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Causes et étapes de l'involution culturelle européenne

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20082023

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Causes et étapes de l'involution culturelle européenne Empty Causes et étapes de l'involution culturelle européenne





La décadence de la pensée européenne est une très longue histoire qui s'étend depuis l’Antiquité jusqu’à la présente dégénérescence nihiliste postmoderne. Pour comprendre les causes et étapes de cette involution, il faut remonter jusqu’aux philosophes grecs et à la trahison par Aristote de son maître Platon.

***

Les prémices de la culture

Avant l’apparition de l’écriture, les  peuples de la nature représentaient  leur existence entre Ciel et Terre symboliquement par trois niveaux à la fois cosmiques, biologiques et psychique..
Le symbole le plus élaboré  est celui de l’arbre Yggdrasil dont les racines enserrent le monde souterrain des reptiles et des Nornes qui gèrent le temps, dont la couronne abrite les oiseaux du Ciel et dont le tronc qui relie Ciel et Terre est le centre du milieu vital de l’Homme.
Les cultures amérindiennes symbolisent l’es trois niveaux par leurs  animaux emblématiques, sur le totem en Amérique du Nord, sur des statuettes en Amérique du Sud.
Les hautes civilisations antiques ont toutes fondé leurs cosmologies sur trois principes de l’univers et de la connaissance représentés par des allégoriestels que le trimurti hindouiste et la Trinité chrétienne, ou exprimés par des concepts mystiques abstraits tels que le trikaya bouddhiste ou encore le trigramme chinois du Yi king, l’ensemble des principes yin-yang-qi.
symboles cosmologiques traditionnels:

Les étapes de l’involution

Éviction de la communication symbolique par l’écriture
L’introduction de l’écriture a profondément changé la pensée. Elle a remplacé la compréhension intuitive de la communication orale par l’explication extensive rationnelle au moyen de nouvelles expressions abstraites qui ne peuvent pas  remplacer le pouvoir suggestif intuitif, affectif, imaginatif du contact interpersonnel et de la voix humaine.
Les premières écritures pictographiques faisaient encore appel à l’imagination symbolique. L’écriture alphabétique par contre exigeait une définition des mots, c’est-à-dire une limitation du sens à une signification unique précise,  
L'écriture a fait perdre le sens des symboles et leurs rapports analogiques.

Le divorce entre la gnose de Platon et l’empirisme d’Aristote

L’écriture a permis le développement de systèmes philosophiques plus élaborés que ceux des traditions orales. Les œuvres de Platon conservent encore la forme du dialogue oral. L’unité indissociable des trois domaines traditionnels  de la connaissance est représentée dans République VII par la célèbre allégorie de la caverne.  Selon cette représentation symbolique, l’essence de la connaissance est la lumière indifférenciée du Ciel. Sa projection sur des  des formes-modèles (eidos) différencie la lumière de la connaissance qui se manifeste comme ombres sur la paroi des la caverne.

Platon étudiait les principes d’organisation du monde et de la connaissance intellectuelle. Il cherchait les fondements d’une connaissance intellectuelle certaine dans les  principes universels, existentiels. Dans Timée 31b-32a (cité dans une autre étude) il précise ses conceptions. Il imagine que  l’unité du monde nécessite la stabilité de la terre et les transformations du feu  et qu’un troisième, la proportion des deux, en réalise la beauté. Puis il étudie le rôle de la la proportion entre deux valeur, introduisant le principe du tiers inclus d’une logique de complémentarité s'appliquant aux relations.

Aristote par contre, influencé par les "physiciens ioniens", soutenait que seules les sensations seraient à l’origine de la connaissance. Il niait toute forme cognitive préexistante, estimant qu’à l’origine la conscience est un récipient vide et que seules les sensations apportent la connaissance. Son syllogisme et sa logique d’identité, de non-contradiction et du tiers exclu  n’établissent que ce qui est obtenu par la sensation et ne reconnaissent ni les relations ni les transformations qui organisent le monde.

Rupture de l’Europe avec l’Orient

Trahissant son maître Platon, Aristote s’allia au jeune Alexandre de Macédoine dont il était le précepteur et le soutint dans sa destruction de l’empire perse. La rigueur tyrannique de sa pensée formelle excluant toute contradiction et soutenant l’esclavage trouva son prolongement fidèle dans la façon dont Alexandre et ses troupes allaient se comporter en Asie "barbare".
La chute de l’empire perse sous la frappe d’Alexandre, marqua la rupture définitive des échanges culturels, scientifiques et philosophiques entre l’Occident et l’Orient qu’avaient favorisés les rois achéménides et permit la réapparition de l’esclavagisme qu’ils  avaient proscrit. La seule réalisation culturelle remarquable de cette époque trouble était la collection dans la bibliothèque d’Alexandrie de documents et manuscrits résultant du pillage des patrimoines culturels perses, indiens et égyptiens. Mais la bibliothèque fut en partie incendiée en 47 av J.-C. lors de l’invasion  par l’armée de Rome. La perte d‘influence  des sagesses orientales plongea l’Europe dans une nouvelle barbarie.

Dualisme impérial et monothéiste

Les croyances communes de l’époque hellénistique et de l’empire romain des premiers siècles de notre ère étaient laïques et empiriques. Les philosophies telles que le stoïcisme et l’épicurisme étaient pragmatiques, fatalistes et matérialistes. L‘intransigeance de l’élite impériale et la prétention d’exclusivité des monothéistes juifs et chrétiens s’accordaient avec le dualisme mazdéen bien/mal et avec le dualisme Vrai/Faux de la logique aristotélicienne.

L’influence néoplatonicienne et la Trinité chrétienne.

A l’écart des croyances romaines communes, des cercles ésotériques fermés (hermétiques) se réunissaient secrètement à Alexandrie. Parmi eux, les premiers chrétiens et les philosophes platoniciens allaient avoir une influence majeure.      
L’école de d’Ammonios Saccas proposait un syncrétisme des philosophes grecs Pythagore, Platon et Aristote avec les mystères égyptiens et les sagesses asiatiques. Elle avait comme disciples Plotin et Origène. Plotin fonda l’école néoplatonicienne romaine et fut l’auteur des Ennéades qui influencèrent Augustin. Origène conçut la triade chrétienne esprit-âme-corps qui permit l’élaboration par analogie du dogme de la Sainte Trinité, fondement du christianisme aux conciles de Nicée.

Dérive dualiste et schisme de 1054

Augustin devint l’exégète de l’Église de Rome comme Origène était l’exégète des Églises orientales. Mais Augustin qui était manichéen dans sa jeunesse introduisit un dualisme éthique bien/mal par le dogme du péché originel et du salut par la grâce conditionné par la foi. Ce dogme et celui de la "consubstantialité du Père et du Fils" (le filioque) altéraient la logique trinitaire originale conservée par l’Église byzantine et constituèrent, avec la prétention de priorité et d'universalité de Rome exprimées par le mot catholique, les causes  du schisme de 1054 des Églises d’Orient qui dorénavant se nommèrent orthodoxes.

Le dualisme thomiste

L’adoption par la scolastique de la logique aristotélicienne de non-contradiction frauduleusement étendue par Thomas d’Aquin aux dogmes « révélés » et sa mise en pratique  impitoyable dans les procès de l’Inquisition, étaient destinées à renforcer l’autorité de la papauté. Mais l’intolérance ecclésiastique reniait le message de tolérance du Nouveau Testament. Les abus hégémoniques discréditèrent le catholicisme et soulevèrent les réformes protestantes réduites à l’interprétation littérale de la Bible selon la même logique étroite. Les guerres de religion fratricides du seizième siècle se terminèrent en France par la laïcisation de l’État. Le dogmatisme catholique et le rationalisme protestant achevèrent la déspiritualisation du christianisme d’Europe occidentale.

Renouveau éphémère du néoplatonisme  italien

A la fin du Moyen-Âge d’anciens documents d’art et de philosophie grecque affluèrent en Italie en provenance de la Cordoue musulmane et surtout de la Byzance menacée par les Turcs. Des manuscrits hermétiques d’inspiration néoplatonicienne  créèrent au quinzième siècle un nouvel intérêt pour les philosophes grecs. Le cardinal Nicolas de Cues réalisa une synthèse remarquable du platonisme et du pythagorisme qui influença cosmologie métaphysique  de Giordano Bruno. L’Hermetica traduit du grec par Marcile Ficin souleva un certain intérêt littéraire au sein du clergé mais fut rejeté par l’Église à la suite de critiques malveillantes. Quant aux œuvres prémonitoires de Giordano Bruno, elles lui  valurent la condamnation à mort par la Sainte Inquisition.

Défaite  de la religion  et naissance de la Science

La condamnation de Giordano Bruno n’est pas seulement un crime contre sa personne mais aussi et surtout un crime contre la pensée libre et la philosophie. Elle obtint l’extermination de la métaphysique platonicienne. Mais ce crime  se retourna contre l’Église. Le 17 février 1600, date du supplice de Giordano Bruno sur le bûcher, marque désormais la défaite intellectuelle de l’autorité ecclésiastique et l’avènement d’une science empirique laïque, libérée des dogmes scolastiques.

***

L’essor des sciences partagées avec toutes les nations a été possible grâce à leur libération des dogmes ecclésiastiques et elle a été conditionnée par la logique empirique d’Aristote héritée de la scolastique. Or les mêmes causes produisent les mêmes effets. Cette logique d'intolérance de la contradiction allait fixer de nouveaux dogmes, créer de nouvelles dérives idéologiques et consolider l’hégémonie de nouvelles élites dotées de pouvoirs technologiques redoutables sans précédents.
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