La Tradition et l'évolution de la civilisation européenne
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Re: La Tradition et l'évolution de la civilisation européenne
SFuchs a écrit :
Bonjour SFuchs,
Des mystiques on en trouve aussi et surtout dans les différentes philosophies. D’ailleurs la voie que nous choisissons d’emprunter pour atteindre le but de notre existence n’a que peu d’importance.
En ce qui concerne la méditation chez les catholiques, le pape Jean-Paul II a proclamé que « la méditation ne servait à rien » (sic)… paroles qui lui valurent un lever de boucliers de la part des bouddhistes avec lesquels il cherchait un rapprochement. Quant à méditer sur des textes bibliques rédigés par des humains, personnellement je préfère de très loin le faire sur les sujets que nous offre le grand Livre qu’est la Nature.
En général, les gens prient Dieu, Bouddha, Jésus, Allah ou les dieux ou déesses d’une religion. Leur prière est l’expression d’un désir ou d’une demande d’aide à une Source divine. Toute prière passe par l’Esprit individuel parce que l’Esprit tend à prendre contact avec tout ce qui est spirituellement plus « évolué » que lui-même. Loin de saper le contact avec la divinité, la communication avec l’Esprit renforce réellement, développe et apporte des avantages pratiques.
On entend souvent des personnes dire que prier ne sert à rien. Un jour, un sage lama m’a fait savoir par l'un de ses parents qu’il avait tant et tant prié dans sa vie pour un résultat quasi nul. Le problème réside dans le fait que le langage pour communiquer avec l’Esprit et les essences d’autres systèmes d’énergie est essentiellement visuel et télépathique et non verbal. Ainsi, dans la prière, la visualisation et l’intention doivent être claires. Mais cela ne suffit pas tout à fait, il faut encore savoir « activer » la prière en la chargeant avec une bioénergie. Un tel contact avec l’Esprit est alors généralement une expérience extatique.
Il faut néanmoins souligner que, outre ces dérives, il existe aujourd'hui encore des sources vives d'énergie au sein des églises. Dans la tradition chrétienne, il y a de grands mystiques qui, aujourd'hui encore, sont capables d'une très hautes spiritualité, compréhension du monde et des hommes. Il existe aussi dans le monde chrétien des écoles de méditation invitant à connaitre Dieu et se connaitre soi-même par la prière et le recueillement dans les paroles sacrées et consignées de la Bible. J'ai malheureusement le sentiment que la filière se tarit tout doucement.
Parmi mes dernières lectures, il y a un essai posthume au décès de Paul du Breuil (1991). Cet essai, "Zarathoustra et le renouveau chrétien de l'Europe" compilé par Démètre Théraios, cherche à sortir le christianisme de ses impasses potentielles, que nous pouvons deviner à l'heure actuelle, en retrouvant les sources zoroastriennes de cette religion. C'est très intéressant. A la lecture de cet essai, il m'a semblé que le zoroastrisme était peut-être frappé du même syndrome que le christianisme, développant une compréhension un peu trop manichéenne du monde dans laquelle l'intégration du mal y compris dans un sens "bien négatif" est rapidement exclu. Cela peut-il expliquer que le royaume achéménide ouvert et tolérant ait succombé à l'expansion conquérante de l'islam, cette religion assez frustre permettant de conduire une population à de grandes et flatteuses conquêtes ? L'histoire n'est-elle pas en train de se reproduire sous nos yeux, aujourd'hui en Europe ?
Bonjour SFuchs,
Des mystiques on en trouve aussi et surtout dans les différentes philosophies. D’ailleurs la voie que nous choisissons d’emprunter pour atteindre le but de notre existence n’a que peu d’importance.
En ce qui concerne la méditation chez les catholiques, le pape Jean-Paul II a proclamé que « la méditation ne servait à rien » (sic)… paroles qui lui valurent un lever de boucliers de la part des bouddhistes avec lesquels il cherchait un rapprochement. Quant à méditer sur des textes bibliques rédigés par des humains, personnellement je préfère de très loin le faire sur les sujets que nous offre le grand Livre qu’est la Nature.
En général, les gens prient Dieu, Bouddha, Jésus, Allah ou les dieux ou déesses d’une religion. Leur prière est l’expression d’un désir ou d’une demande d’aide à une Source divine. Toute prière passe par l’Esprit individuel parce que l’Esprit tend à prendre contact avec tout ce qui est spirituellement plus « évolué » que lui-même. Loin de saper le contact avec la divinité, la communication avec l’Esprit renforce réellement, développe et apporte des avantages pratiques.
On entend souvent des personnes dire que prier ne sert à rien. Un jour, un sage lama m’a fait savoir par l'un de ses parents qu’il avait tant et tant prié dans sa vie pour un résultat quasi nul. Le problème réside dans le fait que le langage pour communiquer avec l’Esprit et les essences d’autres systèmes d’énergie est essentiellement visuel et télépathique et non verbal. Ainsi, dans la prière, la visualisation et l’intention doivent être claires. Mais cela ne suffit pas tout à fait, il faut encore savoir « activer » la prière en la chargeant avec une bioénergie. Un tel contact avec l’Esprit est alors généralement une expérience extatique.
Freya- Messages : 1338
Date d'inscription : 24/08/2012
Localisation : Vosges
Re: La Tradition et l'évolution de la civilisation européenne
Bonjour Freya, merci pour votre réponse !
Je vois deux problèmes à la réponse de Jean-Paul II :
1 - Avoir aussi peu de considération pour les vertus de la méditation relève plus de l'ignorance que de la sagesse.
2 - Imaginer un rapprochement entre bouddhisme et christianisme en tant que vicaire du Christ est une aberration, une erreur de casting.
Il existe pourtant des écoles de méditations chrétiennes. Parmi les techniques dont j'ai entendu parler : la philocalie (la prière du coeur), ou encore la prière de Jésus (Aie pitié de moi pêcheur).
Il faut bien admettre que la sphère chrétienne et particulièrement catholique est assez dénuée et pauvre sur le sujet, si on la compare à d'autres traditions orientales ou si l'on se réfère simplement à la grande sagesse des Pères du désert.
Quant à dire que prier ne sert à rien, cela est bien triste de la part de ce lama. Je pense sincèrement que la prière porte des fruits, mais dans le monde invisible, pour ensuite apporter indirectement - qui sait - une amélioration globale de l'état du monde et de l'humanité.
J'avoue humblement ne pas pratiquer la méditation. Un jour, peut-être ... La petite circulation énergétique a attiré mon attention, qui consiste à faire circuler un flux d'énergie, grâce à la respiration, à l'attention et au détachement, au travers des différents chakras de l'axe corporel, et ainsi ouvrir et éveiller la conscience et au delà vivifier tout l'organisme. Il semble que cette technique a des vertus thérapeutiques et peut conduire à l'expérience ambivalente du Nirvana (ambivalente car il y a un risque de dissolution du moi).
Il est certain que la façon de prier importe, qu'il existe des techniques et un entrainement, une assiduité, pour rendre la prière ou la méditation efficace.
Je vois deux problèmes à la réponse de Jean-Paul II :
1 - Avoir aussi peu de considération pour les vertus de la méditation relève plus de l'ignorance que de la sagesse.
2 - Imaginer un rapprochement entre bouddhisme et christianisme en tant que vicaire du Christ est une aberration, une erreur de casting.
Il existe pourtant des écoles de méditations chrétiennes. Parmi les techniques dont j'ai entendu parler : la philocalie (la prière du coeur), ou encore la prière de Jésus (Aie pitié de moi pêcheur).
Il faut bien admettre que la sphère chrétienne et particulièrement catholique est assez dénuée et pauvre sur le sujet, si on la compare à d'autres traditions orientales ou si l'on se réfère simplement à la grande sagesse des Pères du désert.
Quant à dire que prier ne sert à rien, cela est bien triste de la part de ce lama. Je pense sincèrement que la prière porte des fruits, mais dans le monde invisible, pour ensuite apporter indirectement - qui sait - une amélioration globale de l'état du monde et de l'humanité.
J'avoue humblement ne pas pratiquer la méditation. Un jour, peut-être ... La petite circulation énergétique a attiré mon attention, qui consiste à faire circuler un flux d'énergie, grâce à la respiration, à l'attention et au détachement, au travers des différents chakras de l'axe corporel, et ainsi ouvrir et éveiller la conscience et au delà vivifier tout l'organisme. Il semble que cette technique a des vertus thérapeutiques et peut conduire à l'expérience ambivalente du Nirvana (ambivalente car il y a un risque de dissolution du moi).
Il est certain que la façon de prier importe, qu'il existe des techniques et un entrainement, une assiduité, pour rendre la prière ou la méditation efficace.
SFuchs- Messages : 135
Date d'inscription : 29/05/2015
Re: La Tradition et l'évolution de la civilisation européenne
Des mystiques, il y en a eu dans toutes les religions et hors religion. L'expérience mystique est personnelle indépendante es doctrines rekigieuse. Elle ne se produit pas grâce à la religion mais plutôt en dépit de la religion.
Toutes les religions constituées sont des institutions sociales qui ont vieilli et se sont sclérosées dans des doctrines modifiées pendant des millénaires. Il y a cependant une différence essentielle entre les monothéismes (dits d’origine abrahamique) et les religions orientales, c’est la légende cosmologique d’une création faite pour l’homme (masculin=Adam), une légende qui anime aujourd’hui encore des sectes néoconservatrices américaines. Les religions orientales par contre ne voient en général pas l’univers comme un « être » créé une fois pour toutes, mais comme un « devenir » cyclique (taoïsme) ou une « coproduction conditionnée » (bouddhisme).
Comme je l’ai déjà dit plus haut (lien), je pense que la crise de civilisation occidentale et la division de la société en individualismes égoïstes est une conséquence de la philosophie et logique aristotélicienne.
En ce qui concerne le christianisme, je me suis rendu compte qu’il faut faire une distinction entre chrétiens occidentaux et chrétiens orthodoxes orientaux. Le christianisme fondé au premier concile de Nicée, avait défini la trinité dans l’esprit de la cosmologie néoplatonicienne des trois hypostases. La tradition orthodoxe est restée fidèle à cette définition trinitaire et à une logique platonicienne de complémentarité et du tiers inclus
Le catholicisme romain par contre s’en est écarté par le manichéisme augustinien et sa conception du mal, par la "consubstantialité" du Père et du Fils (le fameux filioque qu’ont refusé les orthodoxe) et par l’adoption ultérieure de la logique de contradiction exclue qui confortait la prétendue infaillibilité du pape et l’Inquisition. Depuis Augustin déjà, qui était manichéen dans sa jeunesse, il y a eu une conception manichéenne du bien et du mal dans l’Eglise romaine du Moyen-âge. C’est devenu le dualisme vrai/faux avec l’adoption de l’aristotélisme par Thomas d’Aquin.
Je me suis rendu compte que les scientifiques qui m’ont permis de faire une synthèse entre Science et Tradition sur une base trilogique sont d’origine russe (Prigogine, Ivanov) ou roumaine (Nicolescu, Lupasco, Neagu). Je ne les soupçonne pas d’être des pratiquants religieux mais d’avoir par leur tradition et éducation une ouverture d’esprit qui manque aux chrétiens occidentaux.
Même si l’Eglise orthodoxe russe bénéficie après l’ère communiste d’une nouvelle ferveur, je ne crois pas que le christianisme puisse survivre. Par contre je crois que la nouvelle alliance eurasienne entre Russes et Chinois pourrait favoriser une métaphysique et cosmologie compatible avec une Science révisée, qui serait une sorte de syncrétisme entre platonisme orthodoxe et taoïsme.
Le livre de Guy Mettan : Russie-Occident, une guerre de mille ans explique bien la haine politique et religieuse de L’Occident contre la Russie qui actuellement dégénère en guerre de civilisation. Il est significatif que les Américains considèrent Poutine comme le Mal en personne et déclarent que « ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous » conformément à la logique aristotélicienne de contradiction exclue et du tiers exclu. Poutine par contre continuait à désigner les Occidentaux de « partenaires », et à proposer des négociations et des compromis dans tous les domaines.
Toutes les religions constituées sont des institutions sociales qui ont vieilli et se sont sclérosées dans des doctrines modifiées pendant des millénaires. Il y a cependant une différence essentielle entre les monothéismes (dits d’origine abrahamique) et les religions orientales, c’est la légende cosmologique d’une création faite pour l’homme (masculin=Adam), une légende qui anime aujourd’hui encore des sectes néoconservatrices américaines. Les religions orientales par contre ne voient en général pas l’univers comme un « être » créé une fois pour toutes, mais comme un « devenir » cyclique (taoïsme) ou une « coproduction conditionnée » (bouddhisme).
Comme je l’ai déjà dit plus haut (lien), je pense que la crise de civilisation occidentale et la division de la société en individualismes égoïstes est une conséquence de la philosophie et logique aristotélicienne.
En ce qui concerne le christianisme, je me suis rendu compte qu’il faut faire une distinction entre chrétiens occidentaux et chrétiens orthodoxes orientaux. Le christianisme fondé au premier concile de Nicée, avait défini la trinité dans l’esprit de la cosmologie néoplatonicienne des trois hypostases. La tradition orthodoxe est restée fidèle à cette définition trinitaire et à une logique platonicienne de complémentarité et du tiers inclus
Le catholicisme romain par contre s’en est écarté par le manichéisme augustinien et sa conception du mal, par la "consubstantialité" du Père et du Fils (le fameux filioque qu’ont refusé les orthodoxe) et par l’adoption ultérieure de la logique de contradiction exclue qui confortait la prétendue infaillibilité du pape et l’Inquisition. Depuis Augustin déjà, qui était manichéen dans sa jeunesse, il y a eu une conception manichéenne du bien et du mal dans l’Eglise romaine du Moyen-âge. C’est devenu le dualisme vrai/faux avec l’adoption de l’aristotélisme par Thomas d’Aquin.
Je me suis rendu compte que les scientifiques qui m’ont permis de faire une synthèse entre Science et Tradition sur une base trilogique sont d’origine russe (Prigogine, Ivanov) ou roumaine (Nicolescu, Lupasco, Neagu). Je ne les soupçonne pas d’être des pratiquants religieux mais d’avoir par leur tradition et éducation une ouverture d’esprit qui manque aux chrétiens occidentaux.
Même si l’Eglise orthodoxe russe bénéficie après l’ère communiste d’une nouvelle ferveur, je ne crois pas que le christianisme puisse survivre. Par contre je crois que la nouvelle alliance eurasienne entre Russes et Chinois pourrait favoriser une métaphysique et cosmologie compatible avec une Science révisée, qui serait une sorte de syncrétisme entre platonisme orthodoxe et taoïsme.
Le livre de Guy Mettan : Russie-Occident, une guerre de mille ans explique bien la haine politique et religieuse de L’Occident contre la Russie qui actuellement dégénère en guerre de civilisation. Il est significatif que les Américains considèrent Poutine comme le Mal en personne et déclarent que « ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous » conformément à la logique aristotélicienne de contradiction exclue et du tiers exclu. Poutine par contre continuait à désigner les Occidentaux de « partenaires », et à proposer des négociations et des compromis dans tous les domaines.
Re: La Tradition et l'évolution de la civilisation européenne
Bonjour Résurgence,
Je suis globalement d'accord avec vous. Je viens de trouver une très belle référence qui parle de tout cela : il s'agit de Louis Pauwels dans un essai "Le Droit de parler" paru en mai 1981.
Pour ce qui est de ce conflit de civilisation naissant entre la sphère occidentalo-atlantique et les pays d'orient dits "non alignés" que sont la Russie, la Chine et l'Iran, je suis tout à fait d'accord pour constater l'effondrement de la pensée occidentale dans des rhétoriques à la fois manichéennes, mais aussi hors-sol. Car que peut bien signifier, par exemple, le slogan utilisé par les américains et désormais par nos dirigeants de "lutter contre le terrorisme" ? Le terrorisme, au-delà bien sûr de ses manifestations insupportables et spectaculaires, c'est qui, c'est quoi ? Quant à son opposé qui est le camp j'imagine des gentils et des civilisés : c'est qui, c'est quoi ? Chaque culture ou civilisation a sa part de lumière et d'ombre, il serait utile de s'en rappeler avant de vouloir cyniquement pratiquer l'ingérence à l'échelle mondiale au nom de la "liberté" et des "droits de l'homme", qui ressemble bien souvent à l'imposition des normes et standards occidentaux au reste de la planète, pour le plus grand bénéfice à tirer par l'empire atlantique.
L'horizon politique et donc intellectuel des gens qui nous dirigent me semble bien pauvre. La pensée dualiste et manichéenne est clairement une régression intellectuelle selon laquelle, notamment, il n'y a plus les petit points de couleur opposées dans le Yin et dans le Yang. Il s'agit d'une pensée puérile et arrogante consistant à vouloir s'arroger tout et sans partage au nom de la non négociabilité du bien avec le mal.
Je pense qu'il y a beaucoup de cynisme dans l'usage de cette rhétorique manichéenne des gens qui nous dirigent, car elle permet une déligimitisation de tout ce qui s'oppose à l'expansionisme occidental, y compris la constesation interne (un des grands dangers pour les gens qui nous dirigent est toute pensée conduisant au retour à l'idée d'enracinement, d'identité, de frontière ou selon un bon mot de la systémique : de clôture opérationnelle). A long terme, l'enjeu n'est pourtant ni plus ni moins que de perdre son âme dans cette folle fuite en avant.
Je trouve l'église catholique complètement atone face aux défis spirituels à relever en occident. Je suppose qu'elle voit dans cette mondialisation à marche forcée une occasion de se diffuser à l'échelle mondiale, et à reconstituer son stock d'ouailles et son magistère moral sur les populations des pays émergents, éloignant ainsi encore plus le christianisme romain de son foyer d'origine. Pour quels résultats et bénéfices ? L'avenir nous le dira. Je me suis instinctivement tourné vers l'orthodoxie, inconsciemmment et certainement un peu pour toutes ces raisons et pour d'autres.
Je suis globalement d'accord avec vous. Je viens de trouver une très belle référence qui parle de tout cela : il s'agit de Louis Pauwels dans un essai "Le Droit de parler" paru en mai 1981.
- Code:
https://books.google.fr/books?id=_IoIS0RjlXUC&pg=PT262&dq=louis+pauwels+fondements+d%27une+r%C3%A9volution+conservatrice&hl=fr&sa=X&ved=0CCEQ6AEwAGoVChMI2a38xe7fxgIVpadyCh0msAla#v=onepage&q=louis%20pauwels%20fondements%20d%27une%20r%C3%A9volution%20conservatrice&f=false
Le néo-paganisme, tel qu'on le sent en gestation dans notre temps, n'engage pas une lutte (qui serait périmée) contre le christianisme, mais en assimile les aspects positifs pour les sauver de la décomposition. Là encore, on ne retourne pas à l'antérieur. On dépasse ce qui s'achève.
La rénovation du paganisme doit être comprise comme une révolution des idées. Et, notamment, comme un dépassement des conceptions dualistes de l'homme et du monde. L'originalité éternellement moderne du paganisme est de substituer aux constructions intérieures de l'intelligence, qui ne peuvent dépasser le 'ou bien', 'ou bien', le 'oui' ou le 'non', les constructions supérieures d'où l'on voit toutes les choses de l'existence sous le signe du : 'et'. Le corps 'et' l'âme, la religion 'et' le civisme, le bien 'et' le mal.
J'ai gardé en mémoire le vieux proberbe romain cité par Panaït Istrati, et qui vient des Antiques : "C'est mal avec le mal, mais ce serait pire sans le mal." Car le bien et le mal s'engendrent l'un l'autre et la spiritualité païenne trouve son apogée dans le mariage des contraires. Ce proverbe est à rapprocher du mot magnifique de Jacob Bôhme (un "résistant") : "Je voyais et je connaissais la totalité de l'être, dans le bien et le mal, et comment l'un naît de l'autre."
Ainsi, le paganisme se nourrit sans complexes des fruits de l'arbre du bien et du mal. Ou plutôt, il est cet arbre. Et, par là, il est l'invitation suprême à la tolérance, car rien ni personne ne saurait incarner à ses yeux le mal absolu. Lequel, d'ailleurs, n'existe pas.
Pour lui, il n'y a pas de péché héréditaire. Et il n'y a aucun besoin d'un rédempteur. Ce sont nos actes, nos choix, nos oeuvres, qui nous construisent. Nous recevons la grâce par notre propre création et par la place, plus ou moins grande, que nous avons accordé nous-mêmes à notre nature divine. Contrairement aux monothéistes qui reçoivent de Dieu-tout-Autre leur morale, les païens spirituels disent : c'est notre morale qui nous révèle à Dieu.
Ils ajoutent : quand nous nous approprions la totalité de notre liberté, nous invitons Dieu, précédé par son cortège de dieux, à venir en nous. Nous pourrions aussi inviter le Diable, car nous sommes libres de nous faire ou de nous défaire. Mais le vrai mystère, et, à vrai dire, le seul, est que l'homme préfère se faire à se défaire, car Dieu, l'univers harmonieux et lui-même ne sont qu'un. Seul de toutes les créatures, l'homme peut s'interroger sur son être. Il découvre que le fond de l'être est le divin. L'essence de l'être et Dieu ne font qu'un.
Goethe fait dire à Prométhée délivré : " Toi, mon coeur ardent et sacré, n'as-tu pas tout accompli toi-même ? "
Pour ce qui est de ce conflit de civilisation naissant entre la sphère occidentalo-atlantique et les pays d'orient dits "non alignés" que sont la Russie, la Chine et l'Iran, je suis tout à fait d'accord pour constater l'effondrement de la pensée occidentale dans des rhétoriques à la fois manichéennes, mais aussi hors-sol. Car que peut bien signifier, par exemple, le slogan utilisé par les américains et désormais par nos dirigeants de "lutter contre le terrorisme" ? Le terrorisme, au-delà bien sûr de ses manifestations insupportables et spectaculaires, c'est qui, c'est quoi ? Quant à son opposé qui est le camp j'imagine des gentils et des civilisés : c'est qui, c'est quoi ? Chaque culture ou civilisation a sa part de lumière et d'ombre, il serait utile de s'en rappeler avant de vouloir cyniquement pratiquer l'ingérence à l'échelle mondiale au nom de la "liberté" et des "droits de l'homme", qui ressemble bien souvent à l'imposition des normes et standards occidentaux au reste de la planète, pour le plus grand bénéfice à tirer par l'empire atlantique.
L'horizon politique et donc intellectuel des gens qui nous dirigent me semble bien pauvre. La pensée dualiste et manichéenne est clairement une régression intellectuelle selon laquelle, notamment, il n'y a plus les petit points de couleur opposées dans le Yin et dans le Yang. Il s'agit d'une pensée puérile et arrogante consistant à vouloir s'arroger tout et sans partage au nom de la non négociabilité du bien avec le mal.
Je pense qu'il y a beaucoup de cynisme dans l'usage de cette rhétorique manichéenne des gens qui nous dirigent, car elle permet une déligimitisation de tout ce qui s'oppose à l'expansionisme occidental, y compris la constesation interne (un des grands dangers pour les gens qui nous dirigent est toute pensée conduisant au retour à l'idée d'enracinement, d'identité, de frontière ou selon un bon mot de la systémique : de clôture opérationnelle). A long terme, l'enjeu n'est pourtant ni plus ni moins que de perdre son âme dans cette folle fuite en avant.
Je trouve l'église catholique complètement atone face aux défis spirituels à relever en occident. Je suppose qu'elle voit dans cette mondialisation à marche forcée une occasion de se diffuser à l'échelle mondiale, et à reconstituer son stock d'ouailles et son magistère moral sur les populations des pays émergents, éloignant ainsi encore plus le christianisme romain de son foyer d'origine. Pour quels résultats et bénéfices ? L'avenir nous le dira. Je me suis instinctivement tourné vers l'orthodoxie, inconsciemmment et certainement un peu pour toutes ces raisons et pour d'autres.
SFuchs- Messages : 135
Date d'inscription : 29/05/2015
Re: La Tradition et l'évolution de la civilisation européenne
Citation très intéressante et claivoyante de Louis Pauwels dont j’avais lu le Matin des Magiciens.
Il a cité Böhme à propos de ce que j’appelle logique de complémentarité des contraires ou principe d’antagonisme selon Lupasco. J’ai failli citer Böhme dans mon dernier post comme exemple de mysticisme indépendant de la religion. Basarab Nicolescu a écrit un livre sur les visions de Böhme : "La science, le sens et l'évolution". J’en ai fait un résumé ICI.
J’aime bien son idée de "rénovation par le paganisme", ce qui signifie retour à une religion de la nature nécessairement en accord avec une science également rénovée pour être en accord avec ce qu’il y a de plus universel dans la Tradition.
Par ailleurs je suis du même avis que vous en ce qui concerne l’état compliqué et dégénéré de la civilisation occidentale et la situation géostratégique actuelle qui en est la conséquence.
Il a cité Böhme à propos de ce que j’appelle logique de complémentarité des contraires ou principe d’antagonisme selon Lupasco. J’ai failli citer Böhme dans mon dernier post comme exemple de mysticisme indépendant de la religion. Basarab Nicolescu a écrit un livre sur les visions de Böhme : "La science, le sens et l'évolution". J’en ai fait un résumé ICI.
J’aime bien son idée de "rénovation par le paganisme", ce qui signifie retour à une religion de la nature nécessairement en accord avec une science également rénovée pour être en accord avec ce qu’il y a de plus universel dans la Tradition.
Par ailleurs je suis du même avis que vous en ce qui concerne l’état compliqué et dégénéré de la civilisation occidentale et la situation géostratégique actuelle qui en est la conséquence.
Re: La Tradition et l'évolution de la civilisation européenne
Sa Sainteté le Dalaï Lama en train de rire après avoir soufflé les bougies du gâteau présenté par le président Bush et sa femme en l’honneur de son 80e anniversaire à venir, au cours d’un déjeuner au Centre présidentiel George W. Bush à Dallas (Texas) aux États-Unis, le 1er juillet 2015
J’avais de l’admiration pour le bouddhisme tibétain et le Dalai lama. Puis j’ai eu des doutes, le voyant sponsorisé par des ONG américaines. A présent je n’ai plus d’estime pour lui.
J’ai déjà constaté cette tendance à se laisser séduire par le matérialisme de la civilisation occidentale chez deux autres lamas tibétains.
Le Bouddhisme contemporain a perdu les racines de l’enseignement de Bouddha comme le christianisme occidental a perdu ses racines ésotériques.
Re: La Tradition et l'évolution de la civilisation européenne
L'empire américain possède un pouvoir d'embrigadement et de séduction absolument terrible, assis sur sa puissance financière, militaire, son soft power culturel, et son enrobage dans des causes d'apparence louable. Je ne connais pas bien le Dalaï Lama. On pourrait dire à sa décharge qu'il s'est trouvé enrôlé par un système qui le désirait à ses côtés, parce que le Dalaï Lama représente quelque chose de louable comme la défense des minorités, de la liberté des peuples etc.
Il faut quand même préciser deux choses dans le combat du Dalaï Lama : il est légitime dans le sens où le pouvoir central chinois recours à la substitution ethnique au Tibet pour éradiquer la culture tibétaine : en cela la manoeuvre peut être qualifiée d'ethnocide. Néanmoins il faut aussi garder à l'esprit que le Tibet n'est pas tout à fait une société démocratique et libérale, mais plutôt de caste ayant recourt au servage, ce qui confère une double ironie à l'affaire : les Etas-Unis défendent ici un pays aux valeurs archaïques du point de vue américain, mais se révèlent hostiles à la Russie ou l'Iran parce que ces pays sont soit-disant archaïques ou arriérés. Il existe un nombre incroyable de fondations d'origine américaine pour soit-disant promouvoir les libertés dans le monde, alors qu'il s'agit juste de saper la société civile d'un pays pas assez aligné : c'est le travail d'institutions telles que l'Open Society Foundation de Soros (financement par associations interposées de notamment : les Femen, ou encore le CCIF Comité Consultatif contre l'Islamophobie en France), de personnalités comme Jimmy Carter Prix Nobel de la "Paix", quand ce n'est pas tout simplement l'oeuvre discrète de la CIA (révolutions colorées des pays d'Europe centrale). De la pure hypocrisie cachant des minables intérêts géostratégiques.
Pour en revenir au Dalaï Lama et à sa décharge : "on" est allé le chercher pour l'enrôler, alors que certains sont plutôt à travailler activement pour se faire enrôler par l'empire et ses relais, car ils ont reconnu en lui les moyens de "réussir".
Il faut quand même préciser deux choses dans le combat du Dalaï Lama : il est légitime dans le sens où le pouvoir central chinois recours à la substitution ethnique au Tibet pour éradiquer la culture tibétaine : en cela la manoeuvre peut être qualifiée d'ethnocide. Néanmoins il faut aussi garder à l'esprit que le Tibet n'est pas tout à fait une société démocratique et libérale, mais plutôt de caste ayant recourt au servage, ce qui confère une double ironie à l'affaire : les Etas-Unis défendent ici un pays aux valeurs archaïques du point de vue américain, mais se révèlent hostiles à la Russie ou l'Iran parce que ces pays sont soit-disant archaïques ou arriérés. Il existe un nombre incroyable de fondations d'origine américaine pour soit-disant promouvoir les libertés dans le monde, alors qu'il s'agit juste de saper la société civile d'un pays pas assez aligné : c'est le travail d'institutions telles que l'Open Society Foundation de Soros (financement par associations interposées de notamment : les Femen, ou encore le CCIF Comité Consultatif contre l'Islamophobie en France), de personnalités comme Jimmy Carter Prix Nobel de la "Paix", quand ce n'est pas tout simplement l'oeuvre discrète de la CIA (révolutions colorées des pays d'Europe centrale). De la pure hypocrisie cachant des minables intérêts géostratégiques.
Pour en revenir au Dalaï Lama et à sa décharge : "on" est allé le chercher pour l'enrôler, alors que certains sont plutôt à travailler activement pour se faire enrôler par l'empire et ses relais, car ils ont reconnu en lui les moyens de "réussir".
SFuchs- Messages : 135
Date d'inscription : 29/05/2015
Re: La Tradition et l'évolution de la civilisation européenne
Je suis bien au courant de ces dessous de la géostratégie. Des informations et discussions à ce sujet abondent heureusement sur d’autres blogs et forums. Je préfère promouvoir ici la recherche du bon sens de la Tradition.
Combattre le système mondialiste est illusoire et finalement inutile : il va vers son autodestruction.
Je préfère dénoncer ici la pensée dualiste manichéenne répandu en Occident selon laquelle une affirmation considérée comme vraie exclurait l’affirmation du contraire ; ce qui entretient des disputes sans solution et sans fin sur des forums de métaphysique plus ou moins politisés.
Toute vérité n’est au mieux qu’une approximation et je dénonce toute vérité absolue, que ce soit le communisme ou le néolibéralisme ; mais aussi que ce soit l’athéisme qui prétend que le cerveau produit la conscience ou le spiritualisme inverse qui prétend que la conscience produit l’univers.
Le réel est à chercher dans le tiers inclus, entre les extrêmes, et le réalisme exige la recherche d’un moyen terme par la négociation.
Combattre le système mondialiste est illusoire et finalement inutile : il va vers son autodestruction.
Je préfère dénoncer ici la pensée dualiste manichéenne répandu en Occident selon laquelle une affirmation considérée comme vraie exclurait l’affirmation du contraire ; ce qui entretient des disputes sans solution et sans fin sur des forums de métaphysique plus ou moins politisés.
Toute vérité n’est au mieux qu’une approximation et je dénonce toute vérité absolue, que ce soit le communisme ou le néolibéralisme ; mais aussi que ce soit l’athéisme qui prétend que le cerveau produit la conscience ou le spiritualisme inverse qui prétend que la conscience produit l’univers.
Le réel est à chercher dans le tiers inclus, entre les extrêmes, et le réalisme exige la recherche d’un moyen terme par la négociation.
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