujours au-delà de l'intelligence humaine. Par conséquent toute affirmation humaine, toute théorie, n’est qu’une "conjecture" : une supposition, un modèle ou une hypothèse. Il constate aussi que les suppositions d’individus différents au sujet d’un même concept, diffèrent par degrés plus ou moins importants; de sorte qu’aucun individu ne saisira exactement l’opinion d’un autre.
Toutes les théories physiques, cosmologiques ou philosophiques ont leur justification, mais une théorie ne peut être qu'une hypothèse incomplète, car les postulats ou axiomes de chaque science relèvent d'un choix particulier. Cela se vérifie même en mathématique, comme l'a démontré *Gödel par son théorème d'incomplétude.
Aussi, le modèle d'auto-organisation n'a pas la prétention de révéler une vérité ultime. Il permet seulement de rapprocher les points de vue différents par analogie sur la base de principes premiers communs à la réalité et à la connaissance. Le modèle systémique n'est rien de plus qu'un nouveau langage, un langage transdisciplinaire qui permet la corrélation de points de vue différents, sur la base de l'analogie et de la logique de complémentarité des contraires.
Il faut rappeler à ce sujet une fois de plus que la logique d'Aristote avec son principe de contradiction exclue est valable seulement pour l'observation et la mesure ponctuelles du phénomène. Elle ne s'applique pas à l'interprétation, c'est-à-dire aux relations et fonctionnements des systèmes où la complémentarité en alternance des contraires est la règle.
Conclusion
L'Un ultime, la Vérité absolue, est inatteignable. L'intellect commence avec le Deux, avec la différenciation, entre l'observateur et l'observable La différenciation s'étend ensuite aux états ou qualités contraires de toute pensée. Le mot sens indique une orientation entre deux propriétés opposées. Le sens commence avec le Trois, avec les thèmes antagonistes qui à la fois unissent et différencient les trois principes premiers de la connaissance.
Dans la tradition pythagoricienne et néoplatonicienne, Nicolas de Cusa représente l'univers comme une "coïncidence des opposés", comme l'union de l'Un (Dieu) et de l'Autre (le monde). Dans le même esprit, Lao Tsé a écrit dans le premier verset du Tao Te King:
Le sens qui peut être exprimé en parole n'est pas le Sens éternel (Tao) ;
Le nom qui peut être nommé n'est pas le Nom éternel.
Le non-être est l'origine du ciel et de la terre ; l'être est la mère des êtres individuels.
C'est pourquoi l'orientation vers le non-être conduit à la vision de l'essence, l'orientation vers l'être à la vision de la limitation.
Les deux sont un par leur origine et seulement différents par le nom; par son unité cela se nomme le secret.
Le secret encore plus profond du secret est la porte de laquelle émergent toutes les merveilles.
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