Le retour de la triade des énergies vitales
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09092023
Le retour de la triade des énergies vitales
Le dualisme et l’intolérance de la logique thomiste de non-contradiction empruntée à Aristote ont soutenu l’exceptionnalisme de l’Occident héritier de l’empire latin de Rome et l’ont rendu aveugle à la profondeur gnostique de la trilogie platonicienne qui a pourtant permis la fondation trinitaire du christianisme et dont la tradition reste conservée par la chrétienté orthodoxe des Églises orientales.
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La convergence d’idées entre sages orientaux et philosophes grecs ne se limite pas au symbolise des nombres de Pythagore et du Tao-te-king. Il existe une analogie entre les idées-modèles de Platon (eidos) et la philosophie indienne du Samkhya-Yoga.
Le Yoga s’occupe de l’Unité psychique et spirituelle , le Samkhya de la multiplicité des aspects du monde manifesté. Le deux se basent sur la Dualité première de Purusha, principe connaisseur et Prakriti, principe connaissable dont émerge le Trois, l’ensemble des 3 Gunas. C’est une petite triade, réplique de la grande Triade cosmique qui représente les énergies vitales comme l’énergie vitale Ki du taoïsme qui émerge du yin et du yang; on pourrait l’appeler l’œuf de la création.
Les 3 Gunas, tamas, rajas et sattva sont décrits sur le plan subjectif et psychique dans le Yoga, mais ils sont appliqués en médecine ayurvédique sous la forme des 3 Doshas qui expriment les conditions physiques de la vie, de sorte que tamas ou kapha correspond à la stabilité de la terre, rajas ou pitta à la transformation par le feu et sattva ou vata à la mobilité de l’air.
On retrouve ces principes premiers aussi chez Platon qui les désignait par eidos (εἶδος ) signifiant en grec ancien moule ou forme-modèle de la pensée et non pas des idées définies(ἰδέα ) comme Aristote l’a fait croire.
Platon a indiqué symboliquement les conditions premières de l’existence et de la connaissance du monde dans Timée 31b-32a :
Timée poursuit son discours en expliquant la proportion (analogia en grec ancien selon Luc Brisson) par l’égalité de deux rapports (du type a/x=x/b) où intervient la "médiété" (x) qui préfigure le moyen terme du syllogisme d’Aristote, et par une démonstration ad hoc, il parvient aux 4 éléments dans l’ordre feu, air eau, terre.
C'est donc bien pour que le monde ressemblât par son unicité au vivant total, que celui qui a fabriqué le monde n'en a pas fait deux ou une infinité; aussi notre ciel a-t-il été engendré seul de son espèce, et il le restera.
C'est évidemment corporel que doit être le monde engendré, c'est-à-dire visible et tangible; Or, sans feu rien ne saurait jamais devenir visible; et rien ne saurait par ailleurs être tangible sans quelque chose qui soit solide; or rien ne saurait être solide sans terre. De là vient que c'est avec du feu et avec de la terres que le dieu, lorsqu'il commença de le constituer, fabriqua le corps du monde. Mais deux éléments ne peuvent seuls former une composition qui soit belle, sans l'intervention d'un troisième ; il faut en effet, entre les deux, un lien qui les unisse. Or, de tous les liens, le plus beau, c'est celui qui impose à lui-même et aux éléments qu'il relie l'unité la plus complète, ce que par nature, la proportion réalise de la façon la plus parfaite.
La rhétorique de Timée n’a sans doute pas pu convaincre la rigueur logique d’Aristote. Il a utilisé la "médiété" comme moyen terme du syllogisme qui exprime le rapport entre le particulier er le général selon l’exemple classique « Tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme ; donc Socrate est mortel » où homme est le moyen terme. Mais il refusait de reconnaître les propriétés des éléments comme des idées-formes éternelles ; il les a interprétées plutôt comme des causes: le devenir du feu est devenu cause efficiente, la solidité de la terre est devenue cause matérielle, la qualité des proportion est devenue cause formelle et enfin l’unité des trois est la cause finale.
La triade de principes, que Platon comprenait comme origine métaphysique de la connaissance rationnelle, Aristote l’a interprétée comme source physique de la connaissance empirique.. Les deux interprétations ne diffèrent que par le niveau de la connaissance.
Lorsque les sagesses antiques réapparurent à la Renaissance avec l’hermétisme néoplatonicien, défiant l’obscurantisme clérical enlisé dans sa généralisation abusive de la logique empirique aristotélicienne, Giordano Bruno soutenait dans De triplici minimo et mensura (Du triple minimum et de la mesure) l’existence et la nature universelle, mesurable, raisonnable et imaginable de la monade, à la fois minimum physique et maximum métaphysique. Son supplice en 1600 a marqué la fin du platonisme, mais aussi la fin de l’obscurantisme clérical et la naissance d’une nouvelle croyance, celle du nihilisme scientiste fondé sur la même logique de dissociation.
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A une époque d’intenses échanges culturels, les hautes civilisations de la Chine, de l’Inde, de la Perse et de l’Europe se sont accordées sur trois conditions indispensables de toute vie : la stabilité, la mutabilité et la diversité. Aujourd’hui, les mêmes nations, menées par la Russie restée orthodoxe et platonicienne, se sont associées pour créer un monde multipolaire, équitable, fondé sur les mêmes principes traditionnels d’organisation et la même logique de complémentarité. Au-delà des objectifs géopolitiques et économiques, ce mouvement de libération des traditions nationales devrait reconduire à une nouvelle conception d’organisation globale du monde et de la vie, une science appelée systémique.
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