Les origines de l'alchimie et de l'hermétisme selon René Alleau
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Les origines de l'alchimie et de l'hermétisme selon René Alleau
Dans l'introduction du livre ASPECT DE L’ALCHIMIE TRADITIONNELLE, René Alleau explique les aspects historiques de l'alchimie que je résume par des citations tirées du document word qu'on peut télécharger ICI .
René Alleau prévient d'abord que personne ne peut prétendre connaître l'ensemble de l'alchimie: près de 6000 traités recensés au 19ème siècle, le langage crypté réservé aux initiés, les falsifications et les erreurs de traduction défient toute interprétation érudite.
Avant d'aborder l'interprétation du mystère de Samothrace (qui fera l'objet d'un autre sujet du forum "Symolique"), il conclut son introduction historique ainsi:
René Alleau prévient d'abord que personne ne peut prétendre connaître l'ensemble de l'alchimie: près de 6000 traités recensés au 19ème siècle, le langage crypté réservé aux initiés, les falsifications et les erreurs de traduction défient toute interprétation érudite.
L'alchimie, comme l'hermétisme, se situe entre la science et le mysticisme. Ils appartiennent à "la science du symbole" (titre d'un autre livre d'Alleau) qui a ses propres principes et logiques. L'auteur insiste cependant qu'il ne faut pas confondre les deux. Historiquement l'alchimie a précédé l'hermétisme gréco-égyptien. Quant à leurs principes communs, ils remontent au moins au néolithique, ils sont en fait universels, hors du temps.« A cet « égard, ni les critiques « rationalistes», ni les auteurs de l'école « occultiste » contemporaine ne semblent se soucier des équivoques et des erreurs qu'entraînent, inévitablement, des interprétations « chimiques » ou « mystico-morales ».
Alleau attribue l'alchimie à l'apparition de la métallurgie qui s'est répandue vers le deuxième millénaire avant notre ère de l'Extrême-Orient, à travers l'Asie, l'Europe et le Moyen-Orient jusqu'en Afrique du Nord. Elle a conduit à une crise de civilisation, à une transformation de la vision symbolique et ésotérique de l'univers, consistant à associer aux rites initiatiques la pratique artisanale et expérimentale du forgeron dont les pouvoirs devenaient considérables.De nombreux auteurs s'obstinant encore à confondre les théories de l'alchimie avec le néo-platonisme, nous rappellerons que le fondateur de l'Ecole d'Alexandrie, Ammonius Saccas, qui vécut durant le troisième siècle de l'ère chrétienne, est séparé par un intervalle de cinq siècles environ d'un alchimiste comme Li-Chao-Kiun dont l'adresse à l'empereur Wou, des Han antérieurs, atteste clairement que la technique de la chrysopée et l'al¬chimie, en tant que savoir autonome, étaient déjà connus dès le deuxième siècle avant l'ère chrétienne.En fait, il est probable qu'en Extrême-Orient comme en Occdent, c'est à la décadence des mystères de la haute antiquité, décadence déjà sensible vers le ive siècle avant l'ère chrétienne, qu'il faille attribuer, d'une part, l'apparition du taoïsme et de l'alchimie chinoise, d'autre part, la synthèse sacerdotale gréco-égyptienne qui dût vraisemblablement se produire sous le règne des Ptolémées et dont l'un des effets fut la formation du mythe d'« Hermès Trismégiste » qui n'est pas sans rappeler, à maints égards, celui du légendaire « empereur jaune », Hoang-Ti. Sans doute, le développement ultérieur de l'hermétisme alexandrin emprunta-t-il à cette synthèse nombre de ses principes mais il n'en représente pas moins un ensemble de notions si diverses, si hétéroclites, qu'il est extrêmement difficile d'y retrouver une unité conceptuelle réelle.« Sacrifiez au fourneau (tsao), déclare Li-Chao-Kiun, selon l'historien Sse-Ma Ts'ien, et vous pourrez faire descendre des êtres transcendants. Lorsque vous aurez fait descendre, la poudre de cinabre pourra être transmuée en or jaune. Quand l'or jaune aura été produit, vous pourrez faire des ustensiles pour la boisson et pour la nourriture et, alors, votre longévité sera prolongée. Lorsque votre longévité sera pro¬longée, vous pourrez voir les bienheureux (t'chenn) de l'île P'ong-laï qui est au milieu des mers. Quand vous les aurez vus et que vous aurez accompli les sacrifices Fong et Chan, alors, vous ne mourrez pas. » (Mémoires historiques de Se-ma T'sien, t. III, p. 465. Trad. Chavannes, Paris, 1899.)
C'est pourquoi nous avons préféré tenter de revenir à des sources moins profondément corrompues. Nous nous sommes appuyés sur l'étude du cabirisme et des mystères de Samothrace
Avant d'aborder l'interprétation du mystère de Samothrace (qui fera l'objet d'un autre sujet du forum "Symolique"), il conclut son introduction historique ainsi:
Entre le scepticisme du « scientiste » et la crédulité de l'« occultiste », sans doute existe-t-il la possibilité d'observer, à l'égard des problèmes posés par les sciences traditionnelles, une attitude juste qui fut, d'ailleurs, admirablement définie par Francis Bacon: " … l'antiquité est la jeunesse du monde et, à proprement parler, c'est notre temps qui est l'antiquité, le monde ayant vieilli."
…
Ne serait-on pas en droit de supposer qu'une civilsation antérieure à l'Inde pré-dravidienne et à Sumer pût exercer son influence aussi bien dans le bassin méditerranéen et l'Egéide que dans le Proche-Orient et en Asie?
Dernière édition par patanjali le Mer 3 Oct 2012 - 7:51, édité 1 fois
Re: Les origines de l'alchimie et de l'hermétisme selon René Alleau
Samothrace est une île du nord de la mer Egée actuellement quasi déserte alors que dans l'antiquité elle devait être verdoyante, proche du détroit des Dardanelles qui conduit à la Mer Noire. Cette île était le siège du culte cabirique attribué aux Pélages.
La similitude entre la trilogie alchimique ou trismégiste et celle du Yi king, que relève Alleau peut donc être attribuée historiquement aux transformations géophysiques et sociales de l'énéolithique, au passage du néolithique à l'âge du bronze.
Elle peut aussi être due, selon notre définition de la Tradition de Michel Random, "aux propriétés du vivant et à la sagesse de la nature, qui est le fondement de toute connaissance". En effet la Table d'émeraude alchimique dit: " Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut; et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d'une seule chose" ; et le commentaire au Yi king dit "en examinant soigneusement et jusqu'au bout l'ordre du monde (extérieur) et en explorant la loi de leur propre nature intérieure jusqu'au centre le plus secret, ils (les saints sages) sont parvenus à l'intelligence de la destinée."
Alleau rattache la civilisation des Pélages et le culte cabirique à l'Asie plutôt qu'à l'Egypte.Hérodote relate que les mystères de Samothrace, nommée parfois Drépané ou l'île de la Faucille, en souvenir de l'arme qu'y forgea Hephaïstos-Vulcain pour Gérés et les Titans, avaient été institués par les Pélasges, c'est-à-dire par des populations plus anciennes que les Hellènes.
Il suppose en effet que Samothrace reliée à la terre de Macédoine, en a été séparée par un effondrement cataclysmique. Il faut rappeler que la mer Egée a été ravagée il y a 3600 ans par l'explosion du volcan de Santorin qui a mis fin à la civilisation minoenne. On sait aussi que le niveau de la mer, plus bas à l'âge glaciaire, est remonté suite à la fonte des glaces , submergeant brusquement, il y a 7500 ans, une région habitée et un lac intérieur où se trouve à présent par la Mer Noire.Toutefois, le fond du problème demeure irrésolu et il conviendrait sans doute de remonter jusqu'à l'énéolithique, c'est-à-dire au cin¬quième millénaire pour reconnaître dans ces peuples encore inconnus qui apportèrent aux agriculteurs,, l'écriture, le métal, les techniques de la construction et de la navigation, les véritables fondateurs des» mystères religieux.
La similitude entre la trilogie alchimique ou trismégiste et celle du Yi king, que relève Alleau peut donc être attribuée historiquement aux transformations géophysiques et sociales de l'énéolithique, au passage du néolithique à l'âge du bronze.
Elle peut aussi être due, selon notre définition de la Tradition de Michel Random, "aux propriétés du vivant et à la sagesse de la nature, qui est le fondement de toute connaissance". En effet la Table d'émeraude alchimique dit: " Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut; et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d'une seule chose" ; et le commentaire au Yi king dit "en examinant soigneusement et jusqu'au bout l'ordre du monde (extérieur) et en explorant la loi de leur propre nature intérieure jusqu'au centre le plus secret, ils (les saints sages) sont parvenus à l'intelligence de la destinée."
Re: Les origines de l'alchimie et de l'hermétisme selon René Alleau
Il est nécessaire de faire une distinction entre les souffleurs et les Alchimistes.
Les souffleurs étaient des alchimistes dépourvus de connaissances scientifique et ésotérique, et cherchaient uniquement à fabriquer de l’or de façon artificielle à l’aide de soufflets et de creusets en employant des substances parmi les plus surprenantes issues des trois règnes.
Les alchimistes, philosophes et connaissant la gnose, avaient des théories bien spécifiques qui ne leur permettaient aucun écart hors des limites de leurs recherches, dont le domaine d’expérimentation était les métaux.
Les alchimistes ont démontré le bien-fondé de l’Hermétisme et de l’Alchimie, les souffleurs les ont volontairement ignorés et ont ainsi posé les bases de la chimie moderne.
Les souffleurs étaient des alchimistes dépourvus de connaissances scientifique et ésotérique, et cherchaient uniquement à fabriquer de l’or de façon artificielle à l’aide de soufflets et de creusets en employant des substances parmi les plus surprenantes issues des trois règnes.
Les alchimistes, philosophes et connaissant la gnose, avaient des théories bien spécifiques qui ne leur permettaient aucun écart hors des limites de leurs recherches, dont le domaine d’expérimentation était les métaux.
Les alchimistes ont démontré le bien-fondé de l’Hermétisme et de l’Alchimie, les souffleurs les ont volontairement ignorés et ont ainsi posé les bases de la chimie moderne.
Freya- Messages : 1338
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Localisation : Vosges
L'Alchimie, science secrète
L’alchimie consiste-t-elle uniquement en l’art de transmuter les métaux dits vils, comme le plomb, le cuivre ou le fer, en métaux nobles comme l’or ? Ou bien n’est-ce que la face visible d’une connaissance ésotérique ? La chimie moderne a prouvé que la transmutation de métaux vils en métaux nobles était tout à fait possible mais non rentable, car les coûts de la transmutation seraient bien trop élevés par rapport à la valeur de l’or ainsi fabriqué.
Pour les alchimistes avertis, la chrysopée (fabrication de l’or) n’était qu’un masque destiné aux gens qui n’avaient pas à savoir. Mais à savoir quoi ? La véritable face cachée de l’alchimie, accessible aux seuls initiés et qui vise à acquérir quelque chose d’infiniment plus précieux : la Pierre Philosophale. Qu’est-ce ? Une pierre rouge, de la taille et de la couleur d’un rubis, et extrêmement difficile à obtenir.
L’alchimie telle que nous la connaissons est un mélange déconcertant de recettes chimiques et d’élévation spirituelle au symbolisme aigu qui s’applique aussi bien aux transformations des métaux qu’à la découverte passionnée de l’âme.
Les traités d’alchimie
Dès la fin du Moyen Age, les manuscrits et les traités d’alchimie s’enluminent d’images allégoriques destinées à capter l’originalité de la pensée alchimique. Ainsi, sur l’une des gravures du Viridarium chymicum ou Verger chymique, on peut voir l’alchimiste Michael Sendivogius debout dans un verger où un vieillard unijambiste arrose le pied des arbres dont les fruits sont représentés par de petits Soleils et de petites Lunes.
Ce verger où poussent des pommes d’or représente le jardin des Hespérides. Le vieillard à la jambe de bois n’est autre que Saturne, l’emblème du plomb. L’auteur fait dire au vieillard : « Cette eau est l’eau de vie qui a le pouvoir d’améliorer le fruit de cet arbre de telle sorte que par son seul parfum il puisse convertir les six autres arbres à sa propre semblance. Ce qui veut dire que l’eau qu’il verse est l’eau philosophale, ou élixir ou encore pierre philosophale, dont le pouvoir est de transmuter les métaux en or. Elle est obtenue en alliant la graine de l’or au « mercure philosophique », différent du mercure ordinaire.
Le grand œuvre
Pour décrire le grand œuvre, l’opération alchimique par excellence, l’alchimiste doit employer plusieurs symbolismes à la fois. Le symbolisme astral pour le plomb, c’est-à-dire la planète Saturne dont la lenteur est symbolisée par la jambe de bois du vieillard ; pour l’or le Soleil ; pour l’argent la Lune. La pomme d’or, symbolisme végétal, signifie que l’or comme tout autre fruit, provient d’une graine, semée, arrosée qui deviendra un arbre qui portera des fruits. L’arbre est un symbole universel de l’univers réunissant verticalement le monde souterrain, le monde terrestre et le monde céleste.
Saturne est associé à l’élément liquide et à l’humidité, raison pour laquelle sa fonction est d’arroser l’arbre d’or. Ici, le Soleil symbolise naturellement le feu et sans la terre fertile, rien ne serait possible. Dans cette gravure nous avons donc trouvé trois éléments sur quatre : la terre, l’eau et le feu.
Mais Saturne le jardinier est également une allusion à Vulcain, dieu boiteux du feu et de la métallurgie et « l’eau sèche » ou vif-argent qu’il verse symbolise Mercure. Le mercure a de nombreuses appellations : « l’eau argentée », le « toujours fugitif », « l’eau divine », le « masculin-féminin », la « graine de dragon », la « bile de dragon », la « rosée divine », « l’eau de Scythie », « l’eau de mer », « l’eau de Lune », le « lait de vache noire », ou « Zeus » simplement parce que comme le roi des dieux, il descend constamment sur terre puis remonte sur l’Olympe. L’élixir est aussi appelé « lait de vierge », « lait de chienne », « lait cuit », « eau limpide et douce », « urine d’enfant », « urine de vache », « urine de veau », « eau amère », « huile », « sel ammoniac », etc. L’alchimie pouvait donc être dangereuse.
L’œuf philosophique ou la matrice de l’or, équivalent du monde animal de la graine d’or, symbolise à la fois l’alchimie et l’univers. Les textes l’appellent « pierre de cuivre », « pierre d’Egypte » ; et les parties liquides sont la « rouille de cuivre », « l’eau de cuivre verte » ; le blanc est appelé « gomme », « suc de figuier » ; le jaune « safran de Cilicie ».
Déviation
Il est fort regrettable que certains alchimistes d’antan, au lieu de se contenter de décrire leurs opérations chimiques par un langage convenu, n’ont souvent pas su maîtriser leurs élans mystiques. Voici pour exemple un extrait d’une tirade écrite par l’alchimiste byzantin Stephanos d’Alexandrie au VIIe siècle : « O nature vraiment supérieure à la nature, tu triomphes des natures ; tu es la nature une, qui comprend le tout… O fleur charmante des philosophes praticiens ; O splendeur contemplée par les hommes vertueux… O Lune empruntant ta lumière à celle du Soleil ! … O nature une, qui demeure la même, et ne change pas ». Et le plus surprenant est d’apprendre à la fin de cet hymne qu’il est dédié à la « magnésie », le minerai de fer sulfureux…
L’or des alchimistes
Les alchimistes utilisent toujours les techniques de la métallurgie. Au fil du temps ils y ont ajouté des appareils ou des de nouvelles techniques, fruits de leurs recherches : l’alambic et des kérotakis (vases clos). Pour commencer, les alchimistes formaient une masse solide, de couleur noire, qu’ils obtenaient par l’alliage des métaux vils fondus avec du soufre voire des sulfures (d’arsenic, par exemple). Cette masse était chauffée dans un kérotakis ou vase clos, et les alchimistes pouvaient observer une succession de modifications de couleur dans l’ordre suivant : noir, blanc, jaune puis rouge. Raison pour laquelle les textes comparent souvent la matière première à un caméléon.
Cette méthode avait la réputation d’être la meilleure car elle colore les métaux dans la masse sans disparaître à la chaleur. L’orpiment ou sulfure jaune d’arsenic y a gagné son nom : auri pigmentum, ce qui veut dire « couleur d’or ». Un second procédé consistait à « doubler l’or » : « Prends du cuivre de Kalaïs, une once, de l’orpiment, une once, du plomb natif, une once, du réalgar (sulfate d’arsenic de couleur rouge), une once. Fais bouillir le tout dans de l’huile, avec du plomb, trois jours. Place-le alors dans une poêle, et calcine-le sur des charbons jusqu’à ce que le soufre soit éliminé, et tu obtiendras ce que tu cherches. Prends alors une part de ce cuivre pour trois parts d’or. Fais fondre ce mélange, en chauffant fortement, et avec l’aide de Dieu, tu le trouveras changé entièrement en or ». Ce second procédé est la traduction en termes clairs de l’opération décrite de façon énigmatique par Hermès Trismégiste : « Va auprès d’Achaab le laboureur, et apprends que celui qui sème du blé fait naître du blé » qui peut aussi se traduire par : pour faire de l’or il faut incorporer de l’or à l’alliage, tel un grain de blé semé en terre fructifie et se multiplie.
Le métal ainsi obtenu contenait environ 66% d’or et 33% d’un alliage de cuivre, de plomb et d’arsenic, et ressemblait à l’or par sa couleur et les réactions chimiques. Cependant, les alchimistes s’intéressaient davantage à la signification ésotérique de l’opération qu’à la richesse, et l’or était essentiellement recherché par eux parce qu’il était le métal le plus parfait, en raison de sa résistance aux acides chimiques.
Pour les alchimistes avertis, la chrysopée (fabrication de l’or) n’était qu’un masque destiné aux gens qui n’avaient pas à savoir. Mais à savoir quoi ? La véritable face cachée de l’alchimie, accessible aux seuls initiés et qui vise à acquérir quelque chose d’infiniment plus précieux : la Pierre Philosophale. Qu’est-ce ? Une pierre rouge, de la taille et de la couleur d’un rubis, et extrêmement difficile à obtenir.
L’alchimie telle que nous la connaissons est un mélange déconcertant de recettes chimiques et d’élévation spirituelle au symbolisme aigu qui s’applique aussi bien aux transformations des métaux qu’à la découverte passionnée de l’âme.
Les traités d’alchimie
Dès la fin du Moyen Age, les manuscrits et les traités d’alchimie s’enluminent d’images allégoriques destinées à capter l’originalité de la pensée alchimique. Ainsi, sur l’une des gravures du Viridarium chymicum ou Verger chymique, on peut voir l’alchimiste Michael Sendivogius debout dans un verger où un vieillard unijambiste arrose le pied des arbres dont les fruits sont représentés par de petits Soleils et de petites Lunes.
Ce verger où poussent des pommes d’or représente le jardin des Hespérides. Le vieillard à la jambe de bois n’est autre que Saturne, l’emblème du plomb. L’auteur fait dire au vieillard : « Cette eau est l’eau de vie qui a le pouvoir d’améliorer le fruit de cet arbre de telle sorte que par son seul parfum il puisse convertir les six autres arbres à sa propre semblance. Ce qui veut dire que l’eau qu’il verse est l’eau philosophale, ou élixir ou encore pierre philosophale, dont le pouvoir est de transmuter les métaux en or. Elle est obtenue en alliant la graine de l’or au « mercure philosophique », différent du mercure ordinaire.
Le grand œuvre
Pour décrire le grand œuvre, l’opération alchimique par excellence, l’alchimiste doit employer plusieurs symbolismes à la fois. Le symbolisme astral pour le plomb, c’est-à-dire la planète Saturne dont la lenteur est symbolisée par la jambe de bois du vieillard ; pour l’or le Soleil ; pour l’argent la Lune. La pomme d’or, symbolisme végétal, signifie que l’or comme tout autre fruit, provient d’une graine, semée, arrosée qui deviendra un arbre qui portera des fruits. L’arbre est un symbole universel de l’univers réunissant verticalement le monde souterrain, le monde terrestre et le monde céleste.
Saturne est associé à l’élément liquide et à l’humidité, raison pour laquelle sa fonction est d’arroser l’arbre d’or. Ici, le Soleil symbolise naturellement le feu et sans la terre fertile, rien ne serait possible. Dans cette gravure nous avons donc trouvé trois éléments sur quatre : la terre, l’eau et le feu.
Mais Saturne le jardinier est également une allusion à Vulcain, dieu boiteux du feu et de la métallurgie et « l’eau sèche » ou vif-argent qu’il verse symbolise Mercure. Le mercure a de nombreuses appellations : « l’eau argentée », le « toujours fugitif », « l’eau divine », le « masculin-féminin », la « graine de dragon », la « bile de dragon », la « rosée divine », « l’eau de Scythie », « l’eau de mer », « l’eau de Lune », le « lait de vache noire », ou « Zeus » simplement parce que comme le roi des dieux, il descend constamment sur terre puis remonte sur l’Olympe. L’élixir est aussi appelé « lait de vierge », « lait de chienne », « lait cuit », « eau limpide et douce », « urine d’enfant », « urine de vache », « urine de veau », « eau amère », « huile », « sel ammoniac », etc. L’alchimie pouvait donc être dangereuse.
L’œuf philosophique ou la matrice de l’or, équivalent du monde animal de la graine d’or, symbolise à la fois l’alchimie et l’univers. Les textes l’appellent « pierre de cuivre », « pierre d’Egypte » ; et les parties liquides sont la « rouille de cuivre », « l’eau de cuivre verte » ; le blanc est appelé « gomme », « suc de figuier » ; le jaune « safran de Cilicie ».
Déviation
Il est fort regrettable que certains alchimistes d’antan, au lieu de se contenter de décrire leurs opérations chimiques par un langage convenu, n’ont souvent pas su maîtriser leurs élans mystiques. Voici pour exemple un extrait d’une tirade écrite par l’alchimiste byzantin Stephanos d’Alexandrie au VIIe siècle : « O nature vraiment supérieure à la nature, tu triomphes des natures ; tu es la nature une, qui comprend le tout… O fleur charmante des philosophes praticiens ; O splendeur contemplée par les hommes vertueux… O Lune empruntant ta lumière à celle du Soleil ! … O nature une, qui demeure la même, et ne change pas ». Et le plus surprenant est d’apprendre à la fin de cet hymne qu’il est dédié à la « magnésie », le minerai de fer sulfureux…
L’or des alchimistes
Les alchimistes utilisent toujours les techniques de la métallurgie. Au fil du temps ils y ont ajouté des appareils ou des de nouvelles techniques, fruits de leurs recherches : l’alambic et des kérotakis (vases clos). Pour commencer, les alchimistes formaient une masse solide, de couleur noire, qu’ils obtenaient par l’alliage des métaux vils fondus avec du soufre voire des sulfures (d’arsenic, par exemple). Cette masse était chauffée dans un kérotakis ou vase clos, et les alchimistes pouvaient observer une succession de modifications de couleur dans l’ordre suivant : noir, blanc, jaune puis rouge. Raison pour laquelle les textes comparent souvent la matière première à un caméléon.
Cette méthode avait la réputation d’être la meilleure car elle colore les métaux dans la masse sans disparaître à la chaleur. L’orpiment ou sulfure jaune d’arsenic y a gagné son nom : auri pigmentum, ce qui veut dire « couleur d’or ». Un second procédé consistait à « doubler l’or » : « Prends du cuivre de Kalaïs, une once, de l’orpiment, une once, du plomb natif, une once, du réalgar (sulfate d’arsenic de couleur rouge), une once. Fais bouillir le tout dans de l’huile, avec du plomb, trois jours. Place-le alors dans une poêle, et calcine-le sur des charbons jusqu’à ce que le soufre soit éliminé, et tu obtiendras ce que tu cherches. Prends alors une part de ce cuivre pour trois parts d’or. Fais fondre ce mélange, en chauffant fortement, et avec l’aide de Dieu, tu le trouveras changé entièrement en or ». Ce second procédé est la traduction en termes clairs de l’opération décrite de façon énigmatique par Hermès Trismégiste : « Va auprès d’Achaab le laboureur, et apprends que celui qui sème du blé fait naître du blé » qui peut aussi se traduire par : pour faire de l’or il faut incorporer de l’or à l’alliage, tel un grain de blé semé en terre fructifie et se multiplie.
Le métal ainsi obtenu contenait environ 66% d’or et 33% d’un alliage de cuivre, de plomb et d’arsenic, et ressemblait à l’or par sa couleur et les réactions chimiques. Cependant, les alchimistes s’intéressaient davantage à la signification ésotérique de l’opération qu’à la richesse, et l’or était essentiellement recherché par eux parce qu’il était le métal le plus parfait, en raison de sa résistance aux acides chimiques.
Freya- Messages : 1338
Date d'inscription : 24/08/2012
Localisation : Vosges
Re: Les origines de l'alchimie et de l'hermétisme selon René Alleau
Comme Alleau l'a écrit, l'alchimie est issue d'une crise de civilisation due à l'apparition des techniques empiriques de métallurgie dans une civilisation néolithique fondée sur le mysticisme hermétique.
L'alchimie essayait de concilier des niveaux extrêmes, matérialistes et spiritualistes, dans un même rite. Finalement, le côté matérialiste a conduit à la chimie et le côté mystique a conduit à une alchimie spirituelle ambiguë.
En fait, il n' y avait rien de secret dans l'alchimie, seulement chaque alchimiste avait son propre langage et ses propres symboles, ce qui rendait cette science incohérente et incompréhensible. D'où sa réputation d'occultisme.
L'alchimie essayait de concilier des niveaux extrêmes, matérialistes et spiritualistes, dans un même rite. Finalement, le côté matérialiste a conduit à la chimie et le côté mystique a conduit à une alchimie spirituelle ambiguë.
En fait, il n' y avait rien de secret dans l'alchimie, seulement chaque alchimiste avait son propre langage et ses propres symboles, ce qui rendait cette science incohérente et incompréhensible. D'où sa réputation d'occultisme.
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