Le Sumo : des origines rituelles au sport honorable
Page 1 sur 1
Le Sumo : des origines rituelles au sport honorable
Il est difficile de penser au Japon sans lutte de sumotoris. Ce sport unique et très ancien est l'un des aspects indivisibles de l'identité japonaise depuis plus de 1500 ans voire davantage. Certes, la lutte entre sumotoris est un peu étrange et exotique : des hommes gros, trapus et lourds portent des pagnes et s'affrontent en combat singulier dans une lutte difficile, tendue et honorable. C'est sans aucun doute un sport unique en son genre, et les Japonais l'adorent tout simplement. Au fil du temps, cet amour s'est répandu à travers le monde, car il est désormais largement reconnaissable et tout aussi populaire en dehors du Japon. Mais une chose est encore plus intéressante que le sport lui-même : son histoire. Comment le sumo a-t-il commencé ? Et surtout, quand ?
La sumo a-t-il existé en dehors du Japon ?
Interrogez n'importe quel Japonais sur le sumo et vous obtiendrez rapidement la réponse généralement acceptée : "c'est un sport entièrement japonais". Mais l'histoire n'est en fait pas si simple. C'est comme un arbre, avec des racines qui remontent loin dans le temps. Et le sumo ne fait pas exception.
Comme il est largement considéré comme le sport national et traditionnel japonais le plus emblématique, le sumo peut difficilement être considéré comme ayant des origines étrangères. Et à ce jour, aucune preuve tangible et décisive n'a été trouvée qui prouverait que le sumo n'est pas japonais. Pourtant, sporadiquement, certains indices nous indiquent que les tout premiers débuts de la lutte ont eut lieu dans toute l'Asie de l'Est, en particulier en Chine.
Lors de récentes fouilles archéologiques, les chercheurs ont mis au jour des tombes datant de la dynastie Qing et de la dynastie Han. Ils y ont trouvé des restes de murs de pierre ornés de peintures de lutteurs qui ressemblaient à des sumotoris car ils étaient torse nu et ne portaient qu'un pagne. Des figurines en argile et en pierre représentant des lutteurs torse nu se combattant ont également été découvertes dans d'anciennes tombes chinoises datées des Ve et IIIe siècles av. JC. En fait, les archives de la lutte Shuai jiao en Chine datent d'environ 4 000 ans avant JC, soit il y a plus de 6 000 ans.
Les origines du top 5 des arts martiaux les plus anciens encore pratiqués aujourd'hui
En Chine, le sport de la lutte a perdu de sa popularité après la fin de la période Qing (qui a pris fin en 1912), mais au Japon, sa popularité a augmenté au fil des siècles et continue de croître. Nous ne saurions dire avec certitude si le sumo japonais fut influencé par la lutte chinoise. La lutte était probablement un sport de la classe militaire dans de nombreux pays asiatiques en dehors du Japon, comme ce fut le cas dans l'Egypte et la Grèce antiques.
Mais certains érudits maintiennent que le sumo serait arrivé au Japon vers 200 av. JC, lorsque l'explorateur, alchimiste et sorcier chinois Xu Fu débarqua sur les côtes japonaises. D'autres suggèrent qu'il aurait été introduit pendant la dynastie Han (202 av. JC-220 après JC) à travers les relations sino-japonaises. Puis, il y a ceux qui suggèrent que le sport serait arrivé pendant la période des Trois Royaumes, lorsque des troupes de mercenaires chinois combattirent au Japon, se battant pour des seigneurs féodaux en conflit.
La version japonaise de l'origine du sumo
Les archives historiques japonaises indiquent que le sumo a en fait commencé comme une offrande de danse rituelle aux dieux du sanctuaire shinto japonais dans l'espoir de recevoir en retour, des récoltes et une pluie abondantes. C'était avant que le Japon n'ait un système d'écriture, ce qui n'arriva qu'au milieu du VIe siècle après JC avec la pénétration du bouddhisme, suivi de l'écriture hiragana japonaise modelée sur les caractères sanskrit et chinois.
De plus, le sumo se retrouve dans la mythologie d'origine japonaise qui est aussi l'histoire de la naissance des dieux shintoïstes et des îles du Japon. Le plus emblématique de ces mythes concerne le dieu du tonnerre Takemikazuchi. Le manuscrit le plus ancien relatant ce mythe peut être daté de 712 après JC. Il décrit en détail comment la possession des îles japonaises fut décisivement gagnée lors d'une lutte. Les combattants étaient deux divinités (ou esprits) : Takeminakata, le dieu du vent, de l'eau et de l'agriculture, et Takemikazuchi, le dieu de la conquête, de l'épée et du tonnerre. Ce dernier gagna le match, remportant ainsi les îles.
En termes historiques, les Japonais considèrent leur sport national traditionnel comme vieux d'au moins 1 500 ans, ce qui situerait ses origines dans la période qui a conduit à la construction de la capitale japonaise permanente d'Asuka (538-710). Le texte Nihongi ou Nihon Shoki, écrit en 720 après JC au Japon, raconte l'histoire d'un sumotori légendaire du nom de Nomi no Sukune qui se battit à mort avec Taima no Kuehaya qui gagna la lutte. Sukune est considéré comme le premier sumotori du Japon. A noter que jusqu'au Moyen Age japonais, les combats de sumo se disputaient souvent à mort !
Le premier match de sumo qui peut être positivement daté en tant qu'événement historique, a eu lieu en 642 après JC, à l'époque d'Asuka, à la cour royale de l'impératrice Kōgyoku. Ce combat eut lieu afin de divertir une délégation coréenne en visite. Et dans les périodes qui suivirent, le sumo devint un sport populaire et une forme de divertissement pour la cour impériale.
Le sumo était à la fois un divertissement et une manifestation d'importance religieuse, cérémonielle et culturelle. Et nous pouvons supposer sans risque qu'à cette époque, les sumotoris ne se battaient plus à mort. De plus, un ensemble de règles clairement établies fut créé, formalisant le sport pendant la période aristocratique et élégante de Heian qui dura de 794 à 1185 après JC.
Une série de hauts et de bas qui ont dicté le destin du sumo
Cependant, avec l'effondrement de l'autorité de l'empereur basé à Kyoto en 1185 et l'émergence de la période du shogunat de Kamakura qui durera jusqu'en 1333 après JC, le sumo est entré dans une période de déclin. Au cours de la période Kamakura, le Japon a été impliqué dans des conflits intenses, des guerres et de nombreux changements historiques. La société japonaise s'est tournée vers une économie basée sur la terre, le féodalisme et a vu l'émergence de la caste guerrière connue sous le nom de samouraï.
Bientôt, alors que le vent tournait, le sumo a été redécouvert et reconverti cette fois dans un rôle militaire. Il était utilisé par les samouraïs comme une forme efficace d'entraînement au combat et était considéré comme une forme très utile pour augmenter l'efficacité d'un guerrier sur le champ de bataille.
Vers 1333, le shogunat de Kamakura prit fin et le Japon entra dans la période Muromachi qui dura de 1336 à 1573 après JC. Et le sumo ne fut pas oublié. La tradition se poursuivit pour de bon et des combats de sumotoris furent à nouveau été organisés, en particulier dans les temples et les sanctuaires. C'était une combinaison unique de pratiques religieuses et cérémonielles et de divertissement sportif général pour les élites et les chanceux, et les complexes du temple ont trouvé là un moyen de bénéficier des dons des visiteurs.
Mais les sumotoris en ont également profité, recevant une part des recettes pour leurs matchs et pour attirer les foules. A bien des égards, ce fut le début d'un sport accepté et organisé. De nombreux seigneurs féodaux japonais, connus sous le nom de daimyō, devinrent parrains d'éminents sumotoris et écoles de sumo, car ils appréciaient tous les deux le sport et comprenaient son importance et son potentiel de revenus.
Un sumotori de renom peut même monter dans les rangs s'il est parrainé par un daimyō. S'ils se battaient pour la faveur du seigneur et gagnaient, ils recevaient une faveur monétaire et aussi la possibilité d'obtenir le statut de samouraï. L'un des plus éminents fans et mécènes du sumo daimyō était le super seigneur de guerre Oda Nobunaga.
En février 1578, Nobunaga organisa un tournoi de lutte de sumo au château d'Azuchi (l'un des premiers « nouveaux » châteaux conçus pour la guerre au mousquet) auquel 1 500 lutteurs participèrent. Une zone de combat spéciale fut aménagée pour l'occasion : un décor de dohyō circulaire qui définissait les limites du champ clos pour deux lutteurs. Un dohyō typique est un cercle fait de balles de paille de riz partiellement enterrées de 4,55 mètres de diamètre. Le format d'arène dohyō fut établi pour le tournoi de Nobunaga et est aujourd'hui l'une des parties importantes du sumo. Dans les tournois officiels de sumotoris professionnels (honbasho), le dohyō est monté sur une plate-forme carrée d'argile, de 66 centimètres de haut et 6,7 mètres de large de chaque côté.
Aimé du peuple et honoré des seigneurs féodaux
Pourtant, le sumo a connu une série de hauts et de bas au cours des siècles, passant d'une révérence et d'une popularité extrêmes, à l'interdiction et à l'ostracisme. Par exemple, pendant la période d'Edo (1603-1867), de nombreux événements de sumo ont été entachés de violentes querelles publiques et de bagarres entre les puissants mécènes du sumo samouraï. Les combats débordaient souvent dans les rues et le sumo devenait de plus en plus chaotique. Cela incita le gouvernement Tokugawa au pouvoir, à publier une série de décrets interdisant les matchs et les performances de sumotoris. Mais, même avec l'interdiction en vigueur, les fans de sumo purs et durs pouvaient toujours profiter de ce sport, car les matchs se tenaient en secret, souvent au coin des rues ou dans des temples. Pourtant, même si les fans étaient satisfaits, les sumotoris ne l'étaient pas. Ils étaient passés de sportifs populaires et patronnés à des bagarreurs illégaux au coin des rues, et cela était insuffisant pour gagner décemment leur vie.
La situation fut sauvée lorsque les écoles professionnelles de sumo (appelées écuries) commencèrent à se former en tant que groupes centrés sur la création d'un ensemble de règles et de règlements standardisés qui régissaient le sport et le rendaient à nouveau acceptable. Des superviseurs (semblables à un juge ou à un arbitre) furent sélectionnés pour faire respecter les règles, et en un rien de temps, le sumo tel que nous le connaissons aujourd'hui s'est imposé comme un sport de spectacle. Grâce à cela, les sanctions contre le sport furent levées et il redevint populaire et fut rétabli à travers tout le Japon.
Les premières reconnaissances ont eut lieu dès 1684 à Tokyo. Une fois de plus, les meilleurs lutteurs purent gagner le patronage de puissants seigneurs féodaux et furent soutenus par de riches marchands. Et une fois de plus, ils purent s'élever au rang de samouraï, grâce à leurs talents de lutteur.
Sumo : un élément déterminant de l'histoire japonaise
Et le sumo est resté depuis lors une partie de la culture japonaise. Les règles de lutte furent améliorées au fil des décennies et des écoles de formation spéciales ont vu le jour à travers le Japon, dont beaucoup existent toujours. L'image emblématique des lutteurs costauds au torse nu et en pagne, fut établie comme une partie indubitable de l'identité japonaise et continue d'en être une à ce jour.
De nombreux lutteurs légendaires avec leurs exploits et les séquences de leurs victoires se succédèrent au fil des siècles. Plus récemment, le record du plus grand nombre de victoires consécutives est attribué à Futabayama Sadaji (1912-1968), avec 69 victoires consécutives. Et le titre du lutteur de sumo le plus lourd de tous les temps revient à Orora Satoshi, qui pesait plus de 271 kilogrammes.
Aujourd'hui, le sumo est un sport répandu et reconnu. Les « écuries » de sumo (groupes ou écoles) perpétuent toujours leurs anciennes traditions d'entraînement et de vie régimentaire. L'un des secrets majeurs de la force d'un lutteur est son poids et donc il doit manger beaucoup ! Ils sont particulièrement connus pour manger régulièrement du « chanko nabe », un ragoût riche en viande, fruits de mer, légumes et riz.
Du point de vue historique, le sumo est extrêmement intéressant car il est étroitement lié aux principales transitions historiques japonaises et fournit un aperçu clair de certains des événements historiques clés du Japon.
La sumo a-t-il existé en dehors du Japon ?
Interrogez n'importe quel Japonais sur le sumo et vous obtiendrez rapidement la réponse généralement acceptée : "c'est un sport entièrement japonais". Mais l'histoire n'est en fait pas si simple. C'est comme un arbre, avec des racines qui remontent loin dans le temps. Et le sumo ne fait pas exception.
Comme il est largement considéré comme le sport national et traditionnel japonais le plus emblématique, le sumo peut difficilement être considéré comme ayant des origines étrangères. Et à ce jour, aucune preuve tangible et décisive n'a été trouvée qui prouverait que le sumo n'est pas japonais. Pourtant, sporadiquement, certains indices nous indiquent que les tout premiers débuts de la lutte ont eut lieu dans toute l'Asie de l'Est, en particulier en Chine.
Lors de récentes fouilles archéologiques, les chercheurs ont mis au jour des tombes datant de la dynastie Qing et de la dynastie Han. Ils y ont trouvé des restes de murs de pierre ornés de peintures de lutteurs qui ressemblaient à des sumotoris car ils étaient torse nu et ne portaient qu'un pagne. Des figurines en argile et en pierre représentant des lutteurs torse nu se combattant ont également été découvertes dans d'anciennes tombes chinoises datées des Ve et IIIe siècles av. JC. En fait, les archives de la lutte Shuai jiao en Chine datent d'environ 4 000 ans avant JC, soit il y a plus de 6 000 ans.
Les origines du top 5 des arts martiaux les plus anciens encore pratiqués aujourd'hui
En Chine, le sport de la lutte a perdu de sa popularité après la fin de la période Qing (qui a pris fin en 1912), mais au Japon, sa popularité a augmenté au fil des siècles et continue de croître. Nous ne saurions dire avec certitude si le sumo japonais fut influencé par la lutte chinoise. La lutte était probablement un sport de la classe militaire dans de nombreux pays asiatiques en dehors du Japon, comme ce fut le cas dans l'Egypte et la Grèce antiques.
Mais certains érudits maintiennent que le sumo serait arrivé au Japon vers 200 av. JC, lorsque l'explorateur, alchimiste et sorcier chinois Xu Fu débarqua sur les côtes japonaises. D'autres suggèrent qu'il aurait été introduit pendant la dynastie Han (202 av. JC-220 après JC) à travers les relations sino-japonaises. Puis, il y a ceux qui suggèrent que le sport serait arrivé pendant la période des Trois Royaumes, lorsque des troupes de mercenaires chinois combattirent au Japon, se battant pour des seigneurs féodaux en conflit.
La version japonaise de l'origine du sumo
Les archives historiques japonaises indiquent que le sumo a en fait commencé comme une offrande de danse rituelle aux dieux du sanctuaire shinto japonais dans l'espoir de recevoir en retour, des récoltes et une pluie abondantes. C'était avant que le Japon n'ait un système d'écriture, ce qui n'arriva qu'au milieu du VIe siècle après JC avec la pénétration du bouddhisme, suivi de l'écriture hiragana japonaise modelée sur les caractères sanskrit et chinois.
De plus, le sumo se retrouve dans la mythologie d'origine japonaise qui est aussi l'histoire de la naissance des dieux shintoïstes et des îles du Japon. Le plus emblématique de ces mythes concerne le dieu du tonnerre Takemikazuchi. Le manuscrit le plus ancien relatant ce mythe peut être daté de 712 après JC. Il décrit en détail comment la possession des îles japonaises fut décisivement gagnée lors d'une lutte. Les combattants étaient deux divinités (ou esprits) : Takeminakata, le dieu du vent, de l'eau et de l'agriculture, et Takemikazuchi, le dieu de la conquête, de l'épée et du tonnerre. Ce dernier gagna le match, remportant ainsi les îles.
En termes historiques, les Japonais considèrent leur sport national traditionnel comme vieux d'au moins 1 500 ans, ce qui situerait ses origines dans la période qui a conduit à la construction de la capitale japonaise permanente d'Asuka (538-710). Le texte Nihongi ou Nihon Shoki, écrit en 720 après JC au Japon, raconte l'histoire d'un sumotori légendaire du nom de Nomi no Sukune qui se battit à mort avec Taima no Kuehaya qui gagna la lutte. Sukune est considéré comme le premier sumotori du Japon. A noter que jusqu'au Moyen Age japonais, les combats de sumo se disputaient souvent à mort !
Le premier match de sumo qui peut être positivement daté en tant qu'événement historique, a eu lieu en 642 après JC, à l'époque d'Asuka, à la cour royale de l'impératrice Kōgyoku. Ce combat eut lieu afin de divertir une délégation coréenne en visite. Et dans les périodes qui suivirent, le sumo devint un sport populaire et une forme de divertissement pour la cour impériale.
Le sumo était à la fois un divertissement et une manifestation d'importance religieuse, cérémonielle et culturelle. Et nous pouvons supposer sans risque qu'à cette époque, les sumotoris ne se battaient plus à mort. De plus, un ensemble de règles clairement établies fut créé, formalisant le sport pendant la période aristocratique et élégante de Heian qui dura de 794 à 1185 après JC.
Une série de hauts et de bas qui ont dicté le destin du sumo
Cependant, avec l'effondrement de l'autorité de l'empereur basé à Kyoto en 1185 et l'émergence de la période du shogunat de Kamakura qui durera jusqu'en 1333 après JC, le sumo est entré dans une période de déclin. Au cours de la période Kamakura, le Japon a été impliqué dans des conflits intenses, des guerres et de nombreux changements historiques. La société japonaise s'est tournée vers une économie basée sur la terre, le féodalisme et a vu l'émergence de la caste guerrière connue sous le nom de samouraï.
Bientôt, alors que le vent tournait, le sumo a été redécouvert et reconverti cette fois dans un rôle militaire. Il était utilisé par les samouraïs comme une forme efficace d'entraînement au combat et était considéré comme une forme très utile pour augmenter l'efficacité d'un guerrier sur le champ de bataille.
Vers 1333, le shogunat de Kamakura prit fin et le Japon entra dans la période Muromachi qui dura de 1336 à 1573 après JC. Et le sumo ne fut pas oublié. La tradition se poursuivit pour de bon et des combats de sumotoris furent à nouveau été organisés, en particulier dans les temples et les sanctuaires. C'était une combinaison unique de pratiques religieuses et cérémonielles et de divertissement sportif général pour les élites et les chanceux, et les complexes du temple ont trouvé là un moyen de bénéficier des dons des visiteurs.
Mais les sumotoris en ont également profité, recevant une part des recettes pour leurs matchs et pour attirer les foules. A bien des égards, ce fut le début d'un sport accepté et organisé. De nombreux seigneurs féodaux japonais, connus sous le nom de daimyō, devinrent parrains d'éminents sumotoris et écoles de sumo, car ils appréciaient tous les deux le sport et comprenaient son importance et son potentiel de revenus.
Un sumotori de renom peut même monter dans les rangs s'il est parrainé par un daimyō. S'ils se battaient pour la faveur du seigneur et gagnaient, ils recevaient une faveur monétaire et aussi la possibilité d'obtenir le statut de samouraï. L'un des plus éminents fans et mécènes du sumo daimyō était le super seigneur de guerre Oda Nobunaga.
En février 1578, Nobunaga organisa un tournoi de lutte de sumo au château d'Azuchi (l'un des premiers « nouveaux » châteaux conçus pour la guerre au mousquet) auquel 1 500 lutteurs participèrent. Une zone de combat spéciale fut aménagée pour l'occasion : un décor de dohyō circulaire qui définissait les limites du champ clos pour deux lutteurs. Un dohyō typique est un cercle fait de balles de paille de riz partiellement enterrées de 4,55 mètres de diamètre. Le format d'arène dohyō fut établi pour le tournoi de Nobunaga et est aujourd'hui l'une des parties importantes du sumo. Dans les tournois officiels de sumotoris professionnels (honbasho), le dohyō est monté sur une plate-forme carrée d'argile, de 66 centimètres de haut et 6,7 mètres de large de chaque côté.
Aimé du peuple et honoré des seigneurs féodaux
Pourtant, le sumo a connu une série de hauts et de bas au cours des siècles, passant d'une révérence et d'une popularité extrêmes, à l'interdiction et à l'ostracisme. Par exemple, pendant la période d'Edo (1603-1867), de nombreux événements de sumo ont été entachés de violentes querelles publiques et de bagarres entre les puissants mécènes du sumo samouraï. Les combats débordaient souvent dans les rues et le sumo devenait de plus en plus chaotique. Cela incita le gouvernement Tokugawa au pouvoir, à publier une série de décrets interdisant les matchs et les performances de sumotoris. Mais, même avec l'interdiction en vigueur, les fans de sumo purs et durs pouvaient toujours profiter de ce sport, car les matchs se tenaient en secret, souvent au coin des rues ou dans des temples. Pourtant, même si les fans étaient satisfaits, les sumotoris ne l'étaient pas. Ils étaient passés de sportifs populaires et patronnés à des bagarreurs illégaux au coin des rues, et cela était insuffisant pour gagner décemment leur vie.
La situation fut sauvée lorsque les écoles professionnelles de sumo (appelées écuries) commencèrent à se former en tant que groupes centrés sur la création d'un ensemble de règles et de règlements standardisés qui régissaient le sport et le rendaient à nouveau acceptable. Des superviseurs (semblables à un juge ou à un arbitre) furent sélectionnés pour faire respecter les règles, et en un rien de temps, le sumo tel que nous le connaissons aujourd'hui s'est imposé comme un sport de spectacle. Grâce à cela, les sanctions contre le sport furent levées et il redevint populaire et fut rétabli à travers tout le Japon.
Les premières reconnaissances ont eut lieu dès 1684 à Tokyo. Une fois de plus, les meilleurs lutteurs purent gagner le patronage de puissants seigneurs féodaux et furent soutenus par de riches marchands. Et une fois de plus, ils purent s'élever au rang de samouraï, grâce à leurs talents de lutteur.
Sumo : un élément déterminant de l'histoire japonaise
Et le sumo est resté depuis lors une partie de la culture japonaise. Les règles de lutte furent améliorées au fil des décennies et des écoles de formation spéciales ont vu le jour à travers le Japon, dont beaucoup existent toujours. L'image emblématique des lutteurs costauds au torse nu et en pagne, fut établie comme une partie indubitable de l'identité japonaise et continue d'en être une à ce jour.
De nombreux lutteurs légendaires avec leurs exploits et les séquences de leurs victoires se succédèrent au fil des siècles. Plus récemment, le record du plus grand nombre de victoires consécutives est attribué à Futabayama Sadaji (1912-1968), avec 69 victoires consécutives. Et le titre du lutteur de sumo le plus lourd de tous les temps revient à Orora Satoshi, qui pesait plus de 271 kilogrammes.
Aujourd'hui, le sumo est un sport répandu et reconnu. Les « écuries » de sumo (groupes ou écoles) perpétuent toujours leurs anciennes traditions d'entraînement et de vie régimentaire. L'un des secrets majeurs de la force d'un lutteur est son poids et donc il doit manger beaucoup ! Ils sont particulièrement connus pour manger régulièrement du « chanko nabe », un ragoût riche en viande, fruits de mer, légumes et riz.
Du point de vue historique, le sumo est extrêmement intéressant car il est étroitement lié aux principales transitions historiques japonaises et fournit un aperçu clair de certains des événements historiques clés du Japon.
Freya- Messages : 1338
Date d'inscription : 24/08/2012
Localisation : Vosges
Sujets similaires
» Chambres rituelles secrètes des Andes
» Des origines de l'homme
» Origines du mondialisme
» Les origines de la déesse Mère
» DÉCADENCE OCCIDENTALE ET ASCENDANCE ORIENTALE
» Des origines de l'homme
» Origines du mondialisme
» Les origines de la déesse Mère
» DÉCADENCE OCCIDENTALE ET ASCENDANCE ORIENTALE
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum