Le mythe du Dieu Souffrant
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Le mythe du Dieu Souffrant
Le Mythe du Dieu Souffrant est certainement le thème qui a eu le plus de succès dans toute l’histoire des religions. Né en Egypte il y a plus de six mille ans, il a acquis au cours des millénaires des traits bien spécifiques, et s’est infiltré dans bien des religions. Les mythes et légendes, croyances et rituels, ne peuvent s’enraciner dans la culture des autres peuples qu’à condition que ces derniers se révèlent aptes à effectuer l’assimilation des apports étrangers. Une croyance passée d’un peuple à un autre perd certains de ses éléments pour en acquérir des nouveaux.
Ce thème du mythe du Dieu Souffrant est devenu le pivot central de la croyance et du culte, là où les conditions de vie des peuples le permettaient, en perdant certaines de ses caractéristiques chez d’autres, moins évolués pour s’assimiler ce thème.
Osiris, fils aîné de la Voûte Céleste Nout et de la Terre Geb (Noé dans la Bible), a pour frère cadet Seth. Envieux, Seth tue son frère par traîtrise. Horus, fils d’Osiris venge son père en étêtant Seth. Osiris ressuscite d’entre les morts, pardonne à son frère et se réconcilie avec lui. Maître de la Vérité, Osiris s’assied sur le trône de son père Rê-Atoum. Plus tard, dans ce pays agricole qu’est l’Egypte, il incarnera le dieu de la végétation qui meurt pour renaître chaque année. Osiris personnifie donc l’idée de la lutte entre le bien et le mal, lutte couronnée par le triomphe du bien et la défaite du mal.
Ce mythe du Dieu Souffrant exprime l’angoisse ressentie par les peuples souffrant de l’injustice dans les sociétés de classes. Le peuple attend son Sauveur qui est combattu et exécuté par les forces du mal, mais le Sauveur ressuscite d’entre les morts, est couronné de gloire et préside au jugement dernier, rétribue les bons et punit les méchants. Ainsi, la justice faisant défaut ici bas, se réalisera dans l’au-delà.
Cependant, il faut que le peuple souffre vraiment pour aspirer à la délivrance, et être ainsi prêt à recevoir ce thème du Dieu Souffrant. Mais cette réception ne peut embrasser que les éléments assimilables du peuple, selon leur niveau social et culturel.
Ce thème du mythe du Dieu Souffrant est devenu le pivot central de la croyance et du culte, là où les conditions de vie des peuples le permettaient, en perdant certaines de ses caractéristiques chez d’autres, moins évolués pour s’assimiler ce thème.
Osiris, fils aîné de la Voûte Céleste Nout et de la Terre Geb (Noé dans la Bible), a pour frère cadet Seth. Envieux, Seth tue son frère par traîtrise. Horus, fils d’Osiris venge son père en étêtant Seth. Osiris ressuscite d’entre les morts, pardonne à son frère et se réconcilie avec lui. Maître de la Vérité, Osiris s’assied sur le trône de son père Rê-Atoum. Plus tard, dans ce pays agricole qu’est l’Egypte, il incarnera le dieu de la végétation qui meurt pour renaître chaque année. Osiris personnifie donc l’idée de la lutte entre le bien et le mal, lutte couronnée par le triomphe du bien et la défaite du mal.
Ce mythe du Dieu Souffrant exprime l’angoisse ressentie par les peuples souffrant de l’injustice dans les sociétés de classes. Le peuple attend son Sauveur qui est combattu et exécuté par les forces du mal, mais le Sauveur ressuscite d’entre les morts, est couronné de gloire et préside au jugement dernier, rétribue les bons et punit les méchants. Ainsi, la justice faisant défaut ici bas, se réalisera dans l’au-delà.
Cependant, il faut que le peuple souffre vraiment pour aspirer à la délivrance, et être ainsi prêt à recevoir ce thème du Dieu Souffrant. Mais cette réception ne peut embrasser que les éléments assimilables du peuple, selon leur niveau social et culturel.
Freya- Messages : 1338
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Re: Le mythe du Dieu Souffrant
Les Grecs et les Germains sont deux bons exemples d’assimilation variée du thème du Dieu Souffrant.
L’influence de l’Egypte sur la Grèce a eu lieu au début du IIe millénaire avant notre ère et ce dès la période minoenne. Mais l’assimilation des thèmes égyptiens par les Grecs se fit lentement et par étapes. Ainsi, selon la version dominante, Orphée pareil à Osiris, meurt assassiné, son corps est dépecé et jeté dans le fleuve, puis il descend aux enfers. Mais l’assimilation s’arrête là. Orphée, bien qu’on lui ait attribué l’initiation aux mystères et qu’il ait rapporté d’Egypte la barque transportant les défunts, les champs fleuris du séjour des bons, et le châtiment des méchants dans l’enfer, ne devient pas, contrairement à Osiris, le maître du jugement dernier.
Dionysos est un très ancien dieu, mais son mythe est bien plus complexe. A partir du VIe siècle avant notre ère, un nouveau culte lui est dédié qui va fusionner avec l’orphisme, et les mystères vont évoluer avec vers la notion d’égalité et la promesse d’immortalité. Désormais, les esclaves sont admis au culte, et Déméter et Dionysos remplissent les rôles d’Isis et d’Osiris. Cependant, les conditions de vie de la période transitoire entre la société clanique et la société de classes, ne permettent pas encore l’éclosion de l’idée dans l’au-delà. Chez les peuplades tribales, les morts, contrairement aux notions égyptiennes, sont de simples ombres, sans récompense ni châtiment.
Peu à peu, avec l’approfondissement du fossé séparant les riches des pauvres, les libres des esclaves, les masses opprimées désirent atteindre le salut et aspirent au bonheur futur. C’est à ce moment là qu’apparaissent les notions de paradis et d’enfer.
Ainsi, le thème du égyptien du jugement dernier ne fut adopté par les Grecs que lorsque ils devinrent mûrs pour accepter son assimilation, après la période homérique, période transitoire entre la société clanique et la société des classes.
L’influence de l’Egypte sur la Grèce a eu lieu au début du IIe millénaire avant notre ère et ce dès la période minoenne. Mais l’assimilation des thèmes égyptiens par les Grecs se fit lentement et par étapes. Ainsi, selon la version dominante, Orphée pareil à Osiris, meurt assassiné, son corps est dépecé et jeté dans le fleuve, puis il descend aux enfers. Mais l’assimilation s’arrête là. Orphée, bien qu’on lui ait attribué l’initiation aux mystères et qu’il ait rapporté d’Egypte la barque transportant les défunts, les champs fleuris du séjour des bons, et le châtiment des méchants dans l’enfer, ne devient pas, contrairement à Osiris, le maître du jugement dernier.
Dionysos est un très ancien dieu, mais son mythe est bien plus complexe. A partir du VIe siècle avant notre ère, un nouveau culte lui est dédié qui va fusionner avec l’orphisme, et les mystères vont évoluer avec vers la notion d’égalité et la promesse d’immortalité. Désormais, les esclaves sont admis au culte, et Déméter et Dionysos remplissent les rôles d’Isis et d’Osiris. Cependant, les conditions de vie de la période transitoire entre la société clanique et la société de classes, ne permettent pas encore l’éclosion de l’idée dans l’au-delà. Chez les peuplades tribales, les morts, contrairement aux notions égyptiennes, sont de simples ombres, sans récompense ni châtiment.
Peu à peu, avec l’approfondissement du fossé séparant les riches des pauvres, les libres des esclaves, les masses opprimées désirent atteindre le salut et aspirent au bonheur futur. C’est à ce moment là qu’apparaissent les notions de paradis et d’enfer.
Ainsi, le thème du égyptien du jugement dernier ne fut adopté par les Grecs que lorsque ils devinrent mûrs pour accepter son assimilation, après la période homérique, période transitoire entre la société clanique et la société des classes.
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Re: Le mythe du Dieu Souffrant
Aux premiers siècles de notre ère, la religion égyptienne s’était propagée jusqu’en Germanie et sans intermédiaire.
La religion égyptienne s’étant implantée en Germanie, les thèmes principaux de la théologie égyptienne se sont infiltrés dans la mythologie germanique. Et c’est ainsi que Baldr, fils du grand dieu Oddhin, est bon et beau comme Osiris qui porte le titre d’Onnofris qui signifie le Bon, le Beau. D’après le première version, Baldr est tué par son frère Hödr, comme Osiris est tué par son frère Seth. Les dieux Ases apprenant la tragique nouvelle éclatent en sanglots, comme les Egyptiens fondent en larmes à la mort d’Osiris. Le corps de Baldr est mis sur un bateau, comme la dépouille d’Osiris est mise sur une barque. Baldr descend à Hel, aux enfers, comme Osiris devient Dieu des morts. Hödr, comme Seth, est puni pour son crime fratricide. Hödr est tué à son tour par Vali, le frère vengeur de Baldr, comme Seth est exécuté par Horus, le fils et sauveur d’Osiris.
Dans la seconde version, c’est le loup Loki qui tue Baldr, et Hödr de bonne foi, fait condamner Loki à un châtiment perpétuel : Loki est lié à des pierres et un serpent lui crache son venin sur le visage. Cette scène est inspirée des Textes des Sarcophages et du Livre des Morts des Egyptiens, où les damnés liés à des poteaux, sont livrés à des serpents qui les tourmentent. (Le châtiment de Loki : Gylvaginning, ch. XLIII, Edda Islandorum, 1665 ; ch. 48.)
Le meurtre de Baldr conduit à la fin du monde (Ragnarök : le destin des puissances, crépuscule des dieux). Deux loups accompagnent le soleil dans sa course quotidienne, mais le premier engloutit l’astre du jour et le second l’astre de la nuit. Il s’ensuit un hiver effroyable, l’inceste et le meurtre sévissent, les frères s’entretuent, et nul n’épargne son père ou son fils. Les étoiles s’éteignent, les montagnes s’effondrent, et les chaînes retenant prisonniers les géants se brisent. Le serpent Midgard lové autour de la terre, se retourne et la mer déferle sur toute la terre. Le loup Fenrir rompt ses chaînes. Le chien Garm, gardien des enfers avance dans la mêlée, les géants combattent les dieux. De cette bataille de Titans nul ne survit et le monde s’écroule.
Mais la terre émerge à nouveau de l’océan, et les dieux Ases retrouvent leur séjour favori. Dans les Edda germaniques, Baldr et Hödr ressuscitent d’entre les morts et se réconcilient, comme le firent Osiris et Seth dans les Textes des Pyramides.
Dans la tragédie de Baldr, certains ont voulu y voir une influence du christianisme, mais il s’agit d’un impact direct de l’osirisme. Dans la Passion de Jésus, Judas n’est pas son frère et si Jésus ressuscite, Judas, lui, se suicide, et les deux personnages ne se réconcilient pas. Les Germains mirent de nombreux siècles avant de passer au christianisme.
La religion égyptienne s’étant implantée en Germanie, les thèmes principaux de la théologie égyptienne se sont infiltrés dans la mythologie germanique. Et c’est ainsi que Baldr, fils du grand dieu Oddhin, est bon et beau comme Osiris qui porte le titre d’Onnofris qui signifie le Bon, le Beau. D’après le première version, Baldr est tué par son frère Hödr, comme Osiris est tué par son frère Seth. Les dieux Ases apprenant la tragique nouvelle éclatent en sanglots, comme les Egyptiens fondent en larmes à la mort d’Osiris. Le corps de Baldr est mis sur un bateau, comme la dépouille d’Osiris est mise sur une barque. Baldr descend à Hel, aux enfers, comme Osiris devient Dieu des morts. Hödr, comme Seth, est puni pour son crime fratricide. Hödr est tué à son tour par Vali, le frère vengeur de Baldr, comme Seth est exécuté par Horus, le fils et sauveur d’Osiris.
Dans la seconde version, c’est le loup Loki qui tue Baldr, et Hödr de bonne foi, fait condamner Loki à un châtiment perpétuel : Loki est lié à des pierres et un serpent lui crache son venin sur le visage. Cette scène est inspirée des Textes des Sarcophages et du Livre des Morts des Egyptiens, où les damnés liés à des poteaux, sont livrés à des serpents qui les tourmentent. (Le châtiment de Loki : Gylvaginning, ch. XLIII, Edda Islandorum, 1665 ; ch. 48.)
Le meurtre de Baldr conduit à la fin du monde (Ragnarök : le destin des puissances, crépuscule des dieux). Deux loups accompagnent le soleil dans sa course quotidienne, mais le premier engloutit l’astre du jour et le second l’astre de la nuit. Il s’ensuit un hiver effroyable, l’inceste et le meurtre sévissent, les frères s’entretuent, et nul n’épargne son père ou son fils. Les étoiles s’éteignent, les montagnes s’effondrent, et les chaînes retenant prisonniers les géants se brisent. Le serpent Midgard lové autour de la terre, se retourne et la mer déferle sur toute la terre. Le loup Fenrir rompt ses chaînes. Le chien Garm, gardien des enfers avance dans la mêlée, les géants combattent les dieux. De cette bataille de Titans nul ne survit et le monde s’écroule.
Mais la terre émerge à nouveau de l’océan, et les dieux Ases retrouvent leur séjour favori. Dans les Edda germaniques, Baldr et Hödr ressuscitent d’entre les morts et se réconcilient, comme le firent Osiris et Seth dans les Textes des Pyramides.
Dans la tragédie de Baldr, certains ont voulu y voir une influence du christianisme, mais il s’agit d’un impact direct de l’osirisme. Dans la Passion de Jésus, Judas n’est pas son frère et si Jésus ressuscite, Judas, lui, se suicide, et les deux personnages ne se réconcilient pas. Les Germains mirent de nombreux siècles avant de passer au christianisme.
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Re: Le mythe du Dieu Souffrant
La déesse en deuil
Au mythe du dieu souffrant correspond celui de la déesse en deuil. Elle aussi était connue sous de nombreux noms et qualificatifs. Même Inanna-Ishtar la mésopotamienne aux multiples aspects, n’était pas sans participer au caractère de la Grande Mère qui subissait la privation maternelle et conjugale, par la mort du dieu, et qui, partant à sa recherche, le délivrait quelquefois avec l’aide de son fils. Dans le mythe du dieu souffrant et de la déesse en deuil, le complexe des sentiments qui caractérise la religion mésopotamienne, se trouvait exprimer dans l’anxiété provoquée par l’incertitude de la destinée, le chagrin causé par le caractère transitoire de la vie et par le sentiment que la mort ne laisse place à aucune espérance, la joie débordante enfin d’une vie qui connaît l’abondance.
Le fait que pour les Mésopotamiens la vie procède d’une déesse et que le monde fut conçu, et non pas engendré, nous permet de saisir le sens de cette parenté : la source de vie est féminine. Dans l’épopée de la création mésopotamienne, la déesse Tiamat, le chaos primordial, est dénommée « la mère de la profondeur qui créé toute chose » et la déesse primordiale Nammu (la Déesse Utérus) « donna naissance au ciel et à la terre ».
Dans tout le monde antique, en Syrie, en Anatolie et en Grèce, la terre-mère était la source de toute vie. Dans ces pays comme en Mésopotamie, le déclin saisonnier de la nature était représenté par la perte d’un enfant, Adonis, Attis ou Perséphone, frappant la Grande Mère. Car, si le principe féminin est sérieusement pris pour cause première, le principe mâle doit nécessairement en dériver ; le dieu dans ce cas est le fils de la déesse. En Syrie, en Anatolie et en Mésopotamie, il en fut effectivement ainsi ; mais le parallèle de Perséphone montre que ce n’est pas avant tout par le sexe que la jeune divinité diffère de sa mère mais, qu’elle représente un aspect différent de la vie naturelle. La déesse personnifie la fécondité prolifique de la nature ; sous la forme de Tiamat, cette fécondité menaçait la vie elle-même ; mais sous la forme de la Grande Mère, elle assurait la réparation du dommage annuel symbolisé par la mort du dieu-fils. Parfois, en Grèce et dans le Levant, le jeune dieu représentait le court printemps, floraison soudaine d’un charme indescriptible et qui se flétrit en peu de temps. Mais, le « dieu mourant » mésopotamien avait une allure plus générale.
On ne sait si la délivrance et la résurrection du dieu ou, alternativement, son mariage avec la déesse représentait le renouveau de la vie de la nature. Mais, le problème est que nous soumettons à une notion moderne de causalité des conceptions propres aux anciens. Des images qui nous paraissent s’exclure les unes les autres mettaient en évidence pour eux différents aspects des phénomènes qui les concernaient. La nature revivait, la végétation reprenait son élan ; le dieu était retrouvé, délivré, ressuscité. Mais, parallèlement, la déesse avait épousé le dieu, il y aurait donc enfantement.
Le dieu souffrant mésopotamien était un personnage adulte et viril. Parfois, son aspect de « fils » était pour ainsi dire complètement effacé, surtout lorsqu’il s’agissait des dieux de cité agressifs tels Mardouk et Ningirsu ; la déesse était alors considérée plutôt comme une épouse que comme une mère. Mais dans ces cas, la relation originelle transparaît dans le rite qui révèle le plus clairement l’importance des dieux dans la nature. Aux noces sacrées, c’était clairement la déesse Baba qui tenait le rôle principal et non l’impétueux Ningirsu, et la documentation provenant d’Ur et d’Erech suggère qu’il en allait de même dans ces cités.
Les plus grandes divinités masculines comme An (ou Anu) et Enlil perdaient leur pouvoir et tombaient sous la dépendance d’autres dieux pendant une période de leur existence qui revenait régulièrement. Ceci est vrai également pour quelques-uns des dieux de cités, bien qu’ils aient symbolisé en sus des pouvoirs divins dont dépendait une communauté donnée, la communauté elle-même. Cependant, jamais ces dieux ne se détachaient totalement de la nature. Jusqu’aux époques les lus tardives ils ont conservé un aspect cosmique aussi bien qu’un aspect social. En Mésopotamie, une unité fondamentale indestructible embrassait la vie de l’être humain, l’existence de la société, le flux et le reflux de la vie de la nature. Les textes ne sauraient être plus clairs à cet égard. L’exemple le plus typique du dieu de la nature souffrant, Tammuz, apparaît continuellement dans les hymnes comme un « héros », le « fort », le « viril », etc.
Le thème du dieu souffrant présente une importance particulière car c’est uniquement avec ce dieu, qui dépendait de la Grande Mère et qui connaissait l’impuissance et la défaite, que le roi mésopotamien était identifié à certaines époques et en certaines occasions solennelles.
Le dieu souffrant mésopotamien qui pénètre dans le monde inférieur et qui revit avec la végétation, rappelle Osiris. En Egypte, le culte d’Osiris prit naissance à l’époque historique, et l’on peut prouver qu’il dérivait du culte officiel d’un représentant sous une forme mythologique, le prédécesseur du monarque régnant.
C’est à son caractère de roi défunt qu’Osiris a dû être classé au-dessous du dieu-Soleil ; et de ce fait, une autre ressemblance entre Osiris, Tammuz et Adonis s’affaiblit. Il est vrai que Tammuz et Adonis, eux aussi, se classent au-dessous des plus grands dieux de leur panthéons respectifs, mais cela résulte de leur caractère de « fils » ; ils dépendent de la Grande Déesse. Nous touchons là à un contraste fondamental entre Osiris et les dieux asiatiques. Osiris n’est absolument pas subordonné à la déesse qui le secourt et n’est pas son enfant. Osiris est le fils de Nout ; cet aspect d’Osiris est souligné par les textes funéraires parce qu’il contient une promesse de renaissance, par la mère, à la vie éternelle. Mais dans le mythe, Osiris est cherché et trouvé par Isis, sa sœur et épouse qui à cet égard ressemble aux déesses-mères asiatiques. Elle différencie d’elles néanmoins, par sa totale dépendance envers le dieu ; Osiris domine Isis. Quand celle-ci conçut Horus après la mort d’Osiris, le mystère de l’inextinguible vitalité n’était évidemment pas en elle, mais dans le dieu qui engendra Horus.
En ce qui concerne le fils du dieu souffrant, les différences entre l’Egypte et l’Asie l’emportent sur les analogies superficielles. Adonis ne fut jamais considéré comme procréateur. Horus « soutenait » ou « vengeait » Osiris mais pas comme Nabu ou Ninurta, les fils de Mardouk et Enlil aidèrent leurs pères captifs. En Mésopotamie, le fils entrait temporairement en fonction pendant l’incarcération de son père ; une fois libéré, Mardouk, Enlil et Assur se mettaient à la tête du combat contre le chaos et la mort, et ils remportaient la victoire ; Nabu ou Ninurta n’étaient que leurs représentants qui mettaient fin à leur assujettissement momentanément. En Egypte, au contraire, Osiris ne remontait pas sur le trône ; Horus était son légitime successeur. Entre eux deux persistait un rapport mystérieux, permanent et mutuel. En fait, Osiris n’était pas un dieu mourant mais un dieu mort. Il ne revenait jamais parmi les vivants ; il n’était pas comme Tammuz, délivré du monde des morts. Au contraire, Osiris appartenait entièrement au monde des morts ; c’était de là qu’il dispensait à l’Egypte ses bénédictions. On le représentait toujours sous la forme d’une momie, d’un roi mort, quoique dieu, parce qu’il était un roi, - une figure complexe mais typiquement égyptienne.
Même dans leur rapport fondamental avec la vie végétale, les dieux montrent de profondes différences : Adonis personnifiait la végétation printanière ; Tammuz, la force reproductrice non seulement des plantes mais aussi des animaux, tandis qu’Osiris faisait pousser le grain, cela faisait partie de la fonction que le roi mort remplissait dans l’économie naturelle de son peuple. Tous deux, Osiris et Tammuz souffraient, croyait-on, lorsque le blé était battu. Ceci se trouve exprimé sans la moindre équivoque dans le mystère égyptien de la succession, et un peu moins clairement dans un texte concernant Tammuz. La croyance persistait encore en plein moyen âge, alors que des adorateurs de Tammuz survivaient à Harran. Les textes de Ras Shamra prouvent que cette croyance existait aussi en Syrie bien qu’on ne puisse démontrer que ce fût dans le cadre du culte d’Adonis, connu seulement d’après des sources tardives. La doctrine procède directement du rapport de chacun de ces dieux avec la vie végétale ; aussi ne peut-on y voir un trait particulier qu’ils auraient en commun.
Même si un petit nombre de détails du culte ou du mythe étaient des survivances d’un lointain passé commun, les dieux tels qu’ils se présentent à nous dans les religions de l’ancien Proche Orient, expriment des mentalités profondément différentes. Et c’est par ce qu’ils ont de spécifiquement différent, non par leur ressemblance générique, qu’il nous est possible d’en saisir la valeur.
Au mythe du dieu souffrant correspond celui de la déesse en deuil. Elle aussi était connue sous de nombreux noms et qualificatifs. Même Inanna-Ishtar la mésopotamienne aux multiples aspects, n’était pas sans participer au caractère de la Grande Mère qui subissait la privation maternelle et conjugale, par la mort du dieu, et qui, partant à sa recherche, le délivrait quelquefois avec l’aide de son fils. Dans le mythe du dieu souffrant et de la déesse en deuil, le complexe des sentiments qui caractérise la religion mésopotamienne, se trouvait exprimer dans l’anxiété provoquée par l’incertitude de la destinée, le chagrin causé par le caractère transitoire de la vie et par le sentiment que la mort ne laisse place à aucune espérance, la joie débordante enfin d’une vie qui connaît l’abondance.
Le fait que pour les Mésopotamiens la vie procède d’une déesse et que le monde fut conçu, et non pas engendré, nous permet de saisir le sens de cette parenté : la source de vie est féminine. Dans l’épopée de la création mésopotamienne, la déesse Tiamat, le chaos primordial, est dénommée « la mère de la profondeur qui créé toute chose » et la déesse primordiale Nammu (la Déesse Utérus) « donna naissance au ciel et à la terre ».
Nammu
Dans tout le monde antique, en Syrie, en Anatolie et en Grèce, la terre-mère était la source de toute vie. Dans ces pays comme en Mésopotamie, le déclin saisonnier de la nature était représenté par la perte d’un enfant, Adonis, Attis ou Perséphone, frappant la Grande Mère. Car, si le principe féminin est sérieusement pris pour cause première, le principe mâle doit nécessairement en dériver ; le dieu dans ce cas est le fils de la déesse. En Syrie, en Anatolie et en Mésopotamie, il en fut effectivement ainsi ; mais le parallèle de Perséphone montre que ce n’est pas avant tout par le sexe que la jeune divinité diffère de sa mère mais, qu’elle représente un aspect différent de la vie naturelle. La déesse personnifie la fécondité prolifique de la nature ; sous la forme de Tiamat, cette fécondité menaçait la vie elle-même ; mais sous la forme de la Grande Mère, elle assurait la réparation du dommage annuel symbolisé par la mort du dieu-fils. Parfois, en Grèce et dans le Levant, le jeune dieu représentait le court printemps, floraison soudaine d’un charme indescriptible et qui se flétrit en peu de temps. Mais, le « dieu mourant » mésopotamien avait une allure plus générale.
On ne sait si la délivrance et la résurrection du dieu ou, alternativement, son mariage avec la déesse représentait le renouveau de la vie de la nature. Mais, le problème est que nous soumettons à une notion moderne de causalité des conceptions propres aux anciens. Des images qui nous paraissent s’exclure les unes les autres mettaient en évidence pour eux différents aspects des phénomènes qui les concernaient. La nature revivait, la végétation reprenait son élan ; le dieu était retrouvé, délivré, ressuscité. Mais, parallèlement, la déesse avait épousé le dieu, il y aurait donc enfantement.
Le dieu souffrant mésopotamien était un personnage adulte et viril. Parfois, son aspect de « fils » était pour ainsi dire complètement effacé, surtout lorsqu’il s’agissait des dieux de cité agressifs tels Mardouk et Ningirsu ; la déesse était alors considérée plutôt comme une épouse que comme une mère. Mais dans ces cas, la relation originelle transparaît dans le rite qui révèle le plus clairement l’importance des dieux dans la nature. Aux noces sacrées, c’était clairement la déesse Baba qui tenait le rôle principal et non l’impétueux Ningirsu, et la documentation provenant d’Ur et d’Erech suggère qu’il en allait de même dans ces cités.
Mardouk
Les plus grandes divinités masculines comme An (ou Anu) et Enlil perdaient leur pouvoir et tombaient sous la dépendance d’autres dieux pendant une période de leur existence qui revenait régulièrement. Ceci est vrai également pour quelques-uns des dieux de cités, bien qu’ils aient symbolisé en sus des pouvoirs divins dont dépendait une communauté donnée, la communauté elle-même. Cependant, jamais ces dieux ne se détachaient totalement de la nature. Jusqu’aux époques les lus tardives ils ont conservé un aspect cosmique aussi bien qu’un aspect social. En Mésopotamie, une unité fondamentale indestructible embrassait la vie de l’être humain, l’existence de la société, le flux et le reflux de la vie de la nature. Les textes ne sauraient être plus clairs à cet égard. L’exemple le plus typique du dieu de la nature souffrant, Tammuz, apparaît continuellement dans les hymnes comme un « héros », le « fort », le « viril », etc.
Le thème du dieu souffrant présente une importance particulière car c’est uniquement avec ce dieu, qui dépendait de la Grande Mère et qui connaissait l’impuissance et la défaite, que le roi mésopotamien était identifié à certaines époques et en certaines occasions solennelles.
Le dieu souffrant mésopotamien qui pénètre dans le monde inférieur et qui revit avec la végétation, rappelle Osiris. En Egypte, le culte d’Osiris prit naissance à l’époque historique, et l’on peut prouver qu’il dérivait du culte officiel d’un représentant sous une forme mythologique, le prédécesseur du monarque régnant.
C’est à son caractère de roi défunt qu’Osiris a dû être classé au-dessous du dieu-Soleil ; et de ce fait, une autre ressemblance entre Osiris, Tammuz et Adonis s’affaiblit. Il est vrai que Tammuz et Adonis, eux aussi, se classent au-dessous des plus grands dieux de leur panthéons respectifs, mais cela résulte de leur caractère de « fils » ; ils dépendent de la Grande Déesse. Nous touchons là à un contraste fondamental entre Osiris et les dieux asiatiques. Osiris n’est absolument pas subordonné à la déesse qui le secourt et n’est pas son enfant. Osiris est le fils de Nout ; cet aspect d’Osiris est souligné par les textes funéraires parce qu’il contient une promesse de renaissance, par la mère, à la vie éternelle. Mais dans le mythe, Osiris est cherché et trouvé par Isis, sa sœur et épouse qui à cet égard ressemble aux déesses-mères asiatiques. Elle différencie d’elles néanmoins, par sa totale dépendance envers le dieu ; Osiris domine Isis. Quand celle-ci conçut Horus après la mort d’Osiris, le mystère de l’inextinguible vitalité n’était évidemment pas en elle, mais dans le dieu qui engendra Horus.
En ce qui concerne le fils du dieu souffrant, les différences entre l’Egypte et l’Asie l’emportent sur les analogies superficielles. Adonis ne fut jamais considéré comme procréateur. Horus « soutenait » ou « vengeait » Osiris mais pas comme Nabu ou Ninurta, les fils de Mardouk et Enlil aidèrent leurs pères captifs. En Mésopotamie, le fils entrait temporairement en fonction pendant l’incarcération de son père ; une fois libéré, Mardouk, Enlil et Assur se mettaient à la tête du combat contre le chaos et la mort, et ils remportaient la victoire ; Nabu ou Ninurta n’étaient que leurs représentants qui mettaient fin à leur assujettissement momentanément. En Egypte, au contraire, Osiris ne remontait pas sur le trône ; Horus était son légitime successeur. Entre eux deux persistait un rapport mystérieux, permanent et mutuel. En fait, Osiris n’était pas un dieu mourant mais un dieu mort. Il ne revenait jamais parmi les vivants ; il n’était pas comme Tammuz, délivré du monde des morts. Au contraire, Osiris appartenait entièrement au monde des morts ; c’était de là qu’il dispensait à l’Egypte ses bénédictions. On le représentait toujours sous la forme d’une momie, d’un roi mort, quoique dieu, parce qu’il était un roi, - une figure complexe mais typiquement égyptienne.
Même dans leur rapport fondamental avec la vie végétale, les dieux montrent de profondes différences : Adonis personnifiait la végétation printanière ; Tammuz, la force reproductrice non seulement des plantes mais aussi des animaux, tandis qu’Osiris faisait pousser le grain, cela faisait partie de la fonction que le roi mort remplissait dans l’économie naturelle de son peuple. Tous deux, Osiris et Tammuz souffraient, croyait-on, lorsque le blé était battu. Ceci se trouve exprimé sans la moindre équivoque dans le mystère égyptien de la succession, et un peu moins clairement dans un texte concernant Tammuz. La croyance persistait encore en plein moyen âge, alors que des adorateurs de Tammuz survivaient à Harran. Les textes de Ras Shamra prouvent que cette croyance existait aussi en Syrie bien qu’on ne puisse démontrer que ce fût dans le cadre du culte d’Adonis, connu seulement d’après des sources tardives. La doctrine procède directement du rapport de chacun de ces dieux avec la vie végétale ; aussi ne peut-on y voir un trait particulier qu’ils auraient en commun.
Même si un petit nombre de détails du culte ou du mythe étaient des survivances d’un lointain passé commun, les dieux tels qu’ils se présentent à nous dans les religions de l’ancien Proche Orient, expriment des mentalités profondément différentes. Et c’est par ce qu’ils ont de spécifiquement différent, non par leur ressemblance générique, qu’il nous est possible d’en saisir la valeur.
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