A une époque antique d’intenses échanges culturels, les hautes civilisations de Chine, d’Inde, de la Perse et de l’Europe se sont accordées sur trois conditions indispensables de toute vie. Aujourd’hui, les mêmes nations, menées par la Russie restée orthodoxe et platonicienne, se sont associées pour créer un monde multipolaire, équitable, fondé sur les mêmes principes traditionnels d’organisation et la même logique de complémentarité. Au delà des objectifs géopolitiques et économiques, ce mouvement de libération des traditions nationales devrait reconduire à une nouvelle conception  globale d’organisation du monde et de la vie qu’on appelle systémique.

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La méthode systémique est une approche scientifique des phénomènes naturels qui consiste à les comprendre en tant qu’ensembles complexes. La systémique intéressait d’abord les sciences humaines et la biologie auxquelles la méthode analytique et expérimentale n’apportait pas de solution aux problèmes spécifiques émergeant de la complexité des individus ou des sociétés.
Les définitions du système proposées par les différents initiateurs de la méthode systémique se fondent toutes sur des relations ou interactions entre éléments d’une structure complexe et non pas sur la nature ou le nombre de ces éléments. On peut définir le système simplement comme un "ensemble organisé".

En suivant les progrès scientifiques, les recherches s’intéressaient dès 1945 aux relations du structuralisme, dans les années 1950 aux interactions de la cybernétique et dès les années 1970 aux théories de l’information qui ne s’occupe pas du sens qualitatif des informations mais des problèmes de communication quantitative d’informations.

En étudiant les relations au lieu des élément, ces théories ou méthodes issues des sciences ne s’affranchissent pas entièrement de la méthode analytique. Pour comprendre ce qu’est une relation et ce qu’est l’unité d’un organisme complexe, il faut changer de logique. Mais Wikipédia, qui représente le "consensus scientifique", définit toujours le système comme "un ensemble d'éléments interagissant entre eux selon certains principes ou règles". Il ne touche pas au problème de la logique et ne mentionne pas ou néglige des travaux d’auteurs qui ont proposé de nouvelles logiques remettant en question la validité universelle de la logique classique de non-contradiction et la méthode analytique qui en dépend.

Stéphane Lupasco, biologiste, a montré que les interactions et rétro-actions sont omniprésentes dans la nature physique, biologique et psychique et il a formulé une logique du principe d’antagonisme qui relie les contraires au lieu de les opposer selon le principe de non-contradiction. C’est une logique de complémentarité des contraires et du tiers inclus, une logique applicable aux relations ou interactions  impliquées dans le fonctionnement de toute organisation. Le principe d’antagonisme complète mais ne remplace pas le principe classique de non-contradiction et du tiers exclu qui n’est strictement valide qu’à l’observation des faits et objets en un lieu et un temps (hic et nunc).

Ludwig von Bertalanffy, reconnu comme fondateur  de la systémique par sa "Théorie générale des systèmes", distingue les systèmes fermés de l’expérimentation et les systèmes ouverts de la nature, il soulève la question de la hiérarchie des systèmes et sous-systèmes et il insiste sur les isomorphismes ou homologies fonctionnelles communes aux différents étages de l’organisation complexe.

Ludwig von Bertalanffy a écrit:"La conception moderne de la réalité, la présente comme un gigantesque ordre hiérarchique composé d'êtres organisés qui mène, par la superposition de nombreux étages, des systèmes physiques et chimiques aux systèmes biologiques et sociologiques. L'unité de la science est obtenue, non pas par une réduction utopique de toutes les sciences à la physique et à la chimie, mais grâce aux uniformités structurelles qui existent entre les différents niveaux de la réalité."

L’homologie, terme d’anatomie comparée, est synonyme de l’analogie de proportionnalité qui est une  logique des ensembles complexes, à ne pas confondre avec l’analogie d’attribution des poètes et des sophistes. Elle est fondée sur des similitudes de propriétés ou de fonctionnalités comme celles qu’a révélées Benoit Mandelbrodt avec ses ensembles fractals.

La hiérarchie et ses proportionnalités nous reconduisent à la grande triade platonicienne et notamment à celle de Plotin dont les trois principes cosmique : l’Un, l’Intellect et les âmes individuelles, sont associés à trois facultés de connaissance: l’intuition, la raison et les sensations.  Les néoplatoniciens chrétiens du Moyen-Âge les appelaient encore les trois yeux de la connaissance, avant que la science ne réduise la connaissance au niveau empirique des  sensations.

Chaque niveau de la connaissance a son objet, sa logique et sa représentation du monde
J’ai représenté ces relations dans le tableau suivant :



La connaissance empirique-analytique distingue et définit les phénomènes par l’observation et l’analyse. Elle est régie par le principe de non-contradiction et du tiers exclu.  Elle concerne des faits et observations défini dans l’espace et le temps ou des concepts définis dans un contexte limité. De cette logique résultent les technologies issues des expérimentations en milieu fermé de la physique et de la chimie. Ces conceptions sont déterministes, ce que les organismes biologiques et les phénomènes naturels en général ne sont jamais.
La connaissance déductive ou fonctionnelle étudie des relations ou interactions qui impliquent des forces ou états contraires  sous forme de rétroactions, de polarités ou de gradients de forces. Les antagonismes exprimés par des termes  de sens contraire sont indissociablement liés par leur appartenance commune à un troisième, une même  fonction. Le principe d’antagonisme de Lupasco est une logique de complémentarité et du tiers inclus.
La connaissance paradoxale-synthétique cherche des réponses à la question: de l’ origine et unité de l’univers ou de l’individu. Son langage est symbolique et paradoxal dans le sens d’une coïncidence des opposés selon les termes de Nicolas de Cues. L’homologie ou analogie de proportionnalité, réunit les différents niveaux  hiérarchiques de la réalité et de la connaissance sous un même principe d’organisation.

La complémentarité est la logique  naturelle de toute vie en commun et c’est la logique du bon sens de tout peuple naturel.  Le marchandage de tout marché traditionnel a pour but de parvenir à un accord équitable pour les deux parties. Au contraire, depuis les empereurs romains et depuis la doctrine de leurs successeurs pontificaux, les dirigeants occidentaux colonialistes ou impérialistes imposent leur volonté en s’appuyant sur la logique intolérante de non-contradiction et sur le mensonge répétitif "il n’y a pas d’alternative" qui divise notre monde au lieu de l'unir sur un modèle de sécurité collective; cette perversion de la logique est la cause qui conduit à la guerre perpétuelle.

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La conception systémique et holistiques de l’univers réunit la hiérarchie des trois niveaux du réel et de la connaissance par l’analogie de proportionnalité. Or ceci exige un modèle commun, un premier analogon. Il s’agit bien de la forme_modèle, de l’eidos que Platon plaçait à l’origine de la compréhension du monde et de la vie, alors que les sens n’apportent que du savoir partiel. Ce modèle est celui des trois gunas, dont résulte la théorie des éléments, la base diagnostique et thérapeutique holistique des médecines traditionnelles orientales.