Les Gargouilles et leur Monde Caricatural
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Les Gargouilles et leur Monde Caricatural
Origine antique de la gargouille
Associée le plus souvent à l'architecture médiévale, elle existe cependant depuis bien plus longtemps en raison de son but fonctionnel. Elle apparaît déjà dans l'architecture égyptienne, grecque, étrusque et romaine. La plus ancienne gargouille connue a 13 000 ans, elle a la forme d'un crocodile en pierre et se trouve en Turquie actuelle. Les anciennes gargouilles ne prenaient jamais la forme de chimères ou d'animaux fantastiques, mais étaient toujours copiées d'après des modèles réels d'animaux indigènes.
Les gargouilles de l'ancienne architecture égyptienne et grecque avaient pour ainsi dire, toutes des formes de lion. De nombreuses gargouilles égyptiennes étaient également ornées de hiéroglyphes. Le temple de Zeus à Olympie était doté à l'origine 102 gargouilles en marbre représentant des têtes de lion. Le marbre étant extrêmement lourd et, en raison de l'érosion et donc du poids de ces gargouilles, nombre d'entre elles sont tombées au fil du temps et seules 39 de ces 102 gargouilles nous sont parvenues.
Les gargouilles à tête de lion sont également présentes dans de nombreux bâtiments à Pompéi et ont été sculptées à partir de modèles de l’ancienne architecture grecque. Cela indique que les gargouilles à tête de lion étaient la norme dans tout le monde grec antique. Le lion est resté un choix populaire pour les gargouilles à l’époque médiévale, probablement en raison de son association antérieure avec le soleil.
Cathédrale de Meaux
Leur popularité a décliné lorsqu'elles ont été associées au péché d'orgueil, et que leurs motifs sont devenus indésirables sur des édifices religieux. Il est d'ailleurs très rare de trouver des chats domestiques sous forme de gargouilles à la période médiévale en raison de leurs associations avec la sorcellerie et l'occultisme.
Saumur
Bien que la plupart des gargouilles représentent des animaux fantastiques voire des animaux bien réels, il en existe un troisième type - des représentations de personnes réelles. Ces gargouilles avaient tendance à représenter des notables de la communauté. Beaucoup d'entre elles étaient la réplique de bienfaiteurs locaux, tels que les personnes qui finançaient le travail des tailleurs de pierre et sculpteurs.
En d'autres occasions, les pierres étaient taillées à l'image de la personne qui les sculptait ou de l'architecte qui avait conçu le bâtiment. Il existe même des exemples de gargouilles inspirées de moines, de prêtres ou d'évêques locaux, et quand le sculpteur avait un compte à régler avec son modèle, la gargouille pouvait servir d'exutoire...
Cathédrale ND de Fribourg en Brisgau (Allemagne)
Les animaux gardiens
Tandis que le lion tombait en disgrâce, d'autres modèles d'animaux restaient très populaires et il existait un large éventail de bêtes originaires d'Europe qui ont été choisies pour protéger les bâtiments. L'animal le plus couramment représenté était le chien car considéré comme fidèle à son maître, loyal, intelligent et en conséquent, excellent gardien (en principe...) et serviteur.
Tour Philippe le Bel, palais ducal, Dijon.
Au Moyen Age, on prenait généralement un chien pour préserver sa maison de toute intrusion indésirable. Mais il est fort probable qu'il ait été choisi si fréquemment comme modèle de gargouille pour d'autres raisons. A l'état sauvage, le chien a fréquemment été sacrifié pour le bénéfice du chef de meute. Dans d'anciens mythes américains, le chien mène à bien des missions variées pour la gloire de son maître. Dans l'Himalaya occidental, des peuples sacrifient encore annuellement des chiens pour se protéger de toute maladie et de tout malheur. Si les gargouilles ont été créées pour prévenir les dommages structurels aux bâtiments en empêchant l'eau de pluie de couler le long d'un mur et éroder le mortier entre les pierres, elles ont également un autre but, celui d'éloigner les mauvais esprits. Et le mythe de la gargouille, considéré par beaucoup comme un moyen de chasser les mauvais esprits, a été repris avec l’idée relativement récente que les bêtes de pierre prennent vie au beau milieu de la nuit pour combattre physiquement les esprits et tenir leur rôle de gardiens. Les regards redoutables de certaines gargouilles ont également conduit certains à affirmer qu’il s’agissait de créatures diaboliques, soit en tant qu’êtres démoniaques possédés par des âmes de démons ou des âmes humaines désincarnées, soit en tant qu’êtres rendus à la vie grâce au surnaturel. Certaines histoires sont centrées autour de gargouilles dans un scénario de type "Pinocchio", mais avec des architectes qui les ont imprégnées de leur haine et de leurs pensées négatives.
Gargouilles, chimères et modillons
Un nombre important de gargouilles représentent des chimères - étranges créatures hybrides mélangeant différentes parties animales. Parmi elles, des chimères telles que le griffon (mi-aigle, mi-lion), des harpies (mi-femmes, mi-oiseaux) mais aussi des mélanges plus abstraits. Parmi les centaines de gargouilles de la cathédrale médiévale Notre-Dame de Paris, beaucoup sont ou étaient des chimères.
La plus célèbre des chimères est la Strige ou Stiga, mi-humaine, mi-oiseau, qui se tient la tête entre les mains. Viollet-le-Duc fut fasciné par cet esprit nocturne et malfaisant des légendes orientales Cependant, il ne s'agit pas d'une gargouille mais d'un modillon, simple élément architectural sans fonction aucune ici. Ce sont les gargouilles de Notre-Dame qui sont à l'origine de l’image populaire des gargouilles en tant que créatures cornues avec des ailes, comme les décrivent nombre de personnes aujourd’hui. Elles ont été ajoutées à la cathédrale en 1845 par l'architecte Viollet-le-Duc, mais elles ont été soigneusement conçues afin qu'elles semblent avoir été créées au Moyen-Âge.
La strige, N-D de Paris.
Gargouilles de légende
En raison de leur apparence bizarre, les gargouilles ont inspiré de nombreux auteurs. Cependant, la légende originale de la gargouille est française et décrit les efforts héroïques de st. Romain, évêque de Rouen du VIIè siècle, qui aurait sauvé la région rouennaise d'un monstre appelé La Gargouille qui s'était réfugié, on ne sait trop, dans un marais à l'est de Rouen ou sur la rive gauche de la Seine, dans la forêt de Rouvraie. Le texte dit, que st-Romain, accompagné de deux condamnés à mort dont l'un se retira au dernier moment, pénétra dans l'antre du monstre et d'un signe de croix le fit coucher à ses pieds. Amené à Rouen, le monstre a été brûlé, mais la tête et le cou étant insensibles au feu on les monta sur les murs de la cathédrale. En l'honneur de la contribution apportée à la capture de La Gargouille par le condamné à mort, l'archevêque de Rouen avait coutume, chaque année, de réhabiliter une personne condamnée à la peine capitale lors de la procession de la relique de st-Romain. Cependant, il est généralement admis qu'il s'agit d'une création tardive de la fin de XIVe siècle des chanoines de la cathédrale de Rouen dans le dessein de justifier le privilège leur permettant annuellement, de gracier un condamné à mort.
Mais cette légende n'est pas unique. On la retrouve avec des dragons portant d'autres noms dans différentes villes : le Graoully à Metz, le Cocatrix à Troyes, le Dragon de Saint-Marcel à Paris, la Tarasque à Tarascon, le Dragon et la Lézarde à Provins, la Coulobre de la Fontaine de Vaucluse, le Grand Bailla à Reims, le Drac sur le Rhône, dans le Gers et dans l'Aude, la Mâchecroute à Lyon, le Dragon Doré à Douai, la Velue à La Ferté-Bernard, la Lycastre à Porquerolles, la Bête Rô à Aytre, etc.
Associée le plus souvent à l'architecture médiévale, elle existe cependant depuis bien plus longtemps en raison de son but fonctionnel. Elle apparaît déjà dans l'architecture égyptienne, grecque, étrusque et romaine. La plus ancienne gargouille connue a 13 000 ans, elle a la forme d'un crocodile en pierre et se trouve en Turquie actuelle. Les anciennes gargouilles ne prenaient jamais la forme de chimères ou d'animaux fantastiques, mais étaient toujours copiées d'après des modèles réels d'animaux indigènes.
Les gargouilles de l'ancienne architecture égyptienne et grecque avaient pour ainsi dire, toutes des formes de lion. De nombreuses gargouilles égyptiennes étaient également ornées de hiéroglyphes. Le temple de Zeus à Olympie était doté à l'origine 102 gargouilles en marbre représentant des têtes de lion. Le marbre étant extrêmement lourd et, en raison de l'érosion et donc du poids de ces gargouilles, nombre d'entre elles sont tombées au fil du temps et seules 39 de ces 102 gargouilles nous sont parvenues.
Temple de Zeus, Olympie (Grèce).
Les gargouilles à tête de lion sont également présentes dans de nombreux bâtiments à Pompéi et ont été sculptées à partir de modèles de l’ancienne architecture grecque. Cela indique que les gargouilles à tête de lion étaient la norme dans tout le monde grec antique. Le lion est resté un choix populaire pour les gargouilles à l’époque médiévale, probablement en raison de son association antérieure avec le soleil.
Cathédrale de Meaux
Leur popularité a décliné lorsqu'elles ont été associées au péché d'orgueil, et que leurs motifs sont devenus indésirables sur des édifices religieux. Il est d'ailleurs très rare de trouver des chats domestiques sous forme de gargouilles à la période médiévale en raison de leurs associations avec la sorcellerie et l'occultisme.
Saumur
Bien que la plupart des gargouilles représentent des animaux fantastiques voire des animaux bien réels, il en existe un troisième type - des représentations de personnes réelles. Ces gargouilles avaient tendance à représenter des notables de la communauté. Beaucoup d'entre elles étaient la réplique de bienfaiteurs locaux, tels que les personnes qui finançaient le travail des tailleurs de pierre et sculpteurs.
En d'autres occasions, les pierres étaient taillées à l'image de la personne qui les sculptait ou de l'architecte qui avait conçu le bâtiment. Il existe même des exemples de gargouilles inspirées de moines, de prêtres ou d'évêques locaux, et quand le sculpteur avait un compte à régler avec son modèle, la gargouille pouvait servir d'exutoire...
Cathédrale ND de Fribourg en Brisgau (Allemagne)
Les animaux gardiens
Tandis que le lion tombait en disgrâce, d'autres modèles d'animaux restaient très populaires et il existait un large éventail de bêtes originaires d'Europe qui ont été choisies pour protéger les bâtiments. L'animal le plus couramment représenté était le chien car considéré comme fidèle à son maître, loyal, intelligent et en conséquent, excellent gardien (en principe...) et serviteur.
Tour Philippe le Bel, palais ducal, Dijon.
Au Moyen Age, on prenait généralement un chien pour préserver sa maison de toute intrusion indésirable. Mais il est fort probable qu'il ait été choisi si fréquemment comme modèle de gargouille pour d'autres raisons. A l'état sauvage, le chien a fréquemment été sacrifié pour le bénéfice du chef de meute. Dans d'anciens mythes américains, le chien mène à bien des missions variées pour la gloire de son maître. Dans l'Himalaya occidental, des peuples sacrifient encore annuellement des chiens pour se protéger de toute maladie et de tout malheur. Si les gargouilles ont été créées pour prévenir les dommages structurels aux bâtiments en empêchant l'eau de pluie de couler le long d'un mur et éroder le mortier entre les pierres, elles ont également un autre but, celui d'éloigner les mauvais esprits. Et le mythe de la gargouille, considéré par beaucoup comme un moyen de chasser les mauvais esprits, a été repris avec l’idée relativement récente que les bêtes de pierre prennent vie au beau milieu de la nuit pour combattre physiquement les esprits et tenir leur rôle de gardiens. Les regards redoutables de certaines gargouilles ont également conduit certains à affirmer qu’il s’agissait de créatures diaboliques, soit en tant qu’êtres démoniaques possédés par des âmes de démons ou des âmes humaines désincarnées, soit en tant qu’êtres rendus à la vie grâce au surnaturel. Certaines histoires sont centrées autour de gargouilles dans un scénario de type "Pinocchio", mais avec des architectes qui les ont imprégnées de leur haine et de leurs pensées négatives.
Gargouilles, chimères et modillons
Un nombre important de gargouilles représentent des chimères - étranges créatures hybrides mélangeant différentes parties animales. Parmi elles, des chimères telles que le griffon (mi-aigle, mi-lion), des harpies (mi-femmes, mi-oiseaux) mais aussi des mélanges plus abstraits. Parmi les centaines de gargouilles de la cathédrale médiévale Notre-Dame de Paris, beaucoup sont ou étaient des chimères.
La plus célèbre des chimères est la Strige ou Stiga, mi-humaine, mi-oiseau, qui se tient la tête entre les mains. Viollet-le-Duc fut fasciné par cet esprit nocturne et malfaisant des légendes orientales Cependant, il ne s'agit pas d'une gargouille mais d'un modillon, simple élément architectural sans fonction aucune ici. Ce sont les gargouilles de Notre-Dame qui sont à l'origine de l’image populaire des gargouilles en tant que créatures cornues avec des ailes, comme les décrivent nombre de personnes aujourd’hui. Elles ont été ajoutées à la cathédrale en 1845 par l'architecte Viollet-le-Duc, mais elles ont été soigneusement conçues afin qu'elles semblent avoir été créées au Moyen-Âge.
La strige, N-D de Paris.
Gargouilles de légende
En raison de leur apparence bizarre, les gargouilles ont inspiré de nombreux auteurs. Cependant, la légende originale de la gargouille est française et décrit les efforts héroïques de st. Romain, évêque de Rouen du VIIè siècle, qui aurait sauvé la région rouennaise d'un monstre appelé La Gargouille qui s'était réfugié, on ne sait trop, dans un marais à l'est de Rouen ou sur la rive gauche de la Seine, dans la forêt de Rouvraie. Le texte dit, que st-Romain, accompagné de deux condamnés à mort dont l'un se retira au dernier moment, pénétra dans l'antre du monstre et d'un signe de croix le fit coucher à ses pieds. Amené à Rouen, le monstre a été brûlé, mais la tête et le cou étant insensibles au feu on les monta sur les murs de la cathédrale. En l'honneur de la contribution apportée à la capture de La Gargouille par le condamné à mort, l'archevêque de Rouen avait coutume, chaque année, de réhabiliter une personne condamnée à la peine capitale lors de la procession de la relique de st-Romain. Cependant, il est généralement admis qu'il s'agit d'une création tardive de la fin de XIVe siècle des chanoines de la cathédrale de Rouen dans le dessein de justifier le privilège leur permettant annuellement, de gracier un condamné à mort.
Mais cette légende n'est pas unique. On la retrouve avec des dragons portant d'autres noms dans différentes villes : le Graoully à Metz, le Cocatrix à Troyes, le Dragon de Saint-Marcel à Paris, la Tarasque à Tarascon, le Dragon et la Lézarde à Provins, la Coulobre de la Fontaine de Vaucluse, le Grand Bailla à Reims, le Drac sur le Rhône, dans le Gers et dans l'Aude, la Mâchecroute à Lyon, le Dragon Doré à Douai, la Velue à La Ferté-Bernard, la Lycastre à Porquerolles, la Bête Rô à Aytre, etc.
Freya- Messages : 1338
Date d'inscription : 24/08/2012
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