La théâtralité insensée des funérailles romaines antiques
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La théâtralité insensée des funérailles romaines antiques
Il y a deux mille ans, les funérailles romaines n'avaient aucun point commun avec les cérémonies d'adieu calmes et tristes que nous connaissons aujourd'hui. Elles donnaient lieux à des spectacles animés et bruyants qui débutaient par un cortège dense de personnes défilant dans les rues, tapant des instruments de musique pour faire en sorte que tout le monde s'arrête et regarde le spectacle.
Ils étaient appelés les « carnavalesques » – c'étaient de grandes équipes pleines de vie, de joie et de rires. Des comédiens embauchés marchaient derrière les musiciens des cortèges funèbres et présentaient des spectacles qui, aujourd'hui, pourraient sembler ridicules.
Mais pour les Romains, la mort n'était pas seulement un moment de deuil, c'était aussi le moment de célébrer la personne de son vivant – et pour ce faire, ils mettaient tout en œuvre.
Des professionnels du deuil
Les funérailles romaines commençaient par une procession. Une foule de gens sortait dans les rues, emportant le corps hors de la nécropole pour l'incinérer, et il était important pour tout Romain qui se respectait, que cette foule soit aussi importante que possible. Ils voulaient un grand spectacle – quelque chose qui montrait à tout le monde à quel point ils étaient aimés. Et plus un Romain était riche et plus la procession funéraire était importante. Une famille pauvre n'était en mesure de payer qu'une seule personne pour jouer de la flûte tandis que ses proches emportaient le corps du défunt, mais les personnes aisées n'avaient besoin de personne pour les aimer, la famille payait des gens pour qu'ils soient tristes à leur place.
Des pleureuses professionnelles pouvaient être embauchées pour suivre le cortège funèbre. Les femmes qui n'avaient probablement jamais rencontré le défunt, marchaient près de son corps, pleurant bruyamment comme si elles étaient folles de chagrin.
Ces démonstrations de chagrin devinrent exagérées au point que les législateurs romains durent promulguer une loi interdisant aux personnes en deuil de s'arracher les cheveux et de se lacérer le visage afin de donner un minimum de dignité à cette cérémonie.
Un mime funéraire imitait le défunt
Derrière les pleureuses professionnelles, venait un acteur professionnel embauché pour l'occasion. Assis au sommet d'un char, revêtu des vêtements du mort et portant un masque, véritable moule du visage du défunt, il suivait la procession, saluant les gens sur les bas-côtés de la route. Ils étaient appelés « mimes funéraires » et un signe certain de richesse de la famille du défunt. Obtenir un bon mime pouvant vraiment se faire passer le défunt coûtait fort cher. Les meilleurs mimes avaient suivi leurs clients tout au long de leur vie, observant leurs gestes et leurs tournures de phrases préférées afin de pouvoir imiter le mieux possible leur client lorsqu'il serait mort.
Les meilleurs mimes étant des comédiens, ces imitations n'étaient pas toujours très flatteuses. Ainsi, lors du décès de l'empereur Vespasien, son mime funéraire se moqua de la tendance de l'empereur mort à être un peu trop frugal. Au cours de la procession, il demanda combien lui coûtait tout cet enterrement et, lorsqu'il entendit quelqu'un dire : « Dix millions de sesterces » il dit : « Donnez-moi cent mille et jetez-moi dans le Tibre !»
Pourtant, avoir un mime funéraire était à la mode. Tous les rois en avaient – nous savons avec certitude que Jules César et l'empereur romain Julien (Flavius Claudius Julianus) ont embauché des mimes funéraires, et il est même fort probable que les autres empereurs romains en eurent également. C'était un signe de succès qu'un acteur engagé imite le défunt à ses funérailles ; preuve que les gens se souciaient suffisamment de savoir quel genre d'homme était le défunt.
Des personnes déguisées en ancêtres décédés assistaient aux funérailles
Non seulement il y avait un mime engagé imitant le défunt, mais il y avait en sus tout un cortège de gens déguisés, imitant les membres de la famille du défunt.
L'entrepreneur des pompes funèbres traquait les personnes qui ressemblaient aux ancêtres du défunt et les équipait du moules de son visage. On les appelait « imagines », et ils étaient revêtus des habits que ces gens avaient portés dans la vie, et suivaient le mime funéraire, saluant la foule.
De nos jours, tout cela nous semblerait probablement un peu étrange, mais à l'époque, c'était une façon de montrer l'importance des personnes. Les acteurs s'habillaient avec des vêtements qui montraient le plus haut rang que le défunt eut atteint dans la vie. C'était une façon de dire "Je n'étais pas seulement important - toute ma famille est importante".
Lorsque la famille arrivait à la nécropole où se tenaient les véritables funérailles, toute une rangée de chaises en ivoire attendaient les acteurs. Tout au long des funérailles, toute une foule était présente, regardant le spectacle avec des masques de personnes décédées couvrant leurs visages.
Le repos des morts
Se rendre aux funérailles était un spectacle incroyable, plein d'acteurs, de musiciens faisant des blagues. C'était bien plus une fête qu'un enterrement ; en fait, la procession était souvent plus grande et plus animée que lors des mariages romains.
Mais l'enterrement comportait tout de même encore un moment de respect ; un temps pour mettre les morts au repos. Une fois arrivés à la nécropole, les choses se calmaient.
La famille regardait et attendait pendant que l'être cher qu'ils avaient perdu était incinéré. La crémation du corps, pensaient-ils, envoyait l'esprit dans l'autre monde et, jusqu'à ce que les cendres soient mises dans une urne funéraire, l'esprit du défunt se tenait dans la pièce à leurs côtés. Ils prononçaient son éloge funèbre, disaient leurs derniers mots au défunt et obtenaient ce qu'ils croyaient être une dernière chance de parler au mort.
Togatus Barberini, sénateur romain tenant dans ses mains les effigies de ses ancêtres décédés.
Une fête suivit la crémation et les célébrations reprirent. Le masque que portait le mime funéraire était conservé au domicile de la famille où il était exposé lors des fêtes religieuses et conservé pour les prochaines funérailles, quand ce serait au tour d'un autre membre de la famille d'aller rejoindre la foule des ancêtres décédés dans les processions.
Tout cela nous paraît bien étrange aujourd'hui – mais c'était une célébration de la vie peu commune. Les morts ne seraient jamais oubliés. Pour les générations à venir, les visages de leurs ancêtres seraient là, dans leur maison, protégeant leurs descendants et marchant à leurs côtés.
Tombeau des Scipions (sepulcrum Scipionum), Porta Capena - Via Appia.
Ils étaient appelés les « carnavalesques » – c'étaient de grandes équipes pleines de vie, de joie et de rires. Des comédiens embauchés marchaient derrière les musiciens des cortèges funèbres et présentaient des spectacles qui, aujourd'hui, pourraient sembler ridicules.
Mais pour les Romains, la mort n'était pas seulement un moment de deuil, c'était aussi le moment de célébrer la personne de son vivant – et pour ce faire, ils mettaient tout en œuvre.
Des professionnels du deuil
Les funérailles romaines commençaient par une procession. Une foule de gens sortait dans les rues, emportant le corps hors de la nécropole pour l'incinérer, et il était important pour tout Romain qui se respectait, que cette foule soit aussi importante que possible. Ils voulaient un grand spectacle – quelque chose qui montrait à tout le monde à quel point ils étaient aimés. Et plus un Romain était riche et plus la procession funéraire était importante. Une famille pauvre n'était en mesure de payer qu'une seule personne pour jouer de la flûte tandis que ses proches emportaient le corps du défunt, mais les personnes aisées n'avaient besoin de personne pour les aimer, la famille payait des gens pour qu'ils soient tristes à leur place.
Des pleureuses professionnelles pouvaient être embauchées pour suivre le cortège funèbre. Les femmes qui n'avaient probablement jamais rencontré le défunt, marchaient près de son corps, pleurant bruyamment comme si elles étaient folles de chagrin.
Ces démonstrations de chagrin devinrent exagérées au point que les législateurs romains durent promulguer une loi interdisant aux personnes en deuil de s'arracher les cheveux et de se lacérer le visage afin de donner un minimum de dignité à cette cérémonie.
Un mime funéraire imitait le défunt
Derrière les pleureuses professionnelles, venait un acteur professionnel embauché pour l'occasion. Assis au sommet d'un char, revêtu des vêtements du mort et portant un masque, véritable moule du visage du défunt, il suivait la procession, saluant les gens sur les bas-côtés de la route. Ils étaient appelés « mimes funéraires » et un signe certain de richesse de la famille du défunt. Obtenir un bon mime pouvant vraiment se faire passer le défunt coûtait fort cher. Les meilleurs mimes avaient suivi leurs clients tout au long de leur vie, observant leurs gestes et leurs tournures de phrases préférées afin de pouvoir imiter le mieux possible leur client lorsqu'il serait mort.
Les meilleurs mimes étant des comédiens, ces imitations n'étaient pas toujours très flatteuses. Ainsi, lors du décès de l'empereur Vespasien, son mime funéraire se moqua de la tendance de l'empereur mort à être un peu trop frugal. Au cours de la procession, il demanda combien lui coûtait tout cet enterrement et, lorsqu'il entendit quelqu'un dire : « Dix millions de sesterces » il dit : « Donnez-moi cent mille et jetez-moi dans le Tibre !»
Pourtant, avoir un mime funéraire était à la mode. Tous les rois en avaient – nous savons avec certitude que Jules César et l'empereur romain Julien (Flavius Claudius Julianus) ont embauché des mimes funéraires, et il est même fort probable que les autres empereurs romains en eurent également. C'était un signe de succès qu'un acteur engagé imite le défunt à ses funérailles ; preuve que les gens se souciaient suffisamment de savoir quel genre d'homme était le défunt.
Des personnes déguisées en ancêtres décédés assistaient aux funérailles
Non seulement il y avait un mime engagé imitant le défunt, mais il y avait en sus tout un cortège de gens déguisés, imitant les membres de la famille du défunt.
L'entrepreneur des pompes funèbres traquait les personnes qui ressemblaient aux ancêtres du défunt et les équipait du moules de son visage. On les appelait « imagines », et ils étaient revêtus des habits que ces gens avaient portés dans la vie, et suivaient le mime funéraire, saluant la foule.
De nos jours, tout cela nous semblerait probablement un peu étrange, mais à l'époque, c'était une façon de montrer l'importance des personnes. Les acteurs s'habillaient avec des vêtements qui montraient le plus haut rang que le défunt eut atteint dans la vie. C'était une façon de dire "Je n'étais pas seulement important - toute ma famille est importante".
Lorsque la famille arrivait à la nécropole où se tenaient les véritables funérailles, toute une rangée de chaises en ivoire attendaient les acteurs. Tout au long des funérailles, toute une foule était présente, regardant le spectacle avec des masques de personnes décédées couvrant leurs visages.
Le repos des morts
Se rendre aux funérailles était un spectacle incroyable, plein d'acteurs, de musiciens faisant des blagues. C'était bien plus une fête qu'un enterrement ; en fait, la procession était souvent plus grande et plus animée que lors des mariages romains.
Mais l'enterrement comportait tout de même encore un moment de respect ; un temps pour mettre les morts au repos. Une fois arrivés à la nécropole, les choses se calmaient.
La famille regardait et attendait pendant que l'être cher qu'ils avaient perdu était incinéré. La crémation du corps, pensaient-ils, envoyait l'esprit dans l'autre monde et, jusqu'à ce que les cendres soient mises dans une urne funéraire, l'esprit du défunt se tenait dans la pièce à leurs côtés. Ils prononçaient son éloge funèbre, disaient leurs derniers mots au défunt et obtenaient ce qu'ils croyaient être une dernière chance de parler au mort.
Togatus Barberini, sénateur romain tenant dans ses mains les effigies de ses ancêtres décédés.
Une fête suivit la crémation et les célébrations reprirent. Le masque que portait le mime funéraire était conservé au domicile de la famille où il était exposé lors des fêtes religieuses et conservé pour les prochaines funérailles, quand ce serait au tour d'un autre membre de la famille d'aller rejoindre la foule des ancêtres décédés dans les processions.
Tout cela nous paraît bien étrange aujourd'hui – mais c'était une célébration de la vie peu commune. Les morts ne seraient jamais oubliés. Pour les générations à venir, les visages de leurs ancêtres seraient là, dans leur maison, protégeant leurs descendants et marchant à leurs côtés.
Tombeau des Scipions (sepulcrum Scipionum), Porta Capena - Via Appia.
Freya- Messages : 1338
Date d'inscription : 24/08/2012
Localisation : Vosges
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