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La monade: Giordano Bruno

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Message  patanjali Mer 14 Déc 2016 - 19:00

J’ai découvert Giordano Bruno grâce à Jean-Claude Villame qui m’a recommandé de lire et traduire le livre De triplici minimo et mensura. J’y ai retrouvé les principes de mon modèle systémique vers 2008, bien après sa publication dans le livre Les  trois visages de la vie.
Jean-Claude Villame a écrit une remarquable biographie de Giordano Bruno. J’ai résumé ma perception de Bruno à travers mes lectures sur mon site (Métaphysique de Giordano Bruno)

Giordano Bruno a décrit la monade par son triple aspect intelligible (principes ou causes) et par le triple aspect mesurable (matière espace et temps).
Le minimum est la substance autant des nombres que des grandeurs ainsi que des éléments de toutes choses quelles qu'elles soient.
Le minimum est la substance des choses, dans la mesure évidemment où il désigne plus qu'une quantité, il est en effet  le principe quantitatif des dimensions corporelles. Il est, dis-je, élément matériel, efficient, final et total, point dans la ligne et le plan, atome à titre individuel pour les corps qui sont des parties premières, atome à titre partiel pour ceux qui sont des touts dans le tout ainsi que pour les entiers. De même en parole ou en esprit et dans n'importe quel mode, la monade est rationnellement dans le nombre et essentiellement dans toute chose. C'est pourquoi le maximum n'est rien d'autre que le minimum. Enlevez partout le minimum et il n'y aura rien nulle part. Otez partout la monade et il n'y aura de nombre nulle part, rien ne sera dénombrable, il n'y aura plus de numérateur. A partir de là,  l'optimal, le maximal, la substance des substances, l'entité dont les êtres tiennent leur existence, est reconnue sous le nom de monade.
(De triplici minimo et mensura, Livre I. chap .2)
J’ai souligné sa mention des causes d’Aristote qui reviennent par la suite comme une triple unité ,  :
Une matière, une forme, un efficient. Dans toute série, échelle, analogie, la multitude procède à partir d'un, consiste en un et se réfère à un. (LivreII, chap. 1)
Quant à l’affirmation « le maximum n’est rien d’autre que le minimum », (qui rappelle la table d’émeraude : ce qui est en haut est comme ce qui est en bas) elle signifie que la monade est la substance ou cause  de l’unité commune à tous les êtres des trois niveaux de la connaissance (sensible, intelligible intuitive), niveaux qu’il évoque dans des termes analogues à l’allégorie de la caverne de Platon ou des trois yeux de Bonaventure.
Le sens est un œil dans la prison des ténèbres, apercevant la surface et les couleurs des choses voilées par des grilles et des trous. La raison voit la lumière venant du soleil comme reflétée par une fenêtre, vers le soleil, de la même manière qu'elle est réfléchie par le corps de la lune. L'oeil de l'esprit voit ouvertement  partout comme sur un observatoire haut placé, au-dessus de toute particularité, perturbation et confusion de l'univers due à la distinction des phénomènes, il contemple le soleil brillant lui-même.
(Livre I, chap.2)
Dans l’esprit de Plotin et de Nicolas de Cues, Bruno affirme que la monade (monas = unité), désigne l’unité et existence de tout  être : l’Unité  divine immuable, l’unité des principes intelligibles permanents et l’unité ou identité des êtres individuels impermanents. (C’est pourquoi il a été condamné pour panthéisme)
Dieu est la monade des monades, n'est-il pas l'être des êtres; c'est pourquoi, même communément pour les philosophes, l'être et l'un ne sont pas différents. De même par conséquent, c'est par la monade que toutes choses sont unes, elles sont telles qu'elles sont par la grâce de la monade; quand quelque chose n'est pas un, il n'y a rien du tout.

En abordant la mesure et la géométrie, il critique le calcul infinitésimal, exigeant que toute mesure de temps, d’espace et de corps soit fondée sur un minimum.
A ceux qui admettent que le continu est divisible à l'infini 
… La principale et fondamentale erreur en tout, autant en physique qu'en mathématique, est la résolution du continu à l'infini …
le point de toute durée est à la fois un début sans fin et une fin sans début. Toute durée est par conséquent l'instant présent infini à la fois commencement et fin …
Semblable à sa manière est la réflexion à propos de tout point de l'espace et de la grandeur de la masse universelle, ...
C'est pourquoi l'immense n'est rien que le centre partout; l'éternité n'est rien que l'instant présent, qui est le un et le permanent des choses éternelles, l'un et l'autre étant impliqué dans une succession et quelque réciprocité des immuables; immense est le corps atome, immense est le plan point. Immense est l'espace réceptacle du point et de l'atome. (Livre I, chap.6)

Dans le livre Adversus mathematicos, Bruno énumère trois articuli (postulats)  qui le distinguent des mathématiciens ordinaires :

Le premier rappelle que le mot géométrie signifie littéralement mesure de la Terre aussi bien dans le sens quantitatif du nombre que dans celui qualitatif de la forme, et il remarque que la géométrie spéculative commune qui ignore l'essence terrestre (physique) ne mérite pas son nom.

Dans le deuxième il rappelle que le mot mesure (mensura) est dérivé du mot  mens (mental) qui implique l’idée, "première évidence et première forme de même origine que le mental, l’archétype fécond de l’univers et des espèces particulières." (dans le sens de Platon et de Descartes). La mesure comprend l’ordre naturel, l’essence, l’efficience (dynamique), le mensurateur, "c’est pourquoi Protagoras appela non sans raison l’homme la mesure des choses", la raison, la convention, l’action (de mesurer), les parties (doigt, coude, pied etc),  la normale (équerre ou triangle) et le cercle, enfin le minimum "élément de chaque chose comme unité, point, atome".

Le troisième article dit que la mesure concerne aussi le mouvement ou la transformation dans la substance et l'essence. Elle implique la l’efficience potentielle ou actuelle ainsi que le nombre et la multitude qui interviennent dans la figuration.


Giordano Bruno oppose l’observation physique à la spéculation ; il insiste sur l’idée, la raison et l’interprétation dans le sens platonicien, et il pense introduire la dynamique des formes dans la géométrie.


Dernière édition par patanjali le Dim 25 Déc 2016 - 18:51, édité 1 fois
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Message  patanjali Ven 16 Déc 2016 - 18:57

Bruno a été soit célébré soit critiqué, comme mystique ou comme panthéiste athée, comme magicien ou comme premier scientifique, comme politicien rebelle ou comme réformateur, comme génie  prémonitoire ou comme esprit rétrograde.
Bruno n’a pas été compris. Il ne peut pas être compris à l’époque moderne.

Bruno était un homme de la Renaissance et un néoplatonicien. Il combattait les dogmes religieux catholiques et protestants. Il critiquait surtout les dogmes de l’aristotélisme introduits par Thomas d’Aquin et les enseignements de la scolastique, cette congrégation de "péripatéticiens" et d’"encapuchonnés" qu’il fustigeait en appelant à "l’expulsion de la bête triomphante".
Mais Bruno n’était pas un novateur. Il revenait aux principes universels et holistiques des néoplatoniciens et pythagoriciens. Il reprit l’idée du minimum insécable  que les grecs Leucippe et Démosthène appelaient atome mais l’adapta  aux conceptions néoplatoniciennes et pythagoriciennes selon la compréhension de l’unité  de Nicolas de Cues. Conformément à la logique de coïncidence des opposés du Cusain, le minimum doit être semblable au maximum. La conception de l’univers dont le centre est partout et la limite nulle part, les trois niveaux de la connaissance et la logique unificatrice de l’exemplarité ou analogie, il les tenait aussi de Nicolas de Cues dont il reprenait également  des figures et démonstrations géométriques.

Les idées de Giordano Bruno ne sont ni nouvelles ni anciennes, elles sont universelles.

La monade peut paraître prémonitoire en regard du quantum de Planck. Sa conception holistique comme minimum et maximum peut paraître prémonitoire en regard de la théorie fractale et de l’intrication quantique. Pourtant sa pensée est fondée sur les principes d’une Tradition intemporelle et universelle.
L’aristotélisme et sa logique ont réduit la réalité à ce qui est observable par les sens. La science l’a réduite au mesurable. L’éducation et la pensée moderne ignorent la complémentarité ou coïncidence des opposés et les  niveaux de la réalité. Les sciences refusent sur la base de la logiques de contradiction exclue les analogies ou homologies qui  unissent les niveaux de la connaissance. La pensée moderne réfute les principes métaphysiques permanents de Platon et leurs analogies qui traversent et unissent les niveaux.

Descartes, presque contemporain de Giordano Bruno, était aussi un savant néoplatonicien de la Renaissance, influencé par Nicolas de Cues. Il exprima la triplicité de l’univers par la réalité mesurable (res extensa) la réalité pensée (res cogitans) et le principe divin indissociable d’unité et de l’existence (cogito ergo sum).
Mais les successeurs de Descartes, qui se nommèrent cartésiens, déformèrent sa pensée dans le sens  dualiste de la logique aristotélicienne de contradiction exclue. Désormais les connaissances furent divisées en science naturelles ou physiques et en sciences sociales ou humaines. La physique classique positiviste ne reconnut que la réalité objective mesurable. Les philosophes idéalistes par contre ne reconnurent que la réalité subjective, tout en l’étudiant par la méthode analytique.

Ainsi la monade de Leibniz se réduit à l’élément matériel simple. La monade de Husserl par contre désigne des relations intersubjectives.

Bruno était-il visionnaire et progressiste ? - N’est-ce pas plutôt la civilisation occidentale qui est devenue régressive et dégénérée, plombée par la pensée sectaire et dualiste d’Aristote et aggravée par le réductionnisme positiviste de la méthode scientifique ?
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