La résistance du conducteur, et autres paradoxes
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La résistance du conducteur, et autres paradoxes
On peut déplorer le fait qu'un conducteur de courant offre une résistance à son passage, et pourtant... pour supprimer toute résistance, il faudrait supprimer le support qui rend ce passage possible. Aussi l'homme se lamente-t-il de sa condition dans le monde, alors même que ses lamentations sont l'expression d'une existence, et que toute existence est frappée du sceau de l'incomplétude et de la limite. Cette lamentation est comme la complainte vers un infini que l'on imagine ou devine, depuis notre existence et condition finie.
Paradoxe de la connaissance : pour accéder au Réel il faut le nommer, mais ce faisant j'annihile en esprit tout ce qu'il est ou peut être en dehors du nom que je lui ai choisi. Le Sage sait que Dieu est le nom de convention que l'homme a choisi de donner à ce qui ne peut être nommé.
De ces constats, faut-il se lamenter ? La sagesse serait peut-être d'accepter cette impossibilité, pour toute créature finie, d'accéder au modèle idéal dont il est l'image, à moins que cet idéal ne soit qu'une illusion de sa propre imagination.
Que les Idées existent ou n'existent pas, le Sage accepte de suspendre son jugement sur la question, à tout le moins de renoncer au projet de réintégrer de façon pleine et entière cette réalité métaphysique, ce Dieu, cette ineffable Unité, par essence inaccessible dans sa plénitude, son dépassement des catégories de l'entendement et des contraires. A la question de savoir si Dieu existe, Bouddha ne répondra pas. "Celui qui sait ne parle pas et celui qui parle ne sait pas", dira aussi Lao Tsé.
Si les Idées existent, alors la sagesse pourrait être de se donner les moyens de s'en rapprocher, comme on peut faire diminuer la résistance du conducteur sans jamais totalement l'annuler. Cette démarche demeure une heureuse nouvelle, sans qu'il n'y ait à se lamenter de ne pouvoir accomplir ce cheminement jusqu'à l'Unité, comme il serait absurde de souhaiter un projet impossible, et de mettre ses ressources en mouvement selon ce but.
Si les Idées n'existent pas, et que l'infini relève de l'illusion, il n'y a pas lieu de s'en peiner non plus. L'Univers et la création restent heureuses, comme une célébration dionysiaque et permanente pour ce courant vital qui nous traverse, nous fait vibrer et nous anime, sans qu'il soit nécessaire de vouloir percer le mystère d'un existentialisme qui se suffit.
Et si l'Univers n'était ni fini, ni infini ou, pour paraphraser le Cusain, à la fois fini et infini ? Ou encore, que le fini et l'infini ne soient que deux catégories de notre entendement pour essayer d'appréhender un Monde quant à lui indéfini ? Plutôt que de comprendre Dieu ou les Idées comme des objets métaphysique immuables, faudrait-il les concevoir comme un Etre un devenir, inconnaissable dans son origine comme dans sa finalité ou sa destination, et qu'en plus de leur existence, il faille accepter que la seule chose qui ne change pas soit le fait que tout change ?
Reste, bien sûr, la question lancinante du mal, cette réalité du monde qui nous pousse à la tristesse, au besoin de justifier ou de comprendre, à la révolte ou à la collaboration. On pourra se consoler en pensant qu'un monde sans le mal serait peut-être pire ou paradoxalement moins souhaitable qu'en sa présence, ou qu'il existe une nécessité toute autre à sa présence, et que celle-ci nous échappe. L'accepter comme tel serait alors la meilleure façon de ne pas ajouter de la tragédie à l'incompressible tragédie qui accompagne de façon indissociable la joie du monde, et à œuvrer pour prolonger la vie.
Paradoxe de la connaissance : pour accéder au Réel il faut le nommer, mais ce faisant j'annihile en esprit tout ce qu'il est ou peut être en dehors du nom que je lui ai choisi. Le Sage sait que Dieu est le nom de convention que l'homme a choisi de donner à ce qui ne peut être nommé.
De ces constats, faut-il se lamenter ? La sagesse serait peut-être d'accepter cette impossibilité, pour toute créature finie, d'accéder au modèle idéal dont il est l'image, à moins que cet idéal ne soit qu'une illusion de sa propre imagination.
Que les Idées existent ou n'existent pas, le Sage accepte de suspendre son jugement sur la question, à tout le moins de renoncer au projet de réintégrer de façon pleine et entière cette réalité métaphysique, ce Dieu, cette ineffable Unité, par essence inaccessible dans sa plénitude, son dépassement des catégories de l'entendement et des contraires. A la question de savoir si Dieu existe, Bouddha ne répondra pas. "Celui qui sait ne parle pas et celui qui parle ne sait pas", dira aussi Lao Tsé.
Si les Idées existent, alors la sagesse pourrait être de se donner les moyens de s'en rapprocher, comme on peut faire diminuer la résistance du conducteur sans jamais totalement l'annuler. Cette démarche demeure une heureuse nouvelle, sans qu'il n'y ait à se lamenter de ne pouvoir accomplir ce cheminement jusqu'à l'Unité, comme il serait absurde de souhaiter un projet impossible, et de mettre ses ressources en mouvement selon ce but.
Si les Idées n'existent pas, et que l'infini relève de l'illusion, il n'y a pas lieu de s'en peiner non plus. L'Univers et la création restent heureuses, comme une célébration dionysiaque et permanente pour ce courant vital qui nous traverse, nous fait vibrer et nous anime, sans qu'il soit nécessaire de vouloir percer le mystère d'un existentialisme qui se suffit.
Et si l'Univers n'était ni fini, ni infini ou, pour paraphraser le Cusain, à la fois fini et infini ? Ou encore, que le fini et l'infini ne soient que deux catégories de notre entendement pour essayer d'appréhender un Monde quant à lui indéfini ? Plutôt que de comprendre Dieu ou les Idées comme des objets métaphysique immuables, faudrait-il les concevoir comme un Etre un devenir, inconnaissable dans son origine comme dans sa finalité ou sa destination, et qu'en plus de leur existence, il faille accepter que la seule chose qui ne change pas soit le fait que tout change ?
Reste, bien sûr, la question lancinante du mal, cette réalité du monde qui nous pousse à la tristesse, au besoin de justifier ou de comprendre, à la révolte ou à la collaboration. On pourra se consoler en pensant qu'un monde sans le mal serait peut-être pire ou paradoxalement moins souhaitable qu'en sa présence, ou qu'il existe une nécessité toute autre à sa présence, et que celle-ci nous échappe. L'accepter comme tel serait alors la meilleure façon de ne pas ajouter de la tragédie à l'incompressible tragédie qui accompagne de façon indissociable la joie du monde, et à œuvrer pour prolonger la vie.
SFuchs- Messages : 135
Date d'inscription : 29/05/2015
Re: La résistance du conducteur, et autres paradoxes
Le courant surgit d’une tenson entre deux pôles éloignés. Que se passe-t-il si les pôles se rapprochent et se confondent ? La tension et la résistance disparaissent. Il y a équilibre par "coïncidence des opposés".
Mais ce n’est pas rien.
Tout fonctionne par des gradients entre deux états opposés et notre pensée fonctionne ainsi aussi, par un choix entre possibilités contraires. Nous ne pensons et ne parlons que par distinctions, par oppositions.
Lupasco a formulé une logique d’antagonisme entre état A actuel et état P potentiel. Elle comprend un état T, tiers inclus, origine possible des contraires A et B. Le tiers inclus (ou moyenne géométrique) contient les contraires en tant que possibles.
La Tradition représente le paradoxe de la coïncidence des contraires par des symboles, tel celui de l’ouroboros, le serpent qui avale sa queue :
Imagine que le diamètre du cercle diminue jusqu’à un minimum absolu (la monade de Giordano Bruno). Il se réduit au point central qui réunit tous les contraires. C’est sur ce centre idéal du yantra que se concentre l’attention du méditant dans le yoga.
Qu’est-ce qui est réel, qu'est-ce qui est illusion ? - Les qualités opposées ou leur union dans le centre. ?
Mais ce n’est pas rien.
Tout fonctionne par des gradients entre deux états opposés et notre pensée fonctionne ainsi aussi, par un choix entre possibilités contraires. Nous ne pensons et ne parlons que par distinctions, par oppositions.
Lupasco a formulé une logique d’antagonisme entre état A actuel et état P potentiel. Elle comprend un état T, tiers inclus, origine possible des contraires A et B. Le tiers inclus (ou moyenne géométrique) contient les contraires en tant que possibles.
La Tradition représente le paradoxe de la coïncidence des contraires par des symboles, tel celui de l’ouroboros, le serpent qui avale sa queue :
Imagine que le diamètre du cercle diminue jusqu’à un minimum absolu (la monade de Giordano Bruno). Il se réduit au point central qui réunit tous les contraires. C’est sur ce centre idéal du yantra que se concentre l’attention du méditant dans le yoga.
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