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[Fiche de lecture] Le Tao de la physique - Fritjof Capra

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Message  SFuchs Mer 16 Nov 2016 - 10:23

Fritjof Capra est chercheur en physique. A la suite de son intérêt pour les sagesses orientales et, surtout, une expérience mystique qui va le marquer,  il va nous proposer une relecture complète de l'état des sciences physiques de son époque dans son ouvrage Le Tao de la physique.
Fritjof Capra développe dans son ouvrage une parfaite connaissance de l'état des lieux de la physique des années -70 et -80, qu'il couple avec une connaissance exhaustive et développée du taoïsme, mais aussi de l'hindouisme, du bouddhisme, du Zen, et de toutes les grandes notions qui entourent ces différents courants de pensées orientales.
Parmi les grands traits distinctifs des pensées orientales et occidentales, Fritjof Capra souligne la démarche très analytique de l'Occident, à la recherche de l'ultime brique élémentaire sur laquelle justifier le fondement de sa connaissance et de sa compréhension de tout ce qui constitue l'Univers. Parallèlement à l'approche occidentale, les orientaux développeraient plutôt l'idée que cette brique élémentaire n'existe pas et qu'une telle quête est donc vaine. Il s'agirait plutôt de concevoir l'Univers comme un Tout où rien n'est complètement isolé, autonome ou permanent ; où tout est interdépendant et en situation d'évolution et de changement.
L'ouvrage de Fritjof Capra a fait date, et inspiré toute une génération de chercheur dans la recherche des nouveaux paradigmes en physique. Néanmoins, l'ouvrage date de 1975 dans sa première édition et depuis, quarante ans ont passé. En quarante années, un certain nombre de chercheurs ont continué à défricher le terrain. Fritjof Capra en cite certains en fin d'ouvrage : Fransisco Varela, Ilya Prigogine (qui le précède mais dont les travaux n'ont pas encore fait date dans la communauté scientifique).
Le rapprochement opéré par Fritjof Capra semble, aujourd'hui encore, pertinent. Sa maîtrise des sciences physiques n'est pas à démontrer.
Parmi ses motifs de satisfaction, il note que personne n'a trouvé à redire sur ses considérations et ses développements relatifs à la physique subatomique, sa connaissance et sa maîtrise de la physique quantique et de la relativité.
Parmi les objections qui lui ont été faites suite à la sortie de son livre, la suivante : Si dans l'état actuel des connaissances, il a été possible d'établir un parallèle entre mystique orientale et nouvelle physique, qu'en sera-t-il demain ? En effet, un parallèle n'allait pas du tout de soi hier. Celui-ci n'est-il que conjoncturel, concomitant à l'état de nos connaissance actuelles ? Qu'en sera-t-il demain ?
Par un certain nombre de développements, j'essaierai de poser la question selon un double aspect.

Le premier : Un parallèle entre mystique orientale et nouvelle physique est-il toujours possible 40 ans après, eu égard l'évolution de la recherche depuis ? la réponse serait "oui".

Le deuxième : Ce parallèle implique-t-il une relation biunivoque entre l'état de nos connaissances en physique et les intuitions mystiques orientales ? La réponse serait "non". Une autre façon de formuler la physique est possible, également compatible avec les sagesses orientales. Au coeur de cette nouvelle interprétation : la remise en cause de l'interprétation du principe de relativité qui fait désormais consensus depuis les travaux d'Einstein et ses successeurs.

A suivre...
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Message  SFuchs Ven 18 Nov 2016 - 14:58

Au premier abord, la démarche scientifique occidentale et les pratiques spirituelles orientales semblent très éloignées l'une de l'autre. Et d'ailleurs, Il existe souvent une méfiance mutuelle des partisans de l'une vis-à-vis des pratiques et méthodes de l'autre.
Dans l'imaginaire commun, le chercheur scientifique est un homme de rigueur alignant sans fin des équations sur son tableau noir ou des cahiers raturés à l'envie. Les personnes au fait de la recherche savent pourtant qu'il s'agit là d'une l'image d’Épinal, et que l'imagination est très souvent à la source des grandes avancées scientifiques, que le formalisme mathématique ou conceptuel vient ensuite clairement exposer. Si certains chercheurs sont plus doués pour l'imagination que pour la formalisation, comme ce fut le cas de Giordano Bruno, par exemple ; d'autres, au contraire, ont une puissance de formalisation remarquable, au service de l'état des connaissances et des énigmes non résolues, comme ce fut le cas d'Henri Poincaré. L'imagination et la formalisation sont deux aspects indissociables de la recherche.

Dans les pratiques de méditations orientales, les objectifs visés ne sont pas forcément les mêmes qu'en recherche scientifique. L'expérience mystique est un des buts de la méditation, alors que la recherche scientifique utiliserait l'expérience comme un moyen, et se fixerait la modélisation pour fin. Il existe en revanche des points communs entre les deux démarches. La méthode et la rigueur ne sont pas absentes de la pratique de la méditation. Celle-ci suppose un ensemble d'exercices corporels et cognitifs préparatoires, ayant pour but de mettre l'esprit dans les bonnes dispositions pour accéder à l'expérience recherchée. De la même façon, la réalisation d'une expérience probante en sciences suppose d'établir un ensemble de conditions en laboratoire, permettant d'écarter tout ce qui contribuerait à parasiter la mise en évidence de la preuve recherchée.

Si les chercheurs en sciences mettent l'accent sur l'analyse et la méthode, toute intuition n'est pas absente de leurs démarches. Et d'ailleurs sans l'intuition, aucune direction de recherche n'est envisageable, aucune nouvelle découverte n'est possible.
Si les méditants cherchent l'accès à un état de conscience élevé, ils n'auront aucune chance d'y parvenir sans un travail quotidien relevant de l'ascèse, de la recherche du calme intérieur, du recours à des postures précises et des pratiques gestuelles particulières, d'une hygiène de vie générale orientée dans ce sens.

Après cette introduction, nous allons nous appuyer sur la présentation de Frijof Capra pour parcourir un ensemble de thèmes à la croisée des sagesses orientales et des défis de la nouvelle physique. Citons rapidement les points et concepts sur lesquels nous allons nous attarder : l'interdépendance et l'autonomie, la permanence et la versatilité, le principe d'identité et le paradoxe, la causalité et la synchronicité.

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Message  SFuchs Dim 20 Nov 2016 - 18:14

Illusion de l'autonomie : la "monade sans fenêtre" ne correspond plus à la réalité

La physique moderne, telle qu'acceptée en Occident depuis le XVIIe siècle jusqu'à la fin du XIXe, constitue la consécration d'une compréhension atomiste des phénomènes. Sans entrer dans tous les détails de cette épopée passionnante, nous pouvons souligner que, depuis Newton et ses recherches sur la chute des corps et les mouvements des corps célestes dans le ciel, la Force a trouvé un cadre formel explicite. Cette Force nous est trivialement familière, puisque chacun peut en expérimenter l'effet dans sa vie quotidienne lorsqu'il s'agit de soulever une masse, de tirer sur une corde, de lancer une pierre, de nager pour avancer dans l'eau etc.
Avec la formalisation newtonienne de la Force, la mécanique classique décrit l'attraction comme l'influence mutuelle de corps autonomes dans un espace par ailleurs vide.
En étudiant le magnétisme et l'électricité quelques décennies plus tard, Maxwell, Faraday, ou encore Ampère franchirent une étape supplémentaire en étudiant les charges électriques qui, sur un plan formel, s'influencent mutuellement à la manière de deux masses, bien que la nature de la force en jeu ne soit plus gravitationnelle mais électrique. La force électrique étant beaucoup plus facile à étudier en laboratoire que la force gravitationnelle, le voile fut levé sur le fait que, plus fondamentalement que la Force, préexiste le Champ.
Si en première analyse deux charges ou deux masses semblent s'influencer mutuellement et exclusivement au milieu d'un espace par ailleurs vide, il suffit d'une seule masse ou d'une seule charge pour générer en fait un champ électrique ou gravitationnel au sein de son espace environnant ( au sein de tout l'espace en fait, mais sa valeur diminue assez rapidement selon le carré de la distance d'éloignement).
Si la charge Qa produit un champ Ea dans l'espace, celui-ci devient manifeste par la force qu'il induit sur une charge Qb qui pénètre dans ce champ. Or de la même façon, la charge Qb génère un champ Eb induisant une force sur Qa. Il se trouve que ces forces sont égales car dans un cas comme dans l'autre, la force induite est proportionnelle au produit des charges à l'origine des champs respectifs.
Le champ produit par une charge ou une masse ne se fait pas en un lieu précis de l'espace, mais induit une propriété électrique (ou gravitationnelle) dans tout l'espace, qu'une équation assez simple vient résumer :

[Fiche de lecture] Le Tao de la physique - Fritjof Capra Champ_electro

L'espace n'est plus vide mais possède les attributs du champ électrique généré par notre charge, et plus généralement par toutes les charges électriques existantes et présentes. Il n'y a plus d'objets isolés d'une part, et du vide qui les sépare d'autre part, mais un ensemble d'objets procurant des propriétés à l'espace qui n'est plus inerte, ni vide. Ce fut la première brèche dans la conception atomiste de la physique classique.
Au début du XXème siécle, l'affaire se compliqua encore lorsque les précurseurs de la nouvelle mécanique quantique tels que Einstein, Planck ou Niels Bohr, mirent à jour le double aspect corpusculaire et ondulatoire de ce qui était considéré comme un objet isolé : l'électron. Sans rentrer dans tous les détails de ces théories sophistiquées et déroutantes pour le sens commun, nous sommes définitivement sortis de la vision classique des "monades sans fenêtres" de Leibniz agissant l'une sur l'autre à distance selon des forces d'origine extérieure voire divine ; pour petit à petit rentrer dans des modèles où la particule est potentiellement partout et accessoirement quelque part, se comportant parfois comme une onde à la façon d'une vague à la surface de l'eau, parfois comme un corps en capacité d'interagir avec son environnement, comme dans l'effet photoélectrique par exemple.

[Fiche de lecture] Le Tao de la physique - Fritjof Capra Nuage_electron

Il n'y a désormais plus d'espace vide, ni même de particules isolées ou localisées. En guise de vide, l'espace est rempli d'une infinité de champs de toutes grandeurs et de toutes natures : électriques, magnétiques, gravitationnels notamment, mais pas seulement (nous évoquerons plus loin les champs de forme). Quant aux supposées particules, on ne saurait dire si elles sont des objets ponctuels ou des ondes étendues, puisque selon le montage expérimental que l'on met en place pour les observer, elles se comportent parfois comme une particule, parfois comme une onde.
Nous le voyons, cette nouvelle compréhension de la physique, déroutante pour le sens commun, vient rejoindre cette grande intuition commune à toutes les mystiques orientales d'un monisme à l'échelle cosmique, selon lequel tout est relié à tout, et rien n'est autonome ni indépendant.

Cet extrait du Rig-Veda est une des plus belles expressions de la nature interdépendante des éléments dans le Cosmos:


Chaque individu est une perle de cristal, et chaque perle de cristal réfléchit non seulement la lumière de chaque autre cristal, mais aussi chaque autre reflet dans tout l’Univers.

Par ailleurs, le vide n'est pas vide, la forme et le vide ne sont pas deux réalités étanches ou étrangères l'une de l'autre. Dans le Sūtra du Cœur :


La forme est vide, et le vide est vraiment forme. Le vide n'est pas différent de la forme, la forme n'est pas différente du vide. Ce qui est forme c'est le vide, ce qui est vide c'est la forme.

Ou encore dans le Tao Te King, chapitre 11


Trente rais se réunissent autour d'un moyeu. C'est de son vide que dépend l'usage du char.
On pétrit de la terre glaise pour faire des vases.
C'est de son vide que dépend l'usage des vases.
On perce des portes et des fenêtres pour faire une maison. C'est de leur vide que dépend l'usage de la maison.
C'est pourquoi l'utilité vient de l'être, l'usage naît du non-être.


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Message  SFuchs Lun 21 Nov 2016 - 15:55


Illusion de la permanence : les éléments du cosmos ne sont pas infinis ni éternels, mais occupent l'espace des durées de vie et des fréquences, des plus petites aux plus grandes.

Nous pouvons commencer ce chapitre en rappelant la querelle classique de la Grèce antique, entre les partisans d'une métaphysique de l'Etre et les partisans d'une métaphysique du Devenir, ayant pour chefs de fils respectifs Héraclite et Parménide. La civilisation occidentale a clairement tranché en faveur d'une métaphysique de l'Etre pour fonder son horizon de recherche, se distinguant par là des sagesses orientales. Il faut néanmoins ajouter que cette option fut accompagnée d'un immense travail spéculatif en Occident, puisqu'il s'agissait d'établir ce qui, dans le monde, relevait de la permanence ou de l'immuabilité d'une part, et d'autre part de l'éphémère ou du temporaire. Une des tâches principales des sciences consiste en effet à distinguer les invariants de tout ce que nous voyons évoluer ou se modifier.
Ainsi, la naissance et la mort rythment l'existence humaine, les saisons rythment la croissance végétale et son repos. C'est dans cet horizon que la recherche en Occident a inlassablement étendu son savoir. Nous savons aujourd'hui que la création des reliefs ou des abysses de la mer, l'existence des espèces, la création du système solaire, des étoiles et des galaxies ne sont que des épiphénomènes sur l'échelle du temps cosmique.
Si à l'opposé on s'intéresse au monde microscopique, la physique quantique et des particules a mis en évidence l'existence de phénomènes pour lesquels des particules apparaissent ou disparaissent sur des périodes de temps absolument courtes.
On serait tenté de conclure qu'absolument rien n'est fini ou permanent, il faut néanmoins nuancer le propos. En effet, la science, dans sa grande quête des invariants sur lesquels solidement baser son savoir, a précisément mis à jour l'existence de tels invariants, avec les constantes universelles. Parmi elles, nous citerons particulièrement la vitesse limite de propagation des ondes électromagnétiques ou vitesse de la lumière c, d'une valeur approximative de 300000 kilomètres/seconde dans le vide (plutôt que de parler de vide, il serait plus juste de parler d'un milieu de permittivité diélectrique parfaite dont nous ne connaissons par ailleurs pas la réelle nature). Nous citerons aussi la constante de Planck h et l'une de ses grandeurs associées : la longueur de Planck, impliquant un minimum physique de longueur pour toute onde ou, pour le dire autrement, une fréquence maximale pour tout phénomène vibratoire.

[Fiche de lecture] Le Tao de la physique - Fritjof Capra Lplanck

Nonobstant leur caractère de constante universelle, h et c peuvent être considérées comme des valeurs limites sur la base desquelles les phénomènes se manifestent dans leurs dimensions physiques minimales et maximales.

Ainsi, comme la vague n'est qu'un épiphénomène à la surface des océans, les éléments et phénomènes dans l'Univers ressemblent à des constructions temporaires, auxquels seules les échelles de temps humaines fournissent une illusion de permanence ou d'immuabilité. La connaissance en Occident s'est éloignée de cette intuition première pour finalement y revenir, sans que le détour n'ait été inutile puisqu'il fut l'objet d'une immense quête de connaissance sur laquelle nous avons pu bâtir des sociétés basées sur une certaine forme de progrès. Cette redécouverte d'une sagesse antique temporairement laissée de côté, nous pouvons la rapprocher des traditions orientales.



Ainsi dans le Bhagavad-Gita de la tradition hindoue


Sans fin, jour après jour, renaît le jour, ô Partha, et chaque fois, des myriades d'êtres sont ramenés à l'existence.
Sans fin, nuit après nuit, tombe la nuit, et avec elle, les êtres, dans l'anéantissement, sans qu'ils rien n'y puissent.


Ainsi, parmi les paroles attribuées au Bouddha


Il n'existe rien de constant, si ce n'est le changement



Sous le ciel, il n'y a rien qui soit stable, rien qui ne change à jamais


Ainsi, dans le Yi-Jing ou Livre des Transformations


Les Transformations sont un livre
Dont il ne faut pas rester éloigné.
Sa VOIE est constamment changeante,
Altération, mouvement sans répit,
S'écoulant par les six places vides ;
Montant, descendant sans arrêt,
Traits fermes et malléables se transforment.
On ne saurait les enfermer dans une loi :
Le changement, c'est ce qui oeuvre ici.


[Fiche de lecture] Le Tao de la physique - Fritjof Capra Hokusai

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Message  SFuchs Mer 23 Nov 2016 - 15:15

Les mots et les concepts sont en deçà de ce qu'ils tentent de désigner ou nommer : de l'usage nécessaire du paradoxe

La découverte de la nature à la fois ondulatoire et corpusculaire des particules élémentaires telles que l'électron a plongé le chercheur en physique du XXe siècle dans un certain désarroi, lui qui pourtant était à la recherche d'une modélisation rationnelle et univoque de son objet d'observation. On pourra parler d'onde ou de nuage électronique lorsque l'électron tourne autour du noyau de l'atome, mais dans l'effet photoélectrique on pourra le concevoir comme une petite particule éjectée de son orbite d'origine autour de l'atome.
Pour parler de l'électron, on peut tout aussi bien dire qu'il n'est ni une particule, ni une onde ; qu'il est à la fois une particule et une onde ! Qu'il est potentiellement partout, et accessoirement quelque part !
Cette façon paradoxale de formuler ce qui ne peut être conçu selon le principe d'identité le plus élémentaire et une logique de contradiction exclue, nous la retrouvons dans les formulations subtiles et paradoxales des traditions orientales.

Ainsi dans le Sutra de l'Estrade, Huineng dit



La tranquillité absolue est l'instant présent.
Bien qu'il soit maintenant, il n'a pas de limite, et en cela est la joie éternelle


Ainsi dans le Tao Te King chapitre 14


Vous le regardez (le Tao) et vous ne le voyez pas : on le dit incolore.
Vous l'écoutez et vous ne l'entendez pas : on le dit aphone.
Vous voulez le toucher et vous ne l'atteignez pas : on le dit incorporel.
Ces trois qualités ne peuvent être scrutées à l'aide de la parole. C'est pourquoi on les confond en une seule.
Sa partie supérieure n'est point éclairée ; sa partie inférieure n'est point obscure.
Il est éternel et ne peut être nommé.
Il rentre dans le non-être.
On l'appelle une forme sans forme, une image sans image.
On l'appelle vague, indéterminé.
Si vous allez au-devant de lui, vous ne voyez point sa face ; si vous le suivez vous ne voyez point son dos.

Pour compléter le propos, il faut ajouter que la physique moderne a, depuis Heisenberg, formulé le principe d'indétermination des phénomènes quantiques. Celui-ci postule l'impossibilité de déterminer de façon univoque l'état instantané d'une particule en terme de position et de trajectoire, ce qui n'est pas complètement étonnant si l'on se souvient que l'objet quantique n'est pas l'objet matériel de la mécanique classique, mais plutôt une réalité à la fois ondulatoire et corpusculaire. La transposition des notions de position ou de trajectoire pour un tel objet devient alors bancale. Si nous cherchons à photographier une particule, nous obtiendrons pour tout cliché de celle-ci un nuage, et malgré toutes les améliorations de nos appareils de mesure, il sera certainement impossible de préciser les choses au-delà. La réalité se cachant derrière ce que l'on nomme commodément la particule, que l'on scrute avec des appareils d'observation et de mesure de plus en plus précis et sophistiqués, pourrait bien nous échapper à jamais.


Trajectoires et rencontres : sans la synchronicité, la causalité n'explique rien

La physique classique a longtemps analysé les phénomènes sous l'angle de la causalité, de l'enchaînement de causes, d'effets eux-mêmes causes d'autres effets, et ce de façon sans fin. Or cet enchaînement n'explique pas tout. Pour le comprendre, utilisons l'image de deux boules en mouvement sur une table de billard. Bien sûr leur mouvement est une condition nécessaire de leur possible rencontre, mais elle n'est pas suffisante. En plus de leur mouvement, il faut envisager le fait qu'elles vont se trouver, à un instant précis, au même endroit pour s'entrechoquer. Cet exemple peut sembler trivial, mais permet de mettre en évidence une nécessaire simultanéité - spatio-temporelle en l'occurence - dans l'expérience, en plus de la chaîne causale amenant les boules à se mouvoir. Dans le cas des ondes, leur couplage passe par une nouvelle condition, qui est l'harmonie de leurs fréquences. Si deux ondes ne sont pas sur la même fréquence, elles ne peuvent interférer, c'est-à-dire se coupler pour former une onde résultante. Ainsi, l'enchaînement causal à l'origine des différentes ondes est une condition nécessaire de leurs rencontres, mais pas suffisante.
Nous verrons plus loin que l'harmonie des ondes, notamment au travers de leurs phases, est à la base de l'auto-organisation des systèmes ouverts, comme l'a exposé Ilya Prigogine et, pour les développements qui ont suivi, des chercheurs comme Youri Ivanov ou Paul Meier.
Les expériences mystiques et d’illumination semblent relever des mêmes conditions. Les personnes ayant connu ces expériences parlent d'un sentiment d'harmonie, de rencontre et d'unité profonde avec le reste de l'environnement, comme une symbiose. S'il existe un ensemble de conditions pour amener le méditant sur un seuil de disponibilité mentale pour vivre ce type d'expérience, celle-ci serait impossible sans l'aptitude à la résonance de son esprit avec le reste de son environnement. Les chaînes causales déterminant les trajectoires existentielles du méditant ne suffisent pas pour expliquer son expérience mystique lorsqu'il y parvient. Sans l'aptitude a priori du méditant à rentrer en résonance avec le reste de son environnement, rien n'est possible.


Dans la tradition bouddhique, cet ensemble de considérations renvoient à la notion de coproduction conditionnée. Si toutes choses n'existent pas ensemble et simultanément, alors aucune d'entre elles n'existe.

Ainsi dans les textes regroupant les enseignements du Bouddha


Quand ceci est, cela est ;
ceci apparaissant, cela apparaît.
Quand ceci n’est pas, cela n’est pas ;
ceci cessant, cela cesse.


Nous pouvons également mentionner le Filet d'Indra de la tradition bouddhique, basé sur la divinité Indra de l'Inde ancienne. Dans le Sutra Avatamsaka


Très loin dans la demeure céleste du Grand Dieu Indra, se trouve un filet merveilleux,   accroché par des artisans ingénieux de telle sorte qu'il s'étend à l'infini dans toutes les directions. Conformément aux goûts prodigues des dieux, l'artisan a suspendu un joyau unique et étincelant à chaque noeud du filet et de même que le filet lui-même est infini en dimension, les joyaux sont infinis en nombre. Là, pendent les joyaux, étincelants comme des étoiles de première grandeur, une vision merveilleuse à percevoir.   Si maintenant nous sélectionnons arbitrairement l'un de ces joyaux pour l'examiner et l'observer avec attention, nous découvrirons que sur sa surface brillante se reflètent tous les autres joyaux de la toile, infinis en nombre. Et non seulement cela, mais chacun des joyaux réfléchi dans ce joyau singulier reflète également tous les autres de telle sorte que le processus de réflexion est infini.

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Fin de la 1ère partie

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Message  SFuchs Jeu 1 Déc 2016 - 17:50

Deuxième partie

Science des phénomènes

Dans un souci de comprendre les phénomènes qui nous entourent, nous déciderons de les appréhender selon trois de leurs aspects fondamentaux : leur structure, leur forme et leur évolution.
Pour justifier notre approche selon ces trois aspects, nous pouvons argumenter qu'en dessous de ce nombre, il semble manquer un aspect fondamental pour une description correcte. Du reste, il serait possible d'étudier les phénomènes sous plus de trois aspects, mais en physique d'une façon générale, on a le souci de ne pas ajouter de paramètres si rien ne vient sérieusement le justifier. La modification d'une base axiomatique est suscitée par l'impossibilité de comprendre certains phénomènes avec le modèle courant. Bien sûr rien n'interdit a priori de tels changements, mais ceux-ci sont justifiés a posteriori lorsqu'un nouveau modèle rend non seulement compte des phénomènes déjà expliqués, mais qu'il parvient aussi à éclaircir d'autres phénomènes observés, mais jusque-là inexpliqués. Du reste, c'est comme cela que progressent les théories scientifiques et la science en général.

Nous avons donc retenu trois aspects des phénomènes pour leur étude. Parallèlement aux dispositions sous lesquelles se présentent les phénomènes (structure, forme, évolution), nous pouvons relever les conditions ontologiques de leur existence : une présence effective (que nous appellerons génériquement matière), dans l'espace et dans le temps. Ces trois conditions phénoménologiques, nous pouvons les définir par paires antagonistes dans une logique de complémentarité des contraires que les traditions orientales (le Taijitu taoïste), mais aussi les philosophes (Giordano Bruno) et les chercheurs en sciences (Niels Bohr) invoquent de façon récurrente.

Si l'on souhaite nommer ces conditions phénoménologiques et les antagonismes qui les fondent, nous utiliserons des termes génériques renvoyant à des notions ou symboles comme dans les théories des médecines orientales basées sur les éléments, les traités d'alchimie basés sur les symboles, ou dans la démarche qui nous intéresse plus particulièrement ici : sur des concepts épistémologiques abstraits. En fonction du système envisagé, une définition plus précise et contextuelle pourra être déclinée, comme nous le verrons plus loin dans les exemples choisis.

Nous commencerons donc par nommer les trois paires d'antagonismes de nos trois conditions phénoménologiques matière-espace-temps de la façon suivante :

Pour la matière : un antagonisme entre inertie et mouvement, entre manifestation subtile ou dans la densité, ou encore entre masse et énergie, bien connue depuis la célèbre formalisation d'Einstein établissant leur équivalence : E=mc²

Pour le temps : un antagonisme classique entre passé et futur, entre le déterminé et l'indéterminé, dont le présent peut-être compris comme un tiers-inclus.

Pour l'espace : un antagonisme que l'on peut tout aussi bien définir, selon les systèmes observés, comme une opposition entre le centre et la périphérie, entre l'intérieur et l'extérieur, entre le lieu et l'étendue etc.

Dans l'intuition de Paul Meier, on peut organiser les aspects fonctionnels  (matière, espace, temps) - moteurs de l'activité des phénomènes - et les aspects observables des phénomènes selon le Modèle d'Intégration Fonctionnelle que nous présentons ci-dessous :

[Fiche de lecture] Le Tao de la physique - Fritjof Capra 1_MIF_log

Afin d'illustrer la portée de ce modèle, nous allons nous appuyer sur trois exemples emblématiques des sytèmes dynamiques et ouverts : la cellule biologique, la personne en tant que processus organique, et la vie des sociétés.

Dans le cas de la cellule :

- L'antagonisme spatial est assez simple à identitier et à nommer : il s'agit de la membrane cellulaire, semi-perméable à l'environnement, définissant un monde intérieur et un monde extérieur à la cellule. La membrane est cette frontière physico-chimique et semi-perméable rendant possible l'activité cellulaire, en même temps qu'elle en est le produit. D'un point de vue épistémologique, on peut aussi dire que la membrane est le tiers inclus entre l'espace intérieur et extérieur qu'elle délimite.

- L'antagonisme matériel se situe au niveau de l'activité cytoplasmique cellulaire, relevant de la production d'énergie ou de sous-molécules par le processus de catabolisme, et l'activité anabolique de biosynthèse de ses éléments constitutifs. Cet antagonisme renvoie à la transformation de liens structurels en énergie par cassure des liens de valence des molécules absorbées, et inversement à l'utilisation de l'énergie ainsi disponible pour construire des molécules constitutives de la cellule. Il y a conversion de structures en énergie ou conversion d'énergie en liens de structure en réponse aux besoins de la cellule.

- L'antagonisme vis à vis du temps se joue au niveau du noyau dépositaire de l'ADN, code génétique hérité possédant la mémoire de la cellule à construire, mais également lieu et enjeu des mutations pouvant potentiellement conduire la cellule à évoluer par mutation génétique.


Dans le cas de l'individu compris comme un organisme biologique vivant, nous pouvons répartir les organes selon leurs fonctions de destination, et identifier les antagonismes associés :

- Pour l'espace : l'ensemble des organes contribuant à séparer un milieu interne d'activité biologique au reste de l'environnement, comme bien sûr le derme, mais aussi les organes sensoriels.

- Pour la matière : l'ensemble des organes contribuant au processus d'acquisition des aliments, leur stockage et leur transformation en vue d'un usage énergétique ultérieur ou de biosynthèse. C'est le cas du système digestif par exemple, ou des voies respiratoires qui permettent l'acquisition de l'oxygène comburant.

- Pour le temps : l'ensemble des organes contribuant à la mémorisation et à l'adaptation : on pense en premier lieu au cerveau, mais aussi au système immunitaire.

Paul Meier souligne d'ailleurs la nature-type embryonnaire commune des organes et des cellules dont la fonction de destination dans l'organisme adulte est similaire. Ces types sont répertoriés en médecine sous les trois termes d'endoblaste, d'ectoblaste et de mésoblaste.


Dans le cas des sociétés :

- Pour l'espace : la première réalité venant à l'esprit est la frontière territoriale, mais on peut généraliser cette notion de frontière à tout ce qui contribue à distinguer un "nous" collectif d'un autre, comme par exemple des valeurs ou des références culturelles communes ou partagées : on pourra alors généraliser la notion de frontière territoriale à celle de clôture opérationnelle, comme le fait Francisco Varela.

- Pour la matière : le système économique et financier, visant à produire, distribuer ou stocker les biens, qu'ils soient matériels ou immatériels.

- Pour le temps : la culture, qui fait se rencontrer la mémoire collective avec les idées nouvelles en vue de conduire à l'innovation, à l'évolution des conscience ou au changement de paradigme.

Ces trois fonctions animent les trois aspects de la société que sont les personnes physiques ou morales, l'inconscient collectif de la société au sein de laquelle ils évoluent, les échanges et partages qu'entretiennent entre elles les sociétés.

En plus de décrire un phénomène compris comme un système, le Modèle d'Intégration Fonctionnel identifie également les rapports qu'entretiennent les systèmes entre eux selon qu'ils se situent sur un même niveau ou dans un rapport hiérarchique de support ou d'émergence de l'un pour l'autre.

Citons Paul Meier pour résumer le modèle et les relations qu'il décrit :


De manière générale, les relations du système avec d’autres systèmes dans la hiérarchie sont  de trois ordres qui correspondent aussi aux trois causalités principales de l'ontologie classique:

   La relation du système avec les systèmes d’ordre inférieur, les substances qui composent sa structure, représente la cause matérielle.
   L'interaction du système avec les systèmes de même niveau par échange d'énergies est la cause efficiente.
   L'intégration du système dans l'organisation d'un système d’ordre supérieur par des informations équivaut à la cause formelle ou finale.

Les 3 formes de relations se répètent à tous les niveaux de la hiérarchie systémique



Les 3 formes de relations se répètent à tous les niveaux de la hiérarchie systémique, comme le motif se déclinant de façon autoréférentielle et récursive à toutes les échelles dans une figure fractale.

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Message  SFuchs Dim 4 Déc 2016 - 18:03

Par une représentation alternative du Modèle d'Intégration Fonctionnelle, il est possible de mettre en évidence, dans un même modèle et de façon conjointe, les conditions d'auto-organisation d'un système et son évolution vers la désorganisation, c'est-à-dire son involution. En considérant selon trois axes cardinaux les antagonismes des trois fonctions primordiales relatives à la matière, à l'espace et au temps, nous obtenons la figure géométrique et spatiale suivante :

[Fiche de lecture] Le Tao de la physique - Fritjof Capra Ses_01

Nous retrouvons sur cette figure les trois conditions de l'auto-organisation d'un système, et comme en miroir les trois modalités de sa désorganisation.

[Fiche de lecture] Le Tao de la physique - Fritjof Capra Ses_02

Nous pouvons rapidement évoquer les modalités de la désorganisation d'un système (arêtes jaunes/magenta/cyan sur le modèle) et sa tendance à l'involution sur la base suivante :

- La déstructuration, que l'on peut concevoir comme un affaissement ou une fragilisation de la structure qui fonde le système. Dans le cas du corps humain, on pensera à l'ostéoporose, ou encore aux dysfonctionnements de plus en plus récurrents dans le renouvellement cellulaire participant à l'autopoièse de l'organisme.

- La désorganisation, que l'on peut concevoir comme une réponse de moindre pertinence du système aux informations de son environnement. On pourra citer la baisse des capacités cognitives de la personne, ou encore les dysfonctionnements de son système immunitaire

- La baisse générale d'activité, et son corollaire : une utilisation moindre d'énergie.

Il pourrait être intéressant de décliner ces trois conditions de la désorganisation à la vie des sociétés, et à la décadence qui les caractérise dans leurs périodes tardives.

Ainsi, le Spectre d'Expression Systémique permet de rendre compte de la dynamique d'organisation comme de la dynamique de désorganisation d'un système. Il reflète donc, sur un plan épistémologique, son état possible selon toutes les nuances phénoménologiques envisageables.

On notera pour finir la coïncidence remarquable du Spectre d’expression Systémique avec la symbolique de la disposition du ciel antérieur du Yi King. En effet, le Spectre d'Expression Systémique met en évidence un octaèdre à huit faces, de la même façon que la disposition du ciel antérieur laisse entrevoir huit étapes dans les transformations de vie des sujets qu'il se donne de décrire. On peut en effet établir une analogie entre les trigrammes du Yi King et les trois conditions phénoménologiques fondamentales matière-espace-temps que nous avons identifié. Quant à la dichotomie Yin Yang, elle peut être comprise comme la complémentarité des aspects contraires de nos trois conditions. Nous obtenons alors le parallèle remarquable suivant :

[Fiche de lecture] Le Tao de la physique - Fritjof Capra Ses_03

Remarque : dans le schéma présent, Yin et Yang peuvent représenter les aspects antagonistes des trois fonctions primordiales Matière/Espace/Temps, mais symboliser également la trilogie Yin/Yang/Qi exprimée par les néo-confucianistes dans leur cosmogonie. Dans cette philosophie, le Souffle (le Qi) est à la fois source et produit des deux états complémentaires Passif (Yin) et Actif (Yang).

fin de la deuxième partie

A suivre...
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Message  SFuchs Sam 10 Déc 2016 - 18:20

Troisième partie

Nouveau regard sur la physique

Dans cette dernière partie de notre réflexion consacrée aux traditions orientales et à la nouvelle physique, nous proposons de décliner le modèle trialectique d'intégration fonctionnel, que nous avons déjà utilisé pour les systèmes complexes, à la physique fondamentale. Nous rapprocherons l'état des connaissances actuelles de la physique de ce modèle, soit pour se les approprier, soit pour questionner un certain nombre de consensus existant et leur apporter une nouvelle interprétation.

Depuis la fin du XIXème siècle, deux grandes théories, quantiques et relativistes, coexistent pour décrire et comprendre les phénomènes. La physique quantique est un ensemble de théories et de postulats orientés vers la description du monde microscopique et des particules élémentaires, tandis que la relativité restreinte et générale apporte des modèles aux phénomènes macroscopiques ou des hautes vitesses.

Un des grands enjeux de la physique actuelle consiste à unifier ces deux grandes physiques en une théorie globale et cohérente, permettant de rendre compte et d'expliquer tous les phénomènes, à toutes les échelles de l'univers. Jusqu'à présent, les tentatives d'unification des théories quantiques et relativistes ont échoué, sauf à partir dans des modélisations mathématiques très abstraites et très élaborées, dont on se demande souvent quel rapport elles entretiennent encore avec la réalité qu'elles cherchent à modéliser. Beaucoup de chercheurs pensent néanmoins que, si les deux grandes théories actuelles sont si difficiles à unifier, ce pourrait être parce qu'il s'est glissé des erreurs dans l'une d'entre elle - ou dans les deux - et que ces erreurs, considérées comme des vérités acquises avec le reste de la théorie, sont précisément les points bloquant de leur rapprochement. Nous souhaitons, toute modestie et prudence gardées, apporter une piste alternative et supplémentaire dans cette quête d'une théorie unifiée, ce "Graal de la physique".

Commençons par un résumé rapide de l'état des connaissances de la physique actuelle, polarisé sur deux théories essentielles : la théorie quantique et la théorie de la Relativité - restreinte puis généralisée - basée sur les travaux et propositions d'Albert Einstein.

Un des aspects les plus remarquable de la physique quantique tient dans la notion de quanta, qu'il faut concevoir comme une réalité duale, à la fois corpusculaire et ondulatoire. Cette façon duale de concevoir la matière, bien qu'elle apparaisse parfois dans le consensus comme un paradoxe qu'il s'agirait de résoudre dans le cadre d'une théorie plus complète, nous considérons qu'elle est valable dans notre modèle. La dualité onde/corpuscule du quanta renvoie à l'antagonisme indissociable des deux états contraires, dont la coïncidence est la réalité sous-jacente qu'ils manifestent.

Quant à la relativité générale, nous savons qu'elle postule l'existence d'une réalité à quatre dimensions appelée espace-temps (trois coordonnées d'espace liées à une coordonnée temporelle). La gravité est alors comprise comme une déformation de cet espace-temps - sous forme d’incurvation - par la présence d'un corps massif. La relativité générale tient également pour acquis que les ondes gravitationnelles, mais aussi les ondes électromagnétiques, se propagent dans un espace vide et sans support, ou pour le dire autrement dans un espace géométrique réputé sans substance. Cette idée d'une onde se propageant sans support de propagation, nous la tenons d'une interprétation de la célèbre expérience de Michelson et Morley qui, à l'aide d'un montage interférométrique en vue de mesurer un hypothétique vent d'éther qui viendrait influencer la course de la lumière, a été incapable de mettre en évidence une telle influence. Le consensus est depuis lors établi quant à l'inexistence d'un support pour des ondes qui, pourtant, se propagent. Ces ondes sont perçues comme les propriétés d'un espace-temps géométrique, dont les effets sont en revanche... physiques.

[Fiche de lecture] Le Tao de la physique - Fritjof Capra Michelson02 [Fiche de lecture] Le Tao de la physique - Fritjof Capra Michelson03
A gauche : ce que Michelson prévoyait d'observer. A droite : ce qu'il a effectivement observé. Le consensus retenu sur la base de cette expérience fut l'inexistence d'un ether ou milieu d'onde.

Il existait pourtant, en ces temps contemporains d'Einstein et d'effervescence intellectuelle en sciences physiques, des explications alternatives aux faits observés dans l'expérience de Michelson et Morley. L'une des hypothèses notoires, mais abandonnée faute de preuves expérimentales, fut celle d'Henri Lorentz, un des pères cofondateurs de la théorie de la relativité restreinte. Face à l'incapacité du montage interférométrique à mettre en évidence l'influence et l'existence de l’éther, Lorentz n'excluait pas que, tout comme la lumière est une onde, la structure intime de la matière était également basée sur des ondes. De ce fait, les bras de l'interféromètre utilisé pour étudier le trajet de la lumière étaient influencés à l'identique de la lumière, conduisant à l'impossibilité d'étudier les changements de vitesse ou de trajet de la lumière seule. Pour résumer la polémique en une phrase : l'absence de preuves d'une existence d'un milieu d'onde n'est pas la preuve d'une inexistence de ce milieu, c'est pourtant sur cette conclusion que le consensus fut établi. Rien ne prouvait l'inexistence d'un milieu d'onde, si ce n'est une déduction hâtive tirée du fait que l'on ne constatait pas ses effets escomptés sur la lumière.

Nous choisissons donc, pour développer notre modèle alternatif et considérer ses conséquences, de postuler l'existence d'un milieu d'onde, support de propagation d'un aspect de la réalité que nous considérons comme physiquement fondamental : l'onde ; et nous retenons aussi son antagonisme sur le thème fonctionnel relatif à la Matière : la particule.

La nouvelle mécanique ondulatoire et ses conséquences

Ceci étant posé, nous considérons donc que l'approche la plus pertinente pour reconsidérer les lois de la physique doit tenir compte de ces ondes et de leurs propriétés. Une telle approche existe : il s'agit de la mécanique ondulatoire, dont le père fondateur fut Louis de Broglie. Il développa sa théorie à l'époque même où la communauté scientifique trancha en faveur d'une interprétation de l'expérience de Michelson et Morley considérant l'inexistence d'un milieu d'onde, et de sa réalité physique associée : l'onde. La mécanique ondulatoire a été, de ce fait, lentement reléguée, tandis que la théorie quantique et la nouvelle théorie de la relativité d'Einstein bénéficiait de toutes les attentions et de tous les engouements.

Il existe pourtant, aujourd'hui encore, un courant autour de cette physique alternative, que nous appellerons L'école de la nouvelle mécanique ondulatoire. Nous proposons d'en exposer les grands traits, en nous basant notamment sur les travaux de Gabriel Lafrénière et Youri Ivanov, à la fois novateurs et suffisamment pédagogues dans leur domaine pour être intelligibles au plus grand nombre, moyennant quelques notions en physique et, bien sûr, un effort d'attention.

Les développements de la nouvelle mécanique ondulatoire ne sont pas inaccessibles au commun, comme peuvent l'être certains modèles actuels se référant de moins en moins à la réalité physique, et recourant à l'envie à l'abstraction mathématique, au point que les spécialistes eux-mêmes finissent par s'y perdre. On pensera notamment aux théories des supercordes, des multivers, au travail de découverte et de classification de particules de plus en plus éphémères et coûteuses à faire émerger dans des accélérateurs géants... lorsque ces particules ne sont pas, plus trivialement, imaginées dans le seul soucis de sauver une symétrie quelconque ou la cohérence d'ensemble d'une théorie...

Dans la nouvelle mécanique ondulatoire, l'onde est porteuse d'une énergie, et les interférences persistantes des ondes sont à l'origine des premières structures stables de l'univers. Le déplacement de ce réseau d'onde dans l'espace, et l'effet Doppler induit par ce déplacement, est à l'origine de l'apparition des propriétés électriques de la particule qui lui est associée, mais aussi des propriétés inertielles de la matière, induisant la première conversion de l'énergie portée par l'onde en masse selon l'équivalence E=mc² posée par Einstein, et l'équivalence E=hf posée par De Broglie (h est la constante de Planck, f est la fréquence interne de l'onde associée au quanta).

Les champs électromagnétiques et gravitationnels peuvent être considérés, dans ce cadre, comme des propriétés émergentes de cette "matière faite d'onde" en mouvement. Ils peuvent être considérés comme des champs de force et de forme élémentaires, puisqu'ils participent à la distribution de la matière par leur influence en retour sur celle-ci. Le champ électromagnétique induit une distribution du réseau des quanta selon la résultante dynamique issue de l'attraction et de la répulsion des charges associées. Dans le cas de l'inertie, la mise en forme est plus simple et univoque puisque la gravitation est un champ strictement centrifuge. La superstructuration de la matière selon le champ gravitationnel conduit donc à un accroissement inertiel cumulatif et localisé, à l'origine de la formation des étoiles, des galaxies, des amas galactiques ou encore les planètes.

Le modèle proposé ici présente donc l'organisation de l'univers à son niveau physique comme un réseau interférentiel d'ondes en mouvement dans un espace absolu. Sa structure première est basée sur des interférences d'ondes à caractère persistant, dont les propriétés électromagnétiques et gravitationnelles sont les conséquences de son mouvement. C'est sur cette base première, associée au déploiement sur une base fractale et une logique trialectique telle que décrite dans la deuxième partie de notre réflexion, que nous pouvons concevoir la construction de tous les objets et phénomènes, par effet d'auto-organisation et de complexification croissante et d'émergence.

[Fiche de lecture] Le Tao de la physique - Fritjof Capra Ivanov_standing_waves
L'onde stationnaire de Youri Ivanov, résultante d'une onde comprimée en mouvement avant et l'onde dilatée réfléchie en vertu de l'effet Doppler. La résultante fait également apparaître l'onde de phase (franges noires en mouvement) à l'origine possible des corrélations de longue portée et de l'intrication quantique.

Nouvelle formulation du principe de relativité

Si nous considérons l'espace comme une réalité absolue et inaccessible à l'expérience, il en sera de même pour le temps. Toutes les mesures de localisation dans l'espace et le temps sont, de ce fait, relatives à l'observateur et valables seulement pour lui. Le principe de relativité n'est, de la façon la plus simple qui soit, rien d'autre que cela. Tous les observateurs perçoivent les phénomènes d'un point de vue qui leur est particulier ; toutes les observations, les mesures d'amplitudes ou de durées, sont relatives à l'observateur et à lui seul. L'espace, le temps et la matière sont quant à eux inaccessibles dans leur réalité ultime et absolue. Nous ne pouvons les saisir qu'au travers des conséquences qu'ils manifestent dans les phénomènes.

Ce principe de relativité a souvent pour corollaire que les lois régissant les corps sont les mêmes dans tous les référentiels auxquels on associe l'observation. Seules les valeurs des grandeurs mesurées sont affectées, pas les lois. C'est un aspect du principe de relativité que nous ne contestons pas.
Par ailleurs, la théorie de la relativité d'Einstein postule que la vitesse de la lumière est la même quelque soit le référentiel utilisé pour la mesurer. Cet aspect du postulat d'Einstein est fondamental, car il est la pierre angulaire à partir de laquelle Einstein déduisit la contraction des longueurs et du temps en réponse à l'invariance apparente de la vitesse de la lumière qui avait été constatée. Nous postulons que la lumière subit une contraction de longueur d'onde dans le sens de son déplacement, rendue impossible à mesurer par le fait que l'appareil de mesure utilisé est embarqué dans le même mouvement, et que sa structure intime est également basée sur des ondes : il subit donc une contraction de la même façon, rendant impossible de mettre en évidence l'influence du mouvement d'ensemble sur le seul trajet de la lumière, comme nous l'avons déjà mentionné plus haut au sujet de l'expérience de Michelson et Morley, ainsi que les conclusions hâtives tirées de cette expérience.

Cette réserve, on le notera, n'est pas incompatible avec le fait que la valeur c demeure un maximum absolu de vitesse de propagation des ondes. En effet, les équations de Lorentz sur lesquelles sont basées nos explications montrent clairement que l'inertie de la matière tendrait vers l'infini si la vitesse des ondes associées rejoignait celle de la lumière. Nous considérons selon ce point de vue qu'il serait plus judicieux d'appeler cette constante c : la vitesse-limite de toute onde électromagnétique - dont la lumière -, plutôt que de considérer c comme la vitesse à laquelle se déplace la lumière de façon invariante.


Digression autour du dual de l'onde : la particule.

Nous avons dit plus haut que, selon le modèle présent, nous acceptions la nature duale du quanta, bien qu'elle soit déroutante au premier abord pour la raison. Nous considérons la particule associée à l'onde comme une sorte d'oscillateur local de dimension minimale. Ainsi, nous associons deux aspects essentiels des phénomènes vibratoires : l'oscillateur et ses effets vibratoires sur le milieu : tout comme il est difficile de concevoir une onde se propageant sans aucun milieu, il est difficile de concevoir une onde sans oscillateur pour l'initier ou l'entretenir. Cet oscillateur, nous le situons sur une taille infiniment petite, ou presque. En effet, comme les quantités infinies ne sont pas de ce monde physique, nous estimons qu'il existe un seuil en dessous duquel rien ne se manifeste. Ce seuil, nous l'associons à la constante de Planck, nous l'appellerons donc pour la suite : le seuil de Planck. L'oscillateur élémentaire, la particule élémentaire associée au quanta, nous considérons qu'elle se situe, en terme de dimensions, d'énergie, de masse ou de quantité de mouvement, précisément au seuil de Planck comme étant la plus infime manifestation physique particulaire et locale.

La conception de cet oscillateur de taille minimale nous permet d'expliquer l'existence de cette mystérieuse "énergie noire", mise en évidence par les relevés cosmographiques des astrophysiciens, et qui ne cadre pas avec le modèle standard de l'univers basé sur la relativité générale. Si l'on considère en effet que rien ne se manifeste avant le seuil de Planck, cela ne signifie pas pour autant que rien n'existe en dessous. Une immense quantité d'énergie pourrait être à la fois présente et échapper durablement à toute observation car pour l'observer, il faudrait précisément que le seuil de Planck soit dépassé.
Par ailleurs, le photon n'est pas, dans notre modèle, une particule qui voyage avec l'onde, et si la lumière est assimilable à une onde selon un de ses aspects, elle n'est pas à un "train de photon" selon son autre aspect corpusculaire. Le photon serait une manifestation énergétique locale ayant franchi le seuil de Planck, contribuant au transport de l'énergie de l'onde et à sa propagation, mais sans que lui-même ne se déplace. Il donnerait seulement l'impression de se déplacer, comme un observateur un peu distrait associerait le mouvement de l'étincelle le long de la poudre avec le déplacement de la poudre elle-même, alors qu'elle ne fait que crépiter sur son passage. De façon un peu similaire, on sait que le courant électrique n'est pas le résultat d'un déplacement d'électrons dans un conducteur, mais plutôt d'un alignement de leur comportement s'opérant à la vitesse-limite de la lumière (modulo la constante de permittivité du conducteur) lorsqu'un potentiel a été établi entre les extrémités du conducteur.

Réflexion autour de la troisième condition cosmique : le temps

Dans la théorie de la relativité générale d'Albert Einstein, le temps est conçu comme la quatrième dimension d'une réalité géométrique indivisible : l'espace-temps. Par ailleurs, on attribue des propriétés physiques à cet espace géométrique à quatre dimensions, que nous manipulons avec le quadrivecteur de Minkowski. Nous considérons le sens physique d'une telle association relativement faible, car elle implique de lier deux aspects des trois conditions cosmiques et irréductibles que sont la Matière, l'Espace et le Temps ; tout en considérant la matière comme une sorte de "troisième pièce rapportée".
Du reste, d'illustres chercheurs comme Ilya Prigogone et ses successeurs ont mis en évidence le caractère irréversible de l'organisation des systèmes dynamiques, des effets et des propriétés émergentes qu'ils induisent, montrant par là que le temps lui-même n'est pas réversible, qu'il évolue selon une orientation unique, que l'on appelle communément la flèche du temps. On peut concevoir que le temps relatif au sein d'un système et de son référentiel associé puisse tendre vers un minimum en raison du ralentissement des mécanismes du système lié à sa vitesse et à l'effet Doppler induit sur les ondes qui constituent sa structure intime ; mais son inversion, en revanche, relève du non-sens selon notre compréhension présente. Le temps possédant une orientation qui lui est propre et intrinsèque, il semble difficile de concevoir un sens physique à son association aux dimensions d'espace dans une réalité à quatre dimensions telle que l'espace-temps relativiste.

Conclusion

Dans cette série d'articles, nous avons eu le soucis de convoquer les traditions orientales et d'enrichir notre regard sur le monde à partir de celles-ci. Ce regard, nous avons tâché de le porter sur plusieurs plans et niveaux de la connaissance dans le soucis de les éclairer d'un nouveau point de vue, mais aussi pour mettre en évidence une cohérence d'ensemble et un sens possible à trouver. Les thèmes récurrents des traditions orientales nous ont permis de mettre en évidence quelques aspects majeurs de la réalité :

- Un monde où les phénomènes sont en influence mutuelle permanente, où tout est relié à tout, où rien n'est étranger à rien. Cette interdépendance n'est du reste pas incompatible avec une autonomie partielle et locale des phénomènes, qu'il ne faut pas concevoir comme des isolats, mais dont il ne faut pas nier la singularité ou toute forme d'autonomie non plus.
- Un monde dont la réalité matérielle fondamentale apparaît comme vibratoire, balançant entre dissonance, résonance et harmonie retrouvée.
- Un monde dynamique et en mouvement, entre équilibres d'ensemble et déséquilibres locaux, temporaires ; et néanmoins moteurs d'activité, d'évolution et de changement.
- Un monde en phase d'émergence et de complexification croissante, basé sur un modèle d'auto-organisation fondamental se déclinant sur plusieurs niveaux de réalité de façon fractale, c'est-à-dire de façon auto-référentielle et à toutes les échelles.
- Une apparition récurrente du nombre Trois, que l'on pourrait étendre au nombre Quatre si l'on inclut le Zéro comme nombre au sens des Idées de Pythagore ou de Platon. Compris ainsi, Zéro correspondrait au premier manifesté de la Tétraktys de Pythagore, à la cause finale d'Aristote, au Tao avant toute manifestation que l'on ne peut nommer, à l'Alpha et l'Oméga de la tradition chrétienne, au cycle éternel de l'Ouroboros, à l'En Sof de la Kabbale, au néant dont est issu le monde et vers quoi il retourne lorsque Shiva a fini de danser.
Cette question du Zéro, de la source et de la finalité, nous avons résolument choisi de l'écarter pour nous intéresser à tout ce qui se passe sous le voile du Logos. Ce voile du Logos, c'est le Trois manifesté, c'est la Trinité consubstantielle et indivisible selon la formule chrétienne inspirée, c'est l'interprétation cosmogonique Yin/Yan/Qi tirée du Tao, c'est la trilogie confucéenne Terre-Homme-Ciel, ce sont les trois visages de la vie de Paul Meier, c'est le ternaire causal fondamental dérivé du modèle d'Aristote, auquel le Modèle d'Intégration Fonctionnel - que nous avons choisi de décliner à la physique - correspond si bien.

Nous avons l'intuition que l’apparition récurrente dans les traditions de cette conception ternaire est bien plus que le fait d'une coïncidence, mais révèle plutôt quelque chose d'universel. Si la réalité s'organise de façon fondamentale sur un modèle ternaire, l'aptitude des hommes à le comprendre, en plus de nous éclairer sur le fonctionnement du monde, pourrait tout aussi bien éclairer l'homme sur sa façon propre de fonctionner. En se penchant sur le destin de l'univers, c'est un peu sur son propre destin qu'il se penche, comme une réponse au fait que les grands mystiques ont souvent recouru à l'introspection et à l'exploration de leur réalité intérieure pour trouver l'inspiration et l'élan les conduisant à porter un regard de sagesse sur le monde.
Qui, de l'homme ou de l'univers, contemple le destin de l'autre ? Qui donne un sens à l'autre ? Compris ainsi, le monde ne se diviserait plus entre une réalité subjective et une autre objective, mais serait fondamentalement omnijectif. Tout ce qui peut voir se donne à la vue de quelqu'autre, et le regard par lequel l'un voit l'autre serait le même que celui par lequel l'autre le voit.

Comme il est dit dans le Rig-Veda :



Chaque individu est une perle de cristal, et chaque perle de cristal réfléchit non seulement la lumière de chaque autre cristal, mais aussi chaque autre reflet dans tout l’Univers.


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