Le symbole du triskèle et la trilogie

Si le 9 était le chiffre sacré par excellence pour les Celtes et les Scandinaves, le 3 ne l’était pas moins. Le triskèle représente trois jambes ou un groupe de trois vortex. Il était un symbole solaire et lunaire de lumière et de vie.

Par les différents rites du feu, les Anciens vénéraient la puissance du soleil, énergie vitale qui correspondait au cycle humain mort - vie - renaissance ou, jeunesse - maturité - viellesse, mais aussi au cycle annuel de la végétation. Les fêtes de solstice étaient un moment de stabilité (trois jours environ) de la lumière et de l’ombre, car ni les jours ni les nuits n’augmentaient ni ne diminuaient.



Dolmen devant une tombe à Newgrange (près de Drogheda, comté de Meath, 3200 av. notre ère), groupe de tumili, et intérieur de la tombe.

Les fêtes lunaires avaient lieu entre les fêtes solaires et étaient liées à la manifestation des phases lunaires. Ces différentes phases indiquent la manière dont les énergies de lumière travaillent et ceci était particulièrement important pour les agriculteurs. Au moment de la Lune Noire, les énergies de lumière sont au repos. A la Lune Montante elles circulent rapidement et viennent vers nous. A la Pleine Lune les influences arrivent à leur sommet et la Nature atteint un crescendo d’activité. A la Lune Descendante les énergies s’éloignent de nous. Et le pouvoir gravitationnel de la lune, combiné à son mouvement de rotation affecte la circulation de la sève dans les arbres et les plantes, les fluides corporels dans l’être humain (rythme du sang, gestation) et sa connaissance était d’une grande utilité pour l’éleveur.

Mais le triskèle représente aussi les trois mondes : le monde supérieur, celui des esprits ; le monde médian, notre monde physique qui est aussi celui de la conscience ordinaire ; le monde inférieur, celui de l'inconscient et du subconscient. Il symbolise également la trilogie terre, feu et eau, trois éléments qui prédominent dans notre organisme : la terre dans le corps physique, l'eau dans le corps énergétique, et le feu de l'esprit et de l'âme. Mais aussi les nombreux aspects de la vie : le passé, le présent, le futur ; la fille, la mère, la grand’mère ; le père, la mère, l’enfant ; la terre, la mer et le ciel, etc.



Les triades fille, mère, grand'mère ; père, mère, fils.

En Irlande, on tressait des joncs en forme de triskèle que l’on suspendait dans les maisons et les étables pour honorer Brigit, incarnation de la puissante énergie bienfaisante de la Terre-Mère. Les trois jambes du triskèle symbolisent ici les trois aspects de la Terre-Mère.



Toujours en Irlande, il existe une combinaison à quatre jambes, en raison des quatre directions cardinales, des quatre règnes (minéral, végétal, animal et humain), etc. Cette figure est souvent appelée à tort "croix" et n’a surtout rien à voir avec celle du christianisme, instrument de torture romain.



Des statues de dieux et de déesses tricéphales ainsi que des bas-reliefs de l’époque celto-romaine nous sont parvenus.




Maintes civilisations du monde ont représenté des dieux et des déesses trifrons à diverses époques.

Dans la cosmologie Inca, il y a le monde des Dieux, HANANPACHA, qui représente le futur, c'est le condor; le monde des Hommes, KAYPACHA (le présent), c'est le puma; et le monde des Morts, URINPANCHA (le passé), c'est le serpent.

La trilogie des principes est universelle, leur représentation est culturelle.

Le triskèle breton en spirales et les formes analogues du néolithique signifient de toute évidence les mouvements cycliques et évolutifs de la nature selon trois principes que l’on cherche à interpréter par les quatre éléments traditionnels. Mais l’attribution des éléments est controversée. en ce qui concerne le choix entre l’eau et l’air. L’analogie de la trilogie inca et de l’arbre de vie parle plutôt dans le sens terre-feu-air.

Mais le mot triskèle vient du grec  « triskélès » qui signifie  « trois jambes ». La forme à trois jambes semble être plutôt méditerranéenne. La représentation anthropomorphe du mouvement est typique de la mythologie humaniste grecque. Elle est connue surtout en Sicile et fut sans doute importée sur l’île de Man par des croisés bretons.

Un article italien dit que la découverte près d’Agrigente de ce triskèle  appelé « Triquetra », symbole héraldique de la Sicile, fait accréditer l’hypothèses d’une origine Minoenne. Ce Triskèle de terre cuite, conservé au Musée archéologique d'Agrigente, serait de cette époque. La fréquentation de la Sicile par les crétois est reconnue et semble confirmer les récits rapportés par Homère.