La Sagesse du Serpent Hopi
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La Sagesse du Serpent Hopi
Pendant des milliers d'années, la tribu Hopi du nord de l'Arizona a organisé une cérémonie secrète et sacrée qui incarne la nature archétypale multiple et richement évocatrice du Serpent. Dans les temps modernes, la danse du Serpent (Tsu'tiki ou Tsu'tiva) a gagné en notoriété, en partie parce que ses participants mettent des serpents vivants dans leur bouche et les enroulent autour de leur cou. Les espèces, à la fois venimeuses et non venimeuses, pouvaient comprendre des couleuvres rayées, des serpents pituophis catenifer (couleuvres à nez minces appelés aussi Serpent-taupe ou Serpent-taureau), des crotales cérastes appelés aussi crotales cornus, et des serpents à sonnette.
Les Hopi et les Serpents
Pour les Hopi, l'intimité avec les serpents à sonnette et d'autres espèces ophidiennes engendrent des précipitations et la fécondité dans le haut désert. Cependant, le Serpent ne représente absolument pas l'élément démoniaque affiché dans la plupart des églises chrétiennes et plus particulièrement pentecôtistes.
Le rituel indigène bisannuel a lieu en août pendant les années qui alternent avec la cérémonie de la Flûte. Les années paires, la danse du Serpent se produit dans les villages d'Oraibi et Hotevilla de la Troisième Mesa (Third Mesa), et à Shongopovi et Shipaulovi de la Seconde Mesa (Second Mesa) ; les années impaires, le rituel se tient à Mishongnovi de la Seconde Mesa et à Walpi de la Première Mesa (First Mesa), ce dernier village conserve la plus forte tradition.
Cette cérémonie ne peut vraiment pas être considérée comme un culte du Serpent ou une ophiolâtrie. C'est un plaidoyer pour la fertilité agraire et l'humidité de la mousson dans un paysage désertique incroyablement beau mais rude. Le rituel de seize jours - neuf selon certains récits - encourage la maturité finale des cultures (principalement le maïs, les haricots et les courges) pendant le cycle agricole annuel.
Les serpents rassemblés dans chacune des quatre directions et dans cet ordre précis : nord-ouest, sud-ouest, sud-est et nord-est, sont individuellement «baptisés» en se faisant laver avec de la mousse laiteuse de racine de yucca, symbole du liquide séminal. Ces messagers du monde d'en-dessous, doivent être suffisamment propres pour pour être placés entre les dents des danseurs et porter les prières du peuple (monde médian) aux esprits des ancêtres (au-dessus).
Ce rituel est appelé la cérémonie Serpent-Antilope car il implique à la fois la société du Serpent (Tsuutsu't) et la société de l'Antilope (Tsöötsöpt) - à noter la similitude phonétique des deux termes. Dans la kiva, chambre souterraine de prière commune, les prêtres Antilopes construisent un autel en forme de mosaïque de sable semblable à un mandala qui mesure généralement environ 76 cm carré avec l'effigie d'un couguar face à l'est au centre, et latéralement quatre serpents de couleurs. Les couleurs du sable correspondent aux quatre types de maïs et aux quatre directions : jaune = nord-ouest, vert (ou bleu) = sud-ouest, rouge = sud-est et blanc = nord-est. On voit également dans la mosaïque, issus de quatre rangées de nuages semi-circulaires, quatre Serpents-éclair en zigzag, chacun représenté avec sa couleur symbolique et chacun avec une tête triangulaire et une corne incurvée sur le côté de la tête.
Les bâtons incurvés fichés dans des boules d'argile le long du bord représentent le dos courbé des ancêtres décédés.
Symbologie
«… Les Hopi font un lien tout à fait arbitraire, dans un symbolisme complexe, de Serpent-phallus-flèche-foudre, dans leurs propres déclarations explicites. Les armes symbolisent la masculinité spécifique des guerriers, disent-ils ; les esprits guerriers dont les guerriers sont les représentants, sont explicitement ithyphalliques ; les images des esprits sont faites de bois clair ; le Serpent-éclair est la flèche des dieux ; et la foudre frappant les champs de maïs est l'acte de leur fertilisation. »
Les guerriers (qalèetàataqt) qui fabriquent des bâtons de prière (pahos) pour la danse du Serpent peu après le solstice d'hiver, fournissent également un remède pour les hommes élaboré à partir de diverses racines pour la cérémonie d'août. «La raison d'utiliser la «médecine de l'homme» par les guerriers, est que la cérémonie du Serpent n'est pas seulement une prière pour la pluie mais une exposition de virilité et d'intrépidité. Le baudrier du chef guerrier, qui est une ceinture portée en diagonale sur la poitrine, est ensuite enroulé sur la figure du Couguar, et le bol de médecine des guerriers est posé dessus. (Le «bol» est un panier Apache gommé aux pignons.) »
Synchronisation avec Orion
Pour les Hopi, la principale constellation hivernale est Orion. Eux et d'autres peuples du Pueblo associent les étoiles, Orion en particulier, à la guerre. Sa ceinture est parfois conceptualisée comme un baudrier de guerrier ou un bandoulière. E.C. Parsons observe : «La ceinture d'Orion est considérée comme une bandoulière (to'zriki), car la constellation est un chef de guerre (kahletaka)». En hiver, Orion domine les cieux à minuit mais, apparaît également à l'aube en été après une absence de quelques mois conséquente à son séjour dans le monde d'en-dessous.
Le chercheur Richard Maitland Bradfield a mis en évidence l'importance de la Constellation d'Orion pour les Hopi : «Le ciel nocturne au-dessus du nord-est de l'Arizona est clair et brillant car Orion est une grande constellation qui a pour unique rival à cette latitude, le Grand Chariot ou la Grande Ourse qui tourne autour de l'étoile Polaire au nord et la Constellation du Scorpion dont une grande partie se trouve sous l'écliptique traversé par le Soleil (sud-ouest) et se trouve ainsi entre la Balance (ouest) avec Ophiuchus (Serpentaire) à l'est. Aussi, quand la Constellation d'Orion est en place, elle domine le ciel au-dessus des villages Hopi, à la fois par sa dimension et par l'ampleur de ses étoiles individuelles.»
L'autel des Antilopes de la kiva, est donc à la fois une représentation du cosmos (imago mundi) et d'une recréation de celui-ci. L'auteur Frank Waters écrit à ce sujet:
«L'ensemble du complexe de l'autel représente le monde tel qu'il a été formé par la terre, l'air, l'eau, la flore et l'humanité ; et chaque étape de sa construction s'accompagne de chants qui décrivent la formation du monde et son occupation, et d'une purification par l'eau sacrée. Les chansons sont secrètes, aucune personne à l'extérieur ne peut les entendre.»
Avant minuit, le onzième jour de la cérémonie, le mariage de la jeune fille Serpent et de la jeune Antilope a lieu, fusionnant symboliquement les deux sociétés. Juste après cela, le chant le plus sacré (pavásio) est entonné. Chanté dans «une langue étrangère inconnue» au profit des serpents eux-mêmes et non pour le peuple ; ces chansons continuent dans la kiva jusqu'à ce qu'Orion se lève pour planer sur l'horizon oriental.
Du village de Shongopovi le 21 août 1100 de notre ère, (la construction initiale approximative de grands pueblos dans les Mesas Hopi), Orion s’est levé au-dessus de l’horizon oriental à environ 1h30 du matin, et Sirius l'étoile la plus grande de la constellation du Grand Chien, a quitté l’horizon vers 3 heures du matin. Un rituel majeur Hopi avait lieu, synchronisé avec l'apparition de ces constellations primaires. La cérémonie du solstice d’hiver appelée Soyal est également synchronisée avec l’apparition d’Orion, mais cette fois comme la constellation est vue au méridien de la trappe du kiva peu après 1h00 du matin le 21 décembre.
La veille de la dernière représentation de la danse du Serpent sur la place, avant le lever du soleil avec Orion et Sirius se levant, deux guerriers de la société du Serpent tournent plusieurs fois autour des kivas du Serpent et de l'Antilope, chacun avec un rhombe (tovokìnpi) et un éclair dans les mains, qui représentent respectivement le tonnerre et la foudre des tempêtes de mousson qui commencent en juillet et se poursuivent en août jusqu'au début de septembre. Ces phénomènes météorologiques sont également associés au dieu du ciel Hopi Sótuknang.
Maniement du rhombe par un Aborigène austalien.
La véritable raison de la danse hopi du Serpent
Selon Bethe Hagens, Ph.D. de l'Université Walden, qui, avec William Becker, a fait des recherches sur le système d'astronomie planétaire : «… la plupart des rhombes sont liés d'une manière ou d'une autre à la constellation d'Orion qui est située entre le Taureau et Sirius, largement connu dans l'Antiquité comme Le Rhombe. " En fait, Mirzam, la quatrième étoile la plus brillante de la constellation du Grand Chien, était connue comme la «rugisseuse», annonçant à quelques minutes près, le lever de Sirius à l'est. Le rhombe a la forme du couteau de silex aztèque utilisé pour exciser les cœurs humains. Le cadre de foudre en bois ressemble à un porte-chapeau pliable moderne sans les chevilles.
Couteau de silex aztèque utiliser lors de l'excision des cœurs.
Partant d'un endroit quelconque dans le désert pour se terminer au sommet de la mesa, une course à pied est également organisée. Le gagnant remporte une gourde d'eau symbolique pour ses champs de maïs. John G. Bourke, qui a aidé le général George Crook pendant la campagne Apache, a étudié la danse des Serpents des «Moquis» (Hopi) en août 1881.
Il établit un parallèle entre cette course à pied et celle avec quatre concurrents aztèques qui couraient au sommet des pyramides de 120 marches au Mexique. « Les Aztèques ont revendiqué une origine nordique. Ne serait-il pas possible que les formes de leurs «teocallis» ou temples (c'est-à-dire des pyramides tronquées) commémorent une période où leurs ancêtres s'attardaient sur des précipices montés par des marches de pierre? »- à savoir, les trois Mesas Hopi.
Le Jour des Serpents
Le dernier jour, le point culminant le rituel est public et se passe sur la place du village. Une petite tonnelle circulaire de rameaux de peupliers vivants est érigée pour «enserrer» les reptiles - peut-être jusqu'à cent, dont environ la moitié sont généralement des serpents à sonnettes. Ce kisi (littéralement «ombre») est enveloppé d'une peau de buffle ou d'une toile pour ressembler à un petit tipi.
Devant le kisi , une planche est placée sur un trou peu profond appelé sipapu ou sípàapuni, qui est un trou symbolique d'accès au monde d'en-dessous. La planche sert de tambour à pied que les danseurs piétinent, imitant ainsi à nouveau le tonnerre.
Les danses qui ont lieu sur la place au printemps et au début de l'été, sont une cérémonie de fin d'été et les danseurs ne portent plus les masques aux couleurs vives et aux formes variées. Les cheveux longs des danseurs se portent défaits, avec une touffe de plumes rouges sur le sommet de la tête. La partie supérieure du visage est peinte en noir anthracite ; le menton et le cou sont blanc kaolin ; la poitrine, les bras et le bas des jambes sont peints en rouge avec de l'oxyde de fer. Un hochet en écaille de tortue est attaché sous l'arrière du genou droit contre le mollet. Un jupe en coton rouge brunâtre affiche un serpent noir peint entouré de zigzags blancs horizontaux. La frange inférieure est parfois décorée de minuscules cônes d'étain ou de sabots d'antilope. Une ceinture rouge pend à la hanche droite, et une bandoulière cousue de coquillages s'étend de l'épaule droite à la hanche gauche. Les danseurs sont également ornés de colliers de coquillages, de pendentifs de turquoise et de bijoux en argent Navajo. Les danseurs portent des mocassins en peau de daim frangés aux chevilles.
Les danseurs Antilopes ne participent pas activement à la danse du Serpent elle-même mais observent simplement, se tenant en ligne sur la place tout en secouant des hochets fabriqués à partir de scrotums d'antilopes, et en secouant les hochets en écaille de tortue sur leur mollet droit. Ils ont peint leurs avant-bras et leurs jambes en gris cendre et des lignes de foudre en zigzag blanc s'étendent verticalement le long de leur poitrine ainsi que le long de leurs bras et de leurs jambes. Une ligne peinte en blanc s'étend également du coin de la bouche vers chaque oreille et le menton est peint en noir.
La veille, ils ont dansé avec des tiges de maïs, des haricots et des vignes de courge dans la bouche plutôt que des serpents, soulignant ainsi leur rôle agricole. Un participant de la lignée des danseurs de l'Antilope porte un bandeau de feuilles de peuplier et porte un bol de médecine et un goupillon, à l'aide duquel il bénit avec de l'eau les quatre quartiers du monde et les prêtres Serpent eux-mêmes.
La lignée des danseurs Serpent est divisée en un trio de «porteurs», de «câlineurs» et de «recueilleurs». Le porteur, bien sûr, manipule le serpent, tandis que le "câlineur" suit de près avec sa main gauche sur l’épaule gauche du porteur. Le travail du "câlineur" est de distraire constamment le serpent du porteur avec une plume d’aigle. Quant au "recueilleur", il recueille le serpent une fois que le transporteur a fait un tour autour de la place.
Après que chacun des porteurs ait fait son tour, un cercle de semoule de maïs d'environ 6,09 mètres de diamètre est tracé avec six lignes radiales - signifiant les quatre directions inter-cardinales plus le zénith et le nadir (point de la sphère céleste "en-dessous". Les serpents sont ensuite entassés au milieu tandis que les femmes versent la semoule de maïs sur des nattes tissées. Les serpents sont finalement ramassés et emmenés dans les quatre directions où ils ont été trouvés, emportant avec eux les prières pour de la pluie et des récoltes généreuses. Les danseurs du Serpent concluent la cérémonie en ingérant un émétique qui les fait vomir sur le bord de la mesa. Une grande fête est ensuite organisée pour célébrer le rituel et sa réussite concrétisée par de la pluie et des récoltes abondantes.
Pour les Hopi les reptiles sont des parents - et qu'en fait, ils sont leurs frères aînés (apparus sur terre avant eux). Leurs légendes décrivent le héros de la culture Tiyo («Jeunesse»), qui a voyagé dans l'Antiquité vers l'île du Peuple du Serpent dans l'océan Pacifique afin de recevoir les cérémonies du Serpent pour son peuple et une jeune fille du Peuple Serpent comme épouse. Ainsi, la source de la sagesse du serpent Hopi était essentiellement transocéanique.
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Références :
Dictionnaire hopi-anglais du troisième dialecte mesa , édité par Kenneth C. Hill, Emory Sekaquaptewa, Mary E. Black et Ekkehart Malotki (Tucson: University of Arizona Press, 1998), p. 650, p. 598.
Edward S. Curtis, Frederick Webb Hodge, éditeurs, The North American Indian: Hopi , Vol. 12 (Norwood, Massachusetts: The Plimpton Press, 1922), p. 135.
Malotki, Hopi Dictionary , op. cit., p. 654, p. 645.
Curtis et Hodge, The North American Indian , op. cit., p. 144-145.
Weston La Barre, They Shall Take Up Serpents: Psychology of the Southern Snake-Handling Cu lt (New York: Schocken Books, 1969, 1962), p. 100.
Malotki, Hopi Dictionary , op. cit., p. 460, p. 368.
Curtis et Hodge, The North American Indian , op. cit., p. 145.
Parsons cité par Richard Maitland Bradfield, An Interpretation of Hopi Culture (Derby, Angleterre: publication privée, 1995), p. 323.
Ibid., P. 287-288.
Frank Waters et Oswald White Bear Fredericks, Livre des Hopis (New York: Penguin Books, 1977, 1963), p. 291, pp. 222-223. Cette «langue étrangère» a été identifiée comme Keresan du pueblo Acoma ou Zia (Sia). Les eaux écrivent par erreur «horizon ouest» plutôt que horizon est.
Malotki, Hopi Dictionary , op. cit., p. 609.
Mischa Titiev, Old Oraibi: A Study of the Hopi Indians of Third Mesa (Albuquerque, New Mexico: University of New Mexico Press, 1992, réimpression 1944), p. 151.
Bethe Hagen, «Timbre des sphères», http://missionignition.net/bethe/timber_of_the_spheres.php .
Malotki, Hopi Dictionary , op. cit., p. 142, p. 504.
Voir le chapitre 7, Gary A. David, The Orion Zone: Ancient Star Cities of the American Southwest (Kempton, Illinois: Adventures Unlimited Press, 2006), p. 151-167.
Jesse Walter Fewkes, Hopi Snake Ceremonies (Albuquerque: Avanyu Publishing, Inc., 2000, 1986, réimpression de Tusayan snake ceremonies , seizième rapport annuel au Bureau of American Ethnology, 1897), p. 304.
Les Hopi et les Serpents
Pour les Hopi, l'intimité avec les serpents à sonnette et d'autres espèces ophidiennes engendrent des précipitations et la fécondité dans le haut désert. Cependant, le Serpent ne représente absolument pas l'élément démoniaque affiché dans la plupart des églises chrétiennes et plus particulièrement pentecôtistes.
Le rituel indigène bisannuel a lieu en août pendant les années qui alternent avec la cérémonie de la Flûte. Les années paires, la danse du Serpent se produit dans les villages d'Oraibi et Hotevilla de la Troisième Mesa (Third Mesa), et à Shongopovi et Shipaulovi de la Seconde Mesa (Second Mesa) ; les années impaires, le rituel se tient à Mishongnovi de la Seconde Mesa et à Walpi de la Première Mesa (First Mesa), ce dernier village conserve la plus forte tradition.
Cette cérémonie ne peut vraiment pas être considérée comme un culte du Serpent ou une ophiolâtrie. C'est un plaidoyer pour la fertilité agraire et l'humidité de la mousson dans un paysage désertique incroyablement beau mais rude. Le rituel de seize jours - neuf selon certains récits - encourage la maturité finale des cultures (principalement le maïs, les haricots et les courges) pendant le cycle agricole annuel.
Les serpents rassemblés dans chacune des quatre directions et dans cet ordre précis : nord-ouest, sud-ouest, sud-est et nord-est, sont individuellement «baptisés» en se faisant laver avec de la mousse laiteuse de racine de yucca, symbole du liquide séminal. Ces messagers du monde d'en-dessous, doivent être suffisamment propres pour pour être placés entre les dents des danseurs et porter les prières du peuple (monde médian) aux esprits des ancêtres (au-dessus).
Ce rituel est appelé la cérémonie Serpent-Antilope car il implique à la fois la société du Serpent (Tsuutsu't) et la société de l'Antilope (Tsöötsöpt) - à noter la similitude phonétique des deux termes. Dans la kiva, chambre souterraine de prière commune, les prêtres Antilopes construisent un autel en forme de mosaïque de sable semblable à un mandala qui mesure généralement environ 76 cm carré avec l'effigie d'un couguar face à l'est au centre, et latéralement quatre serpents de couleurs. Les couleurs du sable correspondent aux quatre types de maïs et aux quatre directions : jaune = nord-ouest, vert (ou bleu) = sud-ouest, rouge = sud-est et blanc = nord-est. On voit également dans la mosaïque, issus de quatre rangées de nuages semi-circulaires, quatre Serpents-éclair en zigzag, chacun représenté avec sa couleur symbolique et chacun avec une tête triangulaire et une corne incurvée sur le côté de la tête.
Les bâtons incurvés fichés dans des boules d'argile le long du bord représentent le dos courbé des ancêtres décédés.
Symbologie
«… Les Hopi font un lien tout à fait arbitraire, dans un symbolisme complexe, de Serpent-phallus-flèche-foudre, dans leurs propres déclarations explicites. Les armes symbolisent la masculinité spécifique des guerriers, disent-ils ; les esprits guerriers dont les guerriers sont les représentants, sont explicitement ithyphalliques ; les images des esprits sont faites de bois clair ; le Serpent-éclair est la flèche des dieux ; et la foudre frappant les champs de maïs est l'acte de leur fertilisation. »
Les guerriers (qalèetàataqt) qui fabriquent des bâtons de prière (pahos) pour la danse du Serpent peu après le solstice d'hiver, fournissent également un remède pour les hommes élaboré à partir de diverses racines pour la cérémonie d'août. «La raison d'utiliser la «médecine de l'homme» par les guerriers, est que la cérémonie du Serpent n'est pas seulement une prière pour la pluie mais une exposition de virilité et d'intrépidité. Le baudrier du chef guerrier, qui est une ceinture portée en diagonale sur la poitrine, est ensuite enroulé sur la figure du Couguar, et le bol de médecine des guerriers est posé dessus. (Le «bol» est un panier Apache gommé aux pignons.) »
Synchronisation avec Orion
Pour les Hopi, la principale constellation hivernale est Orion. Eux et d'autres peuples du Pueblo associent les étoiles, Orion en particulier, à la guerre. Sa ceinture est parfois conceptualisée comme un baudrier de guerrier ou un bandoulière. E.C. Parsons observe : «La ceinture d'Orion est considérée comme une bandoulière (to'zriki), car la constellation est un chef de guerre (kahletaka)». En hiver, Orion domine les cieux à minuit mais, apparaît également à l'aube en été après une absence de quelques mois conséquente à son séjour dans le monde d'en-dessous.
Le chercheur Richard Maitland Bradfield a mis en évidence l'importance de la Constellation d'Orion pour les Hopi : «Le ciel nocturne au-dessus du nord-est de l'Arizona est clair et brillant car Orion est une grande constellation qui a pour unique rival à cette latitude, le Grand Chariot ou la Grande Ourse qui tourne autour de l'étoile Polaire au nord et la Constellation du Scorpion dont une grande partie se trouve sous l'écliptique traversé par le Soleil (sud-ouest) et se trouve ainsi entre la Balance (ouest) avec Ophiuchus (Serpentaire) à l'est. Aussi, quand la Constellation d'Orion est en place, elle domine le ciel au-dessus des villages Hopi, à la fois par sa dimension et par l'ampleur de ses étoiles individuelles.»
L'autel des Antilopes de la kiva, est donc à la fois une représentation du cosmos (imago mundi) et d'une recréation de celui-ci. L'auteur Frank Waters écrit à ce sujet:
«L'ensemble du complexe de l'autel représente le monde tel qu'il a été formé par la terre, l'air, l'eau, la flore et l'humanité ; et chaque étape de sa construction s'accompagne de chants qui décrivent la formation du monde et son occupation, et d'une purification par l'eau sacrée. Les chansons sont secrètes, aucune personne à l'extérieur ne peut les entendre.»
Avant minuit, le onzième jour de la cérémonie, le mariage de la jeune fille Serpent et de la jeune Antilope a lieu, fusionnant symboliquement les deux sociétés. Juste après cela, le chant le plus sacré (pavásio) est entonné. Chanté dans «une langue étrangère inconnue» au profit des serpents eux-mêmes et non pour le peuple ; ces chansons continuent dans la kiva jusqu'à ce qu'Orion se lève pour planer sur l'horizon oriental.
Du village de Shongopovi le 21 août 1100 de notre ère, (la construction initiale approximative de grands pueblos dans les Mesas Hopi), Orion s’est levé au-dessus de l’horizon oriental à environ 1h30 du matin, et Sirius l'étoile la plus grande de la constellation du Grand Chien, a quitté l’horizon vers 3 heures du matin. Un rituel majeur Hopi avait lieu, synchronisé avec l'apparition de ces constellations primaires. La cérémonie du solstice d’hiver appelée Soyal est également synchronisée avec l’apparition d’Orion, mais cette fois comme la constellation est vue au méridien de la trappe du kiva peu après 1h00 du matin le 21 décembre.
La veille de la dernière représentation de la danse du Serpent sur la place, avant le lever du soleil avec Orion et Sirius se levant, deux guerriers de la société du Serpent tournent plusieurs fois autour des kivas du Serpent et de l'Antilope, chacun avec un rhombe (tovokìnpi) et un éclair dans les mains, qui représentent respectivement le tonnerre et la foudre des tempêtes de mousson qui commencent en juillet et se poursuivent en août jusqu'au début de septembre. Ces phénomènes météorologiques sont également associés au dieu du ciel Hopi Sótuknang.
Maniement du rhombe par un Aborigène austalien.
La véritable raison de la danse hopi du Serpent
Selon Bethe Hagens, Ph.D. de l'Université Walden, qui, avec William Becker, a fait des recherches sur le système d'astronomie planétaire : «… la plupart des rhombes sont liés d'une manière ou d'une autre à la constellation d'Orion qui est située entre le Taureau et Sirius, largement connu dans l'Antiquité comme Le Rhombe. " En fait, Mirzam, la quatrième étoile la plus brillante de la constellation du Grand Chien, était connue comme la «rugisseuse», annonçant à quelques minutes près, le lever de Sirius à l'est. Le rhombe a la forme du couteau de silex aztèque utilisé pour exciser les cœurs humains. Le cadre de foudre en bois ressemble à un porte-chapeau pliable moderne sans les chevilles.
Couteau de silex aztèque utiliser lors de l'excision des cœurs.
Partant d'un endroit quelconque dans le désert pour se terminer au sommet de la mesa, une course à pied est également organisée. Le gagnant remporte une gourde d'eau symbolique pour ses champs de maïs. John G. Bourke, qui a aidé le général George Crook pendant la campagne Apache, a étudié la danse des Serpents des «Moquis» (Hopi) en août 1881.
Il établit un parallèle entre cette course à pied et celle avec quatre concurrents aztèques qui couraient au sommet des pyramides de 120 marches au Mexique. « Les Aztèques ont revendiqué une origine nordique. Ne serait-il pas possible que les formes de leurs «teocallis» ou temples (c'est-à-dire des pyramides tronquées) commémorent une période où leurs ancêtres s'attardaient sur des précipices montés par des marches de pierre? »- à savoir, les trois Mesas Hopi.
Le Jour des Serpents
Le dernier jour, le point culminant le rituel est public et se passe sur la place du village. Une petite tonnelle circulaire de rameaux de peupliers vivants est érigée pour «enserrer» les reptiles - peut-être jusqu'à cent, dont environ la moitié sont généralement des serpents à sonnettes. Ce kisi (littéralement «ombre») est enveloppé d'une peau de buffle ou d'une toile pour ressembler à un petit tipi.
Devant le kisi , une planche est placée sur un trou peu profond appelé sipapu ou sípàapuni, qui est un trou symbolique d'accès au monde d'en-dessous. La planche sert de tambour à pied que les danseurs piétinent, imitant ainsi à nouveau le tonnerre.
Les danses qui ont lieu sur la place au printemps et au début de l'été, sont une cérémonie de fin d'été et les danseurs ne portent plus les masques aux couleurs vives et aux formes variées. Les cheveux longs des danseurs se portent défaits, avec une touffe de plumes rouges sur le sommet de la tête. La partie supérieure du visage est peinte en noir anthracite ; le menton et le cou sont blanc kaolin ; la poitrine, les bras et le bas des jambes sont peints en rouge avec de l'oxyde de fer. Un hochet en écaille de tortue est attaché sous l'arrière du genou droit contre le mollet. Un jupe en coton rouge brunâtre affiche un serpent noir peint entouré de zigzags blancs horizontaux. La frange inférieure est parfois décorée de minuscules cônes d'étain ou de sabots d'antilope. Une ceinture rouge pend à la hanche droite, et une bandoulière cousue de coquillages s'étend de l'épaule droite à la hanche gauche. Les danseurs sont également ornés de colliers de coquillages, de pendentifs de turquoise et de bijoux en argent Navajo. Les danseurs portent des mocassins en peau de daim frangés aux chevilles.
Les danseurs Antilopes ne participent pas activement à la danse du Serpent elle-même mais observent simplement, se tenant en ligne sur la place tout en secouant des hochets fabriqués à partir de scrotums d'antilopes, et en secouant les hochets en écaille de tortue sur leur mollet droit. Ils ont peint leurs avant-bras et leurs jambes en gris cendre et des lignes de foudre en zigzag blanc s'étendent verticalement le long de leur poitrine ainsi que le long de leurs bras et de leurs jambes. Une ligne peinte en blanc s'étend également du coin de la bouche vers chaque oreille et le menton est peint en noir.
La veille, ils ont dansé avec des tiges de maïs, des haricots et des vignes de courge dans la bouche plutôt que des serpents, soulignant ainsi leur rôle agricole. Un participant de la lignée des danseurs de l'Antilope porte un bandeau de feuilles de peuplier et porte un bol de médecine et un goupillon, à l'aide duquel il bénit avec de l'eau les quatre quartiers du monde et les prêtres Serpent eux-mêmes.
La lignée des danseurs Serpent est divisée en un trio de «porteurs», de «câlineurs» et de «recueilleurs». Le porteur, bien sûr, manipule le serpent, tandis que le "câlineur" suit de près avec sa main gauche sur l’épaule gauche du porteur. Le travail du "câlineur" est de distraire constamment le serpent du porteur avec une plume d’aigle. Quant au "recueilleur", il recueille le serpent une fois que le transporteur a fait un tour autour de la place.
Après que chacun des porteurs ait fait son tour, un cercle de semoule de maïs d'environ 6,09 mètres de diamètre est tracé avec six lignes radiales - signifiant les quatre directions inter-cardinales plus le zénith et le nadir (point de la sphère céleste "en-dessous". Les serpents sont ensuite entassés au milieu tandis que les femmes versent la semoule de maïs sur des nattes tissées. Les serpents sont finalement ramassés et emmenés dans les quatre directions où ils ont été trouvés, emportant avec eux les prières pour de la pluie et des récoltes généreuses. Les danseurs du Serpent concluent la cérémonie en ingérant un émétique qui les fait vomir sur le bord de la mesa. Une grande fête est ensuite organisée pour célébrer le rituel et sa réussite concrétisée par de la pluie et des récoltes abondantes.
Pour les Hopi les reptiles sont des parents - et qu'en fait, ils sont leurs frères aînés (apparus sur terre avant eux). Leurs légendes décrivent le héros de la culture Tiyo («Jeunesse»), qui a voyagé dans l'Antiquité vers l'île du Peuple du Serpent dans l'océan Pacifique afin de recevoir les cérémonies du Serpent pour son peuple et une jeune fille du Peuple Serpent comme épouse. Ainsi, la source de la sagesse du serpent Hopi était essentiellement transocéanique.
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Références :
Dictionnaire hopi-anglais du troisième dialecte mesa , édité par Kenneth C. Hill, Emory Sekaquaptewa, Mary E. Black et Ekkehart Malotki (Tucson: University of Arizona Press, 1998), p. 650, p. 598.
Edward S. Curtis, Frederick Webb Hodge, éditeurs, The North American Indian: Hopi , Vol. 12 (Norwood, Massachusetts: The Plimpton Press, 1922), p. 135.
Malotki, Hopi Dictionary , op. cit., p. 654, p. 645.
Curtis et Hodge, The North American Indian , op. cit., p. 144-145.
Weston La Barre, They Shall Take Up Serpents: Psychology of the Southern Snake-Handling Cu lt (New York: Schocken Books, 1969, 1962), p. 100.
Malotki, Hopi Dictionary , op. cit., p. 460, p. 368.
Curtis et Hodge, The North American Indian , op. cit., p. 145.
Parsons cité par Richard Maitland Bradfield, An Interpretation of Hopi Culture (Derby, Angleterre: publication privée, 1995), p. 323.
Ibid., P. 287-288.
Frank Waters et Oswald White Bear Fredericks, Livre des Hopis (New York: Penguin Books, 1977, 1963), p. 291, pp. 222-223. Cette «langue étrangère» a été identifiée comme Keresan du pueblo Acoma ou Zia (Sia). Les eaux écrivent par erreur «horizon ouest» plutôt que horizon est.
Malotki, Hopi Dictionary , op. cit., p. 609.
Mischa Titiev, Old Oraibi: A Study of the Hopi Indians of Third Mesa (Albuquerque, New Mexico: University of New Mexico Press, 1992, réimpression 1944), p. 151.
Bethe Hagen, «Timbre des sphères», http://missionignition.net/bethe/timber_of_the_spheres.php .
Malotki, Hopi Dictionary , op. cit., p. 142, p. 504.
Voir le chapitre 7, Gary A. David, The Orion Zone: Ancient Star Cities of the American Southwest (Kempton, Illinois: Adventures Unlimited Press, 2006), p. 151-167.
Jesse Walter Fewkes, Hopi Snake Ceremonies (Albuquerque: Avanyu Publishing, Inc., 2000, 1986, réimpression de Tusayan snake ceremonies , seizième rapport annuel au Bureau of American Ethnology, 1897), p. 304.
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