Les origines de la déesse Mère

Dans tout le bassin méditerranéen parmi les cultes voués aux forces de la nature, c'est celui de la déesse Mère qui s'est concrétisé autour de la force fécondante qui a pris une importance particulière. En fait, c'est la vie elle-même que les hommes ont adoré tout d'abord. La mère symbolise la fécondité qui elle trouve son origine dans la terre nourricière et créatrice et ce fut ainsi que la déesse Mère fut la divinisation de la Terre Mère.

Une première conception du monde s'est construite autour de l'idée de la déesse Mère. L'univers n'est pas formé uniquement de la terre et du ciel. Et si la première a donné naissance aux plantes, aux animaux et aux hommes, le second a produit les astres si importants dans la vie quotidienne des hommes du désert. Et ce fut ainsi que la déesse Mère prit l'aspect d'une part d'une déesse Terre, et d'autre part d'une déesse céleste. Elle devint donc la déesse primordiale d'où naît tout ce qui vient à l'existence.

Tous les peuples lui ont donné les mêmes attributs. Déesse chtonienne, elle est symbolisée par le serpent vivant à la fois sous et sur la terre. Déesse du ciel, on la représente sous la forme d'un oiseau. Source de toute fécondité elle est accompagnée d'animaux aussi bien sauvages que domestiques : elle est la vache (Hathor), la lionne (Sekhmet), la chatte (Bastet) ; mais, elle est également la végétation et en tant que telle, elle est vénérée sous la forme conservée par toutes les religions « l’arbre de vie » (l‘Yggdrasill). Et en toute logique, elle est la déesse de l’amour mais, vu que toute vie est destinée à s’éteindre un jour et comme les hommes voient le monde comme une succession de vie et de mort, et puisque les dépouilles sont confiées à la terre, la déesse de la vie et de la Terre est également devenue la déesse des morts. Et en tant que telle, elle est devenue la déesse de la guerre. Mais tous ces apports successifs ont contribué à lui donner une physionomie bien particulière et qui se retrouve à travers tous les documents les plus anciens, son caractère originaire de déesse Mère. Dans l’ancienne Egypte, les déesses protectrices des pharaons, rois de Haute et de Basse Egypte, seront Ouadjet le cobra se dressant menaçant sur le front du souverain, et Nekhbet le vautour protégeant de ses larges ailes déployées la nuque royale. Plus tard, Nekhbet passa en Crète puis en Grèce où nous la connaissons sous les noms d’Eileithyia et d’Eleusia que l’on retrouve dans celui d’Eleusis dont les mystères se rattachent ainsi à la déesse Mère de l’ancienne Egypte.

Parmi les différentes cosmologies égyptiennes et leurs allégories, la légende d'Osiris a une importance particulière comme origine des mythes judéo-chrétiens. Isis y tient le rôle de la Terre-mère.


Selon ma compréhension et dans mon langage abstrait, la Terre-mère symbolise la cause matérielle dont l'importance est qu'il est le principe de l'être, alors que la cause efficiente (le père Osiris) est le principe du devenir, de la transformation (énergie) et la cause formelle (le fils Horus) est le principe de la création (néguentropie).


L'élément féminin maternel symbolise dans toutes les cultures la terre nourricière, la protection et la conservation. Voici des images symboliques de la Terre-mère qui apaise les forces de la nature

Brahma, Civa, Vishnou, pour les hindous, incarnent les trois principes . La trinité chrétienne, aussi, à condition de considérer l'esprit comme féminin .

A l'époque où l'union conjugale n'existe pas, la mère nourricière apparaît comme un refuge stable et sécurisant. Mais avec le mariage et la formation de la famille patriarcale, les idées sociales vont changer profondément. Désormais, la mère ne concevra plus seule, elle sera simultanément épouse et mère. Le rôle du père apparaîtra d'autant plus important qu'il sera non seulement le chef de la famille, mais que la mère en dépit du prestige qui auréole son rôle, vivra sous sa protection et par conséquent sous son autorité. Dorénavant, la fécondité apparaîtra comme une conséquence de l'énergie fécondante représentée par le principe mâle. Dès lors, au-delà de l'acte de création proprement dit, le dieu créateur prendra une importance croissante. Au début, le dieu créateur n'apparaîtra pas en tant qu'époux mais en tant que fils de la déesse Mère.

Horus qui a tenu un rôle primordial dans la théologie égyptienne, est lui aussi le fils d'une déesse Mère. Au fil de l'évolution religieuse et de la famille monogamique apparaissent les familles de dieux, les couples en premier, les triades ensuite. Osiris s'unit à Isis, Ptah à Sekhmet, etc. A partir de ce moment là, le couple se substituera à la déesse Mère primordiale en tant qu'origine de l'univers, et son pouvoir créateur s'affirmera par l'adjonction au culte qui lui sera rendu d'un troisième dieu né de l'union de la déesse Mère et de son parèdre.

Osiris, quant à lui, fils de Geb dieu de la Terre (Noé dans la bible) et de Nout déesse du Ciel, n'est pas le créateur du monde symbolisé par les dieux primordiaux, mais il a hérité de la force créatrice et est donc l'incarnation de cette puissance.
La Légende d'Osiris, l'histoire de la Tragédie qui s'est déroulée en Amentet (Atlantide) l'a fait apparaître non seulement comme un dieu mais comme un souverain ayant régné sur ses sujets (Atlantes) avant de devenir un dieu.

N.B.: J'aimerais apporter une précision. Dans les églises catholiques, les statues de la Mater Dolorosa ne symbolisent pas Marie (Isis), mais la déesse Nout pleurant son fils Osiris sacrifié.

Un très grand nombre de statuettes représentant la Terre Mère sous les traits de la déesse Isis Allaitant, ont été retrouvées en Allemagne et dans le territoire des Celtes : vêtue d’une longue robe, la divine mère est assise portant l’enfant sur les genoux, ou lui donnant son sein gauche. Les archéologues retrouvent ces statuettes depuis la Poméranie sur la Baltique, jusqu’à Francfort-sur-le Main, au Centre-Ouest, à Regensburg en Bavière, et à Salzburg à l’extrême Sud en Autriche, de même au Luxembourg, en France et en Angleterre.

Au IIe/IIIe siècle, Isis possède un temple à Baden, près de Zürich en Suisse, et un autel de pierre à Stockstadt porte une inscription "à Isis et à Sérapis". Dans la Germanie inférieure, le culte d’Isis s’est bien établi, et au IIe siècle, surtout à Cologne, la capitale de la Germanie, où plusieurs autels et statues sont dédiés à Isis et à Sérapis, et les inscriptions invoquent Isis l’Invincible, Isis l’Auguste, Isis la Féconde, Isis aux mille noms.

Tacite en personne (Germania, 9.) témoigne que le culte d’Isis s’est propagé parmi la puissante confédération germanique des Suèves, ayant pour symbole cultuel la barque qui mène les défunts vers l’au-delà.

Au IIIe siècle avant notre ère, des Gaulois travaillent en Egypte comme mercenaires. Le contact est donc direct et ancien.
Aux premiers siècles de notre ère, sous l'Empire romain, le culte d'Isis se répand depuis la Chine, l'Inde, la Palestine, le Soudan jusqu'en Russie, en Angleterre, en Espagne, en passant par la Gaule Narbonnaise et la Gaule celtique.