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La grande triade de René Guénon et la logique du tiers inclus

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02092023

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La grande triade de René Guénon et la logique du tiers inclus Empty La grande triade de René Guénon et la logique du tiers inclus





Pour assainir la science et la société il faut bannir Aristote et sa logique de la philosophie, des sciences et surtout de l’éducation et revenir à la triade cosmique de Pythagore, de Platon et des néoplatoniciens dont s’est inspirée la Trinité chrétienne.
Depuis la plus haute antiquité, les traditions ont toujours représenté l’Homme entre le Ciel et  la Terre en une triade logique dont la cohérence imprègne aujourd’hui encore la pensée des traditions orientales.

***

René Guénon a mieux compris ce qui est commun aux cultures orientales  que les académiciens modernes, historiens,  linguistes, philosophes ou théologiens, dont les analyses conformes à leur logique de non-contradiction n’y  décernent que des dualismes.
Dans "La Grande Triade", Guénon met d’abord en garde contre les confusions qui se produisent en comparant des triades sur la base de leurs termes qui peuvent appartenir à des traditions différentes ou à des niveaux différents de la réalité.  Les principes de l'organisation globale de la nature peuvent être exprimés par des symboles différents  selon les traditions particulières mais désignent les mêmes relations qui les rendent comparables.comparables.

Guénon introduit La Grande Triade par le symbole chinois de l’Homme entre Ciel et Terre (Tien-ti-jen) et tente au premier chapitre de le comparer à la Trinité chrétienne.
Au deuxième chapitre, il présente la triade sous la forme de deux triangles possibles qui ont une base commune(2-3) représentant la dualité première, celle de la connaissance, symbolisée par purusha, principe connaisseur et prakriti, principe connaissable.
Le premier triangle a son sommet dirigé vers le haut, le Ciel (1), le second triangle inversé  a son sommet dirigé vers le bas, la Terre (4)

La grande triade de René Guénon et la logique du tiers inclus Sans_t10

Puis il réunit les deux triangles par leur base commune, formant un losange dont l’axe diagonal vertical, la triade cosmique Ciel Homme Terre, forme une croix avec l’axe horizontal  représenté par la dualité indienne purusha-pakriti, principe de la connaissance qu’il considère comme la réplique indienne  de la dualité cosmique Ciel-Terre.
Il commente ainsi les rapport opposés des deux triangles:
"si l’on part de la considération des deux termes complémentaires , entre lesquels il y a nécessairement symétrie, on voit que le ternaire est complété dans le premier cas par leur principe, et dans le second, au contraire, par leur résultante," 

Contre les académicien qui accusent la métaphysique orientale de dualisme, Guénon affirme que la tradition extrême-orientale, envisage explicitement le Ciel et la Terre unis à l’état « indivisé » yin-yang du Tai-ki,"qui présuppose lui-même un autre principe, Wou-ki, le Non-Être ou le Zéro métaphysique". En effet, L’Inconcevable qui précède l’Un, est aussi désigné par les noms Tao en Chine, Ishvara en Inde et Amon en Egypte où il signifiait secret ou ferrmé, hermétique.

René Guénon a écrit:
"Maintenant, ce qu’il faut bien comprendre avant d’aller plus loin, c’est qu’il ne pourrait y avoir « dualisme », dans une doctrine quelconque, que si deux termes opposés ou complémentaires (et alors ils seraient plutôt conçus comme opposés) y étaient posés tout d’abord et regardés comme ultimes et irréductibles, sans aucune dérivation d’un principe commun, ce qui exclut évidemment la considération de tout ternaire du premier genre ; on ne pourrait donc trouver dans une telle doctrine que des ternaires du second genre, et, comme ceux-ci, ainsi que nous l’avons déjà indiqué, ne sauraient jamais se rapporter qu’au domaine de la manifestation, on voit immédiatement par là que tout « dualisme » est nécessairement en même temps un« naturalisme."

Guénon indique clairement qu’une  science naturelle qui rejette tout principe premier métaphysique et qui ne reconnaît que les sensations  et les mesures comme source de connaissance, ne voit dans les aspects opposés mais complémentaires de la nature que des incompatibilités et des dualismes.

Il poursuit :
"Mais le fait de reconnaître l’existence d’une dualité et de la situer à la place qui lui convient réellement ne constitue en aucune façon un « dualisme », dès lors que les deux termes de cette dualité procèdent d’un principe unique, appartenant comme tel à un ordre supérieur de réalité ; et il en est ainsi, avant tout, en ce qui concerne la première de toutes les dualités, celle de l’Essence et de la Substance universelles, issues d’une polarisation de l’Être ou de l’Unité principielle, et entre lesquelles se produit toute manifestation. Ce sont les deux termes de cette première dualité qui sont désignés comme Purusha et Prakriti dans la tradition hindoue, et comme le Ciel (Tien) et la Terre (Ti) dans la tradition extrême-orientale ; mais ni l’une ni l’autre, non plus d’ailleurs qu’aucune tradition orthodoxe, ne perd de vue, en les considérant, le principe supérieur dont ils sont dérivés."
J’ai souligné dans les citations les références au principe d’ordre supérieur commun qui unit les termes contraires en une dualité.  Un tel principe est le "tiers inclus" d'une logique de complémentarité.

Ces  citations exposent une leçon magistrale sur la différence qui existe entre la dualité et le dualisme ; elles éclairent ce qui différencie la pensée orientale  de la pensée occidentale. Les philosophies orientales intègrent  les aspects contraires et symétriques dans un ordre global métaphysique dont ils sont des parties. Les sciences et philosophies occidentale qui ont rejeté non seulement les dogmes ecclésiastiques mais aussi tout ordre métaphysique ne reconnaissent pas de relation entre les contraires mais une séparation, conformément aux principes de non-contradiction et du tiers exclus, et réduisent la nature par l’analyse à des parties individuelles jusqu’à des particules insécables.

La dualité relève d’une une logique de complémentarité des opposés et du tiers inclus qui ne remplace pas  celle de non-contradiction d’Aristote mais qui la complète. Les logiques sont différentes parce qu’elles n’ont pas le même objet. La logique d’identité et de non-contradiction s’applique à l’identification et description des objets par les sens et les mesures. La logique de complémentarité des contraires  et du tiers inclus s’applique aux relations et interactions entre les propriétés des objets d’un ensemble organisé connaissable par la raison. Les connaissances sensorielles et rationnelles se situent sur des niveaux différents de la réalité.

***

La suite des quatre termes du quaternaire de Guénon  rappelle les quatre  nombres et niveaux de la tétraktys pythagoricienne et le verset 42 du Tao-te-king.

La grande triade de René Guénon et la logique du tiers inclus Tetrak12

Il apparait que les idées circulaient librement entre l’extrême Orient et l’extrême Occident eurasien à une certaine époque qui a connu les premiers grands philosophes grecs, Pythagore, Socrate et Platon ainsi que les sages  Bouddha, Confucius et Lao tsé. Tous ont vécu durant l’empire perse  qui s’étendait de l’Indus jusqu’à la Méditerranée sous les rois achéménides réputés pour leur tolérance et libéralisme culturel. Cet empire et cette époque de sagesse ont été achevés par le jeune macédonien Alexandre  conseillé par le philosophe dissident Aristote.
La grande triade de René Guénon et la logique du tiers inclus Acheme11
René Guénon a écrit dans La crise du monde moderne :
"L'opposition de l'Orient et de l'Occident n'avait aucune raison d'être lorsqu'il y avait aussi en Occident des civilisations traditionnelles; elle n'a donc de sens que s'il s'agit spécialement de l'Occident moderne, car cette opposition est beaucoup plus celle de deux esprits que celle de
deux entités géographiques."


Est-ce son attachement à la foi catholique et à ses dogmes thomistes qui ont empêché Guénon de voir que la Tradition universelle commune de  l’Occident et de l’Orient  est celle de la gnose pythagoricienne et platonicienne et que c’est la logique dualiste d’Aristote adoptée par St Thomas d’Aquin qui sépare l’Occident non seulement de l’Orient mais aussi de la chrétienté orthodoxe d’Europe orientale ?

Le dualisme et l’intolérance de la logique thomiste de non-contradiction empruntée à Aristote ont soutenu l’exceptionnalisme de l’Occident héritier de l’empire latin de Rome et l’ont rendu aveugle  à la profondeur gnostique de la trilogie platonicienne qui a pourtant permis la fondation trinitaire du christianisme et dont la tradition reste conservée par la chrétienté orthodoxe des Églises orientales.
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