Russie Occident, une guerre de civilisations
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13082023
Russie Occident, une guerre de civilisations
Dans un récent article d Alastair Crooke fait un parallèle entre les conflits de notre époque et ceux du 15ème siècle.
Dans son discours de Valdai, Poutine avait proposé une résolution du conflit Est-Ouest par la reconnaissance de l’équivalence de systèmes économiques, politiques et culturels différents, dans l’esprit des drois citoyens, des souverainetés nationales et de la non-ingérence inscrites dans la charte des Nations Unies.
L’auteur de l’article compare l’esprit d’ouverture pacifique de ce projet multipolaire eurasien à l'interprétation symbolique, plutôt que littérale de la spiritualité que proposait un ensemble de textes grecs du quatrième siècle appelé Hermetica acquis en 1460 par Cosme de Médicis et traduits par Marcile Ficin.
Il rappelle que ces textes ésotériques avaient soulevé l’effervescence spirituelle et philosophique de la Renaissance, mais il déplore que l’ouverture intellectuelle de l’Hermetica fût étouffée finalement par l’analyse critique accablante que Casaubon en a publié sous l’incitation du catholique hyper-orthodoxe Jacques Ier et aussi par l’évaluation dénigrante du protestant Burkhardt pourtant apologiste des arts de la Renaissance.
Il écrit :
***
Alors que la plupart des commentateurs attribuent le conflit entre l’OTAN et la Russie à des différends d’origine historiques, géopolitiques et économiques, cet article en aborde la cause profonde qui est civilisationnelle.
Le discours de Poutine est inspiré par la culture russe orthodoxe, héritière de la pensée grecque, et platonicienne qui voit le monde comme une unité de cultures différentes où les conflits sont résolus par des accords équitables, gagnant-gagnant, selon la tradition orientale du marchandage qui est une logique du tiers inclus.
L’Occident par contre est l’héritier de l’Empire de Rome et de son successeur ecclésiastique, le Vatican dont l’autorité s’appuie sur les principes aristotéliciens de non-contradiction et du tiers appliqués aux dogmes théologiques par Thomas d’Aquin. L’intransigeance de cette logique impériale qui n’autorise aucune alternative a été radicalisée par l’élite anglo-saxonne avec sa logique hobbesienne de somme nulle, la logique du jeu qui n’admet que la victoire ou la défaite. Une telle logique n’autorise aucun accord, aucune alternative à la guerre ? Aussi l’Occident dirigé idéologiquement par le Royaume-Uni et militairement par les États-Unis a refusé toute discussion du traité de sécurité proposé par Poutine dont la longue patience s’est épuisée après huit ans de violations et d’abus du traité de Minsk servant à armer l’Ukraine.
Dans « Russie Occident, une guerre de mille ans », Guy Mettan fait remonter l’origine du conflit de civilisation à Charlemagne et et au schisme des Églises d’occident et d’Orient. Mais si l’on attribue les conflits à la différence entre la pensée grecque platonicienne et la pensée latine aristotélicienne, il faut remonter de 2000 ans à la conquête de l’Alexandrie hellénistique par César ou plus haut encore, à la trahison par Aristote de son maître Platon.
L’involution de la pensée européenne de l’Antiquité jusqu’à la présente dégénérescence nihiliste postmoderne est une très longue histoire.
Dans son discours de Valdai, Poutine avait proposé une résolution du conflit Est-Ouest par la reconnaissance de l’équivalence de systèmes économiques, politiques et culturels différents, dans l’esprit des drois citoyens, des souverainetés nationales et de la non-ingérence inscrites dans la charte des Nations Unies.
L’auteur de l’article compare l’esprit d’ouverture pacifique de ce projet multipolaire eurasien à l'interprétation symbolique, plutôt que littérale de la spiritualité que proposait un ensemble de textes grecs du quatrième siècle appelé Hermetica acquis en 1460 par Cosme de Médicis et traduits par Marcile Ficin.
Il rappelle que ces textes ésotériques avaient soulevé l’effervescence spirituelle et philosophique de la Renaissance, mais il déplore que l’ouverture intellectuelle de l’Hermetica fût étouffée finalement par l’analyse critique accablante que Casaubon en a publié sous l’incitation du catholique hyper-orthodoxe Jacques Ier et aussi par l’évaluation dénigrante du protestant Burkhardt pourtant apologiste des arts de la Renaissance.
Il écrit :
Revenant au discours de Valdai, l’auteur craint que le projet multipolaire d’ouverture, de tolérance et la reconnaissance de l’équivalence de cultures différentes ne soient à nouveau étouffés conformément à la logique dualiste dissociative des « Lumières » :Aucun ouvrage n'a fait plus que les déformations de Burckhardt pour couper les Européens occidentaux des sources mêmes de leur propre tradition intellectuelle. Dans « The Reformation of the Image » de Joseph Koerner, l'auteur suggère que « le rejet » des racines intellectuelles européennes reflétait une haine fondée sur une insistance absolue quant à la nécessité d'une distinction sans ambiguïté entre le vrai et le faux, et une incapacité conséquente à accepter l'implicite ou le métaphorique.
L'insécurité profonde de l'époque exigeait l'authenticité, la vérité littérale et l'unicité de sens.
Pour le protestantisme, l'Hermétisme est devenu un simple culte du diable ; pour le puritanisme, c'était un culte du diable et de l'idolâtrie ; pour les philosophes matérialistes et rationnels, c'était une superstition ; et pour les scientifiques, c'était une absurdité. Alors que la conscience européenne s'assombrissait et que l'époque était assombrie par les chasses aux sorcières et les allégations d'hérésie et d'adoration du diable, l'ensemble du mouvement néo-platonicien et Hermétique a sombré, au milieu de « nuages de rumeurs démoniaques ».
Une fois encore, nous pouvons observer l'analogie avec Valdai : Cette réaction des « Lumières » ne se reflète-t-elle pas dans le discours d'aujourd'hui ? Cette réaction des « Lumières » ne se reflète-t-elle pas dans le discours d'aujourd'hui ? L'économie chinoise n'est qu'une version médiocre du modèle néolibéral occidental qui « joue » avec l'héritage confucéen et taoïste. Et le renouveau orthodoxe de la Russie n'est rien de plus qu'un jeu de pouvoir, concocté par un patriarche orthodoxe et le président Poutine. La réalité - insistent les zélateurs opposés à la polyvalence eurasienne - est que tout ce que la Chine et la Russie tentent de faire n'est qu'un piètre « décalque » du modèle de marché libéral anglo-saxon fondé sur la science et le techno-management.
***
Alors que la plupart des commentateurs attribuent le conflit entre l’OTAN et la Russie à des différends d’origine historiques, géopolitiques et économiques, cet article en aborde la cause profonde qui est civilisationnelle.
Le discours de Poutine est inspiré par la culture russe orthodoxe, héritière de la pensée grecque, et platonicienne qui voit le monde comme une unité de cultures différentes où les conflits sont résolus par des accords équitables, gagnant-gagnant, selon la tradition orientale du marchandage qui est une logique du tiers inclus.
L’Occident par contre est l’héritier de l’Empire de Rome et de son successeur ecclésiastique, le Vatican dont l’autorité s’appuie sur les principes aristotéliciens de non-contradiction et du tiers appliqués aux dogmes théologiques par Thomas d’Aquin. L’intransigeance de cette logique impériale qui n’autorise aucune alternative a été radicalisée par l’élite anglo-saxonne avec sa logique hobbesienne de somme nulle, la logique du jeu qui n’admet que la victoire ou la défaite. Une telle logique n’autorise aucun accord, aucune alternative à la guerre ? Aussi l’Occident dirigé idéologiquement par le Royaume-Uni et militairement par les États-Unis a refusé toute discussion du traité de sécurité proposé par Poutine dont la longue patience s’est épuisée après huit ans de violations et d’abus du traité de Minsk servant à armer l’Ukraine.
Dans « Russie Occident, une guerre de mille ans », Guy Mettan fait remonter l’origine du conflit de civilisation à Charlemagne et et au schisme des Églises d’occident et d’Orient. Mais si l’on attribue les conflits à la différence entre la pensée grecque platonicienne et la pensée latine aristotélicienne, il faut remonter de 2000 ans à la conquête de l’Alexandrie hellénistique par César ou plus haut encore, à la trahison par Aristote de son maître Platon.
L’involution de la pensée européenne de l’Antiquité jusqu’à la présente dégénérescence nihiliste postmoderne est une très longue histoire.
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