Le retour de l'Orient et de la Tradition
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28012024
Le retour de l'Orient et de la Tradition
Alors que le monothéisme parait être dépassé par le scientisme en Occident et que les religions orientales bouddhistes, hindouistes et taoïstes ont vieilli dans le ritualisme et ont besoin d'être régénérées, ne serait-il pas temps de faire revivre l'idéal spirituel, philosophique et éthique original de Zarathoustra ? - La multipolarité soutenue par les puissances eurasiennes, pour réussir, devrait surpasser les accords économiques et technologiques et s'appuyer sur une philosophie et éthique universelle compatible avec toute tradition ou religion.
Le conflit actuel de l'Occident contre la Russie, dont l'Ukraine et la Palestine sont des victimes, est un conflit de civilisation qui a des racines historiques, géographiques, et culturelles lointaines.
Cause historique
La Russie a subi des agressions et invasions par des puissances occidentales depuis sa fondation en 988 par la conversion de Vladimir Ier, prince de la Rus de Kiev à la religion orthodoxie byzantine, refusant le catholicisme romain que voulait lui imposer l'empire carolingien. Le choix de Vladimir le Grand était lié au conflit théologique qui devait conduire en 1054 à la séparation des Églises d'Orient et d'Occident. Le schisme théologique était aussi une conséquence de la division en 395 de l’empire romain entre l’empire carolingien latin d’Occident et l’empire byzantin grec d’Orient.
Références :
Guy Mettan : - « Russie-Occident: une guerre de mille ans »
Les empires byzantin et carolingien, deux empires chrétiens
Divergence culturelle et logique
Le conflit entre L’Occident et la Russie a une dimension culturelle par les différences de langue et de pensée imprégnées par l’éducation religieuse et philosophique. L’orthodoxie grecque et russe est restée fidèle à la logique ternaire d’origine néoplatonicienne du symbole de la Trinité, fondateur du christianisme aux conciles de Nicée.
Le catholicisme (terme qui revendique l’universalité) a progressivement évolué vers le dualisme sous l’influence du mithraïsme, du stoïcisme et du manichéisme qui a marqué la jeunesse d’Augustin. Le dualisme bien/mal apparaît dans le dogme du péché originel et du salut de son eschatologie ; il sera explicité dans le filioque du credo latin. Le dualisme éthique sera suivi par le dualisme logique vrai/faux de Thomas d’Aquin qui a généralisé la logique empirique d’Aristote à la théologie et à la justice inquisitoriale.
L’intolérance des principes de non-contradiction et du tiers exclu est spécifique de la pensée doctrinaire de l’Occident. Chez les anglo-saxons, le dualisme a pris la forme radicale hobbesienne de la logique du jeu ou de la somme nulle qui n’autorise que le choix entre victoire ou défaite. Cette logique intransigeante de l’empire britannique explique pourquoi l’Occident anglo-saxon refuse les négociations proposées par la Russie pour rechercher un accord de sécurité équitable.
Différence géographique
Selon la théorie du géographe britannique Mackinder (1904) l'Eurasie et l'Afrique constituent "l'Île du Monde", le heartland continental, auquel il oppose le le rimland, la bordure des archipels proches, surtout britannique et nippon, et des "îles" plus éloignés d'Amérique et d'Australie. Selon Mackinder, « Qui contrôle l'Île Monde contrôle le monde ».
Les nations d’Europe occidentale qui ont accès à l’océan ont, grâce à leurs navires et aux armes à feu découvert et conquis des terres lointaines et sont devenues des puissances coloniales. La Grande-Bretagne, par sa victoires sur l’Armada espagnole et par les défaites de la France napoléonienne, a acquis l’hégémonie maritime mondiale, une suprématie qu’elle a dû abandonner aux États Unis après la deuxième guerre mondiale.
Ayant pris le relais de l’hégémonie impérialiste, les USA ont cherché à dominer le continent eurasien en occupant la péninsule européenne et le Japonlibérés vaincus avec de nombreuses bases militaires, en prenant d’assaut la Corée et le Vietnam et en opprimant la Russie soviétique victorieuse et la Chine marxiste par la guerre froide.
L’effondrement de l’URSS et les accords de sous-traitance industrielle accordées par l’Amérique à la Chine a fait croire que la domination mondiale unipolaire des États-Unis était réalisée. Mais les excès de la libéralisation ont fait surgir la résistance de la Russie qui, sous l’initiative de Poutine a créé des organisations de coopération et de sécurité eurasiennes et l’alliance des puissances économiques continentales des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui cherche à se libérer des contraintes néocoloniales prédatrices du Dollar et du FMI et à créer un système multipolaire de relations économiques fondé sur des accords bilatéraux équitables. Parallèlement, la Chine par "l’Initiative route et ceinture" crée un nouveau réseau de "routes de la soie" pour faciliter les échanges et pour stimuler le développement des économies émergentes.
Différence culturelle
La Grande Bretagne formée par un mélange de Germains angles et saxons, de Normands, de Français et de Bretons autochtones a un passé essentiellement marchand et colonial sans grand apport culturel. Sa langue rudimentaire sans logique phonétique ou grammaticale précise est un simple moyen de communication commerciale ou technologique.
“Les États-Unis d'Amérique forment un pays qui est passé directement de la barbarie à la décadence sans jamais avoir connu la civilisation” selon Oscar Wilde. En effet, ce pays a été créé par l'occupation sauvage, par le génocide de la population autochtone amérindienne et par le travail forcé des esclaves africains. Ce que l’Amérique a créé en art ou en science, elle le doit à des cerveaux européens importés. A part la musique afro-américaine et le cinéma de Hollywood il n’existe pas d’art spécifiquement américain.
Les puissances continentales d’Eurasie par contre, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Iran ont des histoires millénaires, des langues de culture structurées et des traditions spécifiques. Une ère particulièrement favorable aux échanges culturels était celle de l’empire perse des rois achéménides. Tous les grands philosophes et sages d’Orient et d’Occident ont vécu pendant cette époque et ont laissé leur trace dans les différentes traditions. Cette époque de paix sous l’éthique et justice zoroastrienne a permis le rapprochement des cultures. et l’éclosion d’une cosmologie mystique ou métaphysique commune malgré les expressions traditionnelles différentes. La triade créatrice est commune à toutes les cultures et elle a conduit aux théories des éléments des différentes traditions. Les nombres de la tétractys de Pythagore se retrouvent dans le vers 42 du Tao te king. :
Le Sens crée l'Un.
L'Un crée le Deux.
Le Deux crée le Trois.
Le Trois crée toutes les choses.
(traduction selon Richard Wilhelm)
Plus tard, la hiérarchie métaphysique et le rôle de la triade des Gunas engendrant les Éléments créateurs a été formulée plus explicitement dans la cosmologie indienne du Samkhya.
Aucune idéologie étrangère ne peut durablement anéantir une longue tradition. Malgré les occupations mongoles, islamiques et anglaises, l’Inde reste attachée aux Védas et au Yoga-Samkhya inclus dans le Vedanta. Après l’effondrement soviétique, la Russie redécouvre le platonisme et la trinité orthodoxe et la Chine associe au marxisme les principes du confucianisme et retrouve la sagesse du taoïsme. Même dans l’Iran islamisé le zoroastrisme connaît un regain d’intérêt auprès de la jeunesse.
Au-delà de ses implications géopolitiques et économiques, le conflit mondial actuel est un conflit de civilisation et un conflit entre deux logiques. La logique de division aristotélicienne poussée à l'extrême hobbesien du conflit conduit l’Occident à la dissolution sociale et à sa propre autodestruction. La logique de complémentarité des traditions orientales promet au contraire des relations équitables et une nouvelle ère de prospérité. L’alliance eurasienne retrouvera-t-elle aussi les principes éthiques et philosophiques de son Antiquité dans un monde devenu le jouet des technologies ?
***
Le conflit actuel de l'Occident contre la Russie, dont l'Ukraine et la Palestine sont des victimes, est un conflit de civilisation qui a des racines historiques, géographiques, et culturelles lointaines.
Cause historique
La Russie a subi des agressions et invasions par des puissances occidentales depuis sa fondation en 988 par la conversion de Vladimir Ier, prince de la Rus de Kiev à la religion orthodoxie byzantine, refusant le catholicisme romain que voulait lui imposer l'empire carolingien. Le choix de Vladimir le Grand était lié au conflit théologique qui devait conduire en 1054 à la séparation des Églises d'Orient et d'Occident. Le schisme théologique était aussi une conséquence de la division en 395 de l’empire romain entre l’empire carolingien latin d’Occident et l’empire byzantin grec d’Orient.
Références :
Guy Mettan : - « Russie-Occident: une guerre de mille ans »
Les empires byzantin et carolingien, deux empires chrétiens
Divergence culturelle et logique
Le conflit entre L’Occident et la Russie a une dimension culturelle par les différences de langue et de pensée imprégnées par l’éducation religieuse et philosophique. L’orthodoxie grecque et russe est restée fidèle à la logique ternaire d’origine néoplatonicienne du symbole de la Trinité, fondateur du christianisme aux conciles de Nicée.
Le catholicisme (terme qui revendique l’universalité) a progressivement évolué vers le dualisme sous l’influence du mithraïsme, du stoïcisme et du manichéisme qui a marqué la jeunesse d’Augustin. Le dualisme bien/mal apparaît dans le dogme du péché originel et du salut de son eschatologie ; il sera explicité dans le filioque du credo latin. Le dualisme éthique sera suivi par le dualisme logique vrai/faux de Thomas d’Aquin qui a généralisé la logique empirique d’Aristote à la théologie et à la justice inquisitoriale.
L’intolérance des principes de non-contradiction et du tiers exclu est spécifique de la pensée doctrinaire de l’Occident. Chez les anglo-saxons, le dualisme a pris la forme radicale hobbesienne de la logique du jeu ou de la somme nulle qui n’autorise que le choix entre victoire ou défaite. Cette logique intransigeante de l’empire britannique explique pourquoi l’Occident anglo-saxon refuse les négociations proposées par la Russie pour rechercher un accord de sécurité équitable.
Différence géographique
Selon la théorie du géographe britannique Mackinder (1904) l'Eurasie et l'Afrique constituent "l'Île du Monde", le heartland continental, auquel il oppose le le rimland, la bordure des archipels proches, surtout britannique et nippon, et des "îles" plus éloignés d'Amérique et d'Australie. Selon Mackinder, « Qui contrôle l'Île Monde contrôle le monde ».
Les nations d’Europe occidentale qui ont accès à l’océan ont, grâce à leurs navires et aux armes à feu découvert et conquis des terres lointaines et sont devenues des puissances coloniales. La Grande-Bretagne, par sa victoires sur l’Armada espagnole et par les défaites de la France napoléonienne, a acquis l’hégémonie maritime mondiale, une suprématie qu’elle a dû abandonner aux États Unis après la deuxième guerre mondiale.
Ayant pris le relais de l’hégémonie impérialiste, les USA ont cherché à dominer le continent eurasien en occupant la péninsule européenne et le Japon
L’effondrement de l’URSS et les accords de sous-traitance industrielle accordées par l’Amérique à la Chine a fait croire que la domination mondiale unipolaire des États-Unis était réalisée. Mais les excès de la libéralisation ont fait surgir la résistance de la Russie qui, sous l’initiative de Poutine a créé des organisations de coopération et de sécurité eurasiennes et l’alliance des puissances économiques continentales des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui cherche à se libérer des contraintes néocoloniales prédatrices du Dollar et du FMI et à créer un système multipolaire de relations économiques fondé sur des accords bilatéraux équitables. Parallèlement, la Chine par "l’Initiative route et ceinture" crée un nouveau réseau de "routes de la soie" pour faciliter les échanges et pour stimuler le développement des économies émergentes.
Différence culturelle
La Grande Bretagne formée par un mélange de Germains angles et saxons, de Normands, de Français et de Bretons autochtones a un passé essentiellement marchand et colonial sans grand apport culturel. Sa langue rudimentaire sans logique phonétique ou grammaticale précise est un simple moyen de communication commerciale ou technologique.
“Les États-Unis d'Amérique forment un pays qui est passé directement de la barbarie à la décadence sans jamais avoir connu la civilisation” selon Oscar Wilde. En effet, ce pays a été créé par l'occupation sauvage, par le génocide de la population autochtone amérindienne et par le travail forcé des esclaves africains. Ce que l’Amérique a créé en art ou en science, elle le doit à des cerveaux européens importés. A part la musique afro-américaine et le cinéma de Hollywood il n’existe pas d’art spécifiquement américain.
Les puissances continentales d’Eurasie par contre, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Iran ont des histoires millénaires, des langues de culture structurées et des traditions spécifiques. Une ère particulièrement favorable aux échanges culturels était celle de l’empire perse des rois achéménides. Tous les grands philosophes et sages d’Orient et d’Occident ont vécu pendant cette époque et ont laissé leur trace dans les différentes traditions. Cette époque de paix sous l’éthique et justice zoroastrienne a permis le rapprochement des cultures. et l’éclosion d’une cosmologie mystique ou métaphysique commune malgré les expressions traditionnelles différentes. La triade créatrice est commune à toutes les cultures et elle a conduit aux théories des éléments des différentes traditions. Les nombres de la tétractys de Pythagore se retrouvent dans le vers 42 du Tao te king. :
Le Sens crée l'Un.
L'Un crée le Deux.
Le Deux crée le Trois.
Le Trois crée toutes les choses.
(traduction selon Richard Wilhelm)
Plus tard, la hiérarchie métaphysique et le rôle de la triade des Gunas engendrant les Éléments créateurs a été formulée plus explicitement dans la cosmologie indienne du Samkhya.
Aucune idéologie étrangère ne peut durablement anéantir une longue tradition. Malgré les occupations mongoles, islamiques et anglaises, l’Inde reste attachée aux Védas et au Yoga-Samkhya inclus dans le Vedanta. Après l’effondrement soviétique, la Russie redécouvre le platonisme et la trinité orthodoxe et la Chine associe au marxisme les principes du confucianisme et retrouve la sagesse du taoïsme. Même dans l’Iran islamisé le zoroastrisme connaît un regain d’intérêt auprès de la jeunesse.
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Au-delà de ses implications géopolitiques et économiques, le conflit mondial actuel est un conflit de civilisation et un conflit entre deux logiques. La logique de division aristotélicienne poussée à l'extrême hobbesien du conflit conduit l’Occident à la dissolution sociale et à sa propre autodestruction. La logique de complémentarité des traditions orientales promet au contraire des relations équitables et une nouvelle ère de prospérité. L’alliance eurasienne retrouvera-t-elle aussi les principes éthiques et philosophiques de son Antiquité dans un monde devenu le jouet des technologies ?
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